Le sourire de mon frère m’accueille à la sortie de mon dortoir et accroît, de fait, le mien. « Naturrrellement » je lui réponds tout en lui emboîtant le pas. Et comment ne pas l’être ? Grand-Père avait eu la merveilleuse idée d’agrémenter notre séjour entre les murs de Durmstrang d’un tournoi de duels. J’étais toujours prête lorsqu’il s’agissait de défier des tiers grâce à la magie ; encore plus lorsque mon adversaire était Finnbjörn. Nos affrontements avaient une saveur bien particulière, née de notre talent inné et de nos entraînements poussés qui amenaient nos combats à un niveau bien supérieur à la moyenne. Le labyrinthe de notre domaine porterait encore les stigmates de l’été dernier — incendie, poison, explosion… — si nos elfes ne s’étaient pas chargés de faire disparaître les conséquences de nos sortilèges puissants dès que notre duel avait pris fin. Faire manger la poussière à des impurs qui se croyaient capables de nous supplanter dans notre domaine de prédilection était une satisfaction certaine ; mais le plaisir était tout autre lorsque je me retrouvais face à mon jumeau.

Dans les gradins, nous ne sommes pas les seuls à attendre que le premier duel de l’après-midi commence, mais nous nous installons côte à côte, loin de la plèbe qui peuple encore — bien malheureusement — nos environs. « Ils doivent en effet êtrrre soulagés. » La victoire de l’un ou de l’autre ne se jouerait qu’à d’infimes détails : nos niveaux étaient bien trop similaires, notre talent bien trop supérieur. Ce serait à qui saurait le mieux exploiter les failles de l’autre et, à ce petit jeu, force était de constater que nous excellions à égale mesure. Je ne comptais pas lui laisser la moindre brèche dans laquelle s’engouffrer, bien évidemment. La victoire n’était pas une option. Et face à notre magie puissante, cette vermine n'avait aucune chance. À l'issue de ce duel, il ne resterait que lui ou il ne resterait que moi, laissant quelques chances supplémentaires aux pourceaux qui nous entouraient de se croire nos égaux.

C'est déjà à notre tour de nous placer sur l’estrade, nos capes rouges tournoyant majestueusement à chacun de nos pas. Grand-Père fait partie des spectateurs, son regard cristallin et habillé par les âges posé sur nous. Il souhaite que notre nom soit victorieux et cet honneur lui sera évidemment rendu. Judith s'est inscrite, elle aussi, mais elle n'est qu'une quantité négligeable comparée à Finn et moi. Il me semble avoir lu qu'elle affrontait une sang-de-bourbe : elle n'a pas intérêt à porter le déshonneur sur notre famille en perdant. Je chasse les présences importunes de mon esprit et me concentre sur la silhouette élégante qui s'arrête à quelques pas de moi, de l'autre côté de la scène. Une lueur d’excitation sauvage illumine mes prunelles rivées sur les traits de mon jumeau. « Et toi de ne pas perrrdrrre la tienne. » Contrairement à d’autres adversaires potentiels, je n’avais pas la moindre envie d’abîmer mon frère adoré… du moins, de manière irrémédiable. Quelques blessures ne pouvaient que rajouter de la saveur à un duel de cette envergure. Nous nous saluons, les coins de nos lèvres relevés de la même fièvre, stature noble rehaussée de cet uniforme à la beauté brutale. Le bois de tremble vient se nicher entre mes doigts et je pourrais presque le sentir vibrer de la même exaltation que mon cœur qui pulse à un rythme violent. Un éclair fuse de la baguette de Finnbjörn qui déchire la distance entre nous et je brandis la mienne pour le contrer.

Dé 1 - Défense
1 - 2 - 3 - Mon Protego dresse un bouclier translucide tout autour de moi et envoie rebondir le sortilège de Finn vers le plafond.
4 - 5 - 6 - Le bouclier se forme une seconde trop tard et je suis touchée.


Dé 2 - Attaque
Si la défense a échoué :
2 - 4 - « Confrrringo. » Malgré mes mouvements désordonnés, ma magie n'en est pas moins puissante. Malheureusement pour mon frère, au lieu de viser ses pieds, je vise le haut de son corps. Le maléfice pourrait faire de jolis dégâts si mon frère ne se dépêche pas de se protéger.
1 - 3 - 5 - 6 - Mes mouvements inversés envoient le sortilège trop haut, en direction du plafond.

Si la défense est réussie :
PAIR - « Confrrringo. » Le maléfice pourrait faire de jolis dégâts si mon frère ne se dépêche pas de se protéger.
IMPAIR - Cela ne fonctionne pas.

( Pando )

Quelle désagréable sensation. Mes offensives étaient peut-être brutales et douloureuses pour qui ne parvenait pas à les parer, mais elles étaient moins retorses que celles de mon jumeau… n’est-ce pas ? Ma barrière de protection s’élève un instant trop tard et son sortilège me touche de plein fouet, décoordonnant mes mouvements. La confusion induite par son maléfice — je veux lever mon bras et il se baisse, je veux le tourner à gauche et il s’en va vers la droite — ne m’empêche pas de répliquer sans qu’un battement de cils ne se soit écoulé. Un éclair rougeoyant s’échappe de ma baguette, promettant une violence des plus amusantes si Finn ne parvient pas à maintenir son bouclier. Nous n’avons fait qu’un tour de passe pour l’instant mais notre duel s’avère déjà plus captivant que tous les autres réunis. L’air crépite autour de nos silhouettes pâles habillées d’un rouge somptueux et nos sourires forgent et se renvoient cette excitation similaire qui fait briller nos regards clairs d’une flamme ardente. Néanmoins, il a une légère avance sur moi puisqu’il est parvenu à parer mes offensives alors que j’ai été touchée… Un éclair mécontent renforce ma véhémence : il ne s’en tirera pas comme ça. Les règles sont peut-être différentes de nos duels habituels et jouent en sa faveur — sa maîtrise est un atout dans un affrontement de cet acabit là où mon impulsivité et ma fougue le sont pour des duels plus longs, encore que chacun prend l’avantage sur l’autre avant de le perdre, dans une ritournelle des plus terribles — mais je ne lui faciliterai jamais la tâche, ça non.

Je plie et déplie mon bras, constatant que toute ma coordination est revenue*, et un sourire fauve s’empare de mes lèvres. Bien. Le premier tour s’est soldé en sa faveur mais je vais tout faire pour que cela ne dure pas. De nouveau nos baguettes se tendent et le même éclat illumine nos regards affirmés. Un sourire sur ses lèvres, un similaire sur les miennes : notre propre sang ne nous fera pas de cadeau. Sa voix porte sa prochaine attaque jusqu'à moi et je me tiens prête à la renvoyer. « Deflecto. » Ma baguette fend les airs et le sortilège de mon frère est dévié de sa course : il s'échoue sur le sol au bord de l'estrade, le creusant profondément. Sans plus attendre et pour lui laisser aussi peu de temps que possible pour se protéger, sans même regarder les dégâts causés, je riposte : « Incendio. » Et la langue de feu embrase l'air autour de nous, fonçant tout droit vers mon cher frère.

Dé 1 - Défense
1 - 2 - 6 - Réussite
3 - 4 - 5 - Echec

Dé 2 - Attaque
Je suis nulle, j'ai lancé qu'un dé alors voici le résultat du deuxième*
PAIR - Réussite
IMPAIR - Echec

( Pando )

Finn s’engouffre tout entier dans le léger avantage qu’il a acquis en attaquant le premier. Déjà une nouvelle offensive fuse, porteuse de bien des promesses que je parviens à déjouer. Un mouvement ferme et c’est le sol sur le côté de l’estrade qui se fissure et se creuse jusqu’à former un fossé d’une ampleur considérable. Un ricanement s’échappe de mes lèvres quand je consens à tourner légèrement la tête en direction des dégâts. Et dire que j’en étais la cible. C’est véritablement amusant. « Comme si je comptais rrréparrrer quoi que ce soit. La pièce a plus de charrrme ainsi » répliquai-je sans perdre de mon sourire. Notre affrontement a rapidement atteint des proportions inégalées et, sans avoir besoin de lever les yeux en direction de l’estrade, je peux imaginer à la perfection les traits de Grand-Père, tiraillés entre la fierté que réveille en lui l’étendue de nos talents et la contrariété des dommages que nous causons au passage. À mes yeux, ça n’est qu’un effet logique d’un tel duel et je ne peux concevoir que d’autres le voient comme quelque chose de regrettable.

Mais peu m’importe le mobilier et l’architecture de Durmstrang. Mon regard s’affermit et se teinte d’une impatience qui vient se nicher, brûlante, au fond de ma poitrine. Ce n’est certes pas très original, ni même déroutant, d’utiliser un sortilège de feu, mais que voulez-vous ? Cet élément puissant et dévastateur fait briller mes prunelles claires plus intensément que jamais ; la chaleur qui s’en dégage réveille une ardeur violente qui me fait frissonner de plaisir. J’aime voir les flammes rougeoyantes quitter ma baguette et se diriger vers une cible qu’elles meurent d’envie de happer avec voracité. Un toussotement désagréable me parvient à travers les flammes que j’ai créées. Si je ressens — et partage — l’agacement de mon cher frère — nous sommes en plein duel des plus captivant, quel impur a l’audace de se racler la gorge pendant ce temps ? — je constate que cela le déconcentre au passage. Son jet d’eau retombe de manière assez grotesque — il a l’air d’un jardinier en train de s’occuper de son jardin — et mon sortilège l’atteint. « Tu cherrrchais à arrroser des plantes ? » le narguai-je après avoir interrompu mon Incendio. J’ai les points et il doit souffrir de la brûlure, c’est suffisant, je n’ai pas besoin de continuer et de le griller jusqu’à l’os. Je saisis l’occasion de reprendre l’avantage et pointe derechef ma baguette dans sa direction. Hors de question de lui laisser le moindre répit alors que ce duel est déjà si serré. « Drrracosorrrtia. »

1 - 2 - Un dragon taille réelle — pour un petit spécimen adulte — se met à grossir, grossir au bout de ma baguette. Bientôt immense, emplissant tout l'espace, il ouvre sa gueule, prêt à ne pas s'embarrasser des mêmes considérations que moi et à transformer mon tendre frère en rôti. (-1 de réussite pour un sortilège conséquent)
3 - 4 - 5 - 6 - Le sortilège trop ambitieux ne produit qu'un petit reptile, à peine plus grand qu'un lézard, qui s'échappe dans un coin de la pièce et fait crier quelques impurs trop sensibles.

( Pando )

Cet affrontement fraternel ne pouvait pas me faire plus de bien. Après les flammes qui léchèrent la peau délicate de mon jumeau, je repris l’avantage et renvoyai une offensive sans plus attendre. Ses traits déjà crispés par les brûlures n’allaient pas pouvoir se détendre : de ma baguette s’échappa une forme immense dont les contours se précisèrent jusqu’à dessiner un dragon. Un beau spécimen dont l’apparence m’arracha un sourire teinté de sauvagerie. Il n’était pas le plus grand de tous mais, dans cet amphithéâtre scolaire, il emplissait l’espace et paraissait immense. Les battements de mon cœur s’emballèrent à la vue de la créature, pulsant au rythme de cette envie pyromane de voir sa gueule s’ouvrir pour déverser des flammes ardentes. Entre ce souhait informulé et sa réalisation, il n’y eut presque aucun décalage, ma magie m’ayant liée à ce que j’avais créé. Finnbjörn n’était plus qu’une torche humaine de là où je me trouvais, debout, la baguette pointée vers le sol, mes yeux clairs follement illuminés par la scène dont j’étais à l’origine. Il tint bon, à ma plus grande satisfaction. Puis un cri rauque s’échappa de sa gorge habitée par la douleur. Dommage qu’il ne s’agisse pas d’un vulgaire moldu ou d’une vermine comparable : le tableau était si spectaculaire et jouissif que je l’aurais bien poussé jusqu’à l’incinération complète de mon opposant. Sauf qu’il s’agissait de mon frère adoré et que, malgré le plaisir de le voir à genoux — ce n’était plus lui, me toisant de toute sa morgue, une fiole de contrepoison entre les doigts qu’il m’agitait sous le nez pour me narguer — j’aurais été fâchée de trop l’abîmer. Même aux portes de la défaite, il restait maître de ses sarcasmes habituels.

Sur un geste de ma baguette, le dragon s’écarte avec grâce, une grâce des plus magnifiques pour un être aussi imposant. Finn n’était pas à son avantage. La peau rouge et boursouflée commençait déjà à cloquer en certains endroits. Son uniforme dévoré par le feu ne lui laissait que quelques guenilles calcinées. Il a tôt fait de se redresser et je devine à sa démarche ainsi qu’à son air sombre qu’il est contrarié. Un ricanement moqueur et je le rattrape : quelques enjambées suffisent à combler la distance instaurée par sa démarche claudicante. Je le suis sagement jusqu’aux pieds de l’estrade où siège Grand-Père, mon visage illuminé de suffisance et l'œil allumé d’une étincelle de fierté. J’ai gagné et d’une manière éclatante. Son ton plaintif interpelle notre aïeul et lui demande de me corriger pour avoir réduit en cendres ses précieux habits. Je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel et de sourire un peu plus encore. « Je n’ai fait que mettrrre toute mon énerrrgie dans ce duel » répliquai-je aussitôt, en haussant les épaules avec une certaine insolence. « Ce n’est pas ma faute s’il n’a pas pensé à prrrotéger son uniforrrme. Je ne mérrrite pas d’êtrrre rrréprrrimandée mais applaudie : j’ai gagné. » Sans compter que j’avais offert un spectacle grandiose aux spectateurs ahuris. Il était important de souligner ce dernier point et d’insister dessus : j’avais gagné, il avait perdu. Le voir fulminer à cause de l’état de ses vêtements ajoutait une touche des plus savoureuses à la scène déjà fort plaisante.

J’étais certaine de pouvoir déceler une lueur de fierté dans le regard que Grand-Père posait sur nous — et peut-être un peu d’amusement également : s’il ne pouvait cautionner mes frasques quand celles-ci mettaient notre réputation en danger, il en allait autrement quand mes éclats emportés faisaient briller nos capacités phénoménales durant un duel déployé dans les règles de l’art. « Un elfe t’apportera un nouvel uniforme. Va faire soigner ces plaies à l’infirmerie. Erin, c’est une belle victoire, félicitations. Pourrais-tu faire disparaître ton dragon avant qu’il ne brûle toute la salle ? » Plus que jamais, je brille de fierté face aux compliments de notre aïeul, d’autant plus qu’il a balayé la requête de mon frère adoré de quelques mots. D’un mouvement souple, je fais disparaître ma créature — j’en éprouverai presque un pincement au cœur, elle qui était si grandiose — et me permet de piquer Finn un peu plus encore. « Tu ferrras attention, il y a un bout de ta cape qui trrraîne parrr terrrre. » Evidemment, il s’éloigne furibond, à se demander si le rouge de ses joues est dû à la colère ou bien aux brûlures et je le suis en ricanant. Le reste promet d’être d’un ennui mortel comparé à notre affrontement et je me sens d’humeur à aller voler un peu.

( Pando )