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La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa]
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Message(#) Sujet: La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa] La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa] EmptyJeu 11 Fév - 19:22

Dmitri & Amaïa
☆☆ La colère est
une courte folie☆☆
Le froid hivernal de ce début de mois de février, blanchissait toujours la pelouse de Poudlard. Le clapotis de l'eau près du lac murmurait aux oreilles les plus attentives. Quelques volatils battaient des ailes, en s'envolant vers le ciel blanc comme neige. Le bruit des pas s'enfonçant dans l'herbe encore légèrement gelée ne parvenait même pas à rompre la tranquillité qui respirait en cette fin de mâtiné, comme pour rompre quelques instants avec le climat tendu qui régnait sur Poudlard depuis plusieurs jours maintenant. Mais dehors, le temps était aussi paisible que les petites créatures qui profitaient des derniers rayons lumineux avant de rentrer se terrer avant qu'il ne fasse trop froid.

Soudain des pas précipités firent craquer la couche de glace trop rapidement créant un déséquilibre dans les sons paisibles et tranquilles qui chantaient jusqu'alors. Les petits animaux partirent bien vite en courant se cacher loin de cette jeune fille visiblement agacée qui repoussait d'un geste sec ses longs cheveux bruns que le vent s'amusait à faire voler dans tous les sens et qui aurait dû être maintenu par une écharpe bleu et argent qui ce jour présent n'habillait pas le cou de la petite Serdaigle. Malgré la fraîcheur qui transformait le souffle de la jeune fille en fumée blanchâtre, Amaïa sentait son corps la réchauffer d'une façon qu'elle n'aurait pu expliquer. Ses joues, son coeur, sa tête, tout lui semblait brûlant. Et ce n'était pas à cause de la température non. Mais peut-être dû à un petit malin qui s'était permis d'ensorceler l'écharpe de la jeune Serdaigle afin qu'elle pousse des hurlements et qu'elle se mout comme un serpent dès qu'Amaïa approchait d'un peu trop près. Après avoir couru après son écharpe pendant de longue minutes et jurer une bonne quinzaine de fois en coréen elle avait laissé la traitresse se rouler en boule sur un canapé et était arrivé en cours après tous les autres. En retard. Apparemment. En plus d'avoir eut le droit d'être le centre de l'attention lorsqu'elle avait pénétré la classe silencieuse, écoutant les consignes du professeur, elle avait récolté quelques points de moins dans la sablier de sa maison à cause de son retard. Elle aurait bien voulu lui expliquer que son écharpe se comportait d'une drôle de manière, mais un seul regard de celui-ci l'avait résolu à fermer la bouche et aller s'assoir à la dernière place qu'il lui restait au fond de la salle de classe, baissant les yeux pour ainsi éviter le regard de ses amis et autres curieux qui se contentaient de pouffer derrière leur mains, menant à mal leur désir de dissimulation. Mais rien n'échappait à Amaïa. Rien de ce qu'elle pouvait voir. Elle avait vu les regards, elle avait entendu les rires, elle avait vu les yeux se lever aux ciels tendit qu'on parlait de son retard et peut-être même de sa cause. Elle détestait être le centre de l'attention, mais elle avait en horreur le fait d'être traitée comme si elle n'était pas présente dans la pièce. Elle s'était donc cachée derrière ses cheveux durant le reste de la séance souhaitant disparaître et faire disparaître les émotions mystérieuses qui commençaient à se faire sentir dans sa poitrine. Elle avait ravalé son envie de hurler qu'elle n'avait pas fait exprès d'être en retard, qu'elle n'était pas comme l'année dernière, mais de tout ce qu'elle aurait pu dire, au maximum quelques personnes l'auraient certainement cru. Elle était agacée. De cette situation d'écharpe sans explications. De son retard en classe alors qu'elle aurait dû faire attention à l'heure. De ses regards qu'on lui avait lancé comme si on la jugeait encore une fois.

Elle se mordit la lèvre déjà engourdie par le froid. Absorbée par les essais d'élaborations d'hypothèses qui pourraient expliquer pourquoi son écharpe dansait la zumba, elle ne fit pas attention à où elle posait son pied, lorsque celui-ci rencontra une plaque de verglas, elle glissa maladroitement. Se rattrapant de justesse, elle ne parvint pas à récupérer son sac qui s'écrasa par terre et qui, mal fermé, en reversa l'intégralité de son contenu dans la pelouse gelée. Elle poussa un soupir à fendre l'âme et crispa la mâchoire. Elle s'efforça de prendre une inspiration lente, comme pour se dire que ce n'était rien, juste le continument d'une journée sans aucun doute horrible. Qu'allait-il l'attendre une fois qu'elle aurait regagné le château? Même si elle avait eut les capacités de le faire, elle n'aurait même pas oser les imaginer. Elle se baissa pour ramasser ses affaires lorsque le bruit de pas lui fit relever une tête curieuse. Lorsqu'elle découvrit l'identité de celui qui était à ses côtés, elle fronça les sourcils d'une manière visible avant de lui tourner ostensiblement le dos pour continuer à ramasser ses affaires. Même si le garçon à présent à ses côté ne le savait peut-être pas, elle l'avait vu ce matin avec les autres la regarder avec un sourire comme si la situation l'amusait. Elle avait entendu ses propos désobligeant concernant son "soit-disant" redoublement et que cela ne l'étonnait même pas qu'elle n'ait pu accéder à la classe supérieure si elle n'était même pas capable de savoir lire l'heure. Elle avait entendu. Et sûrement d'autres personnes encore. Il n'avait pas été discret. Et ne cherchait peut-être même pas à l'être. Lorsqu'elle crut avoir terminé, elle se releva et tourna les talons.

"Pourquoi tu surlignes des mots dans un dictionnaire?"

Si la température extérieure ne lui donnait déjà pas le rouge aux joues. Son sang se glaça. Elle s'arrêta brusquement, les sens en alerte et avec la désagréable sensation qu'elle n'arrivait plus à avaler correctement. Son dictionnaire. Elle se tourna brusquement vers le garçon et se dirigea d'un pas déterminé vers lui, bien décidé à reprendre ce qui lui appartenait. Mais apparement le jeune homme n'était pas de cet avis. Détournant sa main, il parvint à éviter celle d'Amaïa et se mit à lire tout haut, les mots précieux qu'elle avait si longtemps appris par coeur afin de pouvoir les mémoriser.

"Rends moi ça!"

Son éclat de voix ne fit rien d'autres que faire pouffer son interlocuteur. Qui continua sur sa lancée en esquivant toujours les geste d'Amaïa qui souhaitait récupérer son bien.

"Aimer: verbe transitif. Eprouver de l'amitié, de la sympathie pour quelqu'un.

- Arrêtes ça tout de suite! Rends moi mon dictionnaire"

Son dictionnaire c'était plus qu'un journal intime. C'était la possibilité d'accéder à des connaissances qu'elle ne possédait pas. C'était pouvoir comprendre ce qu'elle ne comprenait pas. C'était pouvoir voir le monde autrement, avec des émotions plutôt qu'avec des couleurs. Son dictionnaire ce n'était pas seulement un outil de travail, c'était en quelque sorte un ami. Un ami qui jamais ne la jugeait sur ce qu'elle ne comprenait pas et qui toujours l'aidait à s'améliorer. C'était un livre intime et les définitions qu'elle soulignaient soigneusement l'étaient bien plus encore. Alors elle souhaitait que cet élève arrête immédiatement de faire des siennes comme un bébé. Elle voulait qu'on lui rende son dictionnaire maintenant. L'impatience grandissait en elle, alors qu'elle sautillait toujours pour récupérer son livre. Sa respiration devenait de plus en plus courte et ses sourcils ne cessaient de se froncer en un air mécontent.

"Ce n'est pas à toi! Rends le moi!

- Et même avec ton dictionnaire t'as pas réussis à accéder en deuxième année? Mais tu savais pas lire où quoi? Si t'es si nulle que ça il devrait juste te laisser partir de Poudlard"

La chaleur qu'elle ressentait s'intensifia tandis que sa gorge se resserrait de plus en plus. La honte. La colère. La peine. Le garçon n'était pas tombé ni sur le bon jour, ni sur le bon moment pour vouloir jouer aux grands et sortir des âneries de la sorte à une petite Serdaigle visiblement déjà mal en point. Elle ne parvenait plus à respirer convenablement, les joues rougies par la colère elle forçait les pensées noires à ne pas apparaître dans son esprit. Son petit navire imaginaire commençait à tanguer face à la houle de sa colère qui menaçait à chaque seconde de devenir incontrôlable. Cet idiot lui faisait perde du temps, voilà déjà plus de 10 min qu'elle aurait dû rejoindre Dmitri dans la Salle Commune pour récupérer son écharpe et la voilà à sauter en l'air pour récupérer quelque chose qui lui revenait de droit.

"Faut être sacrement illuminée pour se balader avec un dictionnaire sur soi et surligneur des mots dedans comme une malade." dit-il en balançant son dictionnaire à ses pieds

Sa main suspendue dans les airs, cherchant sans succès son précieux alliés retomba doucement le long de son corps. Sacrément illuminé. Une malade. Son coeur se serra si fort qu'elle aurait presque pu en suffoquer. Ses yeux la brûlaient comme si elle était prête à pleurer. Sa gorge sèche ne demandait plus qu'à hurler. En une fraction de seconde une vague gigantesque venait de submerger le navire en détresse et qui peinait à se relever de la tangue. A présent sous l'eau pris dans une tempête dont l'intensité n'avait d'égale que son absence de contrôle, la jeune fille avait perdue pied. Son regard se durcit, l'intensité de celui-ci était presque aussi glaciale que le froid qui les entourait. Elle serra la mâchoire et le poing si fort que ses jointures blanchirent sous la pression. Le sac à dos qu'elle tenait à présent dans sa main après en avoir ramassé le contenu tomba sur le sol.

Cette fois-ci, si les volatils s'envolèrent d'un coup dans les airs, ce ne fut pas à cause des tranquilles bruits qui faisaient croustiller la neige mais parce qu'une exclamation coréenne violemment prononcée venait de briser le silence tranquille. Se fichant éperdument de déranger la tranquillité de la nature endormie, Amaïa s'avançait dorénavant vers le garçon utilisant la langue maternelle de sa mère pour mélanger jurons, explications et injustice, lui parlant comme si il pouvait la comprendre elle et ses intentions. Plus rien de la petite fille connue tranquille et inoffensive par la plupart de ses camarades ne pouvait se refléter sur le visage dorénavant fermer de la jeune demoiselle. Les traits durs, les propos acerbes et l'expression de colère qui se reflétait à la fois sur son visage et dans ses yeux ne pouvait tromper quiconque même le plus médiocre des observateurs. Elle avait tentée de retenir cette houle, elle avait tenté de redresser son navire, mais il n'y avait rien de plus grisant que de se laisser subjuguée par la colère salvatrice qui momentanément embrumé l'esprit, qui l'empêchait de réfléchir par elle-même. Seul la colère paraissait naturelle et aisée, elle n'avait rien à faire, rien à penser juste suivre le flot de celle-ci qui s'abattait sur la coque de son bateau à présent chaviré avec une violence sans non. Elle ne pouvait pas parler, pas s'expliquer, pas comprendre alors elle réagissait d'une manière très primitive, comme si on ne lui avait rien appris de plus, comme si c'était plus fort qu'elle. Elle ne s'expliquait pas avec des mots, des émotions non, elle parlait avec ses poings plus souvent qu'elle ne l'aurait dû et même si elle se faisait punir, elle n'arrivait même pas à savoir si dès fois elle avait vraiment fait quelque chose de mal ou si c'était juste de la défense. Etait-ce un besoin nécessaire ou sinon une envie? Le coeur battant la chamade, les pommettes rouges la petite fille cessa de s'époumoner en coréen et dépassant son dictionnaire à présent échoué sur le sol poussa brusquement le jeune garçon qui déséquilibrée tituba de quelques pas en arrière. Le visage de se dernier se ferma tandis que celui de la petite Serdaigle ne pouvait que brûler davantage d'une colère qu'elle ne maîtrisait pas.
☾ anesidora
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Dmitri D. van Aken

Dmitri D. van Aken



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Message(#) Sujet: Re: La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa] La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa] EmptyDim 14 Fév - 11:28

La colère est une courte folie

‟ Amaïa & Dmitri „


La routine peinait à s’installer depuis la fin des vacances et les incessants rebondissements que connaissait l’école ces derniers jours. Dmitri ne s’en plaignait pas, il trouvait les errements du train-train quotidien lassants, si ce n’était déprimant. Oh bien sûr, il aimait, comme tout un chacun, avoir ses habitudes et occupations familières, il appréciait se tenir en terrain connu et où il pouvait se sentir à l’aise. Mais ça n’allait pas sans son lot de surprises et de découvertes, qui lui étaient indéniablement nécessaires pour ne pas laisser l’ennui s’emparer de lui. Il y avait toutefois certaines formes de surprises qu’il n’était jamais content d’avoir, sentiment par ailleurs partagé par toute personne un minimum équilibré ; les mauvaises surprises. Et ces derniers temps, il en avait eues plusieurs ; ses plumes remplacées par des plumes d’augurey, donc totalement inutile, ou le mot d’Amaïa qui lui comptait discrètement la raison de son retard en cours, quelques heures plus tôt. Une écharpe récalcitrante, une entrée fracassante et des chuchotements déplaisants. À mesure qu’il apprenait à la connaître, il reconnaissait de plus en plus aisément les moments d’inconforts qu’elle traversait ; parfois même, il savait prédire quelle situation la mettrait mal à l’aise. Parler de son redoublement était indéniablement l’une des choses qu’il évitait désormais afin de ne pas la froisser ; il avait compris son erreur passée, et il ne souhaitait pas la réitérer. Le début de dispute qu’ils avaient eu était un souvenir désagréable, il lui rappelait à quel point il était novice en matière de relations amicales. Et à présent qu’elle et lui semblaient être à nouveau sur une même longueur d’onde et qu’ils partageaient quelques moments complices, il comptait bien ne pas mettre à mal cette amitié.

Alors en voyant quelques rires moqueurs et en entendant le commentaire désobligeant d’un autre camarade à l’encontre de la jeune métisse, il s’était senti mal pour elle ; sans le savoir, ils avaient partagé une même douleur, quoique plus atténuée pour lui qui ne la vivait que par procuration. Et en lisant le mot qu’elle lui avait fait parvenir, il n’avait pu s’empêcher de foudroyer du regard les élèves qui riaient sous capes, comme s’ils étaient chacun d’eux responsable de cette écharpe fuyante. Certainement qu’aucun d’eux n’avaient remarqué les yeux colériques du tchèque, trop accaparé par le cours ou leurs messes basses pour prêter attention à un autre élève dans la pénombre de la salle. Mais l’intention y était tout de même. Il y avait pourtant fort à parier qu’aucune des personnes dans la pièce ne soit responsable de la mésaventure de sa camarade : il aurait fallu qu’ils aient accès à la salle commune des serdaigles et qu’ils soient assez talentueux pour ensorceler, car c’était vraisemblablement ce qui était arrivé, une écharpe. Or, il doutait fortement du talent d’un bon nombre de ses camarades ; c’était là, la manifestation d’un indéniable mépris hérité de son paternel, qu’il destinait en l’occurrence, non pas aux impurs comme son géniteur, mais à ceux qui l’irritaient. Et en cet instant présent, ils étaient nombreux à être le fruit de son courroux silencieux.

Bien décidé à l’aider, comme elle lui avait demandé, l’aiglon n’avait pas tardé à monter vers leur salle commune dès la fin du cours ; ils devaient s’y retrouver quinze minutes plus tard, mais il comptait profiter de ce temps pour préparer un plan de bataille. Car si la pauvre écharpe n’acceptait pas de se laisser gentiment attraper, il leur faudrait utiliser la magie : un finite devrait sans doute suffire, mais encore fallait-il qu’ils parviennent à toucher la récalcitrante et qu’ils n’aient pas de soucis pour avoir utilisé la magie en dehors des lieux prévus à cet effet. Voilà encore un exemple de l’absurdité des mesures prises par la directrice ; à l’écouter, ils ne pouvaient plus faire usage de magie, même dans un cas comme celui-ci et s’ils étaient de dociles enfants, le directeur de la maison de serdaigle devait être appelé pour la moindre broutille venue. Pauvre professeur Lindberg qui devrait alors venir jusqu’ici pour s’occuper d’une malheureuse écharpe... et s’ils avaient des soucis avec le vêtement d’Amaïa, sûrement que d’autres élèves étaient comme eux, les victimes d’un autre farceur. À cette idée, le garçon ne put s’empêcher de ricaner tout seul alors qu’il montait une à une les marches qui le séparaient de la salle commune : il voyait bien les enseignants courir d’un bout à l’autre du château pour régler des problèmes insignifiants que n’importe qui pourrait, en temps normal, gérer par lui-même. Tant pis pour la logique, Dmitri ferait usage de magie envers et contre tout ; il aidait son amie et contrevenait au règlement par la même occasion, autant dire qu’il en était tout jouasse. Et si un préfet arrivait au même instant ? La possibilité n’effrayait pas l’enfant qui savait pertinemment que Mary n’oserait pas le réprimander, il était après tout le petit neveu sang-pur du professeur de potions, et il imaginait mal Cameron faire un excès de zèle dans une situation aussi absurde. Pour autant qu’il le connaissait, il semblait être plutôt sympathique.

À cette heure-ci, peu d’élèves occupaient les fauteuils de la salle ; entre ceux qui n’étaient pas encore sortis de cours, ceux qui se ruaient dans les classes ouvertes à l’usage de la magie et ceux qui profitaient du parc enneigé tant que le soleil était encore là, ça ne laissait plus grand monde pour observer les deux première année jouer des coudes avec une écharpe. Après avoir déposé ses affaires dans son dortoir, ne gardant sur lui que sa baguette, il s’attarda dans la pièce principale, en quête du vêtement récalcitrant d’Amaïa. Il ne fut guère difficile à trouver, le bout de tissu gisant toujours sur l’un des canapés inoccupés.

Le tchèque jeta un œil à sa montre : le rendez-vous était donné pour dans quelques minutes à peine. D’une nature très ponctuelle, il partait toujours du principe que les gens arrivaient à l’heure dite et décida donc de patienter jusqu’à ce que sa camarade surgisse dans l’antre des bleu et bronze. Il ne voudrait pas, après tout, la priver du plaisir d’assister au sauvetage héroïque qu’il s’apprêtait à faire, récupérant l’objet de toutes les convoitises pour la brandir fièrement avant de finalement la rendre à sa propriétaire, émue d’enfin retrouver de quoi protéger son frêle cou contre les intempéries écossaises.

Les minutes s’égrenèrent lentement. Pour tuer le temps, il s’était armé d’un exemplaire de la gazette du sorcier, sans doute laissé là par un autre élève. Elle était en retard. Et à mesure qu’il voyait l’éguille de sa montre poursuivre sa course effrénée, il sentait la frustration monter en lui. Elle devait sûrement discuter avec sa marraine, il ne pouvait lui en vouloir. Mais il détestait attendre ; tant pis pour le spectacle, il allait s’occuper tout seul de cette foutue écharpe.

Comme il s’y attendait, dès l’instant où il s’en approcha, celle-ci se mit à virevolter dans toute la salle commune, fuyant le malotru qui tentait de s’en saisir. Armé de sa baguette, il attendit dans un coin qu’elle se décide à retomber sur l’accoudoir d’un fauteuil avant de la viser. « Finite ! » Le sort fusa, atteignant le vêtement qui tomba au sol dans un dernier soubresaut. Lorsqu’il s’en approcha prudemment, s’attendant presque à ce que l’écharpe lui saute au cou pour l’agresser, il vit non sans satisfaction qu’elle demeurait totalement inerte. Au moins une bonne chose de faite ! Dommage qu’Amaïa n’ait pas vu son tire, digne des plus grands tireurs d’élite de baguette magique ! Puisqu’elle n’était toujours pas arrivée, le garçon récupéra l’écharpe de son amie, enfila la sienne et partit la retrouver sur le chemin de la serre. À défaut de pouvoir jouer les héros devant ses yeux ébahis, au moins pouvait-il jouer les princes galants à lui porter une petite laine pour se protéger du froid.

Une fois n’était pas coutume, le parc était plutôt paisible ; une fine couche de neige recouvrait le sol, masquant une partie de l’herbe d’un blanc immaculé et quelques traces de pas témoignaient de la présence d’autres élèves dans les environs. Il ne pleuvait ni ne neigeait et malgré le froid, il était agréable de se promener autour du château. S’il n’avait été dérangé par les exclamations d’une jeune fille, il en aurait presque oublié son but premier. « Rends le moi! » scandait une voix qu’il ne connaissait que trop bien. Hébété, le garçon pressa le pas, rejoignant la source du bruit ; c’est alors qu’il vit bien plus distinctement ce qui causait une telle colère dans les intonations de son amie. Un de leur camarade de deuxième année, armé d’un dictionnaire entre les mains, raillait sans vergogne la serdaigle avant de lâcher le livre au sol d’un air dédaigneux et moqueur. Non content de ricaner bêtement lors de leurs cours communs, il se donnait le droit de rire au nez de la jeune fille.

Encore loin d’eux, Dmitri sembla voir l’ouvrage tomber comme au ralenti, projetant quelques flocons de neige autour de son point d’impact... et de son amie émanait désormais des mots hurlés en une langue dont il ne connaissait que quelques mots, savamment choisis ; elle ne lui avait pas enseigné d’insultes, mais des formes de politesses, quelques interjections ou de jolies phrases. Ses connaissances en coréen étaient à mille lieues de ce qu’elle scandait contre l’autre garçon, mais il n’avait pas besoin d’en connaître plus pour imaginer ce qu’elle pouvait bien lui dire. Ça n’était en tout cas pas une déclaration d’amour.

Le tchèque pressa le pas, sans toutefois savoir ce qu’il comptait bien faire lorsqu’il arriverait à leur hauteur. Mais à mesure qu’il progressait, arrivant dans le dos de son amie, il sentait en lui comme une boule d’angoisse qui ne cessait de grossir, alimentée par des réminiscences du bal de Noël et par son propre caractère belliqueux. Il savait, au fond de lui, ce qui allait se passer ; il le savait pour avoir été lui-même au cœur de conflits semblables. Il parcourut les derniers mètres en trottinant presque, arrivant au niveau d’Amaïa qui poussait alors violemment l’impromptu qui avait osé se gausser d’elle. Sans prendre le temps de réfléchir à la réaction qu’il convenait d’avoir, il lâcha l’écharpe qui faisait autrefois des cabrioles, dépassa sa propriétaire légitime et abattit son poing fermé sur le nez du deuxième année, non sans une immense satisfaction. Il avait été formé à bonne école avec ses frères : il savait frapper et il savait faire mal. Il était également très bon pour encaisser les coups, aléa inévitable pour le petit dernier d’une famille nombreuse... Mais son adversaire actuel n’avait qu’un an de plus que lui, il ne prenait pas beaucoup de risques. « Dégage ! » lâcha-t-il d’un air aussi menaçant qu’un enfant de onze ans puisse avoir.

Sans vérifier si sa victime était assez maline pour lui obéir, il se planta devant l’anglo-coréenne : il avait conscience de lui avoir volé son plaisir de s’en prendre physiquement à quelqu’un, mais au fond, il estimait que c’était pour le mieux. Et si elle désirait toujours le frapper, elle devrait d’abord se défaire du tchèque. « Gwaenchanha ?* » fit-il d’un ton hasardeux qu’il voulait rassurant. Le mot était peut-être mal employé, l’intonation sûrement fausse, mais il n’en avait cure ; il espérait seulement qu’entendre parler en coréen, même très mal, aiderait la jeune fille à se concentrer sur autre chose que sa colère. Il savait d’expérience que laisser son courroux prendre le dessus amenait rarement de bonnes choses ; il pourrait la laisser faire... après tout, lui, prendrait très mal le fait qu’on l’empêche ainsi de se défouler, mais il serait un bien mauvais ami s’il ne cherchait pas à l’aider. Si elle le frappait maintenant, elle se sentirait sûrement soulagée, mais après ? Et chaque fois qu’elle le verrait en cours, le souvenir de cette après-midi s’imposerait à elle. Sans compter qu’elle risquait une retenue si l’on venait à la dénoncer.

Une étrange lucidité s’était emparée de lui, il demeurait plus calme qu’il n’aurait dû l’être, comme s’il se sentait obligé d’être, une fois n’était pas coutume, la voix de la raison. « Il n’en veut pas la peine, Ama. » Une impression de déjà vu l’envahissait alors qu’il prononçait ces paroles. Instinctivement, il avait usé d’un diminutif ; les tchèques en étaient très friands et il avait l’intuition qu’en se montrant plus familier qu’il ne se le permettait d’ordinaire, il pourrait peut-être surprendre assez la demoiselle pour que sa colère retombe. « Un professeur pourrait arriver d’une minute à l’autre... ou cet idiot de garde-chasse. » Depuis quand était-il celui qui évitait les retenues à ses camarades ? En partie à cause de lui, Kovit avait passé une soirée entière à essuyer de la vaisselle et il était lui-même un habitué des salles de retenues. Et pourtant, il prêchait la mesure à la serdaigle.

design ϟ vocivus


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Message(#) Sujet: Re: La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa] La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa] EmptyJeu 18 Fév - 11:41

Dmitri & Amaïa
☆☆ La colère est
une courte folie☆☆
Elle se noyait. C'était ça. A peine avait-elle le temps de ressortir le nez de l'eau qu'une autre vague déferlait et la faisait replonger de nouveau. Elle ne parvenait plus à reprendre son souffle, trop occupée à se débattre pour sa survie. Elle ne parvenait plus à réfléchir. Le manque d'oxygène lui brouillait la vue et les sens la laissant comme un pantin que l'on pouvait guider à sa guise. La tempête hurlait dans ses tympans sous forme d'acouphène dysharmonieux. Coupée du monde extérieur. Les mots arrivaient déformés à ses oreilles, ses propres cris résonnaient à ses tympans et pourtant elle n'avait plus le souffle de crier, sa gorge la brûlait comme si elle avait bu trop d'eau d'un coup. Comme si l'eau emplissait ses poumons dès qu'elle ouvrait la bouche non pour la faire taire, mais pour déverser toujours plus de colère en elle. Pour déverser toujours plus de rage et pour diluer le calme et la sérénité afin qu'il n'en reste plus qu'un fragment. Enfin qu'il n'en reste plus. Son bateau déjà bien malmené par les quelques vagues tumultueuses qu'elle avait dû affronter dans la mâtiné était à présent renversé. Coque apparente et mas plongé dans la mer noire et sans lumière, et elle, le petit matelot qui naviguait sur le navire à l'équilibre précaire, c'était retrouvée éjectée de sa propre maison, perdue dans les cours d'eau qui l'emmenait loin de son navire et loin de la berge, qui l'emmenait toujours plus loin, toujours plus profondément. Elle se noyait dans sa propre colère.

S'en rendait-elle véritablement compte ? Ou se laissait-elle guider par le bruit rassurant du tonnerre qui grondait dans ses oreilles? Par les chocs contre la coque de son bateau qui la maintenait éveillée. Se laissait-elle guider par un instinct primitif, que chacun apprenait à gérer plus ou moins à sa manière, maîtrise dont elle était privée ? Le psychologue avait bien dit à So Yoon lors d'une visite à l'hôpital que plus Amaïa serait avec les autres, plus elle apprendrait à mieux se gérer elle et ses émotions, que si on la laissait enfermé dans un cocon elle aurait pu se renfermer entièrement sur elle-même ou bien même pire succomber à des sombres émotions comme elle était en train de le faire. Le cadre, les gens autour parvenait à maintenir la balance de ses émotions en un équilibre qui même incompréhensible la gardait maîtresse d'elle-même. Mais parfois, il suffisait d'un grain de sable, il suffisait d'une plume seulement pour que cet équilibre établi ne se déchire et que la balance se déséquilibrer. Il était si simple de déséquilibrer les choses, mais comment faire pour retirer cette plume supplémentaire? Comment faire pour redresser le mécanisme lorsqu'il s'enchaînait au sein même de notre corps sans qu'on en comprenne l'origine, ni le point d'arrêt. On ne le pouvait pas. Elle ne le pouvait pas. Elle se laissait guider par une colère salvatrice qui la rendait de nouveau libre, puisque c'était la seule émotion qui avait toujours trouvé un mot chez elle. La tempête.

Laissant tout esprit raisonnable la quitter, elle se laissa guider par la tempête. Cracha au garçon quelques mots coréens. Mots que sa mère ne lui avait pas appris, mais Ahn était suffisamment renseigné sur le sujet pour lui récolter l'équivalent d'un dictionnaire que cette fois-ci elle n'avait pas besoin de transporter allègrement sur elle pour se souvenir de ce qu'ils contenaient et de quels étaient leur signification. La violence n'était normalement pas une réponse appropriée pour régler les différends, encore moins pour une jeune fille bien élevée. On lui avait déjà sans cesse reproché d'en venir trop rapidement aux mains, elle avait déjà récolté assez d'heures de colle pour savoir qu'elle n'aurait pas dû recommencer, hors l'instinct qu'elle ressentait à ce moment précis lui dictait de répondre non par les mots, mais par les poings. C'était tellement plus simple, plus facile de ne pas réfléchit, à laisser son corps la guider, de laisser les émotions enfouies prendre le dessus. Le pire, c'est qu'elle aimait ça. Elle finit donc par se rapprocher assez du garçon. Elle n'était pas bien haute, pas bien grosse et pas très menaçante, néanmoins la flamme qui faisait scintiller ses prunelles brunes aurait trahi n'importe qui sur ses intentions. Elle poussa le garçon violemment. Pas assez fort pour lui faire mal, tout juste pour le déséquilibré. Le provoquer ? Déclencher une bagarre ? Qu'en savait-elle, alors qu'elle ne se laissait que guider par des émotions qu'elle ne parvenait pas à gérer.

Mais alors qu'elle allait répliquer une nouvelle fois, un éclair bleu et argent se précipita à sa place vers le garçon. Qu'est-ce que... Sa colère se tarit l'espace d'une seconde, ses yeux retrouvèrent assez de clarté pour qu'elle puisse distinguer ce qu'il venait de se passer. Un autre jeune homme venait de prendre d'assaut l'idiot qui venait de l'agresser verbalement. Un gémissement retentit lorsque le poing du nouveau venu s'écrasa contre le nez de la victime. Si elle avait été une jeune fille normale, elle se serait sans doute sentie toute chose, aurait eut des paillons dans le ventre et les joues rouges, elle viendrait de se faire sauver par son prince charmant. Un charmant garçon avait cru bon de venir la délivrer, elle, la jeune fille fragile en détresse à la recherche de son dictionnaire perdu. Quelle blague. Amaïa fronça les sourcils, une nouvelle brindille venait d'allumer un feu encore plus puissant que le précédent. Pour qui ce garçon se prenait-il? Elle était capable de se débrouiller toute seule. Elle n'avait pas besoin de personne et surtout pas d'un chevalier servant. Pour qui se prenait-il ? En vérité, la jeune fille n'était pas blessée que quelqu'un soit venue l'aider à se débarrer de ce "pabo", elle était vexé de ne pas avoir eut l'occasion de déverser sa rage en frappant quelqu'un. Son poing la démangeait. Elle serra davantage son poing serré, faisant crisser ses phalanges. Le regard plongé dans des ténèbres sans fond, elle ne fit pas attention au jeune homme qui s'était rapproché d'elle.

« Gwaenchanha? »

Elle releva des yeux toujours fixés sur son ennemi qui se tenait à présent le nez ensanglanté vers son "sauveur". Malgré l'obscurité de ses prunelles emplis de colère, elle ne mit que quelques secondes avant ce reconnaître les boucles brunes et les yeux bleus de son ami. Que faisait-il là ? À quoi jouait-il ? Était-ce du coréen qu'elle avait entendu d'une manière maladroite dans la bouche de Dmitri? Lui avait-il véritablement parlé coréen ou était-ce sa colère qui déformait les propos de tout le monde. Entendre la langue maternelle de sa mère prononcée par le jeune Serdaigle eut le mérite de déstabiliser assez la petite Serdaigle pour que la vague qui s'apprêtait à la frapper de nouveau se suspendît au-dessus d'elle comme retenue par un fil invisible. Ce fin fil n'était retenu que par les efforts de Dmitri pour éloigner la Serdaigle du trou de colère dans laquelle elle s'apprêter à plonger corps et âme. La Amaïa encore enfouie en dessous de cette rage se raccrocha quelques secondes aux yeux bleutés de son ami. Mais le fil était trop fin. Trop petit pour retenir l'énorme vague qui rugissait en arrière-plan dans son esprit. Elle entendit le fil craquer une première fois. Elle fronça les sourcils et releva le menton jugeant Dmitri de son regard sombre.

"Ne. Boiji anhseubnikka?*"

Son ton était froid. Sa mâchoire serrée comme si elle se retenait de cracher aussi à la tête de Dmitri qui n'avait rien fait de mal. Mais quel était le bien, quel était le mal dans ce qu'elle était en train de faire ? Dans ce qu'elle ressentait ? Où était la frontière à ne pas franchir ? Une boule d'angoisse grossit dans sa gorge, elle ne voulait pas laisser sa colère se déverser sur son camarade de classe. Pas celui qui lui avait proposé de l'aide pour récupérer son écharpe récalcitrante, pas celui qui passait du temps avec elle, pas celui qui prenait toujours le temps de lui expliquer les blague qu'elle ne comprenait pas, les expressions farfelues qu'il lui fournissait. Pas Dmitri. Mais le jeune homme était arrivé au mauvais endroit, au mauvais endroit.

"Va-t-en Dmitri."

Son regard se reporta vers le deuxième année toujours un peu sonné par le coup que Dmitri venait de lui donner. Elle fit un pas en avant, mais le jeune homme devant elle l'empêchait d'aller plus loin. La frustration continua de monter en elle tandis qu'elle serrait davantage la mâchoire prête à rétorquer une nouvelle fois au garçon de dégager lui aussi. Elle n'avait aucune envie d'ordre ses moyens devant lui aussi et qu'il en soit victime.

« Il n’en veut pas la peine, Ama. »

Un double sentiment vint transpercer sa poitrine en même temps, faisant crisser le fil qui retenait toujours la vague destructrice prête à s'abattre sur le petit navire de la jeune fille. A la fois une sensation piquante, comme si on l'avait transpercé une fois de plus. Qu'est-ce qui n'en valait pas la peine ? Qu'elle se défende ? Qu'elle le frappe ? Qu'est-ce qui ne valait pas la peine ? Mais une sensation chaude et agréable vint soulager une fraction de seconde son cœur étaient lorsque le surnom que Kovit lui réservait fut poncé par le Tchèque. Jamais Dmitri n'avait fait preuve d'autant de familiarité avec elle. Il lui avait dit que les Tchèques étaient avant tout très polis et usait rarement de ce genre de langage, mais il l'avait surnommé comme pour isoler la jeune fille une nouvelle fois de sa colère. Le fil prêt à se rompre tient bon alors qu'Amaïa croisa une nouvelle fois les iris clair de son ami. Devait-elle s'arrêter ? Avant qu'il ne soit trop tard ? Devait-elle écouter Dmitri et laisser le jeune homme tranquille ? Récupérer son dictionnaire et partir comme si elle ne l'avait jamais croisé ? Devait-elle le faire ? Pouvait-elle le faire ? Elle détourna le regard de celui de Dmitri et il se posa sur son précieux dictionnaire face contre la neige. A cette vue, la colère s'engouffra de nouveau dans sa poitrine, comme un coup qu'on venait de lui porter de trop. Sa poitrine se soulevait à un rythme trop irrégulier pris entre une envie de hurler et une envie de pleurer. Dmitri rendait cette situation hautement plus tendu et plus compliquée que ce qu'elle était sensée être. Elle aurait juste dû frapper le garçon et voilà, alors que son ami Serdaigle l'en empêchait d'une voix d'une et rassurante. Que pouvait-elle faire maintenant ?

« Un professeur pourrait arriver d’une minute à l’autre... ou cet idiot de garde-chasse. »

Son regard se porta une nouvelle fois sur Dmitri. Elle se mordit la lèvre, tout juste assez fort pour sentir le goût âcre du sang dans sa bouche. Un professeur ? Le garde-chasse ? Le concierge ? Qu'est-ce qu'elle en avait à faire ? Dans tous les cas, elle serait la méchante à leurs yeux alors à quoi bon ne pas soulager sa colère ? Elle balaya d'un geste de la main agacé les propos de Dmitri. Elle ne le comprenait pas. Pourquoi lui disait-il ça alors qu'il l'avait frappé à sa place ? Cela, valait-il la peine ? Alors que le garçon ne lui avait rien fait à lui ? Au moins, elle, était légitime de vouloir s'en prendre à un camarade de classe.

"Je m'en fiche. Qu'ils viennent. Qu'ils me punissent comme ils lui font les autres fois. Je n'en ai rien à faire. Et toi alors ? Hein ? Tu l'as frappé. Je pourrais te retourner les mêmes arguments. Pourquoi t'as fait ça ? C'était pas à toi de le faire."

Le fil crissa une nouvelle fois. Elle était en train de détruire tous les efforts que Dmitri avait faits pour la retenir avec lui sur la terre ferme. Et non. Elle voulait volontairement plonger dans cette colère salvatrice et libératrice. Plonger dans le trou dont elle ne reviendrait pas avant un bon moment. Mais si elle ne faisait pas cela, elle plongerait dans une autre mer et celle-là, elle ne voulait pas d'y avoir à faire. Elle préférait que Dmitri la voit en colère plutôt qu'en train de pleurer. Pour elle, l'un trahissait la force et l'autre la faiblesse, mais ce n'était pas tout à fait vrai. Elle voulait qu'il s'en aille. Maintenant.

"Je n'ai pas besoin de toi. Pousse toi Dmitri"

Elle fixa froidement le garçon avant qu'un mouvement ne capte son attention. Le deuxième année s'était rapproché sans bruit de leur discussion. Visiblement énervé par le fait d'avoir été poussée par une fille et frappé par une première année, le garçon ne semblait pas vouloir partir de ci-tôt sans avoir eut son mot à dire dans l'histoire. Amaïa vit comme au ralenti son poing se lever en direction de Dmitri dos à lui, qui trop occupé par le fait de ramener Amaïa sur terre ne l'avait sans doute pas vu. La surprise du se voir dans les prunelles de la jeune fille.

Elle se rapprocha soudainement Dmitri. A à peine quelques centimètres de lui, elle aurait pu sentir ses joues rougir par la gêne si elle n'était pas trop occupée à bloquer le poignet du garçon derrière son ami qui s'apprêtait à le frapper. Amaïa n'était pas grande, mais elle savait se battre malheureusement, elle savait faire mal et elle savait se défendre. C'était le prix à payer lorsque l'on était une enfant colérique. Cet idiot avait osé s'en prendre à quelqu'un qui était dos à lui, sans possibilité de se défendre. Cet idiot avait voulu s'en prendre à un ami. Et ça ce n'était pas pardonnable. Le fil craqua. La vague déferla sur le navire d'Amaïa qui se cassa sous le coup. On venait de couper le souffle de la jeune fille, mais cela ne semblait pas la déranger. D'elle émanait une colère que tout le monde aurait pu ressentir. Elle tourna soudainement le poignet du garçon qu'elle était en train de retenir. Un gémissement franchit ses lèvres ainsi qu'une injure à destination de la jeune métisse. Mais la colère bourdonnait tellement dans ses oreilles qu'elle aurait bien été incapable d'tendre ce qu'il venait de lui dire. Aveuglée par une colère sans borne, elle se laissa aller à la douceur de ce sentiment qu'elle connaissait si bien. Elle tourna un peu plus le poignet de son adversaire et se décala tenant toujours le poignet de sa victime d'une main. Heureusement pour elle, il n'était pas bien plus grand, ni plus gros qu'elle. Lorsqu'un second gémissement sortit de la bouche du deuxième année, un léger sourire remplaça le visage fermé d'Amaïa. Dmitri venait de la perdre au milieu de l'océan.
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Message(#) Sujet: Re: La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa] La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa] EmptyVen 26 Fév - 11:06

La colère est une courte folie

‟ Amaïa & Dmitri „


Lorsque son poing s’abattit sur le nez de l’insolent qui avait osé s’en prendre à sa camarade, Dmitri sentit un frisson de satisfaction parcourir son corps. S’il n’avait jamais compris pourquoi frapper quelqu’un pouvait avoir un effet si salvateur sur l’humeur, toujours était-il qu’il connaissait bien ce sentiment et le chérissait. Il faisait partie intrinsèque de lui ; comme ses yeux ou sa voix, personne ne pouvait lui enlever ça. Et pourtant, ça n’était pas qu’une simple tendance, c’était bien plus : au-delà d’une bête impulsivité ou d’une tendance à répéter un schéma familial parfois très porté sur les châtiments corporels, c’était un membre plein et entier de son corps. Comme la magie, cela avait une emprise sur lui.

Aujourd’hui, celui qui avait été la proie de ses réflexes violents n’avait pourtant rien à voir avec lui ; il s’agissait de son amie et partenaire de maison. Il avait pleinement conscience de lui avoir volé le plaisir de frapper quelqu’un qui l’importunait. Ça ne l’avait pas empêché de le faire, par habitude autant que par désir de lui épargner quelque chose... mais quoi ? Au fond, même s’il chérissait l’agréable sensation que procurait un défoulement brutal, il savait qu’il y avait quelque chose de désordonné chez lui. Lorsque son père le frappait pour le punir, ça n’était jamais sous le coup de la colère. Il l’avait fait une fois : une seule et unique fois, la rage l’avait poussé à frapper son plus jeune fils. Cette fois-là, quelque chose s’était brisé entre eux ; une faille sur laquelle aucun sortilège ne pourrait avoir d’effet. Jusqu’alors, l’aiglon avait toujours accepté les châtiments corporels de son géniteur ; ils faisaient partie du jeu. S’il faisait une bêtise, il était normal qu’on le punisse pour ça. Mais en laissant libre court à une réaction aussi primitive que celle de ses sentiments, son père avait fait une erreur. Il ne voulait pas que son amie connaissance cette même tension, ce regret de s’être laissé emporter qui jamais ne l’abandonnera.

Alors, il avait frappé à sa place. Parce qu’il n’était pas en proie à cette même rage qu’elle, parce qu’il se foutait comme d’une guigne de l’incapable qui gémissait de douleur devant lui. Il lui somma de partir et ne s’attarda pas plus sur lui : il n’était pas venu pour le deuxième année, il était venu pour Amaïa.

Celle-ci lui répondit en coréen, en écho à sa question maladroitement formulée dans la langue maternelle de la jeune fille. Mais puisqu’il ne connaissait que les quelques mots qu’elle lui avait enseignés, il ne pouvait comprendre sa réponse. Le garçon se vit obliger de se fier au ton pour percevoir ce qu’elle tentait de lui exprimer ; une voix sans chaleur et tendue. Et un visage crispé. Il ne fallait pas être particulièrement doué pour lire dans les traits de son visage de la fureur. « Va-t-en Dmitri. » Cette fois-ci, elle s’adressait bien à lui en anglais. Il pouvait la comprendre. Et elle lui faisait comprendre qu’il n’était pas le bienvenu, qu’elle voulait qu’il la laisse se débrouiller avec l’élève de deuxième année. Elle ne regardait d’ailleurs plus le tchèque, mais bien l’autre garçon ; un regard qui ne présageait rien de bon. Il était bien placé pour le connaître, ses yeux étaient parfois traversés de cette même lueur dangereuse.

Sans hésiter, il avait frappé celui qui causait du souci à son amie, il était allé jusqu’à lui voler le plaisir de se défouler un peu sur ce visage méchamment rieur. Il savait à quel point il pouvait être agréable de voir ce sourire perfide quitter la face de quelqu’un souffrant d’un douloureux hématome. Mais si Dmitri était encore relativement calme, n’ayant pas eu l’occasion de sentir la colère gronder en lui, il savait que laisser la jeune métisse se défouler sur son ennemi du moment ne servirait qu’à attiser plus encore son courroux.

Il tenta de la raisonner, sans grande conviction toutefois ; il était bien placé pour savoir que lorsque l’adrénaline s’emparait de vous, les mots ne suffisaient pas à calmer la tempête interne. Une lueur d’espoir le poussait tout de même à essayer, à sa montrer plus familier que d’accoutumée, à la calmer, puis finalement à la mettre en garde contre la possible intervention d’un enseignant ou du garde de chasse. À son cens, à moins que ce ne soit le professeur Thorstein qui vienne, c’était bien l’homme du parc qui était le plus à craindre ; non pas tant pour ses réactions, l’aiglon ne le connaissait pas particulièrement colérique ou sévère, mais parce qu’il ne le supportait tout bonnement pas depuis le jour de leur rencontre. Duncan faisait partie de ce club, très ouvert cela dit, de personnes capables de le faire sortir de ses gonds très rapidement. Il avait ce petit ton irritant et cette capacité à ne pas réagir aux provocations de l’enfant qui le rendaient irritable.

« Je m'en fiche. Qu'ils viennent. Qu'ils me punissent comme ils lui font les autres fois. Je n'en ai rien à faire. Et toi alors ? Hein ? Tu l'as frappé. Je pourrais te retourner les mêmes arguments. Pourquoi t'as fait ça ? C'était pas à toi de le faire. » Elle avait raison. Il l’avait frappé et il risquait tout autant qu’elle d’avoir des soucis. Le deuxième année pourrait le dénoncer. Ou il pourrait tout les deux les dénoncer. À vrai dire, il n’y avait pas pensé un seul instant ; la seule chose qui l’importait alors était d’empêcher sa camarade de s’énerver. Il avait agi par instinct, et son instinct lui dictait de frapper. La violence était un réflexe presque viscéral chez lui. Amaïa et lui ne partageaient vraisemblablement pas qu’un amour pour l’art pictural et une langue étrangère, ils avaient également des réactions vives similaires sur bien des points. « Moi ? Je passe déjà tellement de temps en compagnie du concierge qu’on fait presque partie de la même famille, maintenant. Je ne suis plus à ça près. » Il savait pertinemment qu’elle risquerait de prendre au premier degré sa remarque, qu’elle ne comprendrait pas sa comparaison un peu douteuse. Mais il n’avait ni le temps, ni l’envie de préciser ses propos ; qu’elle comprenne de travers, au moins, ça aurait le mérite de la surprendre assez pour détourner son attention de sa colère intrinsèque.

« Franchement, je peux bien faire perdre tous les points de notre maison, je m’en fou. Tous les serdaigles peuvent me détester s’ils le veulent, ça ne m’émouvra pas. Ils peuvent me virer de Poudlard, je suis inscris depuis ma naissance à Durmstrang... et d’ailleurs, avec mon grand-oncle, je peux bien espérer bénéficier d’un traitement de faveur. Et toi ? Si t’es virée de Poudlard parce que t’as frappé ce con, tu auras l’air bien maline. Tu vas aller où ? À Durmstrang ? Tu ne parles pas russe. » Il n’était pas tendre avec elle. Ça n’était pas le moment d’être doux et gentillet. Il pensait que seule une franche provocation pouvait calmer la, agrémentée d’une bonne dose d’exagération. Ils ne la vireront pas pour si peu, pas plus que lui d’ailleurs. Et ni son grand-oncle, ni la marraine de l’anglo-coréenne n’auraient à intervenir. En revanche, il était parfaitement sérieux lorsqu’il parlait de la colère que pourraient avoir leurs camarades de bleu et de bronze vêtus : lui ne moquait bien de la coupe des quatre maisons, et il se foutait en plus d’être l’élève que l’on dénigrait pour une perte de point substantielle. D’ailleurs, des serdaigles plus âgés qu’il connaissait, peu étaient susceptibles de lui tenir rigueur pour quoi que ce soit : la préfète pourrait toujours lui en vouloir, elle ne le montrera sûrement jamais, trop occupée qu’elle était à s’acoquiner avec les sang-purs. Judith ne semblait pas être bien plus portée sur la coupe que lui, et quand bien même c’était le cas, elle était trop polie et sûrement trop proche de la famille pour qu’une véritable haine s’installe. Quant à son aîné, avec l’annonce de son mariage, il avait sûrement d’autres chats à fouetter.

« Je n'ai pas besoin de toi. Pousse toi Dmitri ». Elle n’avait pas besoin de lui pour se défendre ; la colère rendait même les plus faibles très dangereux. Et Amaïa n’était pas faible. « Non, je ne bougerai pas. » répondit-il d’un air buté. « Je sais que tu n’as pas bes... » La fin de sa phrase mourut avant qu’il ne termine de la prononcer. L’aiglonne s’était subitement avancée vers lui, le regard toujours aussi froid. Allait-elle le frapper lui ? Il avait envisagé la possibilité qu’elle se défoule sur lui, et c’était sans doute préférable qu’elle le fasse ; il n’irait jamais la dénoncer, se plaindre à un professeur ou quoi que ce soit d’autre. Au pire, il irait à l’infirmerie en prétextant s’être battu avec un élève plus grand dont il ne connaissait pas le nom. Ce ne serait pas la première fois. Mais il peinait tout de même à croire qu’elle le fasse. Instinctivement, il voulut faire un pas en arrière. Une minute : elle ne le regardait pas lui, mais un point derrière lui, au-dessus de son épaule. Il l’a vit lever la main, mais ce ne fut pas pour le frapper comme il était possible de le penser au premier abord. Le tchèque sentit un mouvement à côté de son bras, un frisson parcourut son échine. Se tournant subitement, ses yeux croisèrent ceux du deuxième année qu’il avait frappé. Une légère griffure saillait sur sa joue, là où le poing de Dmitri s’était abattu. Quant à Amaïa, elle tenait fermement le poignet de l’impromptu qui avait osé attaquer quelqu’un de dos. Et elle inclina sa main, entraînant avec elle le bras du garçon qui se tordit de manière peu naturelle. Mais le jeune van Aken ne prêtait pas attention à leur camarade gémissant et insultant la demoiselle ; il regardait à présent son amie dans un étrange mélange d’effarement et de fierté.

La violence ne lui faisait pas peur, elle ne le dégoutait pas ; en fait, il s’agissait bien plus d’une vieille amie qui avait accompagnée toute son enfance. Qu’il l’exerce contre ses frères, souvent en terminant plus mal en point qu’eux compte tenu de leurs différences de taille notable, ou qu’il en soit la proie directe et unilatérale, avec les châtiments corporels de son père et, plus rarement, de son grand-père. Il était familier avec cette forme d’expression primitive mais si efficace. Alors pourquoi était-il effaré ? Parce qu’il s’agissait d’une fille, qu’il imaginait plus portée sur la douceur et la délicatesse, et qui réglait normalement les conflits avec tact ? Non. Ce qui le laissait en proie à la stupéfaction, c’était de voir son reflet en elle. Et ça le rendait fier. Ce sourire satisfait qui venait d’apparaître sur le visage de la métisse faisait écho à celui qui naquit sur ses propres lèvres.

Et tout d’un coup, la réalité se rappela à lui avec force. Une douche froide s’abattait sur lui : la vague qui avait submergé sa camarade l’avait fait tanguer l’espace d’un instant, mais son navire était resté à flot et sa conscience écopait avec frénésie, rejetant la colère qui s’était infiltré dans l’embarcation. « Amaïa... » Que faire ? Que dire ? Il était tellement perdu qu’il ne pensait même plus à user de diminutifs pour la surprendre, ou employer le coréen pour attirer son attention. Il posa sa main sur le poignet de la fille. Mais il ne resserra pas sa prise comme elle le faisait sur celui de son adversaire. Il était au contraire d’une douceur qu’on ne lui connaissait que peu : il n’y avait bien que lorsqu’il dessinait qu’il pouvait être ainsi. « Ama... » Il murmurait presque à présent. Son ton bas et hésitant avait un soupçon de supplication. À nouveau, il employait ce surnom affectueux qui sonnait étrangement dans sa voix. Cette familiarité était tellement peu coutumière pour lui... et en même temps, ils étaient si semblables en cet instant présent, il avait l’impression de pouvoir comprendre ce déferlement de violence. Et puisqu’ils le connaissaient tous deux, ils étaient, l’espace d’un instant, uni d’une manière que nul lien du sang, nulle amitié vieille de plusieurs années, ne puissent égaler. Ce moment de communion entre eux était bref, mais il suffisait pour l’heure.

« Lâche-le. » Sa voix était tout d’un coup plus ferme. Il ne suppliait plus, il ordonnait. Ses propres oreilles bourdonnèrent presque en s’entendant prononcer ces mots ; l’on aurait cru Alexander lorsqu’il s’apprêtait à punir l’impétueux garçon qu’il avait été durant l’été. Ses doigts se refermèrent sur le poignet de la jeune fille. Il ne désirait pas lui faire de mal, mais il voulait qu’elle sente le contact de sa peau contre la sienne, qu’elle perçoive autre chose que celui qu’elle faisait souffrir en cet instant. « Tu veux te défouler ? Frapper quelqu’un ? Vas-y, frappe-moi ! » Il ne prêta pas attention au garçon plus âgé qui hoqueta sous l’effet de la surprise. Ou peut-être de la douleur d’ailleurs. Il était difficile de savoir, étant donné qu’il était toujours prisonnier des mains d’Amaïa. Ses yeux azurins du petit serdaigle ne quittaient pas celui plus sombre de sa camarade. Il la défiait du regard, presque provocateur. « Lui, c’est un lâche : il aboie mais ne mord pas. Si tu veux frapper quelqu’un, alors ne t’attaque pas à plus faible que toi. » Il détacha quelques instants son attention de la jeune aiglonne pour s’attarder sur l’autre enfant. Un simple coup d’œil, pour vérifier qu’il n’escomptait pas frapper l’un deux, ou insulter. Il était en fait bien trop accaparé par la douleur pour le faire. Le tchèque se tourna à nouveau vers son amie, tenant toujours délicatement, mais fermement, son poignet. « Ne fais pas comme lui. Quitte à t’attirer des ennuis, je t’en prie, faut le bien. » Un sourire passa sur ses lèvres ; un rictus froid et dénué d’amusement. Après avoir cherché à la convaincre de laisser l’impromptu tranquille et à contrôler sa rage, il l’incitait désormais à laisser libre court à sa colère. « Je ne supporterai pas d’apprendre que j’ai côtoyée une personne qui se bat sans panache. » Il la provoquait plus ouvertement maintenant. Si la raisonner ne fonctionnait pas, il ne lui restait plus que cette solution. Ça ou la frapper pour lui remettre les idées en place, or cette alternative était tout bonnement impensable. « Tu vaux mieux que ça... » Sa voix baissa d’intensité jusqu’à n’être plus qu’un murmure. À nouveau, son ton frôlait la supplication.

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Message(#) Sujet: Re: La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa] La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa] EmptySam 27 Fév - 20:01

Dmitri & Amaïa
☆☆ La colère est
une courte folie☆☆
Colère. Nom féminin. Violent mécontentement accompagné d'agressivité. Mécontentement. Nom masculin. Sentiment pénible d'être frustré dans ses espérances, ses droits. Frustré. Adjectif. Qui est insatisfait déçu. Agressivité. Nom féminin. Caractère agressif. Agressif. Adjectif et nom. Qui a tendance à attaquer, à rechercher recherche la lutte. Cinq définitions. Il lui fallait cinq précieuses définitions contenues dans son dictionnaire de poche afin qu'elle puisse comprendre, un sentiment qui lui paraissait inné. Primitif. Ces cinq définitions étaient la barrière entre ce qu'elle ressentait physiquement et ce qu'elle ressentait moralement. Pour pouvoir les associer, il lui fallait cinq énonciations différentes, énonciations dont sont cerveau lui refusait l'accès, qu'elle ne pouvez connecter comme si elle ne pouvait se mettre en place ensemble, comme si elles étaient incompatibles. Que le cerveau était complexe quand nous en devenions esclave. Que les émotions étaient compliquée à gérer quand on n'en connaissait ni le fondement, ni la destiné. Un décrément physique apparaissait. Le cerveau l'analysait. Le connecter à cette petite partie de lui contenant toutes ses définitions. Renvoyait le mot exact à son propriétaire pour que celui-ci comprenne et adapte son comportement en fonction de ses émotions. Il était parfois dur de gérer la colère lorsqu'on savait que l'on en était empreint, lorsqu'on ressentait les signes annonciateurs. Il était aussi facile d'en sortir puisque nous connaissions la raison de notre mal être. Mais si nous ne le connaissions pas justement. Ou que nous le supposions? Que rien ne reliait le physique et le mental. Comment pouvions-nous nous contrôler? Comment pouvions nous connaître la frontière entre ce qu'il y avait de bien et ce qu'il y avait de mal? Comment savions-nous où était la limite à ne pas franchir? Nous ne la connaissions pas. Parce que ce n'était pas quelque chose que l'on apprenait dans les livre. C'était quelque chose que l'on ressentait. Que l'on comprenait. C'était inné. On ne pouvait pas l'acquérir. Maintenant qu'elle l'avait perdu, pourrait-elle un jour le retrouver?

Son regard brun défiait le regard azuré de son camarde de maison qui s'était entreposé entre elle et la garçon qui lui riait méchamment eu nez quelques secondes auparavant. Un garçon qu'elle avait poussé, qu'il avait frappé. Un garçon qu'elle ne pouvait rejoindre sans s'être débarrassé de son ami avant. Et c'est ce que son cerveau lui murmurait à l'oreille. Elle pouvait presque entendre comme un souffle constant, une voix lui ordonner de demander à Dmitri de s'en aller, de la laisser tranquille. Cette voix c'était la colère. Mais elle ne le savait pas. Pour elle, c'était la raison. Le regard que les deux Serdaigle maintenait n'avait rien d'un échange. Rien d'une communication. Amaïa la bloquait. Elle n'en voulait pas. N'en avait pas besoin. Elle soutenait le regard du jeune homme sans comprendre les nuances qui le traversait, ses propres yeux comme étant des miroirs réfléchissants toutes les ondes qui lui revenait, n'absorbant aucune information. Elle refusait l'échange sans le savoir, perdue dans une colère dévoratrice qui rongeait peu à peu chacune de ses veines pour s'infiltrer plus profondément sous sa peau.

Qu'essayait-il de faire en la bloquant de la sorte? L'empêcher de le pousser pour ne pas qu'elle aille frapper l'enfant derrière lui qui grommelait encore du coup qu'il venait de se prendre? Qu'esseyait-il de provoquer en lui parlant coréen, en la dotant du surnom affectif que seul Kathleen et parfois Kovit usait avec elle? Qu'esseyait-il de lui faire comprendre en lui parlant du garde chasse, du gardien ou d'un quelconque professeur? Pensait-il que cela allait l'arrêter? Pensait-il que cela aller arrêter les vannes de la colère qui sembler couler pour faire déborder sa barque sans moyen de faire évacuer l'eau qui faisait peu à peu couler ce qu'il restait de son embarcation brinquebalante? Quel était son but en venant frapper l'élève prenant de cours sa camarade qui peinait à se contrôler? Essayait-il de l'arrêter d'une quelconque façon? Ne voulait-il donc pas qu'elle le tape? Pourquoi? Pourquoi ne la laissait-il pas faire? Pourquoi se mettait-il entre elle et son bourreau? La calmer? L'apaiser? La déconcentrer pour qu'elle reprenne le contrôle de ses émotions? Etait-ce si simple que cela? Suffisait-il d'un mot prononcé dans une langue maternelle, d'un surnom, d'un avertissement, d'une inquiétude afin de calmer la tempête qui faisait résonner dans sa boite crânienne des bruits sonores qui cachait à demi les mots du jeune homme en face d'elle? Il lui reprochait de vouloir frapper alors qu'il avait initié le premier coup. Elle ne comprenait pas.

« Moi ? Je passe déjà tellement de temps en compagnie du concierge qu’on fait presque partie de la même famille, maintenant. Je ne suis plus à ça près. »

Elle ne comprenait toujours pas. Ce qu'il racontait n'avait aucun sens, on ne devenait pas membre d'une famille en passant du temps avec quelqu'un que l'on connaissait à peine. Et elle n'avait pas non plus à l'instar du jeune homme la patience de réfléchir à ses mots et d'en comprendre leur véritable sens. Elle n'avait pas la patience d'attendre sagement les bras croisés que l'autre idiot recommence. Ses phalanges blanchissaient d'impatience au fur et à mesure que les poings de la jeune demoiselle exerçaient une pression de plus en plus forte.

"Ce que tu dis n'as aucun sens. Ce ne sont pas tes affaires. T'a-t-il dit quelque chose de mal? T'a-t-il frappé? T'a-t-il blessé? Non? Alors tu n'es pas mêlé à cette histoire. Ce n'est pas une compétition. Laisse moi passer j'ai des problèmes à régler."

Elle avait toujours eu l'habitude de régler ses problèmes seules. De gérer ses crises de colère seule. Elle ne comprenait pas le comportement de Dmitri tout simplement parce que personne ne s'était comporté comme cela avant elle. Personne n'était venu la stopper alors qu'elle perdait pied. Personne n'avait frappé à sa place un abruti qui n'avait eut que ce qu'il méritait. Non. A l'école primaire on se moquait d'elle en groupe, et quand cela dégénérait on l'entourait, elle et son adversaire comme si c'était une arène, pour que personne ne bouge, pour que personne ne fui. Alors encerclée, prise au piège elle avait pris l'habitude de ne jamais fuir, même quand Ahn arrivait en courant pour prendre sa soeur dans ses bras alors qu'elle se débattait comme si on la privait de sa liberté. Jamais on ne l'avait soutenu dans un moment difficile parce qu'elle n'avait jamais demandé d'aide et alors qu'aujourd'hui elle n'en demandait pas voilà qu'une aide lui tombait dessus sans qu'elle ne parvienne à le comprendre. Elle avança d'un pas vers le garçon qui n'avait décidément pas fini de lui exposer ses arguments.

« Franchement, je peux bien faire perdre tous les points de notre maison, je m’en fou. Tous les serdaigles peuvent me détester s’ils le veulent, ça ne m’émouvra pas. Ils peuvent me virer de Poudlard, je suis inscris depuis ma naissance à Durmstrang... et d’ailleurs, avec mon grand-oncle, je peux bien espérer bénéficier d’un traitement de faveur. Et toi ? Si t’es virée de Poudlard parce que t’as frappé ce con, tu auras l’air bien maline. Tu vas aller où ? À Durmstrang ? Tu ne parles pas russe. »

Les paroles du petit Serdaigle mirent quelques secondes à atteindre les pensées embrouillées de la jeune fille mais lorsqu'elle saisit ce qu'il était en train de lui dire, elle s'arrêta pour fixer une nouvelle fois son l'aiglon à ses côtés. Où allait-elle aller? Si on l'expulsait? Ou allait-elle apprendre la magie si on la virait de Poudlard? Et si tout le monde la détestait? Si personne ne l'aimait? Si personne ne souhaitait être son ami et son comportait comme l'autre enfant toujours derrière Dmitri? Et si elle revivait l'enfer de son école primaire? Non. Elle serra les dents, sentant une vive douleur remonter le long de sa mâchoire elle relâcha quelque peu la pression. Ses comportements envers les autres semblaient être un cercle sans fins. Ou qu'elle aille on la trouverait étrange, on se moquerait de ses habitudes, on viendrait l'embêter, voler son dictionnaire, se moquer d'elle ouvertement, puis elle perdait patience et la colère la submergera alors elle frappera de nouveau et les gens la détesteront et cette boucle ne se finira jamais. Elle secoua négativement la tête plus pour enlever toute pensées de sa tête que pour répondre aux questions réthorique de son camarade de classe. Elle releva les yeux vers lui, la colère ne parvenant pas à se dissiper dans ses iris sombre.

"Alors je fais quoi? Je le laisse m'insulter et je passe ma route en souriant comme si tout allait bien alors que je sais même pas pourquoi je souris? Je le laisse me voler mes affaires et je passe mon chemin comme si ça n'avait pas d'importance à mes yeux? Je fais quoi Dmitri si je me défends pas? Je me comporte comment? Je laisse les autres le faire à ma place? Mais si y'a pas d'autres? Y'a jamais eu d'autre avant. Même pas des adultes. Jamais. Alors pourquoi je peux pas me défendre toute seule si personne est capable de le faire à ma place?"

Elle criait presque, les mots brûlaient sa gorge et sa poitrine au fur et à mesure que la pression montait, que ses joues devenaient rouge, que ses yeux se mettaient à larmoyer. Et plus la pression montait et plus le contrôle lui échappait. Et plus le contrôle lui échappait, plus elle avait ce besoin de retourner à des agissements sans pensées, à des choses innées, qu'elle maîtrisait. La violence. Cette violence qui courait dans ses veines. Cette violence qui longtemps avait fait peur à Maman et au psychologue qui ne craignait qu'elle ne devienne agressive à défaut de pouvoir ressentir les émotions. Quelle bonne blague. Elle les ressentait les émotions. Décuplé même. Elle ressentait tout. Ne comprenait rien.

Elle s'avança de nouveau vers son camarade le priant de se pousser de son passage. Et bien que celui-ci lui barra la route en lui faisant comprendre qu'il ne bougerait pas, elle n'eut pas besoin de le contourner pour apercevoir avant qu'il ne soit trop tard, le poing dans le dos de Dmitri qui s'avançait un peu trop vite de lui. On n'attaquait pas quelqu'un de dos. Pas un de ses camarades de classe. Pas un de ses amis. Elle parvint à bloquer le poignet de l'individu avant qu'il ne heurte Dmitri. Perdu dans le plaisir irrationnel d'entendre gémir de douleur le garçon qui à présent avait le poignet et le bras tordu dans une position anormale, elle ne remarqua même pas qu'un sourire malsain s'était creusé sur ces joues, elle ne remarqua même pas que son regard n'était désormais plus que fixé sur l'individu laissant Dmitri au second plan de ses pensées devenu plus tumultueuses que jamais. La tempête faisait rage et avait brisé sa faible embarcation, laissant Amaïa perdues, au milieu des vagues qui bizarrement ne lui faisait plus aussi peur une fois qu'elle était plongé à l'intérieur. Non, la violence amenait la violence, amenait le plaisir de provoquer de la souffrance qui ne lui était pas destiné pour une fois. Elle se sentait libre, elle se sentait maîtresse d'elle même, elle avait l'impression d'avoir le contrôle alors que c'était tout l'inverse qui se produisait.

"Ama..."

Elle réussit à raccrocher le fil de ses pensées lors du deuxième appel de Dmitri. Perdue dans sa colère, elle délaissa le garçon qu'elle tenait toujours, pour poser un regard un peu perdu vers son ami à ses côtés. Sa main était posé sur la sienne pourtant cette main qu'elle aurait dû enlever ne la contraignait pas à lâcher le garçon, elle ne la contraignait pas à reculer, à se calmer, cette main ne la contraignait à ne rien faire. Comme si il lui laissait le choix, lui rappelait simplement sa présence. Il ne criait pas. Il murmurait. Il murmurait encore une fois ce surnom qu'on lui avait donné. Que ces amis lui avait donné. Elle sentit son coeur battre d'un rythme désordonné comme si cette information touchait un point sensible qu'elle n'avait pas encore identifié. Elle croisa le regard bleu de son camarade. Ce n'était pas un regard dur. ce n'était pas le regard que les adultes lui donnaient quand elle frappait quelqu'un. Ce n'était pas un regard de reproches. Non c'était autre choses, elle ne savait pas quoi mais quelque chose qui en cet instant la fit se sentir plus proche de Dmitri que de la colère qui bouillonnait toujours dans ses veines, comme si...comme si il la comprenait. Elle déglutit difficilement, son regard se concentra de nouveau sur l'individu à leur côtés, accentuant la pression sur la main tordu du garçon qui pestait toujours contre eux.

Pouvait-on sauver un lapin tomber à la mer? Pouvait-on sauver quelqu'un en train de se noyer, quelqu'un dont les poumons vidé d'air se remplissait d'eau, quelqu'un dont la coupure d'oxygène l'empêchait de respirer, quelqu'un qui était perdu entre un monde inconnu et le monde réel. Pouvait-on récupérer cette personne à l'aide d'une corde? D'une échelle? d'une bouée? Elle sentit soudainement une pression plus importante sur son poignet. Elle n'était pas douloureuse, elle ne l'empêchait pas de faire des mouvements, elle ne la privait pas de sa liberté. Cette pression était juste là. La main de Dmitri la retenait, comme si il retenait quelqu'un suspendu au bord du vide. Ce contact la ramenait peu à peu à la Terre ferme. Ahn avait toujours eus l'habitude d'initier rapidement un contact avec elle lorsqu'elle était en colère. la jeune fille à défaut de parler avec des mots, parlait avec des gestes, des contacts. Beaucoup de contact. C'est pourquoi elle accrochait si facilement la manche de Kovit quand elle n'allait pas bien, c'est pourquoi tout excuse était bonne pour avoir un contact avec les autres. Cela la rassurait. Avait un effet apaisant. Elle n'était pas seule. C'était ça ce qu'elle ne parvenait pas à saisir précédemment. Elle n'était plus seule. Si Dmitri avait était le fil qui avait tenter de retenir la vague, la laissant surplomber le navire d'Amaïa pour ne pas qu'elle s'écrase devenu, il était devenu une bouée. La bouée qui essayait de la ramener à la raison, qui essayait de faire sortir la jeune fille de se torrent de colère dans lequel elle préférait se noyer entièrement faute de pouvoir se contrôler.

« Lâche-le. »

Elle serra cependant les dents. L'ordre résonna dans sa tête sans toutefois parvenir à briser le tourbillon dans lequel elle était prise. Rompant le bref contact qui s'était établi entre elle et son ami, elle se referma comme une huitre que l'on essayait d'attaquer. Non. Elle ne le lâcherait pas. Elle ne s'en sentait pas capable. Elle ne le voulait pas. Elle ne pouvait pas. Elle n'y arrivait pas. Des larmes de colères lui brûlait les yeux.

« Tu veux te défouler ? Frapper quelqu’un ? Vas-y, frappe-moi ! »

La surprise affecta à la fois le deuxième année ainsi que la jeune redoublante. Sa poigne était toujours aussi importante sur le poignet du garçon cependant son attention fut capté par cette information loin d'être formel. Son regard assombri par la colère rencontra bientôt celui clair de son ami. Le frapper? Pour quelle raison le frapperait-elle? Ce n'était pas lui qui lui avait fait du mal, ce n'était pas lui qui se moquait d'elle, ce n'était pas lui qui avait pris son dictionnaire. Elle fronça les sourcils ne parvenant pas à suivre les pensées du jeune garçon dont le regard ne se détachait pas du sien comme pour l'obliger à l'écouter jusqu'au bout, comme pour capter son attention, la détourner le temps qu'elle récupère assez de planche pour reconstruire le sol d'un radeau pour s'y réfugier, le temps que la coque de son navire qui n'était autre que sa capacité à se contrôler se renforce de nouveau.

« Lui, c’est un lâche : il aboie mais ne mord pas. Si tu veux frapper quelqu’un, alors ne t’attaque pas à plus faible que toi. »

Plus faible que soit. Son regard aurait bien voulu dévier vers son prisonnier mais pour le moment le regard brûlant de Dmitri l'empêchait de détourner les yeux. Il la défiait presque, titillant le côté sauvage qui voulait prendre le dessus sur la raison qui peinait à refaire surfacer parmi les vagues. Tandis que Dmitri tournait la tête vers l'autre garçon, Amaïa ne pouvait détacher les yeux de son camarade, qui revint bien vite vers elle.

« Ne fais pas comme lui. Quitte à t’attirer des ennuis, je t’en prie, fait le bien. »

Elle se mordit l'intérieur de la joue. A quoi jouait-il bon sang? Elle ne cherchait pas à s'attirer des ennuis, elle voulait juste....elle voulait juste se défendre, faire entendre sa voix qui à défaut de sortir par des mots, sortait pas ses poings. Elle voulait juste qu'on la respecte, qu'on arrête de la prendre pour une malade. Elle voulait juste qu'on l'accepte. Alors pourquoi parlait-il de s'attirer des ennuis? Parce qu'elle le frappait? Comment voulait-il qu'elle s'attire des ennuis d'une bon façon? Y avait-il une certaine manière pour s'attirer des ennuis. Les phrases du jeune Tchèque à défaut de faire lâcher Amaïa avait au moins le don de la faire réfléchir à ses paroles et à concentrer son attention sur autre chose que le deuxième année. Un sourire passa sur ses lèvres. Le même sourire que quand elle s'énervait, le même sourire que quand elle avait tordu le poignet du garçon tout à l'heure. Un sourire qui même si elle n'arrivait pas à l'interpréter était loin d'être un sourire joyeux.

« Je ne supporterai pas d’apprendre que j’ai côtoyée une personne qui se bat sans panache. »

La pression remonta davantage dans sa poitrine. Le sang lui battait les tempes et elle sentit sa mâchoire se contracter. Elle ne savait pas à quoi il jouait mais cela avait le don de l'énerver.

"Dmitri"

Elle avait soufflé le prénom de son ami comme un avertissement. Une tentative pour l'empêcher d'aller plus loin. Elle qui commençait à refaire surface allait-elle de nouveau replonger suite aux provocations du petit Serdaigle dans le but de la délester de la colère qu'elle refoulait? Pourquoi la provoquait-il de cette manière alors qu'il voyait très bien ce qui était en train de se passer? Que faisait-il bon sang?

« Tu vaux mieux que ça... »

Son coeur manqua un battement. La voix du garçon s'était fait murmure. Le changement drastique de ton de son camarade eut assez d'impact sur elle pour qu'elle lâche subitement le poignet du garçon qu'elle tenait toujours en main. N'attendant pas son reste, le deuxième année gratifia les deux Serdaigle d'une dernière insulte avant de tourner les talons et de s'enfuir bien vite. Trop vite. Le souffle d'Amaïa se bloqua dans sa poitrine. La colère s'emballa dans sa tête comme si on venait de lui voler son repas. Elle tenta de tourner les talons pour rattraper le deuxième année mais c'était oublier que Dmitri lui tenait toujours la main. Assez fort pour qu'elle soit freinée dans son envie de partir. Bloquée par la poigne délicate mais ferme de son camarade, elle ne put que tourner la tête pour voir le deuxième année se réfugier dans le château, à l'abri de ce que la Tempête pourrait encore lui faire subir. Non!

La colère s'amplifia, comme un souffle rallume le brasier s'éteignant au crépuscule. La vague s'écrasa de nouveau sur elle. D'un geste brutal, elle se dégagea son poignet de la poigne de son ami. Ce contact qui l'avait rassuré, qui l'avait apaisé lui semblait être une nouvelle fois une prison. Il l'avait laissé partir! Il avait détourné son attention pour qu'elle le lâche et pour qu'il s'enfui. Mue par la colère et ne prenant plus la peine de consulter ses pensées qui la priait de se tenir tranquille, de réfléchir à ce que Dmitri avait fait pour elle, à ce qu'il avait empêché de produire, elle s'avança une nouvelle fois vers le Serdaigle, posant ses mains sur la poitrine du jeune homme elle le poussa assez fort pour que Dmitri soit au moins déséquilibré si cela ne le faisait pas reculer d'un pas ou deux.

"Pourquoi? Pourquoi t'as fait ça? A quoi ça t'avance de te mêler de mes affaires?"

Elle lui en voulait. Tout du moins la tempête lui en voulait. La tempête lui en voulait d'avoir laissé le garçon partir. La Tempête lui en voulait et voulait lui faire payer à son tour. La Tempête avait changé de proie comme si n'importe qu'elle personne présente pouvait suffire à la nourrir un peu plus à chaque phrase prononcé, à chaque regard échangé, à chaque gestes effectués. Le regard brûlant de la jeune fille ne se détachait plus du regard du jeune Serdaigle en face d'elle. Plus encore que l'envie de se venger, elle ne comprenait pas les agissements du jeune garçon, elle ne voyait pas pourquoi il était venu se mettre entre elle et le garçon, elle ne comprenait pas les raisons. N'aurait-il pas dû l'encourager vu qu'il était son ami? N'aurait-il pas dû prévenir un prof si il était son ennemi? Qu'est-ce que c'était que ce moment où il avait frappé le garçon à sa place, où il lui avait parlé dans le but de la raisonner, ce moment où il avait laissé un contact entre eux comme si im ne voulait pas la perdre dans l'océan. A quoi ça servait tout ça? Pourquoi?

"C'est quoi le but de ce que tu souhaitais faire Dmitri? Te défouler toi aussi? Pourquoi tu m'as pas simplement laissé me débrouillée toute seule? Je suis une grande fille. J'ai pas besoin d'aide. Jamais. J'en aurais jamais besoin."

Ce cri ce n'était pas simplement la colère qui parlait. C'était également un sentiment plus profond, plus enfouie. C'était Yuna qui hurlait. Yuna qui sortait de l'ombre pour se montrer. A cette petite fille à qui on avait dit que plus jamais elle ne pourrait se débrouiller seule, qu'elle devrait toujours avoir besoin des autres. C'est cette petite fille qui hurlait sa normalité, qui hurlait être comme les autres qui parlait. Ce n'était pas qu'une question de fierté, qu'une question de coup de poing volé, c'était une question de survie. En s'interposant de la sorte, elle n'avait pas compris l'aide que lui fournissait Dmitri, elle n'avait vu ça que comme une marque qu'elle n'était pas encore capable de se débrouiller seule et cela avait le don de la pousser à bout.

Le visage rouge de rage, les larmes aux yeux, elle se rapprocha une nouvelle du jeune Serdaigle la mâchoire serrée. Mécaniquement, comme si elle n'était plus elle-même elle sentit sa main se lever. Elle sentit son muscle se contracter, elle vit son poings se serrer. Mais rien. Aucune pensée ne la traversait, aucun reproche ne perçait dans le flot des vagues qui s'écrasaient dans sa boite crânienne avec un bruit assourdissant. Elle était sourde à ses propres pensées. Elle préférait les oublier. Et elle se vit. Prête à frapper celui qu'elle considérer le plus comme un ami. Le premier véritable ami qu'elle avait connu ici, qui lui l'avait fait se sentir plus elle-même, qui jamais ne se moquait d'elle, qui prenait toujours le temps pour lui expliquer ce qu'elle ne comprenait pas. Cet ami. "Vas-y, frappe-moi !" La voix de Dmitri avait percé parmi les pensées qu'elle essayait d'ignorer. Non. Non. Elle ne pouvait pas le frapper. Comment pouvait-elle frapper Dmitri? Comment avait-elle pu ne serait-ce qu'imaginer la possibilité de se défouler sur un ami? Comment avait-elle eut l'envie de lever sa main et de la balancer dans l'épaule du jeune homme dans le but de lui faire mal. Elle était un monstre. Cette stupeur fut suffisante pour que la tempête baisse quelque peu en intensité. Assez pour qu'elle retrouve le fil de ses pensées, assez pour que son regard brouillé par les larmes puissent de nouveau apercevoir les reflets bleuté du regard de son ami. Assez pour qu'elle puisse se rendre compte de ce qu'elle était en train de faire.

Ce fut en douceur que le poing d'Amaïa s'abattit contre le torse de Dmitri, ne créant non pas une blessure mais juste un contact entre les deux jeunes gens. Comme si son geste avait été stoppé. Ralenti. Comme si elle avait voulu le frapper sans y parvenir. Le poing appuyé contre son ami, elle avait les yeux baissé, les larmes lui broutaient les yeux mais elle ne voulait pas craquer. Pas maintenant. Pas alors que la tempête fouettait encore son esprit embrumé. Pas alors qu'elle était face à Dmitri.

"Je sais ce que je fais"

C'était un murmure. Plus pour elle que pour le jeune homme. Mais c'était avant tout un mensonge. Non elle ne savait pas. Et elle n'avait jamais su. Quand la Tempête prenait le dessus, elle était toujours dans cet état là. Rien. Elle ne contrôlait plus rien. Plus ses paroles, plus ses gestes, plus ses actes. Plus rien. Elle ressentait la Tempête, l'associait à la colère mais ne pouvait rien en tirer. C'était un mensonge pour cacher la vérité, cette vérité qu'elle n'arrivait pas à s'avouer à elle-même. Dans ces conditions ci elle était incontrôlable. Elle déglutit difficilement. Son coeur battait à tout rompre, son estomac se tordait d'une façon telle qu'elle aurait voulu se couper en deux pour échapper à la douleur.

"Va-t-en"

Comme une supplication cette fois-ci et non de la manière coléreuse de la dernière fois elle lui demandait de partir. De la laisser. Elle voulait être seule. Elle ne voulait pas qu'il la voit dans cet état. Non s'en était trop. Elle releva le regard vers lui et planta ses yeux noisettes brillant de larmes dans ceux de son ami.

"Jebal"

S'il te plait. C'était un des mots qu'elle lui avait appris. Qu'il comprendrait.

Soudain son regard fut attiré par quelque chose derrière l'épaule du jeune homme. Gisant sur le sol, ouvert contre la neige froide et humide, son dictionnaire. Elle dépassa le jeune homme et attrapa à la volée son dictionnaire. Le pauvre livre était en piteux état. Les pages trempées se collaient et se déchirait les unes avec les autres, l'encre de son surligneur jaune avait commencé à baver à plusieurs endroit et les définitions étaient illisible pour les pages les plus abîmés. Son coeur se serra si fortement qu'elle du reprendre sa respiration plusieurs fois pour ne pas suffoquer. La colère sourde qui tapait en elle se renforça si fort qu'elle du serrer les dents, si violemment qu'elle eut envie de hurler. Elle suffoquait. Elle releva le regard, croisa le chemin du lac qui était à quelques dizaines de mètre d'elle et l'emprunta sans en regard en arrière pour Dmitri. Elle espérait qu'il était partit. Elle ne voulait pas se donner encore plus en spectacle devant lui. Dès le moment où elle avait eut envie de le frapper, où elle avait levé la main, elle ne s'était sentit plus digne d'être son amie.

Son dictionnaire. Ce qui lui servait de journal intime autant que de journal d'informations. Son plus précieux alliés. Sauvagement mis hors état d'usage. La perspective de pouvoir lui effectuer un sortilège de réparation ne l'effleura même pas. Bien trop obnubilée par la colère qui empoisonnait ses veines elle arriva près du lac et d'un geste impulsif, les larmes coulant sur ses joues elle jeta le précieux livre dans l'eau. Elle laissa sa main retomber lentement contre elle en regardant le livre couler puis peu à peu disparaître de la surface du lac. Des larmes de colère brûlaient ses yeux et traçaient des traînées sur ses joues blanches. Il lui aurait fallu une table pour aller se cacher dessous, comme elle en avait l'habitude quand elle n'allait pas bien. Mais elle était dehors et il n'y avait pas de table. Elle donna un coup de pied dans un motte de neige et s'assit à même le sol dans la neige. Il fallait qu'elle se calme. Des larmes silencieuse dévalant toujours ses joues, elle replia ses genoux contre sa poitrine, posa ses mains sur sa tête comme si elle pouvait se cacher du monde extérieur, le regard perdu au niveau du point où elle venait de faire couler son dictionnaire.
☾ anesidora


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Dmitri D. van Aken

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La colère est une courte folie

‟ Amaïa & Dmitri „


La menace de l’arrivée d’un adulte ne semblait pas avoir d’effet sur l’aiglonne, ou du moins pas l’effet escompté. Il aurait pu s’en douter : lui-même n’accordait pas d’intérêt particulier à l’idée d’être surpris par un professeur en train d’effectuer une action condamnée par le règlement. En réalité, il l’avait déjà été et commençait presque à s’y habituer. Puisqu’il n’avait jamais connu de sanctions trop dures, il en était venu à la même conclusion que ses parents : Poudlard était bien plus laxiste que d’autres écoles, comme Durmstrang, et ce laxisme, il en profitait avec une certaine perfidie. Perfidie qu’avait d’ailleurs soulevée le choixpeau magique lors de sa répartition. Alors pourquoi il la menaçait avec ça ? Parce qu’il espérait qu’elle n’était pas comme lui, qu’elle n’ait pas son expérience des sanctions disciplinaires parfois rudes et qu’elle perçoive donc la perspective d’une retenue, d’une perte de points ou même seulement de remontrances comme une chose désagréable et mauvaise qu’il fallait éviter autant que faire se peut. Mais elle était bien plus semblable à lui qu’il ne l’avait d’abord pensé et lui avait retourné l’argument avec une justesse qui laissa un temps le garçon pantois. Comme à son habitude dans ce genre de situation, il lui répondit donc par l’absurde, soulignant qu’il se foutait bien d’être surpris par un adulte puisqu’après tout, il était coutumier du fait et que ça ne serait donc qu’une retenue de plus, qu’un temps passé avec un professeur en plus, qu’un sermon supplémentaire à ajouter à sa collection déjà bien chargée. Il savait pourtant que dans une telle situation, il risquait d’avoir le droit à deux admonestations pour le prix d’une car toutes ses actions remontaient inexorablement à son grand-oncle, que ce soit parce que ses collègues lui en parlaient ou parce que ses tableaux voyaient et entendaient tout ce qui se passait dans les couloirs. Particulièrement lorsqu’il s’agissait de son petit-neveu. Certes, son aîné se montrait assez conciliant en la matière, du moins tant qu’il restait dans les limites de l’acceptable, mais il n’était jamais agréable d’avoir le droit à l’une de ses piques moqueuses.

Comme il l’avait prédit, et à en juger l’air circonspect de la jeune fille, elle n’avait pas compris sa comparaison. Rien de bien surprenant là-dedans, il avait fait moins tiré par les cheveux sans qu’elle ne comprenne le sens de ses paroles. Ce qu’il disait n’avait aucun sens pour elle, mais y voyait-il lui-même un sens ? En lui reprochant de se mêler d’une histoire pour laquelle il n’avait aucune raison apparente de le faire, elle n’avait pas tort. L’élève de deuxième année ne l’avait ni blessé, ni frappé, ni même simplement insulté. C’était Amaïa qui en était la cible, pas lui. Alors pourquoi venait-il y fourrer son nez ? Ou en l’occurrence son poing. S’il s’amusait à voir l’aide qu’il lui avait promise pour récupérer son écharpe comme d’un preux secours, il n’était pas d’une nature particulièrement charitable ; il était rare qu’il aide les gens sans une bonne raison. Cette fois-ci, son motif était simplement le fait qu’elle soit assez proche de lui pour qu’il lui accorde son temps et sa petite expertise en chasse à l’écharpe, mais avec quelqu’un d’autre, il aurait passé son chemin sans y prêter une attention toute particulière. Mais là encore, après avoir récupéré le bout de tissu destiné à protéger le cou de sa camarade, il se sentait obligé de l’aider ; il ne pouvait pas simplement passer devant eux sans ignorer les soucis de l’anglo-coréenne. Et elle lui reprochait. Si les rares fois où il prenait du temps pour aider quelqu’un, il se retrouvait à devoir justifier ses actions, alors pourquoi s’embêtait-il ? Il aurait mieux fait d’être le garçon égoïste et désintéressé par la vie des autres qu’il avait toujours été.

Elle lui demanda une première fois de bouger, mais il n’en fit rien. Il resta résolument planté devant elle, assénant les premiers arguments qui lui venaient à l’esprit. Il espérait vainement que l’appel au calme l’atteindrait, que la crainte d’être expulsée ou détestée par ses camarades calmerait ses ardeurs. Il tentait toutes les solutions possibles et inimaginables. À mesure qu’il parlait, il lui sembla apercevoir une ombre de doute dans les yeux de son amie, une lueur qu’il le fit espérer. Il allait y parvenir ! Mais ce regard fut beaucoup trop furtif et la colère, pour sa part, demeurait bien présente dans les iris de la métisse. « Alors je fais quoi? Je le laisse m'insulter et je passe ma route en souriant comme si tout allait bien alors que je sais même pas pourquoi je souris? Je le laisse me voler mes affaires et je passe mon chemin comme si ça n'avait pas d'importance à mes yeux? Je fais quoi Dmitri si je me défends pas? Je me comporte comment? Je laisse les autres le faire à ma place? Mais si y'a pas d'autres? Y'a jamais eu d'autre avant. Même pas des adultes. Jamais. Alors pourquoi je peux pas me défendre toute seule si personne est capable de le faire à ma place? » Ce fut à son tour d’être circonspect. Pris de court par un tel flot de paroles, par ces objections trop énergiques, il resta bouche bée quelques secondes, qui lui parurent durer de longues minutes. Les joues rouges, les yeux humides et le voix forte d’Amaïa firent reculer d’un pas le garçon. Une fois de plus, elle le somma de la laisser passer. Reprenant ses esprits, il ancra fermement ses pieds au sol et bomba son torse un peu freluquet pour mieux lui barrer la route. Mais c’était sans compter l’intervention du troisième élève ; Dmitri en avait presque oublié jusqu’à son existence même tant il avait focalisé toute son attention sur sa camarade de première année.

Et lui qui s’était presque imaginé en sauveur de ces gentes dames, c’est elle qui l’avait protégé du coup de l’adversaire. Mais l’héroïne ne daignait plus lâcher le bras de son agresseur, tordant celui-ci dans un angle peu naturel et relativement douloureux. Le tchèque avait connu assez de bagarres avec ses frères pour savoir ce qu’il devait ressentir à cet instant présent : une forte piqure dans le poignet, les connexions nerveuses faisant remonter le signal douloureux le long du bras, puis de l’épaule... tout droit en direction du cerveau, qui traitait l’information et confirmait que le corps humain n’était bel et bien pas prévu pour être ainsi tordu. Mais il n’avait pas une once de pitié pour l’autre enfant. Il se foutait comme d’une guigne de lui et de ce qu’il pouvait bien ressentir. Il avait mérité bien pire. Mais ça ne devait pas venir d’Amaïa, pas comme ça. Il ne voulait pas que punir ce garnement lui cause du tort à elle.

Alors il tentait le tout pour le tout. Le contact physique, la supplication, l’ordre et la provocation. Tout mélangé, parfois alterné... ça n’avait tout bonnement pas de sens, mais il espérait qu’au moins une de ces paroles parviendrait jusqu’à elle avec assez de conviction pour la calmer, ou la faire réagir. Qu’elle le frappe si ça pouvait lui faire du bien, il s’en foutait, il s’y préparait même. Ses muscles étaient tendus, son corps prêt à accuser le coup. Il espérait juste qu’elle ne frapperait pas le nez ; il l’avait déjà cassé une fois, charmant cadeau d’anniversaire de son frère aîné, et ça n’était pas un souvenir particulièrement agréable. Mémorable tout au plus.

Son ultime tentative, la plus désespérée, fut la moquerie. Bête et puérile, vexante par certains aspects. Et pour la première fois depuis qu’il avait entamé sa litanie, la jeune fille eut une réaction verbale. Elle s’était jusque-là conteté de lui répondre des yeux ; une réponse visuelle que le garçon n’avait su totalement interpréter, un appel à cesser ses invectives. « Dmitri ». Puis ce mot, son prénom simplement murmuré comme pour le supplier d’arrêter, lui dire qu’il allait trop loin. Il jouait un jeu dangereux, vacillant entre deux attitudes parce qu’il était incapable de choisir la plus appropriée. Toujours sur sa lancée, il enfonça le clou de la moquerie. Un bref instant, il crut, une fois de plus, avoir presque remporté une première victoire ; Amaïa avait lâché le bras du deuxième année qui, non sans les insulter, avait détalé sans demander son reste. Un soupir de soulagement passa furtivement le bord de ses lèvres.

Et subitement, la tempête s’abattit sur eux. La métisse anglo-coréenne tira pour se dégager de la poigne de Dmitri qui n’avait pas cherché à la refermer avec assez de force pour l’en empêcher. Elle s’avança vers lui, le poussant de ses deux mains. Surpris, il ne lutta pas. Il n’en eut pas même le temps. Son pied recula, emportant le reste de son corps. Il ne resta debout qu’à la faveur d’un réflexe acquit par l’expérience, plaçant son second pied en arrière pour éviter la chute. Elle l’avait poussé. Exactement de la même manière que ses frères lorsqu’ils voulaient l’énerver, exactement comme le russe, quelques semaines plus tôt dans ce même parc. Est-ce qu’avec elle, comme avec les autres, il allait finir par la frapper ? Allait-il à son tour atteindre la limite entre raison et colère, vaciller au profit de cette dernière comme le faisait la demoiselle ? Il lui en fallait d’ordinaire si peu pour se laisser succomber face aux attaques de son caractère trop impétueux. Mais il devait s’accrocher, lutter contre ce petit démon qui soufflait à son oreille des idées de révolte physique. Ses poings se crispèrent et sa mâchoire se serra douloureusement. La bourrasque puissante de la tempête s’abattait désormais sur lui et il luttait contre elle autant qu’il luttait pour ne pas se laisser emporter par elle. « Pourquoi? Pourquoi t'as fait ça? A quoi ça t'avance de te mêler de mes affaires? » Il ouvrit la bouche pour lui répondre, hésitant d’interminables secondes avant de la refermer, incapable de faire face au flot de colère de son amie. Chaque mot avait l’effet d’un couteau planté dans son corps, la rage déferlait sur lui avec tant de force qu’elle l’immobilisait. Il avait à son tour envie de crier, de clamer haut et fort qu’il trouvait tout ça injuste. Il avait simplement voulu aider. Pour une fois dans sa vie, il s’était senti concerné par la peine d’une autre personne et il s’y était engouffré dans l’espoir d’aider à refermer cette plaie douloureuse. « C'est quoi le but de ce que tu souhaitais faire Dmitri? Te défouler toi aussi? Pourquoi tu m'as pas simplement laissé me débrouillée toute seule? Je suis une grande fille. J'ai pas besoin d'aide. Jamais. J'en aurais jamais besoin. » Les paroles déferlaient sur lui. Elle l’assaillait de questions auxquelles il ne pouvait pas répondre. Elle ne lui en laissait de toute manière pas le temps. « J’avais cru... » commença-t-il lorsque la serdaigle se fût finalement tu. Les mots ne vinrent pas, ils étaient bloqués dans sa gorge. Il voulait les en extraire, mais ne savait comment faire. Il ravala sa réponse avec déception.

À nouveau, elle fit un pas vers lui. À l’instar du garçon, quelques instants plus tôt, tout son corps était tendu, son poing fermé. Il le sentait, elle allait le frapper. Qu’elle le fasse. Il lui avait promis un défouloir, il lui avait proposé de le battre si ça pouvait lui faire du bien. Il était prêt à retenir son monstre intérieur pour qu’elle ait le champ libre. Elle n’avait qu’à s’en donner à cœur joie, il prendrait sur lui et accepterait les coups. Jamais auparavant il n’avait accepté une telle chose, jamais il n’avait permis ou laissé quelqu’un le frapper ou faire montre d’une quelconque forme de violence à son égard. Ou du moins, il ne l’avait jamais permis de quelqu’un d’autre que ses aïeux. Son père avait pu le frapper, mais c’était différent. Son grand-oncle avait pu le punir à coup de sortilèges. Mais c’était différent. Il le permettait parce qu’il n’avait pas le choix et parce que c’était dans l’ordre des choses. Amaïa n’était pas dans ce cadre-là, et pourtant il ne réagit pas quand il vit sa main se lever, fermé en un poing prêt à frapper. Mais lorsqu’elle s’abattit sur son torse, ce fut avec une douceur surprenante. Il resta un instant immobile, incapable d’exprimer autre chose que de la surprise. « Je sais ce que je fais. » Le murmure parvint tout juste à ses oreilles. Qui essayait-elle de convaincre ? Lui ou elle-même ? Elle avait l’air d’autant savoir ce qu’elle faisait que le tchèque, autrement dit, elle était perdue dans l’inconnu.

« Va-t-en. » Il n’y avait plus d’énergie dans la voix de l’aiglonne. La violence qui en émanait quelques minutes plus tôt avait laissée place à un timbre presque doux, une doucereuse supplique. « Jebal. » Le garçon la regarda un instant, circonspect et abattu. Il aurait préféré qu’elle le frappe vraiment, qu’elle se défoule sur lui plutôt que de se voir ainsi expulsé et à peine effleuré. Mais ces mots étaient plus durs, plus tranchants que n’importe quel coup de poing. Ils étaient plus douloureux, tellement plus douloureux qu’il en ressentait la dureté jusque dans ses muscles même. Ceux de son visage étaient tendus, crispés autour d’une émotion qu’il ne savait décrire. Parfois, il était aussi handicapé qu’elle pour définir ce qu’il ressentait. Ça n’était pas seulement de la colère ou de la frustration, c’était bien plus profond. Bien plus fort. Il était incapable de mettre des mots dessus et ça le frustrait d’autant plus. Il se sentait trompé, abandonné, rejeté.

« Très bien... » Le ton était amer, le regard énervé, la voix tremblante. Et il tourna les talons. Il prit la direction du château, retournant vers la salle commune ; il devait encore terminer le devoir de botanique, ce foutu devoir, cette foutue matière, cette foutue enseignante ! Tout lui semblait insupportable. Il marcha quelques instants, ses pas crissant dans la neige, suivant ceux bien plus précipités de l’élève de deuxième année lors de sa fuite. Les mains plongées rageusement dans ses poches, les yeux baissés, regardant où il marchait et surtout la neige, qui lui semblait morne et moche. Tout était détestable et désagréable. Puis il passa devant l’écharpe de la métisse. Il l’avait abandonné là afin de frapper l’insupportable responsable de cette dispute. Il s’arrêta à son niveau. Indécis, incapable de réfléchir sereinement, il la regardait bêtement sans savoir pourquoi il fixait ainsi ce bout de tissu. Puis il se baissa, la saisit de ses doigts frigorifiés. C’est curieux... il avait froid. Il n’avait même pas fait attention à ça jusque-là, trop accaparé par la situation pour laisser la brise s’insinuer en lui. La pression retombait, la colère était toujours là, mais le feu n’animait plus son corps de la même manière. Il avait froid et était indéniablement frustré par cette histoire. Il referma ses doigts sur le tissu aux couleurs de leur maison, épousseta machinalement la laine pour en retirer les quelques flocons de neige ; l’écharpe était humide, inutile en l’instant présent. Puis sans savoir pourquoi, sans comprendre ce qui en était à l’origine, il se retourna une nouvelle fois : Amaïa était toujours là, un peu en contrebas. Il ne pouvait pas rester là-dessus, pas encore. Il avait fauté, il en avait conscience. Une nouvelle fois, c’était sa faute s’ils se disputaient. Mais cette fois-ci, elle ne lui avait pas tendu de perche. Pas de promesse, pas de perspective. Juste de la colère et de la frustration des deux côtés.

Il rebroussa chemin, sans savoir ce qu’il comptait faire ou dire. Quelque chose en lui semblait à nouveau attiser son brasier intérieur, ranimant cette hargne qui était devenue presque silencieuse ces dernières minutes. Son corps était à nouveau bouillant et le froid n’avait plus de prise sur lui. « Amaïa ! » Il l’appela, espérant qu’elle se retournerait vers lui. Qu’en un regard, la discorde quitterait leur relation si changeante. Une relation qui était à l’image de leurs caractères respectifs : flamboyants, impulsifs. Et violents.

Il se mit à trottiner, la dépassa et planta son regard dans celui de l’asiatique. « Je suis désolé, mais il est hors de question que je parte ! Tu vas devoir me supporter encore un peu. » Son ton était ferme, il parlait d’une voix forte et décidée. Par Merlin, qu’est-ce qui lui prenait ? Il n’allait réussir qu’à la braquer une nouvelle fois, réveillant cette animosité qu’il ne supportait pas d’entendre dans la bouche de la jeune fille. « Je ne vais pas laisser ce petit vlezdobruselista être la source de notre dispute ! » Il jurait. En tchèque, mais il jurait. Il lui fallait accumuler beaucoup de rancœur et de haine pour se mettre à jurer : on ne lui avait pas appris à se montrer vulgaire, au contraire même, on lui avait toujours expliqué qu’il ne devait pas l’être, que c’était une forme d’expression primitive dont seuls les plus indigents avaient l’usage. Et pourtant, il jurait. Avec ses moqueries, cet idiot prétendait créer la discorde entre les deux serdaigles, mais Dmitri ne pouvait l’admettre. Il ne voulait pas que sa première et plus proche amie refuse de lui parler à cause d’un ignare tel que lui.

De manière toute aussi inédite, il se mit à adopter une position qu’il abhorrait : celle de celui qui devait admettre sa faute, reconnaître le mal qu’il avait pu faire. Il détestait ça, il était bien trop fier pour dire à quelqu’un qu’il regrettait même si c’était effectivement le cas. « Tu as raison, je n’aurai pas dû le frapper, comme ça, à ta place... » Il laissa la phrase en suspens, sa voix perdant en intensité. Il avait la sensation de devoir courir un marathon : Amaïa était un vif d’or qu’il pourchassait à l’aide d’un balai de piètre qualité. Et en plein orage. Elle s’éloignait de plus en plus de lui et il ne parvenait plus à en distinguer qu’un faible éclat. « À ta place, je n’aurai pas pu me retenir non plus... je l’aurai frappé et sans doute pire encore. Je sais ce que tu ressens quand tu le fais. Ça soulage, ça fait un bien fou. C’est même jouissif. » Il avait presque un sourire attendrit en parlant, comme s’il repensait à d’agréables souvenirs. Avec son allure guindé et bien beigné, il pouvait facilement paraître aux yeux d’autrui comme un enfant gentil et bien élevé, qui jamais ne se montre violent ou mesquin, mais derrière ces allures de petit ange se cachait un garçon qui avait fait de la violence son cheval de bataille et de la colère son émotion fétiche. La fureur, cette vieille amie qui le connaissait si bien, avait également été la seule qu’il avait eue pendant très longtemps. Ses frères, ses cousins et les enfants de bonne famille que l’on espérait voir Dmitri fréquenter n’avaient jamais eu de place dans son cœur. Elle oui. Mais à présent, il l’avait quelque peu poussée. Elle demeurait toujours bien présente, prenant parfois toute la place et le faisant dépasser des limites acceptables pour les autres, mais il n’avait plus qu’elle comme compagnie. La présence d’Amaïa, le flegme de Colin ou le mutisme de Kovit avaient parfois su estomper son agressivité. « Mais après, tu en paies toujours les conséquences. D’une manière ou d’une autre. » Il ne souriait désormais plus et sa voix s’était faite moins vive. Il parlait en connaissance de cause et il ne doutait plus à présent qu’elle-même en ait connues, mais lorsque la hargne avait pris le dessus, on en oubliait toute raison. La crainte des retombées se faisait alors muette. Aujourd’hui, le tchèque voulait être son porte-voix. « Tu veux le frapper ? Tu veux t’en prendre à lui ? Te venger ? Vas-y ! Tu te sentiras mieux. Et après ? » Une fois de plus, il attendit quelques secondes, fixant la jeune fille de son regard azurin. Un regard qui par sa teinte semblait froid, et il était sans doute très souvent dénué de cette douce chaleur que l’on pouvait espérer voir dans les yeux de proches. Mais il était ainsi doté d’un aspect très, trop peut-être, impassible. Son éducation tchèque, sûrement. Ou peut-être la peur de trop en dévoiler. Il agissait beaucoup par mimétisme, notamment sur son père qui, malgré toute la rancune qu’il pouvait nourrir à son égard, demeurait un phare dans sa vie ; comme tout enfant, il avait besoin de modèle et l’avait longtemps eu comme seule forme d’autorité imitable. À l’instar de son géniteur, il s’était donc toujours montré distant avec les démonstrations d’affectivités, excessivement pudique et ne connaissant qu’une seule forme de contact physique, celui qui passait par la force des poings plutôt que par la douceur des caresses. Cette carapace avait eu quelques brèches à la faveur de son amitié naissante avec la métisse. Ces fêlures, il ne savait s’il devait les contenir ou s’il devait s’y engouffrer pour les agrandir ; il n’avait pas encore pris de décision, mais en se tenant devant elle, en la regardant ainsi, il craignait de tout perdre. Il voyait peu à peu s’estomper la perspective de se façonner et de grandir. Il ne pouvait la laisser ainsi partir et lui ôter cet espoir qu’elle représentait inconsciemment. La prendre comme modèle pour apprendre la peinture vivante l’avait forcé à réfléchir sur qui elle était, à penser leur relation et leurs manières respectives d’agir ; sans le savoir, elle était devenue l’un des phares qui remplaçaient celui qu’était autrefois son père. « Après, tu t’en sentiras mal. Tu auras des ennuis avec l’école, avec les professeurs, peut-être même avec ses parents... » Il avala sa salive, déglutissant bruyamment alors que ses propres paroles prenaient sens dans son esprit. Il n’était plus totalement aux commandes, laissant son instinct et son for intérieur parler à sa place. Il ne cherchait plus à la convaincre, à la calmer ou à provoquer une colère nouvelle qui la détournerait de celle qu’elle avait contre l’autre élève. Il ne pensait même plus à ce dernier. Il était loin, il était sans intérêt. Non, à présent, il était sur un tout autre registre. Un registre qui lui était totalement inédit, celui de la confidence. « Et je n’ai pas envie que tu aies des ennuis. » À ces mots, il se força à maintenir le contact visuel, à ne pas détourner le regard à cause de la gêne. En une autre occasion, ses joues se seraient sûrement teintées d’une lueur rougeoyante, mais la tension entre eux mettait un frein aux réactions visuelles de son corps.

Comme pour conclure, et sans doute aussi pour estomper cet embarras naissant, il lui tendit son écharpe, celle qui avait été la cause de toute cette histoire. « Tiens. » Sans elle, Amaïa ne serait pas arrivée en retard en cours, aucun élève ne se serait moqué d’elle et elle n’aurait pas accumulé cette colère en elle, la déversant sur celui qui avait fait la moquerie de trop. Elle était encore froide et humide sous ses doigts, mais au moins, elle ne sautillait plus dans tous les sens. Lui qui avait pensé simplement l’aider à la récupérer, en rigolant sans doute un peu à l’occasion car tout de même, une écharpe qui fait des cabrioles c’était original, il était bien loin du compte.

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Message(#) Sujet: Re: La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa] La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa] EmptyVen 12 Mar - 18:03

Dmitri & Amaïa
☆☆ La colère est
une courte folie☆☆
Elle ne le connaissait que trop bien. Ce mugissement des vagues qui s'écrasaient contre la coque frêle de son bateau. Elle ne la connaissait que trop bien cette sensation d'être ballonnée, rejetée de tous les côtés de telle façon que le sol tanguait sous ses pieds même si elle n'était pas réellement en mer. Elle ne la connaissait que trop bien, cette impression d'être submergée, de ne plus pouvoir inspirer, de relever la tête avant d'être de nouveau engloutie sous les flots. Coupée du monde pendant quelques instants comme si l'air ne parvenait plus à atteindre ses poumons, comme si les sons ne parvenait plus à atteindre ses oreilles, comme si son regard se perdait dans le fond obscur de l'océan. Elle ne la connaissait que trop bien, cette Tempête, cette vague de colère qui resurgissait chez elle pour créer des dégâts inimaginables. Mais son camarde de Serdaigle ne la connaissait pas avant aujourd'hui et il s'y frottait contre vent et marée sans la laisser se débrouiller seule pour se dépatouiller dans la bouillie de ses émotions contradictoires et indéfinissables. Il était là. Et elle le rejetait. De toute ses forces, elle le rejetait. Physiquement, verbalement, elle ne voulait plus qu'il soit ici. Il voulait qu'il s'en aille tout comme l'autre élève était partit se réfugier au château, loin d'elle, loin de la Tempête. Cherchait-elle à se venger de Dmitri parce qu'il avait laissé fuir cet élève? Cherchait-elle à le rejeter parce qu'elle était en colère contre lui? Ou cherchait-elle simplement à lui offrir un refuge le temps que la Tempête se calme pour que d'autres horizons plus paisibles reviennent de nouveau dans le fond des prunelles de la petite métisse. Elle ne savait pas. Elle ne savait plus. Ou alors elle n'avait jamais su. Alors elle le poussait, elle criait l'injustice, elle hurlait son incompréhension la colère faisant bourdonner ses oreilles, les larmes lui brûlant les yeux.

Puis il y eut cet instant, comme en dehors du temps, où elle s'était vu lever le poing, où elle s'était sentie perdre le dernier contrôle qui lui restait. La tempête l'avait engloutit et l'entraînait vers le fond sans même lui montrer qui était ses vrais amis. Cet instant où contre toute attente elle avait franchit la ligne blanche à ne pas dépasser. Frapper un ami. Même si le geste avait été ralentit. Même si il avait été détourné. Il avait été achevé d'une façon ou d'une autre, le simple fait de le penser avait résonnait comme une ignominie au faible écho de ses pensées rationnelles. Rouge de honte. Les yeux humides de tristesse. La tête abasourdie par la colère. Le coeur partagé par l'incompréhension. La tempête avait quelque peu ralentit au moment où elle avait voulu frapper Dmitri. Son ami.

« Très bien... »

Un désagréable sentiment lui emplit la poitrine, cachant pendant quelques secondes la colère sourde qui attendait sagement derrière ses prunelles le moment où elle allait de nouveau attiser les flammes de son brasier encore chaud. Mais au lieu de sentir la chaleur de ce brasier au contraire elle grelottait. Elle avait froid. Toute son énergie s'était envolée au moment où son poing avait heurté le torse de l'aiglon. Envolée. Disparue. Comme si elle n'avait jamais existé. Comme si le souffle de colère qui l'avait habité avait soudainement cessé de souffler la laissant seule face à Dmitri, la nausée au bord des lèvres et la tête douloureuse. Elle ouvrit de nouveau la bouche avant que son regard ne croise la route de son dictionnaire tant aimé à présent abandonné par terre. Son dictionnaire. La pointe qui lui heurta la poitrine lui fit relever la tête en alerte. Dmitri passa au second plan de ses pensées et sans même un regard en arrière vers le jeune homme c'est elle qui avait tourné les talons emportant avec elle les dernières traces de rage que les larmes effaceront quand elle sera seule plus tard.

Et à présent elle l'était. Seule. Attribut. Qui se retrouve sans compagnie, séparés des autres. Assise par terre, à même la neige, le regard perdu, rivé sur les eaux du lac qui avait emporté le précieux ouvrage qu'elle avait sauvagement jeté dans un geste impulsif et irréfléchi. Irréfléchi. Adjectif. Qui agit ou se fait sans réflexion. La tempête bien que moins forte hantait toujours ses prunelles attendant le moment opportun pour souffler de nouveau en elle des idées de vengeances et de révoltes. Vengeance. Nom féminin. Dédommagement moral de l'offensé par punition de l'offenseur. Son dictionnaire était aux abonnés absents tout comme un autre qu'elle préférait oublier. Instinctivement et de manière brutale elle se retourna comme si son attention était attirée par quelque chose ou plutôt aurait dû être attiré par quelqu'un si elle ne l'avait pas repoussé. Repousser. Verbe. Faire reculer loin de soit. L'image de Dmitri avait disparut de sa portée. Parfait. Il était enfin partit. Que n'avait-elle pas compris quand elle lui avait demandé de le faire plus tôt? La chaleur revint peu à peu dans ses mains, ses sourcils se froncèrent. La colère reprenait ses droits alors qu'elle ne cessait de grogner des paroles incompressibles à destination de celui qui n'aurait pas du les recevoir. Mais que pouvait-elle faire d'autres à part rejeter la faute sur quelqu'un? Pourquoi était-il là? Pourquoi avait-il frappé? Pourquoi ne l'avait-il pas laissé? Il l'avait vu ainsi et s'en était insupportable. Insupportable. Adjectif. Qu'on ne peut supporter, endurer. Plus que l'idée qu'il est tapé l'enfant, la honte de s'être fait voir par l'aiglon dans cet état était un gouffre profond dans lequel elle s'enfonçait. Honte. Nom féminin. Sentiment pénible d'infériorité ou d'humiliation devant autrui. Elle avait faillit le taper. Cette pensée l'empêcha d'avaler sa salive. Elle secoua la tête. Il était partit. C'était pour le mieux. Elle n'avait pas besoin de lui. Besoin. Nom masculin. Exigence pour l'être humain ou l'animal provenant de la nature ou de la vie sociale. Elle était mieux sans lui. Son coeur tanguait sous ces mots non prononcés. Elle avait un goût amer dans la bouche. Une désagréable sensation lui pressait la poitrine. Elle était mieux...sans lui. Tiraillée par une nouvelle émotion qu'elle ne parvenait à définir puisqu'elle se mélangeait allègrement avec les symptômes de la rage, elle ne se rendait même plus compte qu'elle récitait les définitions des mots sans aucune raison. Son coeur battait la chamade. Elle aurait voulu crier mais elle n'avait plus de voix. Elle aurait voulu bondir mais elle n'en avait plus la force. Elle aurait voulu frapper mais elle n'avait plus de cible. Elle aurait voulu pleurer mais elle n'avait même pas de larmes. Non. Juste cette désagréable sensation qu'il lui manquait quelque chose, qu'elle avait perdue quelque chose. Son regard se reporta sur le lac. Elle se releva d'un bond en marchant un peu plus près vers celui-ci. Elle l'avait perdue. Jeté. Elle l'avait abandonné. Mais qu'avait-elle fait? Parlait-elle seulement de son dictionnaire sinon de son ami? Tentait-elle de faire passer un sentiment de culpabilité et de tristesse pour un sentiment de panique et d'incompréhension? Essayait-elle en se focalisant sur son livre, d'oublier qu'elle avait blessé quelqu'un. Et pas n'importe qui. Non. Elle aurait pu demander au deuxième année d'aller en enfer et à la place elle avait rejeter toute la faute sur le seul qui avait toujours été là alors qu'elle lui clamait haut et fort quelque seconde plus tôt que jamais elle n'avait eut personne. Jamais. A part aujourd'hui. Personne n'avait prit sa défense, jamais on ne l'avait aidé à récupérer ses affaires, on ne l'avait jamais fait vraiment sourire, on ne l'avait jamais comprise lorsqu'elle était dans cet état et surtout on l'avait toujours laissé seule. C'est pour ça qu'elle se défendait. Parce qu'elle n'avait pas le choix. Mais alors qu'elle hurlait l'injustice d'être laissé seule à son sort elle n'avait pas remarqué que l'aiglon au contraire était venu. Pour elle. Pour l'aider. Comme personne ne l'avait fait avant. La colère l'avait rendu aveugle, l'avait rendu sourde, l'avait rendue idiote au point qu'elle en oublie quelqu'un qui lui était cher. Parce que Dmitri n'était pas personne. Il était un ami. Sans doute un des seuls qu'elle n'ait jamais eut.

« Amaïa ! »

Lorsque la voix de son camarade de classe résonna au fond de sa boite crânienne elle se crispa inexorablement faisant ralentir son pas. Son coeur se serra. Il était là. Alors qu'il ne le devrait plus. Alors qu'il devrait être loin. Alors qu'elle le lui avait demandé. Alors qu'elle avait failli le frapper. Il devrait être loin. Non. Elle ne voulait pas de lui. Elle ne voulait pas qu'il la retrouve et plonge de nouveau ses yeux bleutés dans les siens. Non, elle ne pourrait supporter ce regard. Elle ne savait pas pourquoi, elle voulait fuir. Elle ignora l'appel, continua son chemin mais fut obligée de s'arrêter lorsqu'il lui barra de nouveau la route.

« Je suis désolé, mais il est hors de question que je parte ! Tu vas devoir me supporter encore un peu. »

Même si le sentiment inconnu qui lui emplissait la poitrine comme si elle était en train de se noyer, dépassait la colère sourde qui se cachait encore derrière ses yeux, elle ne put que se sentir agacée par la présence du jeune homme à ses côtés qu'elle avait décidé de fuir. Comment ça "Hors de question". Bien sûr que si il allait partir. Elle fronça les sourcils et tenta en vain d'esquiver le jeune homme sans jamais le regarder dans les yeux. La transition entre colère et l'inconnu lui était encore plus délicate qu'à l'accoutumée si bien qu'au lieu de se laisser englober par la froideur de l'inconnu qui la ferait grelotter à nouveau elle préférait l'embrassade chaude de la colère qui jouait dans ses veines. Elle finit par soupirer de frustration lorsqu'elle dû se résoudre à ne pas pouvoir passer sans que Dmitri l'en empêche. Elle releva des yeux coléreux vers lui et croisa les bras sur sa poitrine en un geste défensif.

"Qu'est-ce que tu n'as pas compris dans "Va-t-en"? Tu veux que je te le dise en Tchèque? Et si je n'avais pas envie de tolérer ta présence? Laisse moi seule."

Elle se mordit la lèvre dès la fin de sa tirade. Elle était méchante. Gratuitement. Cela ne lui ressemblait pas. Et elle récitait son dictionnaire également comme si son absence allait lui faire oublier toutes les connaissances qu'elle avait accumulée. La Tempête gagnait du terrain tandis qu'elle essayait de calmer le rythme de son coeur qui s'était emballé. Mais s'emballait-il pour la raison qu'elle croyait? N'était-ce pas au contraire de la colère, une culpabilité profonde qu'elle trainait comme un boulet? Elle essaya de passer une nouvelle fois sans succès. La pression continua de monter dans la tête de la petite Serdaigle qui vira une nouvelle fois au rouge.

"Je n'ai pas envie que tu me vois!"

C'était sortit tout seul. Etrange mélange de colère et de sincérité. Elle ne s'était même pas rendu compte de la nuance de ses propos. Ce n'était pas qu'elle ne voulait pas le voir. C'est qu'elle ne voulait plus qu'il la voit. Pas dans cet état. Pas après cet après-midi. Pas après ce qu'il s'était passé. Elle ne méritait plus qu'il la voit. Alors qu'il la laisse seule, comme elle l'avait toujours été. Pourquoi s'accrochait-il de la sorte? Qu'est-ce qu'il fabriquait?

« Je ne vais pas laisser ce petit vlezdobruselista être la source de notre dispute ! »

Elle arrêta de vouloir forcer le passage. Instinctivement elle verrouilla son regard à celui de son camarade de classe. Elle n'avait pas compris ce qu'il avait dit au milieu de la phrase mais ce n'était pas le plus important. C'était la fin de cette phrase qui maintenant tournait en boucle dans l'esprit de la jeune fille. Une dispute. Nom féminin. Echange violent de parole entre personnes qui s'opposent. Une dispute. Qu'elle nourrissait par la colère. Une dispute qui n'aurait pas dû avoir lieu. Que Dmitri essayait d'empêcher. En restant avec elle. Tout comme elle l'avait fait la première fois en lui proposant de se rejoindre après les cours. Cette fois-ci c'était lui qui faisait le premier pas. Un pas que jamais elle n'aurait fait, un pas que jamais elle n'aurait eut le courage de faire. Il le faisait. Ce fut bientôt un silence radio qui emplit les pensées de la jeune fille. La tempête s'était couchée aussi vite qu'elle s'était réveillée laissant la jeune demoiselle perdue, trempée et grelottante au milieu de la neige, le regard fixé sur son camarade de classe, un noeud dans la gorge impossible à défaire.

« Tu as raison, je n’aurai pas dû le frapper, comme ça, à ta place... »

Le ton de son ami était différent de celui qu'ils avaient employé jusqu'à présent. Doucement, à demi-murmuré. Ce ton effrayait davantage la jeune fille. Elle ne savait pas ce qu'était. La colère était tellement plus simple à comprendre. Pourquoi soudainement était-il d'accord avec elle? Qu'est-ce qui avait changé depuis tout à l'heure? Son coeur s'emballa. Pour une fois elle voulut retrouver les chemins connus de la colère qui ne l'effrayait plus pas comme ce sentiment qui grandissait au fur et à mesure dans sa poitrine plus elle restait avec Dmitri.

« À ta place, je n’aurai pas pu me retenir non plus... je l’aurai frappé et sans doute pire encore. Je sais ce que tu ressens quand tu le fais. Ça soulage, ça fait un bien fou. C’est même jouissif. »

Il souriait. Tout comme elle avait sourit un peu plus tôt en faisant du mal à quelqu'un. Il savait. Il comprenait. Il ressentait la même chose. Le pouvait-il? Elle se surprit à espérer que cela soit faux. Et pourtant plus elle regardait Dmitri plus la perspective du mensonge semblait disparaître de ses pensées, il ne ressemblait pas à un menteur. Il n'avait pas les caractéristiques d'un menteur. Lui aussi avait frappé ce garçon. Lui aussi avait sourit à la vue de la douleur de façon moqueur. Même aveuglée par la colère elle n'en restait pas moins observatrice. Lui aussi avait décidé de frapper alors qu'il aurait très bien parler. La vérité.

"Tu...tu mens..."

Il ne le pouvait pas. Personne n'avait jamais compris, comment le pouvait-il lui? Comment pouvait-il se retrouver en face d'elle et lui dire le contraire de ce qu'elle lui avait annoncé la dernière fois qu'ils s'étaient disputé? Que jamais il ne pourrait comprendre. Comment le pourrait-il? Elle savait parfaitement que le jeune aiglon ne mentait pas et pourtant l'admettre la mettait mal à l'aise. Admettre qu'il disait la vérité reviendrait à son sens à ce qu'il puisse la comprendre. Restée dans l'idée que personne ne pourrait jamais la comprendre, cela l'angoissait plus que cela ne lui faisait plaisir. Perdue dans l'inconnue elle fronça les sourcils, secoua la tête et l'abaissa comme pour s'affranchir d'un regard qui semblait lire en elle comme dans un livre ouvert. Qui semblait lire sa colère, qui semblait la connaître. Elle désirait s'affranchir de ce regard qui, elle le sentait, pouvait faire taire la colère pour au contraire apporter un nouveau ressenti qui n'en était pas. Ce regard bleu, froid, tout comme elle en ce moment. Elle tremblait. Ou était-elle d'ailleurs cette colère? Cette tempête qui grondait dans ses veines? Pourquoi ne venait-elle pas la réchauffer de nouveau? Pourquoi s'était-elle calmé au son de la voix et des paroles insensé de son camarade. Comment son coeur pouvait-il entendre des paroles comme ça?

« Mais après, tu en paies toujours les conséquences. D’une manière ou d’une autre. »

Les conséquences. Son regard se perdit dans la neige. Elle revoyait les talons de ces soit disant ami qui se tournait loin d'elle. Elle revoyait les remontrances. Elle revoyait les regards durs d'Ahn. Elle revoyait les larmes de maman. Elle entendait de nouveau les exclamations de Tonton. Elle imaginait de nouveau les souvenirs et les paroles de son psy. Et surtout elle la ressentait de nouveau. Cette solitude. Coup après coup, pointe après pointe, les paroles de Dmitri résonnaient en elle avec plus de force que n'importe qu'elle autre parole. Pourquoi y accordait-elle autant d'importance? Pourquoi ses paroles à lui alors que toutes les autres paroles lui importait peu d'habitude. Elle qui se détournait de ce que les autres pensaient de son comportement lorsqu'elle était en colère, elle qui, seule, la solitude pouvait calmer. Qui était-il pour venir ici et la faire tanguer dans un bateau déjà bien trop fragile. Elle avait la gorge sèche. Son regard fut de nouveau happé par celui de son camarade sans qu'elle puisse s'en détacher.

« Tu veux le frapper ? Tu veux t’en prendre à lui ? Te venger ? Vas-y ! Tu te sentiras mieux. Et après ? »

Et après? Elle ne savait pas. Elle ne pouvait pas imaginer. Après? Qu'importe après ce disait-elle l'important était le moment présent. Mais dans la bouche de Dmitri, ce "après" semblait plus désagréable encore que de ne pas pouvoir se venger. Elle ouvrit la bouche. La referma ne sachant quoi dire. Les bras ballant elle attendait une réponse qui ne viendrait jamais. Après? Elle ne savait pas. Elle ne savait plus. Et si il avait raison? Et si il ne se trompait pas? Et si il la comprenait vraiment et qu'il savait vraiment?

« Après, tu t’en sentiras mal. Tu auras des ennuis avec l’école, avec les professeurs, peut-être même avec ses parents... »

Son coeur se serra au fur et à mesure que les paroles du jeune Serdaigle commencèrent à faire leur chemin doucement vers ses pensées tumultueuses. Et si elle s'en fichait éperdument quelques seconde plutôt, la perspective alléchante d'être punie lui semblait être un lointain souvenir. Elle tenta de résister à la voix de la raison que Dmitri poussait vers elle à grand pas pour lui faire reprendre conscience de ses actes. Elle tenta de se forger de nouveau une coque assez dure, assez forte pour supporter le poids de ce qu'elle avait fait sans penser à ce qu'elle aurait pu faire sans être ballotté par la Tempête. Elle essaya de se construire un rempart contre les doucereuses attaques de son ami sensées lui refaire reprendre raison. Inconfortable dans cette situation, elle dansa d'un pied sur l'autre se mordant la lèvre pour ne pas laisser s'échapper des larmes traitresses qui aurait traduit son trouble. Elle ne voulait pas lâcher, elle ne voulait pas tomber dans l'inconnu. Si elle tombait dans l'inconnu, quel serait cette fois-ci sa bouée? Si à chaque fois qu'elle lâchait prise elle avait besoin d'une bouée pour se rattraper, ou pourrait-elle la trouver, si elle n'était même pas capable de pouvoir se résonner toute seule?

« Et je n’ai pas envie que tu aies des ennuis. »

Cela acheva de couper la corde qui retenait encore Amaïa à la colère qui brouillait ses pensées. Elle tombait, elle aurait dû le sentir et pourtant ce n'était pas cette sensation qui prédominait sur les autres en ce moment présent. Au même rythme que son regard ne pouvait quitter celui de Dmitri elle sentait son coeur pousser une puissante protestation et pourtant elle était retenu par quelque chose qui l'empêchait de se noyer dans l'inconnu. Quelque chose. Ou plutôt quelqu'un. Comme si au moment de couper la corde de la colère il l'avait rattrapé pour ne pas qu'elle tombe. Comme si au bord du précipice elle avait trébuché mais n'était pas tombé. Comme si elle survolait ce ravin sans pour autant y tomber retenue par une main qu'on lui tendait et qu'elle avait sans cesse repoussé. La main d'un ami. Une larme silencieuse roula le long de sa joue. Elle n'était pas seule. Pour le moins...pas tout de suite. Dmitri était resté, contre vents et marées, il s'était battu contre la tempête, il avait failli en subir le prix et pourtant il était toujours là en face d'elle à lui tendre la main simplement en laissant leur regard se confronter.

Mécaniquement elle prit l'écharpe qu'il lui tendit. Lorsque le morceau de laine humide toucha ses doigts elle comprit. Son écharpe. Elle avait donné rendez-vous au jeune garçon dans le but de calmer la récalcitrante mais au lieu de la rejoindre elle s'était laissé avoir par l'idiot qui avait dit la bêtise de trop. Elle avait alors plongé dans la Tempête de bon coeur espérant dégager de son coeur la colère accumulée depuis trop longtemps. Elle était en train de se noyer quand on l'avait repêché avec force et brutalité sans aucun doute, mais on l'avait repêché. Quelqu'un qui se souciait assez d'elle pour venir mettre un coup de poing à l'abruti qui l'avait insulté. Quelqu'un qui se souciait assez d'elle pour l'aider à récupérer une écharpe capricieuse. Quelqu'un qui ne l'avait pas attendu pour lui venir en aide. Quelqu'un qui n'était pas resté les bras croisé alors qu'elle était en train de taper quelqu'un. Quelqu'un qui au contraire de l'arrêter par les remontrances l'avait récupéré avec douceur pour lui faire comprendre ce qu'elle faisait. Ce quelqu'un, cette bouée qu'on lui avait lancé, cette main qu'on lui avait tendu, c'était celle de Dmitri. Et elle l'avait repoussé, elle lui avait crié dessus. Parce que c'était plus simple de nourrir la colère plutôt que de la faire taire. Elle lui avait sommé de s'en aller alors qu'il était resté de son plein gré. Elle lui en avait voulu au lieu que ce soit le contraire. Et alors que les autres avait tourné les talons quand elle leur avait demandé ou non de la laisser, lui avait rebroussé chemin et était revenu.

Idiote. Elle détourna brutalement le regard fixant à la place son écharpe retrouvée qui était dans ses mains à présent. Tout ça pour une écharpe. Elle s'était laissée embarquée dans la colère à cause d'une écharpe. Elle avait insulté, elle avait crié, elle avait frappé, elle avait blessé juste pour un bout de laine au couleur de sa maison. Pourquoi n'arrivait-elle pas à se contrôler mieux que ça? Elle avait laissé la colère l'emporter au point de vouloir frapper quelqu'un qui était resté malgré tout ce qu'elle avait fait, malgré tout ce qu'elle avait dit. Comment pouvait-elle le regarder dans les yeux maintenant alors que l'envie de le frapper avait été si forte qu'elle avait levé la main. Comment pouvait-elle le regarder alors qu'il se tenait à présent devant elle, ne la laissant pas? Comment pouvait-elle le regarder de nouveau alors qu'elle avait été méchante avec lui? Et lui comment pouvait-il être encore là? Pourquoi était-il encore là? N'avait-il pas compris qu'il ne fallait mieux pas se heurter à la Tempête?

"Tu...n'aurais pas dû..."

Elle ne put terminer sa phrase tant sa cage thoracique était comprimé par un sentiment désagréable. Elle avait honte de son comportement. Elle se sentait coupable. Elle était perdue comme quittant un champs de bataille. Elle était triste de ce qu'elle avait fait. Elle se sentait bête, elle se sentait mal, pas pour le deuxième année. Non, lui l'avait mérité. Pour Dmitri. Car lui n'avait rien demandé et c'était prit les revers de la tempête impétueuse. Car il était resté avec elle sans avoir peur de son comportement, sans l'assaillir de reproche. Sans lui dire qu'elle le dégoutait, sans lui dire qu'elle était un monstre. Car il avait été cette bouée, cette main qu'elle avait longtemps attendu et qui n'était jamais venu et maintenant un autre sentiment pressant lui tordait l'estomac. Combien de temps resterait-il ainsi? Combien de temps avant de se rendre compte que l'instabilité de la petite métisse allait lui porter préjudice? Combien de temps avant qu'il ne se donne plus la peine de l'aider? Plus de temps que ses anciens "ami", moins de temps? Quand la laisserait-il de nouveau? Elle qui le sommait de la laisser tranquille avait à présent peur qu'il ne s'en aille sans se retourner cette fois. Et si elle avait tout fait de travers comme à chaque fois? Elle n'osait plus respirer. Plus bouger. Plus le regarder. Elle avait peur de ce qu'elle pourrait découvrir dans les yeux du jeune Serdaigle, elle avait peur de ce qu'elle pourrait lui confier en le regardant de nouveau. Ce regard qui lui avait permit de se raccrocher à quelque chose, ce regard qui avait calmé la tempête, qui la faisait sourire, qui lui expliquait les phrases que personne ne prenait le temps de lui expliquer. Ce sourire qui la rassurait quand on faisait une blague qu'elle ne comprenait pas, ce sourire qu'elle retrouvait en cours et en dehors, qui lui donnait envie de sourire aussi sans se forcer. Cette main qu'il lui avait tendu, qui partageait la même passion qu'elle et qui nourrissait leur conversation. Avait-elle tout perdu en laissant son navire couler dans des eaux plus profondes. Pourquoi se souciait-elle de lui alors qu'elle aurait pu se plaindre encore de son dictionnaire perdu dans les eaux profondes? Pourquoi ne parvenait-elle pas relever les yeux vers lui. La peur. Oui. Parce que comme les autres il pourrait décider de s'en aller et elle se retrouverait de nouveau seule. Comme elle l'avait toujours été.

"Quand...quand est-ce que tu comptes...partir? Je veux dire...me...me laisser...seule. "

Elle déglutit difficilement son regard résolument planté dans la neige comme si regarder le sol pouvait l'aider à rester sur Terre, comme si regarder le sol aller changer la réponse de son ami. Cette fois elle ne lui demandait pas quand est-ce qu'il allait partir pour la laisser enfin seule comme elle le lui avait demandé depuis plusieurs minutes déjà, elle lui demandait quand est-ce qu'il comptait tourner les talons pour ne jamais revenir comme il l'avait fait aujourd'hui. Le changement de comportement de Dmitri avait modifié le comportement de la petite fille qui agissant par mimétisme avait puisé dans le calme du jeune garçon pour se calmer elle aussi. Elle avait toujours besoin d'une main tendue pour se rattraper, pour copier, pour se rassurer. Elle avait toujours besoin d"un contact pour se sentir entourée, elle avait toujours besoin d'un regard pour être sûr de ne pas faire de bêtises. Lorsque ce n'était pas Maman ou Tonton, c'était Ahn, lorsque son frère ne pouvait pas être là pour elle c'était Kovit. Sa dépendance aux autres étaient un poids qu'elle devait supporter et dont elle était consciente. S'était sa faiblesse. Et lorsque Kovit n'était pas là? Elle perdait pied et ne remontait pas à la surface avant de longue heure d'errance dans l'inconnu. Mais pas aujourd'hui.

"Tu as récupéré mon écharpe. Tu es venu. Je t'ai demandé de partir. Tu es revenu. Je t'ai crié dessus, je...j'ai été méchante. Je t'ai crié dessus de nouveau. Je t'ai...j'ai faillis te...je voulais pas...j'ai...Je suis désolée. Désolée. Vraiment désolée. Pardon...Excuse moi...Je ne voulais pas...je suis désolée. Pardon..."

Elle répétait en boucle les mêmes excuses, les mêmes phrases comme pour se raccrocher à quelque chose, comme une colle temporaire qui pourrait coller les fragments de leur amitié plusieurs fois malmené et jusqu'à aujourd'hui toujours en vie. Comme un vase que l'on pouvait casser indéfiniment mais qui se réparait jusqu'au jour où les morceaux trop fragmentés ne pourraient plus se recoller. Leur amitié était-elle destinée à finir comme ce vase cassé en mille et un morceau car une de leurs émotions sera trop forte pour la contenir? De combien de vase auront-ils besoin pour ne jamais être séparé par leurs émotions incontrôlables et leurs désaccords. De combien de main tendue disposera-t-elle encore avant de voir les talons du jeune homme se détourner d'elle comme tant d'autres l'on fait? Peut-être devrait-il partir avant qu'elle ne lui fasse plus de mal que ce qu'elle avait déjà fait. Et pourtant cette perspective accéléra les battements de son coeur d'une façon inconfortable.

"Pourquoi a-t-il fallu que tu arrives au mauvais moment, au mauvais endroit..."

Ce n'était pas un reproche. Juste une simple constatation. Une triste et décevante constatation.

☾ anesidora
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Dmitri D. van Aken

Dmitri D. van Aken



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Message(#) Sujet: Re: La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa] La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa] EmptyJeu 18 Mar - 12:12

La colère est une courte folie

‟ Amaïa & Dmitri „


Partir. Tourner les talons et la laisser seule se débrouiller avec ses tourments. La laisser affronter cette tempête qui vivait en elle et qui vivait parfois, trop souvent, en Dmitri également. Il l’avait fait. Il s’était détourné d’elle et avait pris le chemin du château, comme elle lui avait demandé. Une chaleureuse salle commune l’accueillerait, des devoirs l’y attendaient. Il n’était pas en avance ; lui, le garçon qui se présentait dans beaucoup de cours avec nonchalance et un apparent désintérêt, mais qui dans le secret de son dortoir travaillait assidument ses cours. Il avait beaucoup mieux à faire que de s’occuper d’une camarade qui insistait pour qu’il parte. Il avait voulu l’aider et se voyait reprocher son intervention. Tant pis pour elle. Il ruminait sans cesse ces idées, marchant avec une énergie lente, sorte de fougue intérieure qui lui donnait envie de dépenser son énergie par un pas vif ou des coups de poings, mais qui, paradoxalement, paralysait son corps. Il avait à peine fait quelques pas, là où dans le même temps, à l’allé, il avait progressé d’une allure plus empressée. Mais pourquoi marchait-il ? Vers où marchait-il ? Ses devoirs n’étaient pas si importants qu’il doive s’y atteler sur l’heure. Il avait bien plus pressant et bien plus utile à faire. Il était en colère, fâché contre la jeune métisse anglo-coréenne qui l’avait ainsi rejeté. Mais cette vexation n’était rien comparée, elle était futile. Comme en réponse à ses questions, la forme d’une écharpe aux couleurs de sa maison s’était distinguée dans la neige. Il la reconnaissait pour l’avoir laissée tomber lui-même sur le sol un peu plus tôt. Amaïa. Voulait-il vraiment la laisser derrière lui, alors qu’il savait pertinemment que dans ces moments-là, lorsque l’on avait l’illusion qu’il valait mieux être seul, la présence de quelqu’un se révélait toujours importante ? Rarement il avait eu l’occasion d’avoir quelqu’un pour l’épauler lorsqu’il était dans cette situation. Plus rares encore étaient les fois où il avait eu l’occasion d’être l’épaule sur laquelle une autre personne pouvait s’appuyer. Rarement ou jamais. Un élan de culpabilité l’attaqua soudainement, comme une pointe acérée qu’un être invisible s’amusait à remuer dans son cœur.

Il fit demi-tour, retournant voir l’aiglonne. Son amie, sa première amie. Elle s’était assise à proximité du lac, plus loin de l’endroit où il l’avait laissée. Se relevait-elle parce qu’elle l’entendait arriver, voulant fuir sa présence ? Elle s’éloignait de lui, marchant dans la direction opposée, mais qu’importe. Il pressa le pas et alla se planter devant elle, imposant sa présence à une personne qui clamait n’en pas vouloir. Tant pis, il était là, elle devrait faire avec. Têtu qu’il était, à présent qu’il avait pris sa décision, il ne comptait plus revenir en arrière. Au sens littéral comme au figuré d’ailleurs. Il l’avait déjà bien trop fait aujourd’hui pour pouvoir recommencer. Elle voulut le contourner. Non. Il semblait lui crier des yeux que peu importe ce qu’elle ferait, il comptait bien rester résolument planté devant elle. Il lui imposait sa présence et la souligna d’une remarque décidée, soulevant chez elle une violente protestation verbale. « Qu'est-ce que tu n'as pas compris dans "Va-t-en"? Tu veux que je te le dise en Tchèque? Et si je n'avais pas envie de tolérer ta présence? Laisse moi seule. » Elle pouvait bien lui dire en Tchèque, en Coréen, en Anglais ou dans n’importe quelle autre langue, ça n’y changerait rien. Il ne comptait pas bouger d’un poil : il restera là et elle devra tolérer sa présence. « Je n'ai pas envie que tu me vois! » Trop tard, c’était fait. Il la voyait. Justement, parce qu’il la voyait, il n’allait pas partir. Parce que ses yeux lui criaient de demeurer auprès d’elle, il ne l’abandonnera pas. Et il lui fit comprendre, à sa manière, clamant ses vérités qu’elle ne voulait pas voir, avouant son propre tempérament impétueux. La tornade qui sévissait dans le cœur de la coréenne sévissait également dans celui du tchèque. Au fond, ils étaient les mêmes. Deux aspects différents d’une même bourrasque. Son sourire témoignait de son état d’esprit, cette forme de complicité dans la violence, il savait qu’elle en comprenait la teneur. Il ne l’avait pas découvert en l’apercevant se disputer avec l’élève de deuxième année, il le savait depuis plus longtemps. Depuis le bal de Noël, peut-être même avant. S’ils étaient si complices, ça ne pouvait qu’être le fait d’une forme de compréhension mutuelle. En parler, dire à voix haute la vérité, expliquer qu’il comprenait mieux que quiconque... tout ceci était difficile. Avouer le monstre qui vivait également en lui n’était pas chose aisé, mais c’était le seul et dernier moyen qui lui restait pour résonner la jeune fille. « Tu...tu mens... » Non, il ne mentait pas. Il savait ce qu’elle ressentait mieux que quiconque, il comprenait cette rage indicible, si belle et pourtant si terrifiante. Oh, il aimerait tellement pouvoir lui donner raison, confirmer qu’au fond, il n’avait jamais connu pareille colère. Mais il ne pouvait le faire sans aller à l’encontre de la réalité et sans se trahir. « Non. » Un seul mot, prononcé avec fermeté. Il n’y avait pas besoin de plus. Il était même superflu. Il sentait dans la voix de son amie une fébrilité nouvelle, comme si elle cherchait à se convaincre de la chose. Pourquoi s’évertuait-elle à rejeter son aide ? Elle ne cessait de lui dire de partir et de déclarer qu’il ne pouvait la comprendre. Elle pouvait toujours tenter de se débarrasser de lui, le jeune van Aken était un garçon borné, parfois à l’excès.

Mais malgré son attitude et l’air qu’il essayait de se conférer, il n’était pas si sûr de lui. Il était même en proie à de nombreux doutes, ne sachant pas si son obstination à rester devant elle était une bonne chose ou si, au contraire, il était en train de tout détruire en eux. Cette idée l’effleura, plus douloureuse que s’il avait réellement reçu son poing quelques minutes plus tôt. Il ne voulait pas se brouiller avec elle. À sa place, il aurait sûrement voulu être seul également, fuir le regard de l’autre et se défouler sans qu’on ne puisse l’en empêcher. Il savait pourtant, en la voyant, que cette réaction n’était pas la bonne. Pour lui comme pour elle. Et aujourd’hui, il s’agissait bien d’elle dont il était question. De sa colère, de ses désirs de solitude qui ne devaient pas être assouvis. Petit à petit, subrepticement, Amaïa changeait. Pourtant, il ne le vit pas tout de suite, priant intérieurement pour que son obstination parvienne à raisonner, d’une manière ou d’une autre, la jeune fille. Son obstination et sa franchise. Il lui avait, d’une certaine manière, ouvert son cœur. Il n’était pas plus habitué à faire ce genre de genre qu’elle était à l’aise avec les émotions. L’on n’entrait d’ordinaire pas trop dans l’affect chez les van Aken, que ce soit avec les autres membres de la famille ou, a fortiori, avec des étrangers. Ces choses-là passaient d’ailleurs au second plan derrière l’intérêt général. Le bien commun, celui des sang-purs bien entendu, devait passer avant tout le reste. Voilà pourquoi il n’était pas poussé à s’ouvrir aux autres : c’était dévoiler une faiblesse qu’il valait mieux garder pour soit car elle risquait de nuire à tous. Mais une fois de plus, il était allé à l’encontre de l’éducation parentale. De plus en plus, il se révélait prendre une grande autonomie vis-à-vis de ce que ses parents lui avaient inculqués et Amaïa, sans le savoir, avait fait sauter bien des verrous chez lui. D’autres avaient pris la place, certains placés là par son propre grand-oncle, insidieusement et avec plus de finesse que n’avait su le faire son géniteur, d’autres par celle qui avait ôté les premiers.

Il lui tendit l’écharpe qu’il avait ramassé. Il s’était attendu à ce qu’elle l’ignore, qu’elle tente une fois de plus de le contourner et de partir. Mais elle ne tentait plus de mettre de la distance entre eux, elle s’était immobilisée et tenait à présent le bout de tissu récalcitrant dans ses mains. Le point de départ de tout, la raison de se présence ici. Il avait perdu le contact visuel, la coréenne ayant baissé ses yeux en amande sur l’écharpe humide. Elle fuyait ses iris alors que lui cherchait désespérément à lire quelque chose dans son regard, une lueur qui lui indiquerait qu’il était en train de remporter la bataille qu’il menait contre la tempête qui habitait la jeune fille. Un simple indice suffirait à l’encourager. Mais elle l’avait privé du moindre indicateur. « Tu...n'aurais pas dû... » Son propre cœur se serra un instant, prêt à essuyer une nouvelle charge de colère, un nouvel assaut au cours duquel elle l’exhortait à la laisser seule. Mais cette fois-ci, il ne comptait pas partir. Il avait failli le faire une fois, il avait manqué de laisser la simplicité prendre le dessus. Il aurait pu abandonner, la laisser seule face à ses contradictions. Habituellement, c’est ce qu’il aurait fait. Il n’avait jamais été une personne si attentionnée, presque altruiste. Mais il n’avait jamais eu d’amis. Seulement des frères et sœurs avec qui il se disputait et se battait trop souvent, des cousins qui l’exécraient et quelques vagues connaissances, tout au plus. Elle était sa première amie. Il lui devait bien ça.

Mais alors, qu’est-ce qu’il n’aurait pas dû faire ? Revenir vers elle ? Lui apporter son écharpe ? Ou l’abandonner la première fois. Il voulait savoir, lui demander, mais sa voix était tout aussi bloquée dans sa cage thoracique que l’était celle de son amie. Ce silence était pesant, trop dur mais paradoxalement bien plus parlant que n’importe quel mot. Peu à peu, les mots qu’elle ne parvenait à lui dire semblait pourtant parvenir jusqu’à son oreille. Il comprenait mieux. Et enfin, les mots vinrent. Pas aussi limpide qu’il aurait pu l’espérer, mais ils étaient toutefois présents. « Quand...quand est-ce que tu comptes...partir? Je veux dire...me...me laisser...seule. » Le garçon fronça un instant les sourcils, cherchant à comprendre le sous texte que cachait sa question. Il n’était pas toujours simple de suivre, alors que quelques minutes auparavant, elle s’évertuait à l’éviter et à lui reprocher sa présence. Mais il ne lui semblait pas qu’elle veuille toujours qu’il parte, comme c’était alors le cas. Au contraire, elle semblait lui demander, en filigrane, de demeurer présent auprès d’elle. Pas seulement en cet instant, mais de manière bien plus globale. « Je ne te laisserai pas seule. » La promesse était faite. La réponse était arrivée en un murmure, mais aucun doute ne dénotait dans sa voix. Il était sûr de lui, plus que jamais décidé. Il s’enchaînait à elle par un engagement. Malgré tout, il ne savait pas à quoi il s’engageait et il n’en avait cure. Il savait, sans pouvoir réellement dire comment il en était arrivé à une telle conclusion, que c’était ce qu’il fallait faire. Son instinct prenait à nouveau le dessus, comme lorsqu’il avait frappé le garçon. « Tu as récupéré mon écharpe. Tu es venu. Je t'ai demandé de partir. Tu es revenu. Je t'ai crié dessus, je...j'ai été méchante. Je t'ai crié dessus de nouveau. Je t'ai...j'ai faillis te...je voulais pas...j'ai...Je suis désolée. Désolée. Vraiment désolée. Pardon...Excuse moi...Je ne voulais pas...je suis désolée. Pardon... » L’hésitation, la voix tremblante, les mêmes paroles répétées inlassablement... il se laissa emporter par la valse d’excuses, de reproches qu’elle se faisait. Il restait quelques instants incapables de dire quoi que ce soit, incapable d’agir ou de parler. Il se sentait pris en otage, mais ça n’était pas sa promesse qui insinuait en lui ce sentiment. « Arrête. » Son ton était sec, implacable. Il n’en pouvait plus de ses excuses et de ses balbutiements désolés. Il ne voulait pas l’entendre se flageller ainsi, il ne supportait pas l’entendre s’accuser de chose qu’il avait en partie déclenchées. « S’il te plait. » Nulle forme d’énervement dans sa voix, il ne s’agissait de rien d’autre que d’une douce supplique. « Ne t’excuse pas... tu n’en as pas besoin. » Il ne disait pas ça pour lui faire plaisir, ou pour la mettre plus à ses aises, mais il le pensait réellement. Il ne voulait pas de ses excuses, elles étaient inutiles. En réalité, il n’était même pas sûr de comprendre l’enchevêtrement d’évènements, ce flot de paroles qui ressassait les dernières minutes... rien de ceci n’avait de sens pour lui. « Ce n’est pas toi. Ce n’est pas de ta faute. » Son intonation passait d’un registre à l’autre. Tantôt sec et ferme, tantôt hésitant et suppliant. Il était à présent aussi désarmé que l’était sa camarade, implorant presque qu’elle cesse de mettre sur ses épaules des erreurs qui n’étaient pas les siennes, ou qui étaient due à cette colère qu’ils savaient tous deux incontrôlables. Du moins, elle l’était pour lui. Il avait toujours été faible face à elle et il se complaisait dans cette faiblesse, aimant cette illusion de simplicité qui l’accompagnait.

« Pourquoi a-t-il fallu que tu arrives au mauvais moment, au mauvais endroit... » Le garçon déglutit, d’abord incapable de répondre. Aurait-il mieux fallu qu’il n’arrive pas alors qu’elle s’apprêtait à frapper l’autre élève ? Rêvait-elle réellement qu’il ne soit jamais arrivé ? Tout aurait été sûrement plus simple. Jusque-là, il pouvait prétendre partager une bonne camaraderie avec Amaïa, sans que ça ne l’implique plus en profondeur. Même s’il avait senti, lors du bal de Noël, que la jeune fille partageait avec lui bien plus que quelques passions communes, ça n’était alors qu’une vague intuition. À présent, il devait assumer une chose qu’il ne connaissait pas : celle d’une amitié plus forte qu’une quelconque complicité. Il lui devait à présent une plus grande fidélité ; ça n’était pas celle qu’il avait, malgré toutes ses oppositions, à l’égard de sa famille, mais elle existait tout de même. Il lui avait fait une promesse, il ne pouvait aller à l’encontre. Dmitri pouvait être violent, égoïste et provocateur mais il demeurait fidèle à certaines personnes, dans certaines circonstances. Et par-dessus tout, il demeurait fidèle à sa parole. La métisse anglo-coréenne venait d’entrer dans le cercle très fermé des individus auprès de qui il avait le sentiment de devoir quelque chose. Finalement, alors qu’un discret rictus amusé passa sur ses lèvres, il corrigea les propos de l’aiglonne : « Au bon moment, au bon endroit. » Malgré la situation, il ne perdait pas ce sens de l’humour un peu particulier, qui versait souvent dans la provocation, mais qui pour l’heure ne frôlait que la taquinerie. Ça n’était pas qu’une tentative désespérée de reprendre les choses en main, mais également un désir de la contredire : non, il n’était pas arrivé au mauvais moment. Sa présence n’était pas une mauvaise chose. Il ne voulait pas qu’elle perçoive les choses ainsi, tout comme il se répétait ces propres mots dans son esprit, tel un mantra.

La moindre trace d’humour le quitta néanmoins bien rapidement, le sérieux de la situation était trop important pour qu’il parvienne à les en extraire. « Je te l’avais promis. » Sa voix était un murmure, une confidence qu’il lui faisait. Puisqu’ils étaient seuls, c’était inutile de chuchoter, mais il avait parlé ainsi assez machinalement, comme si le fait de murmurer rendait la déclaration plus intime, plus réelle. Il marqua une pause, avant de reprendre : « Avec Kovit, on te l’avait promis, tu te souviens ? » Un sourire plus innocent passa sur son visage, plissant légèrement ses yeux dans les coins. « Durant le bal de Noël. » Il était étrange d’évoquer à nouveau la soirée de l’empoisonnement du ministre. Il n’en avait plus parlé depuis leur échange de courrier avec Amaïa, durant les vacances. S’il n’y avait eu son grand-oncle parmi les personnes empoisonnées, il n’aurait sûrement pas gardé d’autre souvenir que la colère paniquée de sa camarade. Le ministre et les autres membres du jury, il s’en foutait comme d’une guigne. Les voir tomber l’avait choqué, tout au plus, mais sa préoccupation demeurait alors sur l’anglo-coréenne jusqu’à ce qu’il réalise qu’Alexander était également au plus mal.

Il tenta de se remémorer l’exactitude des propos que le serpentard et lui avaient eu. Ça n’était pas chose aisée ; la cohue que la tentative d’assassinat avait soulevée rendait les évènements flous dans son esprit. Il savait en revanche que le thaïlandais et lui avaient promis qu’ils seraient toujours présents pour elle lorsqu’elle en aurait besoin. La promesse, il l’avait en réalité faite depuis bien longtemps. « Tu es mon amie, tu n’as pas à te cacher de moi. » Quelque part, il la suppliait de confirmer ces propos, de ne pas le rejeter maintenant, alors qu’il s’ouvrait à elle et lui tendait métaphoriquement la main. Il voulait plus que tout que ses paroles soient vraies, que ce ne soient pas que des mots. Son cœur se serra d’anxiété alors qu’il cherchait à nouveau le contact visuel avec elle. Il en avait besoin. « Et dégage, en tchèque, c’est odejít. » Il eut un faible sourire, la suppliant intérieurement de ne pas lui répéter ce mot. Il en avait un autre en tête qu'il aimerait l'entendre prononcer. « Mais je préfèrerai que tu me demandes de rester. Zůstaňte. »

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Message(#) Sujet: Re: La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa] La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa] EmptyVen 19 Mar - 21:14

Dmitri & Amaïa
☆☆ La colère est
une courte folie☆☆
Parfois c'était comme si elle coulait, comme si elle avait abandonné, cessée de se débattre avec la Tempête. Lorsque celle-ci avait gagné, laissé entrer de l'eau dans ses poumons, la submergeait par les vagues sans qu'elle est le temps de respirer elle finissait par arrêter de se débattre. Et elle se voyait, couler paisiblement dans le fond de l'océan comme si rien de plus paisible ne pouvait arriver. Elle voyait son corps porté par les eau s'enfoncer doucement vers le fond noir abyssale, la main tendue vers la surface en direction d'une attache qu'elle n'avait plus. La toile de la peinture de son coeur était noire. Aussi sombre que le ciel lorsque le soleil se cachait et que la lune était assombrie par les nuages. Aussi sombre que le fond du lac où dormait de paisibles créatures pourtant prêtes à vous dévorer. Aussi noire que les nuages lors d'une Tempête. Une Tempête. Maintenant sans pluie, sans éclair, sans grondement sonore assourdissant. Non, juste vide. Des nuages noires partout qui se gonflaient de plus en plus à telle point que cela l'empêchait de respirer tellement ils prenaient de la place dans ses poumons. Et alors que les nuages cotonneux devrait la faire flotter à la surface de son navire détruit par l'eau salé, au contraire il la faisait couler le plus belle. Plus aucune bulle d'oxygène n'alimentait ses poumons brûlants et désorientés. Plus aucun son à part le strident bruit des acouphènes au fur et à mesure qu'elle s'enfonçait ne lui parvenait. Plus aucune lumière ne traversait son regard à présent embué par l'eau de la mer et piqué par la salinité de celle-ci. Perdue. Désorientée.

Mais alors que d'habitude cette noirceur l'envahissait à telle point qu'elle avait l'impression d'être déconnectée du monde réel comme dans un autre espace temps s'écoulant différemment, au ralenti, elle avait été brusquement aveuglée par un flash. Une lumière. Elle avait fermé les yeux sous la lumière se demandant qui était en train de perturber sa tranquille descente morbide. Elle avait remué essayant d'échapper à l'intensité que cette source lumineuse essayait de mettre de nouveau dans ses yeux pour qu'elle voit de nouveau. Puis soudain elle avait été happée. Comme si brusquement une main gigantesque avait plongé dans l'eau pour attraper la sienne afin de remonter à la surface. Elle avait senti cette imperceptible main tendue d'un geste doux, presque protecteur comme une étreinte mais au delà de ce faible contact elle avait surtout ressentie l'horrible sensation de la remonter. Lorsque la main l'avait traîné d'une force inhumaine hors des hauts profonde que sa tête avait refait surface elle avait clairement entendu le bruit dans ses oreilles comme un clac agacé et douloureux, elle avait senti ses poumons se ré-ouvrir pour prendre de l'air eux qui étaient vides provoquant une violente brûlure qu'elle ne parvenait à assouvir malgré la quantité d'oxygène qu'elle ingurgitait. Elle avait détourné les yeux de ce flash aveuglant, de cette main tendue, de cette étoile dans la nuit, de cette bouée qui était venue à son secours alors qu'elle n'en voulait pas. Elle n'en voulait plus à présent qu'elle était dans la tranquillité des profondeurs. Elle avait senti tout cela. Au moment où il l'avait rejoint. Où il ne l'avait pas laissé tombé. Où il était revenu sur ses pas. Elle l'avait senti, avait préféré l'oublier en lui demandant de s'en aller une fois encore car elle avait dû mal à croire qu'elle avait pu refaire surface. Ce n'était pas possible. Elle ne refaisait jamais surface et pourtant si, elle respirait de nouveau en toisant le regard azurin de Dmitri comme si il avait été le point d'ancrage que son moi intérieur avait tenté de saisir en élevant la main dans les eaux alors qu'elle était entraînée par le fond. Comme si une voix intérieure avait ramené le garçon prêt d'elle pour ne pas la laisser couler alors que la solitude la pressait de la retrouver. Il était revenu, l'avait sorti de l'eau laissant la solitude seule dans les coraux. A présent il était face à elle alors qu'elle ne pensait plus, qu'elle ne voulait plus, tout du moins c'est que c'elle en pensait ou plutôt elle se complaisait à penser que c'était lui qui ne voulait plus et que par conséquent elle ne devrait plus le vouloir non plus.

Elle ne comprenait pas. Où était cette ancre qui toujours avait veillé à ce qu'elle ne puisse pas remonter à la surface pour respirer? Ou était-elle alors qu'elle en avait besoin? Ou était le Déluge qui devait frapper après la tempête si elle était de nouveau sur les flots avec une planche en guise de bateau de fortune, mais belle et bien sur les vagues. Comment l'avait-il coupé? Comment avait-il réussis à venir à son encontre. Elle ne voulait pas de son aide, elle ne voulait pas remonter, elle n'avait pas besoin de lui pour remonter. Le Déluge la laissait toujours partir à la fin après qu'elle se soit noyée alors comment avait-il pu interrompre ses flots indomptables ou plutôt qu'elle n'avait jamais su dompter seule. Sa gorge s'était serrée, elle avait tenté une nouvelle fois de le repousser. Etre méchante, être violente cela n'avait pas suffit pour que Dmitri la laisse tranquille, que lui fallait-il de plus? Elle n'allait pas le pousser dans le lac pour avoir la paix. Puis il avait commencé à parler, à murmurer d'un ton apaisant qu'il comprenait. Alors qu'il ne pouvait pas, que c'était impossible et pourtant ça l'été. Alors elle lui avait dit qu'il mentait. Parce que c'était plus simple, parce que personne ne pouvait comprendre, ne l'avait jamais compris. Qui ressentait la force de la tempête et le désir assoiffée de la solitude? Personne. A part elle.

« Non. »

A part lui. Son coeur remonta en un violent sursaut dans sa poitrine. Même si elle le savait, qu'elle l'avait lu dans son regard l'entendre le dire était tout autre. D'un ton déterminé il lui annonçait qu'il comprenait mieux que quiconque ce qu'elle ressentait. Impossible. Elle tentait de reculer. De prendre la fuite mais c'était impossible également. Les prunelles du jeune garçon était tout comme l'ancre impossible à soutenir, elle ne pouvait détourner le regard de celui du jeune Serdaigle qui cherchait le sien. Son souffle se bloqua dans sa poitrine, elle secoua la tête négativement encore une fois. Elle ne voulait pas le croire car cela brisait les barrière qu'elle s'était construite, cela brisait le code qu'elle avait toujours tenu, qu'elle avait toujours pensée, cela brisait sa solitude, cela brisait la coquille de verre dans laquelle elle était protégée et elle ne voulait pas. Elle ne pouvait pas. Il avait peu à peu fracturé cette coquille dans laquelle elle s'était enfermée, le crissement du verre désagréable en était le témoin. Il fendait le verre peu à peu en lui montrant les conséquences de ses actes, en lui avouant ne pas vouloir qu'elle est d'ennuis, en lui rendant l'écharpe pour laquelle elle lui avait demandé de l'aide. Alors malgré ça elle suivait le schéma mécanique qu'elle avait construit. Une connaissance. Une dispute. Une entrevue de ce qu'elle était réellement. La question du temps. Le départ. Et pourtant...

« Je ne te laisserai pas seule. »

Le verre éclata. Comme si on avait frappé son sommet. Le verre éclata dans un bruit sourd, un million de paillettes tombaient alors devant ses yeux tandis que son regard vint se sceller une nouvelle fois dans le bleu des yeux de Dmitri. C'était plus que lui dire qu'il ne la laisserait pas tranquille, cela sonnait comme quelque chose de solennel. Une promesse. Etait-il en train de lui dire qu'il ne la laisserait pas? Qu'au contraire des autres qui voyant sa véritable personnalité refaire surface avait préférer tourner les talons. Partir. Comme il l'avait fait quelques minutes auparavant mais ne jamais revenir. Non. Préférant se moquer d'elle de loin, de la provoquer pour qu'elle perde une nouvelle fois le contrôle, de lui voler ses affaires dont son dictionnaire, de lui dire qu'elle était bizarre, qu'elle ne serait jamais comme eux, qu'elle était trop différente pour être leur amie qu'il ne voulait pas d'elle comme elle était. Etait-il en train de dire que malgré ce qu'il avait vu, malgré ce qu'elle avait fait, il était prêt à rester et resterai, qu'il ne lui tournerait pas le dos, que la solitude ne pourrait plus venir poser son ancre sur son corps frêle afin qu'elle coule dans le fond de l'océan. Sa gorge la serrait. Si fort qu'il lui était impossible de produire le moindre mot, le moindre son. Ses yeux la brulaient de larmes qui rêvaient de s'écouler pour panser les blessures faites par la coque brisée de sa coquille fragile. Il l'avait réduite à néant, la poussant à aller vers lui, à ne plus rester seule. Que pouvait-elle faire? Que devait-elle faire? Alors sentant une tension insoutenable persister dans chacun de ses muscles, sentant ses cordes vocales se crisper à ne pas pouvoir parler, elle avait craqué, avait lâché les derniers fragments s'excusant à mainte reprise à la fois pour réduire le silence à néant mais également pour se raccrocher à quelque chose.

« Arrête. »

Le changement de ton de son camarade avait un effet chez elle de gifles. Elle arrêta presque instantanément de s'excuser. Les yeux brouillés de larmes elle détournait la vue, ne voulait plus croiser le bleu clair des yeux de son ami. Parce qu'elle sentait ses joues rougirent, parce qu'elle sentait son coeur battre trop vite, parce qu'elle avait honte, elle était honteuse de son comportement envers lui et il était là à lui tendre la main alors qu'il devrait la rejeter. Elle ne souhaitait plus le voir, elle ne voulait plus être encrée, elle ne le méritait pas. Elle ne méritait pas cette main qu'il tentait, cette lumière qu'il faisait pleuvoir dans ses yeux, elle ne méritait pas que Dmitri devienne la bouée à la laquelle elle pouvait se raccrocher.

« Ne t’excuse pas... tu n’en as pas besoin. Ce n’est pas toi. Ce n’est pas de ta faute."

Le ton changeant de son camarade ne l'aidait pas à se concentrer sur une seule émotion à la fois. Perdue dans le mélange complexe qu'était en train de réaliser le jeune homme à ses côtés elle encaissait les coups comme si ces douces phrases étaient en fait des épines qu'on lui enfonçait dans la peau peu à peu. Pourquoi la défendit-il alors que c'était de sa faute? Alors qu'elle avait tout cherché, alors qu'elle avait perdue pied. Comment pouvait-il la défendre? Ou trouvait-il ses arguments? Elle refusait de voir qu'il la défendait parce qu'au fond ils étaient les mêmes. Les deux bourrasques d'une même tempête, les deux flammes du même brasier. Brasier basée sur la violence, le manque de contrôle, la difficulté émotionnelle. Ils étaient les mêmes ce qui leur permettait de se comprendre mieux que n'importe qui. Même Kovit, son cousin avec qui elle n'avait presque pas de secrets, ce cousin au courant de ses pire faiblesses, de ses plus grands combats, son cousin qui l'aidait sans relâche et qui était là, même lui ne pouvait la comprendre à ce point. Si Kovit était la glace, froide et brûlante, elle le feu brûlant et dévastateur. Mais Dmitri était de ce même feu alors il la comprenait. Et si elle n'arrivait pas à se le dire encore, elle finirait peut-être par le faire un jour. N'avait-elle pas assez confiance en le jeune garçon ou était-ce simplement sa conscience préprogrammé pour réfléchir ainsi qui refusait qu'une nouvelle variable entre en jeu. Permettrait-elle à cette variable de faire son entrée ou la repousserait-elle encore? Elle pinça les lèvres évitant toujours soigneusement le regard du jeune homme.

"Bien sûr que si c'est de ma faute. Je n'aurais pas dû réagir de cette manière, j'aurais dû passer mon chemin, ne pas répondre à ses provocations mais j'ai..."

Perdue le contrôle. Elle détourna encore plus la tête. Elle ne voulait pas l'admettre. C'était trop dur. Trop demander. Elle cherchait de l'air dans ses poumons, elle cherchait de l'aide dans son esprit mais l'un et l'autre semblait aussi vide que lorsqu'elle s'enfonçait dans l'eau quelques instants plus tôt.

"Je dois des excuses à quelqu'un. A toi. Lui je m'en fiche il n'a eu que ce qu'il méritait. Mais je te dois des excuses. Parce que...j'ai eu envie, j'ai eu envie de te frapper quand tu me la demandais, quand tu m'as retenu la seconde fois, j'ai eu envie de le faire parce que tu étais là que tu m'avais empêché de me laisser m'exprimer, j'en ai eu envie à telle point que j'ai commencé mon geste. Si je l'avais fini...si je t'avais frappé..."

Son coeur battait bien trop vite, bien trop fort. Les mots se bloquaient dans sa gorge comme si quelque chose les empêchait de passer. Etait-ce la solitude qui revenu du fond des eaux tentait encore de la noyer, de la séparer de la bouée qui la faisait flotter. Les joues rouges, les yeux larmoyants elle releva une demi seconde les yeux vers le jeune garçon.

"Je ne me le serai pas pardonné"

La sentence tomba comme un bong sonore dans son coeur,dans son ventre, dans sa tête. Elle sentait ses muscles se contracter, sa mâchoire se serrait. Elle luttait contre cette force qui la forçait à se restreindre sur elle même à ne pas sortir de sa sphère brisée, elle restait sagement dans le cercle délimitant le cercueil de son enclos autrefois de verre. Et il voulait se reconstruire elle le sentait, mais la force que Dmitri mettait à la raisonner combattait dans une autre partie de sa tête. C'était douloureux, tellement douloureux qu'elle voulait tout lâcher. Eteindre son esprit le temps de quelques secondes. S'évanouir. Sa dernière phrase retentit comme une doucereuse supplique. Pourquoi avait-il fallu qu'il arrive ici et maintenant? Qu'il la voit dans cet état? Pourquoi avait-il fallu qu'il revienne? Qu'il ne la laisse pas en proie avec ses démons? Pourquoi? Il y avait trop de questions sans réponses. Le silence tomba entre eux. Il aurait pu être doux mais il était brutal. La confrontation de deux forts caractères qui essayaient de s'apprivoiser, de s'adapter l'un à l'autres, qui se rendait compte que leur compatibilité pouvait les rendre incompatibles si l'un des deux lâchait prise. C'était ça ce sentiment. Avoir l'impression de ne pouvoir être soit même que lorsque l'autre était là. C'était ça ce qu'elle ressentait. Avoir le sentiment de pouvoir être elle même avec Dmitri tant que celui-ci était enjoué et rieurs mais dès qu'il se braquait, dès qu'elle se braquait leur communication était close. Fermée par des émotions qui les dépassaient. Mais lorsqu'ils étaient ensemble, lorsque l'un rattrapait l'autre, lorsqu'ils étaient ce point d'attache qu'ils n'avaient jamais eu alors ils se comprenaient, alors ils revenaient. C'était peut-être ce qui l'avait poussé à se tourner la dernière fois pour lui proposer de la rejoindre pour lui montrer ses dessins. Elle aurait pu tourner les talons et partir de la Grande Salle, elle l'avait déjà fait, cela ne l'aurait pas gênée. Mais plus encore que la désagréable sensation d'être humiliée par le fait d'avoir redoublée elle avait ce petit truc en plus, ce fil qui les reliait se tendre quand elle était partie comme pour la prévenir, l'avertir alors elle s'était retournée car cela lui avait paru plus désagréable de perdre Dmitri. Et aujourd'hui, lorsqu'elle lui avait demandé si il comptait partir, elle s'était attendu à ce que son coeur se fractionne à ce qu'elle explose, que le Déluge vienne enfin la cueillir mais non parce qu'il était resté. Il était resté.

« Au bon moment, au bon endroit. »

Encore une fois, bataillant avec des sentiments contradictoire elle secoua la tête négativement sans pour autant avoir beaucoup d'entrain. Puis soudainement les murmures revinrent doucement se glisser à son oreille. Elle ne releva pas les yeux mais elle écouta. Dmitri qui lui demandait de se souvenir. Le bal de Noël. Cet instant où entendant le mot "bombe" elle avait revécu l'explosion de la voiture. Ce moment où elle avait commencé à perdre pied avant que Kovit ne la rejoigen pour la rassurer. Déjà à cette époque Dmitri était venu, poser sa main sur son épaule pour appuyer les propos de son cousin qui lui disait qu'ils seraient toujours là pour elle, pour la protéger. Elle déglutit difficilement, la tête résolument baissée refusant que le jeune garçon aperçoive les larmes qui menaçaient de dégringoler. Jamais on ne lui avait dit ça, jamais on ne lui avait dit qu'on la protégerait, qu'on serait là pour elle, qu'on ne la laisserait pas. Qui était donc, ce, ces garçons pour venir mettre son esprit en pagaille et briser ses dernières barrières?

« Tu es mon amie, tu n’as pas à te cacher de moi. »

Elle ne se rendit compte qu'elle s'était mise à pleurer silencieusement que lorsque les larmes avait commencé à goutter sur ses chaussures pleines de neige. Des larmes chaudes et douce qui venait caresser son visage froid. Des larmes qui annonçait cette fois ci non pas le début du Déluge mais la douceur de la pluie. Une pluie qui n'était pas une pluie de tristesse, une pluie qui était une pluie d'un mélange d'émotions non identifiables à ses yeux. Elle pleuvait. Oui. Sans arriver à stopper les larmes, sans arriver à les extirper plus rapidement. Elle couler à un rythme léger et silencieux comme pour ne pas rompre ce moment de confidence que le jeune homme s'évertuait d'installer depuis tout à l'heure. La confidence. Il avait dit qu'elle était son amie. On ne lui avait jamais dis qu'elle était l'amie de quelqu'un, jamais à voix haute mais même si le début de la phrase du jeune Tchèque l'avait ébranlée c'était la fin qui avait fait couler les larmes. Elle n'avait pas à se cacher. Elle pouvait se montrer telle qu'elle était à lui. Et parce qu'elle était son amie, il l'accepterait, pour ce qu'elle était. Plus que le couteau plantée en pleine poitrine, elle avait l'impression que quelque chose en elle se déchirait, quelque chose que l'on ouvrait de force. Quelque chose que l'on découvrait et qu'elle cachait depuis longtemps, ce qu'elle était. Elle n'était plus fidèle à elle-même depuis longtemps. Parce qu'on ne l'acceptait pas comme elle était, mais Dmitri...Dmitri arrivait en lui assurant rester près d'elle, ne pas la laisser seule en lui soulignant qu'elle était son amie en martelant qu'elle n'avait pas à se cacher de lui. Les yeux toujours fixés au sol elle tentait d'arrêter les larmes espérant qu'ils ne les avaient pas vu.

Le jeune garçon continua de parler d'une voix douce et chaleureuse, lui apprenant comment lui dire à la fois de s'en aller et de rester. Lui donnait-il le choix? Sur la balance de ses émotions laquelle fera pencher la bascule d'un côté ou de l'autre? Elle entendait ce qu'il disait pourtant elle ne réagit pas, ne releva pas le regard afin que leurs yeux se croisent, elle restait résolument les yeux fixés dans la neige. Parce qu'elle réfléchissait. A la légitimité de son amitié avec le garçon basé sur des non dits. Lui qui lui disait qu'elle n'avait pas à se cacher, lui qui lui disait qu'il était là, serait-il toujours là lorsqu'ils découvrirait le pot aux roses? Lorsqu'il verrait de quoi il était vraiment question, resterait-il encore ou rompra-t-il sa promesse? Pourra-t-elle lui en vouloir si c'était le cas? Mais plus que la désagréable sensation qu'elle allait peut-être perdre cette amitié à un moment un autre pointe venait lui élancer le coeur. Avait-elle le droit de ne pas lui dire? Avait-elle le droit de tout cacher, de s'inventer une fille qui n'était pas elle pour qu'il l'accepte? N'avait)il déjà pas vu derrière son masque les premières fêlures de ce qui se révélait être sa vraie personnalité? Avait-elle le droit de le laisser se confier sans même esquisser le moindre geste, sans même remonter les yeux pour croiser son regard comme si elle s'en voulait comme si elle avait quelque chose à cacher. Avait-elle le droit de lui laisser dire de ne jamais se cacher avec elle alors qu'il ne connaissait normalement qu'Amaïa, cette double figure qu'elle s'était construite de toute pièce en arrivant ici dans le but de se trouver des amis. Elle s'en était trouvé un ami. Un vrai ami. Pas ceux avec qui elle devait faire semblant non. Un ami qui la faisait autant rire que pleurer, un ami qui l'aider autant qu'il lui disait de se dévoiler. Un ami qui partait mais finalement restait et qui lui laissait le choix de partir ou de rester. Elle était fébrile, ses mains tremblaient. Les larmes avaient cessés de couler et ses épaules se détendirent doucement. Elle passa une main sur ses yeux pour chasser les traces des traîtresses qui avaient provoquer la pluie à la place du Déluge, parce que Dmitri était là, qu'il l'avait encrée avec elle un peu dans son espace temps à lui pour la sauver du désastre momentanée de son monde à elle. Alors en avait-elle le droit?

"Je m'appelle Yuna."

Il eut un silence. Un silence long et délicat, posée comme la neige qui tombaient sur le sol lors des journées d'hiver. Elle avait relevé les yeux vers Dmitri, avait planté son regard bruns dans le sien. Et avait attendu. Attendu que le silence tombe entre eux, comme si un en regard ils pouvaient tout se dire, ils pouvaient se comprendre. Comme si un regard suffisait, qu'elle n'avait plus besoin de mots, que les mots trop compliquées pour elle pouvait passer en un regard. Mais pendant ce laps de temps presque en dehors de tout elle finit par se rendre compte que c'était elle qui l'avait provoqué. Ces propres paroles reviennent en écho dans sa tête quelques secondes après les avoir prononcés. Qu'avait-elle fait? Sa bouche s'entrouvrit légèrement, elle cligna des yeux quelques fois comme si elle venait de se réveiller d'un mauvais rêve. Son regard résolument planté dans l'ancre bleu des yeux du jeune Serdaigle ne pouvait se détacher alors qu'au contraire elle voulait fuir. Elle sentit sa jambe hésiter à reculer d'un pas sans pour autant le faire. Sa tête la tournait, elle chercha ses mots mais prise dans le jeu des yeux du jeune homme elle ne parvenait à sortir le moindre son, à faire le moindre geste. Que voyait-il dans son regard? Qu'arrivait-il à voir dans le mélange fugace qui passait d'une prunelle à une autre. Que voyait-il pour ne pas détourner le regard, pour la laisser se détacher tranquillement? Lorsqu'elle parvint enfin à s'arracher du regard de Dmitri regarda de nouveau la neige et son pied dessina un cercle dans la neige. La confession qu'elle venait de lui faire dépassait l'entendement. Elle qui depuis le début protégeait son premier prénom comme si sa vie en dépendait, comme si l'énoncer suffisait à étaler sa vie venait de le lui révéler. Elle paniquait. Ses mains se serrèrent l'une contre l'autre. Sa raison lui dictait de fuir, son instinct la poussait vers lui. Dans cette bataille sans merci au sein de son esprit ce fut finalement son instinct qui remporta la partie.

"Mon vrai prénom je veux dire. C'est Yuna. Amaïa...Amaïa est mon deuxième prénom. Je préfère Amaïa."

Elle continuait. Elle s'enfonçait dans une pente glissante dont elle n'était pas sûre de pouvoir remonter mais elle s'y était engagée, elle ne pouvait plus faire machine arrière. Par ailleurs son esprit ne le lui permettait plus. Elle était passé en mode automatique, en mode survie, en mode panique, elle parlait sans plus réfléchir à ce qu'elle était en train de dire, perdue dans le rythme désordonné de son coeur et de son souffle alerte.

"Mais lorsque je suis arrivée ici j'ai dis à tout le monde que je m'appelais Amaïa. C'était plus simple. Moins compliqué. Parce qu'Amaïa est moins compliquée. Parce que j'ai fait en sorte d'être moins compliquée. C'était plus simple de recommencer quelque chose, de pas avoir un prénom qui m'enchaînait à quelqu'un que je n'aime pas. Que je n'aime plus. Alors je me suis dis...c'est idiot, que Amaïa serait différente. Moi mais pas tout à fait, en mieux, sans le désagréable Amaïa, c'était plus simple."

Tout était désordonné un fardeau qu'elle traînait déjà depuis un an dont le seul au courant était Kovit. Même son frère ne savait pas qu'entre ces murs elle se faisait appeler différent de quand elle était à la maison. Personne à part Kovit.

"Mais celle que tu as vu aujourd'hui c'était vraiment moi...c'était Yuna et je voulais pas...j'ai pas réussis à cacher que j'arrivai pas...je voulais simplement..."

Ses phrases commençaient à ne plus avoir aucun sens. Parce qu'elle paniquait, parce qu'elle le sentait partir, elle le sentait tourner les talons parce qu'elle lui avait menti. C'était peut-être quelque chose de futile pour lui, s'en était tout autre pour la jeune fille et même si elle ne comptait pas lui expliquer les différences profondes entre Yuna et Amaïa elle s'était sentie le devoir de le lui dire, de le laisser rentrer un peu dans son monde tout comme il avait laissé ouvert le sien pour qu'elle vienne s'y réfugier, de lui avouer, de se confier à lui tout comme il s'était confier à elle pour lui prouver qu'elle l'écoutait, qu'elle voulait qu'il reste. Elle en avait besoin. Qu'il reste. Elle le ressentait dans ses poumons qui demandaient de l'oxygène. Dans son coeur qui battait à un ryhtme désordonné, elle le sentait dans son souffle court, dans son regard qui souhaitait s'encrer dans le sien même si elle était pour l'instant incapable de relever les yeux vers lui. Elle avait eut tord de penser qu'elle n'avait besoin de personne, qu'elle allait se dérouiller seule comme elle l'avait toujours fait, elle avait eut tord de le penser. Elle le réalisait maintenant, seulement maintenant parce qu'avant elle ne voulait pas s'attacher au gens de peur qu'ils s'en aillent, elle ne voulait pas créer de liens de peur qu'ils se fracturent de sa faute. Mais en affirmant rester ici, en affirmant qu'il était son ami, Dmitri avait détruit la sphère de verre qu'elle s'était efforcée de construire pour la maintenir à distance des autres. Elle avait besoin d'un ami. Le regard toujours baissée elle attrapa doucement la manche du manteau de son camarade de classe. Créant un doux contact, contact dont elle avait besoin, elle Yuna pour ne pas tomber. Pour se relever. Pour aller de l'avant comme après chaque Tempête, comme après chaque Déluge.

"Zůstaňte"
☾ anesidora
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Dmitri D. van Aken

Dmitri D. van Aken



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Message(#) Sujet: Re: La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa] La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa] EmptyMar 6 Avr - 12:04

La colère est une courte folie

‟ Amaïa & Dmitri „


La violence était un étrange langage dont peu de gens pouvaient se vanter d’en maîtriser toutes les subtilités. Si tout un chacun y avait déjà eu recours, s’il était fréquent pour beaucoup de se laisser aller à quelque expression tapageuse de leur colère, rares étaient ceux qui se laissaient pleinement aller à cette tempête infernale. Plus rares encore étaient ceux qui voyaient dans ces bourrasques incessantes et dangereuses une véritable beauté. Dmitri l’aimait cette violence. Il avait beau vouloir empêcher la jeune métisse d’y succomber pleinement dans ce parc, il l’aimait d’un amour inconditionnel. Cette passion qui brûlait en lui ne se tarissait jamais complètement. Il pouvait compter sur les doigts d’une main les fois où il s’était senti délaissée par elle et à chaque fois, le même sentiment de panique l’envahissait alors. Il perdait pied, titubait autant métaphoriquement que physiquement. Étrangement, il avait assimilé la perte de cette doucereuse violence intrinsèque à l’immobilisation. Cela étant sans doute dû aux circonstances qui l’accompagnaient toujours : paralysé par la peur lorsqu’il voyait qu’il avait dépassé les bornes acceptables par son père, paralysé par une peur non moins grande lorsqu’il avait accusé et insulté son aïeul, puis pétrifié, au sens le plus littéral du terme, par ce dernier en châtiment. Il perdait pied, mais ne pouvait plus bouger. Un étrange paradoxe qui, il le sentait, semblait étreindre Amaïa en cet instant présent. Il lui affirma par deux fois qu’il comprenait cette colère en elle ; elle ne le croyait pas, l’accusait de mentir, mais il tenait bon. Et, imperceptiblement, la tempête en elle diminuait, la laissant exsangue et paralysé par une force invisible. L’espace d’un instant, il se sentit coupable de la priver de cette agréable simplicité qu’octroyait l’idée de violence. Il l’en avait extirpée sans lui demander son avis et sans qu’elle ne lui demande alors qu’il n’aurait lui-même pas pu le supporter. Lorsqu’il s’en voyait extrait de force, il savait que quelque chose se brisait en lui ; il lui fallait alors du temps pour recoller les morceaux, un à un, et sans jamais parvenir à combler toutes les brèches. Mais heureux les vases brisés, car ils laissent passer la lumière ; qu’elle passe à travers ses propres fêlures pour éclairer le chemin de sa camarade.

Elle présentait des excuses que le garçon balayait d’un geste de la main, dédaignant nonchalamment leur utilité. Il n’en voulait pas, il les refusait, non parce qu’il ne souhaitait pas lui accorder son pardon, mais parce qu’il n’était pas en mesure de lui donner. Elle n’en avait pas besoin. L’autre élève, d’un an son aîné, n’en obtiendrait pas plus, mais ni la jeune fille ni Dmitri n’envisagèrent une seule seconde qu’il puisse en avoir : c’était à cause de lui que tout avait commencé, c’était lui avait soufflé la première brise qui s’était, par la suite, transformée en tempête. Ou plutôt, s’il ne fallait pas tout faire reposer sur les épaules d’une même personne, c’était à celui qui avait ensorcelé l’écharpe de la demoiselle que l’on pouvait accorder le bénéfice de l’élément déclencheur. Deux coupables, dont un à l’identité inconnu. C’était d’eux que devait venir les excuses, pas d’Amaïa. Mais elle n’en démordait pas, clamant que tout était de sa faute, s’accusant d’avoir voulu le frapper. Lui ! Alors qu’il l’avait provoqué pour qu’elle le fasse, il l’avait encouragé à s’en prendre à lui pour qu’elle puisse laisser déverser cette terrifiante mais néanmoins magnifique colère. « Je ne me le serai pas pardonné. » fit-elle en relevant des yeux humides vers lui. Dans les iris pleurantes de son amie, il pouvait presque distinguer son reflet. Pendant un instant, il se perdit dedans, contemplant ce regard abattu que la tempête avait injustement délaissée... il y avait contribué, et s’il était fier, en un sens, d’être parvenu à ramener l’aiglonne sur le terrain de la raison, il avait au fond de lui l’étrange sentiment de trahir quelque chose. « Moi si. » déclara-t-il d’un ton malgré tout ferme et décidé, bien qu’il soit empreint d’une douceur qu’il était peu coutume de percevoir dans sa voix. Il doutait. Non pas du fait qu’il lui pardonnerait si elle le frappait – la question n’était, à son sens, pas là – mais des raisons qui l’avaient poussé à insuffler un vent de calme dans le cœur de l’anglo-coréenne. « Moi je t’aurai pardonné. Je t’aurai pardonné non seulement parce que je t’ai dit de le faire, mais aussi... » Il marqua une courte pause, laissant l’agréable son du silence ponctuer sa déclaration d’une forme de gravité. « Parce que tu es mon amie. Et il paraît que c’est ce que font les amis. Pardonner au gens. » Douceur et familiarité, voilà bien deux choses auxquelles il n’était pas habitué à faire appel, et pourtant Amaïa le poussait sans s’en rendre compte à user de tels procédés. Mais après tout, puisqu’elle était sa première vraie amie, quoi de plus normal à ça ? Savait-il seulement ce qu’il était coutume de faire dans ce genre de situations ? La sollicitude, les promesses de fidélité amicale et autres engagements, comme celui qu’il avait pris de la protéger... toutes ces choses lui étaient étrangères il y a encore peu de temps. Elles l’étaient toujours. Il pataugeait dans un environnement qui lui était inconnu, clamait une douceur à laquelle il ne croyait pas, insistait pour abaisser les défenses d’autrui là où d’ordinaire, le désintérêt primait chez lui.

« Tu n’as pas à t’en vouloir parce que tu as voulu me frapper quand je t’ai dit de le faire. Je t’ai provoqué exprès pour que tu le fasses, pour ça, c’est ma faute. » La violence avait été, une fois de plus, la solution qui lui avait parue la plus efficace. Ça n’était pas lui qui, pour une fois, frappait, mais il en usait tout de même indirectement. Il ne savait qu’agir par coups et provocations. C’était ainsi qu’il communiquait, qu’il extériorisait des sentiments qu’il ne comprenait pas toujours. Face à l’inattention de ses parents, trop occupés qu’ils étaient par leurs responsabilités et la famille nombreuse qu’ils avaient à régir, il avait réagi par les coups et par la contradiction. Désormais, face à son amie, il usait d’un procédé similaire, non pas contre elle, mais bel et bien contre lui. « Et tu as encore moins à te pardonner, parce que tu ne l’as pas fait. Tu as gardé ton calme. Si j’avais été à ta place, je ne pense pas que j’aurai été capable de me retenir. » C’était la stricte vérité. Il comprenait ce qu’elle ressentait parce que lui-même était doté d’une forte proportion à la violence, parce que lui-même aurait succombé face à elle. Aurait-il été capable de retrouver son calme ? Rien n’était moins sûr. Il n’en était sûrement pas capable, et n’était pas certain de le vouloir. Il ne se connaissait pas assez pour savoir à quel point sa colère pouvait prendre le dessus sur la raison ; face à ses frères, il avait toujours laissé libre cours à toute sa hargne, son père se chargeant de le calmer de gré ou de force. Il n’avait réellement pas eu à se poser la question de l’ampleur de sa volonté et de sa capaciter à lutter contre d’impétueux sentiments.

Était-il réellement venu au bon moment, au bon endroit, comme il le déclarait avec assurance ? Le doute revenait à l’assaut. Pour afficher sur son visage et insuffler dans sa voix toute cette certitude apparente, il creusait une tranchée d’indétermination dans son esprit. Comme des atomes, il devait maintenant un équilibre entre les ions positifs et ceux négatifs. Chaque parole qu’il assenait se voyait alourdie d’un fardeau perplexe ; pour une part, il s’agissait des questionnements normaux auxquels un enfant entrant dans l’adolescence devait faire farce, mais ils lui semblaient être une véritable montagne, particulièrement en cet instant présent. Une autre part se révélait être le fruit du contrôle que ses parents avaient jusque-là toujours exercé sur son existence ; désormais loin d’eux, il devait apprendre à se débrouiller sans.

L’air de rien, il continuait d’avancer ses pions dans la bataille qu’il menait contre la tempête qui grondait chez Amaïa. Malgré ses doutes et autres états d’âme, il progressait dans sa quête, lui rappelant cette fois ce qui s’était passé au bal de Noël, où il lui avait déjà promis d’être là quand elle en aurait besoin. Et instinctivement, sans même y réfléchir, il avait tenu cette promesse. Tout en lui remémorant cet épisode, il prenait à son tour conscience du sens de ses paroles. Cherchait-il à se convaincre lui-même tout en la convainquant ? Il lui promettait de toujours être présent, mais pour l’heure, cela était bien simple. Si seulement, un jour, il devait se retrouver face à un dilemme plus important, serait-il capable de prendre le parti d’Amaïa, au détriment peut-être d’un autre auquel il tenait également ? Ses questionnements se faisaient de plus en plus important à mesure que le temps passait.

Puis finalement, il sembla lui donner le choix. Lui demander, à nouveau, de partir ou lui demander de rester. Deux mots tchèques qu’il lui offrait pour qu’elle ait en main les cartes de la suite des évènements. C’était elle qui était amenée à décider. Comptait-il seulement l’écouter si elle lui disait, dans sa langue natale, de la laisser seule ? De prime abord, il voulait que ce ne soit pas le cas, que peu importe ce qu’elle lui dirait, il resterait présent devant elle. Mais il n’était pas tout à fait certain de savoir comment faire et il craignait de ne pas avoir la force de demeurer auprès d’elle envers et contre tout. Il distinguait sur ses joues le blanc de la neige, reflet que lui renvoyaient les larmes qui s’écoulaient doucement sur sa peau nacrée. « Je m'appelle Yuna. » Il fallut un instant au garçon pour comprendre le sens de ses mots. C’était bel et bien de l’anglais, il était capable d’en cerner la signification, mais il n’était pas bien plus avancé avec ça. Yuna ? « Mon vrai prénom je veux dire. C'est Yuna. Amaïa...Amaïa est mon deuxième prénom. Je préfère Amaïa. » Il la regarda un instant sans rien dire, une expression hébétée trahissant sa surprise sur le visage. Yuna Amaïa Sawner. Il ne s’était jamais posé la question de connaître son second, ou premier en l’occurrence, prénom. Pourquoi usait-elle couramment du deuxième ? Simple question de préférence, ou se cachait-il quelque chose de plus profond derrière cette appellation ? S’il n’avait pas déjà eu une discussion semblable avec elle, il aurait pu penser qu’il s’agissait d’une question d’intégration dans le paysage anglo-saxon, mais il savait qu’elle n’avait pas de tels désirs de se fondre dans la masse. Lui-même n’avait jamais vraiment envisagé d’utiliser un autre de ses prénoms pour faire plus anglais, quand bien même il tiquait souvent lorsqu’il entendait les gens trop insister sur un i qui n’existait pas dans son prénom ; Drahomir serait encore bien pire, bien trop tchèque, mais Daniel était plus passe partout. Ça n’était d’ailleurs pas par hasard, l’un de ses ancêtres anglais portant ce prénom. Mais même sans avoir eu de pareille discussion avec elle, il aurait tout de même su que ça n’avait rien à avoir avec la question de l’intégration ; elle n’en aurait pas parlé maintenant, pas comme ça alors qu’elle pleurait encore. « Mais lorsque je suis arrivée ici j'ai dis à tout le monde que je m'appelais Amaïa. C'était plus simple. Moins compliqué. Parce qu'Amaïa est moins compliquée. Parce que j'ai fait en sorte d'être moins compliquée. C'était plus simple de recommencer quelque chose, de pas avoir un prénom qui m'enchaînait à quelqu'un que je n'aime pas. Que je n'aime plus. Alors je me suis dis...c'est idiot, que Amaïa serait différente. Moi mais pas tout à fait, en mieux, sans le désagréable Amaïa, c'était plus simple. » Il la laissa parler sans l’interrompre. Il ne savait de toute façon pas quoi lui dire. La surprise passée, il essayait simplement de comprendre son choix : n’était-elle pas en train de travestir qui elle était, cachant cette personne au caractère vif et impétueux derrière un verni nominal ? Une fiction de personnalité créée dans l’espoir qu’elle devienne, par la force des choses, réalité. Dmitri n’était pourtant guère bien placé pour la critiquer sur ce point. Lui-même se cachait derrière une apparence policée qui ne reflétait pas celui qu’il était vraiment. Derrière ce garçon poli et bien éduqué se cachait quelqu’un de plus virulent. Ce visage d’ange cachait un petit monstre colérique et impulsif. Alors même si lui ne se présentait pas sous un autre nom, il n’en restait pas moins une forme tromperie humaine. « Mais celle que tu as vu aujourd'hui c'était vraiment moi...c'était Yuna et je voulais pas...j'ai pas réussis à cacher que j'arrivai pas...je voulais simplement... » Yuna et Amaïa, deux personnes différentes derrière un même visage. Venait-il de rencontrer cette Yuna, comme elle le déclarait ? Non. Il refusait cette idée.

Toujours silencieux et hébété, il ne réalisa pas immédiatement qu’une légère pression s’était exercée sur son avant-bras. Lorsque le contact atteint enfin son cerveau, il baissa un instant les yeux vers la main de sa camarade. « Zůstaňte » Un simple mot, prononcé dans sa langue natale. Celui qu’il avait attendu, celui qu’il avait espéré entendre plutôt que le premier qui le renvoyait aux confins de l’ignorance. Elle lui demandait de rester. Il plongea son regard dans celui de la jeune fille et hocha simplement de la tête. Nul besoin de phrase grandiloquente, de belles promesses prononcées avec ferveur... elle voyait bien qu’il ne faisait pas mine de partir et qu’il désirait demeurer auprès d’elle tant qu’elle en aurait besoin.

Il ne rompit le silence qu’au bout d’un long moment à l’observer, pensif. « Yuna n’est pas compliqué » fit-il d’un ton qu’il voulait sans appel. Soit, puisqu’elle présentait cette fille au caractère flamboyant sous un prénom différent, il en userait lui-même l’espace d’un instant. « Je ne sais pas pourquoi tu rejettes cette part de toi-même, mais si tu le fais à cause des autres, à cause des adultes ou je ne sais qui... ne le fais pas. » Têtu qu’il était, il avait toujours refusé de changer quelque chose lorsqu’on voulait l’amener à le faire. Il n’avait jamais été comme les adultes espéraient qu’il soit et tenait à demeurer dans cette forme de provocation constante. Cette forme de contradiction était trop agréable pour qu’il accepte ainsi d’y renoncer et il ne pouvait imaginer qu’Amaïa se satisfasse d’une telle docilité. Mais peut-être se trompait-il, peut-être que ça n’avait rien à voir avec ça, que c’était plus profond... « Pourquoi tu n’aimes plus Yuna ? » L’indiscrète question avait franchie ses lèvres sans qu’il ne prenne conscience de l’intrusion qu’elle était dans l’intimité de la jeune métisse. Ces choses là lui étaient bien souvent étrangères et de même qu’il s’était, par plusieurs fois, montré insistant pour obtenir des réponses sur la vie de son aïeul, il partait désormais en quête d’informations sur celle de son amie qui se révélait parfois bien discrète à ce sujet.

« Merci de m’avoir dit la vérité. » déclara-t-il finalement dans un doux murmure. Elle s’était dévoilée à lui, comme un cadeau très personnel. Le genre de présent que l’on ne pouvait offrir à tout le monde. Il n’avait rien à lui offrir en échange. Elle savait déjà qui il était, quelle tempête l’habitait... et pour la part de lui qu’elle ne connaissait pas, il n’était pas en mesure de lui dire. Rien de ce qu’il pourrait lui avouer sur lui-même ne lui appartenait.

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Message(#) Sujet: Re: La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa] La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa] EmptyDim 18 Avr - 14:25

Dmitri & Amaïa
☆☆ La colère est
une courte folie☆☆
L'amitié était bien une chose étrange à laquelle elle n'était pas préparée. Une chose dont elle n'avait en réalité jamais eu le loisir de goûter autrement que par les yeux en regardant d'autres personnes qu'elle interagir de cette manière. Même son dictionnaire à présent perdu n'aurait jamais pu lui expliquer toutes les nuances et les complexités qui constituaient pourtant ce simple mot constitué de trois syllabes. Amitié. Qu'était-elle après tout à part une relation construite de toute pièce afin que les gens se sentent moins seuls ? Qu'était-elle à part des sourires parfois faux, des rires parfois triste et des secrets à demi-murmuré ? Qu'était-elle sinon l'illusion que tout allait bien avant qu'un mot, qu'un geste vous échappe et que vous vous retrouvez de nouveau seule ? Au fur et à mesure des années elle avait assimilé l'amitié à quelque chose qu'elle ne pourrait jamais atteindre. Il fallait de la compassion, de la compréhension, de la douceur, de la remise en question. Elle avait l'impression de n'être capable de rentrer dans aucune des cases qu'elle venait subitement de citer, et les autres le lui avait bien fait comprendre. Qu'était un ami alors ? À part une personne qui dès la moindre contrariété vous tournez les talons en oubliant le fait que cette relation impliqué également le pardon ? Rien. L'amitié était un mur auquel elle se heurtait sans cesse et essayer de démêler les tenants et les attentes. Et même si en arrivant à Poudlard elle s'était promis de se faire des amis dans le but de pouvoir s'intégrer, de pouvoir faire "comme les autres", jamais elle ne s'était attendu à vivre une véritable amitié avec quelqu'un. Aucune des personnes qu'elle avait côtoyée jusque-là n'avait réussi à lui insinuer le doute que l'amitié pour elle était peut-être bien réelle. Bien sûr, il y avait Kathleen, mais Amaïa considérait-elle vraiment la jeune fille comme une amie ? Que ressentait-elle quand elle voyait la jeune Poufsouffle ? C'était agréable comme sentiment certes, mais était-ce ce sentiment qu'on le pouvait qualifier d'amitié ? Un ami n'était il pas celui à qui on pouvait tout confier, qui essayait de nous comprendre, de ne pas nous faire changer ? Une personne comme cela, pouvait-elle exister ou chaque personne de ce monde se fourvoyait-elle en attendant une amitié qui n'existait même pas ? Il était simple de dire à quelqu'un que l'on était son ami, mais comment se comporter comme tel ? Comment démêler les paroles, des actes ?

Ce doute qui lui éteignait la poitrine, qui lui faisait se poser plein de question auxquelles elle ne pouvait avoir de réponse, personne ne lui avait jamais insufflé. Personne. Ce doute qui lui éteignait la poitrine, qui lui faisait se poser plein de questions auxquelles elle ne pouvait avoir de réponse, personne ne lui avait jamais insufflé. Pourquoi avait-elle arrêté son geste au moment de le frapper ? Pourquoi n'avait-elle pas succombé à cette délicieuse sensation de perdre pied ? Comment avait-il réussi à calmer la tempête, dompter les rouleaux de la mer qui battait la coque de sa frêle embarcation, diminuer le souffle du vent qui fouettait ses tympans, chasser les nuages pour que de nouveaux un faible rayon lumineux, l'éclair ? Comment avait-il pu dompter quelque chose qu'elle-même ne parvenait pas à faire alors que cette émotion provenait d'elle-même ? Qui était-il pour qu'elle l'écoute ? Pour qu'elle le croit quand il lui affirmait connaître cette colère qu'elle côtoyée plus souvent qu'une jeune fille bien élevée ne l'aurait pas dû. Qui était-il pour qu'elle s'excuse, qu'elle s'inquiète qu'il lui tourne les talons comme tous les autres ? Pourquoi cette idée lui était-elle si désagréable ? Au point de lui enserrer la poitrine, au point de lui faire perdre son souffle. Elle n'aurait pas dû réagir de cette manière, elle aurait dû se dire "Tant pis" qu'elle se trouverait d'autres "amis". Mais alors pourquoi avec Dmitri cela semblait-il si différent ?

« Moi si. »

Il parvint à regagner l'attention de la jeune Serdaigle qui les yeux embués de larmes relevait une énième fois son regard dans celui bleu du jeune garçon qu'elle ne parvenait pas à fixer plus de quelques secondes sans détourner les yeux. Il avait balayé ses excuses d'un geste de la main comme si c'était sans importance, comme s'il n'en voulait pas. Alors que voulait-il ? Comment pouvait-il lui affirmer qu'il lui pardonnerait alors même qu'elle l'aurait frappé sans scrupule dans le simple but de nourrir cette colère grandissante en son sein ?

« Parce que tu es mon amie. Et il paraît que c’est ce que font les amis. Pardonner au gens. »

Son cœur eut un violent sursaut dans sa poitrine. Pendant une fraction de seconde son regard se perdit dans celui de Dmitri. Comme un instant en dehors du temps où chacun d'eux se contenta de se fixer sans bouger, sans parler. Prenant l'un et l'autre conscience de ce que cela signifiait. Les doigts d'Amaïa se crispèrent contre sa manche. Sans s'en rendre compte, le jeune garçon venait de lui fournir la réponse à la question qui ne cessait de la tarauder. Pourquoi est-ce qu'il semblait avoir un traitement différent des autres ? Pourquoi ne se fichait-elle pas de ce qu'il pensait ? Du fait qu'il pouvait la laisser un jour ou l'autre ? Pourquoi lui et pas les autres ? Parce que Dmitri était son ami. Un véritable ami. Qui ne la laissait pas tomber malgré ses erreurs. Qui avait un jour essayé de comprendre malgré le fait qu'elle ne veuille pas. Une personne qui lui pardonnait. Un ami. Elle déglutit difficilement et finit par rompre le contact visuel qu'elle maintenait contre son gré avec lui.

Et alors qu'il continuait à vouloir lui faire prendre conscience que ce n'était pas de sa faute, qu'il n'y avait aucune raison à ce qu'elle soit pardonnée de quoi que ce soit, que c'était plutôt de sa faute à lui, elle échouait la tête négativement comme pour contre balancer tous ses arguments, lui dire qu'il ne tenait pas la route. Non, ce n'était pas possible. Ça ne pouvait pas être aussi simple. Il ne pouvait pas dire que c'était de sa faute, qu'elle n'avait rien fait, qu'il lui aurait pardonné, cela ne devait pas se passer comme ça, ce n'était pas.... Juste. Un sentiment lui comprimait la poitrine, se pressait contre son cœur. Était-ce de nouveau de la colère ? Elle serrait les poings comme prête à bondir sur le premier venu, elle avait le regard fixé sur le sol comme si un simple de ses regards aurait pu tuer n'importe qui. La colère, revenait-elle alors que Dmitri avait réussi à la diminuer ? Sûrement. Il ne devrait pas réagir de cette façon. Mais elle se fourvoyait. Ses poings crispés montraient son angoisse, le fait qu'elle garde les yeux baissés n'était qu'une forme pour éviter de croiser le regard bleuté de celui qui était son ami parce qu'elle n'en avait pas la force. Le sentiment qui lui comprimait la poitrine et qui l'empêchait de respirer correctement ce n'était pas la colère. C'était de la peur. Une angoisse qui se nourrissait des doutes qu'elle n'avait jamais eus, une panique qui gagnait des pensées qu'elle n'aurait jamais cru avoir un jour. Elle avait peur parce que les mots de Dmitri résonnaient comme les réponses à ses questions et que cette réponse, elle ne lui convenait pas. Pas totalement en tout cas. Elle en avait peur de cette amitié qu'elle avait cherché à éviter à tout prix, elle en était inquiète de ce sentiment qui la poussait à vouloir bien faire ; à vouloir ne pas être seule, à vouloir que Dmitri l'accepte. Elle en avait peur, pas seulement parce qu'elle ne l'avait que très peu connu, mais parce que cela voulait dire qu'elle s'attachait à une personne supplémentaire et que l'attachement était pire que la colère. Quand on n'était pas ami avec quelqu'un alors perdre cette personne ce n'était que comme lorsqu'on avait une épine sous le pied, ça piquait, mais on avançait toujours. Perdre un ami, c'était comme se faire amputer d'un membre. On pourrait toujours tenter d'avancer, on était réduit à se trainer sur le sol en attendant un secours. Elle déglutit une nouvelle fois et joua avec la neige sous sa chaussure.

"Tu dis ça parce que ça n'est pas arrivé. Mais si ça avait été le cas alors tu ne m'aurais peut-être pas pardonné. Peut-être que mon geste t'aurais trop blessé pour que tu puisses le faire, et ce, même si c'est toi qui m'avais demandé de le faire. Ce n'est pas correct. Ce n'est pas bien."

Elle trouva en elle, le courage de croiser de nouveau le regard du jeune Serdaigle. Un regard dont le mélange émotionnel était certainement trop compliqué pour pouvoir l'interpréter. Elle continua, ses paroles faisant écho à ses réflexions qu'elle aurait peut-être dû garder pour elle. Mais c'est comme si elle ne pouvait pas s'arrêter, emprise d'une soif de compréhension, d'une soif de calmer la peur qui frappait sa poitrine de plus en plus vite au fur et à mesure qu'elle prenait conscience de l'amitié qui la liait au jeune homme en face d'elle.

"Parce qu'on n'est pas censé taper les gens auxquels on tient...Si? Sinon je ne comprends pas. Quelle est la limite alors ? Jusqu'où on est censé pouvoir pardonner un ami, si cet ami nous fait du mal ? Et si un jour, on ne pardonne pas, ça veut dire que l'on est plus ami avec cette personne ?"

Elle laissait libre cours à ces pensées, ne les enfermant pas dans un étau comme elle le faisait d'ordinaire. S'en rendant compte elle se mordit la lèvre et détourna de nouveau le regard. Son naturel revenait au galop et ça encore elle ne l'aurait jamais cru capable avec quelqu'un d'autres qu'un membre de sa famille. Elle, qui vérifiait chacune des phrases prononcées au moins trois fois avant d'ouvrir la bouche, en présence du jeune homme elle était tel un lecteur automatique impossible à faire taire. Dmitri, était-il en train sans s'en rendre compte de dévoiler la partie d'elle-même qu'elle ne cessait de camoufler ?

Et soudain tout s'accéléra trop vite. Bien trop vite pour qu'elle n'est le temps de réfléchir. Bien trop vite pour qu'elle ne puisse contenir le flux de paroles qui s'échappèrent de sa bouche pour venir faire des aveux qu'elle n'avait faits à personne à part à Dmitri. À présent, elle ne posait plus la question de pourquoi lui. Son cœur parlait à la place de sa tête laissant une place bien plus grande au garçon qu'il n'aurait dû le faire, l'incluant dans des confidences que jamais il n'aurait dû découvrir, que même sa propre famille ne savait pas. Le travestissement qu'elle opéré en se faisant appeler par son deuxième prénom, les conséquences que cela avait sur sa propre personnalité, jamais il n'aurait dru le savoir et elle se demandait encore d'où lui était venu le courage, ou plutôt la folie de lui en parler. Mais elle n'avait pu lutter contre le sentiment qui avait étreint sa poitrine alors qu'il s'était confié à elle avec douceur en cherchant de ses yeux azurant le regard de la jeune fille, elle n'avait pu lutter contre l'impression de faire quelque chose de mal en mentant à tout-va alors qu'il la considérait comme une amie, une amie qu'elle n'avait jamais été pour personne. Avait-elle le droit de lui cacher autant de choses alors qu'il semblait sincère avec elle ? Pouvait-elle se qualifier d'amie alors qu'il ne savait rien d'elle ? Et s'il parlait à cause de ce qu'elle ne disait pas ? Et s'il partait à cause de ce qu'elle allait lui révéler ? Elle avait fini par faire taire sa conscience qui lui insufflait des propos contradictoire, qui la faisait réfléchir dans tous les sens sauf celui qui pourrait réussir à calmer les battements furibonds de son cœur. Alors elle avait parlé. Sans réfléchir. En le regardant comme si elle pouvait s'ancrer une nouvelle fois à ses yeux pour ne pas tomber dans les révélations qu'elle était en train de lui faire. Ce n'était pas simplement un prénom, c'était toute une partie de sa vie qu'elle lui livrait. Et même si Dmitri ne pouvait pas le savoir, révéler son véritable prénom était une épreuve qu'elle trouvait tout aussi insurmontable que de parler des causes qui l'avaient fait changer d'identité. Et alors qu'elle avait attrapé la manche de son ami comme pour se rassurer. Nouveau point d'ancrage qui calmait son cœur et qui vidait sa tête. Ce besoin de contact était encore la preuve que Yuna ne se cachait jamais loin. Il l'avait simplement regardé hochant la tête à sa demande de rester. Son cœur se calma quelque peu sa course furibonde. Malgré sa révélation, il n'était pas parti. Il voulait rester auprès d'elle. Comme il lui avait promis. Est-ce que cela la rassurait? Elle ne lui avait pas révélé grand chose. Juste un prénom. Son vrai prénom. Mais c'était déjà beaucoup. C'était déjà trop.


« Yuna n’est pas compliquée. »

Comme si un insecte l'avait piqué, elle lâcha immédiatement la manche de son ami pour venir croiser ses bras sur sa poitrine dans un geste protecteur. Elle essuya d'un revers de la main les larmes traîtresses qui avaient embué ses yeux quelques minutes auparavant. Poussant un petit soupir elle releva la tête une nouvelle fois vers son ami et eut un petit sourire forcé, mais néanmoins emplit de tristesse.

"Tu ne la connais pas. Sinon tu ne dirais pas ça... Et crois moi, c'est mieux comme ça"

Elle parlait d'elle à la troisième personne comme si elle parlait d'une inconnue. De quelqu'un qu'elle n'était pas. Qu'elle n'était plus. C'était bien ça. Deux personnes au sein du même corps ou plutôt, elle-même et le masque qu'elle portait au quotidien. Ce masque au prénom que lui avait donné son père, ce masque qui enfermait son passé en elle-même et l'empêchait de s'en débarrasser. Amaïa était une valise. Une valise dans laquelle elle avait enfermé chaque détail de son passé, dans laquelle elle s'enterrait, elle s'enfermait, car elle ne parvenait pas à faire autrement. Amaïa était un masque factice qui cherchait à cacher qui elle était réellement et pourtant Yuna n'était jamais loin. Et au fur et à mesure qu'elle parlait avec Dimitri, elle avait l'impression d'avoir perdu le cadenas qui retenait la fermeture éclair de sa valise hermétiquement fermée. Le garçon semblait avoir trouvé la clé et la valise s'ébréchait au fur et à mesure pour dévoiler la véritable identité de la petite fille compliquée qu'elle essayait au fond d'elle-même d'oublier. Mais malgré le fait qu'il parvienne à entrevoir au travers des brèches que lui-même parvenait à créer les rudiments d'une existence passée, il ne la connaissait pas. Pas réellement. Et son cœur lui rappelait à chaque fois qu'il battait d'une manière désordonné qu'il ne serait peut-être pas devant elle si tel était le cas. À quel point Dmitri la considérait-elle comme une amie ? À quel point serait-il capable de l'accepter telle qu'elle était réellement. Mais de loin l'idée de lui révéler l'entièreté de sa personne elle préféra baisser la tête vers la neige, préférant échapper au regard scrutateur de son ami qui lui ne la quittait pas des yeux.

« Je ne sais pas pourquoi tu rejettes cette part de toi-même, mais si tu le fais à cause des autres, à cause des adultes ou je ne sais qui... Ne le fais pas. »

Le faisait-elle à cause des autres ? Certainement. Inconsciemment sans aucun doute. À cause de qui ? Du psychologue qui était las de voir les efforts qu'il mettait à la faire redevenir comme avant échouer à chaque nouvelle tentative? À cause de Maman dont le regard s'éteignait à chaque fois qu'elle revenait bredouille ? À cause de Tonton qui avait peur pour elle, qui avait hésité à l'envoyer dans cette école de peur qu'elle ne parvienne pas à s'en sortir ? À cause des autres ? Des élèves ? Des professeurs ? Qui avant Poudlard ne m'avait jamais accepté justement parce qu'ils étaient au courant ? Parce qu'ils savaient ? À cause d'elle-même ? Parce qu'elle ne supportait plus celle qu'elle était et préférait voir en celle qu'elle aurait voulu devenir une source de repos et de fierté ? Elle ne savait pas. Jamais elle ne s'était posé la question. Jamais elle n'avait remis en cause son travestissement. Et encore une fois Dmitri revenait insuffler en elle des doutes qu'elle n'avait jamais eus. Pour elle, vouloir changer était normal, un instinct. Il le fallait. Pour survivre dans la jungle de la société dans laquelle elle était présupposée à vivre, elle le devait. Elle fronça les sourcils, mais ne le releva toujours pas ses yeux dans ceux de son ami. Pour qui faisait-elle tout ça ? Qui cherchait-elle à tromper au juste ?

"Non. Je le fais parce que je l'ai décidé. Parce que c'est mieux pour moi, pour les autres. Parce que cette part de moi-même comme tu l'appelles, elle n'aurait jamais dû exister et parce que je ne veux plus qu'elle existe. Je le fais parce que... Parce que c'est mieux."

La fin de sa phrase avait failli monter dans les aigus comme si elle était en train de se poser réellement la question. Était-il mieux de tromper son monde au risque de se tromper soit même ? Mais qui pouvait avoir la réponse à une telle question ? Qui était en mesure de la guider sur un chemin si compliqué que la quête d'identité dans laquelle elle se trouvait. Parce qu'elle se cherchait encore et toujours. Elle ne cherchait pas seulement les émotions perdues, elle cherchait la petite fille qu'elle était avant l'accident, elle cherchait l'insouciance qu'elle n'avait plus, elle cherchait l'innocence qu'elle avait perdu, elle voulait cacher cette maturité qui l'avait fait grandir trop vite, elle cherchait l'enfance rassurante comme l'étreinte de Papa et non pas la chaleur étouffante du feu qui l'avait détruit. Elle avait au fil du temps associé Yuna non plus comme celle d'avant l'accident, mais l'avait associé à la petite fille qui l'avait subi et qui en payait le prix. Non, elle n'aimait plus Yuna.

« Pourquoi tu n’aimes plus Yuna ? »

Son cœur la serra une nouvelle fois. Si fort qu'elle releva la tête vers Dmitri. Si longtemps qu'elle recula d'un pas en portant inconsciemment sa main à son bras gauche avant de les recroiser sur sa poitrine. Si douloureusement qu'elle fit une grimace. Les dernières traces de la Tempête semblaient avoir disparu et les prémices du Déluge s'étaient évaporées par son questionnement incessant. À présent, elle voguait en calmer sur son bateau rapiécé, mais elle était calme. Assez calme pour ne pas s'emporter, pour ne pas envoyer Dmitri balader face à sa soudaine curiosité, curiosité qui avait déjà coûté à la jeune fille de blesser une ancienne de ses camarades de classe. Mais avec Dmitri, c'était différent. Comme toujours. Avait-elle le droit de lui en vouloir alors qu'elle-même avait lancé le sujet ? Elle aurait mieux fait de se taire. Elle était une idiote. Maintenant, elle ne pouvait plus faire machine arrière. Elle laissa un regard perçant scruter une nouvelle fois son ami. Que pouvait-elle bien lui dire ? C'était une question trop intime. Trop secrète. Et pourtant elle lui devait une once de sincérité derrière tous ces faux-semblants. Yuna, c'était cette fille qui pleurait la nuit tombée, qui avait des cauchemars, qui avait des flash-back malheureux. Yuna, c'était cette enfant qui ne se comprenait pas, qui ne comprenait pas les autres, qui ne faisaient aucun effort. Yuna, c'était cette petite détruite physiquement et moralement, c'était celle qui avait perdu son père, c'était celle dont le bras gauche et le dos était marqué à vie. Yuna, c'était tous les mauvais souvenirs d'après l'accident alors qu'Amaïa semblait être son futur. Alors elle laissa ses bras retomber le long de son corps et plongea ses yeux dans ceux de Dmitri. Amaïa était tout ce que Yuna n'était plus : forte.

"Parce que Yuna est faible."

La sentence semblait être tombée. D'une voix dénuée de toute tristesse. Une voix qui respirait la détermination, la sincérité. Elle n'aimait plus Yuna parce que Yuna était trop fragile pour ce monde, parce qu'Amaïa pouvait l'aider à aller mieux, mais que si elle restait Yuna, elle se noierait, éjectée de son navire de fortune, emporté par les eaux profondes. Et elle ne voulait pas se noyer, elle ne voulait plus. Au fur et à mesure qu'elle en prenait conscience, elle ressentait une nouvelle fois cette flamme prendre naissance dans son cœur. Non, elle ne voulait plus tomber. Elle voulait se relever. Aller de l'avant. Et pourtant, malgré ça, elle ne voyait pas que tout ce qu'elle faisait, c'était s'enterrer au sein de son passé. Et elle ne s'enterrait pas pour mieux renaître, elle s'enterrait pour se faire oublier. Rageusement, elle s'assit par terre. De toute manière, elle était déjà trempée à quoi bon.

"Parce que Yuna ne comprend pas. Parce qu'elle ne fait aucun effort. Parce que personne ne la comprend et personne n'essaye. Parce qu'elle ne fait que des erreurs, parce qu'elle n'apprend pas, jamais, rien. Parce qu'elle dépend des autres et qu'elle ne sait pas se débrouiller sans eux, parce qu'elle ne croit plus en rien et qu'elle ne sait même plus sourire, parce que je veux l'oublier elle et tout ce qui va avec. Parce que... parce qu'elle est nulle."

Sa voix s'était faite de plus en plus forte, de plus en plus agacée. Elle avait attrapé un caillou dans la neige et l'avait rageusement balancé lors de sa dernière phrase. Elle sentit soudain un poids peser sur ses épaules. Épuisée par cette montée soudaine d'une colère qu'elle avait dû refouler contre son gré, elle soupira, ramena ses jambes contre sa poitrine et jura quelques mots en coréen contre elle-même, contre Yuna, contre Amaïa, contre le monde entier. Elle laissa son regard dérivé vers l'horizon se perdant dans la contemplation du paysage pendant quelques secondes avant de se tourner vers Dmitri un triste sourire aux lèvres.

"Voilà pourquoi je ne l'aime plus."

Elle refoula la boule qui grossissait dans sa gorge, elle ne voulait plus pleurer. C'était Yuna qui pleurait, qui s'apitoyait sur son sort. Elle devait grandir, plus qu'elle ne l'avait déjà fait. Et malgré ces excès de colères, malgré son envie de tout frapper, les murmures de Dmitri parvenaient à apaiser son cœur furibond, sa tête coléreuse et son cœur triste. Il parvenait en quelques mots à lui faire se sentir mieux. Cachait-il Yuna ou au contraire la faisait-il ressortir de la personnalité de la petite fille ? Elle-même ne savait pas, elle même ne comprenait pas les tenants de cette amitié, ne comprenait pas comment elle fonctionnait et pourquoi elle semblait si bien fonctionner. Mais pour une fois elle se laissait guider, malgré les doutes qu'il lui donnait, elle le laissait faire peu à peu, le laissait faire sauter les verrous qu'elle fermait à double tour.

"Je te devais bien ça. De te dire la vérité"

Elle avait replongé son regard dans le paysage comme si c'était plus simple d'être sincère en se soustrayant au regard de son ami qui avait plus de pouvoir qu'il ne pouvait l'imaginer. Elle remit une mèche derrière son oreille et garda sa position fixe un sourire au visage, comme si elle pouvait voir dans le découpage des arbres des morceaux de ses "amitiés" passées en les comparant aujourd'hui à celle qu'elle nourrissait pour le jeune Serdaigle.

"Tu sais... C'est moi qui devrais te remercier. Tout d'abord d'être resté. Parce que personne ne l'avait fait avant toi. D'avoir réussi à me calmer un peu. Parce que personne n'y est jamais arrivé sauf toi. D'être mon ami. Parce que j'avais jamais eu de véritables amis comme toi"
☾ anesidora
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Dmitri D. van Aken

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Message(#) Sujet: Re: La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa] La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa] EmptyLun 3 Mai - 14:05

La colère est une courte folie

‟ Amaïa & Dmitri „


Dmitri n’était pas un garçon d’un naturel timide et réservé. Il était en réalité plutôt sûr de lui – sûrement trop – et ne craignait, en général, pas d’aller s’adresser aux gens. Mais ses manières étaient très codifiés par une éducation stricte et guindée, où politesse et faux semblants dominaient au détriment de l’honnêteté et de la spontanéité. Seules deux choses venaient fissurer cette apparence policée : la violence, souvent désirée et provoquée, parfois plus incontrôlée, et la provocation. Il aimait trop aller à l’encontre de l’ordre établi, celui voulu et chéri par sa famille, pour ne pas se permettre de sortir du tableau de l’enfant parfait qu’aurait désiré ses géniteurs. Mais ni la violence ni la provocation ne lui avaient permis de se sociabiliser un peu plus ; il ne s’entendait pas avec la majorité de ses frères et cousins, et il se battait beaucoup avec eux. Et dès lors qu’il sortait du cadre familial, les seuls enfants qu’il avait été donné de fréquenter étaient des rejetons du même acabit ; tous issus de bonnes familles de sang-purs, l’on espérait qu’il se lierait avec eux, mais comme à chaque fois que l’on attendait quelque chose de lui, il prenait un malin plaisir à faire l’inverse et jamais il n’avait réellement sympathisé avec ses pairs.

À Poudlard, tout était différent ; il était plus libre de rencontrer d’autres personnes et son aïeul avait le mérite de ne pas trop le brider. Il se savait surveillé par le vieil homme, mais il ne tentait pas pour autant de contrôler ses fréquentations, du moins pas de manière frontale. Sûrement espérait-il qu’il fréquente tel ou tel enfant plutôt que d’autres, comme Colin, mais à part en mettant sur son chemin quelques personnes – comme Finnbjörn l’avait fait avec Judith – il ne s’était pas immiscé directement dans sa vie. Cette liberté nouvellement acquise avait pris forme avec l’arrivée d’Amaïa. Une élève de son âge ou presque – ils avaient tout de même plus d’un an d’écart – et surtout de sa maison, qui était venue vers lui dès le premier jour. Enfin de compte, il avait fallu de si peu de choses pour qu’ils se découvrent... mais qu’ils en viennent à devenir amis était une tout autre histoire. Que Dmitri envisage pour la première fois qu’elle puisse l’être effectivement, pour qu’il l’exprime oralement malgré cette pudeur distinguée qui le caractérisait, il fallait qu’elle soit importante à ses yeux. Alors, parce qu’elle l’était indéniablement, il lui permettait de se défouler sur lui ; une fois n’était pas coutume, il acceptait l’idée de ne pas rendre coup pour coup si on le frappait.

Leurs regards ne cessaient de se chercher et de se perdre. Une incessante chasse aux informations que pouvaient détenir les yeux de l’autre mais qui, trop souvent, se soldait par autant d’inconnues qu’à l’origine. Voire plus. Les yeux sombres de la jeune métisse anglo-coréenne demeuraient un réel mystère. Alors qu’il lui promettait son pardon, parce qu’ils étaient amis – ces mots sonnaient étrangement à ses oreilles – elle secouait la tête de gauche à droite et fuyait son regard. Pourquoi fallait-il qu’elle soit aussi buté ? Pourquoi, par Merlin, avait-il fallu que sa première amie soit une personne aussi bornée que lui ? Ce qui se ressemble s’assemble disait-on... mais il trouvait compliqué, trop pour un garçon au caractère si conflictuel, de maintenir un lien amical avec une personne au cœur tout aussi bouillonnant que le sien. Se pouvait-il qu’un jour, toutes ces braises ne provoquent l’irruption du tempérament volcanique de l’un d’eux, brûlant à vie l’autre ? Amaïa ne semblait pas – ou ne voulait pas – croire qu’il puisse n’avoir aucune rancune à son égard si jamais elle le frappait... alors même qu’il était celui qui l’avait incité à le faire ! S’en était presque irritable ; elle s’évertuait à nier ses propos et lui devait se battre pour qu’elle finisse par accepter de l’écouter. Avant quelqu’un d’autre, il aurait sûrement lâché l’affaire depuis bien longtemps, mais il tenait bon et clamait sa vérité. « Parce qu'on n'est pas censé taper les gens auxquels on tient...Si? Sinon je ne comprends pas. Quelle est la limite alors ? Jusqu'où on est censé pouvoir pardonner un ami, si cet ami nous fait du mal ? Et si un jour, on ne pardonne pas, ça veut dire que l'on est plus ami avec cette personne ? » Toutes ces questions fusaient vites, trop vites pour qu’il ne puisse les saisir au vol et y répondre, ou tenter d’apporter sa réponse. Le pouvait-il ? Lui n’avait pas besoin de dictionnaire pour comprendre ce qu’il ressentait, ou tout du moins, il savait mettre des mots sur les sentiments les plus primitifs qui pouvaient l’habiter, mais il n’en était pas pour autant plus à l’aise avec ces choses. Chez lui, on ne parlait pas sentiment ; on parlait peu d’ailleurs, préférant taire les choses et afficher toujours ce même visage impassible, gouverné par une instruction stricte et implacable. « Je ne sais pas, Ama... » Il eut un profond soupir, comme plainte empreinte de lassitude... mais c'était surtout sa propre ignorance qui lui faisait cet effet. Il n'aimait pas ne pas avoir le dernier mot ou ne pas pouvoir répondre avec certitude, mais il était forcé d'admettre qu'il n'était guère mieux placé que sa camarade pour parler de ce qui était normal ou non.

Ça ne lui était pas totalement naturel d’utiliser ainsi son diminutif, mais il en usait en espérant que celui-ci capterait un peu plus l’attention de sa camarade. Les tchèques avaient beau en être très friand, son éducation – un poil guindé – l’avait toujours gardé d’en employer. Il était quelque peu rebuté par de telles familiarités et avait l’impression de jouer un rôle en le faisant. Sûrement était-ce le cas ; jamais avant aujourd’hui il ne l’avait appelée ainsi. C’était Kovit qui le faisait d’ordinaire, pas lui. Mais le serpentard n’était pas là pour rassurer sa cousine. « Je ne sais pas plus que toi s’il l’on n’est pas censé taper les gens qu’on aime, ou pas... » Il avait déjà reçu des coups de son père et de son grand-père, et se battait très souvent avec ses frères et serait bien incapable d’expliquer s’il s’agissait d’une relation normale ou non. Il avait beau être en conflit avec son paternel, il savait au fond de lui – sans pouvoir se l’admettre réellement – que celui-ci l’aimait et lui-même avait besoin du regard de l’adulte. « Mais s’il y a une chose que je peux te dire, c’est que quoi qu’il en soit, je t’aurai quand même pardonné. » Ça n’était peut-être que des mots – bien que ce ne soit pas le cas, à son sens – mais il était à un âge qui ne laissait pas de place aux doutes et aux demi-mesures. Son caractère exacerbait d’autant plus cette proportion à asséner avec conviction ce qui lui paraissait être des certitudes qu’il était relativement peu porté à la prudence, pour ce genre de choses tout du moins.

Son aveu, la révélation de son premier prénom et des raisons pour lesquelles elle usait du second le prirent indéniablement de court. Ils étaient désormais bien loin de la question de la violence intrinsèque des deux serdaigles ; sans s’en rendre compte, Dmitri touchait à quelque chose de plus profond. Ce secret, désormais révélé, cachait une personne plus complexe qu’il ne l’avait imaginé ; Amaïa n’était pas une version féminine de lui. Ils partageaient peut-être la violence et une fibre artistique, mais ils avaient de nombreuses différences. Lui trop curieux, elle trop réservée, il se montrait parfois froid et cachait ses sentiments derrière une facette guindé et protocolaire, bloquant ainsi toute possibilité à la jeune fille de mieux le cerner ou d’imiter sa manière d’agir. Un étrange duo qui fonctionnait pourtant plutôt bien mais qui était ébranlé par l’aveux de la métisse. Tant pis, ça ne changerait rien, pensait-il, mais ne se bernait-il pas d’illusion ?

Le garçon sentit la pression sur sa manche diminuer ; elle l’avait subitement lâchée, optant pour une posture défensive et un sourire forcé qui ne trompait personne. « Tu ne la connais pas. Sinon tu ne dirais pas ça... Et crois moi, c'est mieux comme ça. » Elle avait raison. Il ne la connaissait pas, mais connaissait-il seulement Amaïa ? Il avait parfois l’impression de mieux la cerner que d’autres, et il l’avait choisi comme premier modèle pour son apprentissage de la peinture vivante, mais à mesure qu’il lui parlait, il réalisait que son portrait était bien loin de la réalité. Bien sûr, celui-ci ne devait pas être une copie conforme de la vraie aiglonne, il y avait toujours une part de subjectivité, quelques facettes que l’on favorisait plutôt que d’autres afin que le tableau présente un intérêt tant artistique que mémoriel, mais le problème ne venait pas là. Il avait tronqué la vérité parce qu’il n’avait pas été capable de voir cette vérité comme elle était vraiment.

Mais comment pouvait-il espérer percevoir ne serait-ce qu’une parcelle de l’authentique Amaïa si celle-ci se plaisait à se cacher derrière de faux-semblants mal assumés ? Quelque part, il lui en voulait un peu de s’être abrité derrière ce maigre vernis, oubliant par là-même qu’il se réfugiait souvent derrière le masque de son éducation guindé pour éviter d’avoir à exprimer trop clairement certaines choses, ou lorsque cela ne suffisait pas, derrière ses poings. « Non. Je le fais parce que je l'ai décidé. Parce que c'est mieux pour moi, pour les autres. Parce que cette part de moi-même comme tu l'appelles, elle n'aurait jamais dû exister et parce que je ne veux plus qu'elle existe. Je le fais parce que... Parce que c'est mieux. » Ce fut à son tour, cette fois-ci, de secouer la tête en un signe de déni, fourrant ses mains dans les poches de son pantalon non sans une certaine frustration. Ces explications n’étaient pas suffisantes, elles ne lui allaient pas... mais il ne pouvait en exiger plus. Il n’en était pas même capable. « Si tu penses que c’est mieux... » fit-il d’un ton traînant qui laissait clairement entendre qu’il n’était très convaincu. Il avait l’indéfectible impression qu’elle cherchait à cacher la vérité, à elle-même et à autrui, par peur du regard des autres et surtout de celui des adultes. Peut-être était-il obsédé par cette question ? Lui qui avait toujours été opposé à ses aïeux, qui n’avait jamais eu le moindre mal à aller à l’encontre de leurs attendus et qui prenait même un certain plaisir à le faire... Elle trouvait plus simple de cacher celle qu’elle désignait sous son premier prénom, assénant que c’était plus simple et qu’elle n’aimait plus Yuna. Lorsqu’il la questionna sur son ressentiment à l’égard de cette autre partie d’elle-même, elle eut une réaction étrange. Son recul, son expression faciale affectée... mais un calme qui tranchait avec le reste. Il était indéniablement perdu dans toute cette histoire et ses explications ne l’aidaient pas beaucoup plus. Sa voix si posée n’avait plus rien à voir avec celle qu’elle avait auparavant. Il lui semblait que plus elle était sûr d’elle, moins il comprenait ; une bien étrange équation. Il ne pouvait la suivre dans son raisonnement de pensée sans se perdre. Elle ne l’aimait plus parce qu’elle était faible... ça n’était pas une réponse, ça ! « Parce que Yuna ne comprend pas. Parce qu'elle ne fait aucun effort. Parce que personne ne la comprend et personne n'essaye. Parce qu'elle ne fait que des erreurs, parce qu'elle n'apprend pas, jamais, rien. Parce qu'elle dépend des autres et qu'elle ne sait pas se débrouiller sans eux, parce qu'elle ne croit plus en rien et qu'elle ne sait même plus sourire, parce que je veux l'oublier elle et tout ce qui va avec. Parce que... parce qu'elle est nulle. » Il n’était pas beaucoup plus avancé. Pire, il semblait avoir été délaissé sur le bas-côté ; elle avait transplané mais n’avait pas saisi sa main pour l’emmener avec lui et il était désormais seul, incapable de la retrouver. Il y avait là un étrange paradoxe ; elle détestait Yuna parce que personne ne la comprenait, mais il ne parvenait à comprendre les raisons de ce désamour. Et il détestait ne pas comprendre. Il fallait être aveugle pour ne pas voir qu’Amaïa ne lui disait pas tout, mais il ne voulait pas exiger d’elle plus d’informations. Il ne voulait pas la braquer une nouvelle fois, comme il l’avait fait dans la grande salle leur premier jour de cours. Il avait retenu la leçon : museler un peu de cette curiosité, contenir cette frustration et combler ce vide par d’autres pensées. Il déposa alors les armes. Pas de manière ostensible et réellement abattu, mais il avait simplement besoin de temps. Il voulait réfléchir, se poser... sûrement se défouler aussi, mais sans qu’elle ne puisse le voir. Cette pudeur refaisait surface, l’incitant à cacher ses désirs de violence à la seule personne qui pouvait pourtant réellement les comprendre. Elle lui avait dit la vérité – ou une partie tout du moins – et avait dévoilé une partie d’elle-même qu’elle n’était pas obligée de montrer. Il ne savait s’il devait lui en être reconnaissant, et être touché de cette confiance, ou s’il s’agissait d’une chose qui lui était due. « Tu sais... C’est moi qui devrais te remercier. Tout d'abord d'être resté. Parce que personne ne l'avait fait avant toi. D'avoir réussi à me calmer un peu. Parce que personne n'y est jamais arrivé sauf toi. D'être mon ami. Parce que j'avais jamais eu de véritables amis comme toi. » Sa gorge se noua. Il lui avait dit qu’elle était son amie, mais l’entendre de la bouche de la jeune fille était différent. Constater qu’ils avaient un autre point commun, celui de cette enfance passée dans une forme de solitude amicale, n’était pas sans conséquence pour lui ; il se sentait soudainement d’autant plus lié à elle que Poudlard se révélait être pour les deux un lieu d’émancipation et de découverte de soi. « Je n’en avais jamais vraiment eu avant non plus... » confessa-t-il d’une voix moins assurée qu’auparavant, presque timide. Il n’était pas habitué à montrer cette facette plus fragile de lui et n’était, de fait, pas des plus à l’aise. Mais la situation avait ceci de particulier qu’il se sentait assez en confiance pour s’ouvrir un peu, donner quelque chose à la métisse anglo-coréenne en échange de sa franchise. Ses joues s’empourprèrent légèrement alors qu’il détournait subitement le regard. « Quand je te disais que je ne savais pas si frapper les gens que l’on aime, c’est normal ou pas... Dans ma famille, on a souvent tendance à faire ça. Frapper. Mon père, parce que je fais des bêtises, ou moi avec mes frères... je pense que l’important, ce n’est pas tant le geste que l’intention. » Il laissa quelques instants le silence les envelopper tous deux, avant de reprendre sur le même ton calme et pensif, les yeux toujours dans le vague. « Tu aurais pu me frapper parce que je sais que ton intention n’était pas mauvaise. Que tu en avais juste besoin. »

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Message(#) Sujet: Re: La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa] La colère est une courte folie [Dmitri & Amaïa] EmptyMar 27 Juil - 18:35

Dmitri & Amaïa
☆☆ La colère est
une courte folie☆☆
Elle était prise dans un étrange ballet comme si engloutie sous l’eau elle était déplacée par des bancs de poissons qui gesticulaient dans tous les sens, comme si enterrée sous terre elle cherchait sans cesse dans un labyrinthe, le chemin qui la conduirait vers la lumière, comme si volant dans les airs elle ne ressemblait plus qu’à une feuille qui, en automne, se détachait pour virvolter avec ses compatriotes dans le ciel orangé avant de se déposer par terre tel un tapis sur lequel l’on pourrait se coucher. Lorsque la colère prenait le dessus, elle pensait être assez forte pour régler tous ses soucis, elle pensait avoir assez de détermination pour faire entendre ses arguments, elle pensait qu’elle était capable de se maîtriser. Mais c’était tout l’inverse qui se produisait, de ce semblant de force ne pouvait résulter que l’apparence d’une fragilité à demi camouflée qu’elle tentait d’étouffer sous jurons et coup portés comme si en se protégeant physiquement elle était capable de dresser une barrière contre les autres. Pour se protéger. Etre en sécurité. Survivre. Son inconscient avait, depuis les traumatismes subis, de bien étranges façons de voir le danger et de bien étranges façons de l’aider à s’en sortir. Elle avait l’impression de sans cesse courir dans un chemin sans fin ou tomber dans un puit sans fond, si on l’arrêtait alors son inconscient prenait peur pour sa survie. C’était étrange. Le psychologue avait essayé de lui expliquer avec des images, mais elle n’en était pas plus avancée. On lui avait dit d’essayer d’écouter son corps, alors elle tendait l’oreille tous les jours mais ne percevait tout au plus que les battements de son coeur. Que pouvait signifier écouter son corps et sa raison? Alors lorsque la question se posait de savoir à partir de quand on pouvait frapper, quel était le point de rupture d’une amitié et de ce que l’on pouvait faire avec une personne que l’on aimait, l’expression écouter sa raison prenait tout son sens. Malheureusement elle ne percevait de cette raison que le bourdonnement familier qui résidait encore un peu dans ses tympans après qu’elle se soit énervée trop fort et trop longtemps.

Elle releva le regard vers le jeune Serdaigle à ses côtés. Quelle pouvait être la frontière à ne pas dépasser pour ne pas que, comme les autres, il la laisse tomber. Il aurait certainement raison de le faire. Un jour elle pourrait finir par le taper, et même si lui, lui disait à ce moment présent qu’il lui pardonnerait, le pourrait-il toujours quand le jour viendra et qu’elle ne pourra cette fois se résoudre à descendre de nouveau son bras le long de son corps sans le faire souffrir. A quel point les émotions qu’elles ressentaient à l’égard du jeune homme étaient-elles assez fortes pour calmer sa colère sourde? Qu’en savait-elle? Comment pouvait-elle le juger? Et lui? Comment pouvait-il être si certain qu’il lui pardonnerait? Elle était prise dans le ballet de ses pensées, ne parvenait plus à réfléchir de façon claire. Les questions se mélangeaient dans son esprit, si vite qu’il lui était impossible de toutes les retenir, si désordonnées qui lui étaient impossible de remettre les mots dans l’ordre, si tumultueuses qu’elle se sentait incapable d’en saisir une seule à la fois pour la poser. Son regard ne cessait d’aller et venir dans le paysage et sur Dmitri comme pour trouver un point d’ancrage, comme pour trouver quelque chose qui lui permettrait de calmer la tempête intérieure qui continuait de déverser en elle les vestiges de son bateau désormais éclaté en mille morceaux.

« Je ne sais pas, Ama… »

Un surnom. Elle plongea ses yeux dans le bleu du regard de son ami. Et toutes ses pensées finirent par baisser en intensité. Elle parvint à se concentrer de nouveau vers le jeune homme qui avait prit l’habitude aujourd’hui, à l’instar de son cousin, d’user du diminutif de son second prénom. Elle n’en connaissait pas les raisons, pourquoi s’amuser à réduire le prénom de quelqu’un, mais étrangement en entendant son prénom ainsi rapetissé, elle sentait une agréable chaleur lui envahir la poitrine. Elle sentait son pouls ralentir et ses pensées se calmer. Comme si un simple surnom suffisait à calmer la tempête qui l’habitait. Un point d’ancrage. L’amitié que Dmitri lui portait était-elle le point d’ancrage qu’elle avait toujours inconsciemment cherché? Savoir que quelqu’un était là pour elle, quelque soit les fautes qu’elle avait pu commettre et les vices de sa véritables personnalité? Pouvait-elle trouver en les paroles, en le regard azuré de son compagnon de maison, l’ancre qui empêcherait son bateau de couler, la corde qui viendrait se dérouler pour qu’elle sorte de ce puit qu’elle avait elle-même prit l’habitude de creuser, le panneau d’indication le long de son chemin qui pourrait la faire bifurquer et s’arrêter pour reprendre son souffle.

Elle en venait à se demander comment marchait l’amitié. Il semblait se poser les mêmes questions. Lui non plus ne semblait pas savoir quels étaient les frontières à ne pas franchir et pourtant il était certain d’une chose: de son pardon. Pardonner. Verbe transitif. Tenir (une offense, une faute) pour nulle, renoncer à punir, se venger. Si elle l’avait tapé, ne l’aurait-il pas fait en retour? Cela pouvait-il donc être ça l’amitié? Se dire que même si on se faisait taper, l’envie de frapper en retour n’existait pas ou pouvait se contrôler? Lorsqu’elle y repensait, elle aurait pu le frapper tout à l’heure, parce qu’il l’avait énervé, il l’avait blessé, en soit c’est comme si il avait tapé son esprit et pourtant, elle s’en était empêchée, elle ne l’avait pas réellement frappé. Elle n’avait pu, c’était Dmitri, quelque chose en elle l’en empêchait. Etait-ce donc ça l’amitié? Le bras ou le fil invisible qui retiendrait toujours sa main lorsqu’elle aurait envie de le frapper? La frontière à briser serait-ce donc ce fil invisible et si fragile? Et si demain elle le frappait, cela pourrait-il dire qu’elle avait brisé cette amitié. Pour lui cela ne lui semblait pas être le cas, pour elle, elle n’en savait rien.

Ne pas savoir. Etre dans le flou. L’inconnu. Elle détestait cela. Elle aimait tout prévoir, tout organiser, rien n’était laissé à la légère. C’était un devoir sinon une obligation. Savoir permettait de comprendre et comprendre permettait de devenir une meilleure personne voilà pourquoi elle s’efforçait de lire et d’apprendre tous les mots du dictionnaire qu’elle pouvait. En sachant ce qu’elle devait ressentir, elle finirait par le comprendre puis par le ressentir de nouveau et ainsi, elle pourrait redevenir celle qu’elle avait toujours été. Celle qui n’était pas Amaïa, celle qui était Yuna. La jeune fille qu’elle était en ce moment même en train de dépeindre d’une manière amère à Dmitri comme si tel un robinet cassé elle ne pouvait empêcher un flot de parole échappant à son contrôler, de se déverser dans cette conversation. Comme pour se libérer. L’avertir? Pourquoi lui parlait-elle de tout cela? Et si il en venait à tout répéter? Et si derrière son dos il allait répéter à tout le monde qu’elle était étrange, qu’elle se faisait appeler par son second prénom et qu’elle était agressive? Et si tous ces efforts étaient réduit à néant à cause de cette confidence? Malgré ça, dès qu’elle croisa le regard de Dmitri, elle sentit de nouveau ses doutes s’estomper. Quelqu’un semblait lui murmurer qu’il ne le ferait pas. Elle ne savait pas qui était cette voix, elle ne connaissait pas cette personne et pourtant elle la croyait. Se doutait-elle en réalité que cela n’était que la transcription des bruits de son coeur qui avait décidé de faire confiance au jeune aiglon? Se doutait-elle que c’était l’émotion qu’elle lisait inconsciemment sans le comprendre dans son regard qui lui certifiait qu’elle ne se trompait pas. Non, elle ne le savait pas. Non elle ne s’en doutait pas. Et pourtant elle était là, à lui dévoiler une vérité profonde qui était l’essence même du mensonge sur son prénom.

Si lors de cette révélation la tension n’avait cessé de monter entre les deux élèves faisant prendre une position défensive à la jeune métisse et poussant le jeune van Aken à poser des questions qui la mettaient mal à l’aise, elle finit par sentir la corde tirée se détendre peu à peu. Dmitri soupira. Ses épaules se détendirent et se relâchèrent et malgré que son regard ne semblait pas calme mais plutôt habité également par des interrogations, sa bouche resta scellée. Alors un poids se détacha des épaules de la jeune fille qui s’était tendue comme un arc depuis qu’elle avait commencé à évoqué son passé. Comme si il lui laissait l’occasion de respirer. Alors c’est ce qu’elle fit. Respirer. L’air frais s’engouffra dans ses poumons comme une vague salvatrice. Alors elle se laissa aller à quelque confidence, pour prouver au jeune garçon qu’elle tenait à lui, pour le remercier d’être resté et d’être celui qu’il était. Elle voulait lui faire comprendre qu’il n’était pas comme les autres, des personnes qu’elle se contentait de regarder avec un faux sourire aux lèvres. Non, Dmitri était différent. Elle l’avait su le jour où il était venu lui parler des dessins de son père alors qu’elle n’écoutait déjà plus la répartition des nouveaux élèves dans les différentes maisons. Elle l’avait su quand il était revenu le lendemain manger à sa table et qu’elle avait eut envie de lui planter une fourchette dans le pied. Elle l’avait su quand ils étaient en désaccord mais que ni l’un ni l’autre ne pouvait réellement partir fâché, à partir de là, elle avait compris que Dmitri était plus que les autres. Parce qu’elle lui avait laissé une place qu’elle refusait à tout le monde depuis que Papa était mort. Parce qu’elle lui avait donné une confiance qu’elle avait elle-même perdue et qu’elle perdait tous les matins en se regardant dans le miroir. Parce qu’elle lui donnait une importance et une considération que sa famille seule avait le droit d’avoir. Parce que d’une façon qu’elle ne pouvait pas expliquer, la perspective de le perdre était beaucoup trop douloureuse pour qu’elle ne puisse l’imaginer. Voilà pourquoi elle savait que ce garçon aux cheveux bruns et aux yeux bleus avait une place différente des autres. Voilà pourquoi, même si elle ne comprenait pas ce que lui disait sa tête et son coeur, elle le considérait plus que tout autre comme un ami. Parce que pour elle c’est ce qu’il était. Un véritable ami. Sans doute le premier dans cette école.

A bien y réfléchir leur amitié était compliquée. Comme une balance en équilibre qu’un grain de sable pouvait suffire à déséquilibrer. Leur amitié ne tenait que lorsque l’un et l’autre était également en équilibre, lorsque l’un tombait c’était toute la balance qui se déséquilibrait, lorsque l’autre lui tendait la main, c’était toute la balance qu’il essayait de retenir. Leur amitié serait-elle donc réduit à un jeu d’équilibriste ou chaque jour ils devront essayer en vain de garder la même posture pour ne pas que tout tombe d’un côté ou de l’autre. Il y avait des amitiés simples ou il suffisait de sourire pour s’attirer de bonnes grâce, il y avait des amitiés simples où il suffisait de rire pour certifier que tout allait bien. Puis il y avait leur amitié, savant mélange de non-dits et de tentatives de confidences, savant mélange de colère et de douceur, savant mélange de tempêtes et d’accalmies. Malgré tout, elle ne se voyait pas sans cette amitié. Non, elle ne pouvait imaginer perdre cet ami qui lui faisait chaud au coeur et qui semblait la comprendre mieux que personne ne l’avait jamais compris. Peut-être que c’était ça le point commun qui les rapprochait. La compréhension.

« Je n’en avais jamais vraiment eu avant non plus... »

Son regard se tourna une nouvelle fois vers l’aiglon. Son coeur manqua un battement. Elle ne pouvait imaginer être une amie pour le jeune homme, elle la fille que l’on avait toujours cherché à fuir depuis qu’elle était entrée à l’école primaire, elle la fille étrange qui avait des comportement bizarre et des attitudes compromettantes. Si pour elle, Dmitri était de loin celui qui ressemblait le plus à son premier ami, elle était surprise de savoir que c’était peut-être également le cas pour lui. Sa voix et sa posture avaient changé. Il semblait plus hésitant, presque mal à l’aise. La jeune fille eut un petit sourire et instinctivement elle attrapa la main de Dmitri pour la serrer quelques secondes dans la sienne. Elle avait besoin d’un contact physique pour communiquer, pour elle les gestes signifiant beaucoup plus que les mots. Serrer la main du jeune homme lui montrait son affection et son soutien, elle voulait lui donner de la force et du courage. Voilà pourquoi quand elle croisa de nouveau le regard de Dmitri, presque toutes les traces de la Tempête était passées en arrière plan, ne laissant plus dans ses yeux marrons qu’un calme pensif et les vestiges de quelques émotions troublantes. Elle lui sourit gentiment. Soudain elle vit le comportement de Dmitri changer une nouvelle fois, ses joues devinrent rouges et il détourna le regard, elle le laissa faire en ne cessant de le fixer comme si il pourrait lui donner les raisons qui le poussait à agir de la sorte. Ce qui ne tarda pas à venir.

« Quand je te disais que je ne savais pas si frapper les gens que l’on aime, c’est normal ou pas... Dans ma famille, on a souvent tendance à faire ça. Frapper. Mon père, parce que je fais des bêtises, ou moi avec mes frères… »

Elle laissa échapper un petit « oh » incontrôlé. Elle venait de comprendre quelque chose.

« Tu veux dire que si jamais ce n’était pas normal alors cela voudrais dire que ton père ne t’aime pas ou alors que tu n’aimes pas tes frères et soeur et réciproquement, mais ce n’est pas vrai, vous vous aimez…c’est exact? »

Les relations humaines étaient compliquées. Beaucoup trop compliquées pour un esprit aussi étriqué et inexpérimenté que le sien.

« Je pense que l’important, ce n’est pas tant le geste que l’intention. »

Elle pencha doucement la tête sur le côté comme si elle cherchait à comprendre le sens de ce qu’il voulait dire. Elle pour qui les gestes représentaient plus que de simples mots avait un peu de mal à saisir les pensées du jeune homme.

« L’intention? Mais frapper ça fait mal alors peut importe si l’intention et bonne ou mauvaise, la conséquence reste la même, on fait du mal à quelqu’un et ce n’est pas bien, non? Maman m’a toujours dit que si on faisait du mal à quelqu’un alors on était méchant et elle ne voulait pas que je devienne méchante…je pense que c’est un peu tard maintenant pour revenir en arrière »

Oui. Il était trop tard. Trop tard pour effacer tous les tords qu’elle avait pu commettre au sein de sa courte existence. Trop tard pour se racheter aux yeux des personnes qu’elle avait aimé et qui l’avait délaissé à cause de cette même violence. Elle était devenue méchante le jour où elle avait levé la main sur quelqu’un, à partir de là le mal pouvait continuer de circuler en elle, elle ne pourrait jamais le faire taire. Elle essayer de le cacher à Maman, mais c’était peine perdue. Est-ce que c’est pour ça que Maman pleurait dès fois le soir? Parce que sa fille était devenue méchante? Et ce que c‘est pour ça qu’elle ne voulait pas l’emmener à Poudlard? Parce qu’elle pourrait blesser d’autres personnes? Le cours de ses pensées finit par être interrompu par la voix de Dmitri.

« Tu aurais pu me frapper parce que je sais que ton intention n’était pas mauvaise. Que tu en avait juste besoin. »

Elle détourna le regard de son ami et fixa de nouveau l’horizon. Même horizon qu’ils regardaient tous les deux pour éviter de laisser lient regard s’entrecroiser une nouvelle fois. Elle agrippa une nouvelle fois ses deux mains l’une dans l’autre espérant se donner un peu plus de constance alors qu’elle se mordait la lèvre refusant tout contact visuel avec son ami.

« Comment tu sais que mon intention n’était pas mauvaise? Tu n’es pas dans ma tête, comment pourrais-tu savoir ce qui m’a traversé l’esprit à ce moment là? Et si tu te trompais? Et si j’avais réellement voulu te faire du mal? Et si ce n’était pas un besoin mais juste…juste une envie? Si j’arrive pas à le savoir…comment toi tu le pourrais? »

Elle tourna une nouvelle fois son regard vers son ami espérant lire en ses yeux bleus les réponses à toutes ses questions. Etait-elle bête au point de ne pas réussir à se comprendre elle même à ce point? Etait-elle si expressive et transparente au point que les gens puisse déceler en elle ce qu’elle ne parvenait pas à comprendre? Elle admirait les convictions et la détermination du jeune homme, mais comment pouvait-il en être si sûr? D’où détenait-il cette force qui lui permettait de l’affirmer? Elle poussa un petit soupir et secoua négativement la tête en souriant mélancoliquement. Son regard balaya le paysage qui s’offrait devant eux. Elle reprit, comme en mode automatique, guidée simplement par le son de son coeur qui s’évertuait à ne pas ralentir son rythme effréné.

« Elle est bizarre. Elle est méchante. Laissez là tranquille. Ne vous occupez pas d’elle. Elle ne parle jamais. Elle ne comprend rien. C’est moi, où elle répond toujours à côté? Pourquoi elle est comme ça? Retourne dans les jupes de ta mère. Vipère. Sale brute. Monstre.»

Elle avait dit tout ces mots sans regardant le jeune homme. Puis elle se tourna une nouvelle fois vers lui sans nulle trace de tristesse dans les yeux, comme si elle venait d’énoncer simplement des faits qu’elle avait entendu à de nombreuses reprises.

« Tu aurais pu être comme eux. Prononcer une de ses phrases et partir. Tu aurais pu être comme eux me repousser et m’insulter. Tu aurais pu être comme eux, demander aux autres de ne pas m’approcher pour me laisser seule, pour ne pas que je fasse du mal à quelqu’un d’autre, mais tu ne l’as pas fait. »

Elle finit par laisser son visage sérieux et de marbre, étirer ses lèvres en un petit sourire.

« Tu es quelqu’un de bien Dmitri van Aken »
☾ anesidora


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