Aujourd'hui jour de la Saint Valentin… Je ne sais pas ce que les Cupidons ont pris au petit déjeuner, mais ce n'est pas une potion d'allégresse. C'est leur job de faire des livraisons pas le mien, et ils ne bossent qu'une journée par an. Faudrait voir à ne pas trop soupirer.
« - Monsieur Armitage, je cherche le professeur Thorstein ne l'avait vous donc point vue ? je lui apporte l’amouuuur.
- Écoutez Cupidon n°2, comme je vous l'ai déjà expliqué à de nombreuses reprises ce matin : je ne suis pas au courant des emplois du temps de chacun. Maintenant il va falloir imprimer : j'ai pas lancé un sort de localisation à chaque individu du château. Et quand bien même je saurais où est Madame Thorstein ne comptez pas sur moi pour l'emmerder avec ce genre de choses. Maintenant faites comme si j'étais aveugle, j'ai des filtres d'amour à trouver. Vous n'avez pas vu mes filtres d'amour ? »

Je suis patient mais faut pas déconner. Je vais pas répéter 100 fois que j'ai pas un signal GPS pour chaque habitant du château. Peut-être néanmoins qu'imiter un Cupidon le jour de la Saint Valentin n'est pas la meilleure des idées. Genre ils vont confisquer mes chocolats ? Si j'en reçois. Ouais bon 0 regret finalement, on va pas chipoter pour des hypothétiques chocolats..

Je rentre dans la salle des trophées quand j'entends un bruit d'ailes. Non mais c'est pas vrai quoi encore ? J'entends le son caractéristique d'un objet qui fend l'air. « Non, ok je regrette. Ah putain fils de euh l'amour ça pique cette connerie. » dis-je en me retournant…

Sauf que le fils de pute est déjà parti et qu' à sa place reste une charmante créature blonde. Oh bah merde alors je gagne au change. Va falloir que je sois un peu plus poli.
« Bonjour @Professeur A. Hatwell , veuillez excuser ma grossièreté. Heureusement votre présence me fait déjà oublier ma mauvaise humeur. Je peux vous être utile ? Je me plierai en quatre pour vous. » et même un peu plus, je suis pas très souple mais en forçant un peu la volonté peut faire des miracles. Et j’ai beaucoup de volonté en ce qui concerne Amelia Hatwell, on dirait la douceur incarné dans un nuage blond. Regardez-moi ces petites joues, elle doit être si jolie quand elle sourit. Je me sens vraiment de bonne humeur !

Pourquoi diable se prendre la tête avec des Cupidons à la mort moi le nœud quand on peut finalement se laisser emporter par la bonne humeur. J’ai deux raisons de me sentir si léger : deuxièmement, il n’y a pas l’ombre d’une potion en vue dans cette pièce, juste des trophées rutilants. Premièrement, le destin vient de m’envoyer une charmante compagnie. Pourquoi n’ai-je jamais pris le temps de converser plus longuement avec la professeur Hatwell ? Que peut-il être plus important ? ça n’a jamais tué personne de venir prendre le repas dans la salle commune à midi : Fergal, t’es un ours stupide, je te le dis mon vieux.

Voilà, maintenant tu as cette sublime jeune femme devant toi, et tu ne sais même pas si elle préfère boire du thé ou du café, si elle préfère la bière ou le whisky, si elle est du genre à vouloir un bouquet de fleur à la Saint Valentin, ou si elle s’en fout complètement. Que de temps perdu !
Oh qu’elle est jolie avec son sourire timide : « Bonjour…Mmh, oui je l’ai déjà dit, excusez-moi, vous me perturbez un peu. J’étais venu chercher un éventuel trafic de filtre d’amour mais visiblement c’est une fausse alerte. » je lui souris. « Du coup, je suis un peu désœuvré… d’autant que les trophées sont déjà bien astiqués. » Je désigne l’immensité rutilante derrière nous. « Alors, je ne sais pas, on pourrait peut-être en profiter pour discuter, faire connaissance, je ne sais pas ? Nous sommes déjà en février et nous nous sommes à peine parlés. » D’ailleurs en parlant de ça mec, tu t’arrêtes jamais ? T’as pas peur de la saoûler avec ton blabla là ? Mais c’est plus fort que moi, je n’arrive pas à cesser de parler : « Je ne sais pas moi, vous aimez le Quidditch ? Vous aimez danser ? » Bon, je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça. Le quidditch pour les trophées, la danse… la danse parce qu’il faut avouer que ça me plairait beaucoup de la faire virevolter entre mes bras.


Quoi? Je l'ai pas dit à haute voix, je l'ai juste pensé très fort!

Je me sens rassuré par les propos d'Amelia, elle aussi semble perdre ses moyens avant de se reprendre. En voilà une belle bande d'adolescents maladroits ! En tout cas je me félicite de l'absence de trafic, ça nous laisse tout le temps de faire connaissance. Quoi de mieux que la Saint Valentin pour ce genre d'opportunités ! Je hoche la tête pour chasser ce qui nous occupait auparavant…

« Vous profitez des matchs de Quidditch au château ? Heureusement que les équipes donnent un peu de spectacle, en étant ici on loupe la saison. » bon sang Ferg' t'as rien de plus palpitant à raconter ? Aller un effort mon vieux, sinon t'es pas sorti des ronces. Heureusement, la parfaite miss Hatwell aime aussi la danse. Merveilleux…
Je pourrais l'inviter un jour, la sentir près de moi, avoir sa main dans la mienne, et l'attirer toujours plus près…

Mais pourquoi attendre ? Je viens de me souvenir que le vieux gramophone est là, celui dont on se sert pour les fêtes d'après match : « Si vous aimez danser, veuillez m'excuser un court instant, Amelia. Je suis de retour au plus vite ». D'un pas ample, je rejoins une armoire à vitrine, sort le passe-partout et farfouille dans les disques et en trouve un de bon vieux rock. Parfait. Je lance la musique… Et je me lance.

« Je vous propose un petit rock! » dis-je en lui prenant la main et en la faisant tourner sur elle-même. C’est fou ce qu’elle sent bon quand ses cheveux volent au vent : « ça vous va? » . Allez Amelia, je vais vous faire tourner la tête, on va bien s’amuser. Pourvu qu’elle aime le rock… C’est la seule danse où je peux faire un peu illusion. Il y a les slows langoureux aussi, mais je ne voudrai pas la brusquer, je n’ai pas été élevé chez les sauvages. Ce n’est pas que je tiens particulièrement à y aller lentement, si ça ne tenait qu’à moi, je l’embrasserai à pleine bouche et lui déposerait mon cœur dans la main, mais… Saint Valentin ou pas, je crois que cela ne se fait pas !

Ma tentative de conversation sur le quidditch ne semble pas l’avoir découragé. Je me sens soulagé! “Peut-être que j’aurais le plaisir de vous y accompagner?” je propose, sait-on jamais. Même si j’imagine qu’il y a plus attirant qu’un grand barbu braillant sur des joueurs que le putain de cognard est à GAUCHE pas à droite attention ! Mais en même temps, Amelia est si jolie que je pense que je prendrai bien moins de plaisir à commenter le match qu’à la contempler elle.

C’est avec un sourire de gamin que je commence à la faire danser. Elle trouve ça parfait. Toute ma bonne humeur passe à travers mes pas, elle tient fermement ma main, peut-être un peu timidement, mais de manière convaincue. Oh non je ne suis pas doué : “J’ai juste la meilleure des cavalières.” Elle a la grâce d’une fée. Je voudrais que ce moment ne s’arrête jamais, je me sens fondre alors qu’elle pose son regard dans le mien. Est-ce que c’est ce que l’on ressent quand on atteint la plénitude? Elle finit par lâcher ma main et détourner ses yeux alors que la musique s’arrête. Oh non...pas déjà, ça n’a duré qu’un instant. J’affiche un visage penaud… Mais tout n’est pas perdu n’est-ce pas?

Elle ne s'est pas éloignée de moi, elle est restée là, si proche que je sens nos chaleurs qui se mêlent, comme un bouclier, une force invisible entre nos bustes. J'entends le craquement du disque et la musique qui reprend, lentement d'abord, puis qui accélère. Je reprends sa main dans la mienne et pose l'autre à sa taille. Je lui propose dans un souffle :" rien ne nous oblige à remettre ça à plus tard ?" à moins qu'elle ait mieux à faire. Auquel cas je vais essayer de lui faire oublier.

Après les quelques pas naïfs que nous avons échangés précédemment, je me sens plus assuré. Au rythme de la musique, je la fais tourner autour d'elle, autour de moi, dans un jeu sans fait d'éloignement et de rapprochement. Elle est si belle dans le mouvement. "Vous êtes parfaite." Je lui murmure alors que son oreille frôle ma bouche au détour d'une vire. Je la laisse tourner encore, plus doucement cette fois, à mesure que le volume de la musique décroît, et l'attire vers moi, la laissant se dérouler au creux de mes bras. La musique s'arrête, elle me fait face, son visage est si proche du mien que j'en retiens mon souffle. A mon tour de plonger mes yeux dans les siens, mais je ne les détourne pas. Je laisse le rose me monter aux joues et je nage dans son regard. Pourvu qu'elle ne s’éloigne pas non plus cette fois.

J’ai envie de sauter de joie alors qu’elle accepte de m’accompagner au prochain match. Ce serait vraiment chouette de partager ça ensemble, de pester contre les joueurs et de se sauter dans les bras à chaque action. Je n’ai plus en tête qui joue prochainement, mais ça n’a aucune espèce d’importance si Amelia est à mes côtés. Pour être honnête, je suis presque certain que le score ne restera même pas affiché dans ma tête.

Mais je n’ai pas envie d’attendre aussi longtemps pour serrer la professeur dans mes bras, et sentir son corps chaud contre le mien. Heureusement, elle accepte une première danse, puis une seconde et je me sens pousser des ailes. Doucement, je la fais tournoyer, l’attire à moi avant de lui laisser de l’espace, et enfin dans un mouvement final, la serre contre moi. Elle est si proche, si belle, je suis comblé. Je ne pourrais être plus heureux. La femme de mon cœur en face de moi, qui se perd dans mon regard. Alors elle dépose un doux baiser sur mes lèvres. Il était finalement possible d’être plus heureux, je n’en espérai pas tant. Mais puisque la permission est donnée, je laisse libre cours à mon envie, et l’embrasse à mon tour.

Je me laisse emporter, pressant ma bouche contre la sienne, la caressant de mes lèvres et de ma langue. J’ai l’impression que je n’ai pas ressenti autant de choses depuis cent ans, cet amour, ce désir qui m’envahissent et qui déferlent sans que je ne puisse les arrêter. Sans que j’en ai envie. Je pourrais laisser mon cœur au creux des mains d’Amelia. Je laisse mes mains glisser le long de son dos et s’arrêter sur ses hanches, pour l’attirer encore un peu plus à moi. Un frisson me parcourt.

*Désagréable*, comme lorsque l’on sent le regard de quelqu’un sur sa nuque, insistant malveillant. Puis tout à coup, je prends conscience de la situation. De ma langue dans la bouche de cette jeune femme, avec qui j’ai du échangé trois ou quatre phrases depuis le début de l’année. De mes mains qui se baladent sur elle comme si c’était une évidence alors qu’il n’y a aucune raison pour que je le fasse. Putain merde qu’est-ce que je fous là. J’interromps ce baiser qui était encore fou d’amour il y a trente secondes et qui est l’incarnation de l’embarras maintenant. Je retire aussi vivement mes mains, que si elles tenaient du charbon ardent. Je passe machinalement la main sur mon visage blanc.

« Professeur Hatwell, veuillez m’excuser, je suis absolument confus. » dis-je la voix légèrement tremblante. « Je…j’ai contrarié ce foutu Cupidon et voilà… » Qu’est-ce qu’on fait maintenant. « Je ne sais comment vous exprimer l’étendu de mon embarras. Vraiment désolé. » Qu’est-ce que je peux dire ? Je n’ai pas fait exprès ? En l’occurrence c’est vrai, on nous a forcé à tomber dans les bras l’un de l’autre. Je ne peux pas dire que c’était désagréable, c’était … ouais, putain, j’ai été comblé pendant 20 minutes. Mais tout était faux. J’en aurais la nausée. C’est vraiment pas drôle cette connerie. Qu’est-ce que je fais maintenant hein ? Même si j’en meurs d’envie je ne peux pas vraiment me barrer comme un connard, en mode c’était sympa mais j’ai la serpillère à passer et puis on fait comme si ça n’était jamais arrivé hein ! Mais bon, si on pouvait réellement faire comme si ça n'était jamais arrivé? Bon j'y crois pas une seconde. A mon avis...ça va revenir à mes oreilles en moins de temps qu'il n'en faut pour une flèche d'atteindre un dodu derrière.

Pas très sympa. Et en plus, je ne veux pas la vexer, dans l’absolu, j’avais qu’à être poli avec ce putain de cupidon de mes deux et on n’en serait pas là. «Je ne sais vraiment pas quoi vous dire, si ce n’est que je suis désolé de cette situation. » J’espère qu’elle ne va pas entendre un truc du genre, franchement si j’avais su je serais pas venu, vous être trop naze j’aurais préféré embrasser quelque d’autre. Par pitié, pourvu qu’elle ne soit pas du genre susceptible. J’aurais voulu resté couché, tout seul dans mon lit et oublié cette journée. Ça c’était un bon plan. Non pas que ce soit désagréable, mais parce que j’aime bien avoir choisi la personne, et savoir qu’elle m’a choisi en retour. Que ce soit pour une demi-heure, une nuit ou des années. Mais bon, visiblement, c’est le genre de concept qui dépasse l’intelligence de certains. « Tout ce que je peux vous proposer, c’est de partir à la chasse de ce lardon boursouflé, et de lui faire manger ses flèches ? » dis-je en essayant de plaisanter. Je pourrais rajouter que je fais de la boxe, en plus de quidditch, mais elle risque de penser qu’elle vient de rouler une pelle à un psychopathe, je ne voudrai pas rendre ça encore plus embarrassant. Ceci dit, si elle veut qu’on aille hurler sur Cupidon le grassouillet, je suis vraiment partant.

Cette expérience est l’une des plus déplaisantes qui m’ait été donnée de vivre à Poudlard. Non pas le baiser en lui-même, mais cette impression de ne pas m’appartenir, de ne pas décider pour moi-même. Je manque sûrement de tact en me dégageant de l’étreinte, en essayant de mettre fin à cette parodie de coup de foudre au plus vite. Je m’en rends compte maintenant que je vois Amelia blanchir, son air maussade et dépité. Oh pitié, ce truc ne se désactive pas en même temps pour tout le monde ? Quelle plaie. Ça se mange le cupidon ? Je suis sûre qu’en brochette ça doit être pas mal. Je soupire. Je ne vais pas la laisser déambuler derrière moi dans tout le château. Je ne pense pas qu’elle apprécie réellement se languir de moi en public, et je ne tiens pas à jouer le bourreau des cœurs. Non. On va se débrouiller autrement. Je lui tapote amicalement l’épaule : « ça va passer ne vous en fait pas. »

Le plus vite sera le mieux mais je ne l’ajoute pas, j’ai été assez tête de con jusque-là : « Vous savez quoi ? ça ne change pas grand-chose au plan, la flèche ne fait plus effet… Mais je n’en sais pas beaucoup plus sur vous. Qu’est-ce qui vous a amené à enseigner à Poudlard ? Pourquoi vous avez choisi l’histoire de la magie ? » J’espère que ce sont des questions suffisamment neutres et professionnelles. Suffisamment en tout cas pour ne pas laisser entendre que je suis intéressée par un deuxième round, mais des vraies questions pour découvrir un peu ma collègue. Après tout, je ne suis pas obligé de me comporter comme un sauvage. Nous aurons tout le temps d’aller traquer ses foutus gnomes une fois qu’elle sera en colère elle aussi. Ou au moins un peu fâchée ?

Bon sang, quelle journée à la con. J’espère que l’effet de la fléchette va bientôt s’atténuer et que cela ne laissera pas de séquelles. Je ne dis pas qu’il faut faire comme si cela n’avait jamais existé, mais si on pouvait éviter de se remémorer cette mauvaise blague régulièrement, j’apprécierai. En attendant, j’essaie de faire la conversation à Amelia, je ne me vois pas lui faire traverser tout Poudlard éplorée. Le réveil serait un peu violent. Personne n’a besoin de savoir après tout.

« Tiens c’est marrant, mon père était aussi antiquaire » dis-je amusé. « et ma mère guide dans les châteaux écossais, elle est moldue. Mais je n’ai jamais eu un grand intérêt pour les vieilles choses ». Autant l’avouer tout de suite. Ils ne m’ont pas vraiment transmis leur passion. Je dois rougir un peu, j’hésite à la remercier pour le compliment, mais en même temps, c’est le jeu de cupidon. Je me contente de répondre factuellement : « Mais non, je ne suis pas un athlète à la retraite, je fais juste beaucoup de sport. Et croyez-le ou non, il y a beaucoup d’escaliers à monter dans une journée, ça fait la cuisse. » Et je fais bien puisqu’elle semble revenir à ses esprits.

Je lis l’embarras sur son visage, et je ne peux que compatir. « Y’a pas de mal. Enfin, c’est pas plus votre faute que la mienne. Mais je pense qu’au point où on en est, vous pouvez laisser tomber le monsieur et m’appeler par mon prénom » dis-je en riant, espérant détendre un peu l’atmosphère. Visiblement, elle est aussi remontée que moi contre cette engeance du démon à carquois.
« Un peu que je vous suis. Il ne se sera jamais senti aussi courtisé de toute sa vie ! Allons-y» dis-je en lui emboîtant le pas. La vengeance est un plat qui se mange aussi très bien à point !


[HRP] Si ça te convient, comme conclusion, je te laisse réclamer les points ?