[6ème année] Premier cours / "Sortilège Aguamenti "

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武田氏

∞ feat 6ème années

Le mois de mars était déjà presque terminé et le temps filait rapidement. D’ici quelques semaines, les élèves de septième années passeraient leurs ASPIC. Takeda se faisait un devoir de former au mieux ses protégés pour qu’ils obtiennent les meilleures notes possibles le jour de l’examen. Pour cela, il exigeait déjà énormément de travail de la part de ses sixièmes années. Même s’il avait la réputation, à juste titre, d’être très sévère, il ne l’était pas assez pour refuser toute personne n’ayant pas reçu un Optimal à ses BUSES en sortilèges. Tous ne voulaient pas devenir aurors et la majorité pourraient un jour se servir de ses enseignements, raison pour laquelle il acceptait, dans une juste mesure, de les dispenser au plus grand nombre.

Dans son bureau, le professeur lisait un exemplaire de la gazette du sorcier afin de se tenir au courant des dernières nouvelles. Tout était loin d’être formidable et les événements du bal de noël continuaient de l’inquiéter. Comment était-il possible, après tout ce temps, que les choses ne soient pas réglées une bonne fois pour toute ? Deux décennies après sa mort, l’influence néfaste du seigneur des ténèbres semblait toujours aussi forte. Pourquoi les gens ne pouvaient-ils pas passer à autre chose ? Pourquoi existait-il toujours une si forte discrmination quant aux origines de sorciers ? Rien de tout cela n’avait de sens. Pensif, Silver laissa le papier magique de côté. Son attention se reporta sur une statue miniature de sa fille qui s'agitait dans but dans un coin de la pièce. De longues minutes durant, il l’observa le cœur en peine avant de se relever. Il avait un cours à donner.

La chaleur de la pièce étant clémente, le professeur retira sa cape pour ne plus garder que son habituel costume bleu. Droit comme un “i” et les bras croisés dans le dos, il fit les cents pas en attendant la venue de ses élèves. Comme à l'accoutumée, il leur laissa quelques minutes pour faire le silence, suite à quoi seulement il ferait action contre d’éventuels fauteurs de troubles.

« Bonjour à vous. La semaine dernière, nous avions terminé le dernier cours pratique du sortilège de têtenbulle, il est donc grand temps de passer à la suite du programme. Laissez vos livres dans vos sacs. » ordonna-t-il d’un ton sec alors que certains commençaient à préparer leurs affaires.

D’une poche intérieure, le professeur sortit sa baguette en bois de roseau. D’un geste souple du poignet, il fit léviter depuis un coin de la pièce un bac en verre dans lequel se trouvait de la paille. Sans dire un mot, il pointa sa baguette de laquelle sortirent immédiatement quelques flammes qui se mirent à lécher et dévorer rapidement la combustible. Avant que tout n’ait été consummé, il fit un geste du poignet et ce fut cette fois là un mince filet d’eau qui fit son apparition. Une légère fumée s’éleva du bac en verre, suivie rapidement d’une désagréable odeur de brûlé.

« Bien, je vous estime dorénavant assez vieux et expérimentés pour m’en dire plus sur le sortilège que je viens d’exécuter devant vous et que vous tacherez désormais d’apprendre. Qui pourrait m’en dire plus à son sujet ? »

Le sortilège d’aguamenti était le miroir de l’incendio que les premières années apprenaient, Silver estimait donc que la plupart d’entre eux, voire la totalité, savaient ce dont il retournait. La partie théorique de ce cours n’était à ses yeux pas la plus importante mais elle demeurait malgré tout une étape obligatoire. De son regard inquisiteur, le professeur balayait la salle du regard à la recherche de son premier volontaire.

.JENAA

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( Aguamenti ♚ 6e années )

Bien qu’il succède à deux journées sans le moindre cours et aux heures dévolues à nos seuls intérêts égoïstes, le lundi avait ses charmes. Il débutait en beauté par un cours de Potions qui me permettait de retrouver mon frère jumeau dans la pénombre des cachots où notre oncle régnait comme l’éminent professeur qu’il était. Ses leçons relevaient le niveau d’une école en chute libre et nous offraient quelques heures dans ce qu’il y avait de plus noble à Poudlard. Et ce n’était que le début de la journée. Rapidement, elle se poursuivait sur une pause déjeuner rallongée au cours de laquelle je retrouvais immanquablement mon meilleur ami. Puis se dessinait une après-midi entière où nous n’avions pas à nous séparer : entre le cours de Vol et le cours de Sortilèges, nos emplois du temps nous permettaient de ne plus nous languir de l’absence de l’autre en comptant les minutes qui défilaient trop lentement. À quel moment étions-nous devenus à ce point incapables de composer sans la présence de l’autre ? Je n’en savais rien. J’avais l’impression que ça faisait depuis toujours. Une éternité qui s’était considérablement renforcée, cependant, depuis qu’une rupture définitive avait menacé de nous éloigner à jamais. Cela aussi semblait tellement loin déjà… Pourtant, pas plus tard que ce samedi, les conséquences directes de nos volontés avaient transplané à Pré-au-Lard.

Après une rapide douche dans les vestiaires de Quidditch, les cheveux encore humides et le teint rosi par les vapeurs d’eau chaude, je retrouvai Junior et nous filâmes en direction du quatrième étage. Nous étions les deux seuls à enchaîner le cours de Vol et celui de Sortilèges, aussi arrivions-nous fréquemment sur les dernières secondes, avec une bonne excuse, néanmoins. Finnbjörn était déjà installé, ainsi que Phoenix. Elle avait beau être devenue ma belle-sœur au début du mois, de manière officielle, elle n’en était pas moins invisible à mes yeux. Parfois, les cours mélangeaient notre année avec celle des septième — comme c’était le cas en Vol — mais pas aujourd’hui : il n’y avait donc pas trace de notre aîné. Le soleil printanier continuait de briller à travers les vitraux de la pièce, diffusant une douce chaleur qui contrastait avec la fraîcheur de certains couloirs. « Balade dans le parrrc, aprrrès le courrrs ? » soufflai-je au Serpentard tandis que nous prenions place sur un même banc, mes doigts abandonnant mon balai à nos pieds, ainsi que mon sac contenant livres, plumes et parchemins. Le cours n’avait pas encore commencé que je m’ennuyais déjà, rêvant d’évasion et de promenade loin de cette plèbe souillée. Je partais souvent du principe — presque toujours, en réalité — que l’heure qui séparait la fin de nos cours du début du dîner n’était pas suffisante pour se plonger dans un quelconque devoir. Autant l’occuper à des choses plus agréables et ne pas la perdre dans un ennui lassant, n’est-ce pas ? Depuis le temps, mon meilleur ami n’avait plus grand chose à objecter et n’essayait même plus de se montrer raisonnable pour deux. Ce qui me convenait à merveille, il va sans dire. Le choix était vite fait entre une escapade dans le parc avec lui ou une heure entière le nez baissé sur un bout de parchemin. Devoir retourner en intérieur après deux heures passées sur un balai était déjà une grande peine, inutile d’en rajouter une.

Le professeur nous salua, signe que tout le monde était arrivé. Mes yeux clairs et mon sourire se détachèrent des traits élégants de Junior pour parcourir le petit groupe que nous formions. Le manuel délaissé, ma tête reposant sur mon poing fermé, j’observai Takeda tirer sa baguette, réveillant une lueur d’intérêt au fond de mon regard. Pouvions-nous espérer récupérer les nôtres et ne pas subir une longue et fastidieuse partie théorique ? Quelques flammes s’élevèrent du bac qu’il venait de faire léviter, propageant un parfum de brûlé. D’une gerbe d’eau, il éteignit l’infime incendie qu’il avait déclenché et se tourna vers l’assistance. Si nous n’étions pas en compagnie des élèves les plus brillants de Poudlard, il était tout de même impensable que l’un d’entre nous ne sache pas de quoi il retourne. Quoique. Il fallait s’attendre à tout, avec certains spécimens. Le décalage entre les apprentissages offerts à Poudlard et nos réelles capacités laissait un goût amer se répandre derrière mes lèvres closes. Nous étions capables de plus, de tellement plus. Néanmoins, la perspective de pouvoir sentir entre mes doigts le bois de tremble de ma baguette magique balaya les autres considérations. Me redressant, je levai légèrement ma paume afin d’attirer l’attention de l’enseignant sur moi et de prendre la parole au moment où son regard sombre croisa le mien. « Aguamenti perrrmet de fairrre… apparrraîtrrre de l’eau » fis-je d’un ton où perçait l’évidence de la chose. Il venait, après tout, d’en faire la démonstration. « Je pourrrais vous simuler le mouvement adéquat mais cela serrrait plus perrrtinent avec une baguette. » Un fin sourire étira mes lèvres : qu’on en termine au plus vite pour passer aux choses vraiment intéressantes !

( Pando )

Sortilèges

Finnbjörn s'exerce au sortilège Aguamenti

J’étais là en avance, comme à mon habitude. Et comme d’ordinaire, je patiente sagement devant la porte, jetant parfois quelques coups d’œil aux aiguilles de la petite montre à mon cou. Je ne lis pas, ne recherche pas la discussion avec un camarade, évitant soigneusement tous ceux qui circulent dans le couloir. Je me contente d’attendre, saisissant parfois au vol quelques bribes de pensées… Je nourris une certaine hâte de retrouver ma baguette, tout comme ma sœur. Une fois que la permission nous en est donnée, je pénètre prudemment au sein de la salle de classe, et m’installe au second rang, dans un coin. Erin et Junior entrent à leur tour, avec cet air complice qui leur est propre, et qui semble parfois leur ôter tout jugement. Phoenix est attablée quelques rangs plus loin, et je n’ai qu’un bref regard vers elle avant de m’intéresser au sujet du cours. Avec une certaine nonchalance, j’observe attentivement le professeur Takeda procéder à sa petite démonstration : le voilà qui enflamme un bocal de paille d’un geste sûr, avant qu’il ne fasse apparaître de l’eau pour mettre fin à son œuvre. Je ne sourcille pas ; il n’y a rien dans ce spectacle de particulièrement impressionnant, si ce n’est une remarquable maîtrise des sortilèges informulés. Oui, après réflexion, c’est vraiment ce que je préfère chez ce professeur… son silence. Parfois, j’ai tendance à penser que chez les autres le mutisme est nettement plus intéressant qu’un quelconque bavardage inutile et purement ornemental.

Formidable. Nul doute qu’apprendre à produire un jet d’eau de taille moyenne depuis l’extrémité de notre baguette sera profondément enrichissant, et nous permettra de prendre l’avantage si nous devons nous défendre au péril de notre vie… Je lève les yeux au ciel : bien évidemment que non. A croire que nous sommes entourés d’incapables ! Je connais déjà l’usage de ce sortilège : dès lors que ma sœur s’est essayée à dompter les flammes lorsque nous étions enfants, il a bien fallu que je développe certaines aptitudes afin d’éteindre les feux qu’elle allumait derrière elle. Déjà las, je ne peux retenir un regard vers le ciel, tandis que je prie Merlin de toutes mes forces pour m’offrir un apprentissage digne de ce nom. A Koldovstoretz, à mon niveau, nous serions probablement déjà en train de disséquer des gobelins pour tout apprendre du flux magique qu’ils contrôlent, et serions déjà entraînés à des sortilèges de pétrification de niveau supérieur ! Me résignant à enterrer mes rêves de grandeur au vu de la pauvreté de l’enseignement que l’on nous propose au sein de ce château, je me résous à tendre le bras ; quitte à perdre mon temps ici, autant faire profiter mes camarades ignares d’un riche savoir… Puisque ma sœur a ouvert le bal, j’imagine que c’est moi qu’il incombe de prendre la relève. « Eh bien, c’est une incantation qui permet tant à un sorrrcier tant d’étancher sa soif, que de d’éteindrrre un feu domestique de taille rrrégulière. Le débit varie d’un sorrrt à l’autrrre, j’imagine que plusieurrrs facteurrrs peuvent l’expliquer, comme l’aptitude et les prrrédispositions de l’utilisateurrr... » J’ai un regard furtif en direction de la plèbe des sangs-de-bourbes, qui ne doivent guère être capables de faire apparaître davantage qu’un ridicule et mince filet d’eau, alors que nous, éminents sorciers de pure souche, sommes aptes à contrôler des incendies. Ils n’y peuvent rien, c’est biologique… Il n’y a qu’Appleton pour songer un instant que ces erreurs de la nature puissent nous égaler un jour, d’une quelconque manière. Pour moi qui suis parfaitement lucide à propos de nos privilèges naturels hérités de nos ancêtres et sur les défaillances génétiques de mes camarades impurs, c’est une réalité que je connais parfaitement bien, et j’ai hâte de pouvoir prouver que j’ai raison sur la question. Aussi zélé, aussi travailleur acharné puisse être un sang souillé, il ne pourra jamais espérer davantage qu’arriver à notre cheville…

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POWER

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Aguamenti

ft. C. Junior d'Archambault, @Erin B. Sørensen & les autres élèves

Le week-end n’avait pas été aussi reposant que je l’aurais voulu… Difficile, décevant peut-être aussi. Bien sûr, la venue de mon père à Pré-au-Lard alors que nous nous livrions à un combat épistolaire — quand il daignait me répondre — depuis quelques semaines maintenant n’annonçait rien de bon, plus encore alors que le déclencheur était notre système D pour éviter mon départ précipité… Mais tout de même. J’avais espéré autre chose. Une issue plus favorable, quelque chose d’encourageant… pas le report pur et simple de ce contre quoi nous nous battions. Ni sur tout ce fiel craché par-dessus la table et auquel j’étais, bien malgré moi, trop réceptif encore. J’avais beau envelopper ce géniteur menteur et volage de tout le mépris du monde, je n’en étais pas moins empli d’espoir d’être à la hauteur de ses attentes en même temps, bataillant entre ce rôle d’héritier modèle dans lequel j’avais toujours pris plaisir à me glisser et ces envies nouvelles qui me forçaient à lutter. En même temps, à quoi m’étais-je attendu, sincèrement ? À ce qu’il me félicite d’avoir osé lui tenir tête et m’offre sa bénédiction pour…? Oui, en réalité, je crois que c’était exactement ce que j’avais attendu… Dans cette conversation avait eu tout d’être mon procès, ça m’avait paru soudainement évident. Je me fichais de ma liberté, ça n’était pas sa cause que j’aurais voulu plaider ! J’avais toujours marché dans les traces qu’on avait faites pour moi sans jamais m’en plaindre rien qu’une fois… J’aimais l’idée de rejoindre mon père après Poudlard, de prendre sa suite dans quelques années… Le fait même de dire adieu à mon adolescence du haut de mes dix-sept ans sous la pression parentale ne m’effrayait pas outre-mesure. J’avais été élevé comme ça, pour ça, et n’avais aucune envie de m’y soustraire si c’était vraiment ce qu’ils voulaient de moi… Je voulais juste qu’on revoie la distribution de cette vie qui avait viré à la tragédie, qu’on en change seulement le premier rôle féminin… Alors oui, j’aurais voulu sa bénédiction comme j’aurais voulu négocier une nouvelle cage dorée… Mais elle ne m’en avait pas donné l’autorisation et je ne me serais pas permis de le faire autrement… Au final, cette entrevue laissait un goût amer… un goût de défaite.

La porte du vestiaire des filles s’ouvrit dans un courant d’air chaud et la silhouette fine d’Erin se découpa dans l’embrasure. Un sourire idiot étira machinalement mes lèvres, chassant les souvenirs pénibles des jours précédents. Ses cheveux humides se détachaient en mèches ondulantes, ses joues étaient rehaussées d’un rose qui leur allait à ravir… Elle n’avait rien de la tenue irréprochable qu’on lui voyait aux grandes occasions, elle n’était ni particulièrement élégante ni même rien qu’un peu apprêtée mais elle m’en paraissait que plus belle encore. Est-ce que ça se remarquait ? J’aimais à croire que non, question de fierté, mais n’en aurais pas mis ma main à couper pour autant… Ça n’était pas une défaite, c’était juste un obstacle. Le Serment et l’obligation de rester dans les environs encore un peu m’offrait le luxe d’une nouvelle bataille. Ça finirait par marcher. Il le fallait. Elle prit le chemin du quatrième étage, je lui emboitai le pas sans attendre. J’aurais préféré occuper cet après-midi autrement mais je doutais d’avoir beaucoup le droit à l’erreur en ce moment, aussi je passai la porte de la salle de Sortilèges à ses côtés mais sans l’ombre d’un enthousiasme. J’offris à peine un regard à nos camarades en entrant, tout juste à Finnbjörn, et abandonnai mes affaires au pied d’une table de libre, Erin en faisant de même de l’autre côté. Courage, plus que trois heures…

— Balade dans le parrrc, aprrrès le courrrs ?
— Tu ne m’en voudras pas mais je feindrai de vouloir faire mes devoirs une prochaine fois, soufflai-je en tirant de mon sac une plume verte qui avait retrouvé sa place quelques semaines plus tôt après une absence douloureuse ainsi qu’un parchemin. Arrache-moi à ce cours déjà interminable avant même de commencer…

Mais loin de nous laisser en partir maintenant, Takeda nous rappela à lui. Je laissai mon livre retomber dans mon sac alors qu’il le demandait et m’adossai négligemment contre le dossier de ma chaise. Plus que deux heures cinquante-cinq. Monsieur trouva pertinent de nous narguer avec sa baguette alors que les nôtres croupissaient on ne savait où mais réussit néanmoins à capter un semblant d’attention en embrasant de la paille dans un bocal. Je ne pus m’empêcher de glisser un regard en direction de ma voisine. Si le but de la séance était de mettre feu à quoi que ce soit, il y avait fort à parier qu’elle serait plus que brillante dans cet exercice. Mais avant que l’espoir d’un cours amusant à défaut d’être intéressant ne se mette à brûler aussi, il lâcha un jet d’eau sur la paille. Nous avions tous appris un sortilège sensiblement similaire bien des années plus tôt, je n’étais pas convaincu par la nécessité de remettre ça. N’y avait-il donc pas plus utile dans nos manuels ? Enfin… Sages et obéissants, les jumeaux Sørensen se plièrent à l’exercice et répondirent sagement à la question de notre enseignant. Je retins un sourire en entendant Erin réclamer nos baguettes avec une politesse impertinente que je trouvai fort charmante… et dus réitérer mon exploit quelques instants plus tard alors que le Gryffondor rappelait à demi-mots que la magie coulait plus abondamment dans nos veines que dans celles des impurs qui souillaient nos salles de classe… Finalement… Juste pour ça, je ne regrettais plus tant d’être venu !

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Aguamenti

Refroidir les ardeurs...

[6ème année] Premier cours / "Sortilège Aguamenti " 583j erlin. Quitter sa place confortable à la bibliothèque pour se mêler au reste de la populace poudlardienne était toujours un supplice. Elle était tellement bien au milieu des livres, de ses recherches, de ses lectures, qu'elle devait systématiquement mettre une alarme à sa montre pour être sûre de ne pas oublier d'aller en cours. Elle n'avait pas quitter la bibliothèque depuis dix heures le matin même, savourant avec plaisir le calme confortable de la pause méridienne où la bibliothèque était presque déserte avant que des élèves viennent peupler les lieux l'après-midi. Mais rien ne l'avait séparé des théories des enchantements à retardement qui semblaient être une épine dans le pied de la séparation entre magie d'intention et magie neutre. En fait, cela semblait plutôt lié les deux à bien égards, Alys préférait largement cette vision des choses, les théories de Bisset étaient trop bien ficelés pour être dérangée par la transformation d'une feuille en fleur au timing exigé. En plus, cela ressemblait moins à un enchantement qu'à une métamorphose temporaire. Peut-être encore quelque chose à mi-chemin. Qu'était la métamorphose temporaire sinon l'illusion de la transformation, donc un enchantement ?

Soupirant, Alys s'approcha de la salle de cours de Sortilèges & Enchantements. Il fallait qu'elle éloigne ce genre de pensées de son esprit car il était certain que rien de tout cela ne serait abordé en cours aujourd'hui. Ou même jamais. Il était toujours question d'apprendre la maitrise de sortilèges. C'était probablement une bonne chose en l'état actuel des choses puisque sans cours de magie, ils ne verraient probablement pas l'ombre d'une baguette avant la fin de l'année scolaire. C'était sans doute assez amusant de voir la ribambelle de sang-pur -pouvait-on être plus superficiel ?- s'indigner d'être débarrassé de ce qui semblait être leur salut pour sauver leur dignité, mais au-delà de ce bref amusement, sa baguette lui manquait bien à elle aussi. Sans être une acharnée de la baguette, Alys en avait au moins besoin pour ses bidouillages. Elle n'avait pas pu avancer d'un pouce avec son MP3 depuis un mois. Au moins, on ne leur restreignait pas l'accès à la bibliothèque. Sans baguette ni bibliothèque, Alys aurait probablement signalé à son père que finalement, elle pouvait se passer de Poudlard et après une beuglante au ministère chargé des relations avec les moldus, il l'aurait retiré de l'école. Mais la bibliothèque était une mine d'or et elle ne ferait une croix dessus pour rien au monde.

Entrant dans la salle de classe en prenant soin d'éviter le groupe de sang-pur de son année, elle s'installa à l'opposé, sortant plume, parchemin & encrier. Assise à sa table, elle griffonna machinalement le sortilège enseigné aujourd'hui avant de la poser sur le rebord de la table en attendant les commentaires de ses camarades. Aguamenti. Etonnant que ce soit enseigné après le sortilège de Têtenbulle, il lui semblait nettement moins complexe. Ce qu'elle en avait lu en tout cas, le rendait moins complexe et sa maitrise du sortilège de Têtenbulle lui faisait souhaiter de ne pas avoir affaire à plus difficile. Elle se souvenait de ce qu'en disait son manuel, plus ou moins précisément, mais y repenser lui faisait se demander si un Aguamenti était réalisable en retardé et surtout, parce qu'elle était presque certaine que ça l'était, dans quelles circonstances. Peut-être pas attacher à un timing mais en l'attente d'un élément tiers. Comme le remplissage d'un bassin quand une feuille en touche le fond.

Son cerveau se raccrocha tant bien que mal à l'accent de ses camarades qui répondaient au professeur. Aussi intéressée qu'elle soit par ce cours, Alys ne répondait que rarement. Elle préférait prendre des notes, rouler des yeux quand des bêtises se faisaient entendre et, sagement, exécuter des sortilèges. Ou, en l'occurrence, échouer jusqu'à ce qu'elle maitrise. Ses lèvres se pincèrent légèrement, arrangeant presque une courbe ascendante en coin à la remarque de la Sørensen. C'était amusant. Presque. Amusant parce qu'elle ne pouvait s'empêcher de trouver ça drôle cette façon de rappeler qu'ils étaient impuissants sans leur précieuse baguette, comme si on leur avait retiré la moitié de leur être, presque comme s'ils n'étaient plus sorciers sans cela. Si ça ne tenait qu'à leur baguette, quels pauvres sorciers feraient-ils tous ? Mais ça n'était que presque amusant, parce que c'était vain. Cours de Sortilèges & Enchantement. Sortilège Aguamenti. Le sortilège n'était pas des plus complexes théoriquement, et, à moins que le professeur se lance dans l'historique des tentatives plus ou moins réussit de produire cet enchantement, des dérives que ça avait engendré -qui inventait un sortilège pour que l'eau aille directement dans les poumons de quelqu'un ?- et éventuellement des tests pour vérifier si l'eau était vraiment potable ou si cela dépendait du lanceur ou du souhait du sorcier, il y avait de fortes chances qu'une partie du cours soit dévouée à la maitrise du sortilège. Peu de chance que ça se transforme en débat pour savoir si oui ou non, Aguamenti invalidait l'une des exceptions de la loi de Gamp, à savoir la nourriture. Un débat en fait intéressant même s'il paraissait particulièrement stupide au premier abord. Ils avaient donc de fortes chances de récupérer leur baguette au moins pour la partie pratique. Sauf si quelqu'un s'amusait à vexer l'enseignant. Le professeur Takeda ne semblait pas être du genre à se vexer pour ce genre de rappel piquant de l'injustice qui leur avait été faite -sans parler de la légalité de retirer sa baguette à un sorcier sans décision de justice- mais on ne sait jamais, Alys n'avait pas spécifiquement envie de tenter la chance sur cette question.

La réponse de son frère, en revanche, la fit rouler des yeux. C'était le problème des sangs-pur. C'était le problème de toute la société magique en fait. Filtrer toutes les questions existentielles par le prisme de la question du sang. Et quand ce n'était pas le sang, c'était la maison. Et quand ce n'était pas la maison, c'était les questions politiques. Ou le sexe. Ou la richesse. Ou la coupe de cheveux. Bon, pas encore la coupe de cheveux, pas encore entendu en tout cas, mais ça ne l'étonnerait pas si ça arrivait. Comme si la magie était concernée par des éléments aussi triviaux. Le débit dépendait évidemment de la puissance du sorcier mais également de sa volonté. Encore un coup de griffe dans la théorie de Bisset sur la magie d'intention théoriquement, mais comme il s'agissait moins d'intention que de l'adaptation du sortilège au contexte, Alys trouvait ce coup de griffe particulièrement doux. Comme si un sortilège d'Attraction allait se préoccuper de la distance ou de l'appartenance des objets. Adaptation. Et un peu d'inconscience sans doute. Magie.

Alys s'abstint, cependant, de tout commentaire. Ce n'était pas ni le premier ni le dernier sang-pur à afficher ainsi ses préjugés et ce n'était pas comme si cela changeait grand chose à la réalité. Avec un peu de chance, le professeur nuancerait à tout le moins sa réponse.

Faisant tourner sa plume entre ses doigts, Alys se prépara, devant l'absence d'autres réponses, à celle du professeur, espérant avoir rapidement quelque chose de pertinent à écrire.

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