DETAILS EN PLUS Et plus en détails ? Statut Sanguin: Sang-Mêlé Pouvoirs spéciaux: Légilimencie Poste de Quidditch: Poursuiveur Patronus: Epouvantard: Une foule qui murmure autour de lui Matières suivies et niveau: Points Défis: (1175/2000) Disponible pour un RP ?: Pour l'instant, c'est pas possible... D'autres comptes ?: Ashton B. Shipperfield
(#) Sujet: Love is blind | feat Casey Jeu 22 Avr - 22:47
C’était sa dernière carte. Sa dernière chance pour réussir à la voir, lui parler et ne plus être ignoré. Encore. Depuis sa chute et son séjour hors de Poudlard, Caleb n’avait pas réussi à avoir de véritables nouvelles de la part de la Serdaigle, ne recevant qu’une lettre ou deux avant que les siennes finissent sans réponses et sans explication. Un souvenir de déjà vu s’était installé dans son esprit, lui rappelant l’année dernière où l’ignorance n’avait été que le maître mot de Casey à son égard, jusqu’à qu’elle ne finisse finalement par lui expliquer les raisons, dans ce placard qu’ils avaient partagé quelques longues minutes à la fin de leurs sixièmes années. Il lui avait pourtant fait promettre, au cours de leurs divers échanges cette année, de ne plus l’ignorer, de ne plus l’éviter, qu’importe la situation et le flou qui pouvait entourer la relation qu’ils semblaient entretenir. Il avait espéré être assez important pour elle. Mais la réalité qui l’avait frappée ces dernières semaines mettait à mal ses espérances, laissant la colère, la déception et ce sentiment douloureux s’installer progressivement, depuis le retour de la brune. Pas un geste, pas un pas, pas une parole n’avait été fait dans sa direction. Elle l’ignorait tout bonnement. Et il avait beau s’être préparé, se doutant bien que si Carla, la meilleure amie de Casey, subissait le même sort, la douleur n’en était pas moins atténuée. Alors, dans une dernière tentative, un dernier espoir qu’il acceptait de se donner, il lui avait écrit pour lui donner rendez-vous, mettant en avant la promesse qu’elle lui avait faite.
Caleb n’avait pas la tête à sa ronde, écoutant à peine son binôme du soir. De toute manière, il ne s’agissait ni de son meilleur, ni de Killian, alors écouter ou non ce que l’autre disait avait très peu d’importance à ses yeux. Au point même de simplement lui accorder un bref regard au moment de se séparer, lui souhaitant rapidement bonne nuit avant de lui tourner le dos. En tant normal, il aurait rejoint son dortoir, au sous-sol, mais ce soir, il prit le chemin inverse, montant les derniers étages le séparant de la salle des Capitaines, au septième. Il n’y avait plus vraiment remis les pieds depuis la soirée, un peu trop alcoolisée, qu’il avait passé avec Casey, marquant le début de ce quelque chose qu’ils avaient été prêt à essayer. Enfin, c’était avant qu’elle ne lui demande du temps et finisse par ne plus le voir. Ses poings se serrèrent dans ses poches alors qu’il grimpait les dernières marches, le regard perdu sur le sol. Il avait abaissé ses barrières, mis de côté les règles qu’il s’était toujours fixées et laissé les émotions parler pour lui, pour elle. Jane lui avait vanté, fut un temps, l’importance de ces dernières. Pourtant, aujourd’hui, il avait la sensation qu’il n’en ressortait rien de bon et que plus la distance se réduisait, plus son cœur se serrait à l’idée de retrouver cette salle vide. Mettant ainsi un terme à leur relation et sa volonté de tenter de la retrouver.
Son regard noir posé sur la porte en bois qui lui faisait face, le Serpentard resta ainsi quelques instants, entouré par le silence du couloir, quelques fois brisés par le ronflement d’un des tableaux autour de lui. Ceux qui veillaient tard, laissaient leurs regards interrogateurs vagabonder sur son dos. Caleb n’en avait que faire, insensible à ces derniers, contrairement à ce qu’il pouvait, ou non, trouver derrière la porte de la salle des Capitaines. Après une dernière inspiration, le brun se redressa et laissa échapper le mot de passe qu’il avait obtenu de son colocataire. La porte se déverouilla devant lui, lui laissant l’espace de se glisser à l’intérieur de la pièce qui baignait déjà dans la lumière. Son cœur rata un battement alors que ses yeux noirs se fixaient d’eux-même sur la silhouette de Casey, assise sur le canapé qu’ils avaient, jadis, tous les deux occupés. Le souvenir de cette soirée refit surface dans son esprit, les sourires, les échanges qu’ils avaient eu, le jeu qui les avait fait se rapprocher jusqu’à ce que leurs lèvres se rencontrent. La suite… Il ferma les yeux pour ne pas y penser, s’engouffrant totalement dans la pièce avant de reposer son regard dans celui de la Serdaigle. Dans ce bleu qu’il adorait tant mais qui, aujourd'hui, était si vide. Comme beaucoup, il avait appris la nouvelle de sa cécité à son retour au château et en était resté sidéré. Il était déjà au courant pour sa cécité partielle, lui ayant fait part de ses doutes lors de leurs derniers rendez-vous, lui donnant la sensation que le destin s’était acharné sur Casey. Ses derniers mots lui étaient revenu en tête C’est toujours que d’être aveugle. Mais maintenant que c’était le cas, que pouvait-il dire ? Elle ne voyait plus. Et seul l’obscurité l’accueillait à son réveil et l’accompagnait tout au long de la journée. Et il ne pouvait rien faire pour l’en sortir. Impuissant.
Silencieux jusqu’à présent, il s’avança vers elle. Salut. Sa voix était basse et emprunt d’une certaine amertume. Il allait être dur de se contrôler ce soir. Il rejoignit en quelques enjambés le canapé et s’y installa tout en laissant une distance raisonnable entre eux. Je suis content que tu ai tenu ta promesse. L’espoir était encore là, faible et hésitante, mais toujours bien présente.
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(#) Sujet: Re: Love is blind | feat Casey Lun 26 Avr - 20:42
( love is blind | CALEB ☽ CASEY )
Cette pièce qu’elle connaissait par cœur était devenu un refuge pour Casey depuis près d’un mois. Un lieu paisible où personne ne venait jamais — c’était déjà vrai en début d’année, quand les Capitaines avaient encore besoin de prévoir la saison de Quidditch à venir, ça l’était encore plus maintenant qu’il ne restait plus qu’un seul et unique match, celui qui opposerait Gryffondor à Serdaigle, son équipe… dont elle ne faisait plus partie — et dans laquelle elle s’était si souvent retrouvée pour étudier qu’elle en connaissait déjà le moindre recoin avant de devenir aveugle. Tout naturellement, c’était ici qu’elle s’était isolée à son retour à Poudlard. Elle savait combien de pas séparaient l’entrée de la table où elle posait ses affaires pour étudier, combien de pas elle devait ensuite faire si elle voulait se poser sur le canapé, mais aussi à quel moment pivoter vers la gauche pour éviter la table basse ou quelle direction prendre pour ouvrir une fenêtre. Ici, la jeune femme ne se sentait pas perdue, rassurée par ces murs qui lui offraient un espace confortable pour étudier, se reposer, s’entraîner à la magie tout en lui offrant un cadre réconfortant, loin de l’immensité d’un monde qu’elle ne voyait plus. Aussi, quand elle n’avait pas cours et qu’elle ne retrouvait pas Felicia dans la cathédrale qu’elles continuaient d’explorer, c’était ici que Casey venait s’abriter.
Après le dernier cours de la semaine — deux heures de Sortilèges qui se terminait à quinze heures — la brune était directement venue ici, entourée de ce calme familier, de ces livres auxquels elle avait toujours accès grâce à quelques enchantements bien pratiques et de ces parchemins qu’une plume à papote nourrissait d’encre noire. Et puis, il y avait ce petit mot, reçu dans la matinée. Un mois que la jeune femme était rentrée de Londres où son père lui avait fait rencontrer plusieurs de ses connaissances dont les spécialités n’avaient rien de très légales, espérant vaincre un mal que Casey savait incurable. Un mois qu’elle s’enfonçait un peu plus chaque jour dans cette solitude et cet égoïsme de glace, n’offrant sa compagnie qu’à Felicia et, encore quelques fois, à Brooklyn. Mais l’une était aussi froide que Casey pouvait l’être et ce qu’elles faisaient toutes les deux parvenait à réchauffer leurs cœurs de pierre ; et l’autre était une habitude trop profondément ancrée pour qu’elle soit en mesure de la balayer si facilement. Quant à Cameron, Carla, Caleb… le premier lui faisait ressentir une profonde culpabilité. Leur amitié était aussi nouvelle que bancale et pourtant, elle ne s’était jamais sentie plus humaine que lorsqu’ils passaient du temps ensemble, à s’entraîner sur le terrain de Quidditch ou bien à s’échanger des mots hésitants ou encore à se perdre dans les rues d’une ville moldue pour finir dans une fête foraine. Il ne lui avait pourtant pas formulé le moindre reproche mais il était peut-être la seule personne dans cette école face à laquelle elle était purement et simplement incapable de se cacher derrière un mur de glace et de se montrer totalement indifférente. Parce que Felicia lui ressemblait trop sur ce point-là, Brooklyn la connaissait depuis trop longtemps pour être encore en mesure de lui faire entrevoir ses erreurs et Carla et Caleb… elle ne leur en laissait même pas la possibilité. La blonde était trop prévenante, trop présente, trop enjouée et pleine d’un optimisme qui poussait immanquablement Casey à se renfermer. Quant au jeune homme… les promesses échangées et les rapprochements physiques, aussi bien que sentimentaux, la laissaient indécise quant à la marche à suivre. Alors, comme toujours face à l’hésitation, la jeune femme préférait la fuite.
Aujourd’hui, la fuite serait la dernière ou ne ne serait pas. Assise confortablement sur le canapé, Casey écoutait d’une oreille le contenu d’un grimoire de sortilèges emplir la pièce, triturant un bracelet fin du bout des doigts. Une part d’elle-même lui disait qu’elle ne devait rien à personne et que se confronter à Caleb ne servirait qu’à la plonger dans un abîmes d’émotions trop fortes. Une autre lui soufflait cette promesse faite il y a près d’un an et à laquelle elle peinait à se dérober. Au milieu de cet état d’esprit conflictuel, ses mains passaient et repassaient sur le métal finement ouvragé et les deux pierres qui se situaient à chaque extrémité dont elle parvenait à se remémorer le bleu éclatant. Elle n’y avait pas prêté attention jusqu’alors mais un relief se dessinait sur une partie du bijou, sur lequel elle repassa, encore et encore, jusqu’à ce que ses sourcils se froncent et qu’elle ne se redresse. Elle avait commencé à apprendre le braille au manoir Pumpkin, à Londres, refusant de négliger une seule pratique qui lui permettait de poursuivre son apprentissage. C’était long et fastidieux, surtout que ça n’avait rien d’inné, mais en quelques jours puis, depuis, en quelques semaines, elle était parvenue à d’assez bons résultats, aidée notamment de cette mémoire qui ne souffrait aucun défaut. Et, à force de laisser son pouce glisser sur ces petits points en relief qui formaient des lettres qui formaient des mots, elle en vint à la certitude que c’en était, du braille. La coïncidence pour que des points disposés au hasard forment des mots était trop grosse pour être possible. Pensive, elle continua de caresser distraitement le bijou, poursuivant la rédaction de son devoir en même temps, se plongeant à ce point dans son étude qu’elle en sauta le repas et ne quitta pas la salle des Capitaines de toute la soirée. Peut-être que, ce soir, la fuite n’était pas la solution.
Le tableau qui gardait l’entrée des lieux semblait s’être pris d’affection pour la jeune femme puisqu’il la prévenait quand quelqu’un arrivait et qu’il se fendait quelques fois d’autres explications ou histoires à destination de la Serdaigle. Ce soir, sa voix l’informa que le préfet de Serpentard était là, lui offrant quelques secondes pour se préparer avant qu’elle n’entende la porte s’ouvrir et qu’elle ne tourne son visage dans cette direction. Le silence s’alourdit, quelques secondes, encore, avant que la voix de Caleb ne le déchire, plus proche que ce que pensait la brune. Un mouvement lui fit comprendre qu’il s’était installé sur le canapé, non loin d’elle. « Salut » répondit-elle, tournant la tête vers le livre ouvert sur ses genoux qu’elle referma d’un geste, mettant fin au sortilège qui l’animait par la même occasion. Elle aurait pu balayer sa remarque de quelques mots, lui faire savoir qu’elle était là pour étudier et n’avait pas vu l’heure passer… mais elle ne prit pas la peine de mentir pour soulager la pression qui pesait sur cette rencontre nocturne. Elle était restée ici car il devait venir et qu’une voix intérieure qu’elle ne parvenait pas à faire taire lui soufflait de rester. Pour voir. Pour mettre fin à ce qui avait été commencé, peut-être. « Tu voulais donc qu’on se retrouve ici ? » demanda-t-elle finalement, incapable de savoir quoi répondre à ses derniers mots. Elle n’avait pas la sensation d’avoir tenu sa promesse, non, elle s’en sentait inapte, en vérité. Et si elle était curieuse de connaître les intentions de Caleb derrière ce rendez-vous, elle ne pouvait s’empêcher de se demander si ça ne pouvait pas que mal se terminer.
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(#) Sujet: Re: Love is blind | feat Casey Lun 31 Mai - 22:02
Je comprends à peine les mots qui sortent de la bouche de mon binôme de ronde tellement je ne suis pas concentré sur cette dernière. J’attend juste avec un mélange d’impatience et d’appréhension la fin de ma corvée du soir afin de pouvoir enfin rejoindre le dernier étage du château, bien loin de là où se trouve ma salle commune, là où j’aurai dû me rendre, comme à chaque fois. Pourtant, ce soir, ce n’est pas un lit que je vais rejoindre et encore moins les bras chaleureux de Morphée. Le lieu que je compte rejoindre n’est pas une de mes destinations habituelles ou favorites. Je ne m’y suis rendu que très peu et pourtant il a son importance. Les souvenirs, qui fut un temps oubliés, sont encore présents dans mon esprit et me serrent le cœur. C'était il y a si longtemps déjà.
D’un hochement de tête bref, je quitte mon binôme sans même ouvrir la bouche avant de lui tourner le dos. Pas très poli ou agréable mais ça m’importe peu, je n’avais pas pour objectif de l’être particulièrement ce soir. Ma tête est ailleurs, bloquée sur le message envoyé un peu plus tôt dans la journée à la Serdaigle. Ma dernière carte, ma dernière tentative. Je n’avais pas imaginé en arriver là un jour, pour une fille. J’ai moi-même abattu les règles que j'ai toujours fixées, tout ça pour répondre à ce dernier espoir encore présent dans ce tumulte d’émotions négatives et malgré la réalité de ces dernières semaines. C’est douloureux de se rendre compte que finalement, peut-être, je n'ai pas la même importance qu’elle en a pour moi. Et pourtant, il y a encore quelques mois, je pensais pourtant l’inverse, alors que nous partagions notre dernier rendez-vous en tête à tête avec une envie particulière partagée, nous promettant à demi-mot de passer un cap avant que la réalité de mon rang ne me revienne en pleine face. Ce fichu mariage et ses rebondissements avaient fini par ternir la fin de notre journée. Peut-être cela était-il un avertissement auquel je n’ai pas prêté attention. Foutaise.
Je sens mes poings se serrer dans mes poches alors que je grimpe les dernières marches me menant au septième étage. Je n’ai pas eu de retour de sa part mais en même temps je n’en attendais pas vraiment. Sa présence ou non ce soir répondra à l'un de mes questionnements les plus importants. Rien que l’idée de me retrouver seul ce soir me serre douloureusement le cœur. Je ne veux pas que ce soit le cas. J’ai besoin qu’elle soit là. Mon père me trouverait pitoyable de m’accrocher à ce point à cet infime espoir. Et au fond, je me sens pareil. C’est donc ça l’importance des émotions dont me vantait Jane. Je ne vois pas en quoi ceci est agréable en ce moment. La peur, les doutes et la douleur dans mon cœur n'ont strictement rien d’agréable.
Ca fait déjà plusieurs secondes que je fais face à la porte, le regard posé sur le bois de cette dernière. L'écho de mes battements de cœur dans mes oreilles m'insupporte de part leurs différences par rapport à avant. Je peine à les faire diminuer alors que j'ouvre la porte de la Salle des Capitaines qui, à mon grand étonnement, est déjà baignée de lumière. Je n'ai pas besoin de faire le tour de la pièce des yeux pour me rendre compte que je ne suis pas seul. Mon cœur manque un battement alors que mon regard sombre tombe sur la silhouette de Casey, assise sur le canapé. Je suis incapable de comprendre ce que je ressens à ce moment précis, déchiré entre la joie et l'amertume. Comme à chaque fois, je cherche le bleu de ses yeux dans lequel j'aime plonger. Mais celui qui me fait face est différent, vide, éteint. Et encore une fois, la réalité revient de plus belle, plus cruelle. Ce regard ne reviendra plus. Casey est aveugle. Plongée dans l'obscurité du matin au soir.
Silencieux depuis mon entrée, je me décide à m'avancer vers elle tout en la saluant. Cette pièce renferme un souvenir en commun et je me demande si je suis le seul à y repenser. Sans demander une quelconque autorisation, je prends place à côté de la brune dans le canapé. L'ambiance est totalement différente de l'autre fois, moins légère, moins chaleureuse. Maintenant que je suis ici avec elle, je ne sais pas vraiment par où commencer et je prends un petit temps avant de répondre à sa question, les avants bras posés sur les genoux, le regard perdu sur le sol sous mes pieds. Oui. Je voulais qu’on se retrouve. Ici ou ailleurs, peu m’importe. Je voulais être avec toi. et ne pas juste voir son dos dans les couloirs à la fin d’un cours en commun. Les mots sortent d’eux-même, comme s’ils étaient évidents. Ce sont des mots, qui en temps normal, je n’aurai pas prononcés, bien camouflés dans un simple sourire en coin. Mais ce soir est peut-être le dernier où je pourrai m’ouvrir, laisser libre court à ce que je ressens avant de remettre le masque.
Ça fait longtemps. Je lâche à voix basse en me redressant, calant mon dos contre le dossier du canapé. Ce jour là, si j’avais pu entre apercevoir ce qui allait se passer, peut-être aurais-je fait les choses différemment pour profiter de ces derniers instants qui me semblent bien lointains. J'ai l'impression que plus on cherche à avancer plus on finit par reculer. C'est… Frustrant. Bien plus que ça. Et l’incompréhension n’aide pas. Je ne comprends pas pourquoi c’est si compliqué. Je me retrouve confronté à une situation que je ne maîtrise pas depuis le départ. Un chemin miné par des obstacles de bout en bout. Le noir de mes yeux se pose sur le profil de la jeune fille, cherchant la moindre émotion pouvant s’y desceller et imprimant ses trait dans mon esprit comme s’il s’agissait de la dernière fois. Mes doigts se referment avec force sur mon genou à cette pensée, mon regard glissant vers le bas jusqu’à tomber sur le bijou autour du poignet de Casey. Je me demande si elle a réussi à décrypter ce qui est noté dessus. Penses-tu la même chose à mon sujet ? Ces dernières semaines me donnent l’impression que non. Et encore une fois, ce pincement s’invite dans mon cœur.
J'ai trois questions. Peux-tu y répondre sincèrement ? Je finis par lui demander, faisant resurgir un souvenir d’un autre tête à tête. Trois c’est encore une fois trop peu mais sûrement assez pour savoir comment se terminerait cette discussion. L’accord donné, j’inspire une bonne fois avant de lancer la première, une certaine amertume dans la voix. Je ne représente rien pour toi ?
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(#) Sujet: Re: Love is blind | feat Casey Ven 4 Juin - 20:26
( love is blind | CALEB ☽ CASEY )
Casey était partagée. Partagée entre cette nuit éternelle qui s’était emparée de son regard et qui étendait son emprise sur son cœur et son âme. Chaque jour qui passait renforçait cette indifférence glaciale. Elle ne s’y trompait pas, c’était une voie dont elle ne pourrait revenir une fois qu’elle y serait trop profondément enfoncée. Ce lien si puissant qui l’unissait à Felicia et qu’elle avait vu de ses yeux vu l’entraînait à ses côtés sur les chemins d’une perdition méconnue. Celle où les sentiments n’existaient plus vraiment, celle où les addictions plombaient les ailes de ceux qui survolaient les terres désolées. Casey était déchirée. D’un côté, la Poufsouffle et sa noirceur flattait la sienne qui s’étendait un peu plus chaque jour. La Préfète semblait être la seule qui parvenait à réveiller son intérêt. Ou, plutôt, ce qu’elles faisaient ensemble l’était. Dans ce binôme aux accents néfastes, une véritable dépendance commençait à se créer, clouant la brune sur place. De l’autre, il y avait ces personnes dont le cœur battait réellement, ces silhouettes dont elle se remémorait les traits qui vivaient, réellement. Ils avaient leurs peines, leurs doutes, leurs joies et leurs colères, mais qu’importe les sentiments bons ou mauvais, car ils en avaient, car ils vivaient. Ils ne faisaient pas que subsister dans une enveloppe corporelle, l’esprit tout entier dédié à des voies dont on ne revenait jamais vraiment. Ils vivaient. Brooklyn vivait, après des années à se battre contre un monde au sein duquel il ne trouvait pas sa place. Carla vivait, coincée entre ses désirs et son éducation. Caleb vivait, à quelques pas d’elle, séparé pour l’instant de la jeune femme par un portrait qui avait averti cette dernière de la présence du Serpentard. Le cœur battant à tout rompre lui faisait mal, comme si elle n’avait plus l’habitude de le ressentir. Casey était tiraillée. Parce qu’il était si facile — encore plus depuis qu’elle était aveugle — de s’envelopper d’indifférence, de laisser la glace annihiler toute sensation, toute émotion, que chaque rencontre avec les vivants lui faisait l’effet d’un coup de poing. La dernière fois qu’elle avait vu Carla, les mots de la blonde avaient déjà sérieusement ébranlé ses défenses. Se protéger des autres pour se protéger soi-même, jusqu’à quel point était-ce une bonne idée. Les doigts serrés autour d’un livre qu’elle n’écoutait plus, Casey attendait désormais sa sentence qui franchit finalement le pas de la porte, après des secondes si longues qu’elles semblaient porteuses d’un message indéchiffrable.
Quand la voix du jeune homme perça les ténèbres, elle était bien plus proche que Casey ne se l’était figuré. Le canapé bruissa du corps de Caleb, désormais si proche du sien… et en même temps si loin. Quelque chose d’infranchissable les séparait, dressé par la brune et par elle uniquement. C’était elle qui s’érigeait des barrières trop hautes, des murailles trop épaisses, elle qui se retranchait derrière des silences pour ne pas avoir à affronter la dureté des mots. Qui résonnent douloureusement dans son esprit et lui font l’effet d’une gifle. Il voulait être avec elle. Et elle, le voulait-elle ? Son cœur se tordit à cette idée. Oui, d’un côté, elle le voulait toujours. Sa présence lui faisait l’effet d’un seau d’eau brûlante jeté sur sa belle indifférence polaire. De l’autre, les élans noirs de son cœur lui soufflaient qu’elle pourrait mieux occuper son temps au lieu de le perdre en de vaines interactions sociales qui n’aboutiraient à rien, de toute façon. Car elle ne devenait qu’une coquille vide. Ses doigts se crispent autour du grimoire posé sur ses genoux, la tête tournée vers un coin de la pièce qu’elle ne peut pas voir. Trop de sentiments contradictoires la laissaient incapable de poser des mots sur une situation qu’elle avait pourtant acceptée. Aurait-elle dû réfléchir plus profondément à quoi dire à Caleb ? À comment mettre fin à cette torture qui n’augurait rien de bon ? Était-ce seulement ce qu’elle voulait ?
« En effet » répondit-elle dans un souffle, presque intimidée par la gravité qui se dégageait de la voix du Serpentard. Ou bien se faisait-elle des films, simplement plus sensibles aux sens qui compensaient sa vue ? Qu’est-ce que cela lui évoquait ? Pourquoi est-ce que les réponses semblaient enfermées dans une cage qu’elle était incapable de forcer, lui offrant la caresse d’une émotion qu’elle ne parvenait pas à ressentir pleinement ? Pourquoi est-ce que ses ombres intérieures lui faisaient-elles l’effet d’être si hautes, alors qu’elle s’en était toujours très bien accommodée. Comme un lion en cage qu’on agresse de coups savamment portés, la suite irrita un peu plus ces sentiments qui ne parvenaient pas à s’exprimer, les faisant enfler pour mieux les enfermer. « Est-ce qu’il faut continuer de s’obstiner ? » Ce n’était qu’un souffle né après de longues secondes de silence et de crispation, né de l’incertitude autant que de la conviction. Casey n’avait jamais été une femme d’assurance. Elle évoluait dans les doutes autant que dans l’insécurité. Prise entre deux feux, elle choisissait d’avancer à l’aveuglette, laissant le destin décider à sa place lequel la brûlerait toute entière. Ironie du sort, elle était véritablement devenue aveugle, comme une métaphore désormais ancrée dans la réalité.
Tel le reliquat d’une époque trop ancienne pour ne pas être révolue, Caleb lui demanda trois vérités. Trois réponses sincères à des questions qui, elle le savait, allaient soulever trop de choses pour être ignorées. Néanmoins, son poignet appesanti d’un bracelet de quelques lettres en braille, elle hocha la tête. Elle ne pouvait être sûre qu’il l’ait vue mais elle ne broncha pas pour autant, attendant la suite comme si c’était une condamnation. Ça semblait presque évident, qu’ils en arrivent là, comme s’ils devaient terminer par là où tout avait commencé. La voix de Caleb s’éleva de nouveau, teinté d’une amertume qu’elle aurait presque pu goûter. Casey avait perdu la vue et, en contrepartie, se trouvait plus sensible aux infimes variations dans la tonalité des autres. Un don bien peu utile alors qu’elle s’affranchissait peu à peu de tous les liens qui la retenaient en ce monde pour se tourner vers l’étude et la folie d’un savoir illimité. Dans cette pénombre qui était désormais la sienne, une lueur la poussa à prendre cette direction, sans savoir où cela la mènerait. Comme avec Carla, elle sentit les mots affluer au bord de ses lèvres sans qu’elle ne sache comment les retenir. Encore que cela arrivait avec plus d’empressement alors qu’il s’agissait de Caleb. « Non, ce n’est pas… au contraire. Tu as été un repère dans un milieu où j’étais étrangère et tu as été bien des premières fois » réussit-elle à dire, son cœur battant douloureusement. Elle aurait pu lui demander pourquoi il pensait ça, mais la réponse était évidente. Cela faisait des mois qu’elle l’évitait, bien avant d’avoir perdu la vue. Et la clarté qui s’empara d’elle la laissa étourdie. Elle s’était éloignée de lui dès l’instant où Brooklyn avait avoué l’aimer. Pour ne pas blesser l’un ou pour ne pas perdre l’autre ? Pourtant, assise sur ce canapé aux côtés du jeune homme, habitée de sentiments qui lui faisaient mal, comme si on le forçait à ressentir des choses après avoir été longtemps éteint, elle se rendit compte qu’il n’y avait pas plusieurs raisons qui expliquaient qu’elle ait été incapable de retourner ses confessions à son ami d’enfance. Sûrement qu’elle l’avait aimé. Il avait longtemps été son seul univers. Mais les Je t’aime qu’il lui avait écrits, elle ne les ressentait pas en échange. Leur chance à eux, ils l’avaient eue, et ils l’avaient laissée filer. Elle était entrain d’en détruire une seconde. Carla lui avait dit que les choses allaient et venaient et que si on ne les saisissait pas à temps, elles disparaissaient. Et à son poignet, le bracelet pesa plus lourd.
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(#) Sujet: Re: Love is blind | feat Casey Sam 19 Juin - 10:24
Si on m’avait dit que je tomberai un jour amoureux, j'aurais sûrement ri au nez de la personne face à moi. L’amour. ça me parait tellement abstrait. Pas que je connaisse pas. Au contraire. Je sais très bien reconnaître l’amour que me porte ma mère, bien que caché sous ses traits froids, ou même celui, plus fugace, de mon père. Je ne suis pas stupide et aveugle. Je sais très bien que je ne suis pas qu’un simple objet que l’on met dans sa vitrine pour l'embellir ou pas une simple marionnette à qui on dit quoi faire. Je sais très bien ce que je représente pour eux. Sinon mon père ne m’aurait pas laissé cette liberté qu’il veut à présent me retirer, comme une sorte de protection à ses yeux. Drôle d’amour n’est-ce pas. Je pense bien que c’est pour cela que je n’ai jamais voulu m’attacher à quelqu’un de la sorte - en dehors de quelques exceptions - . L’amour, sous toutes ses formes, à tendance à m’étouffer, à m’enchaîner ou me blesser. Je l’évite tout comme je garde mes émotions pour moi. Pourtant, cette fois-ci, je n’ai rien pu faire. Pire, je n’ai rien voulu faire. J’ai laissé cette sensation m’étreindre toujours un peu plus chaque jour sans chercher à vouloir la comprendre. L’ignorance en premier puis l’obstination à me dire que ça passerait. J’ai fini par ne plus pouvoir m’en éloigner. L’avais-je voulu de toute manière ? C’est si facile de se mentir à soi-même. Non j’y ai sauté les deux pieds en plein dedans au final. Et c’est pour cette raison, que malgré la blessure que l’ignorance de Casey m’a causé, je me retrouve ici, à vouloir croire en les paroles de Jane et cet espoir qui ne veut pas me quitter. Une dernière fois avant de peut-être reprendre les habitudes qui sont les miennes.
J’ai décidé d’être honnête et de laisser libre court à ce que je ressens vraiment, au moins une fois. Un exercice difficile lorsqu’on ne sait que vraiment se camoufler. S'en rendra t'elle seulement compte alors que ses yeux ne peuvent plus distinguer les traits de mon visage, plongés dans une nuit sans fin ? Cette pensée me brise le cœur. Pour elle. Pour moi. C'est sûrement égoïste, mais j'aurai tellement voulu qu'elle puisse me voir, encore une fois. Je ne mâche pas mes mots. Je n'en ai ni l'envie ni la force. Je veux juste être avec elle et franchir ce ravin qui se forme entre nous depuis notre dernière rencontre. Depuis nos confessions. C'est si dur d'aimer quelqu'un finalement et j'avoue ne pas réellement comprendre pourquoi tant de personne souhaite vivre ça. Ca nous tombe dessus sans prévenir et le flot d'émotions qui l'accompagne est déroutant. Pourtant, on les accepte, même si certains sont douloureux, juste pour être avec cette personne. Avancer pour reculer. Reculer pour avancer. Une danse sans fin. Les mots de Casey me donnent l' effet d'une gifle, mes doigts toujours serrés autour du tissu de mon pantalon. Faut-il continuer à s'obstiner ? Ne serait-il pas plus simple de continuer son chemin chacun de notre côté ? Surement… Mais est-ce que je le veux ? Pas du tout. Je ne me suis pas accroché à ce point pour que ce qui n'a même pas eu le temps de commencer s'arrête juste avec cette question. Seul le silence lui répond, le cœur bien trop lourd pour répondre à ces mots qui me blessent. Mon regard sombre glisse vers le sol avant d'être accaparé par la vision du bracelet que porte la brune laissant une vague d'émotions contradictoires m'envahir. Je desserre finalement les dents pour lui demander l'accord de poser trois questions, en souvenir d'un autre temps, espérant que l'honnêteté et la franchise de celle-ci soit la même aujourd'hui. Peut-être une façon de boucler la boucle et de terminer là où tout a commencé.
Le cœur serré, je me lance sans détour. La question est directe et si la Serdaigle pouvait encore voir, elle n'aurait pu éviter mon regard bien trop ancré sur son visage. La réponse arrive rapidement et alors que aurait dû me faire plaisir, mon cœur se serre encore, submergé pas une douleur depuis trop longtemps contenu. Alors pourquoi ? Les mots sortent dans un souffle teinté d'amertume. Là où l'alcool a toujours été un facteur permettant à certaines de mes émotions de sortir, comme ce jour là en fin d'année dernière, où je l'ai prise à partie face à son indifférence, je suis des plus sobres ce soir. C'est mon cœur qui parle et la tristesse qui s'y est installée. Tu m’évites depuis un moment. Avant même ton accident. Et … Je me sens vulnérable. Se livrer n'est pas dans mes habitudes et le dire à voix haute me semble presque surhumain. Je comprends maintenant ce que voulait dire mon père en insistant sur le fait que les émotions rendent faible. Il n'a pas tort d'un côté, je suis complètement à découvert. Mais pour l'accepter et se lancer volontairement il faut une certaine forme de courage ou être complètement masochiste. je ne sais pas lequel des deux je suis ce soir. Les yeux clos, le soupir au bord des lèvres, je me laisse complètement aller la tête entre les mains. Ca m’fait mal, Casey. Et je ne suis plus maître de rien. Qu’est ce que j’ai fait pour que tu refuses que je sois là pour toi alors que tu vas mal ? Ne pas pouvoir la voir à l'infirmerie alors que Brooklyn pouvait s'y rendre. Apprendre son départ et ne recevoir que des brèves informations avant de ne plus avoir de réponse. L'ignorance. J'ai forcément fait quelque chose pour qu'on en arrive là. Est-ce encore à cause de ces histoires de mariage ? Ou peut-être qu'au final, tout ce qu'on s'est dit n'existe plus… Cette pensée m'envahit sans même me laisser le temps de respirer, le cœur encore plus lourd qu'en arrivant. Ce que tu m’as dit, la dernière fois qu’on s’est vu. ma voix est faible alors que je me redresse à ses côtés, le regard posé sur elle, une lueur d'inquiétude au fond des prunelles, le cœur battant contre mes tempes. Tu ne le penses plus ?
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(#) Sujet: Re: Love is blind | feat Casey Dim 20 Juin - 17:46
( love is blind | CALEB ☽ CASEY )
Le silence s’épaissit autour d’eux. Il pesait plus lourd à chaque seconde, pris entre les vérités, les mensonges, les non-dits et les incompréhensions. Prisonnière de ses yeux aveugles, Casey n’avait aucun moyen de sonder les expressions faciales de Caleb, aucun échappatoire non plus. Impossible de laisser son regard s’enfuir du côté de la fenêtre pour se soustraire à cette ambiance pesante. Assise sur ce canapé, les doigts crispés autour d’un livre muet, elle n’avait d’autre choix que d’affronter ce rendez-vous auquel elle avait choisi de se rendre. Quand bien même elle s’y employait de toutes ses forces, il lui était impossible de fuir éternellement les nombreux murs dressés autour d’elle, faits de toutes ces choses longtemps ignorées. De temps en temps, il lui fallait bien les affronter et en ressortir un peu plus brisée. Le Serpentard était l’une de ces murailles, haute et solide. Lui et tout les sentiments qu’il était capable d’éveiller douloureusement dans ce cœur qui peinait de plus en plus à en ressentir le moindre. À sa question, Caleb laisse les secondes s'égrener sans chercher à rien faciliter. Alors, faut-il continuer à s’obstiner ? Seules Casey et ses pensées s’entrechoquent dans son esprit à l’agonie. Puis le jeune homme vient finalement à sa rescousse, sûrement en proie à des interrogations déchirantes similaires, retissant un lien qui vibre de souvenirs entre les deux sorciers assis sur un même sofa, si proches et si éloignés en même temps. C’était presque une évidence en même temps qu’un soulagement qu’ils en arrivent à ces sempiternelles questions, trop directes pour qu’elle soit en mesure de se défiler. Au moins les choses seraient-elles dites. Serait-ce suffisant pour autant ?
À sa première question, son cœur se serra désagréablement. Les mots coulent hors de ses lèvres qui ne parviennent pas à les retenir. Il représentait bien des choses, au contraire. Bien des premières fois, notamment. Mais ça n’était pas pour ça que c’était plus facile, plus limpide ou plus évident. Presque immédiatement, la voix du Serpentard s’élève de nouveau pour obtenir plus de précisions, une netteté que Casey est incapable de discerner. Heureusement pour elle — c’était, en tout cas, une façon de voir les choses — il n’en avait pas terminé et son ton si familier délivra d’autres peines qui se fichèrent un peu plus profondément dans la brune. Là où Carla et sa sollicitude avaient poussé Casey à se renfermer comme une huître pour ne rien livrer et se détacher d’un lien qui lui demandait trop d’implication, l’amertume et le chagrin de Caleb tirèrent chez elle des vérités bien enfouies. Avec une clairvoyance qu’il était rarissime qu’elle ressente, une lumière nouvelle se fit sur ses sentiments, envers Brooklyn, envers Caleb… des sentiments que Carla avait percé depuis longtemps déjà mais que la Serdaigle avait été trop obstinée pour accepter de contempler. Une grosseur étrange dans sa gorge l’empêchait de parler, une forme d’angoisse qu’elle ne maîtrisait pas. C’était difficile, pour elle qui réprimait la moindre émotion avant de contrôler chaque aspect de son quotidien de manière millimétrée. Elle déglutit avec difficulté tandis que le jeune homme continuait sur sa lancée. Une seconde question tomba, rapidement suivie de la troisième, achevant de déboussoler complètement Casey et de la laisser plus confuse encore.
Elle le sentait s’agiter et elle sentait sa voix tressauter sous des émotions qui l’assaillaient elle aussi. Ses doigts étaient désormais fermement verrouillés autour de son grimoire qui faisait office de bouée de sauvetage dans un océan déchaîné. Et le silence s’éternisait tandis qu’elle peinait à trouver un début de réponse à lui formuler, sans savoir par où elle devait commencer, indécise quant à quoi dire, comment le dire, quoi taire… Elle n’était même pas sûre de ce qu’elle ressentait réellement. Elle ne l’avait jamais été, à aucun moment de sa vie, guidée par les autres et appelée par leurs propres émotions comme un navire perdu en mer l’est par la lumière d’un phare salutaire. Dans la tempête qui l’avait piégée et qui avait fait couler son bateau, elle discernait des milliers de petits scintillements et était incapable de savoir lesquels étaient réels et lesquels l’entraîneraient sûrement vers sa perte. Et n’était-ce pas ce qu’elle voulait, au fond ? Se couper de tout et de tout le monde pour se consacrer à cette magie qui la dévorait vivante ? N’était-ce pas là une fin à la hauteur de ses ambitions ? La seule qu’elle pourrait assumer sans que les émotions ne s’en mêlent et ne la chahutent dans tous les sens ? De ça, elle déciderait ensuite. Pour l’heure, les questions du Serpentard appelaient des réponses. C’était le principe de ces vérités dont le nombre était déterminé à l’avance.
« Je suis désolée. » C’était la première fois que ces trois petits mots sortaient avec une telle facilité en même temps qu’ils lui arrachaient les cordes vocales. « Je ne sais pas si je suis encore en mesure d’accomplir ce que je t’ai dit la dernière fois que nous nous sommes vus » fit-elle en choisissant soigneusement ses mots, sa gorge se dénouant à mesure qu’elle parlait, son cœur se serrant à l’inverse. « Tu n’as rien fait… Rien de mal, bien au contraire. J’ai toujours eu du mal avec les sentiments et les relations humaines, ces derniers temps plus que jamais. » Plus elle cherchait à s’expliquer, plus elle comprenait que ses mots l’embrouillaient, elle, et lui aussi, certainement. Comment pourrait-il comprendre si elle ne disait pas toute la vérité mais continuait de protéger toutes les ombres qui l’étreignaient ? Un poids lui tomba dans l’estomac. « Je fuis tout ce que je ne peux pas contrôler » souffla-t-elle, elle-même étourdie de la justesse de ces mots. C’était ce qu’elle avait fait, toute sa vie. Enfouir les sévices de ses parents jusqu’à ce que l’inconscience du sommeil les ramènent à la lisière de son esprit ; enfouir le manque de son meilleur ami sous une haine glaciale ; enfouir les peines, les chagrins sous des maux que l’on s’inflige à soi-même et taire les joies, les rires et les moments heureux par peur qu’ils ne reviennent jamais et que leur absence se fasse cruelle. « Ce que je ressens avec toi, je ne peux pas le contrôler. » Là où sa relation avec Brooklyn était si ancienne qu’elle n’avait plus à se poser cette question. La nouveauté lui faisait peur. L’inconnu encore plus.
C’était vrai. Et c’était en même temps insuffisant. Il y avait plus que ça, plus profond, plus insidieux. Il y avait sa peur de plonger aveuglément dans une relation qui nécessitait de la confiance, en même temps que son cœur qui grisonnait à vue d'œil. Elle s’imaginait Felicia en sachant que la Préfète renvoyait bien des traits de caractère que la brune possédait également. La rancœur en moins, peut-être bien. Et c’est en pensant à elle qu’elle décida de briser leur secret une dernière fois. « Je me suis toujours intéressée à la magie. Sous toutes ses formes et toutes ses branches. Dont la magie noire que je pratique depuis quelques temps. Ce n’est pas sans conséquences. Ça me ronge de l'intérieur et ça m’obsède : tout ce qu’il y a découvrir, tout ce qu’on ne fait qu’entrevoir… » Son ton s’altéra légèrement, renouant avec un enthousiasme qui retomba bien vite. Elle ne dit rien à proposer de ses yeux : Caleb pouvait faire le lien tout seul. « Tu pourrais me dénoncer, mais je te dis ça pour que tu comprennes que je ne suis pas comme toi, comme Carla, comme Maxwell… Je prends un chemin bien différent. » Elle reprit une petite inspiration et tourna légèrement la tête en direction de ce qui devait être l’endroit où Caleb était assis. « Tous les jours je m’y enfonce un peu plus et ça a un prix. Je ressens de moins en moins de choses, si ce n’est quand je suis avec certaines personnes… Toi, en l'occurrence. » Sa voix s’était adoucie, comme apaisée par l’évidence, comme soulagée de ne plus se cacher derrière des semis-vérités. « J’ai le cœur qui bat un peu plus vite et j’ai ces mots en braille qui tournent dans ma tête… mais je ne sais pas si c’est parce que j’imite ce que tu me renvoies ou si je les ressens vraiment. Et même si c’est le cas, pour combien de temps encore ? Et pourrais-tu seulement m’accompagner sur la voie que je prends ? » À force de toujours tout taire, ne jamais rien dire, et tout garder pour soi… les mots sortaient tous seuls. Les interrogations aussi, brisant la belle maîtrise que Casey avait d’elle-même, soulevant sa voix de quelques vagues un peu plus aiguës ou un peu plus graves. « Je ne sais plus si je ressens encore des choses ou si j’absorbe ce que l’on ressent pour moi » conclut-elle, dans une affreuse vérité qui avait de quoi glacer les sangs.
Le moyen d’avoir la réponse à sa question explosa dans l’esprit de la jeune femme. Repenser à Felicia l’amena inévitablement à se figurer ce lien blanc qui les liait toutes deux. Elle avait enfin le moyen de voir qu’est-ce qui l’unissait aux gens, de le voir réellement, tel une véritable inaltérable. Il lui suffisait d’une petite gorgée qui la plongerait de nouveau dans l’une de ses addictions les plus profondes en devenir, et elle pourrait alors voir, voir ce qu’il en était. Savoir. Écarter les incertitudes et les doutes. Mettre un point final à ces interrogations sans fin. Sans même se dire que c’était une terrible idée. Car si le lien n’était pas entier, c’était peut-être parce qu’il fallait encore le construire, mais ne déciderait-elle pas de le couper plutôt que de lui laisser sa chance ? Et comment interpréter parfaitement une magie qu’elle maîtrisait encore si peu ? Mais Casey ne se posait pas toutes ses questions. C’était facile, c’était à portée de main, ça pouvait tout résoudre et leur permettre d’en découdre. « Accepterais-tu de fermer les yeux ? » Elle attendit sa réponse avant de glisser ses doigts dans son sac et d’en tirer une fiole dont elle fit sauter le petit bouchon en liège avant de laisser le liquide couler entre ses lèvres, porteur d’une extase qui agissait comme un baume réparateur sur la plaie d’une dépendance. Au sens figuré du terme, Casey retrouva la vue. Ses yeux s’ouvrirent sur des couleurs, des formes et des intensités qui exprimaient toute la magie en ces lieux. Un rectangle grand comme un portrait scintillait d’une aura dorée devant elle, légèrement sur sa gauche. Elle baissa la tête, retrouva ce lien rouge sang qui pulsait autour de son poignet et disparaissait dans les méandres de Poudlard. Elle la releva légèrement, observant ceux qui partaient de Caleb dans sa direction, ceux qui partaient d’elle pour aller dans la sienne. Ils existaient. Avec réciprocité. Il n’y avait pas qu’une énergie en provenance du jeune homme et son exact reflet arraché à la jeune femme. En réalité, il y en avait deux, d’une intensité différente, encore à construire, brillants d’une même énergie à deux stades bien distincts. Celui de Caleb était plus affirmé, celui de Casey plus hésitant, alourdi de nuances plus sombres. Les possibilités d’interprétation étaient multiples, comme ce lien blanc qui l’unissait à Felicia. Elle n’y voyait pas ses craintes exprimées de ne faire que mimer les émotions qu’on éprouvait pour elle.
« Tu peux les rouvrir… » murmura-t-elle, sans savoir s’il l’avait déjà fait ou non. Apaisée par ce qu’elle voyait, puisqu’elle n’avait plus à s’interroger ce qu’il en était réellement, elle n’en était pas moins suspendue au-dessus de choix bien trop durs à prendre. « C’est à ce moment-là qu’on décide de ce qu’il est préférable de faire pour nous deux ? » lui demanda-t-elle, étrangement calme, retirée en elle-même comme pour mieux prendre du recul sur une situation. Elle avait presque envie de laisser ses doigts parcourir le lien qui s’éclaircissait à mesure qu’il arrivait jusqu’au Serpentard mais elle se retint pour ne pas éveiller de nouvelles questions chez Caleb. Encore que… Pourquoi ne pas lui donner toute la vérité, une dernière fois ? « Sache qu’il y a quelque chose, entre nous. Plus fort de ton côté que du mien, plus éclatant aussi. Ça se construit, ça n’est pas encore figé. » Se rendait-elle compte de l’image effrayante qu’elle pouvait renvoyer ? Avec cette lucidité quasi surréaliste ? Assurément que non. Pour elle qui baignait dans tous ces aspects depuis bien longtemps, ça n’était rien de moins que la normalité. « Ça pourrait aussi se gangréner par ma faute. Il a bien des possibilités… »