Comme un cheveu sur la soupe (Ben & Dmitri)

(#) Sujet: Comme un cheveu sur la soupe (Ben & Dmitri) Mar 21 Sep 2021 - 17:34

Comme un cheveu sur la soupe.
‟ @Benjamin L. Duncan & @Dmitri D. van Aken „

— En d’autres temps, peut-être Dmitri aurait-il simplement ignoré le message du garde-chasse, comme il avait escompté le faire au début, mais il se lassait d’ignorer leur précédente altercation comme l’on cacherait un tas de poussière sous un meuble et la curiosité se faisait trop grande. À mesure que les jours passaient, il avait l’impression de moins en moins se connaître, voire de se reconnaître. Il était prêt à faire des concessions pour suivre son aïeul dans les ancestraux projets familiaux, dont l’innocence et la pureté pouvaient laisser à désirer, mais s’accrochait encore et toujours à ses bêtises et bravades, comme un enfant qui ne voulait pas grandir. Et pourtant, au fond de lui-même, il couvait un grand désir de faire plus et d’avancer : découvrir les secrets des van Aken le rendait jouasse, quoiqu’il demeurât agité d’une peur enfantine et d’une tendance au pyrrhonisme non moins puérile. À présent, savoir qu’il était peut-être fourchelang venait agrémenter ses doutes et questionnements d’une nouvelle donnée : et si tout ceci n’était pas que le fruit du hasard ? Le don de parler aux serpents n’était pas assimilé aux mages noirs pour rien : il était une manifestation d’une ancienne magie – c’est pourquoi jamais des nés-moldus n’avait été capable de comprendre ce langage – et malgré tout, cela exerçait une certaine fascination sur le garçon. D’un côté, Alexander voulait toucher l’immortalité et faire revivre les anciens de leur famille, de l’autre le souvenir des mages noirs se manifestait chez lui à travers une langue particulière... et dans cette étrange équation, il cherchait sa place et se refusait toujours à répondre sans rechigner aux attentes de ses aïeux. Et il se lassait de ne pas connaître toutes les données de l’équation.

Mu par un simple coup de tête, alors qu’en ce jeudi matin, il n’avait pas cours, l’aiglon traversa donc tout le parc de Poudlard sans la moindre once d’hésitation, se postant devant la porte de la cabane de Duncan. L’air était frais et le ciel menaçait de déverser toute la pluie que les nuages avaient accumulés... tandis que la plupart des élèves profitaient du confort du château et quelques malheureux se rendaient dans les serres pour un cours de botanique sûrement très salissant, lui s’apprêtait à passer quelques minutes avec l’homme bourru et relativement désagréable – de son avis fort peu impartial – qui avait pour rôle de surveiller le parc. Le poing de Dmitri se figea en l’air, juste avant de cogner contre le battant pour signaler sa présence et ce fut là que le doute vint à l’habiter. Mais il était trop tard pour faire demi-tour et rebrousser chemin. Ses doigts s’abattirent sur le bois de la maison en deux petits coups ; rien de bien bruyant, tout juste de quoi attirer l’attention du locataire de la bicoque. La fumée s’échappant de la sortie de cheminée trahissait la présence du garde-chasse dans la maison ; il allait sans doute être surpris de voir qui osait troubler sa tranquillité, alors même qu’il n’avait pas reçu de réponse. Mais après tout, il avait lui-même précisé être pour une discussion, alors ça n’était pas totalement s’imposer que de venir sur un coup de tête.

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Penché sur mon parchemin, ma plume traçant avec hésitation quelques mots maladroits, je m’étais attelé à répondre à une lettre que je n’aurais jamais envisagé recevoir. Hilary refusait mes conseils de prudence, Hilary prenait confiance, me répondait d’un air assez assuré qu’elle voulait se battre contre des forces dont elle ne pouvait envisager la puissance. C’en était fini de la jeune fille craintive que j’avais toujours connu, celle qui osait à peine raconté les horreurs de sa première année. Et c’était à mon tour de m’inquiéter. Je m’étais engagé, j’avais combattu pour la cause qui me semblait juste et j’en avais regretté les conséquences. Peu importe que sa cause soit l’exact opposé de la mienne, peu importe qu’on puisse penser que l’égalité valait des combats que le suprématisme sang-pur ne méritait pas. Ce n’était pas la question, ce n’était pas ma conviction. Les , quels qu’ils soient, restaient dangereux à mener et si je sentais une certaine inclinaison naissante chez moi à reprendre le mien là où je l’avais laissé, plus de vingt ans auparavant, cela ne me donnait que plus envie d’empêcher Hilary de se lancer corps et âme dans une lutte perdue d’avance. Mais encore fallait-il que j’arrive à le formuler proprement.
Ainsi, en ce doux matin de septembre, j’étais resté attablé plus longtemps dans cette cabane qui était la mienne depuis près de deux ans. Mes devoirs professionnels attendraient, mes obligations parentales passaient devant. Je n’avais de toute façon rien à craindre des statues nouvellement installées dans le parc, elles étaient destinées aux élèves et je n’avais aucun horaire précis à respecter pour mes travaux. Mais c’était sans compter les deux coups frappés à ma porte.
Dans un bruissement de papier, je rangeai prestement mon parchemin, posai ma plume.
« Entre Hi… »
Un instant je fus convaincu que c’était bien ma fille qui voulait me parler, cela aurait été logique. Mais ma prudence me rattrapa bien vite. Je ne pouvais être sûr et dans ces conditions je ne voulais pas qu’on puisse deviner un quelconque lien entre nous. Alors je m’interrompis, tentant bien vite de me rattraper.
« Entrez »
J’avais bien fait, ce n’était pas Hilary qui se tenait devant moi. Le jeune van Aken avait vraisemblablement décidé de profiter de mon invitation à la discussion pour se pointer sans prévenir chez moi, ce que je ne pouvais lui reprocher.
« Monsieur van Aken, je suppose que je n’ai pas besoin de vous demander les raisons de cette visite matinale… »

Comme un cheveu sur la soupe.
‟ Benjamin & Dmitri „

— L’aiglon entendit un peu de grabuge à l’intérieur, signe que le propriétaire des lieux s’y trouvait bel et bien. Il devait s’attendre à tout sauf à le voir surgir ainsi chez lui, sans prévenir et pourtant, c’était bel et bien Duncan qui avait lancé l’invitation, comme une perche qu’il lui tendait. Et Dmitri s’en était saisi sans trop savoir pourquoi, ni même ce qu’il en ferait. Un coup de tête mu par une once de curiosité et un désir de poser des mots sur un fugace instant de ses vacances.

Une voix grave l’invita enfin à entrer, avant que ne surgisse son propriétaire, un peu décontenancé. Il lui semblait avoir entendu de l’hésitation dans l’intonation de l’homme. « Vous attendez quelqu’un d’autre ? » demanda le tchèque, les sourcils froncés et le ton presque accusateur. Par pudeur, il ne voulait pas qu’une autre personne arrive alors qu’il discutait avec le garde-chasse : en théorie, rien ne justifiait qu’il se rende chez lui pour parler, aussi préférait-il un peu de tranquillité, quand bien même n’y avait-il aucun risque que l’on se pose des questions... et rien de particulier à cacher. Il n’était même pas certain de l’attitude à adopter : cacher le fait qu’il était fourchelang, ou plus simplement prétendre s’en désintéresser ?

Le garçon pénétra en fin de compte dans l’antre, regardant discrètement autour de lui le lieu de vie de l’employé de Poudlard. Il n’y avait rien de plus dissemblable à ce que Dmitri avait toujours connu que cette cabane : pas d’élégantes boiseries, de tableaux en cascade, ou de vieilles tapisseries. Pour un sang-pur, il vivait d’une manière bien spartiate, aux antipodes du noble confort qu’affectionnaient les gens comme eux. Mais Duncan était-il seulement de leur milieu ? Il savait que son sang était préservé des moldus et que pour ça, il était admis dans des réceptions comme le mariage des Sørensen, mais il ne savait rien de plus de lui. « Effectivement... » Qu’ils gagnent tous les deux du temps en allant droit au but. Il ne venait pas lui faire la conversation pour le simple plaisir de converser avec quelqu’un, mais il n’était pas pour autant certain de savoir quoi dire. Il hésitait un peu, tâtait le terrain en essayant de cerner l’homme qui avait presque pris la fuite, la fois précédente, ou qui du moins s’était éclipsé sans plus de cérémonie. Mais cette fois-ci, à moins d’expulser manu militari l’enfant de sa maisonnée, il ne pouvait se défiler. « Pourquoi cette fois-ci, vous n’avez pas parlé à mon grand-oncle ? » finit-il par demander, étonné par le surprenant changement d’attitude. Nul besoin d’être très observateur pour comprendre que la politique habituelle du garde-chasse était celle de rapporter les faits et gestes du garçon au maître des potions.

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Dmitri van Aken se tenait devant moi, passant d’un air circonspect l’embrasure de la porte. Je savais bien qu’il devait se poser des questions. Il avait suffisamment d’éléments pour comprendre une partie de mon identité, peut-être même plus qu’Hilary. Il devait avoir compris que j’étais sang-pur, d’après ma présence au mariage Sorensen et ma reconnaissance du fourchelang ne pouvait qu’accentuer cette certitude. Et pourtant, ma présence dans cette cabane ne collait pas avec ce qu’il savait de moi. Il fallait dire que quand je fréquentais son milieu, je méprisais le garde-chasse et tous les métiers qui y ressemblaient. Jamais je n’aurais imaginé prendre sa place. Et aujourd’hui Dmitri devait se faire la même réflexion, comme se l’était sans doute faite Carla à son arrivée ici.
Il était à peine rentré que déjà il se posait des questions. Mon hésitation au début le rendait soupçonneux. Et ^pourtant, il ne pouvait pas deviner que j’avais un bref instant envisagé qu’Hilly se tienne derrière la porte.
« Non, personne. »
Il n’y avait effectivement aucune raison qu’elle vienne sans prévenir, encore moins précisément maintenant. Depuis mes lettres de mise en garde, j’avais d’ailleurs peur qu’elle redevienne distante. Mais ce serait un problème à régler à un autre moment, l’heure était plutôt à répondre aux véritables interrogations de Dmitri en commençant par la première : je lui avais écrit que je n’avais rien dit à personne, en me doutant qu’il savait que j’avais rapporté certaines escapades nocturnes à son grand-oncle. Il pouvait légitimement se poser la question de la raison de mon revirement. Il y en avait plusieurs, dont certaines que je ne pouvais exprimer devant lui. D’abord, je ne devais plus rien à son grand-oncle. Le maître des potions m’avait en effet délivré du contrat tacite, que d’aucun nommerait chantage, qui nous unissais. J’avais témoigné contre Appleton au procès, mu par cette volonté de délivrance et par une conviction que je n’admettait que partiellement. Nous étions quitte. Mais cette raison était secrète, il était hors de question que je dévoile ce chantage et ce qui faisait que mon ancien juge avait le moyen de me contraindre à certaines actions. La seconde raison était bien plus avouable.
« Il n’y a rien de répréhensible à parler aux serpents. »
Ce n’était pas tout à fait vrai pour le commun des sorciers. Beaucoup associait ce don à la magie noire, pas tout à fait à tort. D’ailleurs, c’était bien dans ce cadre que j’avais croisé des Fourchelangs. Mais j’avais toujours voué un certain respect à ces derniers et encore aujourd’hui, je restais un Serpentard qui était en admiration face aux descendants du fondateur de sa maison.
« C’est un don qui m’a toujours fasciné. »
Je dépassais le cadre de sa question pour aborder un terrain plus personnel. De mes tiraillements ultérieurs qui avait conduit à ma fuite cet été, il ne restait rien. Seule la volonté de poursuivre une discussion là où je l’avais interrompu dominait. J’aurais dû prendre peur de ce fait, m’interroger sur les modifications qu’avaient induit en moi le changement de direction mais je ne pouvais pas. Cette fois-ci je ne fuirais pas la discussion, j’irais au bout.

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‟ Benjamin & Dmitri „

— Dmitri hocha pensivement la tête lorsque l’adulte lui affirma n’attendre personne. Cela était sans doute mieux et au moins, il pouvait espérer qu’on ne les dérangerait pas. Il n’aimait pas être interrompu et même dans ces moments, où après tout il ne faisait rien de mal, il préférait savoir que rien ne viendrait troubler l’instant. Décider d’aller parler au garde-chasse ne s’était pas fait sans hésitations, aussi ne fallait-il pas qu’une tierce personne vienne à intervenir : il savait que dans cette hypothèse, il ne reviendrait jamais le voir.

Et puisqu’il avait enfin pris l’initiative d’aller le voir, l’aiglon ne perdit pas plus de temps, attaquant avec une première question aux relents presque accusateurs. Duncan sembla hésiter avant de lui répondre. Non, il n’y avait effectivement rien de répréhensible. Pas alors qu’il n’avait rien demandé et n’avait même jamais réalisé, jusqu’à très récemment, qu’il l’était. Pourtant, il ne pouvait s’empêcher d’y voir une manifestation de tout ce qu’il avait toujours rejeté, dans sa famille, comme si le destin cherchait à lui rappeler d’où il venait, et que jamais il ne pourrait totalement se défaire de son héritage.

« Fasciné ? » répéta-t-il un peu hébété. La réputation des fourchelangs avait toujours subi d’âpres préjugés, et même aujourd’hui, le souvenir de mages noirs comme le Seigneur des Ténèbres laissait d’importantes traces dans l’esprit des gens. « Vous auriez osé dire ça quand Appleton était encore à la direction de l’école ? » La tension était palpable, la provocation évidente. Mais elle n’était pas dénuée d’un réel intérêt pour l’enfant, qui se demandait effectivement dans quelles mesures il pouvait assumer un intérêt pour un domaine si controversé.

Le jeune tchèque porta son regard sur l’extérieur, de l’autre côté de la vitre. Il ne parvenait totalement à savoir s’il devait se réjouir de savoir que la personne qui l’avait surpris à parler à un serpent était le garde-chasse ou non. Était-il digne de confiance ? Quelqu’un d’autre aurait-il pu lui causer du tort ? À moins qu’à présent, les gens n’en aient plus rien à faire et qu’il soit bien le seul à y accorder la moindre attention. Difficile de le savoir sans en parler. Bien entendu, il y avait son aïeul, et il n’avait aucune raison de lui cacher – il n’escomptait d’ailleurs pas le garder dans l’ignorance indéfiniment – mais l’avis d’un homme de son âge, aux idées d’une autre époque, n’était guère ce qu’il estimait de plus fiable ou de représentatif. En fin de compte, que ce soit Duncan qu’il ait en face de lui n’était peut-être pas si mal. Il glissa les mains dans les poches de son pantalon d’uniforme, détachant son regard du paysage pour regarder à nouveau le locataire des lieux. « Vous avez déjà connu d’autres fourchelang ? » Cette fois-ci, la question était bien plus innocente. Une simple curiosité, une envie de mieux cerner l’homme qui clamait ne pas y avoir de mauvaises choses.

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J’étais peut-être allé un peu loin dans mes aveux mais maintenant que le mal était fait, autant assumé jusqu’au bout. Oui, j’avais usé d’un mot, « fasciné », qui aux oreilles de beaucoup n’avait pas sa place quand on parlait de Fourchelang. Sans fard, sans faux-semblant, je m’étais dévoilé plus que jamais. Et si ce qui était fait, était fait, je ne pouvais que constater que ce bref épisode de franchise n’était pas forcément bienvenu. Le jeune van Aken se montrait provoquant, ce qui ne détonait pas avec son habitude. Mais si la provocation n’avait eu jusque là que peu de conséquences, aujourd’hui il risquait de découvrir ce que je ne voulais pas qu’on sache. Mais d’un autre côté, certaines questions pouvaient se poser : j’avais caché mon passé dans une période où il aurait été malvenu d’en parler, mais aujourd’hui ? Je l’avais caché à Hilary mais c’était maintenant intenable. Et surtout, je l’avais caché dans une situation où j’en avais profondément honte alors qu’il y avait désormais un fléchissement dans mes impressions. Bien sûr, je n’étais pas fier de certains de mes actes, mais on touchait aux limites de mon éloignement. J’avais fui sans remettre en cause ce que j’avais fait. J’avais tourné une page, chercher à effacer mon passé de ma vie sans chercher à l’effacer de ma mémoire. Aux yeux des autres, j’avais changé, à mes propres yeux, rien n’était clair. En somme, l’histoire s’était interrompue et la parenthèse ouverte par vingt ans de mer était peut-être en train de se refermer. L’idée était horrible à formuler mais elle se tenait et éclairait d’une autre manière mes actes. En cédant au chantage, j’avais mis un doigt dans un engrenage qui en demandait toujours plus. Et les digues de ma conscience était parfois sur le point de rompre.
Quelle serait la suite ? Je n’en savais rien, je n’étais pas prêt à y réfléchir mais de confidence en confidence, je pouvais être entraîné très loin sur les routes de mon passé. Dmitri n’était peut-être que l’élément déclencheur d’un retour en arrière, et l’éloignement progressif que je sentais chez Hilary pouvait remettre en cause le cas de conscience qui m’étais posé jusque là. Une question banale menait à des affres de réflexion. Non, je n’aurais pas osé parler des Fourchelangs sous Appleton. C’était une certitude. Je n’aurais pas osé par peur, parce que je savais ce que cela signifiait pour plein de sorciers. Et si aujourd’hui j’osais, c’était bien que j’assumais un pan de ma vie où la peur avait une autre signification.
« Nous savons tous les deux ce que le Fourchelang évoque pour de nombreux sorciers. »
Le seigneur des Ténèbres en premier lieu. Et à cette évocation dissimulée s’imposa un autre symbole, celui que j’avais voulu faire disparaître et qui était toujours reconnaissable pour ceux qui était prêt à le voir. C’était devenu un réflexe, un bref coup d’oeil à mon avant-bras pour vérifier que la marque était bien recouverte. J’avais fait l’erreur une fois, je ne laisserais plus jamais mon bras dénudé.
« Donc non, je n’aurais rien osé dire à ce sujet sous Appleton. »
La parole, en tout cas la mienne, s’était d’une certaine manière libérée ce qui confirmait que mon aveu n’avait rien d’anodin. Il ferait ce qu’il voudrait de mes révélations, mais pour l’heure il semblait plutôt décidé à me questionner.
« Oui, j’ai connu d’autres Fourchelangs… Ce n’est pas un secret que je suis sang-pur et que j’ai grandi dans ce milieu. »
Tous les sangs-purs n’étaient pas Fourchelangs, loin de là. Et tous les Fourchelangs n’étaient pas partisan du seigneur des Ténèbres. Mais statistiquement, c’était assez clair qu’on pouvait faire un lien entre les deux. À voir si Dmitri pousserait jusque là.

Comme un cheveu sur la soupe.
‟ Benjamin & Dmitri „

— La franchise décelable dans les propos du garde-chasse était déconcertante. Pour quiconque n’aurait pas entendu les premiers mots échangés, la discussion aurait sans doute pu porter sur une banalité sans nom. Une simple discussion entre un adulte et un enfant. Mais en filigrane apparaissaient des questions sans doute bien plus complexes. L’un comme l’autre, ils semblaient en proie à des réflexions différentes, des inquiétudes qui n’appartenaient qu’à eux. Au-delà d’être le seul – pour l’instant – à savoir qu’il était un fourchelang, Duncan était surtout la seule preuve de l’existence de ce don chez Dmitri. Lui n’avait pas eu conscience de parler la langue des serpents et chaque fois qu’il tentait de faire venir à lui des mots – des sifflements – il se surprenait à simplement souffler bêtement ou à parler en Tchèque.

Le garçon opina silencieusement du chef lorsqu’il fut question de réputation, laissant l’homme poursuivre et avouer ce qu’il savait déjà. Bien entendue, il n’en aurait pas parlé à une époque où la direction chassait tout ce qui ressemblait de trop près à des idéaux puristes et à un passé peut-être pas si révolu que ça. Sous Sørensen, la crainte de prononcer des paroles conservatrices n’existait plus ; c’était affirmer n’avoir que faire des questions du sang qui semblait désormais être déconseillé, quoique lui-même ne s’embarrassait pas de telles considérations. Alors peut-être que se proclamer fourchelang au vu et au su de tous ne ferait qu’attirer sur lui une attention intéressée des sang-purs... assurément, son grand-père maternel serait ravi de l’apprendre, et son propre père y verrait peut-être là un signe témoignant en faveur de son fils ; ainsi, il n’était pas totalement irrattrapable.

Le garde-chasse déclamait avoir grandi dans ce milieu puriste, ce qui n’était effectivement pas une surprise puisqu’il avait été invité au mariage d’Hannibal, mais plus que ses origines, c’était ce qui allait avec qui l’intéressait. Un sourire vaguement taquin fendit son visage, poussant un peu à la provocation. Un an plus tôt, il avait insisté pour que son grand-oncle soit plus explicite et avoue de possibles connivences ou actions pendant les guerres sorcières... ou même en dehors. Cette même attitude le démangeait, mais il hésitait un peu plus. Il n’était pas galvanisé comme il l’avait été alors, perdant un instant le sens des mesures. Et il n’était pas face à quelqu’un de sa famille. Néanmoins Dmitri était plutôt bon en histoire de la magie, et les cours supplémentaires auxquels il avait eu droit avec les tableaux de ses ancêtres aidaient grandement en la matière... il ne savait pas quel âge avait l’homme – et serait bien en peine de tenter de le deviner – mais il ne semblait pas beaucoup plus jeune que son géniteur aussi avait-il décidé qu’il avait connu la seconde guerre sorcière. « Par ce milieu, vous parlez juste des sang-purs, ou plutôt des mangemorts ? » La question lui avait, en fin de compte, échappée, un brin provocante et réellement curieuse. Il n’y avait pas vraiment de jugement qui se cachait derrière ces paroles, il serait sûrement bien mal placé pour critiquer quiconque avait de la famille proche du Seigneur des Ténèbres... et mis à part une certaine curiosité un peu morbide, il n’en avait plus vraiment grand-chose à faire. D’autres préoccupations occupaient son esprit. Les projets de son grand-oncle en tête. Et ce qui allait se passer dans les mois à venir. Il avait de plus en plus le sentiment d’être coincé entre deux camps ; celui qui l’avait vu naître et auquel il était accroché, quoi qu’il advienne, et celui de ses idéaux conflictuels, de ses amis.

Il fourra les mains dans les poches, regardant autour de lui, un peu gêné par la situation. « J’ai réessayé de parler le fourchelang » confessa-t-il comme pour faire oublier son impertinence. « Mais je n’y arrive plus. » C’était assez frustrant en réalité. C’était en partie pour ça qu’il n’en avait pas encore parlé à son aïeul. Pas qu’il souhaitait lui cacher mais plus parce qu’il avait besoin de confirmer qu’il en était un... et savoir le faire. « Je pourrais presque croire que vous m’avez menti. » Il eut un petit rire. Ça n’était pas le cas, bien entendu : Duncan n’aurait aucun intérêt à prétendre une telle chose et il avait sûrement bien mieux à faire qu’à perdre du temps avec un enfant de 12 ans en proie à de quelconques questions existentielles.

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Les questions de Dmitri étaient tantôt sincères, tantôt provocantes. Il me poussait dans mes retranchements autant qu’il semblait désireux de comprendre. Et je lui répondais avec une franchise dont je ne me croyais plus capable, une franchise que je n’avais vraiment accordée à Hilary. Avec elle, j’avais essayé, tout en lui faisant comprendre qu’il y avait certains sujets qu’il ne valait mieux pas qu’elle aborde. Elle avait fait mine – ou était-ce vrai ? - de ne pas s’intéresser à mon passé, de privilégier le sien, sa vie, sa mère, ses parents biologiques. Avec Dmitri, je n’avais pas cette gêne. Hilary était ma fille mais Dmitri était de mon monde, de cet ancien monde qui redevenait peut-être l’actuel. Sorensen avait rebattu les cartes, Hilary aussi d’une certaine manière. Je tendais des perches que le jeune homme saisissait, sans que je sache moi-même si c’était réellement ce que j’avais voulu, sans que je puisse estimer être réellement embarrassé de ses remarques. Ou alors si embarras il y avait, il ne m’empêchait absolument pas de répondre. Alors, quand il demanda précisément à quel milieu je faisais référence, je ne me posais plus la question de me dérober. Je ne voyais pas ce que j’avais à perdre, j’étais peut-être las aussi de ses mensonges qui sur lesquels j’avais construit une vie bancale, las de l’engrenage dans lequel chaque dissimulation semblait entraîner inexorablement la prochaine contre-vérité. J’avais menti par honte et maintenant que ce sentiment disparaissait peu à peu de mon esprit, je ne pouvais que constater que mentir n’était plus qu’un fardeau que je portais par habitude.
« Des Mangemorts, oui. »
Cela me renvoyait à l’évocation de mon frère, cela me ramenait aux discussions enflammées entre mes parents, le soir, quand ils nous pensaient couchés d’abord, avec nous ensuite. Cela ne me ramenait pas seulement à ceux que j’avais côtoyé, c’était aussi ce que j’avais été. Je pouvais toujours me rappeler que formellement je n’avais jamais été Mangemort, que la marque que j’avais fièrement exhibée sur mon avant-bras n’était qu’une pâle réplique de la vraie. Mais ce serait transfiguré la vérité en disant que j’aurais refusé d’être Mangemort le jour où ça se serait posé.
« A cette époque, ce n’était pas forcément très différent. »
Par cette phrase, je balayais d’un revers de main, toutes les familles sang-pures qui avaient fait un autre choix. Je savais pertinemment la limite de ce que j’affirmais mais ça avait, tout de même, correspondu à une certaine réalité. Et combien d’entre-nous avions affirmé sûrs de nous-même que les traîtres à leur sang l’étaient parce qu’il ne voulait pas avouer qu’un moldu se cachait, quelque part, dans leur arbre généalogique ?
Mais quand la conversation dériva, quand Dmitri en revint à des considérations plus actuelles sur son don, je ne pus quand même, qu’être soulagé. Et je m’attelais à le rassurer, sans doute plus par volonté de prouver que je ne mentais pas que par réel égard pour le garçon.
« Peut-être avez-vous parlé fourchelang depuis. Vous n’en savez sans doute rien, ce n’est pas vous qui pouvez l’entendre. »
J’étais à ce jour son seul témoin. Et cela était une fierté que j’aurais peut-être volontiers laissé à d’autres.

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— L’adulte venait donc de lui avouer qu’il venait d’un milieu a minima sympathisants mangemorts et ce, sans la moindre gêne. Au fond, il n’était pas choqué : il savait de quoi avaient été accusés son grand-père et son grand-oncle et ne se leurrait pas quant à sa famille, de manière générale. Mais les van Aken avaient l’art de rester dans l’ombre, à quelques exceptions près, et pouvaient donc se vanter d’avoir échappé à des condamnations qui n’étaient peut-être pas si illégitimes que ça... et si Duncan assumait face à un élève avoir été proche des soutiens du Seigneur des Ténèbres, il n’avait certainement pas pu être l’un d’eux et le clamer ainsi sans passer par Azkaban. « Vous en connaissiez beaucoup ? » Curiosité mal placée et un peu morbide pour un enfant né bien après cette époque. Parce que chez lui, on ne s’épanchait guère beaucoup sur ce sujet, il nourrissait une forme de fascination sur ce pan de l’histoire pas si vieux. Une fascination étrangement accrue par le fait de se savoir fourchelang. À l’époque, particulièrement, son don n’aurait pas laissé les gens indifférents : intérêt ou crainte, selon les origines politiques de chacun... toujours était-il qu’il aurait obtenu de l’attention. Cette même attention qu’il cherchait cruellement depuis sa plus tendre enfance, mais pour laquelle il était soudainement plus dubitatif.

« Pas très différent ? » Il affichait un air un peu gêné, comme dérangé par l’idée, ce qu’il était effectivement. Que tout ne soit pas si différent, comme il le disait, sous-entendait beaucoup de choses, à commencer par le fait que Zeynep avait peut-être raison de s’inquiéter de la présence de Sørensen à la tête de l’école et, plus globalement, de celle de sang-purs comme son grand-oncle. Mais Dmitri ne voulait pas imaginer que ses cours d’histoires n’étaient pas que de vieilles anecdotes réservées au passé. En réalité, il n’était pas capable d’envisager que cela puisse être plus proche qu’il ne le pensait... il n’y avait rien de commun entre la seconde guerre sorcière et maintenant. Il préférait se répéter que la comparaison était impossible et s’en convainquait fort bien. « Vous avez tort. Il n’y a rien de commun entre maintenant et lors du retour du Seigneur des Ténèbres. » Il le défiait presque de clamer l’inverse.

Le garde-chasse pensait sûrement le soulager ou le rassurer en disant qu’il avait dû parler fourchelang à d’autres occasions... mais était-ce le cas ? L’enfant nourrissait une certaine frustration face au fait qu’il ne parvenait à réitérer. Ça ressemblait presque à un accident. Sa vie n’allait pas changer du tout au tout parce qu’il connaissait la langue des serpents, mais il aimait l’idée de savoir faire des choses que d’autres ne maîtrisaient pas. Or, s’il ne parvenait à le refaire, comment pouvait-il s’enorgueillir de quoi que ce soit ? Et comment pouvait-il narguer ses frères ou se moquer de ceux de ses cousins qui l’avaient décrit comme la honte de la famille et, en prime, le presque cracmol ? « Si vous le dites... » Il haussa les épaules, visiblement peu convaincu par les paroles de son aîné. « Donc je n’ai pas de moyens de savoir quand je parle fourchelang ? Ou comment ? »

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Dmitri n’avait rien connu de l’époque à laquelle je faisais référence et pourtant, j’étais sûr qu’il n’était pas étonné. Même s’il était plus jeune qu’Hilary, je pouvais sans mal supposer qu’il comprenait mieux qu’elle de quoi il retournait. Ses questions le montraient et la gêne que je percevais n’était pour autant pas de la surprise. Dmitri venait d’un monde qui avait côtoyé les mêmes que moi. Même sans avoir fait de recherches sur sa famille, j’en savais assez pour pouvoir raisonnablement supposer que ses ancêtres comptaient certaines brebis galeuses. Dans quelle proportion, à quel degré, je l’ignorais. Mais toutes les grandes familles sangs-purs avaient eu des sympathisants parmi les Mangemorts. Et son grand-oncle lui-même n’était pas connu pour son progressisme. À partir de là, j’estimais que je pouvais parler assez librement et que mon interlocuteur était en mesure de comprendre ce que je n’exprimais qu’à demi-mots. Et tant que la conversation portait sur mon passé, je pouvais me livrer relativement franchement. De toute façon, il pourrait apprendre ces informations par son grand-oncle s’il y tenait vraiment alors ce n’était pas le moment de donner une version qu’un autre récit viendrait aisément contredire.
« Beaucoup, oui… Toute ma famille, une bonne partie de mes amis... »
Et la suite était évidente, s’il voulait l’entendre. Les cloisons n’étaient peut-être pas tout à fait étanche entre les Mangemorts et les traîtres à leur sang – comme on les appelait. Mais ce serait de dire et de penser qu’elles étaient poreuses. Et si l’on venait d’une famille de Mangemorts, on pouvait s’en détacher mais dans ce cas, c’était relativement improbable d’avoir des amis de ce monde-là. En cette rentrée, on pouvait encore considérer que les positionnements politiques des uns et des autres pouvaient changer, pouvaient ne pas toujours prêter à conséquence même. On pouvait se dire que l’amitié par-delà les idées étaient possibles. À mon époque, les divergences d’idée avaient fini par se régler lors de batailles meurtrières. Et les amitiés n’y avaient que rarement survécu.
Que ferait Dmitri de ces aveux ? Pas grand-chose sans doute. Il ne connaissait sans doute pas Hilary, il était forcément moins dangereux que son aïeul. Alors, je n’avais pas l’impression de prendre de risques. Et j’étais las, aussi, de mes mensonges. De la même manière que chaque mensonge en avaient appelé un autre, aujourd’hui, chaque révélation donnaient lieu à un nouvel aveu. Je m’y étais résigné et ce qu’il était hors-de-question d’assumer hier, j’en parlais librement aujourd’hui.
Dmitri tentait de se convaincre que les temps avaient changé mais ce n’était pas moins qui pourrait le rassurer à ce sujet. J’avais le sentiment, au contraire, que l’histoire se répétait. Le Seigneur des Ténèbres était mort mais les idées qu’il avait porté étaient toujours vivaces, et plus en plus proche des sphères du pouvoir. J’en étais inquiet car aujourd’hui, je me trouvais pris entre deux feux et surtout, je ne pouvais pas envisager de reprendre le même rôle que la première fois. J’avais Hilary à protéger. Et si je n’avais jamais envisagé combattre contre mon ancien camp, me retranchant dans une intenable volonté de neutralité, je ne pouvais pas non plus réitérer mes anciennes positions. J’étais coincé et si la situation se tendait, je ne donnais pas cher de ma peau, d’un côté ou de l’autre.
« Actuellement, les deux situations ne sont pas équivalentes. De là à dire qu’il n’y a rien de commun, il y a un pas que je ne franchirais pas. »
Tout pouvait dégénérer, dans un sens comme dans l’autre.
Concernant le fourchelang, je ne pouvais pas être d’une grande aide. Ne le parlant pas, je ne m’étais jamais posé la question de vérifier que j’en étais vraiment capable.
« Je ne vois que deux possiblités : trouver parmi les sangs-purs de l’école ou d’ailleurs un autre fourchelang ou faire ce que vous avez fait avec moi : parler fourchelang devant quelqu’un qui pourra attester qu’il ne comprend rien. »
La deuxième option nécessitait de dévoiler son don à d’autres, de passer potentiellement pour étrange ou dangereux. Mais la première signifiait trouver un autre fourchelang, ce qui pouvait s’avérer délicat car justement, ce don ne se criait pas sur tous les toits.

Comme un cheveu sur la soupe.
‟ Benjamin & Dmitri „

— Duncan lui confiait son accointance avec les mangemorts presque avec désinvolture, comme s’il n’établissait qu’une liste d’ingrédients utiles pour une potion destinée à la repousse des cheveux. C’en était assez déconcertant, mais pas tant par le fait qu’il lui confie avec de la famille et des amis affiliés au célèbre mage noir, que parce qu’il était rare que les adultes se confient ainsi à Dmitri. On le considérait d’ordinaire trop jeune et impulsif pour entendre ces vérités, même s’il en avait parfaitement conscience... qu’est-ce qui avait changé ? Entre Alexander qui lui dévoilait l’un des plus vieux secrets de leur famille et le garde-chasse qui assumait avoir été très proche des mangemorts – laissant sous-entendre assez limpidement que s’il n’en faisait alors pas partie, il n’en était sûrement pas très loin – le tchèque se retrouvait au carrefour de politiques qui le dépassaient. C’était au fond toujours ce dont il avait rêvé : qu’on lui prête assez confiance pour ne pas le tenir à l’écart, qu’on ne le voit plus comme un enfant mais qu’on l’estime assez grand pour entendre ces choses... pour autant, grandir n’était pas simple et cette succession d’informations – pharmacopée, mangemorts, fourchelang – ébrouait ses convictions.

C’était en partie pour ça qu’il avait besoin d’entendre dire que les situations n’étaient pas les mêmes et qu’alors, les peurs de Zeynep étaient fortement exagérées. Mais Duncan semblait assez peu disposé à le rassurer, se contentant d’une remarque sibylline qui lui tira une moue irritée, avant d’embrayer sur la langue des serpents. « Étrangement, je n’ai pas particulièrement envie de parler fourchelang devant le premier venu. » fit-il d’un ton vaguement dédaigneux. « Mais je tenterais peut-être de poster une annonce sur le panneau d’affichage : recherche fourchelang de toute urgence pour petite discussion entre mages noirs. » Son visage se fendit d’un sourire moqueur, expression assez coutumière chez le garçon. Tantôt moyen de défense, tantôt prise de confiance, le sarcasme et autres provocations acerbes lui seyaient particulièrement bien.

Un coup d’œil sur la pendule plus tard, il ôta ses mains des poches et entreprit de reboutonner son manteau. « Je crois que j’ai occupé suffisamment de votre temps. » Quiconque connaissait son géniteur aurait subitement retrouvé beaucoup de lui dans l’enfant. Une posture droite et plus froide qui, si elle faisait sévère sur le père, contribuait seulement à souligner cet aspect guindé un peu anachronique du fils. Sans s’en rendre compte, il avait tendance à répéter les agissements de son paternel, particulièrement face à d’autres adultes. « Je vais prévenir mon grand-oncle, mais pour les autres... j’apprécie votre silence. » Il marqua une hésitation, puis avant de tourner les talons et quitter la cabane du garde-chasse, le salua d’un signe de la tête. « Bonne journée. »

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