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[TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton)
August P. Rowle

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Message(#) Sujet: [TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) [TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) EmptyDim 27 Déc - 20:58

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The crown is out of sight
Blue & Maxton face à l'empire déchu


Lundi 28 Décembre 2026.

Ce fut un long trajet.
A dire la vérité, ils avaient simplement transplané grâce à leur fidèle elfe de maison (qui était en réalité davantage traumatisé par la torture que lui avait fait subir la jeune fille pour qu’il garde sa langue), et étaient arrivés de fait d’une manière assez rapide jusqu’aux portes d’Haddington.
Mais les trois derniers mois avaient été particulièrement lents.
Entre les fiançailles de Phoenix qui s’étaient résolues par un mariage improvisé avec Hannibal, le scandale de la rentrée à cause des piètres lubies d’Appleton, la présence insolente de Faust qui bouleversait les codes de l’équilibre précaire de leur rang et l’empoisonnement aussi surprenant que délectable du Ministre... Bluebell et Maxton avaient assisté, impuissants, à des rebondissements qui n’avaient que retardé la date qu’ils attendaient impatiemment.

Tout avait été parfaitement organisé selon un calcul minutieux.
Ils avaient prétexté dès leur retour chez Wendell et Elisabeth un besoin de passer du temps en campagne pour les poumons fragiles de Bluebell. Leurs parents adoptifs ne connaissaient que trop bien les différentes crises d’angoisse de la Serpentard, sujette à une claustrophobie maladive. Ils savaient également qu’elle se plaignait fréquemment de l’humidité poussiéreuse du château : il leur avait suffi de dire qu’ils partiraient en convalescence quelques jours dans leur château familial… Et ils avaient mangé dans leur main, d’autant plus après la soirée de Noël qui avait agité les hautes sphères. Une bouffée d’air frais pour la jeune fille qui avait besoin d’espace - une inspiration profonde pour les jumeaux qui étaient au bord du dernier ravin de leur destin.

Ils étaient arrivés à hauteur de l’entrée de la petite bourgade écossaise, où se trouvait la maison de repos de leur mère. Bluebell s’était résolue à accepter cette terminologie exacte, précise, qui seyait de toute évidence à celle qui les avait mis au monde. Et quel monde… Un monde sombre, à feu et à sang, où ils avaient lutté pour se faire une place. Les voilà finalement de retour sur leurs terres natales, accueillis par une bruine grisonnante et glaciale. L’Ecosse n’avait jamais été chaleureuse et pourtant, Bluebell observait les maisons de pierre autour d’elle d’un regard nouveau, comme un explorateur aurait admiré des terres désolées de la fierté d’arpenter les chemins qu’il leur restait à découvrir.
Les vacances de Noël ne servaient pas à cela. Peut-être Bluebell aurait-elle dû réellement se reposer de ces derniers mois, fragilisée par l’air humide et souillé de la présence visqueuse des impurs, par l’allure inquiétante des événements autour d’eux, par le poids des cours qui, bien qu’ennuyants, finiraient par la conduire vers un examen qu’elle n’avait guère préparé, perdue dans le réconfort de ses espoirs qui les avaient guidés jusqu’ici. Mais ils avaient malgré tout fait le chemin jusqu’à leur demeure à Reading, avant de préparer quelques affaires pour un séjour bien moins reposant. Bluebell le savait, elle le voyait dans l’air pesant de cette simple ville assez modeste.

Tout allait changer.

Ce n’était qu’une journée de décembre parmi tant d’autres, et pourtant, inexorablement, quelque chose de fort, de profond, de déterminant se tramait dans les ruelles désertes. Elle avait revêtu ses vêtements des grands jours pour l’occasion, elle qui était pourtant loin d’être un exemple de discipline. Chemise de soie blanche couverte d’une robe noire, bottines aux talons suffisamment hauts pour la tenir droite et fière mais suffisamment bas pour convenir à la bienséance, elle avait même pris le temps de dompter ses boucles ébènes qui logeaient entre ses épaules, maintenues par un serre-tête qui dégageait son visage qu’elle tenait à garder impassible. Elle tiendrait bon, c’était la seule mission qu’elle s’était donnée pour cette journée. Qu’importe les émotions, les doutes, les réponses : elle se devait de tenir, d’être aussi droite, aussi altière que son éducation, car elle voulait, désespérément, montrer à ceux qu’elle allait enfin trouver qu’elle était parfaite, irréprochable, exceptionnelle, malgré tout ; malgré son enfance misérable, malgré les guerres qu’elle avait conduites, malgré la colère et malgré la haine.

Aujourd’hui, Bluebell voulait fermer la porte sur celle qu’elle avait été pour se présenter en une graine de femme forte, impétueuse, inébranlable. Elle voulait être la fille idéale pour retrouver des parents qu’elle se figurait, eux aussi, en modèles de réussite. Alors, tandis qu’ils s’étaient tenus quelques minutes, silencieux, devant l’entrée de la bourgade, leur elfe de maison déjà reparti par crainte de s’attirer les foudres de ses maîtres, Bluebell finit par rompre le silence en tournant son visage vers son frère, dont elle n’avait toujours pas lâché la main. “Allons-y, le froid finira par me tuer autrement.” Elle appuya ses dires d’un sourire qui se voulait amusé, détendant un instant ses traits figés dans une expression solennelle qui la rendait presque adulte. Refermant finalement quelques boutons de son ample manteau de laine, elle reporta son attention vers l’avenue devant eux, avant d’avancer d’un premier pas, prenant une légère avance devant Maxton dont elle sentait la présence derrière elle.

Il y avait quelque chose de fascinant en ces quelques minutes de marche silencieuse. A la manière d’une procession religieuse, ils avançaient dans la tranquillité des rues vides d’Haddington, le regard fixe pour Bluebell qui n’observait même plus l’architecture locale, déjà plongée dans la projection de ses attentes dont elle se rapprochait. Elle ne daigna lever le regard que lorsqu’ils arrivèrent finalement face à la maison de repos, nichée dans un quartier résidentiel. La bâtisse était aussi modeste que le reste de la bourgade ; les moldus n’étaient définitivement doués d’aucune conscience esthétique, limités certainement par leurs cerveaux étroits. Quelques hauts arbres sans feuille faisaient office de lugubres gardiens devant la porte fermée, plantés dans un sol empli de cailloux. L’hôpital avait quelque chose d’austère, plongé dans un calme presque irréel où seuls leurs pas crissaient. Bluebell ne doutait pas, même sans être encore entrée, que leur mère méritait bien plus que la sobriété de mauvais goût de cette vieille bâtisse. Elle allait pousser la porte d’entrée lorsqu’elle se retint, cherchant le regard de Maxton qui était arrivé à sa hauteur. Sans rien lui dire puisque la parole avait souvent été superflue dans leurs échanges complices, elle le gratifia d’un sourire si mince que ses yeux n’en parurent que plus déterminés. Elle ouvrit finalement la porte, les menant jusqu’à un hall éclairé de vulgaires plafonniers de plastique.

Bluebell resta figée de l’étrange ambiance qui se dégageait de ces murs turquoise. Comme ayant laissé tout son passé sur le pas de la porte juste derrière elle, elle se retrouva à épier les lieux d’un regard inquisiteur, sans autres pensées que celles de savoir où se terrait leur mère. Figée par une concentration presque maladive, elle observa toutes les portes, détailla chaque infirmière qui passait devant elle, à l’affût de la moindre présence fantomatique. Mais seul le personnel médical semblait passer par là, ce dont elle s’agaça, soudainement impatiente. Elle avait attendu des mois pour croiser un regard de glace et un visage hautain ; pas de vulgaires souillures mortelles. Il lui fallait retrouver sa mère maintenant ; son cœur s’était accéléré, comme en état d’alerte, poussée par le seul désir d’en finir avec ce mystère qui l’avait si longtemps accompagnée.

Maxton apparut alors à côté d’elle ; elle ne s’était même pas aperçue qu’il avait déjà interrogé le personnel d’accueil. Sentant certainement la désorientation obsessive de sa sœur, il lui attrapa la main et la guida finalement dans une pièce annexe où vint les trouver, après quelques instants d’attente qui lui parurent comme une éternité, une infirmière incroyablement laide. Elle sembla les jauger du regard, essayant de déterminer leur âge avant d’esquisser un sourire aux jumeaux. “Bonjour et bienvenue à tous les deux. J’ignorais que Finella attendait de la visite… Elle sera heureuse de vous voir, j’en suis certaine. C’est que les visiteurs se font rares.” Elle leur fit alors signe de la suivre. Bluebell n’avait guère daigné croiser le regard de la vieille femme, perdue quelque part entre ses derniers sursauts d’appréhension, ses dernières parcelles de rêve, et l’envie aussi rationnelle qu’absurde de ne croiser le regard que de celle qu’ils étaient venus trouver. Tout le reste sembla flouté dans son esprit ; la structure du bâtiment, les escaliers qu’ils empruntèrent, les gens sans âme qu’ils croisèrent. Elle ne fut même plus en mesure de dire si oui ou non Maxton lui serrait encore les doigts, combien d’étages ils gravirent, ni tout ce que leur expliquait l’infirmière qui les guidait. Plus encore qu’à leurs premiers pas dans cette vieille demeure, il lui sembla être cloisonnée dans une bulle explosive de sentiments pressants et de songes désordonnés. Elle ne s’était même pas aperçue qu’elle tremblait, pourtant accablée par la chaleur du lieu.

Et puis, enfin, simplement, voire trop simplement, l’infirmière poussa la porte de la chambre 103 en invitant les jumeaux à entrer à sa suite. Et aussi soudainement qu’elle s’était resserrée autour d’elle, sa bulle explosa. Elle s’aperçut que Maxton lui serrait fermement la main ; qu’il la regardait elle, et non la femme étendue dans un lit ; qu’il venait de lui chuchoter quelque chose même si elle était incapable de s’en rappeler ; qu’il y avait une forte odeur médicale qui n’avait rien du naturel qu’elle attendait ; que la bruine extérieure était si pesante que toutes les lumières étaient allumées, baignant la pièce dans un éclat jaunâtre qui n’avait aucune intimité.
Mais, surtout, elle vit une femme quadragénaire allongée dans un lit trop ample pour sa frêle silhouette dont elle croisa presque aussitôt le regard. “Finella, voici deux invités venus spécialement te voir. Je vais vous laisser discuter : tu nous appelles si tu as besoin de quoi que ce soit.” La vieille infirmière quitta la pièce aussi vite qu’ils y étaient entrés en prenant soin de refermer la porte derrière elle, scellant les jumeaux entre ces quatre murs décidément bien trop éclairés, selon une lumière hostile et intrusive. Bluebell s’approcha alors en silence de la femme dont elle ne quittait pas le regard, sans même se demander s’il était inconvénient d’avancer vers elle sans présentation. D’un autre côté, comment auraient-ils pu s’introduire ? Elle n’était pas en capacité de parler, seulement d’observer ces deux yeux bleus cernés, où des vaisseaux sanguins rougeoyaient dans une fatigue évidente. Elle s’arrêta finalement à côté de la malade, qui finit par chercher le regard de Maxton, cette fois-ci. Les reconnaissait-elle ? Avait-elle la moindre idée de qui ils étaient, ces deux gamins silencieux ?

Bluebell, sans se l’expliquer, se mit à avoir la vision trouble. Mais par delà le flou, elle distingua la longue chevelure noire de la quadragénaire, le creux de ses joues et la pâleur cadavérique de son teint. C’était une femme magnifique, en tout cas, qui avait été magnifique, mais qui n’était plus que consumée par un mal qui avait ôté toute noblesse à ses traits désormais hagards et éteints. C’était elle, à n’en pas douter.
Elle avait passé des heures à contempler chaque détail de chaque recoin du visage qui lui souriait fièrement sur la photographie qu’elle avait gardée de cette inconnue dans l’espoir secret qu’il s’agissait de leur mère. Ce visage qui souriait d’insolence arrogante, c’était le sien, celui-là même qui passait de Maxton à elle dans une interrogation croissante, éclairant son regard morne d’un soubresaut d’une vie passée. Par tous les dieux, c’était bien elle, à n’en pas douter ; cette photographie, ce fragment d’espoir sur lequel elle s’était rattachée à travers les heures les plus sombres était finalement légitime.

“Qui êtes-vous ?”
L’écho de la question résonna dans la pièce, dans une intonation plus inquisitrice qu’interrogative, comme appelant une confirmation et non une réponse. Alors Finella se redressa lentement pour se tenir droite, du mieux qu’elle le pouvait de sa fragile constitution. Elle consultait Maxton, puis Bluebell et encore Maxton du regard alors que ses traits reprirent, presque miraculeusement, des couleurs.
C’est précisément à cet instant que quelque chose en Bluebell s’effondra, dans une implosion silencieuse qui emporta avec son fracas la seule promesse qu’elle s’était faite en arrivant. Le voile trouble qui avait couvert ses yeux se décousit en une seule et unique larme qui fila discrètement le long de sa joue. “Bluebell. Et voici mon jumeau, Maxton.” La jeune fille avait levé le menton, cherchant une contenance derrière l’effondrement intérieur qui secouait son âme. Sa gorge s’était nouée et n’avait laissé passer qu’un souffle alors que son cœur battait si fort qu’elle crut le sentir éclater en un million de morceaux tranchants comme du verre. Presque symétriquement, la pauvre malade fut happée d’une émotion brillante dans ses yeux. L’espace d’un instant, elle parut presque emplie de vie, là où son corps squelettique avait des allures de cadavre. Un relent de noblesse tel un éclat de glorieuse fierté la redressa davantage tandis qu’un sourire vint absorber les larmes qui venaient de perler sur son visage. Elle n’était pas folle, elle ne l’avait jamais été et tout ceci n’était qu’une piètre mascarade qui allait enfin prendre fin.
Ce fut là le dernier espoir de Bluebell.

@Maxton E. Sherwin

code by EXORDIUM.



BORDERLINE
Are you too terrified to try your best? Better ascend into the sky, dangerously fine and unforgiven, relentless, zealous: inspired by the fear of being average.

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Dernière édition par Bluebell E. Sherwin le Ven 16 Avr - 10:26, édité 1 fois
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Vesper L. Corvere

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Message(#) Sujet: Re: [TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) [TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) EmptyLun 28 Déc - 0:39

The crown is out of sight



L’ennui avait cédé la place à une myriade d’émotions dont Maxton ne savait réellement que faire. Le retour à Poudlard après le bal avait été chaotique, d’autant plus que les jumeaux étaient à la soirée. Cela ne faisait pas d’eux des suspects potentiels, mais cela ne permettait pas de les innocenter non plus. Maxton n’aimait pas cela du tout. Toutes les machinations commençaient à ressurgir sur Poudlard et étant donné l’allégeance actuelle du ministère, être sang pur dans cet imbroglio n’était pas un atout. Quitter l’école avait donc été une forme de soulagement, mais avait aussi accentué sa frustration de ne pouvoir partir immédiatement pour accomplir leur quête. Et maintenant que leur heure était arrivée, que l’elfe avait été contraint au silence et qu’ils avaient proféré des mensonges assez plausibles pour que leurs parents adoptifs les laissent partir, il ne savait plus ce qu’il ressentait.

Le trajet lui avait paru à la fois bien trop court et terriblement long. Bref parce qu’il avait beau fanfaronner en disant qu’il allait retrouver leur royaume, il avait peur de ce qu’ils allaient découvrir. Interminable parce qu’il avait attendu toute sa vie des réponses à ses questions et que chaque seconde supplémentaire était une torture. Et l’ensemble était angoissant parce que pour une raison mystérieuse, il ressentait une sorte de peur diffuse à l’idée de décevoir sa mère. Il aurait dû s’en moquer royalement. Il n’avait jamais eu besoin de l’approbation de qui que ce soit, si ce n’était de sa sœur. Pourtant, une femme qu’il ne connaissait pas arrivait à fissurer son ego surdimensionné. Ou il avait peur qu’elle ne soit pas à la hauteur de ses espérances ? Il avait tellement peu douté dans sa vie qu’il ne savait même mettre un mot sur ses craintes. Alors il avait fait mine de rien et avait suivi sa sœur.

La bourgade dans laquelle ils étaient arrivés était affreusement banale. Tellement ordinaire que cela en frôlait même l’insulte aux yeux du gryffondor. Il ne savait pas à quoi il s’était attendu, mais maintenant qu’il était là, cela le rendait presque malade de savoir que le monde tournait parfaitement alors qu’eux vivaient des instants décisifs. Bluebell se tenait à ses côtés, indifférente au décor qui les entourait. Boucles sagement disciplinées, robe noire et chemise blanche, elle était aussi belle et apprêtée que possible. Tout semblait glisser sur elle, comme si c’était facile. Le premier sourire de la journée se dessina sur ses lèvres. Si sa sœur traversait cela avec dignité et noblesse, il pouvait en faire de même. Il lissa du plat de la main la chemise bleue marine qu’il avait mise pour l’occasion et acquiesça en lançant avec arrogance

- Il faudrait plus que du froid pour nous tuer.

Néanmoins, il ne lâcha pas la main de sa jumelle. Aucun des deux n’en fit état, mais la main de l’autre avait quelque chose d’apaisant. Comme un rappel que quoi que cette journée puisse leur réserver, ils étaient ensemble. Puis brusquement, elle lui échappa et elle commença à avancer. Maxton lui emboîta sagement le pas.

Les rues étaient sinistrement désertes. Il fallait croire que les gens étaient encore réunis dans leur famille pour les fêtes et qu’arpenter ces pavés ne revêtait aucun intérêt pour eux. Pour lui, chaque minute supplémentaire accentuait son malaise alors que Bluebell évoluait gracieusement devant lui. Puis ils arrivèrent enfin devant la maison de repos. Un sifflement consterné s’échappa des lèvres du garçon. La bâtisse n’était certes pas dans un mauvais quartier, mais elle lui semblait lugubre. Cette constatation lui redonna l’aplomb qui lui manquait. Il allait tirer leur mère de là. Il avait réussi à s’occuper de Blue autant que cela était possible, il pouvait bien prendre le relai pour sa mère. Sa sœur se figea un instant avant de pousser la porte et il acquiesça doucement pour l’encourager. Ils n’avaient pas fait ce chemin pour rester devant.

L’ambiance était étrange. Les infirmiers se succédaient dans un ballet étrange dont eux seuls semblaient connaître les pas. Bluebell se figea, étudiant chaque détail avec une obsession presque maladive, si bien que Maxton se sentit obligé de se rendre à l’accueil pour qu’on les aiguille. Sourire poli sur le visage, moue faussement angélique, il n’eut aucun mal à persuader le monde qu’ils étaient un duo de gentils enfants venus voir un membre de leur famille. Quelque part, il avait mieux valu que ce soit lui qui mène cet échange. Il était capable de sentir l’impatience de sa jumelle et déceler la froideur dans son regard. Des deux, il était le plus charmeur.

-Blue, viens.

Il glissa sa main dans celle de sa sœur et l’emmena avec lui. A l’instant où ils étaient entrés, les rôles s’étaient inversés. Elle avait supporté le voyage sans sourciller alors que lui doutait. Maintenant que l’austérité de la maison de repos semblait l’engloutir, c’était à lui de la soutenir. Et c’est ce qu’il fit. Sourire factice sur le visage, il remercia la personne qui les accueillit

- Nous avons voulu lui faire une surprise, nous habitons trop loin pour venir régulièrement.

Il ne lâcha pas sa main le temps qu’ils gravissent ses interminables escaliers. Puis ils arrivèrent devant la porte 103 et Maxton se tourna vers leur accompagnatrice pour lui adresser un énième sourire poli.

- Merci de nous avoir accompagnés.

Façon un brin directe de la congédier, mais efficace. Ils se retrouvèrent seuls dans la chambre au jaune douteux, face à une femme pour le moins affaiblie. Il pressa la main de sa sœur, lui murmurant

- Ca va ?

Elle ne répondit pas mais s’avança vers leur mère. Maxton la lâcha pour la laisser s’avancer, croisant les bras pour observer la femme devant lui avec un regard critique. Impossible de nier leur filiation, elle avait les mêmes yeux de leur bleu si particulier. Et surtout, elle avait l’air d’une santé discutable, aussi pâle qu’une poupée de porcelaine. Aussitôt, il verrouilla ses émotions pour ne porter qu’un regard détaché sur la situation. Si elle avait été belle, ce n’était plus le cas. S’il y avait eu la moindre trace de superbe en elle, elle était réduite attendre que le temps passe entre ces quatre murs jaunâtre. Si elle avait été saine d’esprit, elle n’aurait pas fixé le vide, perdue dans cette maison de repos qui tenait plus de l’asile qu’autre chose. Tout ça, ce n’était pas qu’un simple accroc dans leur plan, c’était tous leurs espoirs qui s’écroulaient. Son estomac se serra et il croisa le regard de Bluebell.

- Qui êtes-vous ?

La question avait claqué dans l’air, avec suffisamment d’autorité pour le regard de Maxton se pose à nouveau sur leur mère, cette fois-ci plus curieux qu’empli de pitié. Elle s’était redressée et reprenait une forme de vie qu’il jugeait plus rassurante que la première image qu’elle leur avait renvoyée. Blue répondit avant qu’il n’ait le temps de le faire, à moins qu’il n’en ait tout simplement pas eu l’envie. Ce fut la larme traîtresse qui glissa le long de la joue de sa sœur qui le sortit de son mutisme. Il quitta la posture en retrait qu’il avait adopté jusque là pour la rejoindre d’un pas, se tenant à ses côtés. Pour le reste, il feignit de ne rien voir. Une larme était un débordement d’émotions inhabituel pour elle et elle aurait détesté qu’il y fasse allusion. Alors la seule chose qu’il pouvait faire, c’était de reprendre le contrôle de cette conversation pour lui laisser le temps de reprendre contenance.

La femme devant eux changea presque entièrement de physionomie et l’espace d’un instant, Maxton eut l’impression qu’elle se raccrochait à la réalité. Les yeux brillants, des pleurs lui échappèrent et Maxton eut brusquement la sensation d’être le pire monstre de froideur. Blue manifestait de l’émotion. Cette femme en face de lui également. Et lui … Il ne ressentait pas grand chose. De la peur, du malaise, mais aucune envie de se joindre à ce débordement collectif.

- Vous savez qui nous sommes ?

Il avait presque envie qu’elle réponde non pour entraîner Blue loin d’ici. Il mourait d’envie qu’elle réponde oui pour la sortir d’ici. Il avait adouci sa voix au maximum pour ne pas paraître grossier. La femme, leur mère, tout en se redressant, lui lança un regard indignée, bien loin de son air absent de la seconde précédente.

- Je connais le nom de mes enfants.

Le port de tête était brusquement altier, la voix pleine d’une noblesse nouvelle et la moue presque arrogante qu’elle arbora ressembla à s’y méprendre au sourire moqueur qu’il affichait si souvent. Maxton la jaugea d’un œil critique avant de se détendre. Une fois animée, elle n’avait plus l’air d’un cadavre ambulant. Avec trois kilos en plus et dans un décor à sa mesure, elle serait parfaite. Un soulagement presque enfantin déferla en lui quand elle répliqua qu'elle le reconnaissait. Une lueur de fierté s’alluma dans ses yeux et elle tendit les bras vers eux, comme pour les sommer d’approcher. Maxton avança prudemment d’un pas pour ne pas la décevoir, tout en restant assez loin pour ne pas qu’elle puisse l’effleurer. Mettre à distance était une forme de défense chez lui, pas contre elle, mais contre toute la situation et ce qu’elle lui inspirait

- Vous êtes si grands … et si beaux. J’aurais dû m’en douter, vous avez les yeux des Melrose. Je suis tellement heureuse de vous voir, je ne pensais pas avoir cette occasion ….

Dans un réflexe toujours aussi puéril, il aimait l'idée que Bluebell et lui puissent lui plaire. Il n'avait jamais eu besoin de son amour ou de son approbation pour vivre et en une phrase il était subitement à l'affut de ses mots, dévoré par l'envie de la rendre fière. Cela n'avait pas de sens. Elle se figea brusquement, puis plissa les yeux comme si elle tentait de retenir une idée qui filait entre les doigts

- Comment se fait-il que vous soyez là ?

Il y avait une forme de panique dans sa question, comme si leur présence avait si peu de sens qu’elle menaçait de lui faire à nouveau perdre pied. Maxton tourna la tête vers Bluebell, ne sachant que répondre. Il y avait mille possibilités. Certaines étaient bien trop larmoyantes, d’autres bien trop franches. Il en perdait ses mots.

lumos maxima
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Message(#) Sujet: Re: [TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) [TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) EmptyLun 28 Déc - 15:29

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The crown is out of sight
Blue & Maxton face à l’empire déchu

Les rêves avaient bien d’étranges aspects : ils étaient impatiemment attendus, considérés et étudiés, mais apportaient systématiquement une réalité différente, surprenante, parfois encore plus merveilleuse que n’importe quelles rêveries pourraient jamais concéder. Et c’était dans ces rares cas où l’incroyable cédait au quotidien une part de ses beautés que le monde entier tremblait devant un bonheur si brut qu’il asphyxiait toute inquiétude d’un seul regard bleuté porté sur deux enfants abandonnés. Elle connaissait le nom de ses enfants. Cette phrase, lâchée avec autant d’évidence que de raillerie, sonnait presque comme une douce moquerie, insolente mais terriblement exquise. Bluebell laissa échapper un rire, quelque part entre de l’amusement et un soulagement profond : non seulement cette dame était réellement leur mère, celle qu’ils avaient tant attendue et dont ils avaient tant rêvé, mais en plus, elle se présentait à eux du haut d’une certaine arrogance qu’elle laissa couler sur ses propos. Même Maxton n’aurait su avoir ce ton si tranchant tant cette réplique était résolue. Pauvre Melrose déchue. Que faisait son orgueil dans cette chambre aux éclats jaunâtres ? Ne méritait-elle pas une salle voilée des plus belles broderies, parée de coussins de soie, éclairée par un ample soleil déclinant par delà la houle d’une mer d’émeraudes ? Ses grands yeux, quoiqu’encerclés de veines violacées, avaient retrouvé un éclat aussi noble que le sourire de fierté qui trônait dorénavant sur les pâles lèvres de la malade. Mais était-elle seulement réellement malade ? N’était-ce guère qu’un immense malentendu ? Peut-être que ses vœux se réaliseraient : retrouver ses enfants qu’on lui avait injustement arrachés la rétablirait sur le champ. Il n’y avait qu’à voir l’engouement qui secouait ses muscles tendus pour se tenir droite devant eux. Elle était déjà en train de revivre. C’était un spectacle merveilleux, une tragédie qui finissait en apothéose ; et Bluebell ne se souvenait pas avoir déjà vécu une œuvre aussi formidable que le rétablissement de sa mère qui fit un geste vers eux pour les appeler auprès d’elle.

Maxton s’avança prudemment, mais Bluebell ne s’en rendit même pas compte, absorbée par le visage de la quadragénaire. Elle semblait dévorer chaque parcelle de sa peau, comme essayant de retrouver sous son teint diaphane les traits qui constituaient son propre visage. Un petit nez en trompette, une mâchoire ferme, un regard perçant ; et surtout, un sourire éclatant et glorieux. Bluebell s’approcha du lit sans la moindre hésitation. On lui avait volé sa mère et son enfance : elle ne comptait plus laisser aucune distance, qu’importe l’odeur médicale qui se dégageait de ses draps. “Vous êtes si grands … et si beaux. J’aurais dû m’en douter, vous avez les yeux des Melrose. Je suis tellement heureuse de vous voir, je ne pensais pas avoir cette occasion.” Il lui sembla ressentir un nouveau craquement intérieur ; mais cette fois-ci, pas une seule larme ne glissa sur sa joue. Non, le craquement n’était pas l’écho d’un effondrement, mais bien d’une libération extatique, comme on aurait retiré un masque en porcelaine pour dévoiler le vrai visage de la Serpentard. Et elle était resplendissante ; par tous les dieux, qu’elle rayonnait ! Comme le lion d’Androclès, elle eut l’impression qu’on lui retirait brutalement une épine du pied. Et alors, plus rien à voir avec la bête indomptable et sauvage ; elle se surprit à ressentir une grande sérénité, comme une tranquillité d’âme. Avait-elle jamais eu le loisir de naviguer en eaux calmes ? Elle qui n’avait que lutté toute sa vie pour s’assurer une place dans un monde houleux ? Etait-ce seulement cela, le bonheur ? Savoir qu’une mère était fière d’elle, de ce qu’elle était devenue ; qu’elle avait hérité des caractéristiques d’une noble famille, et qu’elle assurait en cet instant même la reconstruction d’un empire en suspens ? Oh certes elle avait toujours apprécié son regard de glace - mais être complimentée de la sorte avait quelque chose d’authentique, loin de la superficialité qu’elle se devait de tenir jusqu’alors.

Un profond craquement. Elle laissa le masque tomber. Bluebell ne fut plus qu’une jeune fille heureuse, un ample sourire apaisé dénouant les tensions de son visage. Elle n’avait même plus envie de pleurer ; seul comptait ce large sourire, mélange de joie et de douceur, de fierté et d’ambitions. Un sourire qui aurait attendri n’importe quel combattant, n’importe quel ennemi. Le même sourire qui avait illuminé Eurydice alors qu’Orphée était parvenu à convaincre le dieu des Enfers de la laisser partir. A l’approche du tunnel de sortie, elle se sentit assaillie d’un millier de questions ; mais, figée par le sentiment diffus de bonheur, elle se surprit à garder le silence jusqu’à ce que leur mère brise finalement la glace la première. Comment se faisait-il qu’ils soient ici, et maintenant ? Une ample question qui n’avait en définitive aucune réponse unique. Elle tourna finalement son visage vers Maxton dont elle croisa le regard. Elle ne l’avait jamais vu de la sorte. C’est à cet instant qu’elle sembla se reconnecter à la réalité ; l’extase redescendue, elle s’aperçut combien son frère était tout aussi bouleversé qu’elle. Il n’en disait rien, mais elle lisait derrière ses iris toute la confusion qui l’accablait. Maxton n’était pas préparé à cela, il n’avait jamais grandi dans cette attente furieuse de la vérité. Et il se retrouvait ainsi confronté à une mère qu’il n’avait jamais attendue, à une réalité d’or là où il n’avait jamais désiré que l’argent. C’était l’évidence même : il semblait paralysé, quelque part entre sa réserve naturelle et un sentiment inconnu qui pourtant, était bien là, devant eux : celui d’avoir enfin trouvé un sens à un monde en noir et blanc. Elle était tout aussi désorientée que lui, mais elle avait la chance d’être plus souple et de s’adapter facilement aux fortes émotions qui avaient bercé sa vie. Son impulsivité avait au moins cela de bon : elle pouvait gérer même les pires inattendus, là où Maxton se trouvait inflexible face à l’inconnu. De fait, elle attrapa les rênes par elle-même, glissant ses doigts sur les phalanges de son frère pour lui montrer que dorénavant, c’était elle qui était là pour lui. Il l’avait guidée dans les Enfers : à elle de le sortir définitivement d’ici. S’éclaircissant la gorge, elle réhaussa son menton, non sans laisser aller le sourire qui continuait d’éclairer son visage d’une auréole presque divine. On aurait dit un ange : aussi brillante que triomphante, aussi radieuse que noble. “Nous sommes à votre recherche depuis… Depuis longtemps, déjà” commença-t-elle en essayant de garder un ton formel en dépit de l'afflux de sentiments qui secouait son âme. Elle ignora même l’inquiétude qui avait teinté les propos de sa mère, qu’elle interpréta naturellement comme une surprise accentuée d’ainsi retrouver sa progéniture aux heures les plus sombres. “Nous avons récemment trouvé notre acte de naissance, qui nous a donné votre identité. A partir de là, il nous a suffi de faire quelques recherches pour savoir où vous étiez. Nous avons ensuite attendu le moment propice pour venir vous rencontrer.” Bluebell marqua un instant de pause avant de reprendre, sa voix prise de tonalités enthousiastes qui n’avaient rien à voir avec son ironie sordide habituelle : “Et nous y sommes parvenus. Finalement, nous avons réussi à vous retrouver, Mère.” Son sourire s’élargit un peu plus, laissant découvrir ses canines qui n’avaient plus rien d’un rictus carnassier ; il s’agissait d’un réel sourire de bonheur, qui seyait à son visage angélique. La harpie s’était finalement changée en une noble princesse qui n’attendait plus que retrouver son royaume perdu. “Nous sommes enfin face à vous, et nous ne comptons plus vous perdre. Nous vous aiderons de fait à sortir de cet endroit insalubre. Une Melrose de notre rang mérite bien mieux que la médiocrité moldue” lâcha-t-elle avec dédain en jetant un œil à la décoration douteuse.

Finella esquissa un sourire cruel, comme ravivée par la perfidie et la noblesse de sa fille qui venait de lui témoigner toute l’éducation parfaite qu’elle avait reçue. Ses deux enfants ainsi face à elle, rendant hommage à une gloire qu’elle méritait de droit, sembla la raviver davantage ; elle se redressa tout à fait et, plongeant son regard ranimé dans les prunelles opalines de ses enfants, elle leva ses doigts squelettiques vers sa fille qui venait de prendre si sagement la parole. Ses ongles pointues glissèrent un instant sur la joue de Bluebell, immobile, qui ferma les yeux une seconde pour mieux savourer cette timide caresse. Sa propre main resserra les doigts de son frère alors qu’elle rouvrait des yeux emplis d’une suffisance frénétique, comme agitée par la rage d’une victoire si longtemps désirée. “Vous parlez comme une digne héritière, mon enfant. Je suis navrée que nous ayons été séparés si longtemps… Tellement longtemps…” La voix de Finella se coupa aussitôt, laissant retomber sa main qu’elle contempla d’un air soudainement absent. “Presque dix ans” admit Bluebell en écho sans détacher ses iris du profil de sa mère. “Dix années loin de vous... “ reprit évasivement la malade, le regard perdu. Bluebell crispa sa mâchoire alors que son sourire s’enveloppait d’un voile d’amertume. “Vous avez lutté pour notre cause, Mère. Nous le savions, vous avez été victime de l’injustice de cette exécrable société. Mais qu’importe ces dernières années : nous nous sommes retrouvés, et je vous fais la promesse que Maxton et moi-même ferons de notre mieux pour vous sortir d’ici.” Finella garda cependant un moment de silence, comme absorbée dans de sordides considérations, avant de relever son regard fantomatique sur Maxton qu’on venait de mentionner. Elle se pencha légèrement vers son fils qu’elle contempla longuement. “Vous avez veillé sur votre sœur, comme je vous l’avais demandé. Je vous ai imploré de prendre soin d’elle quand ils vous ont arrachés à moi” susurra-t-elle d’une froideur mortelle.

Le sang de Bluebell se glaça aussitôt, comme alourdi d’une inquiétude passagère. Finella semblait soudainement remontée, comme revivant les difficiles séparations. Celle-ci pencha légèrement le visage sur le côté en fermant les yeux, comme pour se défaire d’une telle emprise de sa douloureuse mémoire, avant d’attrapper délicatement le menton de Maxton entre ses doigts. On aurait dit les griffes d’un monstre décharné, ce qui arracha une moue de colère à Bluebell qui ne pouvait tolérer que sa mère eût subi si longtemps les dégradations de ce monde en putréfaction. Elle lâcha alors la main de son frère, qu’elle contempla d’un regard empreint d’une morgue redoutable. Elle ne s’était jamais sentie aussi proche de lui qu’en ces quelques secondes de suspension. Elle lui devait tout : et sa mère ne semblait que trop fière de voir qu’il avait réussi à faire de sa fille cette jeune femme ambitieuse et redoutable. “Elisabeth vous a-t-elle au moins élevés correctement ? Je ne supporterais pas de savoir que vous ayez manqué de quoi que ce soit” chuchota finalement Finella en lâchant le menton de son fils pour planter son regard dans le sien, comme en une véritable prédication. Elle semblait avide de réponse, comme une mère aurait envie de s’assurer la sécurité et la prospérité de ceux sur qui elle n’avait pu veiller. Heureusement, cette séparation était derrière eux : ils pouvaient dorénavant parler du passé comme d’une vulgaire erreur. Ils avaient peut-être été séparés dix longues années, mais ce n’étaient rien en comparaison aux prochaines décennies de gloire commune qui les attendait. Les Melrose, leur fortune, leur prestige, leur amour ; tout cela semblait finalement accessible, comme une étoile longuement priée qui se montrait finalement à eux. Tel Icare, Bluebell se sentit voler vers l’astre qu’elle avait si longtemps désiré. Elle n’avait jamais réalisé combien cette quête était vitale à ses yeux : mais alors qu’elle effleurait du bout des doigts la surface éclatante du Soleil, elle s’aperçut combien tout le reste n’avait jamais eu d’importance. Seul comptait ce triomphe final et l’avenir radieux qui se reflétait dans ses yeux émus. De fait, elle n’eut même pas la présence d’esprit d’apercevoir la faille qui se glissait derrière les iris fiévreuses de la malade ; et elle s’approcha ainsi du Soleil sans comprendre que ses ailes étaient déjà en train de fondre.



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Vesper L. Corvere

Vesper L. Corvere



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The crown is out of sight



Telle Saint Lazare, la femme devant eux semblait un peu plus revenir d’entre les morts à chaque seconde supplémentaire. Blue s’illumina face à ce spectacle alors que Maxton était incapable de voir au-delà de sa pâleur, de sa maigreur presque squelettique, ses cernes violacées … Cette comédie avait quelque chose de pathétique, comme si elle n’avait pas la bonne enveloppe corporelle pour la personnalité qu’elle leur renvoyait. Il n’y avait pas besoin d’être médecin pour se rendre compte qu’elle n’allait pas bien et qu’elle n’irait pas mieux avec quelques paroles. Est-ce que la mort n’était pas une situation plus clémente que d’être à ce point diminuée ? Il avait la désagréable sensation d’être floué. Oui elle avait leurs yeux, leur arrogance, mais ce n’était qu’un ersatz de la mère dont il avait rêvé. Un reflet abîmé de l’adulte qu’il aurait aimé trouver.

Bluebell semblait pourtant transportée de bonheur. Voyaient-ils les mêmes choses ? Elle n’était que joie et sérénité, lui n’était que doutes. Ses doigts se glissèrent entre les siens et il ressentit une forme de soulagement indicible à l’avoir près de lui. Peut-être avait-elle raison, il était trop sévère avec cette situation irréelle. Bluebell se lança dans son récit avec un enthousiasme qui ne lui ressemblait guère. Naïve petite fille qui se croyait sortie des enfers. Lui notait avidement chacune des expressions de leur mère et il pouvait déceler la sombre promesse d’un retour en ces lieux maudits. Aucun d’eux n’était sorti d’affaire.

Comme pour témoigner de sa parfaite éducation, Bluebell menait cette conversation d’une main de maître, alternant les registres, un peu de joie, de soulagement, de tristesse … Tout était saupoudré avec délicatesse et équilibre, comme si la jeune fille avait répété ce rôle des centaines de fois. Son improvisation n’en était que plus admirable tant elle semblait naturelle. Peut-être l’était-elle après tout ? Il n’en était que plus fascinée par sa sœur. Il y avait en elle une résilience insoupçonnée, une force que lui n’arrivait pas à trouver. Il tressaillit quand elle promit de tout faire pour qu’elle quitte cet endroit, avant d’acquiescer lentement. Il ressentait une certaine anxiété à cette idée, sans être en mesure de la verbaliser. Pourtant, c’était reformer une famille avait toujours été le but de sa sœur. Une dynastie et un royaume, tel était le plan. Alors pourquoi cette angoisse diffuse ?

- Vous avez veillé sur votre sœur, comme je vous l’avais demandé. Je vous ai imploré de prendre soin d’elle quand ils vous ont arrachés à moi

Le Gryffondor perdit de sa superbe à ces mots. Elle se souvenait. Face aux mots qu’elle lui sussurait, il eut l’impression de redevenir l’enfant abandonné qui avait dû promettre de veiller sur sa jumelle. Il baissa légèrement la tête, incapable de soutenir son regard.

- Je vous l’avais promis.

Il n’y avait plus d’arrogance dans ses propos, juste un chuchotement teinté de la peur de l’avoir déçue. Ce seul échange résumait à lui seul tout ce qu’il avait toujours été et tout ce qu’il était devenu. C’était presque son premier souvenir d’enfance. Il en avait d’autres, mais ce n’était que des tourbillons de couleurs en comparaison de cette promesse. Il se souvenait de sa peur quand elle l’avait imploré, de son goût amer, des larmes qu’il avait retenues et de son serment. Chaque image était nette, gravée dans son esprit. Il était bien trop jeune pour qu’on lui confie une telle tâche, bien trop enfant pour lui arracher des promesses impossibles à tenir. Avait-elle idée de ce qu’il avait sacrifié pour y arriver ? Parce que c’était bien cela la conséquence de ses paroles. Il s’était senti investi d’une mission et avait fait en sorte de ne presque jamais faillir. Une part de lui l’avait parce qu’il aimait Blue, démesurément. Une autre l’avait fait pour tenir cet engagement. Il avait eu longtemps l’espoir stupide et enfantin que s’il était sage, s’il respectait sa parole, ses parents finiraient par revenir et le complimenter. Finalement ils n’étaient pas revenus et il s’était entièrement construit autour de l’idée que son seul unique rôle était de former cet étrange duo avec sa sœur. Eux contre le reste du monde. Lui pour la protéger elle. Pour mener à bien cette mission, il y avait laissé son insouciance, mais il avait surtout appris à verrouiller ses émotions. Les sentiments étaient une faiblesse dont il n’avait pas le luxe s’il voulait veiller sur Bluebell. C’était elle l’émotive, et il y en avait des émotions derrière ses colères, sa rancœur et son impulsivité. Elle avait bien des tourments à exprimer. Lui avait fait taire les siens pour la laisser s’exprimer pour deux. Et maintenant, il était là, face à leur mère, incapable de ressentir la même chose que sa sœur. Il avait lu la joie sur ses traits, son soulagement. Lui … Il ne savait pas. L’afflux avait été trop fort, trop soudain, alors il avait fait la seule chose qu’il savait faire. Il avait tout enfermé, caché au fond de lui pour continuer à maintenir ce regard froid et calculateur sur ce qui les entourait. C’était étrange comme impression, presque paradoxale. Il se sentait affreusement vide et à la fois à la fois il sentait les étincelles de ses sentiments refoulés reprendre vie à certains instants, comme des braises laissées sous la cendre.

Les doigts de sa mère attrapèrent délicatement son menton et il se laissa faire avec une docilité inattendue. Pourtant, chacun de ses muscles se crispa à son toucher. C’était sa mère et il la protègerait aussi sans hésiter, mais se faire effleurer par l’ombre de ses espoirs avaient quelque chose d’effrayant. Ses doigts étaient si fins, si pâles. C’était comme si elle revenait d’entre les morts pour le jauger. Pour juger s’il avait tenu sa promesse. S’il ne laissa rien transparaître, la lutte intérieure pour en pas se soustraire brutalement fut intense. S’il avait pu supplier Blue de l’aider à s’esquiver, put reculer d’un pas … Sa peau à elle avait la froideur des cauchemars pour lui, mais sa sœur semblait si heureuse et cette femme en face de lui paraissait tellement bouleversée de les voir qu’il ne pouvait pas se permettre de bouger. Après tout, n’était-ce pas la preuve de ce qu’il était devenu ? Veiller sur Blue. Et maintenant veiller sur sa mère. Tant pis s’il devait étouffer un peu plus ce qu’il ressentait pour y arriver. C’était son rôle. Son seul et unique rôle.

Bluebell était à mille lieux de ses pensées. Etrange comme eux qui se comprenaient si bien sans parler pouvaient aujourd’hui avoir une perception si différente. Sa jumelle avait le regard empli de morgue, prête à combattre le monde entier pour gagner la nouvelle bataille qu’elle s’était choisie. Elle était fière du visage qu’elle offrait à leur mère, à raison. Toute sa personne était tournée vers ces retrouvailles alors que tout son être à lui recensait et pointait chacune des incohérences de ce charmant tableau. Ses doigts presque arachnéens le lâchèrent enfin et il recula d’un pas, incapable de résister à son envie de mettre de la distance entre elle et lui.

- Elisabeth vous a-t-elle au moins élevés correctement ? Je ne supporterais pas de savoir que vous ayez manqué de quoi que ce soit.

Bluebell rayonnait un peu plus à chaque parole, réjouie par son intérêt, par son amour. Maxton n’entendit que la dissonance du discours. Il pencha la tête et demanda avec prudence.

- Comment savez-vous qu’elle s’appelle Elisabeth ? Vous aviez choisi les Sherwin ?

Tant de secrets dans cette seule possibilité. Les Sherwin connaissaient leurs parents ? Ils avaient volontairement choisi de ne jamais rien dire ? De la laisser s’enfoncer un peu plus chaque jour dans les limbes de la folie dans cet asile déguisé en hôpital ? Elle avait choisi de les laisser ? Souhaité les abandonner ? Leurs regards se croisèrent. Bleu sur bleu, ton sur ton. Les prunelles de Maxton exprimaient de la méfiance, celle de leur mère une fièvre qui n’avait rien de normal. Les ombres qu’il avait perçues continuaient d’y danser.

- Bien sûr que j’avais tout prévu. Crois-tu que j’aurais laissé quoi que ce soit au hasard ? Impossible de vous laisser avec lui. Vous êtes des Melrose, il fallait un endroit à votre hauteur. Digne de vous. Avec lui, ça n’aurait pas été le cas.

Son arrogance était de retour et se mua en colère au fil de ses paroles, si bien qu’elle parut presque feuler ses derniers mots. Sans laisser à Bluebell le temps de reprendre la direction de la conversation, il s’empressa de lui demander

- Qui est « lui » ? Ou est notre père ? Pourquoi Elisabeth ne nous a rien dit ?

Les réponses avant la joie. Il y avait trop de zones d’ombre. Il se fichait de la brusquer, si elle avait choisi de les abandonner auprès des Sherwin pendant quinze, ils avaient droit à des réponses. Il avait le droit à la vérité pour chaque nuit sans sommeil, chaque épreuve, chaque foutu mensonge. Les questions semblèrent ruisseler sur elle sans qu’elle n’y accorde le moindre intérêt. Elle s’était figée quand il avait parlé de leur père et mit brusquement ses mains sur ses oreilles, comme pour tenter de ne pas entendre ce qu’il disait. Les rares fils qui semblaient la rattacher à une forme de réalité lâchèrent et elle cessa son geste. Ses joues perdirent de ses couleurs et elle se contenta de tourner la tête pour se soustraire aux iris trop exigeantes de son fils. Ses yeux se perdirent dans le vague et elle ne leur répondit plus, happée par ses propres démons. Il en aurait hurlé de frustration s’il avait pu.

- S’il vous plaît …

Au diable les apparences, il se moquait bien que sa sœur l’entende supplier cette femme. Elle n’avait besoin que de sa reconnaissance pour trouver un sens à cette entrevue, lui avait besoin de comprendre. A croire qu’ils n’étaient finalement pas si semblables que cela. Leur mère dénia enfin les regarder après de longues secondes et Maxton sut à cet instant qu’il avait perdu. Cette attitude noble qu’elle avait pu arborer avait disparu pour cet aspect presque déboussolé. Ses yeux passèrent sur eux presque sans les voir et elle se contenta de marmonner

- Encore des nouveaux soignants ?

Elle l’avait oublié. Cette constatation lui fit plus mal qu’il n’aurait pu le prévoir, comme un poids sur sa poitrine lui compressant la cage thoracique. Toutes ses défenses mises en place se fissurèrent.

- Nous ne sommes pas des infirmiers. Je suis Maxton et je suis avec Bluebell. Nous sommes vos enfants.

Il avait dit cela d’un ton qui ne souffrait aucune contradiction, comme on assène une vérité générale. Leur mère s’arrêta, arqua un sourcil avant de secouer la tête d’un air dédaigneux.

- Mes enfants ont cinq ans, ce qui n’est manifestement pas votre cas. Arrêtez de me prendre pour une demeurée et allez plutôt embêter quelqu’un qui en a réellement besoin.

Elle les congédia d’un geste de la main tandis que Maxton restait immobile à l’observer. Elle était donc bel et bien folle. La déception de voir cette mère qu’il avait tant voulue ainsi se disputait à son envie de laisser éclater toute la colère que la situation lui inspirait. Il était sur le fil alors qu’il n’avait jamais rien attendu de cette confrontation. Contrairement à Bluebell. C’était donc sa sœur l’urgence. Il se tourna vers elle et attrapa sa main, se décalant pour faire écran entre elle et le lit, comme pour préserver les souvenirs qu’elle venait d’obtenir

- Notre présence est certainement un peu riche en émotions pour son état. Je suis certain qu’avec de bons spécialistes …

Saurait-elle déceler les mensonges dans ses propos ? Mais comment lui dire de faire le deuil d’une personne bien vivante ? Pire encore, allait-elle lui en vouloir d’avoir posé ces questions ? Il n’était pas de taille à supporter sa colère après aujourd’hui.


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August P. Rowle

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The crown is out of sight
Blue & Maxton face à l’empire déchu

Inéluctablement, le Soleil la brûla, consumant ses ailes de cire qui coulèrent aussi piteusement que ses espoirs le long de sa colonne dorsale. Un frisson brûlant lui parcourut l’échine à mesure que son jumeau menait un interrogatoire de plomb. Il était dur, trop dur ; elle était accoutumée à ses raisonnements cartésiens comme à ses réflexions scientifiques - en revanche, son rationalisme face au bonheur le plus brut de leur existence lui sembla aussi perfide que le venin qui se dégageait de ses questionnements illégitimes. Elle observa de fait, impuissante, les interrogations de son frère fuser d’une manière insolente, comme en véritable prédication d’une vérité qui lui échappait. Par tous les dieux. Il avait avoué à leur mère le rôle qu’il avait endossé pour mieux accoler son avenir, tout comme il semblait touché par le remerciement silencieux glissé par celle qui les avait mis au monde. Que désirait-il de plus ? Pourquoi ne pouvait-il se contenter de cette joie inespérée, au lieu de chercher une logique à une vérité trop rêveuse pour se contenter de faits méthodiques ? Il lui demanda ainsi pourquoi Elisabeth et comment les Sherwins ; ce à quoi Bluebell resta muette, comme anesthésiée par le froid polaire de celui qu’elle avait toujours perçu comme l’astre solaire de sa synergie. Elle tournait autour de Maxton, telle une planète autour de son étoile - mais s’il venait à se comporter comme un trou noir, glacial et indifférent, comment pourrait-elle se satisfaire de la tournure de sa trajectoire ? Leur mère rétorqua avec une présomption digne de sa prestance, ce à quoi Bluebell esquissa un sourire de fierté. Oui, bien entendu, elle avait toujours tout prévu. Elle n’aurait jamais laissé la providence s’appesantir sur la fortune légère de leur destinée ; elle avait tout fait pour les laisser jouir d’un monde qu’il leur restait à construire. Mais c’était terminé. Ils allaient enfin retourner à l’empire familial qui les attendait - un événement glorieux et triomphant que la réserve de Maxton sembla balayer d’un revers de la glace de ses prunelles que Bluebell contemplait dans un silence désespéré.

Elle aimait son frère, d’une force aussi viscérale qu’innée. De fait, elle n’aurait pu donner une terminologie claire à ce sentiment qui l’agitait quand elle sentait sa présence en support à ses doutes. Mais elle savait que ce lien indescriptible qui la ramenait systématiquement à lui, cette force qui la poussait à se battre sans jamais abandonner pour voir l'orgueil danser dans les prunelles de son frère, était une forme inexorable d’amour. Elle l’aimait, résolument, n’en déplaise à sa pudeur et à la glace de son cœur. En revanche, son comportement en cet instant lui parut fondamentalement incompréhensible. Il ne se contenta guère des explications de leur mère, fragilisée, et chercha en retour plus de légitimité, plus de vérité. Elle le trouva dur, elle trouva sec : et ses dires lui firent l’effet d’un poids sur la légèreté enfin retrouvée. Comme un nuage contrastant avec l’azur du ciel qui venait de s’ouvrir à elle. La Serpentard observa son frère dans un air d’incompréhension alors qu’il mentionnait leur père, et l'interrogation autour d’Elisabeth. Bien entendu, elle désirait tout autant que lui connaître ces réponses : mais ils avaient patienté dix ans, ils pouvaient attendre encore quelques minutes avant de démêler les nœuds de leur fortune. Maxton ne semblait pas aussi tolérant et accabla le frêle squelette de leur mère de reproches acerbes. Comment sa fragile constitution aurait-elle pu tenir de telles critiques ? En effet, sa morgue retrouvée s’effondra devant la vindicte violente de ce fils à peine rencontré. Elle sembla alors projetée dans un autre monde, celui d’où elle était à peine ressortie. Maxton venait de souffler un blizzard sur la vulnérable flamme qui venait de briller en elle. Les mains sur ses oreilles, Finella se retrouva soudainement cloisonnée dans un monde inaccessible. Bluebell perdit pied ; comment est-ce que la femme orgueilleuse qui venait de leur répondre s’était retrouvée si soudainement projetée dans une folie douce ? Les propos de Maxton avaient certainement été de trop. Alors, naturellement, au lieu de s’écrouler face à la réalité d’une mère malade et fiévreuse, au coeur d’un hôpital psychiatrique qu’elle se plaisait à appeler maison de repos, elle préféra rejeter la faute sur la dureté d’un frère trop apathique, trop méprisant. Leur mère en vint à oublier leur identité ; formalité que Bluebell ignora, tournant le visage pour ne pas avoir à confronter cette crise de folie qui se déroulait devant son impuissance. Son visage se ferma presque aussitôt, comme si les faits suivants n’avaient plus aucune valeur face à l’intensité de ce qui venait de se dérouler. Perdue entre un bonheur irréel et une situation catastrophique qui lui échappait, elle resta finalement de marbre alors que Maxton tentait désespérément de rattraper ce qu’il venait de détruire.

“Mes enfants ont cinq ans, ce qui n’est manifestement pas votre cas. Arrêtez de me prendre pour une demeurée et allez plutôt embêter quelqu’un qui en a réellement besoin.” La jeune fille accueillit ces propos avec un désintérêt quasi insolent, comme si dorénavant tout ce qui se déroulait n’avait plus aucune importance. Certes, sa mâchoire se crispa, certes, elle plongea son regard sur une fissure des carreaux comme si sa vie en dépendait. Sa mère poussa quelques cris désorientés ; mais elle parvint à ne plus croiser son regard désormais perdu. Maxton se leva pour protéger la vision de sa sœur - mais Bluebell n’en avait plus rien à faire. La folie de sa mère n’avait qu’une seule origine : l'entêtement borné d’un frère trop sec pour percevoir la valeur du peu qu’ils venaient de partager. Bluebell releva alors lentement son visage pour finalement daigner confronter le sérieux des prunelles glacées de son frère. Elle ne considéra même pas sa main dans la sienne, qu’elle lâcha d’un geste brusque pour mieux taire la force de ses pensées disparates. “Laissons-la se reposer. Je ne tiens pas à ce que nos présences l’importunent davantage. Et, sans même plus considérer Maxton, elle s’empressa de se diriger vers la porte qu’elle ouvrit à la volée pour se réfugier dans un couloir obscurci par la bruine extérieure.

Il y faisait frais, c’était sombre, et le calme lui parut plus attendrissant que la bienveillance maladroite de son jumeau. Elle s’approcha doucement de la fenêtre, déboussolée, dans une incohérence incertaine, pour observer sans autre émotion la cour intérieure de cette maudite bâtisse qui abritait l’éclat perdu de leur mère. Quelques vieux platanes sans feuille ornaient sobrement un gazon stérile. Des personnes sans éclat déambulaient dans cette cour intérieure, sous son regard altier et sans humeur. Puis, comme à chaque fois, elle sentit la présence de Maxton approcher de son dos. Sans daigner se retourner, elle haussa les épaules dans un silence obstiné, faisant mine de s’intéresser au paysage terne sous son regard figé avant de se retourner soudainement. Elle croisa presque aussitôt le regard de son frère, qu’elle toisa un long moment en se mordant les lèvres. Les pensées se bousculaient sur le pas de ses lèvres scellées par l’impuissance. “Quinze ans, et tu es toujours un mystère” lâcha-t-elle finalement dans un souffle avant de s’approcher d’un pas, le regard planté dans ses prunelles qu’elle défiait d’un menton relevé en signe de contenance qu’elle essayait farouchement de garder. “Je ne te comprends pas, Maxton” reprit-elle à voix basse. Elle avança d’un nouveau pas avant de relever le visage pour continuer à affronter son frère qui la dépassait. Son regard, quoique paralysé par un déni qu’elle s’efforçait d’avaler, semblait lancer des éclairs là où la monotonie du climat écossais semblait s’étouffer dans une fine pluie sans relief. “Nous avons attendu cette journée avec tant d’impatience. Pour la première fois, j’ai espéré quelque chose. Et te voilà soudainement brusque, impertinent, à jouer des fragiles nerfs de celle qui nous a donné la vie.” Elle marqua une pause, avant de tirer du bout des doigts le col de la chemise d’encre de son jumeau, comme essayant de lisser les plis de son caractère réfractaire. “Elle est chétive. Pourtant, elle nous accueille avec dignité. Et tu l’harasses de tes incertitudes maladives. Nous avons souffert pendant si longtemps… Ne peux-tu simplement te résoudre à être un tant soit peu enthousiaste ?” Sa voix se brisa un instant, ce dont elle profita pour laisser sa main glisser le long du bras de Maxton. Elle caressa finalement ses doigts d’un geste évasif. “Je croyais que tu rêvais de tout cela, toi aussi” conclut-elle d’un ton sec qu’elle appuya en lâchant les phalanges de son frère au profit d’un regard de glace. Elle fronça les sourcils, l’air sévère, comme essayant de comprendre résolument ce qui lui échappait. Que Maxton soit sur ses gardes et méfiant, elle pouvait l’entendre ; mais qu’il se présente avec une telle insolence, quitte à éveiller la fragilité de celle qu’ils venaient enfin de trouver, avait une impertinence amère. Ne pouvait-il se réjouir comme elle ? Pour la première fois de sa vie, elle s’aperçut qu’elle ne le comprenait pas. Cette dissonance leva le voile qui contenait ses émotions jusqu'alors ; et seulement à cet instant, elle ressentit un terrible poids appuyer sur son cœur. Une douloureuse frustration serra sa poitrine. Tout avait été parfait - et tout avait été gâché par une hâte impolie. Maxton avait tout fait pour elle - alors pourquoi tout ruiner si vite ? Cette question la taraudait terriblement, plus encore que la colère sourde qui battait dans ses tempes. Elle se racla la gorge en relevant le menton, avant de ranger une mèche de cheveux derrière son oreille. Elle avait déjà cédé une larme - et le labyrinthe de ses émotions ne devaient pas céder à cette instabilité nerveuse. “Réponds-moi. N’es-tu guère heureux de ces retrouvailles ? Pourquoi…” Mais à nouveau, sa voix se coupa, cette fois-ci sans espoir de se revêtir de l’aplomb qui pourtant battait à ses lèvres. Elle se mordit à nouveau les joues, cette fois-ci avec suffisamment de force pour sentir le goût amer du sang se porter à sa langue. Quelques cris étouffés venant de la chambre voisine résonnèrent à ses tympans. Leur mère luttait vraisemblablement contre une crise de folie provoquée par une indécence incompréhensible. Bluebell pour sa part combattait silencieusement cet ennemi si familier, obnubilée par l’apathie d’un frère qu’elle avait pourtant cru aussi emballé qu’elle à l’idée de retrouver une chose si simple mais si essentielle qu’une mère. Maxton était ce guide - nécessaire dans les limbes, impétueux dans la beauté. Et il venait résolument de piétiner les fleurs d’une chance timide qui s’était pourtant enfin résolue de pousser.


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Vesper L. Corvere

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The crown is out of sight



Les questions du Gryffondor fusaient, comme autant d’attaques sur le bonheur nouvellement acquis de Bluebell. Il ne s’en rendit pas compte sur l’instant, entièrement absorbé par leur mère. Il avait un besoin viscéral de comprendre, d’éclaircir chaque zone d’ombre. Cela le rassurait, lui donnait l’impression de maîtriser la situation et surtout lui aurait permis d’identifier si Blue et lui couraient le moindre danger. Il y avait bien trop de secrets pour que cette hypothèse soit totalement exclue. A force de s’y enfoncer si profondément à la recherche de la vérité, ils allaient en devenir dérangeants. Et comme il l’avait dit, il avait promis de veiller sur sa sœur. Ce n’était pas pour faillir maintenant. Ce ne fut que quand elle s’effondra qu’il comprit qu’il était allé trop loin Il essaya de se rattraper, de protéger Blue de ce spectacle, mais le mal était fait. La joie s’était envolée de ses traits et ses yeux lançaient des éclairs à son égard. Il mourait d’envie de lui opposer que cette femme était folle bien avant son intervention, mais il savait d’instinct que ce n’était pas ce qu’elle aurait voulu entendre.

Signe de sa colère, elle retira sa main de la sienne avec brusquerie, comme si elle reprenait la confiance qu’elle lui accordait et tourna rapidement les talons pour quitter la chambre et ne pas importuner davantage la malade. Sans un regard pour leur mère, il la suivit silencieusement dans le couloir sombre. Il avait la désagréable sensation de se trouver dans un des boyaux de l’enfer. Peu importe où il allait dans cet hôpital, chaque pièce semblait plus austère que la précédente. Pas étonnant que leur mère soit dans cet état. Il se serait pendu plutôt que de rester dix ans ici. Le véritable enfer devait avoir le mérite d’être plus chaleureux. Blue se passionnait pour les jardins, tout aussi affreux que l’intérieur, ce qu’il prit pour une demande silencieuse de lui laisser de l’espace. Alors il attendit sa sentence avec résignation. Elle ne tarderait pas, sa sœur n’était pas assez patiente pour le punir de son silence éternellement.

Il s’attendait à ce qu’elle tempête. Alors quand elle dit qu’il était un mystère, il fut aussi surpris que peiné. Elle était la personne qui le connaissait le mieux sur cette terre, la seule à laquelle il offrait des miettes de ses pensées, de ses espoirs et de ses peurs. Pourquoi serait-il un mystère ? Il subit sa tirade avec stoïcisme, sans manifester que le moindre de ses mots lui faisait l’effet d’un coup das l’estomac. Il y avait des bribes de vérités dans ses propos, il en était conscient. Il y avait aussi et surtout un océan d’incompréhension entre eux. Sa dernière phrase déclencha sa rebuffade. Sans sous soustraire à ses doigts qui jouaient avec le col de sa chemise, il haussa vivement les épaules avant de persifler

- Il faut croire que je ne sais pas ressentir de la joie. Les émotions sont ton domaine de compétence, pas le mien.

Il détestait cette injonction au bonheur qu’elle lui faisait. Il ne savait pas ressentir de la joie sur commande. Pourquoi aurait-il dû en ressentir d’ailleurs ? Il ne connaissait même pas cette femme de toute manière ? Le fait qu’elle l’ait mis au monde ne changeait rien. La voix de Bluebell se brisa tandis que ses doigts effleurer son bras. Il percevait sa tristesse, la peine qu’il lui causait et ce fut sans doute ce qui chassa toute la colère qu’il ressentait. Attrapant sa main, il reprit d’une voix plus douce, prêt à faire amende honorable

- Je rêvais de ce moment pour toi. On va prendre un hôtel, on reviendra demain. Ca se passera mieux, je te le promets ...

Aucun de ses engagements ne semblait trouver grâce aux yeux de sa jumelle qui lâcha sa main d’un geste sec. Elle continuait de le dévisager avec toute la déception du monde et ce regard là lui brisait le cœur bien au-delà que de savoir sa mère ne le reconnaissait pas. Décevoir sa génitrice était une chose, manquer de faire pleurer sa sœur en était une autre. C’était la première fois de sa vie que les nuages qui voilaient ses yeux bleus couleur du ciel étaient de son fait. Habituellement, il était celui qui gagnait ses sourires, ses véritables sourires, pas les moues carnassières dont elle gratifiait le reste du monde. Et là, elle se tenait devant lui, à se mordre violemment la joue en pensant qu’il ne le verrait pas, tentant de réprimer toute la haine qu’elle avait à son sujet. Ne sachant que dire, il se mura dans un silence contrit, les prunelles obstinément fixées vers le sol. Puis, sentant qu’elle n’abandonnait pas, il lâcha finalement

- Comment pourrais-je en être heureux ?

Il releva la tête et voyant l’incompréhension se reflétait dans les yeux de sa sœur, il s’autorisa pour la première fois depuis très longtemps à ouvrir les vannes. Parce qu’il ne se le permettait pas en temps normal, mais aussi parce qu’il n’en avait jamais eu besoin pour que sa sœur le comprenne. Les silences étaient éloquents entre eux. Du moins, c’était le cas, jusqu’à ce qu’ils se lancent dans cette quête absurde. Depuis, le fossé ne cessait de se creuser et leurs différences de caractère se dressaient les unes après les autres entre eux. C’était moins une surprise pour lui que ce ne l’était pour sa jumelle. Il était très conscient que derrière leur gémellité, il y avait deux individus très distincts. Il y avait une dynamique commune, pas des caractères similaires. Mais comme il se pliait de bonne grâce aux désirs de Bluebell, elle ne s’en rendait pas nécessairement compte. Il croisa les bras et lui fit face, sans essayer de cacher son désarroi

- Elle est l’ombre d’elle-même, dans un asile de fou ! Alors non, je ne suis pas heureux et je refuse de célébrer comme une victoire le fait qu’elle se souvienne de nous l’espace d’un pauvre instant. Je veux savoir qui est responsable, obtenir les informations nécessaires pour l’aider elle et ensuite faire payer tous ceux qui nous ont séparés. On ne devrait pas avoir à se contenter de miettes de bonheur, je veux être sûr de tout, tout obtenir. On y a droit.

Pourquoi ne pouvait-elle comprendre qu’il était trop tard pour lui pour qu’il ait envie ou besoin de jouer à la famille parfaite ? Il avait trop sacrifié pour maintenir leur duo pour être capable de tolérer une quelconque autorité parentale. Il avait été bien trop malheureux à sa façon pour chercher une stupide rédemption dans des espoirs enfantins. Du moins, c’était ce qu’il se répétait pour faire taire la pointe de déception qui lui vrillait le cœur. S’il avait dû être honnête avec lui même, il restait une infime part de lui qui avait espéré trouver une mère et reprendre la place d’adolescent qui lui revenait de droit. Peut-être était-ce pour cela qu’il était aussi déçu de ne découvrir que le versant cauchemardesque de ses rêves. Peut-être était-il conscient que quand il faudrait gérer leur mère et sa sœur, il serait seul et qu’il en était incapable. Cette situation était aussi maudite que les Enfers qu’ils avaient traversés. Seulement, il fallait croire que c’était son enfer personnel, pas celui de sa sœur. Alors, il voulait juste se venger du monde entier pour être obligé de subir cela en prime. Elle qui semblait si apaisée en voyant ce cadavre décharné, il lui aurait volontiers transféré ne serait-ce qu’un quart des sentiments qui le tourmentaient pour qu’elle comprenne que ce qu’elle lui demandait lui était difficile. Mais comment aurait-elle pu concevoir ses ressentis, lui qui n’en manifestait aucun ? Il s’arrêta brusquement, à court de mots. Il n’y avait pas assez de terme dans la langue anglaise pour définir son malaise. Pas assez de temps pour y penser.

- Je suis désolé d’avoir gâché ta joie, Blue, je sais que ça comptait pour toi. Ce n’était pas volontaire. Je te jure de tout arranger demain. S’il te plaît.

Si ses paroles étaient une reddition sans condition, tous les non-dits dissimulés derrière ses derniers mots étaient encore plus importants. S’il te plaît ne m’en veux pas, parce que je ne le supporterai pas, pas aujourd’hui. S’il te plaît, dis moi que c’est toujours toi et moi contre le reste du monde. S’il te plaît, comprends moi. Les cris qu’il entendit de la chambre de leur mère le firent tressaillir et sembla encore alourdir le silence qui flottait entre eux. Il avait dit la vérité, il était sincèrement désolé pour elle. Pour la femme qui était leur mère, il éprouvait encore une distance teintée d’effroi qui l’empêchait de se sentir réellement coupable. Elle était dans cet endroit depuis trop longtemps, trop instable. S’il n’avait pas déclenché sa crise, un autre élément de son quotidien s’en serait chargé et de toute façon, elle ne se souviendrait probablement même pas de leur entrevue le lendemain. Aucun besoin donc de se torturer un peu plus.

L’infirmière qui les avait guidés jusqu’à la chambre réapparut, son sourire niais sur le visage. Il la haissait d’avoir l’air joyeuse dans ce sinistre endroit. Ne devait-elle pas afficher un visage de circonstances plutôt ? Une moue faussement désolée pour dire qu’elle compatissait au fait qu’ils avaient retrouvé l’enveloppe de leur mère mais pas son esprit ? Est-ce que s’ils étaient arrivés trois ans plus tôt … ? Il chassa cette pensé de son esprit et se recomposa un visage affable. Il avait lu une théorie selon laquelle dans chaque paire de jumeaux, il existait ce que l’on appelait un ministre de l’intérieur et un ministre des affaires étrangères. l’un était dévolu aux relations entre eux, chef d’orchestre de leur dynamique, alors que l’autre était chargé des relations avec toutes les personnes extérieures à leur duo. Gérer l’extérieur était son rôle à lui.

- Je suis désolée que vous ayez dû assister à cela, Finella est très fragile. Elle a besoin de repos pour le reste de la journée.

Il lui adressa une moue aussi angélique que charmeuse

- Bien sûr, nous ne voudrions pas la perturber, mais je suis certain qu’elle est entre de bonnes mains avec vous. Serait-il possible de revenir demain ?

Comme prévu la moldue roucoula face au compliment. Sombre idiote.

- Bien sûr. Avant de partir, vous devez passer signer le registre avec moi.

Il la suivit docilement, conscient que Bluebell leur emboîtait le pas grâce aux talons de ses bottines qui claquaient à chacun de ses pas sur le carrelage grisâtre. Il se fit violence pour ne pas se tourner vers elle et chercher son approbation. Certaines conversations ne devaient avoir lieu qu’en privée, celle qui les attendait en faisait partie. Une fois rendus à l’accueil, un homme se tenait dans le couloir, semblant patienter. Maxton le détailla rapidement, intrigué. Il y avait quelque chose chez lui qui attirait son attention, sans qu’il soit capable de l’expliquer. Il était assez banal en réalité mais il lui semblait … familier.

- Monsieur Dowgleen ? Les visiteurs de Finella, comme vous l’aviez demandé.

L’infirmière s’éclipsa trop vite pour que Maxton puisse l’insulter de les avoir piégés avec cette histoire de signer dieu seul savait quel registre. Puis, elle avait donné une information plus intéressante que sa minable existence.

- Dowgleen ?

Les dissensions auraient tout le temps d’apparaître plus tard, Maxton jeta un regard à Blue qui lui rendit. Ils avaient bien entendu la même chose. Dowgleen, comme leur père.


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August P. Rowle

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The crown is out of sight
Blue & Maxton face à l’empire déchu

D’une certaine façon, Bluebell s’était toujours sentie bénie dans sa malédiction. Certes, elle avait grandi dans les Enfers, où seuls les accès de fureur avaient une chance d’éclairer l’opacité de ce monde, l’empêchant de fait d’accéder à des gloires retentissantes. Un peu comme le caverne de Platon ; il lui semblait avoir été limitée dans sa vision et dans ses ambitions, ne connaissant qu’un faible miroitement d’une infinité bien plus éclatante bien qu’inaccessible. Mais dans cette injuste cruauté qui l’avait bâtie, elle avait eu la chance d’être dotée d’un frère. Aussi cette caverne illusoire était-elle moins pesante, et se rapprochait-elle dans un sens d’une vérité absolue peut-être même invisible à ceux qui déambulaient à l’extérieur sans cette présence de soutien. Maxton était comme un deuxième cœur. Mais dans le sens premier du terme ; un muscle capable de pomper régulièrement le sang de sorte à irriguer correctement l’ensemble de ses organes. De fait, sa présence dans sa vie avait largement contribué à la faire avancer, parce qu’elle avait à ses côtés un jeune homme capable de filtrer ses songes, ses peurs, ses inquiétudes pour ne laisser couler en elle qu’une force ravageuse, celle-là même qui avait fini par leur permettre de se tenir dans cette vieille bâtisse psychiatrique. Et pourtant, résolument, sonnait un profond écart entre eux deux après toutes ces années de lutte commune. Peut-être était-ce dû à une réalité trop farouche pour la fragilité de ses espoirs, ou simplement aux hurlements lâchés dans la chambre d’à côté. Néanmoins, Bluebell était loin d’approuver le comportement de son frère ; et elle resta stupéfaite un instant alors qu’il lui rétorquait qu’il ne savait pas ressentir de la joie. N’était-ce pas là une profonde injustice ? Certes, les émotions étaient son monde - elle était, chaque jour, traversée par d’innombrables sentiments contradictoires qui lui permettaient, à défaut d’avoir une vision claire des événements, une réactivité et une impétuosité nécessaires à sa survie. Mais la joie ne lui avait jamais été familière. Elle avait déjà été satisfaite ou, tout au plus contente de la tournure de certaines situations - mais de là à s’annoncer heureuse… C’était nouveau pour elle également, et elle ne comprenait pas comment Diable son frère ne pouvait-il au moins essayer de ressentir cela lui aussi alors qu’ils touchaient du doigt un but depuis si longtemps attendu.

Mais à nouveau, il balaya ses songes d’une véracité trop brute pour être agréable. Ainsi donc il ne rêvait de ce moment que par charité, pour elle uniquement ? A ces nouvelles paroles, elle laissa échapper un souffle d’amertume, comme scandalisée. Sans quitter son jumeau du regard, elle fit brûler dans ses yeux une colère furieuse ; mais comme dorénavant chacun le sait, cette rage ne cachait en réalité qu’une profonde blessure. N’avait-il tout fait que pour elle ? N’avait-il jamais voulu retrouver leurs origines ? Se contentait-il donc de cette famille de substitution ? Alors qu’ils étaient de toute évidence appelés à mille gloires dans un royaume qui les attendait ? Elle avait envie de lui répondre, mais les mots lui manquaient devant une telle désillusion. La déception de trouver une mère trop frêle pour être lucide, la déception de se confronter à un frère qui en fin de compte ne partageait aucunement les rêves qui lui avaient permis de tenir si longtemps. Sa mâchoire se crispa alors que ses sourcils se fronçaient dans une douleur évidente. Mais symétriquement, son frère s’emballa à son tour et lui martela finalement une nouvelle vérité laquelle sembla aspirer toute sa colère au profit d’un mutisme désorienté. Comme une enfant grondée, elle se retrouva décontenancée, déglutissant tout le venin qui lui était monté. Ils méritaient mieux que ces fragments de bonheur. Il était donc profondément touché, mais ne daignait le montrer qu’en ce fragile instant de suspens. C’est là qu’il lui jura justement de tout arranger dès le lendemain, pour trouver une solution. Sa voix s’était adoucie, adoptant un ton presque suppliant, lui le grand Seigneur qui n’offrait d’ordinaire qu’une moquerie suffisante.

Oui, la vie l’avait dôtée d’un frère qui avait su la guider dans les pires chemins, qui avait été capable du meilleur dans le pire de son existence. Et alors que leur mère, en proie à une violente crise de folie, se démenait dans des cris étouffés dans la pièce à côté, il lui parut d’autant plus central, n’en déplaise à leur désaccord. Pour une fois, elle pourrait se contenir. Pour une fois, elle pourrait se taire. Parce que pour une fois, il se montrait dangereusement vulnérable. “Nous en reparlerons ce soir” souffla-t-elle finalement, ses pupilles ancrées dans celles de Maxton alors que l’exécrable moldue qui les avait amenés jusqu’ici se présenta à eux. Alors, à nouveau, le masque désinvolte de son frère glissa sur ses traits quelques instants découverts, le laissant afficher un sourire charmeur et une confiance infaillible. Bluebell ne parvint pas tout de suite à détacher son regard de lui, troublée par ce qui venait de se passer, aussi bien dans cette maudite chambre que dans leurs échanges. Se pourrait-il que son guide soit en réalité tout aussi perdu qu’elle ? Lui aurait-il menti, tout ce temps ? N’était-il pas aussi solide que le pilier qu’il incarnait pour soutenir la voûte de ses espoirs ? D’innombrables questions similaires fusèrent dans son esprit soudainement engourdi. La migraine semblait poindre derrière ses tempes battantes. Alors, machinalement, elle suivit l’infirmière et Maxton, légèrement en retrait, presque aussi déphasée qu’à son arrivée ; il n’y avait plus rien de son excitation maladive du début. Seul subsistait une incertitude glaçante. Elle ralentit le pas en passant près de la porte de la chambre 103. Les cris avaient laissé place à des couinements plaintifs. Sa mère, son frère ; le frêle équilibre de sa vie lui sembla soudain dangereusement instable.

Sa mère, son frère, et puis, soudain, presque cyniquement, comme une nouvelle preuve du hasard dédaigneux des dieux, son père. “Monsieur Dowgleen ? Les visiteurs de Finella, comme vous l’aviez demandé.” Bluebell aperçut Maxton se figer devant elle alors que sa voix répétait avec étonnement le nom énoncé par l’infirmière. C’est à cet instant qu’elle refit surface, réalisant qu’elle avait déjà entendu ce nom franchir les lèvres de son frère. Presque instinctivement, elle s’approcha du bras de Maxton qu’elle saisit entre ses deux mains. Oui, elle était vraiment redevenue cette petite fille en cette journée de rencontre avec son passé ; elle sembla se cacher derrière la haute carrure de Maxton lorsqu’elle porta son regard sur l’homme face à eux. Grand, assez large d’épaules ; vêtu tout de noir, il dégageait quelque chose de digne et solennel. Sa mâchoire carrée, parfaitement rasée, débouchait sur des lèvres charnues, étirées en un étrange sourire, comme s’il souriait de fierté et d’intelligence à la fois. Mais le plus frappant était son regard ; il avait deux yeux aux paupières tombantes, dont les prunelles semblaient noires sous l’influence de ses deux épais sourcils ébène. C’était un homme distingué, qui se tenait droit et semblait jauger de son regard implacable les deux jeunes gens qui étaient en retrait, attendant vraisemblablement un premier éclat pour énoncer les hypothèses qui de toute évidence, tambourinaient au rythme de leur cœur. Bluebell croisa le regard de son frère au-dessus de son visage réfugié contre son épaule. “Bonjour” trancha finalement l’homme face à eux, qui fit un premier pas vers les jumeaux, main tendue. “On m’a informé de votre venue auprès de ma chère Finella. J’étais curieux de connaître l’identité de ceux qui se présentent ainsi à ma femme.” Bluebell retint sa respiration un instant avant d’esquisser un sourire particulièrement timide. L’explosion de joie qui avait gonflé ses poumons semblait prête à bondir à nouveau ; mais elle avait encore les hurlements de sa mère résonnant dans les parois de son crâne épuisé, et craignait plus que tout une deuxième désillusion consécutive qui aurait eu raison de ses nerfs agités. Elle ne s’en rendait pas compte, mais elle serrait fermement le bras de Maxton entre ses doigts tendus, comme si elle eût craint de s’en défaire et de se noyer aussitôt dans le torrent de ses émotions chaotiques. Mais à cet instant, l’homme en question croisa son regard. Elle comprit alors que ses iris n’étaient pas noires, seulement d’un marron profond qui lui donnait un côté presque chaleureux. Le bleu était une couleur inspirante, mais capable des pires glaces ; le marron pour sa part avait ces tonalités presque chaleureuses, à la manière d’un solide chêne. La jeune fille se reprit finalement à respirer et, après une profonde inspiration, se détacha du bras de Maxton pour faire un pas en direction du nouveau venu. Elle leva le menton sans défaire son regard des yeux de son père. Levant lentement ses doigts, elle attrapa finalement la main tendue devant elle. Sa paume était glacée. “Bluebell. Et voici mon frère, Maxton.” Son sourire s’élargit sous le visage soudainement illuminé de l’homme qui se figea, comme happé par le tourbillon qui secouait actuellement la Serpentard. Elle devina les émotions qui dansèrent dans son regard ; la surprise, l’incompréhension, la peur, puis, enfin, un bonheur qui dénoua le visage du quadragénaire en un air presque enfantin. Son sourire laissa place à un rire alors qu’il posa sa deuxième main sur la poignée qu’il serrait fermement. “Je me disais bien que vous aviez ses yeux” laissa-t-il échapper en levant son regard sur Maxton resté en retrait derrière eux. Bluebell garda le silence, sentant qu’elle perdait pied.

C’en était trop pour elle. Elle s’était cru prête, elle avait attendu ce moment si longtemps… Mais elle fut prise du terrible sentiment que tout cela allait trop vite. D’abord, le bonheur brut de retrouver leur mère ; puis le choc de sa folie ; la confusion d’assister, impuissante, à l’effondrement de Maxton ; et maintenant, l’hilarité d’un homme qui était vraisemblablement leur père. Tout cela n’avait pas de sens. Tout cela était une méprise, une affreuse méprise. Et pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de déceler sur le visage de cet inconnu une familiarité frappante, évidente. Par tous les dieux, pourquoi se sentait-elle si faible ? Elle avait envie de quitter la main qui la retenait pour retrouver l’odeur réconfortante de Maxton, aussi étrange soit-il. “Qu’est-ce que vous faites ici ? Qu’est-ce que… Non, attendez, j’ai bien trop de questions, et je ne peux décemment pas vous accueillir en ces conditions.” Il se racla la gorge, lâcha finalement la main de Bluebell pour serrer celle de Maxton, avant de reprendre, plus calme, “Je suis navré que vous ayez vu votre mère dans cet état. Je suis également navré de… Tout, j’imagine. Que diriez-vous de me suivre ? Je connais un café tout proche, nous pourrons discuter en toute intimité. Et par Merlin, nous en avons des choses à rattrapper...” Il appuya sa proposition d’un large sourire, le regard empli d’une vive émotion. Bluebell n’en put plus ; elle détourna le regard, préférant détailler la plante desséchée à côté de l’accueil qu’affronter une pareille situation. Elle sentait son cerveau tambouriner dans son crâne, presque aussi follement que son cœur se battait dans sa cage thoracique. Elle ne connaissait pas très bien le bonheur ; mais était-ce normal qu’il soit si douloureux à supporter ? Pourquoi ressemblait-il tant à une angoisse absurde ? Elle s’était cru prête au changement ; mais soudain, elle se sentit comme une petite fille face à une terrible fatalité. Elle avait voulu défier le destin : celui-ci se montrait aussi brûlant qu’il le pouvait pour lui rappeler sa modeste place d’enfant abandonnée.

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Vesper L. Corvere

Vesper L. Corvere



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Message(#) Sujet: Re: [TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) [TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) EmptyMer 30 Déc - 19:35

The crown is out of sight



Ce couloir sinistre dans lequel ils se trouvaient offrait sans doute le décor le plus approprié pour une dispute. Tout était fait pour donner des accents pathétiques à la scène : la météo à l’extérieur était épouvantable, les couleurs ternes et le plafond presque assez bas pour donner l’illusion qu’il pouvait l’engloutir à n’importe quel instant. Ce n’était pas leur premier désaccord, ils avaient grandi ensemble après tout. Même s’ils avaient toujours été particulièrement calmes et calculateurs pour des enfants, ils avaient eu leur lot de querelles puériles. La plus récurrente avait été de savoir qui pouvait bien être l’aîné entre eux deux. Maxton soutenait que cela ne pouvait être que lui, d’où son rôle protecteur, Bluebell rétorquait qu’elle était nécessairement l’aînée puisque elle lui donnait des ordres. Mais ils avaient six ans à l’époque et un ego à affirmer. Cela faisait bien longtemps qu’aucun désaccord ne les avait séparés, ce conflit était donc d’autant plus déstabilisant.

La distance entre eux continua de s’accentuer, jusqu’à ce qu’il ait l’impression que sa sœur et lui se trouvaient chacun sur une des rives opposées du Styx, à errer dans les Enfers. D’une certaine façon, ils vivaient un cauchemar, certes différent, mais un cauchemar tout de même. Les prunelles de sa jumelle brûlèrent d’une colère sans limite quand il admit être venu ici pour elle et il arqua un sourcil, agacé. Il vivait son énervement comme une injustice. Ne pouvait-elle pas être heureuse de son dévouement ? De son envie sans borne d’adoucir son existence, au point d’aller tenter de conquérir des royaumes dont il n’avait cure, juste pour qu’elle en devienne l’impératrice ? Elle était en droit d’exiger sa loyauté, parce qu’il l’aimait, elle était en même en droit d’exiger de lui les pires sacrifices. Mais elle était bien naïve de croire que parce qu’elle était la personne la plus importante de sa vie, elle pouvait contrôler ses pensées et ses désirs. Elle ne pouvait pas le forcer à souhaiter quelque chose qui lui faisait aussi viscéralement peur que ce qu’elle lui offrait. Une mère folle, un père inconnu et un règne incertain, il n’y avait pas de quoi s’enthousiasmer. Si elle lui demandait de se préparer à traverser ces épreuves avec elle, il répondrait présent. Mais l’amertume qu’elle lui jetait au visage, parce qu’il était incapable de vivre les choses de la même façon qu’elle lui laissait un goût acide dans la bouche. Pour la première fois de son existence, il se surprit à éprouver une jalousie amère. Comme il était aisé d’être résiliente quand on avait un frère pour encaisser les coups. Comme il était simple de ne pas se rendre compte de la complexité du jeu qu’ils jouaient quand il avait tout fait pour qu’elle en soit la reine. Comme il était facile de nier les angoisses du garçon sous prétexte qu’il les étouffait pour son sourire. Quelle ingrate elle était, à vouloir à tout prix reconstruire une famille artificielle alors qu’il avait tout fait pour qu’ils se suffisent à eux-mêmes. Ils n’avaient besoin de personne, ils étaient déjà une famille à eux deux. Ce qu’elle prenait pour du dédain était une forme d’attachement sans borne. Il n’avait besoin de rien ni personne tant qu’ils étaient ensemble alors qu’elle semblait désespérément chercher un hypothétique bonheur dans tout ce qu’elle ne pouvait avoir. L’exemple de cette après-midi n’était donc pas suffisant ? Ils avaient une mère désormais, ô joie. Mais elle était tellement diminuée qu’il ne suffirait pas de trois sortilèges et deux potions pour la ramener. Son esprit était comme un papillon devant une flamme, la réalité l’attirait, mais dès qu’elle s’en rapprochait le monde réel était trop dur et elle s’y brûlait. Et il n’y avait pas besoin d’être médicomage pour savoir que ce serait toujours ainsi. Quelle victoire éloignée de leurs rêves d’héroïne. Durant ces années d’abandon, elle n’avait pas lutté pour une noble idéologie mais contre ses propres démons. Etait-ce cela la famille idéale ? Pourquoi ne pas se contenter de vampiriser l’argent et l’influence des Sherwin jusqu’à dominer la société magique ?

Dans tout leur désaccord, il agit dans un premier temps comme un animal blessé, en la piquant sur la joie qu’elle avait pu ressentir avant de se raviser. Le repli stratégique qu’elle lui offrit prit à ses yeux des allures d’offensive. Il baissait les armes, toutes les armes et elle balayait cela d’un revers de la main, en lui disant qu’ils en reparleraient le soir. Etait-ce sa punition, subir son silence et ses reproches jusqu’au soir venu ? Cette idée le plongea dans une forme de mutisme résolu.

Maître incontesté de la comédie, se refaire un masque convenable pour interagir socialement ne lui demanda presque aucun effort. Le mensonge était une seconde nature et cela ne rendait les instants où il tombait le masque que plus perturbants. Sa vulnérabilité faisait l’effet d’une fausse note, un point dissonant et pourtant, c’était une preuve de confiance sans borne. S’il avait voulu mentir à sa jumelle, il en aurait été capable.

Le nouvel épisode de cette journée à rebondissements eut le mérite d’enterrer la hache de guerre. Qu’importaient leurs désaccords tant qu’ils continuaient de présenter un front uni au reste du monde. Alors quand Blue saisit son bras, il effleura doucement sa main pour lui indiquer clairement qu’ils restaient unis face à l’adversité. Ce message important discrètement délivré, son attention se reporta sur l’homme qui leur faisait face. Cette étranger impression de le connaître n’était donc pas dû au hasard. La ressemblance était bien moins frappante qu’avec leur mère, il semblait qu’ils aient plutôt pris du côté maternel, mais il reconnaissait quelques traits caractéristiques. Tout d’abord la courbe de ses lèvres, cette façon de carrer les épaules et de redresser le menton, la couleur de leurs cheveux … Oui, les similitudes étaient plus subtiles, mais elles étaient bien présentes. Le regard de Maxton resta froid face à ce constat. Décidément, le destin les gâtait, après une mère, les voilà dotés d’un père. Comme s’il avait eu envie de voir surgir un nouveau fantôme de son passé. S’il avait un Dieu quelque part, il commençait à avoir un humour sacrément tordu.

Les doigts de sa sœur resserrèrent leur prise avant de la lâcher brusquement. Bluebell fut celle qui fit le premier pas pour lui serrer la main en premier, alors que Maxton continuait de le dévisager silencieusement. Son envie de l’ensevelir sous ses questions était forte, presque irrésistible. La seule chose qui le retenait était de ne pas fâcher un peu plus sa jumelle. Alors qu’elle s’était avancée, il la sentit hésitante. Elle se tenait toujours aussi droite, dominant cet homme de toute sa prestance, mais il la connaissait assez pour distinguer une retenue, une fragilité dans ses gestes. Il n’avait pas menti lors de leur conversation. Les émotions étaient son registre et elle commençait à en avoir une gamme bien trop large pour une même journée. Il s’avança donc afin de tendre la main, profitant de ce geste pour frôler l’épaule de Blue du bout des doigts. Le geste était toujours aussi anodin, mais il lui permit de lui signifier qu’il se tenait à ses côtés et qu’elle pouvait se reculer pour reprendre contenance si elle le souhaitait. Nouveau sourire poli sur le visage, il avait l’impression de ne jamais avoir autant feint de sourires de son existence, il lui serra la main fermement.

- Enchanté.

Façon de parler. Cette journée n’avait rien de merveilleux, mais il était le premier individu sain d’esprit de leur voyage, cela méritait bien son amabilité en un sens.

- Nos recherches n’avaient abouti qu’à cette adresse, sinon nous nous serions annoncés avant de nous présenter ici.

Exquise politesse. Bluebell devait être fière de lui. Il ne faisait jamais deux fois la même erreur. Puisque sa jumelle l’avait jugé trop brusque, trop impertinent avec leur mère, il s’appliquait à faire taire ses interrogations pour mettre de l’eau dans son vin.

- Je suis navré que vous ayez vu votre mère dans cet état. Je suis également navré de… Tout, j’imagine. Que diriez-vous de me suivre ? Je connais un café tout proche, nous pourrons discuter en toute intimité. Et par Merlin, nous en avons des choses à rattraper...

Le Gryffondor tenta de chercher le regard de sa sœur pour obtenir son approbation, mais sa jumelle venait de se perdre dans la contemplation d’une plante desséchée comme s’il s’agissait de la chose la plus fascinante du monde. Etant donné l’intensité de son regard, il était presque disposé à parier qu’elle allait finir par ressusciter l’arbuste par la seule force de sa volonté. Il ne comprenait pas vraiment ce soudain mutisme. Elle éprouvait de la rancœur à son égard de ne pas avoir pu échanger avec leur mère et quand leur père se présentait à eux, elle ne produisait plus le moindre son. C’était d’autant plus fâcheux qu’il ne savait que répondre. Son instinct lui hurlait de refuser et d’entraîner sa sœur loin de cet endroit. Ils avaient pu apprécier la violence de la réalité une fois aujourd’hui, ils n’étaient pas obligés de tendre l’autre jour pour savoir si la seconde serait plus douloureuse. L’homme en face d’eux, leur père, ponctuait ses propos de grands sourires, ce qui ne faisait qu’attiser sa méfiance. Pour quelqu’un qui les avait abandonnés, il semblait trop heureux et pas assez contrit, trop normal également pour ne pas avoir tenté de les retrouver et de les élever. Il ouvrit la bouche pour décliner, puis son regard se porta à nouveau sur sa sœur. C’était important pour elle et elle venait de vivre la pire après-midi de son existence. Il n’y avait rien à perdre à accepter, mais cela lui permettrait peut-être de lui rendre en partie de le sourire et d’arriver à sauver quelques-uns de ses rêves. Il était bien capable de faire un effort pour cela. Un café contre un apaisement des relations avec sa jumelle. Le marché était honnête.

- Si le café permet de changer de décor, volontiers. Je crois qu’une parenthèse dans cette après-midi serait la bienvenue. Nous vous suivons.

Son ton était toujours aimable, voire chaleureux, mais resté d’une certaine manière toujours assez distant. Feindre la politesse était facile, il ne pousserait pas le jeu d’acteur jusqu’à une joie débordante. Il glissa à nouveau sa main dans celle de Bluebell, totalement imperméable à l’idée que ce geste puisse être interprété comme enfantin. Il en profita pour se pencher et lui murmurer de manière à ce qu’elle seule l’entende.

- Un mot de ta part et nous pourrons faire machine arrière.

Si cela faisait trop, si elle était fatiguée, si elle avait peur … Il ferait en sorte de l’extraire de là. C’était une promesse tacite, mais une promesse tout de même. Cette fois, il ne gâcherait rien et ferait attention à ses souhaits.

Quitter cet asile pudiquement rebaptisée maison de repos fut un réel soulagement. L’air frais ne lui avait jamais paru aussi délicieux et le gris du ciel paraissait presque engageant en comparaison de ces affreux murs jaunâtres qu’ils avaient du supporter. Redécorer cet endroit aurait dû être une priorité, aucun malade ne devait avoir de chances de guérison dans une telle ambiance. Leur père marchait devant eux, leur jetant des regards accompagnés de sourires timides, sans pour autant savoir quoi dire ou quoi faire. S’il n’avait pas tenu à ce point à se racheter auprès de sa sœur, il aurait sans vergogne laissé se prolonger ce silence inconfortable, juste pour voir quelles seraient les premières paroles de leur interlocuteur. Là, il décida au contraire de généreusement engager la conversation.

- Vous semblez connaître la ville. Vous habitez dans les environs ?

Après tout, il serpentait dans les rues pavées avec une aisance que conférait l’habitude. Il sembla reconnaissant de cette approche, sans doute parce que la question était assez innocente pour qu’il puisse y répondre. Ses prunelles s’illuminèrent, comme si cet échange poli traduisait un intérêt démesuré de la part du Gryffondor et s’appliqua à y répondre avec force de précisions

- Je vis ici, oui. Je n’aurais jamais pu vivre trop loin de ma chère Finella. Je ne suis pas certain qu’elle s’en rende réellement compte, mais je suis son seul lien avec l’extérieur. J’habite presque à l’extérieur de la ville, dans une maison. Il faudra que je vous la montre. Enfin, chaque chose en son temps.

Il s’arrêta devant un salon de thé et leur tint la porte pour les laisser entrer. Maxton détailla prudemment les lieux avant de se détendre légèrement. L’établissement était tout à fait normal, les couleurs pastelles plutôt agréables et il contenait assez de clients pour que le garçon juge qu’il s’agissait d’un espace public, sans être bondé. Il laissa Bluebell s’asseoir près de lui et lui souffla

- Une boisson sucrée te ferait du bien.

Elle était un peu pâle à son goût. Cela lui conférait une beauté presque irréelle, un aspect aussi précieux que fragile. Le silence retomba entre eux et Maxton tenta une nouvelle question tout parcourant rapidement la carte devant lui

- De quelle pathologie souffre …

La qualifier de leur mère dans son esprit était une chose, le dire à haute voix après avoir eu un aperçu de sa folie en était une autre. Il hésita un dixième de seconde. Aucune appellation ne lui semblait correcte et il refusait que Blue le puisse une nouvelle fois le trouver insolent s’il faisait le mauvais choix. D’un autre côté, reconnaître un lien de parenté avec cette femme lui arrachait la bouche.

- …. Notre mère ?

Dilemme tranché en faveur de la solution à la plus sûre s’agissant de Blue. Elle ne lui tiendrait pas rigueur de cette façon de parler. Peut-être même que cela serait un effort suffisant pour lui montrer qu’il essayait sincèrement.



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August P. Rowle

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Message(#) Sujet: Re: [TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) [TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) EmptyDim 10 Jan - 15:37

[TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) AGha

The crown is out of sight
Blue & Maxton face à l’empire déchu

Bluebell ne se plaisait à admettre aucune erreur dans la mesure où elle s’estimait suffisamment royale pour bénéficier d’une suprématie envers et contre tous. Cependant, elle s’aperçut en cette étrange journée que l’un de ses postulats était bel et bien erroné. Les Reines n’étaient pas toujours infaillibles, et même les pires harpies connaissaient tôt ou tard un trouble capable de leur ôter toute violence. A défaut d’avoir obtenu gain de cause et d’avoir ainsi retrouvé la gloire déchue de leur royaume, au moins pouvait-elle s’estimer chanceuse d’avoir appris une leçon de vie : l’impétuosité avait également ses moments de faiblesse. Et dire qu’elle était en plein état de vulnérabilité relevait pratiquement d’un euphémisme de circonstance. En effet, elle lâcha complètement les rênes de la situation pour laisser Maxton reprendre la continuité de cette journée fragmentée. Si elle avait été capable de l’élever quelques instants plus tôt, elle s’aperçut soudain que les forces lui manquaient. Leur mère était folle. Son jumeau était touché. L’ordre naturel des choses venait de s’ébranler dans une telle impuissance que même leur père se présentait soudain à eux sans qu’elle puisse rien y faire. Elle n’avait que frôlé le bonheur et pourtant, il lui semblait si brûlant qu’elle ne désirait plus s’y risquer. De fait, reconnaître ce géniteur n’avait pour elle aucune valeur tant qu’il ne lui offrait pas frontalement la victoire tant désirée. Oui, Bluebell avait lutté toute sa vie, et maintenant qu’elle frôlait la signature de son triomphe, elle laissait tomber les armes. Qu’on lui serve les joyaux et la richesse. Elle n’avait plus envie de se battre. Car si cette guerre devait se terminer en renonçant à une partie de ses ambitions et à son frère, alors autant tout perdre immédiatement. Soit elle revenait victorieuse avec une mère intelligente, au bras de son jumeau - soit elle abandonnait aussitôt. Elle en était arrivé à cette conclusion le regard vide, désespérément fixé sur une plante desséchée alors que Maxton reprenait le combat comme s’il n’était jamais tombé. Sans écouter leurs échanges, elle sentit soudain les doigts de son frère dans les siens, la tirant de ses sombres songes. “Un mot de ta part et nous pourrons faire machine arrière.”

Faire machine arrière… Maxton était résolument merveilleux, capable du pire comme du meilleur pour l’aider à tout affronter. Mais paradoxalement, dans sa grande dévotion, ce calculateur avait perdu toute notion de la réalité. Ils ne pouvaient plus faire machine arrière. La vérité avait déjà partiellement éclaté, révélant des éclats bien plus tranchants qu’éclatants. Ce n’était pas ça le trophée dont avait si longtemps rêvé la Serpentard. Ce géniteur n’avait en fin de compte plus de réel intérêt s’il n’était pas épaulé par celle en qui Bluebell voulait se reconnaître. Mais ils étaient coincés ; comment reculer ? C’était trop tard, et il était temps pour elle d’assumer cette cuisante erreur. Bluebell avait toujours voulu qu’on la considère comme une vraie femme - mais elle s’aperçut qu’être adulte était beaucoup plus pesant que l’innocence artificielle qu’elle s’était forgée dans ses attentes. De fait, elle se laissa malgré elle porter par les deux hommes, sans être capable de répondre quoi que ce soit à son frère. Elle fixait ses pieds sans même plus prêter attention au paysage autour d’eux. La seule chose qui aurait pu la conforter, c’était de trouver un sens à cette absurdité. Comprendre pourquoi Finella était devenue folle, comprendre la confusion de Maxton à côté de laquelle elle était complètement passée, absorbée par ses propres réflexions égoïstes. Elle se laissa tomber à côté de son jumeau dans le café dans lequel ils venaient d’entrer. Se reconnectant peu à peu à la réalité, elle releva le visage pour détailler l’ambiance pour le moins méprisable du lieu. Que diable faisaient-ils dans l’antre des moldus ? La dernière chose dont elle avait besoin, c’était de la puanteur de ces vermines. La pénombre du lieu, faiblement illuminé par la grisaille extérieure, lui rappela presque l’ambiance sordide de Poudlard, en dépit des murs pastel qui voulaient certainement donner une touche de chaleur à la médiocrité innée. Une moue désabusée sur le visage, elle se mit à inspecter ses ongles qu’elle avait rongés la veille de leur départ. Jouant avec une peau morte, elle acquiesça doucement aux dires de Maxton. Du sucre. C’était sûrement ce qui lui ferait le plus de bien pour retrouver son esprit disséminé dans les méandres de ses pensées. Maxton posa finalement la question fatidique, finissant de la sortir de sa torpeur. Elle retrouva la force de poser son regard dans les yeux noirs de leur père, animée par la volonté de trouver une première réponse à sa brutale inquiétude. Le quarantenaire poussa un soupir avant de poser son dos contre le dossier de sa chaise, se mettant à pianoter nerveusement sur la table en bois qui siégait entre eux. Il semblait embarrassé. “Ma pauvre Finella… C’était une femme pleine d’ambition, ardente comme le feu. Elle avait plein de projets, elle voyait les choses en grand. C’est pour cette raison qu’elle a planifié notre coup monté. Elle refusait de céder sa noblesse contre les mouvements décadents de notre époque. Hélas, nous avons été démasqués et…” Il marqua une pause pour passer son pouce et son index sur ses paupières, comme essayant d’effacer le souvenir qui hantait son regard. “Et on vous a arrachés à nous. C’était le coup de grâce. A ses yeux, perdre une bataille n’avait aucune importance ; mais perdre ses enfants, c’était comme la démembrer. Alors, elle s’est retranchée dans la démence pour ne pas affronter cette dure vérité.” Une serveuse vint interrompre ses mémoires pour passer commande. “Une bière pour moi” lâcha-t-il avec une fermeté brutale, contrastant avec la fébrilité de son récit précédent. “Un jus d’airelle”, reprit Bluebell sans quitter son géniteur du regard, ne considérant même pas la nouvelle venue. La serveuse acquiesça avant de repartir, mais leur père n’ajouta plus rien. “Cependant, je crois que mon frère vous a posé une question plus précise” reprit alors la Serpentard, trouvant dans son interrogation un regain d’énergie. Ils n’avaient pas tant souffert, tant lutté, nourri une tel acharnement pour n’avoir que la moitié de l’histoire. Être adulte était une réelle difficulté ; mais le pansement n’était qu’à moitié arraché, et s’ils voulaient en finir, ils devaient absolument tout savoir. “Qu’a-t-elle exactement ?” La dureté de son ton sembla ramener l’homme à la réalité alors qu’il croisait le regard de sa fille. “Un trouble psychotique. Une forme de paranoïa" se résolut-il finalement à énoncer. Ils échangèrent un regard aussi sévères que troublés. Bluebell arracha presque aussitôt la peau morte coincé dans son ongle ; le picotement la laissa cependant de marbre, comme insensible à la douleur physique. “Les médecins disent que d’avoir été soustraite de la sorte à ses enfants lui a fait vivre un réel traumatisme, dont elle se protège en considérant la réalité comme fausse et manipulée. Elle vit dans son propre monde pour ne pas accepter la douleur.” La serveuse revint, déposant chaque boisson sur le centre de la table avant de repartir. Bluebell attrapa son jus d’airelle en tremblant, la mâchoire crispée pour mieux contenir les traits figés de son visage. Son ongle saignait, mais elle n’en aperçu guère.

Buvant une première gorgée, elle ferma les yeux pour savourer la sensation de fraîcheur qui glissa le long de son gosier. C’était un temps de chien ; il faisait terriblement froid dehors, mais en elle brûlait d’un tel feu que sa boisson lui parut parfaitement adaptée. Le sucre redonna un peu de couleur à ses joues blanchies par l’inquiétude, à moins qu’il ne s’agisse de la colère de son incompréhension. “Mère mérite un traitement adapté. Elle devrait être accompagnée par des spécialistes. Que fait-elle dans un asile géré par des incapables ? Les moldus ne savent rien faire, ce n’est pas leur incompétence qui la sauvera” trancha-t-elle avec une acidité qui, à défaut d’être courtoise, pouvait témoigner de la vigueur qui coula à nouveau entre ses veines. A dire la vérité, elle sembla se ressaisir d’avoir enfin une explication logique face à tant d’étrangetés ; tout comme Maxton avait visé juste. Elle n’avait rien avalé de la journée, et le sucre était résolument une excellente manière de réveiller son ardeur. “Vous parlez comme elle” nota alors Dowgleen dans un sourire qu’il cacha derrière une longue gorgée de bière. Bluebell détacha son regard, touchée malgré elle par cette remarque. Mais déjà, il reposa sa boisson avec un peu trop de force. “Ce n’est toutefois pas si simple. Les Melrose sont insensibles à son trouble et refusent catégoriquement de l’aider. Quant à moi, je ne suis pas en mesure de lui apporter le soutien que je souhaiterais.” Il replongea aussitôt dans son verre, laissant Bluebell froncer ses sourcils. Que diable signifiait cela ? “A propos, qui êtes-vous exactement ? Après tout, avant de vous appeler Père, j’aimerais autant en apprendre plus sur vous. Sur votre famille. Et, aussi, tant qu’à faire, pourquoi n’avez-vous pas essayé de nous chercher, puisque vous avez vraisemblablement purgé toute la peine de votre injuste condamnation ?” Maxton lui hurlerait certainement dessus. Elle avait réclamé de lui une politesse et une amabilité qu’elle était désormais incapable de garder, en proie à une curiosité aussi brutale que maladive. Oui, ils faisaient vraisemblablement face à une victoire incomplète, loin de la prospérité souhaitée. Mais aucun accord n’avait encore été signé et aussi lourde soit sa responsabilité dans ce conflit, elle se devait de le terminer avec noblesse, à la hauteur de son rang. Et si cela signifiait pousser leur géniteur dans ses retranchements pour obtenir un armistice, alors, elle s’y exécuterait. Et si par tous les dieux, il y avait un moyen de soigner cette mère malade que le destin lui avait soutirée, alors elle emploierait toutes ses dernières ressources pour lui venir en aide. Combien il était étonnant de constater qu’après un bonheur fulgurant et dévastateur, Bluebell venait également de découvrir la loyauté obsessionnelle et compulsive... Elle attrapa à nouveau son verre, serrant si fort sa prise que ses phalanges se mirent à blanchir. Ce n'est qu'à cet instant qu'elle s'aperçut du filet de sang qui avait coulé sur son index. Mais elle n'en fit rien, se contenant de boire une gorgée de son jus, imitant inconsciemment son géniteur qui but à nouveau de sa pinte dans une longue gorgée. Difficile de savoir si sous la confiance qu'il dégageait subsistait un élan de souveraineté dans la vie de cet homme. Elle ne doutait pas que leur mère avait choisi un homme à sa hauteur... Mais encore fallait-il que le choc ne l'ait pas éprouvé à son tour. Il fallait croire qu'ils venaient d'une famille où les nerfs étaient naturellement tendus, comme si les dieux se plaisaient à jouer de leur fragile patience.


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Message(#) Sujet: Re: [TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) [TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) EmptyLun 25 Jan - 22:31

The crown is out of sight



- Un thé, s’il vous plaît.

Comme toujours le ton était enjôleur. Il ne jouait généralement que sur ces deux registres, le charme et l’arrogance et il était trop loin de toute zone de confort pour s’essayer à de nouvelles émotions. Il n’était pas un adepte des boissons chaudes habituellement, mais il ressentait le besoin presque viscéral de tenir entre ses mains quelque chose de chaud, comme si la chaleur avait le pouvoir de chasser les nuages de cette journée. Le choix d’une bière dans un tel décor l’interpella brièvement, avant qu’il ne chasse ce énième détail de son esprit. Cette rencontre était suffisamment improbable pour justifier la moindre consommation d’alcool. Lui-même n’aurait pas refusé le réconfort de l’ivresse s’il n’avait pas eu une sorte de haine viscérale à l’idée de perdre le contrôle. Emousser ses sens n’était jamais une bonne idée, mais encore plus lors de ce voyage qu’il vivait comme une plongée en milieu hostile.

Les joues Bluebell reprirent des couleurs sous le regard satisfait de Maxton, avant que cette dernière ne replonge à corps perdu dans cette bataille qu’était leur mère. Echaudé par leur dispute, il se garda bien de dire quoi que ce soit, alors que ses pensées se succédaient avec autant de rapidité que de consternation. Elle avait raison, leur mère méritait mieux que cet asile. Néanmoins il était totalement utopique de penser qu’elle serait soignée. Il n’y avait pas besoin d’être médicomage pour savoir que le trouble était profond et durait depuis des années. Lui procurer le confort qu’elle était en droit d’attendre était une chose, mais à entendre sa sœur, elle avait espoir de récupérer un jour une mère normale. Cela l’inquiétait. Elle ne pouvait essayer de remplacer ses espoirs déçus par de nouveaux buts encore plus inatteignables, ou la déception l’achèverait bien avant l’âge adulte. Derrière toute son acidité, elle était la plus sensible des deux et elle avait trop besoin de cette victoire pour supporter une nouvelle désillusion. Peut-être été sa faute en un sens, en s’attribuant le rôle de la protéger de tout, il ne l’avait jamais préparée à être frustrée, tout comme elle n’avait pas eu l’espace d’exister ailleurs que dans un futur idéalisé. Mais pourquoi perdre du temps à tenter de sauver une mère qui avait disparu depuis longtemps dans les limbes de sa folie ? Rien qu’à l’idée de sentir encore ses doigts décharnées sur lui, il mourait d’envie de se lever et de mettre le plus d’espace possible entre cet endroit et lui.

Les mots de Bluebell quittèrent sa bouche avec force, assassins. Le sucre avait fonctionné au-delà de ses espérances, elle n’avait pas seulement retrouvé des couleurs, mais aussi toute sa verve. Peut-être trop. De reine déchue, elle devenait combattante, comme si ce qui se jouait dans ce café était nécessairement un duel qu’elle se devait de remporter. Comme souvent, ses réactions lui étaient incompréhensibles, bien trop dictées par l’émotion pour qu’il ne puisse en saisir la logique. Elle l’avait voulu aussi docile qu’elle, la voilà qui s’employait à tout détruire sur son passage avec application. Pourtant dans ce salon de thé ridicule, il n’y avait pas d’ennemi, pas réellement. Dans la chambre d’hôpital, la folie de leur mère avait été une adversaire redoutable, piétinant leurs espoirs sans l’ombre d’un remord. Là, il n’y avait aucun intérêt à s’énerver. Et pourtant, après un discret soupir, il la laissa faire sans intervenir. Il désapprouvait, évidemment. Mais son impulsivité l’aiderait à justifier la sienne. Ce soir quand ils seraient enfin seuls pour parler, il opposerait à chacun de ses reproches qu’elle avait agi exactement pareil que lui. Elle avait juste mis une heure de plus pour céder. Peut-être également qu’il voyait dans ses actes une forme de loyauté à son égard. Il avait voulu des réponses, elle s’employait à lui donner, même si cela était maladroitement. S’il avait pu lire dans ses pensées en cet instant, il se serait rendu compte qu’il n’aurait pas pu se tromper plus que cela. Bluebell éprouvait bien une loyauté sans borne en cet instant, mais pas pour lui. Elle défendait leur mère. Comment ce fantôme d’être humain, cette mère sortie tout droit d’un cauchemar avait pu lui paraître si enviable ? Il fallait croire qu’elle avait souffert plus que lui du manque de figure parentale. Ou alors peut-être voulait-elle se convaincre que toute cette journée n’était pas qu’une vaste perte de temps.

Voyant ses phalanges blanchir et ses doigts se crisper à chaque mot supplémentaire, il posa discrètement une main sur le genou de sa sœur, pour lui signifier silencieusement qu’il prenait le relai. Ou qu’elle devait au moins le laisser répondre. Il en profita pour sortir un mouchoir de sa poche et lui tendre discrètement en indiquant d’un mouvement de la tête son index. A force de se ronger les ongles, elle avait fini par entamer sa peau. Trouvait-elle une forme de réconfort dans la douleur ? L’homme en face d’eux soupira et après quelques secondes de silence où chacun but une gorgée de sa boisson d’un air obstiné, il finit par expliquer

- Une condamnation ne se purge jamais entièrement. L’opprobre, les confiscations … Je n’avais rien à vous offrir, pas plus que je n’ai la capacité d’apporter à Finella le soutien dont elle a besoin, comme vous l’avez constaté. Pourquoi vous aurai-je cherché si c’était pour vous infliger les conséquences de nos choix à votre mère et moi ?

Maxton continua de l’observer, partagé. Son explication était rationnelle, cohérente. Le ton était adapté, les mots choisis avec soin. Tout y était et pourtant, le poids dans son estomac se faisait plus lourd à chaque minute. Il y avait quelque chose de dérangeant chez cet homme, comme une dissonance entre l’image qu’il offrait au monde et l’éclat froid qui brillait au fond de ses prunelles. Pouvait-il lui en tenir rigueur ? La même lueur de détermination froide dansait au fond des siennes. Il était avide de ces petites ressemblances sans conséquence tout autant qu’elles l’exaspéraient. Comment pouvait-il ressembler à des gens qui l’avait abandonné ? Et à la fois, c’était rassurant de pouvoir s’inscrire dans une famille, avoir des origines. Il détestait cette sensation d’être sans cesse tiraillé entre deux émotions radicalement opposées.

- L’absence était déjà une conséquence qui nous était infligée.

Son ton était demeuré très calme, comme s’il s’était contenté d’énoncer une vérité générale presque sans importance. Pourtant derrière son attitude détachée et ses doigts jouant avec sa tasse, il guettait les réactions de leur père comme un animal blessé se serait tenu sur ses gardes. A quoi bon faire semblant d’avoir voulu les protéger, ils avaient subi les conséquences de leur choix de plein fouet. Ils étaient tout ce que l’abandon de leurs parents avaient fait d’eux. Des enfants désabusés, des adolescents tourmentés, assoiffés de reconnaissance. Puisqu’ils étaient bien trop abîmés pour être sauvés, alors il aurait voulu ne pas avoir été à l’initiative de les retrouver. Il aurait aimé que leurs parents les cherchent, comme pour lui montrer qu’ils avaient compté. Au lieu de cela, ils étaient perdus au fin fond d’un salon de thé moldu à poursuivre cette discussion sans but. Ils étaient blessés, ils étaient troublés. Maintenant que les émotions que sa sœur et lui ressentaient étaient dites, qu’est ce qui allait bien pouvoir changer ? Ses yeux bleus se posèrent sur l’homme en face de lui et il réclama une nouvelle fois, avec l’intransigeance que donne la jeunesse. Ou l’inconscience.

- Vous n’avez pas répondu à ma sœur sur votre famille. Nous vous écoutons.

Nouvelle démonstration implicite à destination de sa sœur qu’ils restaient une équipe quoi qu’il puisse arriver. Les mains de leur père se crispèrent sur sa pinte et ses muscles se tendirent imperceptiblement sous l’effet de ses exigences. Il n’aimait pas les ordres ou il n’était pas habitué à en recevoir. L’espace d’un dixième de seconde, Maxton eut l’impression que la situation pouvait basculer, mais leur interlocuteur afficha à nouveau un visage affable.

- Ma famille a vécu ici de nombreuses années. J’habite la maison qui est la nôtre depuis plusieurs générations, légèrement à la périphérie de la ville. Mes parents sont décédés avant votre naissance et je suis enfant unique. Je ne viens pas d’une lignée de notables, contrairement à Finella, le nom de Dowgleen vous est sans doute moins connu que celui de Melrose.

En apparence, il faisait montre de bonne volonté. Dans la pratique, il se contentait de donner des informations de surface. Mais bien trop avide d’en savoir plus, Maxton ne s’en aperçut pas réellement.

- A votre tour. Dites-moi ce que vous êtes devenus.

Façon subtile de reprendre le contrôle de la conversation, encore un élément qui échappa au Gryffondor et qu’il regretterait ensuite. Mais il était tellement simple de n’y voir que la réaction intéressée d’un père pour ses enfants. Il but une gorgée de thé pour gagner quelques secondes, cherchant le regard de Bluebell du coin de l’œil. L’interrogation était légitime, mais il ne savait que répondre. Etait-ce une bonne idée de l’abreuver de détails ?


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The crown is out of sight
Blue & Maxton face à l’empire déchu

Bien des objets sont souvent témoins des plus profonds mouvements de l’âme. Le Colisée a ainsi enregistré entre ses murs de terribles agonies dont les vibrations ont pénétré jusqu’à sa dernière pierre, tout comme la rue est régulièrement théâtre d’émouvantes retrouvailles ou adieux, qui envoient sur le goudrons de poétiques ou de sinistres impressions. De la même manière, le verre de jus d’airelles de Bluebell jouissait d’une exhibition scandaleuse d’émotions aussi poignantes que dangereuses. Le filet de sang sur son doigt poursuivait sa lente ascension, comme il aurait cherché à atteindre sa paume. Cette progression avait quelque chose de cathartique, à l’image de la lente fureur qui s’emparait de Bluebell. Maxton intervint juste à temps, saisissant la rage de sa jumelle d’un modeste regard. Les rôles s’étaient, d’une certaine façon, inversés d’une manière bien ironique ; l’un et l’autre ne pouvaient que comprendre leurs positions respectives, les ayant à peine traversées. De fait, ce contact physique sembla consoler un instant la jeune fille, qui chercha discrètement le regard de son frère lors des expositions de leur figure paternelle. Devait-elle lui en vouloir ? Devait-elle au contraire user pour la première fois de son empathie ? Devait-elle se réjouir de ces retrouvailles, ou devait-elle continuer à se montrer vigilante pour mieux préserver la folie de ses sentiments ? A dire la vérité, le poids de ses interrogations lui valait une réaction impassible, comme capitulant face à son propre être. Bluebell n’avait jamais craint aucun ennemi ; mais il semblait que sa propre personne soit en mesure de la terrasser. Relâchant progressivement son emprise de son verre, elle se mit à épier les lieux, comme déposant imaginairement les propos de l’homme face à eux dans le décor qui les couvait. Il n’avait rien à leur offrir, d’où son silence emmuré. A l’image de cette vieille tanière dont la poussière semblait constituer le seul élément notable. Pourquoi les aurait-il recherchés, s’il ne pouvait leur donner que cette lamentable atmosphère ? Son discours se tenait. Maxton souligna cependant que l’absence de figure parentale avait érigé une lourde peine. La jeune fille se surprit à acquiescer silencieusement, partageant la justesse des propos de son jumeau. Dans le fond, ils ne se seraient certainement pas contentés de la médiocrité dont pouvait les couvrir ce père ; néanmoins, ils auraient bénéficié d’une légèreté qui aurait certainement été en mesure de les guider à travers les plus folles ambitions. Tout aurait été si simple - la prospérité financière n’était en fin de compte qu’une infime partie de la prospérité mentale, laquelle leur avait cruellement manqué dans la noirceur des Tartares. Maxton interrompit le rythme de ses songes en intimant le représentant Dowgleen à préciser ses origines. Bluebell trouva finalement la force de reporter son regard sur les yeux marrons de leur père face à eux, davantage poussée par la curiosité malsaine d’y déceler des traces de son existence que par réelle volonté d’affronter cette figure. Dowgleen était un nom sans aucune résonance à l’inverse des Melrose, et elle était étonnée que le mariage fût accepté entre ces deux familles. Mais Phoenix allait bien épouser Hannibal, en dépit de toutes les contraintes externes…

Il leur retourna finalement la question, laissant un certain silence planer parmi l’étonnant trio. Bluebell croisa le regard de Maxton, qui semblait incertain. Elle-même partageait ce sentiment, confuse dans la dureté de ses émotions et par une inexplicable pudeur. Elle aurait tout partagé à Finella, c’était une évidence ; mais cet homme lui semblait étrangement inconnu, comme si elle n’aurait jamais été capable de se retrouver en lui. En regard de ses précédentes frasques, elle estima cependant qu’il n’était peut-être pas opportun d’écouter son instinct, lequel lui avait bien des fois joué des tours. Elle se racla alors la gorge avant de se redresser et de se mettre à pianoter doucement le sang de ses doigts du bout du tissu procuré par Maxton. Résolument ancré dans ce geste anecdotique, son regard s’obstinait à ne plus consulter ce père, comme essayant de lutter contre la pulsion qui l’exhortait à se méfier de cet homme. “Nous avons donc été élevés par Elisabeth et Wendell Sherwin, qui avaient déjà deux enfants. Alexis est morte cet été. Victor est une déception qui, d’une certaine façon, peut également être considéré comme disparu.” Triste et franc tableau qui, cependant, valait bien mieux pour ne pas entrer dans les innombrables détails. Bluebell préférait une synthèse capable de souligner sa propre rancœur et colère qu’un résumé qui l’aurait certainement affectée. Après tout, elle se sentait si chancelante que le moindre accès émotif l’aurait vu s’effondrer. Or, elle avait déjà cédé face à Finella ; il n’était pas question qu’elle rompe la promesse qu’elle s’était faite une deuxième fois. “Nous sommes les deux seuls dignes héritiers de cette famille. A ce titre, nous nous efforçons d’exceller scolairement et socialement, bien qu’il soit difficile de nous accorder avec l’ensemble de nos semblables. Tous ne sont pas aussi vénérables, mais je suppose que ces divergences ne comptent guère, du moment où nous sommes en posture de réaliser chacune de nos ambitions personnelles.” Son discours était aussi formel et mesuré que celui de Maxton, prouvant le contrôle qu’elle avait repris d’elle-même. Loin d’être un acte de prouesse, ce comportement lui venait naturellement ; elle s’était effectivement raccrochée à sa colère pour exprimer avec autant de sécheresse que possible la réalité fatidique de ce monde en perdition. Aussi trouva-t-elle finalement la force de relever ses yeux, une fois que le mouchoir était tout à fait taché de sang, afin de croiser le regard de cet homme. “Les présentations étant faites, je suggère que nous nous retrouvions dans de meilleures conditions” reprit-elle en faisant allusion à l’environnement douteux de cet importante entrevue. La réalité était toute autre ; elle devait s’accorder une pause pour être certaine de tenir le ton qu’elle venait d’employer, comme une entracte après un spectacle particulièrement éprouvant. “Maxton et moi rentrons à l’hôtel. Nous pouvons vous rejoindre plus tard. J-je…” Mais déjà sa voix se brisa, témoignant de son état qui semblait revenir au galop. Aussi préféra-t-elle terminer son verre d’une traite avant de se lever assez brusquement. “Oui, oui je comprends tout à fait, vous avez affronté bien des émotions. Rejoignez-moi donc ce soir à mon adresse. Je vous préparerai un bon dîner, et nous aurons alors l’occasion de…” Mais déjà Bluebell avait quitté les lieux de son pas caractéristique. Hélas, ses talons avaient claqué moins durement que d’habitude, davantage témoins d’un empressement urgent que d’une impétuosité méprisante.

L’air extérieur lui fit fermer les yeux, alors qu’elle s’approchait doucement de la maison d’en face. Ses tremblements avaient repris, et si elle n’avait pas eu le réflexe de se réfugier loin de la cause de son agitation, peut-être se serait-elle montrée plus exécrable qu’elle ne l’avait jamais été. La seule note positive résidait dans sa capacité, désormais, de comprendre d’où venait cette soudaine nervosité. L’injustice. La frustration. L’incompréhension. Ce père, en seulement quelques phrases, estimait s’être justifié de l’odieux abandon qui avait imprégné leur quinze années de vie. Bluebell refusait de célébrer ses seize ans sur cette note amère ; elle refusait de se contenter d’une explication aussi simple, alors que le poids de l’absence de ses parents avait fait d’elle la cruelle peste qui s’acharnait violemment contre un monde incapable de la comprendre. Elle s’était toujours sentie en décalage par rapport aux autres, comme appartenant à une catégorie encore différente de tous ceux qui les entouraient, parce qu’elle n’avait justement jamais joui de la présence stable et fière d’une famille unie. Oui, elle jalousait les Sørensen pour leur sens familial acéré, tout comme les d’Archambault, tout comme tous ceux qui avaient profité de leurs parents pour grandir selon des préceptes nobles et entiers. Elle avait ainsi longtemps attendu l’arrivée de ses parents, et que lui apportait-on ? Une mère aliénée, un père penaud. Bluebell s’installa alors sur le trottoir, sans se préoccuper de la saleté de celui-ci, réalisant que ses jambes ne la soutiendraient guère plus longtemps. Une telle colère et un tel sentiment de rancœur l’enveloppaient de sorte qu’elle n’était pas certaine d’avoir jamais été en mesure de contenir une si profonde haine. Rien à voir avec les frivolités adolescentes de sa vie. Ce qu’elle ressentait ressemblait davantage aux profondeurs adultes de ceux qui comprennent que la vie est d’une injustice affolante, d’une dureté implacable. Enfouissant son visage entre ses mains, elle ne réapparut que lorsqu’elle reconnut les pas de Maxton dans la rue devant elle. Elle croisa presque aussitôt les yeux de son jumeau, où elle trouva un réconfort aussi illusoire que bienvenu. Aussi se releva-t-elle pour se tenir face à lui et lui attrapper le bras. Ses yeux étaient emplis de larmes qui ne couleraient jamais. “Je t’en prie, ne dis rien. Attendons d’être à l’hôtel.” Nul besoin de se justifier, il sembla comprendre l’état chaotique de ses pensées. Aussi se dirigèrent-ils silencieusement jusqu’à l’établissement qu’ils avaient choisi, d’un pas aussi solennel qui serait, pour la dernière fois, concordant.


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Message(#) Sujet: Re: [TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) [TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) EmptyJeu 11 Mar - 14:37

The crown is out of sight



LA chaque nouveau rebondissement, les jumeaux ne cessaient d’échanger leur rôle. Quand l’un fulminait, l’autre le tempérait. Quand le premier avait peur, le second affrontait le danger. La dynamique était incompréhensible pour toute personne extérieure à cette étrange équipe tant les changements étaient aussi brusques que naturels. Ils n’avaient pas besoin de se parler pour savoir de quoi l’autre avait besoin. Et ils étaient assez différents pour ne jamais être sur le même registre d’émotions au même moment, ce qui leur facilitait la tâche. Pourtant, dans leur combat sans fin pour sauver les apparences, un œil aguerri aurait pu voir à quel point les deux étaient ébranlés, chacun à leur manière. Bluebell regardait couler la goutte de sang qui s’échappait de son ongle avec une forme de fascination, Maxton marquait des temps d’hésitation … Rien n’était normal. Et rien ne le serait jamais plus. A chaque minute qui s’écoulait, le poids de leurs interrogations semblait peser un peu plus lourd. Assez pour que Bluebell s’absorbe dans la contemplation du décor, assez pour que Maxton admette à mots couverts avoir souffert de l’absence de son père. Ou plutôt de l’absence de ses parents. Contrairement à sa sœur, il ne se sentait de lien privilégié avec aucun des deux et était donc prompt à leur faire les mêmes reproches. Il n’était pas plus à l’aise avec cet homme qu’avec leur mère. Leur génitrice le perturbait parce que sa folie brouillait ses repères, leur géniteur le troublait pour des raisons qu’il était incapable de d’expliquer. Chacun à sa manière incarnait des peurs différentes, des angoisses profondes qui lui étaient propres et dont sa sœur n’avait pas nécessairement connaissance. Ses tourments les plus profonds lui étaient secrets jusqu’alors, même s’il pressentait qu’il allait devoir se livrer un peu plus à court terme. Des discussions aussi sinistres que cette journée les attendaient.

Toujours dans une sorte de duo bien huilé, Bluebell reprit la main pour répondre, un rôle que Maxton lui laissait volontiers. « Il n’est pas possible de résumer quinze ans d’une vie en quelques mots », voilà ce qu’il aurait aimé lui cracher avec une forme de rancœur enfantine. « Ne dis rien », voilà ce qu’il aurait aimé murmurer à sa sœur, autant par paranoïa que par une forme de jalousie. Leur vie était sans lui. Leur vie était à eux deux. Ils n’avaient pas à la partager, c’était leurs souvenirs, leur duo. Le fait que leur père puisse s’imaginer ne serait-ce qu’une seconde légitime à intervenir le rendait malade. Il ne voulait pas qu’il s’approche. Il ne voulait pas que Finella les approche. A vrai dire, il voulait juste continuer à les maintenir hors de leur existence. Sa jumelle réussit brillamment l’exercice. Il y avait peu de détails, quoique déjà trop à son goût, le discours était digne, clair et concis. Maxton acquiesça donc platement. Son ambition là tout de suite maintenant était surtout de fuir cette journée. Pris dans cette considération, il ne se rendit compte que cette mascarade touchait à sa fin qu’en entendant la voix de sa sœur se briser. Ses yeux vinrent immédiatement sur elle, l’enveloppant du regard comme si cela pouvait l’apaiser. Mais signe que sa carapace se fendillait, elle se leva pour tourner les talons comme si elle quittait la scène, le laissant conclure la fin de cet acte. Sans cesser de l’observer, il lança à son père sur un ton qui ne souffrait aucun réplique

- Un déjeuner demain midi sera sans doute plus opportun. Ce fut une journée un peu trop riche en émotions.

La politesse de ses propos ne faisait qu’enrober l’inflexibilité de ses paroles. Il n’acceptait pas une invitation chez leur géniteur, il choisissait lui-même quand ils se présenteraient au domicile de leur père et s’ils le feraient. Il savait d’avance qu’ils seraient présents, tout ce chemin, toutes ces démarches ne pouvaient aboutir à une conclusion aussi pathétique qu’une conversation dans un obscur salon de thé moldu. Mais il avait besoin de réaffirmer qu’il avait le contrôle de la situation. Il se rendrait vite compte à quel point ces stratagèmes avaient été illusoires. Le piège qui devait se refermer sur eux était déjà en place à cet instant précis et chacun de ses efforts n’avaient fait que resserrer subtilement l’étau autour d’eux. Mais il ne s’en rendit même pas compte tant chaque fibre de son être lui criait de quitter cet endroit au plus vite pour aller rejoindre sa jumelle. A quel point ses émotions pouvaient la blesser ? Maxton ne souhaitait pas la laisser seule plus de quelques secondes dans cette journée cauchemardesque. Oublié leur désaccord, balayé leur différend. Ils avaient survécu parce qu’ils étaient ensemble et il comptait bien le rester. Tant qu’ils formaient une équipe, ils étaient capables de se sortir de tout puisqu’ils avaient survécu jusque là.

Sans un regard pour leur père, il quitta rapidement l’établissement, rejoignant la rue en quelques enjambées rapides. Le soulagement l’étreignit quand il la vit en face de l’établissement. Elle n’aurait jamais fui sans lui, mais il la sentait tellement fragile que pendant un court instant, il avait craint qu’elle ne disparaisse. Evidemment, sa présence ne signifiait pas qu’elle allait bien. La nervosité suintait de tout son être. La tristesse aussi. Ses grands yeux embués le remuèrent plus qu’il ne l’avouerait jamais, également parce qu’il avait l’impression d’en être en partie responsable. Mais puisqu’elle ne voulait pas un mot sur la vulnérabilité qu’il avait entrevue, il se contenta de la suivre sans un mot. En cela, il était simple de croire que l’ordre des choses était en partie rétabli. Elle exigeait, il obéissait. Elle l’avait voulu muet, il la guida dans les rues de la ville dans le plus grand silence. Seule la pression de sa main sur son bras lui confirmait sa présence.

Ils arrivèrent dans l’établissement bien plus rapidement que ce que Maxton avait imaginé. Sans doute avaient-ils parcouru les rues avec plus de vivacité que ce qu’il avait supposé, comme si cette rapidité allait leur permettre de semer leurs cauchemars. Quelle illusion. Maintenant qu’ils avaient retrouvé les fantômes de leur passé, ces derniers ne cesseraient jamais de les hanter avec application. Ce n’était pas quelques centaines de mètres entre leur mère et eux qui allaient leur permettre d’oublier la réalité de sa condition, pas plus que le fait de ne pas avoir cet homme sous les yeux ne rendrait pas son discours presque désinvolte plus acceptable.

Accord tacite entre eux, il géra la réception avec force de d’amabilité et ils purent enfin se réfugier dans ce qui parut être au garçon leur dernier refuge dans ce monde. La chambre n’était pas forcément extrêmement grande, ni dans leurs standards d’exigence habituels, mais elle était plutôt mignonne et bien agencée. Elle se composait de deux lits – ils n’étaient pas Cameron et Mallory pour dormir ensemble tout de même – et ses couleurs pastel avaient quelque chose d’étrangement apaisant. A moins que ce ne soit la perspective d’être enfin seuls. Bluebell lâcha son bras et lui se laissa tomber avec nonchalance sur l’un des deux matelas, s’autorisant un soupir de soulagement. Cela leur prendrait un peu de temps, mais ils allaient pouvoir se recréer une forme de bulle pour se calmer d’ici le lendemain. Il roula légèrement sur le côté pour observer sa sœur et finit par lâcher

- J’ai décliné pour ce soir. Nous avons rendez-vous pour déjeuner demain, si tu le souhaites.

Ses yeux ne trahirent ni surprise, ni soulagement. Ils restèrent au contraire aussi sombres que ce qu’avait été cette journée maudite. Cette forme de mutisme l’inquiétait. Il la connaissait assez pour savoir que ses émotions auraient dû déborder, comme les larmes avaient failli s’échapper de ses yeux quelques minutes auparavant. Le silence était son arme, pas la sienne. Alors qu’elle se mure dans ses pensées en prenant soin de l’en garder éloigné était aussi alarmant que frustrant. Il se redressa légèrement et finit par murmurer

- Je sais que c’est notre père mais il me dérange.

Une confession pour lui tirer des confidences. S’il avait voulu être exact, il aurait sans doute dû avouer qu’il n’aimait aucun de ses parents. Leur mère lui faisait peur, leur père le crispait. Il aurait tué pour retrouver son ignorance d’antan. Après tout, ils n’avaient pas besoin d’eux pour rajouter à leur fardeau. Mais Bluebell lui en voulait assez pour leur mère, autant rester sur le sujet du parent pour lequel ils avaient un avis commun.

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The crown is out of sight
Blue & Maxton face à l’empire déchu

Ce fut à compter de ce trajet silencieux vers l’hôtel que la mémoire de Bluebell commença à s’éroder. Ses souvenirs indisciplinés s’effilèrent le long du chemin que les jumeaux empruntèrent, selon une sensation étrange de flottement qui ne la quitterait plus. De fait, Bluebell était incapable de savoir si le trajet fut long, bref, décoré ou vierge ; seul le mouvement hésitant de ses bottines sur le bitume lui évoquait un éclat filandreux. Peut-être avait-elle déjà compris que leur fin était proche, peut-être avait-elle pressenti que la suite des événements ne méritait guère plus de considération. Peut-être même que le poids de ses émotions avait déjà commencé à s’égoutter à la manière d’un sablier, dans une chute parcimonieuse dont l’impétuosité conduisait irrévocablement, scrupuleusement, doucereusement vers un vide aussi profond que noir. A dire la vérité, il y avait une forme de consolation dans l’idée que son esprit s’était déjà douté du pire. Au moins s’épargnait-elle des détails supplémentaires qu’elle n’aurait pas eu la force de gérer. Ainsi, la manière dont ils parvinrent jusqu’à l’hôtel lui semblait particulièrement vaporeuse, incertaine ; en revanche, lorsqu’ils franchirent la porte 14, son état d’âme la happa presque aussi rapidement que l’odeur de fleur de coton qui se dégageait des bougies éteintes. La pièce était convenable, loin des fastes habituels mais intime et douillette. Les murs crème et la literie pastel semblaient les convier à un repos nécessaire, et de fait, Maxton se jeta sur le lit sans autre mesure. Bluebell pour sa part se rapprocha de la fenêtre au fond de la pièce, drappée d’un long rideau blanc. Tirant légèrement sur son extrémité, elle contempla, interdite, la vue sur la façade en pierre d’un vieux restaurant aux fleurs chatoyantes. Des ivrognes fumaient dans la rue au contrebas, une vulgarité gestuelle soulignant la médiocrité de leur visage. Maxton mentionna alors le rendez-vous qui les attendait le lendemain, ayant de toute évidence attendu d’être à huis clos pour communiquer cette information à celle qui lui avait intimé de garder le silence. Quelque chose sur le visage de Bluebell se brisa aussitôt. Qu’importe ce qu’elle avait demandé. Elle aurait souhaité continuer à inspecter les environs dans un mutisme acharné afin de s’efforcer de ne pas affronter l’inévitable. Mettre des mots sur ce qu’elle ressentait, réfléchir à leur situation avec son frère, affronter ce champ de bataille désolé la terrifiaient. Comme on lui aurait demandé de traverser un terrain miné, elle resta droite et immobile sur le seuil de cette discussion, incapable de se résoudre à courir vers des éclats aussi fracassants. Il lui sembla replonger dans l'enfance qu’elle n’avait jamais eue. Son seul désir était de se tapir sous les draps, se laissant porter par le bruissement des feuilles du livre que Maxton lisait en cachette. Nommer la folie de leur mère, la dépravation de leur père, et l’incertitude paradoxalement plus forte de leur sang lui semblaient insurmontables. Bluebell décida finalement de se retourner pour faire face à Maxton, qui avait roulé sur le côté. Irrationnellement, elle crut voir en lui le jumeau turbulent et désinvolte de leurs premières années. Bluebell se raccrocha à cette pensée pour fermer les yeux face au champ miné dans lequel il la jetait, et s’y engagea avec une terreur qu’elle couvrit cependant d’un sourire presque maternel. Ignorant la méfiance qu’il venait d’exprimer, elle avança jusqu’au lit où Maxton s’était allongé et s’assit à côté de son visage. Le dos parfaitement droit, elle entreprit de caresser sa joue du bout des doigts. “Tu n’as jamais aimé le changement” nota-t-elle d’une voix douce alors que son index suivait la démarcation affermie de sa mâchoire. “Le déjeuner, voilà une excellente idée. Au moins aurons-nous le temps de nous remettre de ces contrariétés” ajouta-t-elle avec un enthousiasme feint, qui sonna presque ironique. Le fait est que cette décision lui sembla aussi pertinente que douloureuse ; pertinente, car elle n’aurait jamais été en capacité de supporter une nouvelle entrevue aussi vite ; douloureuse, car cela lui laissait une fin de journée entière pour affronter ce qu’elle refusait de regarder. Ses doigts se figèrent alors qu’elle réalisait que son armure allait céder, maintenant qu’elle n’avait plus aucune raison de se retenir. Alors, un peu brusquement, elle se releva et intima d’un claquement sec de ses doigts à leur elfe de maison de réapparaître. Celui-ci leur apporta un sac qu’ils avaient préalablement rempli de quelques affaires, et disparut aussitôt. Bluebell fouilla parmi le désordre de ses vêtements avant d’en extirper une longue robe de nuit blanche qu’elle jeta sur le matelas restant, près de la fenêtre. “D’ailleurs, je vais prendre une douche pour mieux me défaire de toutes ces tensions” annonça-t-elle sans pour autant se tourner face à son frère, qu’elle ignora délibérément afin qu’il ne soit pas en mesure de voir de ses propres yeux combien son visage était en train de se décomposer. La douche lui avait paru le meilleur échappatoire pour retarder encore un peu la discussion qu’elle ne souhaitait pas entretenir, tout en se dérobant du regard inquisiteur de son frère qui aurait su déceler la dangereuse fêlure de ses traits. Alors, sans même lui laisser le temps de formuler d’autres remarques, elle retira robe et chemise d’un mouvement empressé et se glissa presque aussitôt dans la salle de bain, qu’elle prit le soin de fermer à clé. Elle ne craignait guère une intervention soudaine de son frère, néanmoins, elle avait eu besoin du son du verrous pour émettre une distance physique et opaque entre la discussion qu’ils devaient avoir et l’explosion de sentiments qui la menaçait.

Alors, presque aussitôt, comme si son esprit n’avait attendu que cet isolement pour reprendre pleinement possession de son corps, Bluebell flancha. L’appréhension, la désillusion, la honte, la colère, l’incompréhension, l’injustice, la haine, le mépris éclatèrent dans son sang qui, sous la puissance abrupte, laissa ses membres engourdis. Retirant ses sous-vêtements, elle eut tout juste le temps de se réfugier dans la douche italienne qu’elle venait d’allumer lorsque ses jambes flanchèrent. De fait, elle se retrouva assise à même le sol, sous une eau brûlante qui inonda progressivement son crâne, ses cheveux, son dos, avant de rouler sur son visage enfoui derrière ses mains. Dans le noir de sa vue se redessina cette insupportable journée. Il lui sembla, d’une étrange façon, que son passé s’était effacé au profit de ce moment exclusif. Elle n’avait plus d’âge, plus d’identité, plus de rêves, plus d’ambitions. Elle n’était qu’une enfant apeurée, fraîchement délaissée par une mère cadavérique et un père pathétique, condamnée à un avenir sans autre relief qu’un frère incapable de saisir sa souffrance. L’abandon. Tout venait de là. On lui avait demandé, à cinq ans, de tenir bon. D’être forte, solide, inébranlable, menaçante, puissante, déterminée. On avait fait d’elle ce monstre enragé qui n’avait lutté que pour espérer, un jour, se voir retirer l’épine qui lui creusait les reins. Elle avait crié. Elle avait détruit. Elle avait dévoré. Elle s’était comportée comme la parfaite enfant cruelle, détestable, dans l’ambition égoïste que toute sa rage serait un jour récompensée des plus beaux cadeaux. On lui avait promis un avenir radieux. On lui avait juré une sortie des Enfers où elle croupissait depuis dix ans. Et qu’en était-il ? Une mère alitée, un père instable. Un jumeau prévenant, qui pourtant, avait délibérément craché sur l’unique bonheur qu’elle avait jamais réclamé. Bluebell releva le visage de ses mains pour accueillir les gouttes qui s’abattaient sur son front. Elle était enragée contre Maxton, enragée contre elle-même, enragée contre le monde. La gloire lui avait échappé en un frêle instant. L’ambition qui l’avait nourrie pendant près de seize ans s’était consumée sous ses doigts. Ses lèvres laissèrent échapper un gémissement plaintif avalé par le bruit de l’eau qui coulait. Et de fait, on ne saura jamais si les gouttes qui perlaient sur ses joues étaient celles du pommeau au-dessus de son visage tendu, ou de son chagrin le plus intime et confidentiel.

Bluebell ne quitta la douche qu’après vingt minutes de recueillement. La porte en verre roula dans un crissement sinistre, alors qu’elle enveloppait son corps dans un peignoire blanc. Ses cheveux dégoulinaient encore quand elle pénétra à nouveau dans la chambre. Maxton n’avait pas quitté son lit. Le menton légèrement relevé, comme à chaque fois que son courroux s’entremêlait à sa fierté, elle toisa son jumeau un long moment, essayant de retrouver, comme plus tôt, la sensibilité des enfants qu’ils étaient. Néanmoins, la magie était rompue ; elle ne ressentait plus qu’un profond, intense, puissant ressentiment. Alors, dénouée de crainte, emplie de colère, elle se jeta au cœur du champ de mines. “Etais-tu sincère, tout à l’heure ?” fit-elle alors d’un ton aussi glacial que ses prunelles. “Rêvais-tu vraiment de ce moment, toi aussi ?” Peut-être parce que son profond sentiment d'injustice ne pouvait guère frapper ses parents, de toute évidence incapables d’apporter les réponses escomptées, tout le vice de ses interrogations sous la douche s’orienta finalement vers son frère. Il était le seul à lui avoir jamais promis vérité et franchise. Il était désormais le seul à pouvoir lui accorder la résilience qu’elle réclamait de droit. “Tu m’as avoué ne rien ressentir” poursuivit-elle en s’avançant davantage vers son jumeau, victime du déversement effronté de ses plus sordides douleurs. Sa folie était sans limite, et Maxton avait toujours joué le rôle cathartique de ses invectives, inébranlable comme il l’était. Elle était incandescente, il était impassible. Elle était explosive, il était résolu. Parvenue à sa hauteur, elle attrapa le menton de son frère pour mieux ancrer la tempête de son regard dans le sien. Son mouvement n'avait plus rien de la douceur précédente ; c'était comme si un fauve venait de serrer une proie entre ses griffes. Elle voulait qu’il comprenne toute la frénésie qui l’habitait. Il devait enfin ressentir la fièvre qui la hantait. “Alors dis-moi, as-tu délibérément gâché ce moment ? As-tu œuvré dans le seul but de me causer du tort ? As-tu voulu me nuire, Maxton ?” Sa dernière question, paradoxalement simple et terrible, claqua entre eux comme un éclair. Retenant encore un instant son menton, elle finit par lâcher son visage, où ses ongles ancrèrent deux traces rouges. Elle était exécrable. Et pourtant, sa fureur consolatrice lui assurait qu'elle avait raison. Maxton avait tout gâché. Maxton l'avait laissée espérée. Maxton l'avait manipulée. Il en avait toujours été ainsi, après tout. Elle hurlait, il guidait. Elle se débattait, il indiquait. Elle luttait. Il gagnait.



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The crown is out of sight


Maxton aurait dû comprendre que rien de bien ne pourrait ressortir de cette soirée quand à la minute même où il offrit l’une de ses pensées à sa sœur, cette dernière fit mine de ne pas l’entendre. Pourtant, il la savait assez intelligente pour comprendre tous les non-dits qui s’y trouvaient. Il n’avait pas besoin de verbaliser sa peur pour que celle-ci se dessine en filigrane de ses propos. Elle se contenta de chasser ses doutes du bout de son doigt, suivant la ligne de sa mâchoire dans une caresse. La première seconde, il fut presque sur ses gardes tant cette douceur lui parut incongrue, avant de se détendre. Peut-être avait-elle compris que l’horreur de cette journée, leur duo était la seule chose tangible à laquelle se raccrocher. Alors il baissa la garde pour admettre à demi-mot

- C’est un fait. Notre dynamique me suffit.

Le contact de sa peau cessa brusquement et elle se leva d’un bond. Le garçon se redressa pour la suivre du regard, désormais silencieux. Si elle n’avait pas saisi sa confidence au vol, cela signifiait qu’elle ne voulait pas parler. Cela aurait pu ne pas être inquiétant si elle ne s’était pas mise à évoluer avec une sorte de brusquerie inhabituelle pour ses gestes normalement gracieux. Quant à sa dérobade vers la salle de bain, il s’agissait d’une fuite, ni plus, ni moins. Maxton laissa retomba sa tête sur le lit, fixant le plafond. Il comprenait le besoin de solitude de Bluebell, mais il ne pouvait s’empêcher de tendre l’oreille, à guetter quand le bruit de l’eau cesserait enfin. Ce n’était pas pour la poursuivre, mais plutôt une forme d’inquiétude. S’il se sentait fragile en cet instant, il n’osait imaginer son état à elle. Elle avait tellement rêvé de ces parents parfaits que la déception devait être terriblement rude. Surtout pour leur mère. Après tout, pour une raison mystérieuse à ses yeux, Bluebell avait placé tous ses espoirs en elle plus qu’en leur père, comme si elle avait fini par s’identifier à cette femme. Ou plutôt à l’illusion qu’elle s’était faite d’elle. La réalité en était tellement éloignée et tellement violente pour son esprit qu’il ne doutait pas un instant qu’elle reviendrait à la charge sur leur discorde de la maison de repos. Il lui fallait une explication pour une folie qui n’en avait pas. Un coupable pour rationnaliser un énième coup du sort sans explication.

Quand le déclic du verrou se fit enfin entendre et qu’elle réapparut enfin, sa manière de le toiser lui indiqua que la discussion qu’il redoutait tant allait se dérouler à cet instant. Elle avait troqué sa vulnérabilité pour un masque de glace et de fureur. Il la connaissait assez pour savoir qu’elle avait laissé les émotions enfler jusqu’à ce qu’elles l’engloutissent et qu’il allait en faire les frais. Elle était souvent ainsi. Emotive à l’extrême, il avait presque l’impression que son enveloppe charnelle était trop délicate pour supporter cet afflux de sentiments négatifs. Si elle ne laissait pas sa colère semer la destruction autour d’elle, il avait presque l’impression que la pression allait l’étouffer. Il aurait juste voulu ne pas être le seul obstacle sur la route de ses envies de destruction. La première attaque ne se fit pas attendre et elle fonça tête baissée en lui demandant s’il était sincère. Il se redressa en soupirant, prêt à lui faire face et l’implora à voix basse

- Arrête Blue. Tu nous fais du mal.

Après tout n’était-ce pas son but ? D’attaquer à l’aveugle jusqu’à blesser ? Il n’avait pas à comprendre ce comportement irrationnel. C’était eux deux contre le reste du monde, cela l’avait toujours été. Alors pourquoi essayer désespérément de perdre le seul allié dont elle disposait

- Je te l’ai dit, je rêvais de ce moment pour toi.

Elle se saisit à nouveau de son menton, sans la moindre trace de douceur cette fois. L’envie de se soustraire à son contact fut à la hauteur de sa capacité à se maîtriser : immense. Pourtant il se laissa faire, comme un pantin. Evidemment, elle ne s’émut pas de sa docilité. Pourquoi cela aurait été le cas ? Avec elle, il était toujours ainsi, prêt à subir ses frasques pour préserver son équilibre à elle. Pourtant ce soir, le cœur n’y était pas, pas plus que la patience. Si l’équilibre émotionnel de sa sœur avait déjà lâché, le tien n’était pas si loin de suivre. Dans un espoir vain, il tenta de retarder l’échéance en admettant prudemment

- Est-ce une surprise ? Je ne me souviens pas m’être un jour décrit comme émotif.

Pour être exact, il ne s’était jamais autorisé à l’être. Son premier vrai souvenir était celui de la promesse que lui avaient extorquée ses géniteurs. Pour la tenir, il avait enfoui ses doutes, ses sentiments … Tout ce qui aurait pu l’empêcher d’être l’être froid et calculateur qu’il était devenu pour la protéger. A force d’étouffer ses sentiments, il avait perdu l’habitude d’en éprouver. Son quotidien n’était qu’une vaste succession de nuances de gris. Les touches de couleurs y étaient aussi rares qu’appréciables. Pourtant, cela ne voulait pas dire qu’il était incapable d’éprouver quoi que ce soit et sa jumelle le savait pertinemment. Il avait fait l’effort de lui confier certaines de ses pensées après la rencontre de leur mère. Et elle s’en fichait. Ses ongles s’enfoncèrent dans sa peau et elle continua son interrogatoire, insensible à l’énergie qu’il mettait à ne pas aggraver son courroux. Peut-être même que cette absence de réaction la frustra et la poussa à aller toujours plus loin pour l’atteindre. Ce qu’elle parvint à faire sans effort. Il suffit qu’elle l’accuse d’avoir voulu lui nuire pour que ses traits se crispent et que ses prunelles flamboient d’une lueur inquiétante. Il avait beau savoir intellectuellement qu’elle l’avait fait exprès, sa dernière question fit céder la dernière barrière qui lui permettait de conserver son calme. Elle le lâcha, se détournant et il siffla avec toute la froideur dont il était capable.

- Tu oses me poser la question ?

Il se releva avec la vivacité d’un chat et attrapa le bras de sa sœur pour l’empêcher de fuir une fois ses horreurs prononcées. Lui habituellement si détaché, si froid, bouillait littéralement de rage. De toutes les accusations qu’elle pouvait lui lancer, celle-ci était la pire parce que l’injustice l’étouffait. Il ne lui avait jamais tenu rigueur du rôle de protecteur qui lui avait été assigné, mais dans une forme de naïveté, il avait toujours voulu qu’elle lui en soit reconnaissante. Il avait cru que si leur royaume ne pouvait entièrement compenser l’abandon originel, elle éprouverait de la gratitude à son égard, d’avoir un frère exclusivement dédié à sa cause. Mais comme toujours, en bonne enfant capricieuse, elle se fichait des sacrifices des autres tant qu’elle obtenait ce qu’elle voulait.

- Qu’il est simple de lancer d’odieuses accusations parce que tu es malheureuse. Tu croyais quoi ? Que parce que je suis ton jumeau je suis également ton sac de frappe ?

Maxton ne chercha même pas à masquer la rancœur et l’incompréhension qui transparaissaient dans sa voix. Il n’avait pas la prétention de croire chacune de ses actions parfaites lors de cette interminable journée, mais à aucun moment il n’avait cherché à la blesser. Au contraire, il l’avait soutenue envers et contre tout, en fermant les yeux sur chacun de ses besoins à lui.

- Puisque c’est la journée des vérités déplaisantes, tu vas entendre les miennes. Mon existence entière n’a été dédiée qu’à satisfaire tes exigences mais ça n’est jamais suffisant n’est-ce pas ? Tu as voulu chercher, tu as voulu venir, tu as voulu savoir et je t’ai suivie parce que je te suivrais en enfer s’il le faut. A quel moment tu t’es souciée de ce que je ressentais ? Tu es ma jumelle, mais je ne suis pas ton double. Tu ne peux pas me contraindre à penser comme toi. Mais toi dans tous tes caprices, tu te moques bien de savoir ce que je ressens n’est-ce pas ? Au fond, cela t’arrange bien de prétendre que je n’éprouve rien comme ça tu es la seule légitime à te sentir ébranlée.

Comme l’exact reflet de son miroir, sa colère répondait à celle de Blue, nourrie par le venin qu’elle avait craché. Il lâcha son bras pour la toiser un instant, avant de se pincer l’arête du nez pour tenter de retrouver un semblant de sérénité avant de dire plus de choses qu’il pourrait regretter.

- Alors non, je n’ai pas voulu te nuire. Mais toi tu arrives très bien à être injuste. Mon tour de salle de bain.

Il attrapa quelques vêtements à la volée pour s’enfermer à son tour dans la pièce exiguë sans lui adresser le moindre regard. La chambre était trop petite pour contenir leur fureur à tous les deux et la seule solution pour éviter que ce conflit ne dégénère un peu plus était la fuite. D’une certaine manière, il s’en voulait d’avoir été si virulent avec elle alors qu’elle était si blessée mais il avait été incapable de maîtriser ses nerfs. Toute la façade de contrôle qu’il s’était employé à afficher durant des heures s’était effondrée sous les assauts répétés de sa sœur. Il savait pertinemment qu’il en éprouverait tous les remords du monde à la minute même où il serait capable de se calmer. Mais pour l’instant, sa jumelle avait l’allure d’une ennemie plus que d’une alliée et il n’en fallait pas plus pour faire vaciller ses certitudes.

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The crown is out of sight
Blue & Maxton face à l’empire déchu

Bluebell avait espéré pouvoir plonger dans un passé fugace et revivre, l’espace d’un moment illusoire, la douceur amère de son enfance. Il n’en fut cependant rien, et elle se retrouva happée par des circonstances aussi déplaisantes que surprenantes. Le présent était si éloigné des fragments de ses souvenirs qu’elle resta pantoise un instant devant les invectives de son frère. Ils n’avaient jamais partagé de réel désaccord ; ils explosaient dans une rancoeur mutuelle. Ils ignoraient leurs origines ; ils devaient encaisser les lamentables présences de parents méprisables. Ils avaient toujours fait la même taille ; Bluebell se retrouvait à devoir lever le menton pour croiser le regard tempétueux de son frère au-dessus d’elle. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce fut précisément cette dernière circonstance qui dérangea intimement Bluebell, la laissant un instant imperméable aux critiques cyniques de Maxton pour réaliser combien les années s’étaient écoulées sans jamais qu’ils ne les comptent. A force d’avoir couru toute sa vie après un rêve aussi vain que salvateur, elle comprit qu’elle avait laissé passer de délicats moments qui, à la lueur de sa profonde déception, lui paraissaient tout à fait suffisants pour combler le manque qui l’avait bercée. Pourquoi avoir attendu de rencontrer leurs parents pour se satisfaire d’un triomphe qu’elle possédait déjà ? Le regard hautain et le dédain désinvolte de son frère valaient bien des ambitions. Désormais hélas, Maxton avait grandi ; il la surpassait largement et le noble masque qui épousait les formes saillantes de son visage s’était brisé au profit d’une colère froide. Comme si l’océan de ses iris sur lequel elle avait toujours librement vogué se refermait sur elle, il lui sembla brutalement perdre le souffle dans une abominable noyade. Bluebell n’était pour ainsi dire pas naïve ; pourtant, elle crut avec une forme de candeur que cette asphyxie cesserait après quelques efforts pour se débattre et remonter à la surface. Elle ignorait encore que, happée par les abysses, elle ne retrouverait jamais sa respiration. Alors, ignorant le danger dans lequel elle s’enfonçait fatalement, elle se raccrocha à de vaines considérations, et se heurta au réalisme intransigeant de son frère. Il lui indiqua sans autre forme de sollicitude que le rêve qu’elle avait si longtemps caressé n’était que le sien. Cette affirmation répétée fut l’effet d’une bombe. Comme si Maxton venait impunément de lui mentir, elle remit en cause l’ensemble de leur relation. Toute cette énergie, toutes ces conversations, toute la fondation même de leur lien venaient-elles réellement de se heurter à une si simple vérité ? Avait-il seulement vécu leur binôme par procuration ? Bluebell se recula d’un pas, comme elle aurait craint la présence importune d’un étranger devant elle. La souffrance qui l’avait engloutie sous la douche ricana entre les parois de son crâne. Ainsi donc avait-elle toujours été seule face au reste du monde.

Cette seule réalité aurait été suffisante, mais Maxton n’en avait vraisemblablement pas fini. Il lui attrapa le bras, comme la retenant de son échappée. Il voulait la confronter. Il voulait lui mettre toute la douleur sourde qu’il avait si longtemps enfouie sous les yeux, comme on aurait finalement crié ses blessures à son bourreau. Bluebell, comme une enfant, se paralysa sous la poigne ferme et la hargne rancunière de son jumeau. Condamnée à affronter le déchaînement des océans qui battaient dans les prunelles de son frère, elle ne trouva refuge que dans le douloureux contact de ses phalanges sur son avant-bras. “Maxton, lâche-moi” glissa-t-elle alors ; mais il n’en avait pas fini, bien loin de là. Il poursuivit, avec une haine croissante qui la piquait de toute part. “Lâche-moi” réitéra-t-elle dans un souffle ; mais loin de considérer ses supplications, il la martela de nouvelles vérités qui finirent d’enchaîner ses chevilles au gouffre dans lequel elle avait commencé à sombrer. “Tu me fais mal” ajouta-t-elle à nouveau d’une voix qui s’échoua au bout de ses lèvres. Il évoqua sa solitude. Il mentionna ses caprices. Il souligna son égoïsme. Et enfin, il la lâcha ; mais cela n’avait guère plus d’importance, car elle était finalement emprisonnée dans l’aigreur de ses dires. Alors, sans même réaliser qu’il l’avait relâchée, elle le regarda se pincer le nez avec un sentiment si profond et si ravageur qu’elle sentit son corps trembler sous le poids de son engourdissement. C’en était trop. Sa mère, son père, son jumeau. Ne comprenaient-ils en définitive rien de sa blessure ? Maxton lui-même ne pouvait-il voir en elle que la méprisable peste qu’elle se complaisait à jouer pour mieux couvrir toute la plaie ouverte qui sanguinolait sur son cœur ? Bluebell ne s’était jamais accordée aucune douceur, aucune bonté, aucune humanité, précisément parce qu’elle se considérait elle-même comme un monstre de ressentiment. Elle voulait faire peur, pour mieux étouffer ses incertitudes. Elle voulait dévorer, pour ne pas être phagocytée par les autres. Elle voulait détruire, pour ne pas être délaissée parmi les décombres de ses jours. Et qu’avait retenu Maxton d’elle ? Une enfant capricieuse, exigeante, insatiable qui jouait à la malheureuse pour mieux se glorifier. Ses yeux s’embuèrent malgré elle, d’une rage mordante et d’une fureur meurtrière. Elle ignorait que sa présence était si détestable. Elle ignorait que sa peine était si incomprise. “J’ignorais que vivre avec moi était un sacrifice.” Ses mots semblèrent surgir du néant, dans une acidité cinglante pour témoigner du dégoût que lui avait inspiré son monologue. Mais déjà, son jumeau lui tourna le dos sans autre mesure pour s’enfermer dans la salle de bain. La porte claqua sur son dos et Bluebell se retrouva ainsi de longues minutes dans le silence, à scruter fiévreusement cette maudite porte qui venait de se fermer sur l’objet de sa haine.

Non, ils n’en avaient pas fini. Alors, décidant qu’elle ne se contenterait guère de cette piètre interlude, puisque leur scène d’opéra ne faisait que commencer, elle se précipita jusqu’à la porte qu’elle essaya d’ouvrir de ses deux mains. En vain, celle-ci avait été fermée à clé. Bluebell s’acharna alors sur la pauvre poignée, qu’elle tourna dans tous les sens, avant de se résoudre à marteler le bois de la porte de ses poings pour mieux déverser son courroux. “Le véritable fardeau, c’est toi, Maxton ! C’est toi qui t’immisces dans mes projets, c’est toi qui t’imposes dans mes ambitions, c’est toi qui balaies mes maigres espoirs !” hurla-t-elle en songeant combien il avait ruiné l’entrevue avec leur mère. “Ma bile n’a rien d’un caprice, non, ma haine est là depuis que je suis en mesure de parler, parce que vois-tu, contrairement à toi, je suis capable de souffrir, et je brûle de douleur mais tout cela, bien évidement, tu es incapable de le comprendre, n’est-ce pas ?” cracha-t-elle dans une ironie piquante. “Ne t’inquiète pas, je sais très bien que tu n’as rien de mon double, car nous sommes parfaitement opposés. Tu n’es qu’un étranger, Maxton, un étranger à ce monde, un étranger à ma personne. Tu le dis toi-même, tu ne ressens rien, tu te contentes de tout calculer à longueur de temps. Le pouvoir, c’est bien le seul rêve que tu te sois jamais accordé. Tu oses affirmer que tu me suivrais jusqu’en enfer, mais ne m’y as-tu pas délibérément conduite afin d’avoir un royaume à la portée de ta bassesse ?” A chaque mot, elle avait appuyé un nouveau coup, allant jusqu’à rougir ses poings. Mais la porte était effrontément fermée. Alors, Bluebell finit par se reculer dans un grognement de rage, cherchant du regard sa baguette. Il lui suffisait d’un seul sort pour mettre fin à cette barrière qui l’empêchait de se jeter sur son frère et mieux lui asséner les coups tranchants qui entaillaient sa gorge. Une convocation au Ministère ne valait-elle pas mieux que de souffrir de son propre fiel ? Après tout, elle ne serait jamais une véritable vipère ; et son propre venin l’empoisonnait, au contraire de ces admirables reptiles.

Mais faire appel au Ministère, c’était prendre le risque qu’on apprenne où ils étaient, et qui ils étaient. La seule idée d’exposer la fragilité de sa mère aux canines acérées de la société l’arracha à sa contemplation de sa baguette. Sans chercher à comprendre pourquoi elle avait envie de protéger une mère qu’elle venait à peine de rencontrer, elle rejoignit à nouveau la porte contre laquelle elle se colla afin de s’assurer d’être à la portée de son frère. Par tous les dieux, qu’elle aurait aimé avoir la force requise pour la dégonder. Alors, à défaut de pouvoir détruire cette planche en bois qui la séparait de Maxton, elle décida de laisser le poison de sa colère transpercer leur distance. “Père me dérange, moi aussi. La tare qui le ronge m’évoque ton propre déséquilibre.” Ses dires, prononcés avec moins de verve, avaient cependant résonné dans un éclat malsain. Elle avait tenu bien de scandaleux propos ; mais elle en avait toujours tiré une certaine satisfaction. Cette réplique, en revanche, lui arracha une aigreur qui crispa sa mâchoire un instant. Emportée dans sa furie, elle décida cependant que son acharnement était légitime et que Maxton méritait ses plus sombres considérations. Il la trouvait capricieuse ? Elle allait lui montrer l’étendue de sa mauvaise foi. Après tout, si lui-même était incapable de déceler l’enfant abandonnée qui hurlait en elle, Bluebell pouvait bien porter son plus beau masque de mépris pour le conforter dans l’illusion de la peste coriace qu’il s’était figuré. De fait, elle s’éloigna finalement de la porte, le souffle coupé par sa propre mesquinerie et par l’attente furibonde de la réaction de son jumeau. Ses yeux étaient ainsi plantés dans la porte devant elle, comme cherchant à déceler ce qui se passait de l’autre côté. Dans un élan pernicieux, elle se demanda si elle était parvenue à le toucher, lui, l’imperturbable, le nonchalant, l’indifférent. Et pourtant, pour la première fois, elle avait lu une rage gronder dans le flot de ses yeux. Serait-il capable d’abattre sa houle sur elle, serait-il capable de s’opposer à la force fiévreuse qui l’avait secouée dans un élan de survie pour ne pas succomber à son asphyxie ? Bluebell avait déjà commis bien des erreurs dans sa vie, mais elle ignorait qu’elle venait certainement de commettre une faute irréparable qui, en quelque sorte, la porterait au large, loin des rivages de la raison. Oui, Bluebell avait oublié qu’elle partageait le sang de son frère et qu’elle allait, à son tour, s’enliser dans une folie héréditaire. Pourtant, si elle avait pu voir son reflet, elle aurait pu déceler que, quelque part au fond de ses iris, une vague venait d’éteindre le feu de sa force.

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BORDERLINE
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Vesper L. Corvere

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The crown is out of sight



Difficile de savoir si c’était la déception, la rancœur ou la fatigue qui parlait, mais Maxton ne se souvenaient pas d’avoir eu un échange réellement aussi agressif avec sa sœur. Des querelles, il y en avait eu. Des éclats de voix aussi. Mais aucune dispute n’avait porté à ce point sur des sujets importants. Il n’y avait eu que des broutilles, des mésententes qui n’impliquaient jamais de dévoiler leurs pensées et leurs souffrances comme ce soir. Accord tacite ou instinct de survie, ils n’avaient jamais verbalisé depuis leur arrivée chez les Sherwin qu’ils pouvaient souffrir de l’abandon de leurs parents. Il était évident que cela les perturbait, mais aucun des deux ne le disait. Comme si en parler pouvait leur porter malheur. Comme s’ils faisaient preuve de déloyauté envers la famille qui les avait accueillis. Maxton ne ressentait pas réellement d’amour à leur égard. Une tendresse à l’égard d’Elisabeth tout au plus. Mais il était conscient qu’ils avaient besoin d’eux et que les Sherwin étaient leur meilleure chance. Impossible de faire preuve d’ingratitude après cela. Ils ne pouvaient pas se permettre de bavasser que leurs parents biologiques leur manquaient. Puis Elisabeth et Wendell avaient éveillé son ressentiment et sa méfiance, d’abord en le séparant de Blue, et au fur et à mesure que des secrets étaient révélés. Depuis, la défiance était de mise. S’ils avaient tenté de lui prendre Blue une fois, ils pouvaient recommencer à tout moment. Rien pour cela, il ne baissait jamais la garde.

Aujourd’hui, tout ce qu’ils avaient pu garder en eux explosait. Les mouvements d’humeur de Bluebell étaient courants. Ceux de Maxton étaient si rares qu’elle en resta bouche-bée un moment. Son silence était bien la preuve qu’il y avait une part de vrai dans ses propos. Elle n’avait jamais réfléchi à ce qu’il ressentait. Elle avait toujours considéré que ses pensées et les siennes étaient semblables comme leurs gènes. Ou alors elle n’avait jamais rpis le temps de réfléchir à la matière dont pouvaient être faits ses songes. Elle considérait sa présence et son soutien comme acquis.

Dans sa lancée, il ne l’entendit pas lui demander de la lâcher. Ou s’il l’entendit, il n’en fit rien. Elle avait le droit de jouer de lui comme une marionnette, tenant son visage et laissant volontairement ses ongles érafler sa peau et il ne pouvait pas la retenir pour éviter qu’elle ne fuie ? Comme toujours, il y avait deux poids deux mesures, elle avait tous les droits, il n’avait que celui de lui plaire. Alors il battit en retraite dans la salle de bain, avant que les mots ne dépassent sa pensée et que l’aigreur ne prenne le pas sur les vérités qu’il avait à dire. Une fois dans la pièce, il posa ses vêtements de rechange dans un coin et se contenta d’observer son reflet dans le miroir. Fureur et regrets se disputaient la place dans ses yeux. Une dizaine de secondes seulement s’écoula quand la poignée s’actionna et sa sœur désespérément d’entrer. Ses yeux s’écarquillèrent sous l’effet de surprise de l’entendre marteler le morceau de bois qui les séparait avec tant d’ardeur. Il fut presque étonné que la porte ne cède pas. Pour la première fois depuis un temps excessivement long, il reste interdit, ne sachant que faire. Lui ouvrir alors qu’elle était dans cet état de fureur et que lui-même peinait à conserver le contrôle de ses nerfs n’était pas une bonne idée. L’ignorer ne l’était pas plus.

Face aux attaques répétées de sa sœur, il pensait avoir été relativement mesuré. Il ne pouvait pas ne rien dire, visiblement son silence accentuait sa frustration et, comme il lui avait indiqué, il n’était pas son punching ball. La suite lui donna tort sur toute la ligne. Sa rébellion fut vécue comme un affront. L’atmosphère changea, tout comme la stratégie de sa jumelle. Jusque là, chacun de ses coups était pour blesser. Maintenant, elle frappait à l’aveugle pour l’achever. Il n’y avait plus de retenue, plus de logique, juste une haine immense entièrement dirigée contre lui. Elle ne s’avouerait vaincue que quand il serait à terre. Il refusait de ployer devant elle. S’il avait eu tort, il se serait excusé, mais là, chaque reproche était aussi violent qu’injuste. L’énergie qu’elle mettait sur cette pauvre porte n’avait plus aucun intérêt, seuls comptaient ses mots et la méchanceté qui en suintait. Ses paroles étaient tranchantes et aucune d’elles ne manqua sa cible. Il pâlit sous l’impact avant de se crisper sous l’effet d’une douleur qui n’avait rien de physique. Chacun de ses mots le peinèrent si profondément qu’il n’aurait jamais cru cela possible. Bluebell savait frapper juste.

Et elle savait le mettre hors de lui.

Ce fut le but de ses derniers mots. Le rendre dingue. Et cela fonctionna. Si le seul être qui comptait à ses yeux lui murmurait que ses cauchemars étaient vrais, que sa peur d’être aussi instable que ses parents était réelle, y avait-il une part de vérité ? La pièce fermée lui parut soudain étouffante et il fut incapable d’y rester une seconde de plus. Il lui fallait de l’air. Et il lui fallait extérioriser l’angoisse sourde qui enflait dans sa poitrine, oppressante.

Il déverrouilla la porte et s’adossa au chambranle, fixant sa jumelle d’un regard glacial.

- Tu as fini ton numéro ou tu vas oser me répéter tes horreurs dans les yeux ?

Elle avait des colères explosives, les siennes étaient froides.

- Allez crache ton venin, Blue, sois odieuse. N’est-ce pas tout ce que tu sais faire ? N’est-ce pas comme cela que tu fais fuir le monde entier ? Erin, Finnbjörn, maintenant moi … Qui restera-t-il dans tes Enfers quand tes mots auront achevé tous ceux qui restent ?

Parce que ces mots là, il ne les lui pardonnerait pas. Du moins, ce fut ce qu’il se promit dans toute l’ampleur de sa colère de l’instant. Parce que si elle l’aimait autant qu’il l’aimait, elle n’aurait jamais cherché à lui faire autant de mal. Là, elle s’était au contraire appliquée à détruire tout ce qui faisait son caractère et leur relation. Comme si cette journée infâme ne suffisait pas et qu’il fallait en plus détruire quinze ans de complicité pour que le fiasco soit total. Les poings fermés et si serrés qu’il sentait ses ongles s’enfoncer dans sa peau, il lui lança, avec un sourire mauvais

- Admettons que je ressemble à notre père. Ton hystérie et toi êtes semblables à notre mère. Inutile que je te rappelle qui est à l’asile, je crois.

C’était mesquin, il le savait. Et à la fois, il y avait un fond de vrai. S’il était capable de pressentir une forme d’instabilité chez lui qu’il retrouvait chez son père, pourquoi Blue n’aurait pas pu hériter de la folie maternelle ? De toute façon, elle n’en serait pas malheureuse, de ce superbe patrimoine génétique, elle qui revendiquait ces parents comme le rêve d’une vie. N’était-ce pas pour cela qu’elle se fâchait ? Eh bien qu’elle se fâche après tout, il ne dirait jamais que leurs géniteurs avaient l’apparence d’espoir. Elle pouvait bien lui en vouloir, il savait qu’il avait raison. Quelle joie y avait-il à découvrir une mère folle et un père inquiétant ? Si c’était cela le bonheur qu’elle lui promettait, il n’en voulait pas, il préférait mille fois se laisser mourir dans ses Enfers que de rejoindre les siens. Au moins, il connaissait ses tourments. C’était presque vieux amis depuis le temps, ils lui tenaient compagnie. Ces nouvelles souffrances qu’elle lui offrait ne faisait que perturber son équilibre déjà précaire. Il s’avança souplement vers elle et la toisa de toute sa taille, une neutralité feinte sur le visage. Il ne lui concèderait jamais qu’elle lui avait fait mal comme personne avant elle. Comme personne après sans aucun doute.

- Tu sais quoi ? Tu es ton propre fardeau. Si tu avais fait l’effort de m’écouter une fois dans ta vie, tu aurais entendu que je ne t’ai jamais considérée comme un sacrifice mais que j’en veux à nos parents de m’avoir placé dans une position d’adulte. Si tu écoutais tu aurais entendu que je ressens de la peur et pas l’indifférence que tu me prêtes. Tu aurais entendu que je ne veux du pouvoir qu’avec toi. J’ai sans doute partagé le rêve de retrouver nos parents un temps, mais ça fait longtemps que tu me suffis comme famille. Mais comme ça contrarie tes plans, tu fais semblant de ne pas comprendre. Je préfère être un étranger que de te ressembler.

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August P. Rowle

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The crown is out of sight
Blue & Maxton face à l’empire déchu

Et la porte s’ouvrit. Presque instantanément, par un effet aussi imprévisible que magique, Bluebell prit conscience de l’ampleur de la situation. Une ampleur aussi pathétique que grave, qui la retrancha dans un douloureux mutisme. Crier des horreurs à une porte avait eu quelque chose de cathartique, dans la mesure où l’objet de sa haine avait pu se déverser sur un adversaire imaginaire, illusoire. Ses mots s’étaient plantés dans le bois pour décharger sa colère et la libérer de toutes les intransigeantes émotions qui l’avaient accaparée. A dire la vérité, elle n’avait même pas eu l’intention de s’en prendre tant à Maxton. Elle avait simplement agi en pantin de son courroux, guidée par un instinct noir qui n’attendait qu’à trouver sa cible idéale. Et quelle meilleure proie que la personne qu’elle connaissait le mieux sur cette terre ? Heurter Maxton était effroyablement facile. Elle savait où appuyer, méticuleusement, pour lui nuire. Mais l’exercice avait quelque chose de bien plus malsain que d’habitude. Peut-être parce qu’il s’agissait de faire couler le même sang que le sien. Une part de vérité s’était supplantée à son mépris, c’était certain. Néanmoins, elle n’aurait pas dû s’en servir en arme. Et Bluebell, à la grande surprise de chacun, éprouva alors un amer regret qui lui creusa les joues sous le regard glacial de son frère. Il n’avait résolument plus rien du frère malicieux avec lequel elle avait grandi. Ses pupilles, pour la première fois, lui semblèrent fermées, illisibles, troubles. Exactement comme si l’océan s’était refermé au-dessus d’elle. Elle ne percevait plus rien d’humain. Maxton avait grandi, en effet, mais il y avait bien plus que de la maturité dans ses traits tendus et le mordant de sa voix. Ce qu’il affichait semblait correspondre à l’attitude qu’il exhibait pour ses ennemis. Comme si on venait de la projeter de l’autre côté du miroir, Bluebell s’aperçut combien il pouvait être menaçant. Elle avait provoqué sa colère, mais se retrouva démunie face à l’ampleur de ce qu’elle avait enclenchée. Naturellement, et amèrement d’une certaine façon, les chevaux sur lesquels elle était montée lui échappèrent et elle se retrouva agenouillée dans la boue, face à l’impétuosité d’un frère qui, de sa haute taille, la toisait dédaigneusement. Ses mots claquèrent ainsi entre eux, simples, agiles, souples comme un éclair. Avait-il raison ? Avait-elle réellement fait fuir son entourage ? Et pourtant… Il lui avait toujours semblé que les autres l’évitaient comme la peste. Etait-ce parce qu’elle était réellement pestiférée, emplie d’un venin qu’elle crachait aveuglément sur tous ? Se reculant d’un pas, Bluebell détacha lâchement son regard de celui de son frère pour fixer le lit à sa droite. Elle essayait vainement de se raccrocher aux faux plis des draps pour ne pas reconsidérer toutes les situations où son poison avait pris le pas sur son intellect. Maxton avait raison. Un à un, méticuleusement, elle était parvenue à couper tous les liens qu’elle avait tissés avant de se démener comme une furie pour haïr ceux qu’elle tenait pour responsables de ce litige. Un mécanisme qui s’était répété en boucle, et qui, dans la bouche de Maxton, lui explosa en pleine figure. Il poursuivit justement sur l’hystérie de leur mère, et cette réplique la raccrocha à nouveau aux iris de son jumeau, auxquelles elle accorda un regard mauvais, un regard endolori, un regard empli de larmes.

Des insultes, des coups et des poignards, elle en avait encaissé toute sa vie sans la moindre plainte, sans le moindre gémissement ; tout au plus quelques grognements hargneux. Elle s’était construite une belle et flamboyante armure, rouillée par le temps mais assez épaisse pour la contenir des ravages externes. Maxton, en revanche, avait accès à sa vulnérabilité pure. De fait, le nouveau coup qu’il lui asséna entra au plus profond de sa chaire. Non, elle ne s’était pas attendue à ce revirement de situation. Oui, elle avait cru, peut-être naïvement, que Maxton aurait tout encaissé sans ne rien lui retourner. Mais il venait de lui recracher l’acidité dont elle l’avait pourvu et elle se retrouva ainsi brûlée à vif. Il considérait donc qu’elle était la seule responsable de sa solitude, et que tous ses maux n’étaient dus qu’à son hystérie. La vision de leur mère à peine retrouvée lui tordit le ventre tandis qu’elle cherchait désespérément ses mots pour essayer de rétorquer quelque chose. “Je t’interdis de me traiter de folle” marmonna-t-elle dans un tremblement de voix qui fit couler une première larme le long de sa joue. Néanmoins, que pouvait-elle lui interdire ? Elle n’avait plus aucun pouvoir. Désormais, c’était lui, le souverain de leurs échanges. Alors, sans même relever sa pitoyable demande, il se lanca dans une nouvelle diatribe, confirmant ses propos précédents. L’abandon contre lequel elle luttait, elle se l’était infligé. L’aigreur féroce qui la nourrissait, elle l’entrenait. Le fardeau qu’elle portait, elle l’avait couvé. Une deuxième larme roula le long de son visage pâlit par une douleur bourdonnante. Pour la première fois, elle baissa le menton, au lieu de le lever fièrement. Il n’employait peut-être pas ces termes, mais tout ce qu’elle retint de son commentaire fut précisément combien il estimait s’être sacrifié pour elle. Ils n’auront jamais la réponse à leurs interrogations, et dans les faits, il était bien difficile de trouver la juste part de vérité. Néanmoins, une évidence folle qu’ils avaient pourtant si longtemps niée sembla surgir entre eux ; ils n’avaient grandi qu’autour du tabou de leur adoption. Bluebell n’avait jamais osé employer le terme d’abandon et elle se heurtait pourtant depuis toujours au vide laissé par deux parents qu’elle avait longuement rêvés, sans même porter un regard de reconnaissance pour celui qui veillait sur son sommeil. Maxton avait été bien plus mature, comprenant depuis toujours qu’ils se suffisaient à eux seuls et que leur existence ne pouvait être bâtie sur une absence. Il voulait exister. Il voulait que leur duo soit couronné de l’or qu’ils méritaient. Paradoxalement, dans son ambition, il s’était lui-même condamné. Il s’était épuisé, si longtemps, pour la tirer des Enfers où elle se complaisait. Il s’était acharné à la sauver, avec un entêtement maladif, alors même qu’elle n’attendait que ses parents pour enfin s’accorder un avenir. Et ils se retrouvaient finalement face à face, l’un froid et cynique, l’autre endolorie et larmoyante, séparés par quelques mètres et un profond sentiment d’incompréhension. Ils ne s’étaient jamais compris. Ils avaient grandi, vécu, triomphé ensemble, sans même s’accorder sur les fondations de leur glorieuse synergie. Ils n’avaient de jumeaux que leur sang. Leurs espoirs, leurs volontés, leurs perceptions du monde étaient diamétralement opposées. Ils étaient deux étrangers.

Cette dernière pensée arracha une troisième larme à Bluebell qui lâcha finalement un piètre gémissement. Alors, seulement, elle s’effondra frontalement et se laissa aller à une affliction aussi pitoyable qu’enfantine. Maxton avait grandi, Maxton était devenu un adulte sous le poids de l’énergie qu’il avait déployée pour eux. Bluebell était restée la petite fille stupide qui se berçait d’illusions et d’égoïsme, n’avançant que parce qu’on lui tirait le bras. Alors, laissant toute pudeur de côté, retranchée dans les méandres de sa fragilité, elle se jeta sur Maxton qu’elle repoussa sans le vouloir un peu plus contre le chambranle. Elle ancra ses doigts autour de ses clavicules, comme elle aurait essayé de se raccrocher à son frère pour ne pas qu’il lui échappe. Elle voulait retourner en arrière. Elle ne voulait pas retrouver leurs parents. Elle ne voulait pas s’apercevoir qu’elle n’avait rien en commun avec Maxton. Elle ne voulait pas de ce scandale qui venait d’anéantir les dix années qu’ils avaient si difficilement bâties. “Nous avons toujours été deux étrangers !” s’écria-t-elle en s’efforçant de retrouver par delà ses larmes la familiarité du visage de son frère. Mais, dans la dureté de ses traits, il ne lui sembla trouver que la vérité qu’elle venait d’énoncer. “Nous n’avons jamais été d’accord, nous n’avons jamais souhaité le même avenir” reprit-elle en baissant d’un ton, réalisant que ses mouvements étaient vains. A quoi bon secouer un inconnu ? Elle pouvait le frapper, l’injurier, il resterait cet adolescent de pierre, insensible à ses émois, comme exhibant finalement toute la rancoeur qu’il lui avait si longtemps cachée. Alors, désarçonnée, comprenant que le tabou protecteur qui les avait vu avancer ensemble venait de se lever et que l’avenir dont elle venait de parler était désormais leur présent, Bluebell cessa son manège pour se serrer vigoureusement contre Maxton. Dans cette étreinte fiévreuse où elle encerclait fermement la nuque de son frère, elle chercha, vainement, dans un dernier et absurde espoir, à retrouver son jumeau, son double, son piédestal. Bluebell y mit toute sa hargne, le visage enfoui dans son cou, cherchant hâtivement, derrière son odeur boisée et la chaleur de son corps, les réminiscences de ce qu’ils venaient de briser. Sur la point des pieds, elle tenait dans un équilibre précaire, soutenue presque exclusivement par Maxton. “J’aurais aimé que tout cela n’ait pas existé pour ne jamais le comprendre” ajouta-t-elle dans un murmure presque inaudible. Mais, doucement, à mesure que les secondes passèrent, elle desserra sa prise, pour finalement relâcher la crispation de ses bras et reposer ses pieds à plat. Son obstination sembla couler entre eux, se heurtant de toute évidence à un obstacle infranchissable. Elle l’avait perdu. Ils s’étaient ruinés. Acceptant sa défaite, Bluebell se sentit soudain aussi légère que du chiffon, dépourvue de toute énergie. Elle n’était plus qu’une petite poupée chétive, frêlement blottie contre un torse où battait un coeur inconnu. Alors, son sanglot s’allégea de sa gravité lyrique pour ne plus couler qu’en un silencieux et résolu chagrin.


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Vesper L. Corvere

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Message(#) Sujet: Re: [TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) [TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) EmptySam 27 Mar - 14:13

The crown is out of sight



Si Maxton n’avait pas été assez ce point hors de lui, peut-être qu’il aurait été capable de voir que Bluebell était elle-même démunie face à sa propre fureur. Maintenant qu’il lui faisait face, elle semblait plus perdue qu’agressive, comme si elle-même n’arrivait pas à assimiler le tranchant de ses mots. Mais c’était trop tard, il voulait la blesser autant qu’il l’était. Il y parvint sans difficulté. Elle avait toutes les armes pour lui nuire, mais l’inverse était tout aussi vraie.

- Tu m’interdis ? Mais Blue, si tu ne voulais pas que je le fasse, peut-être ne fallait-il pas me traiter de déséquilibré. Ou alors tu m’interdis de me défendre aussi ? As-tu assez de pouvoir pour m’interdire de respirer ?

Brusquement, Bluebell se jeta littéralement sur lui, avec l’énergie du désespoir. Ils n’avaient jamais été réellement tactiles. Les étreintes n’étaient pas pour eux, comme rien de ce qui pouvait se rapprocher d’une forme de tendresse. Aussi, il ne s’attendait pas à ce qu’à ses insultes se succède son affection, mais il fut surpris par le choc presque frontal de sa jumelle contre lui. Bras autour de sa clavicule, elle le repoussa un peu plus contre le chambranle qui s’enfonça douloureusement dans son dos et il se demanda l’espace d’un instant si elle allait tenter de l’étrangler juste pour qu’il se taise. Mais sa réaction fut tout autre, les yeux noyés de larmes, elle se raccrocha à lui comme elle se serait saisie d’une bouée de sauvetage, lui énonçant tragiquement qu’ils avaient toujours été des étrangers et que leurs souhaits n’avaient jamais convergé.

A ce débordement d’émotions, Maxton ne lui opposa rien d’autre qu’une façade d’indifférence. Peut-être n’était-ce pas qu’une apparence d’ailleurs. Il se sentait vide, détaché. Comme s’il était le spectateur de cette scène grotesque et non l’acteur principal. Il voyait Bluebell se débattre et pour la première fois, loin de la trouver belle, il jugea sévèrement que les larmes gâtaient ses traits délicats. Quant à l’agitation qu’elle déployait à démontrer qu’elle était malheureuse, il la considéra comme pathétique. Si elle était réellement triste, si elle avait réellement mal comme lui en cet instant, elle aurait tenté d’apaiser les choses au lieu de continuer à rajouter de la distance entre eux. Elle pouvait bien se pendre à son cou en espérant une réaction de sa part, réduire l’espace entre eux jusqu’à ce qu’il n’en reste rien, ses mots ajoutaient de nouvelles barrières bien plus pérennes qu’un simple éloignement. Dieu, quelle théâtralité

Sa colère froide était si présente, si solide, presque palpable, qu’elle ne laissait plus le moindre espace aux autres sentiments pour tenter de s’infiltrer si bien qu’il ne ressentit pas réellement de compassion à l’égard de sa sœur quand elle déclara qu’elle n’aurait jamais voulu que tout cela existe. N’était-ce pas elle qui avait voulu ce voyage, ces parents ? N’était-ce pas elle qui avait joué leur mise à mort avec cette dispute qu’il avait tenté d’éviter maladroitement ? Il était un peu tard pour les remords, mais perdue dans son égoïsme, elle ne pouvait avoir que deux temps de retard. Lui aussi aurait bien aimé que tout cela n’existe pas, il lui avait soufflé à plusieurs reprises, elle n’avait jamais voulu l’entendre. Quand il avait finalement haussé la voix, elle avait crié au scandale. Et maintenant, elle rejoignait son point de vue sans même s’excuser. Sans même lui dire qu’elle le comprenait. Jusqu’à la fin de cette dispute, elle ne serait centrée que sur elle et ses ressentis. Il y avait une forme d’indécence dans ses larmes. Elle avait voulu le frapper, métaphoriquement parlant, et elle pleurait qu’il se soit rebellé. Tout cela était son œuvre, son acte final, la scène du IV dans la pièce de leur vie, alors autant qu’elle l’assume. Il aurait eu de la compassion pour elle si elle avait reconnu au moins un tort dans l’océan qui lui attribuait et il aurait rendu les armes. Mais au lieu de cela, elle avait continué de l’écorcher vif avec ses mots et le pire était que ceux là, elle ne les avait pas prononcés pour lui nuire. Il la détestait quand elle disait qu’il était des étrangers. Il la haïssait quand elle disait qu’ils n’avaient jamais voulu le même avenir. C’était elle qui n’avait rien compris. Comment aurait-elle pu être une étrangère alors qu’elle était la seule à le connaître. La seule devant laquelle il avait admis avoir peur, partagé des secrets, l’unique personne à laquelle il aurait confié sa vie sans hésiter ? Comment douter d’un avenir commun alors qu’avec ou sans parent, le but était le même, non ? Ils avaient voulu être ensemble. Du jour où leurs parents étaient partis, c’était ça leur avenir, lutter pour rester ensemble et s’en sortir. Là encore, elle se trompait, il avait longtemps souhaité retrouver leurs parents. Certainement jusqu’à ses douze ans environ, jusqu’à ce qu’il décide qu’il avait assez œuvré à leur avantage dans sa vie pour n’avoir besoin de personne d’autre qu’elle. Mais ces années là aussi, elle les balayait d’un vague geste de la main. Ces heures à inventer une histoire héroïque à leurs géniteurs, ces rêveries d’enfant chuchotées le soir … Tant de souvenirs salis pour avoir le dernier mot.

Mais à la froideur de ses pensées se heurtaient les sanglots de sa sœur. Existait-il un son plus désagréable en ce monde ? Une sensation plus glaçante que celle de sentir ses larmes mouiller ses vêtements ? Ou de percevoir les tressautements induits par ses pleurs ?

Elle avait des colères d’enfant. Violentes, dévastatrices et surtout passagères. Il avait la rancune tenace, mais c’était lui l’adulte. Alors c’était à lui de céder, sinon, elle continuerait à sangloter et le temps formerait une nouvelle muraille entre eux. Ca ne voulait pas dire qu’il oubliait. Ca ne voulait pas dire qu’il pardonnerait tant qu’elle ne s’excuserait pas. Juste que dans leur duo, il était nécessaire que l’un deux soit raisonnable. Et il faisait le constat désabusé que ce serait toujours lui. Alors qu’il l’avait laissée s’épuiser sans esquisser le moindre geste, il se força à l’entourer de ses bras. Le geste fut plus hésitant que ce qu’il l’avait envisagé, plus doux également. Etait-elle en mesure d’accepter une trêve ou sa demande tacite de cesser le feu serait assimilée à une énième attaque à laquelle elle répondrait avec toute l’énergie dont elle était capable ? Ses bonnes résolutions ne survivraient pas à un nouveau coup d’éclat de sa part.

Contrairement à ce qu’il avait craint, elle ne se débattit pas, certainement épuisée. De dramatique elle devint fragile. Le moindre de ses mots aurait eu le pouvoir de la briser en mille morceaux, il était capable de le sentir. Heureusement pour elle, il n’y avait plus rien à dire. Ravalant sa rancœur et son amertume jusqu’à ce qu’elles forment une boule dans sa gorge, il l’entraîna doucement pour qu’elle s’assoit sur un des lits et fouilla leurs affaires jusqu’à trouver un mouchoir qu’il déposa sur ses genoux avant de s’asseoir près d’elle, toujours mutique. Etouffé par le poids des mots qu’il s’interdisait de lui lancer, il avait l’impression d’être incapable de produire le moindre son. Il s’était contraint à la consoler alors qu’il était blessé, mais l’ironie de la situation lui sembla encore plus criante. Comment osait-elle dire qu’il était son fardeau, qu’il ne ressentait rien alors qu’il éprouvait assez d’amour pour elle pour ne pas tenter de gagner cette disputer maintenant qu’elle était à terre ? Ne voyait-elle pas la vérité criante se dessiner une nouvelle fois ? Il séchait ses larmes. Mais qui pansait ses propres plaies ?

Les minutes s’égrainèrent, lentement. Il était malaisé de reprendre la parole après une telle débâcle. En parfaite opposition avec leurs silences confortables, celui-ci était presque brutal. Ce fut sans doute ce qui le poussa à prendre à parler finalement. Il n’avait pas la capacité de réparer ce qui avait été abîmé. Mais il pouvait s’employer à ce qu’ils survivent.

- Si nous nous entretuons, folie et déséquilibre auront gagné. Je ne le permettrai pas.

Qu’il était présomptueux à croire qu’il en avait le pouvoir.

- La journée était harassante. Nous survivrons à demain. Je reste ton allié.

Savait-elle combien ces mots lui coûtaient ? Ne pas se débattre en lui criant que puisqu’il était un étranger, il partait, il la plantait là avec ses rêves inexaucés aux allures de cauchemars, qu’il l’abandonnait pour sauver sa peau à défaut d’être en mesure de sauver la sienne avait été une véritable lutte contre lui-même. Il y avait étouffé l’enfant blessé en lui pour revêtir à nouveau le masque de l’adulte pour lui susurrer la promesse qu’il continuerait de la soutenir et de la protéger le lendemain. Ils allaient finir ce voyage au bout de leur enfer puisque telle était sa volonté. Et après, ils reparleraient de chacun des coups échangés ce soir là.

Il se releva et se dirigea vers la salle de bain, désireux de s’isoler après cette énième reddition. S’il devait s’effondrer, il ne ferait jamais le plaisir de le faire devant elle. Au moins, il était persuadé qu’elle ne tenterait pas de l’en déloger cette fois. Une fois sous la douche, l’eau chaude eut le mérite de dénouer ses muscles et il constata avec étonnement que ses ongles s’étaient logés si profondément dans ses paumes que des entailles en forme de demi-lune s’étalaient sur sa peau. Il ne s’en serait jamais rendu compte si le savon n’avait déclenché une sensation de brûlure. Pendant une seconde, une impression désagréable se saisit de lui, une sorte de peur aigre. S’il avait été capable de se blesser sans même s’en rendre compte, est-ce que Blue n’avait pas raison sur une quelconque forme de déséquilibre ? Est-ce qu’il aurait été capable de faire pire que de s’en prendre à lui-même s’il avait vraiment perdu tout contrôle ? Avant cet instant, il aurait répondu non sans hésiter. Maintenant que sa jumelle avait distillé une forme de doute en lui, il ne savait pas quoi penser. L’eau lui parut soudain aussi glacée que ses pensées et il se hâta de sortir de là pour se changer et rejoindre la chambre. A choisir, il préférait encore le mustime fâché de Blue à ses propres peurs.

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[TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) AGha

The crown is out of sight
Blue & Maxton face à l’empire déchu

Les sanglots étaient profondément humiliants. Les larmes pouvaient revêtir une tragédie digne des meilleurs opéras, anoblissant quelque peu les traits de celui qui se laissait aller à ses plus sauvages instincts. Les prunelles larmoyantes, de la même manière, arboraient un éclat fier dans une désolation contenue et silencieuse. Les sanglots, en revanche, étaient pitoyables ; les larmes ruissellent sans aucune arrogance en éclatant dans de piteuses exclamations abandonnées, comme un chien glapisserait avant de crever. Bluebell eut honte. Son attitude était méprisable, ses mots, creux, ses sentiments, léthargiques. Elle s’était promis à son arrivée de ne pas céder. Elle avait lamentablement échoué, pleurnichant comme une enfant dans les bras d’un frère de toute évidence épuisé de ses caprices. Elle s’était humiliée dans son égo tout comme elle s’était ridiculisée devant ce jumeau qu’elle venait de perdre. L’étreinte de Maxton était formelle, sans chaleur, sans vigueur. Il aurait tout aussi bien pu attraper une poupée de chiffon avant de la poser sur un lit, se dérobant de sa fragile et inutile présence pour profiter à son tour d’une chaude douche. Bluebell resta ainsi interdite un long moment, assise sans bouger, les doigts jouant avec le mouchoir donné par son frère. Elle ne saignait plus, mais ses ongles étaient rougis par un sang coagulé. Ses cheveux gouttaient encore le long de son dos et elle fut parcourue d’un frisson. Il lui semblait souffrir d’une décharge d’autant plus forte qu’une certaine électricité picota son échine. Réminiscence de son opprobre, dégoût de son existence ou profonde lassitude, elle crut sentir s’appesantir sur ses épaules le poids d’une journée éreintante et pourtant vaine. Elle avait mené un combat acharné pour ne finalement se vanter d’aucune gloire. Au contraire. Que la perte semblait lourde. Le territoire promis, prospère et gorgé de lumière, s’était avéré n’être qu’un mirage en ruines, rongé par des flammes sordides. Pire, son allié de toujours avait encaissé des coups éprouvants, qui l’avaient porté, pour la première fois, à renoncer. Bluebell, dans cette inutile et pourtant violente bataille, avait frappé aveuglément, emportée par une rage qui l’avait menée jusqu’à asséner un coup fatidique à son frère. Alors, ils s’étaient finalement retirés, épuisés, hagards, stupéfaits. Le mal avait été fait. Pourtant, il lui avait assuré rester son allié, il lui avait promis de survivre. La confusion de ces affirmations dissonantes laissa Bluebell immobile, sur le bord d’un gouffre sans fond, sur le bord du lit d’un hôtel miteux, ressassant l’absurdité outrageante de cette journée. Alors, sa mémoire lui joua un nouveau tour ; et Bluebell ne se souvint plus de rien jusqu’au cœur de la nuit. Comment elle était parvenue à se lever de son lit, les propos encourageants et pourtant sans espoir de Maxton balayant son crâne ; comment ils avaient mangé (et même s’ils avaient tout simplement mangé) ; comment ils étaient parvenus à échanger de nouvelles banalités après un tel chaos ; tous ces détails pourtant si simples et si cruciaux, lui échappèrent complètement. Elle se disait que, peut-être que si elle parvenait à retracer le fil de la soirée, elle parviendrait à mettre le doigt sur un élément capable d’éclairer le restant de cette histoire. En vain. Il fallait croire qu’elle ne pouvait que revivre ce moment où, allongée dans son lit au cœur de la nuit, elle observait l’obscurité environnante avec de grands yeux curieux. Ses nerfs l’avaient lâchée et son organisme entier requerrait du repos, mais elle fut incapable de se laisser guider par Morphée, happée par ses songes, ses remords, ses doutes et toutes ces sensations qui avaient finie par l’engourdir.

Bluebell cogitait, affreusement. Elle se répéta cette journée en boucle, sans manquer de repasser les propos tenus par son frère à son encontre pour mieux détailler cette sensation de brûlure perforant son estomac. A mesure qu’elle s’enlisait dans ses songes, il lui semblait être aussi victime que coupable, mais surtout esseulée. Son frère lui avait échappé, ils s’étaient brisés d’une colère mutuelle et d’une rancœur éclatante. Recroquevillée sous ses draps, elle resserra davantage ses poings, le visage tourné vers son oreiller pour fondre contre le contact rêche du coton. Elle avait envie de fuir cet hôtel désolant, de quitter ces draps inconfortables et de s’isoler dans leur demeure de Reading, jouissant de l’élégance de sa chambre, du soie de sa literie et surtout, de la naïveté de leur passé. Cédant à sa frustration et à la tristesse enfantine qui gémissait en elle, Bluebell rabattit brutalement la couverture pour accueillir le froid glacial de la chambre plongée dans la pénombre. Sans attendre davantage, elle quitta son lit et, sans aucun mot, souleva les draps de son frère pour se glisser dans son lit. Maxton lui tournait le dos et eut un léger soubresaut lorsqu’elle redéposa la couverture sur eux. Sûrement l’avait-elle réveillé. Alors, pour ne pas le déranger davantage, elle entreprit de se presser contre lui, en chien de fusil, songeant à toutes ses nuits sans sommeil où elle avait courageusement quitté les méandres de sa chambre pour courir jusqu’à celle de Maxton, du haut de ses cinq ans. Il lui avait toujours paru que son frère était le meilleur remède contre les monstres nocturnes et les cauchemars qui peuplaient ses sommeils. Si elle n’avait plus jamais réitéré l’expérience, il lui semblait cependant avoir besoin de ce contact familier devant elle pour survivre à cette étrange nuit. Si les jours étaient pudiques et dédaigneux, les nuits offraient en bien des occasions une tendresse et une vulnérabilité réparatrices. L’obscurité ne suffirait pas à panser les blessures qu’ils s’étaient infligés à la lumière de leur hargne. Mais même les plus ardents soldats avaient besoin, tôt ou tard, d’une trêve pour bercer leur frénésie. “Merci.” Son chuchotement s’éleva à peine, étouffé par leur deux respirations et par l’opacité de la nuit. Pourtant, de son apparente simplicité se dégagea une sincérité à valeur absolue. Merci de m’avoir accompagnée. Merci d’être resté. Merci d’avoir toujours été là. Merci de n’être jamais parti. Peut-être aurait-elle dû privilégier une excuse, mais cela n’aurait pas été légitime. Ses plus terribles accusations avaient reflété une part de vérité et mis le doigt sur des rancœurs tues qui devaient encore être abordées pour qu’ils espèrent redevenir les jumeaux d’autrefois. Bluebell ne se faisait aucune illusion à ce sujet ; Maxton tel qu’elle l’avait connu lui avait échappé entre les doigts. Il s’agissait pour eux de se réapprivoiser en tenant compte des adultes qu’ils devenaient. Et en ce sens, il lui avait paru préférable de remercier l’enfant qu’elle ne reverrait plus, et à qui elle devait tout. De fait, sans autre mesure, et sans même s’assurer que Maxton l’avait entendue puisque le silence retomba aussitôt entre eux, Bluebell referma les yeux en écoutant la respiration de plus en plus lourde et lente de son frère. Irradiée par sa chaleur, elle s’endormit presque aussitôt, à la manière des nuits de leur enfance. Bluebell l’ignorait, mais ce fut la dernière nuit d’innocence que les dieux leur accordèrent.

Les délicats rayons de soleil qui percèrent par-delà l’épais rideau de la chambre couvrirent la chambre d’un rayonnement où les particules de poussière flottant semblaient briller. Cette image marqua la jeune fille à son réveil, et très étonnement, sa mémoire lui accorde avec minutie ce détail pourtant anodin. Peut-être parce que ces éléments poussiéreux lui évoquaient les matinées ensoleillées des lendemains des nuits d’orage, quand l’appel du petit-déjeuner profilait une journée victorieuse et triomphante loin des difficultés de la veille. Bluebell avait souvent cru grandir par matinées ; elle se laissait emporter chaque jour par ses émotions avant de couver ses ambitions la nuit, et ouvrait un regard nouveau à l’orée du matin. Il lui semblait alors que tout était possible, et que les incertitudes ne valaient plus rien dans l’éclat ravageur du soleil qui se levait à nouveau, comme en énième chance d’irradier son monde. Mais ce matin-là eut une saveur plus légère, plus hésitante. Les mouvements de la veille étaient encore bien ancrés en elle, et de fait, elle se sentit comme accaparée d’une légère fièvre qui la maintint un long moment silencieuse. Il s’agissait de savoir s’ils rencontreraient ou non leur père. Après tout, ils avaient d’ores et déjà bénéficié de réponses à certaines de leurs interrogations, suffisamment pour construire de nouveaux rêves d’avenir sans plus jamais remuer les tumultes de leur passé. Il était encore temps de rentrer. De s’excuser. De reprendre leur cours de leur vie, ou plus exactement d’entamer une nouvelle existence, plus ferme, plus stable, plus déterminée. Bluebell porta son regard sur son frère encore assoupi à côté d’elle. Ou alors, il était temps d’en finir. D’affronter dans un dernier mouvement la cause de leur souffrance. De détruire une bonne fois pour toute leurs incertitudes pour enfin jouir de bases inébranlables et bâtir un avenir ravageur, impétueux, audacieux. Ils pouvaient se contenter du moins, mais pourquoi ne pas chercher le plus ? Un dernier effort, et ils pourraient enfin en finir, définitivement. Il ne s’agissait même plus d’apercevoir le château de leurs rêves, le domaine prospère et glorieux qu’ils réclamaient. Il s’agissait simplement d’arracher les dernières mauvaises herbes du terrain dévasté qu’ils avaient découvert pour le traverser sans aucun regret et ainsi partir à la recherche d’un nouveau cadre, plus fertile, où ils construiraient leur propre fortune. Bluebell se leva dans un mouvement agile, cherchant à ne pas tirer son frère de son sommeil. Ce dernier combat serait difficile, et elle n’avait pas envie de l’arracher des bras de Morphée pour le confronter à la dure réalité qui les attendrait. Par tous les dieux, elle ignorait bien ce vers quoi ils couraient, aveuglée par la déception et la volonté d’obtenir d’ultimes réponses. Alors, sans plus chercher à changer d’avis (et on remarquera combien cette décision leur coûta cher, l’acharnement étant loin d’être une vertue), Bluebell s’enferma dans la salle de bain pour se parer à cette dernière bataille. Comme la veille, elle tint à donner à son visage des allures fières et droiets, en dépit de son teint pâle et de ses yeux rougis par ses éclats précédents. Alors, elle se maquilla, avant de nouer ses cheveux en une longue tresse parfaitement maîtrisée. Elle enfila une longue robe évasée noire, au col noué et aux manches amples, dont la taille était resserrée pour mieux souligner les mouvements adultes de son corps. La soie glissa sur sa peau, comme pour effacer l’attitude enfantine qu’elle avait adoptée la veille au profit d’une tenue plus altière. Satisfaite de l’image rigoureuse et arrogante qu’elle renvoyait à un miroir qui n’était pourtant pas dupe des fissures de son masque, elle quitta la pièce et retrouva Maxton qui s’était réveillé. Bluebell resta immobile un instant sur le pas de la porte, incertaine, avant d’adresser un faible sourire à son frère. “Je suis prête à survivre” laissa-t-elle alors échapper dans une douce ironie qui cherchait à éveiller un soupçon d’encouragement à son allié. Elle ignorait s’il avait entendu ses aveux nocturnes, ou s’il s’était même aperçu qu’elle l’avait rejoint. En revanche, elle était certaine qu’elle ne pourrait pas passer cette journée sans son soutien. Alors, qu’importe les coups qu’ils s’étaient infligés ; ils se devaient de tenir, de partager cette dernière lutte, pour enfin trouver la paix qui leur avait toujours manqué.

Il était onze heures et demi quand les jumeaux quittèrent l’hôtel. Leur elfe de maison ayant récupéré leurs affaires, ils purent se mettre en route les mains vides, se contentant de profiter de la chaleur de leur manteau pour déambuler sous le glacial soleil d’hiver. La météo s’était montrée bien plus clémente que la veille, ce qui réconfortait Bluebell dans son élan. Sûrement ne leur aurait-on pas accordé ce climat s’ils s’approchaient d’un échec. En effet, pour la première fois, Bluebell avait confiance en son destin, car pour la première fois, elle eut le sentiment d’être en plein contrôle de la situation. Ils arriveraient chez leur père. Ils réclameraient de plus amples explications. Ils partageraient un repas léger où toutes les vérités pourraient enfin éclater. Ils rentreraient chez eux allégés du fardeau de leurs doutes. De fait, Bluebell consulta un instant Maxton du regard lorsqu’ils arrivèrent à hauteur de la petite maison excentrée vers laquelle ils s’étaient dirigés, longeant un vaste champ stérile. “Finissons-en” trancha-t-elle avec une fermeté remarquable. Alors, sans même prêter attention à la médiocrité de la demeure, sans même réaliser qu’ils étaient tout à fait éloignés des autres habitations et de toute forme de vie, Bluebell toqua à la porte qui s’ouvrit presque aussitôt sur la haute silhouette d’Angus Dowgleen. Ses yeux marrons croisèrent alors ceux de ses enfants, qu’il accueillit d’un sourire aussi soudain que tordu. Cela aussi échappa à Bluebell, qui s’engouffra dans une maison sombre, étroite et désordonnée. Une odeur entêtante de cigarette froide lui fit plisser les sourcils alors que leur hôte les conduisait en direction d’une petite cuisine fonctionnelle aux meubles en bois. Une table centrale couverte de journaux et des tickets de caisse tenait difficilement debout. A ses pieds, quelques bouteilles vides qu’Angus se hâta de débarrasser dans un cliquetis de verre. “Je ne vous attendais pas si tôt” lança-t-il en guise d’introduction, bien que son sourire et son empressement indiquent précisément le contraire. Bluebell prit ce comportement comme une maladresse ; un père renouant avec sa progéniture pouvait tout à fait se montrer gauche et mal à l’aise. De fait, la jeune fille ne s’en préoccupa pas, se contentant d’observer le champ vide par-delà la fenêtre de la cuisine. L’odeur de cigarette était en réalité insupportable, et elle eut envie d’aérer cet espace surchargé qui l’oppressait. Mais elle ne voulait pas se montrer aussi vulnérable que la veille et de fait, elle se contenta de s’accrocher à la modeste vue offerte par la fenêtre. “Navrée, mais nous avions hâte de reprendre notre conversation” déclara-t-elle solennellement, articulant chaque syllabe pour mieux souligner qu’ils ne laisseraient aucun répit à cet homme. Ils étaient venus pour des explications ; leurs exigences seraient comblées. De fait, la jeune fille releva le menton avant de se tourner à nouveau vers Angus qui finissait de débarrasser quelques éléments de désordre. Elle croisa le regard de Maxton, posté de l’autre côté de la pièce, comme deux gardes s’assureraient que le prisonnier n’était pas en mesure de leur échapper. “J’espère que votre hôtel était confortable” reprit leur père en dépoussiérant les chaises autour de la table. Bluebell haussa des épaules, jaugeant l’attitude roturière de leur hôte. “Il était convenable nuança-t-elle alors. “Je suis étonnée de constater que vous vous embarrassiez vous-mêmes de ces vulgaires tâches. Par ailleurs, la surface de votre habitation me semble bien modeste au regard de vos origines” reprit-elle, plus à la recherche de réponses cohérentes que de réelles vérités. “Pouvez-vous me rappeler votre famille ?” Angus, loin de se figer, poursuivit son inspection de la cuisine, avant de se ruer vers un réfrigérateur qu’il ouvrit rapidement afin d’extirper une bière. Selon le bruit de verre qui s’échappa lorsqu’il claqua la porte, il semblait que bien des bouteilles peuplaient son garde-manger. “Je vous l’ai dit” fit-il alors, un peu sèchement, en décapsulant sa bouteille. “Les Dowgleen sont moins prestigieux que les Melrose. Mes parents, paix à leur âme, sont par ailleurs décédés.” S’apercevant certainement que cela ne suffisait pas, il poursuivit, après une première longue gorgée, “Ces satanés moldus ont tellement proliféré qu’ils ont renversé l’équilibre de notre ville, me condamnant à vivre comme un misérable. Mais, vous comprenez, je ne peux guère me résoudre à déménager et ainsi me séparer de ma douce Finella.” Un sourire moins spontané que celui avec lequel il les avait accueillis parcourut ses longues lèvres qui disparurent aussitôt sous sa bière. Mais déjà, Bluebell fit un pas vers lui, loin d’être désaltérée par ses réponses. “Et vous nous aviez dit que les Melrose avaient délibérément tourné le dos à notre mère lorsque celle-ci est tombée malade, suite à votre tentative d'attentat. Je m’interroge donc sur les motivations des Melrose de nous ignorer, Maxton et moi. Qu’ils décident de répudier leur enfant et son époux, je peux le concevoir… Mais pourquoi leurs petits-enfants ? Avez-vous encore un contact avec eux ? Où vivent-ils ?” Bluebell avait quitté la neutralité de son ton pour s’accorder une réelle interrogation. Tout lui semblait encore bien trop flou, et Angus dut s’en apercevoir, puisqu’il se réfugiait désespérément derrière l’alcool. Il finit par offrir deux verres aux jumeaux, qu’il invita à s’asseoir, mais Bluebell refusa. Elle ne voulait pas se poser tant qu’elle n’aurait pas compris l’origine exacte de cette étrange situation.


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Vesper L. Corvere

Vesper L. Corvere



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The crown is out of sight



Maxton comprit vite que ses efforts pour la consoler étaient vains. Elle pleurait avec l’énergie du désespoir, avec de gros sanglots presque enfantins qui lui semblaient intarissables. Cela n’avait rien d’attendrissant, rien de digne non plus. Mais était-il encore possible de parler d’élégance, alors qu’ils venaient de se battre presque comme des chiffonniers ? Aucun coup n’avait été échangé réellement, mais la joute n’avait rien eu de remarquable. Ils s’étaient battus comme deux enfants capricieux, chacun attendant le meilleur moment pour porter l’estocade finale. La seule chose qui avait ramené à cette dispute un peu de hauteur avait été sa reddition. Il n’y avait pas eu de noblesse dans leur comportement, rien de beau dans leur moment et dans cet ensemble pathétique, c’était sa fuite qui avait pris des accents de maturité. Qui aurait-cru qu’il fallait du courage pour baisser les armes plus que pour se battre ? Pas lui en tout cas. Comme deux genres théâtraux bien distincts, ils s’opposaient sur une même scène. A elle le pathétique, le jeu exacerbé, les larmes par centaines. A lui la tragédie tout en mesure, la tristesse contenue et le stoïcisme. Avec cynisme, il se demanda un instant qui des deux gagnerait le prix d’interprétation, avant de s’adoucir un peu. Les pleurs de sa sœur étaient physiquement violents, certes, mais ils avaient quelque chose de cathartique. Peut-être que ses larmes aideraient son corps à expulser la noirceur de cette journée. Une sorte de remède contre le poison de leurs espoirs déçus, comme la fièvre faisait passer le mal.

Sa manière à lui d’extérioriser avait été de s’enfuir, mais cela avait été un échec cuisant. Il avait cru que la solitude lui serait salutaire, elle n’avait déclenché que de plus sombres pensées. Bluebell avait distillé en lui de nouvelles peurs dont il n’apprendrait que plus tard qu’elles n’allaient pas le quitter. Le plus dur était sans doute qu’il aurait suffi d’un mot de sa part pour les effacer. Elle en était la créatrice, il n’y avait donc qu’elle qui était en mesure de les balayer. Mais ces paroles là ne vinrent pas, pas plus que leur complicité ne refit surface ce soir là. Chacun vaqua à ses occupations comme un zombie, échangeant quelques banalités avec l’autre pour prétendre que tout n’était pas si grave, mais le cœur n’y était pas. Elle était malheureuse, il était blessé. Ils avaient besoin de panser leurs plaies avant de prendre le risque d’exposer le flanc à de nouvelles attaques. Cette comédie cruelle avait duré jusqu’à ce qu’ils aillent se coucher et Maxton avait éprouvé les premières minutes un vrai soulagement à ne plus feindre la normalité. Puis l’obscurité avait semblé prendre vie et devenir de plus en plus lourde, presque palpable. Ses pensées se succédaient à une vitesse déraisonnable, l’empêchant de trouver le repos. Est-ce qu’il avait eu raison d’agir ainsi ? Est-ce qu’il aurait dû être plus conciliant ? Est-ce que Blue avait dit la vérité ? La nuit était autant salvatrice que dangereuse. Quand le sommeil s’enfuyait, les soucis semblaient enfler jusqu’à devenir insolubles. A chaque minute qui s’écoulait, l’espoir d’une fin heureuse s’amenuisait et l’oxygène de la pièce lui paraissait plus rare. Est-ce qu’il était possible d’étouffer sans souffrir d’aucun problème pulmonaire ? Il fallait croire que oui. Son imagination, toujours plus sombre, lui déroulait ses cauchemars sans qu’il ne parvienne à s’y soustraire et le pire rejoignait à l’évidence. Rien de bon ne pourrait jamais sortir de tout cela. Il devait fuir avec Blue avant que tout ne tourne au fiasco. Peu importait ses belles promesses, il préférait le parjure au danger. A son réveil, le lendemain, peut-être que ces songes dictés par la peur lui paraîtraient extravagants. Mais il existait une chance, même infime, que ces heures noires ne fassent qu’annoncer la couleur.

Dans cet effroyable tourbillon, le son des draps que l’on tire le sortit de ses pensées. Il n’esquissa pas un geste, se contentant de tendre l’oreille pour savoir ce que faisait sa jumelle. Il n’avait pas assez d’énergie pour feindre d’aller bien. Il n’avait pas assez de rancœur pour ne pas s’en soucier. Elle non plus ne dormait pas. Son égoïsme se réjouit à ce constat, ravi qu’il ne soit pas le seul à souffrir avant d’être muselé par ses remords. Puis brusquement, le matelas s’affaissa légèrement sous le poids de ce qu’il comprit être sa jumelle et l’air froid qui s’infiltra quand elle souleva la couverture le fit tressaillir. Pour autant, il ne se retourna pas, ne sachant que faire. Le rituel enfant de dormir ensemble avait été abandonné depuis longtemps, tellement qu’il n’était pas certain de savoir si sa présence l’apaisait ou l’angoissait. Il ne voulait pas d’une nouvelle dispute. Il était prêt à n’importe quoi pour une trêve, même si cela devait se traduire par la pire insomnie de son existence.

« Merci ».

Son murmure troubla le silence de la pièce et il resta immobile, cette fois de surprise. Il ne se souvenait pas qu’elle ait un jour choisi de lui dire ce mot, pas avec le sens qu’elle y mettait ce soir. Il la savait sincère, il la connaissait assez pour le sentir. Son premier réflexe fut de se demander si ce simple mot était suffisant pour réparer ce qui avait été cassé. C’était bien trop aisé de murmurer des remerciements à une personne que l’on croyait endormie pour se dédouaner de tout. Et à la fois … Il en avait tellement besoin. Enfant, c’était lui qui chassait ses cauchemars. Pour la première fois, ce fut elle qui prit ce rôle et une partie du poids qui lui écrasait les poumons parut disparaître, le laissant respirer avec plus de facilité. Ses peurs perdirent du terrain et ses muscles se détendirent imperceptiblement. Merci n’était pas suffisant. Mais c’était bien assez pour lui promettre que demain serait mieux qu’hier. Il ne répondit rien, il n’y avait rien à dire. Seule la nuit devait rester témoin de leurs confidences. Mais ce ne fut qu’après l’initiative de sa sœur qu’il parvint à s’endormir, apaisé par sa présence.

Son sommeil fut étrangement réparateur, tellement qu’il y repenserait ensuite avec une pointe de nostalgie quand l’inconscience le fuirait inlassablement. Ce fut le bruit de l’eau dans la salle de bain qui l’obligea à ouvrir les yeux et il resta de longues minutes dans le lit à fixer le plafond, ne sachant pas réellement à quoi il devait s’attendre pour cette journée. L’angoisse de la veille n’était qu’un lointain souvenir dans les échos ne parvenaient tout de même pas à l’affoler. Il était avec Blue et leur relation, sans être au beau fixe, était meilleure que le jour précédent. Tous les ingrédients étaient réunis pour que la journée sans être bonne soit au minimum moins mauvaise. Comme pour illustrer son propos, sa sœur sortit de la salle de bain déjà apprêtée pour mener cette ultime bataille. Son allure était parfaite et ses yeux rougis de la veille n’était qu’un lointain souvenir. Il se redressa avec nonchalance et lança en réponse à ses propos

- Quelle élégance. Tu es prête à gagner même.

Il lui offrit un sourire pour ponctuer ses mots, serment silencieux qu’il était à ses côtés. Aucun d’eux ne fit mine de parler de ce qui s’était passé cette nuit. Les aveux de faiblesse étaient toujours suivis d’un geste de soutien, mais toujours tus. Tout comme elle ne dirait pas qu’elle s’était glissée dans son lit, il ne dirait pas qu’il l’avait entendue. Il se prendrait à regretter ces accès de pudeur par la suite. S’ils avaient parlé, s’ils avaient appris à communiquer, peut-être que les choses auraient été toutes autres. Quoi qu’il en soit, il se prépara à son tour, chemise et pantalon pour être raccord avec sa jumelle. Peut-être avait-il même envie de faire bonne impression, mais il ne se l’avouerait jamais.

Sans être joyeux, le trajet fut plus léger que ce qu’il avait craint. Bluebel avançait d’un pas décidé, entre détermination et triomphe, ce qu’il jugea être une bonne chose. Elle agissait en accord avec son caractère, preuve qu’elle avait réussi à se remettre du traumatisme de la veille. Lui était plus mesuré, comme toujours, mais il était difficile de ne pas se laisser contaminer par la démarche presque optimiste de sa sœur. Sans doute se laissa-t-il prendre au jeu. La désillusion n’en fut que plus sévère.

La maison était excentrée, mais les maisons de sorciers l’étaient souvent, cela n’attira donc pas son attention à outre mesure. Par contre, le décor était lugubre, ou en tout cas sinistre. Cette première sensation le dérangea et il commença à se tendre imperceptiblement. Il ne se sentait pas à l’aise, pire il avait l’impression que la situation lui échappait et il détestait cela. Sa sœur s’engouffra dans la maison, Maxton la suivit plus lentement, détaillant avec minutie les lieux qui l’entouraient. L’habitation était sombre, mais surtout désordonnée. Si le rangement reflétait l’état mental de leur interlocuteur, nul doute que ce dernier n’était pas un modèle de stabilité. Le sourire tordu qui lui offrit acheva de le convaincre qu’il ne ressortirait rien de bon de cette entrevue et son estomac se tordit violemment. Il n’envisagea pas une seconde de remettre son ressenti en doute. Il croyait sincèrement en son instinct de survie, c’était ce qui lui avait permis de survivre jusque là. Alors si cet instinct lui murmurait que quelque chose n’allait pas, il était prêt à s’abandonner entièrement à ce sentiment. Sa méfiance fut encore exacerbée face au regard de leur père qu’il jugea trop brillant, trop vitreux également.

Le cliquetis du verre s’entrechoquant mit à nouveau Maxton mal à l’aise. Il y avait trop de bouteilles en verre à son goût et trop peu de mondanités pour les expliquer. L’odeur de cigarette le saisit à la gorge, âcre. Manifestement l’homme qu’était leur père était entièrement dédié aux addictions que pouvaient offrir ce monde. Alcool, cigarette … Il espérait vivement se tromper, mais trop d’indices convergeaient pour lui démontrer une nature propice à ce type de vice. Avec hauteur, il jugea que cela correspondait à ce qu’il estimait à être de la faiblesse. Leur père avait semblé incapable de se battre pour sa femme, puis pour ses enfants et maintenant contre ses démons. Que Bluebell le compara à lui était affreusement vexant. Il n’était que volonté là où cet homme était déchéance.

- Notre arrivée était pourtant convenue.

La réponse était sévère mais il trouvait cela impardonnable qu’il puisse leur laisser la sensation qu’ils étaient de trop alors qu’il était déjà celui qui les avait abandonnés. Pour aujourd’hui, il n’avait plus réellement peur de vexer le parent qui leur restait, la dispute avec sa sœur avait déjà eu lieu. Ils ne pourraient pas faire pire, elle ne pourrait pas lui faire plus mal, alors il pouvait bien agir comme bon le lui semblait. Il se posta de l’autre côté de la salle, continuant à observer leur père et leur pièce d’un air indéfinissable. Son regard croisa brièvement celui de sa sœur et il lui fit une légère grimace pour lui indiquer son malaise, mais cette dernière ne sembla pas réellement le voir. Elle était perdue dans sa quête, insensible à ce qui pouvait l’entourer. Toute absorbée par son but qu’elle était, elle ne s’offusqua pas de ses manières et renchérit même avec plus de verve que lui. Le but n’était plus de ménager leur géniteur, mais bien d’obtenir des réponses. L’interrogatoire auquel elle le soumettait semblait l’ébranler puisque ce dernier se saisit d’une bière et Maxton plissa légèrement les yeux, contrarié. Néanmoins, il s’assit de mauvaise grâce quand leur père leur proposa, acquiesçant doucement à sa proposition de boire quelque chose.

- De l’eau, merci.

Il avait insisté sur le terme, comme pour lui montrer que c’était sans doute ce que lui-même devrait boire avant se concentrer sur l’homme en face de lui. Il but une nouvelle gorgée de bière et Maxton lutta pour ne pas lui arracher la bouteille des mains.

- Les Melrose n’ont pas approuvé certains de nos choix, comme de vous confier pour vous protéger et ils ont bondi sur l’occasion pour me rendre responsable de la maladie de Finella. Je n’ai plus de contact avec eux depuis longtemps. Peut-être même qu’ils sont morts, je n’en sais rien.

Quelque chose sonnait faux dans ce discours. Leur mère connaissait le nom de leurs parents adoptifs la veille et lui n’en disait rien. Sauf que si l’identité des Sherwin avait été de notoriété, les fameux grands parents contrariés les auraient retrouvés. Le mensonge n’était pas mal ficelé, mais imparfait. Maxton continua de le fixer silencieusement, de plus en plus froid. Sans doute s’en rendit-il compte puisqu’il soutint son regard sans l’ombre d’un remord, comme s’il espérait que ce soit l’adolescent qui flanche et non lui. Puis il changea brutalement de sujet

- Mais tout cela est derrière nous. Vous avez l’air de vous en sortir, d’être dans une famille qui ne vous refuse rien et nous n’avons pas besoin des Melrose. Il suffira que vous preniez en charge les frais de votre mère. Quelques rénovations dans la maison et …

- Non.

Maxton continua de le fixer, glacial. Quant à sa voix, elle avait claqué avec suffisamment d’assurance pour interrompre son discours. L’espace d’une seconde, il eut même l’impression de voir passer une lueur de rage pure dans ses prunelles, avant qu’il ne reprenne le dessus.

- Je ne sais pas ce que vous imaginez mais nous n’avons pas accès aux coffres de notre famille si facilement. Tout comme notre venue n’est qu’une reprise de contact.

Façon polie de dire que ce n’était pas réellement le moment de parler de cela, tout comme il lui refusait également le droit de les considérer comme des membres à part entière de sa famille. Blue était sa famille. Cet homme et la femme de l’asile n’étaient que de la génétique. Et à chaque seconde, il rêvait un peu plus de s’en détacher. Il termina sa bière d’une gorgée et se releva pour en prendre une nouvelle sous le regard désapprobateur du garçon qui lui lança, sur un ton faussement prévenant

- Alcool et émotions ne font pas bon ménage.

Sa remarque donna lieu à un nouvel affrontement de regard. Angus Dowgleen n’était pas dupe de sa moue angélique et Maxton ne faisait que prétendre mettre sa consommation sur le compte de l’émotion. Il n’y avait pas d’émotion en lui, du moins il n’en ressentait pas.

- Je prends note.

Amabilité forcée contre défiance, ils n’étaient même pas passé à table que cette discussion avait des allures de combat. Il aurait dû écouter son instinct et partir à ce moment très précis. Mais parce qu’il voulait que sa sœur ait les réponses qu’elle méritait, il ne poussa pas plus loin. Quelle erreur. Il se releva au contraire souplement et proposa d’une voix plus douce

- Je mets la table.

L’effort était énorme. Il ne s’était jamais abaissé à cela mais il lui semblait que c’était un moyen comme un autre de faire redescendre la pression avant que cette rencontre ne tourne au fiasco le plus total.

- Et vous, que faites-vous dans la vie ?

Il s’approcha d’un meuble qu’il jugeait être un buffet quand son père se leva bien plus vite que ce que Maxton l’envisageait capable de faire.

- Pas ici. Ne fouille pas mes affaires.

Il avait suffi qu’il dise cela pour que le garçon n’ait plus pour seule idée que de le faire. Mais cela aurait été bien trop évident. Il adressa donc un léger regard de connivence à sa sœur, sachant qu’ils se comprendraient sans dire un mot, avant de regarder l’homme avec un sourire feint

- Bien sûr. Les assiettes sont ici, donc ?

Bluebell avait le champ libre tant qu’il occupait son attention.

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August P. Rowle

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Message(#) Sujet: Re: [TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) [TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) EmptyMer 14 Avr - 21:20

[TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) AGha

The crown is out of sight
Blue & Maxton face à l’empire déchu

Bluebell avait souvent comparé la tragédie de sa vie à un opéra dont elle était la protagoniste. A la manière de ces compositions lyriques, elle était née dans le drame, pour grandir au travers de ses péripéties en quête d’une ambition chevaleresque. Certes, tous les actes ne finissaient pas sur des notes positives et au contraire, elle avait plus souvent joué des morceaux mineurs, sinistres et graves. Pourtant, bercée par le refrain encourageant de ses perspectives d’avenir, Bluebell ne s’était jamais réellement inquiétée de la tournure de l'œuvre de sa vie. Peut-être à tort, elle s’était figurée en héroïne implacable, précieusement soutenue par le ténor solide et radiant qu’était son jumeau. Évoluant dans un décor prospère et renforcée par l’arrogance de Maxton, la Serpentard se représentait ainsi une succession de glorieux solo dont les éclats contribuaient progressivement à une victoire finale où enfin, l’apothéose recherchée et amorcée par les différentes musiques de ses scènes explosait dans un ultime élan de triomphe. Dans la frivolité de sa conception spectaculaire de la vie, dans la transposition de ses rêveries épiques en un art sublime et valorisant, Bluebell avait perdu la notion même de réalisme, omettant par la même occasion que son jeune âge la confronterait à des morales d’autant plus amères. Ce n’était pas pour rien qu’elle avait décidé, sans même réellement consulter Maxton, de maintenir ce rendez-vous. Elle avait ainsi cru se lancer dans la consécration finale d’un acte qui aurait permis d’aborder un nouvel air. Si le libretto des précédents mouvements s’était révélé plus sombre que prévu, elle avait bon espoir que les chants s’avèrent plus prometteurs. Angus répondrait à ses interrogations. Maxton aurait le dernier mot. Ils quitteraient ensuite cette scène désolée à la recherche de projecteurs plus luminescents, d’un théâtre plus grand, où la foule se presserait pour assister à leur illustre et prestigieuse représentation. Apprêtée en conséquence, Bluebell avait tenu à se présenter aussi fière et distinguée qu’elle le pouvait. Maxton l’avait suivie dans cette vaniteuse démarche, enfilant une élégante chemise qui réhaussait la noblesse de ses traits et le saphir de son regard. Leurs masques étaient parfaits, cachant avec maîtrise les cicatrices de la veille. Les yeux de Bluebell étaient certes empreints de veines rougeâtres en témoignage de ses pleurs, mais elle était parvenue à conférer à ce regard affaibli une nuance menaçante, comme usant de ses plaies ouvertes en signe de force et d’invulnérabilité. Pourtant, tandis qu’Angus courait entre les excuses et l’alcool, et que Maxton ne cessait de lui soumettre de nouvelles demandes, quelque chose se fissura dans le masque de la jeune fille. Une première, indicible fêlure qui n’avait rien de ses relâchements précédents. Bluebell n’était pas en proie à un mouvement de ses nerfs. Au contraire, il semblait que la tension se resserrait sur son dos. Pourquoi Angus abordait-il la prospérité des Sherwin ? Pourquoi faisait-il mine qu’un futur serait possible alors que le passé n’avait même pas été mentionné ? Pourquoi s'était-il si brusquement refermé aux commentaires de son fils, lui qui pourtant s’était montré si penaud et si bouleversé jusqu’à présent ? En dépit de l’odeur entêtante de cigarette, Bluebell sentit un souffle glacé sur sa nuque. L’attitude d’Angus était anormale. Un père heureux de retrouver ses enfants se serait battu, encaissant les accusations, se démenant pour leur pardon, niant toute perspective d’avenir pour mieux retrouver la saveur du présent. Et quelle était cette ridicule histoire de frixion avec les Melrose ? Des grands parents mécontents auraient remué ciel et terre pour récupérer leur descendance, ne serait-ce que pour les tuer et ainsi assurer leur supériorité. Wendell n’avait-il pas été jusqu’à cet extrême pour couvrir ses arrières ? Le regard de Bluebell continuait à balayer la petite cuisine. Un sorcier de ce nom, même banni, même renié, même châtié, aurait accordé plus de goût à l'exiguïté de son refuge. On ne quittait pas la prison pour ensuite s’enfermer dans une cage.

La voix étonnement adoucie de Maxton sortit finalement Bluebell de ses innombrables considérations. Depuis quand Maxton s’abaissait-il à ce genre de tâches insignifiantes ? Pourtant, à nouveau, Angus montra une agressivité dissonante avec ses discours précédents, comme si les remarques vraisemblablement convenables de Maxton l’avaient courroucé. L’aplomb de leur géniteur lui parut profondément outrageant. Comment osait-il jouer au mécontent et à l’insatisfait quand les jumeaux étaient les seules victimes de cette affaire familiale ? Cette scène qui se jouait devant elle lui parut aussi absurde que désagréable. Elle s’apprêtait à rétorquer de bien odieuses remarques quand son attention fut happée par le regard entendu de son jumeau. Bluebell se retint juste à temps, tandis qu’Angus, sûrement rassuré que son autorité paternelle illégitime soit aussi bien accueillie, se rassit lourdement sur sa chaise. “Le meuble au-dessus de l’évier” répondit-il d’une voix plus calme alors qu’il embrassait à nouveau une bouteille de bière. Désormais dos à la jeune fille, sa carrure paraissait moins remarquable que la veille. Ses épaules étaient voûtées et ses cheveux, à y voir de plus près, n’étaient pas correctement peignés. Plusieurs épis noirs se débattaient autour de son crâne, évoquant la chevelure rebelle de Maxton. Néanmoins, le Gryffondor avait au moins la prestance et le souci du paraître pour savoir dompter sa crinière, là où Angus semblait, à l’image de son domicile, en proie à un dangereux laisser aller. Était-ce là tout ce que leur père avait à leur donner ? Une vieille et miteuse bâtisse, un goût prononcé pour l’alcool et une allure dépravée ? L’image que Bluebell s’était figurée de lui à l’occasion de leur précédente rencontre parut brûler au profit d’un constat aigre. Maxton avait raison. Quelque chose clochait. Angus était dérangé. Alors, sans plus accorder aucun crédit à cet individu méprisable ni à ses mensonges, Bluebell profita de son dos tourné pour avancer vers le buffet interdit. Elle écouta d’une oreille distraite la suite des échanges entre Maxton et leur père, cherchant à vérifier qu’il n’était pas question d’elle. “Je suis facteur. Le transplanage s’avère pratique pour payer les factures. Comme vous l’aurez compris, je suis bien loin du luxe qui nous serait dû.” Bluebell se retint à nouveau d’intervenir, acceptant difficilement la mention de la première personne du pluriel. Son frère et elle méritaient tous les fastes ; lui en revanche, au regard de ses commentaires de plus en plus désobligeants, était voué à cet échec. C’était à se demander ce qu’une sorcière comme Finella avait pu trouver à la bassesse de cet homme qui poursuivit, insistant, “Je me doute que vous devez avoir de nombreuses interrogations, mais je vous assure que vous n’avez rien à comprendre de plus.” Bluebell parvint alors à ouvrir du bout des doigts le tiroir du buffet de chêne, dans un bruit sourd retenu par ses mouvements légers. Fronçant les sourcils devant le bazar qui s’offrit à elle, Bluebell entreprit de fouiller parmi les différents morceaux de papier jetés ça et là. “Finella et moi n’approuvions pas les minables qui nous gouvernaient. Naturellement, nous avons cherché à les renverser. Or, nous avons été attrapés et jetés à Azkaban, comme de vulgaires chiens. C’est à contrecœur et par impératif que nous vous avons transmis aux Sherwin.” Bluebell se figea un instant, réalisant brutalement que cette version ne coïncidait nullement avec ses souvenirs. N’avaient-ils pas été recueillis par les forces du gouvernement, qui s’étaient finalement chargées de les remettre aux Sherwin ? Elle se souvenait limpidement du strabisme de la conseillère magique. Un sentiment d’urgence s’empara alors d’elle. Or, la paperasse devant elle requerrait une minutie précise. Factures, listes, les secrets d’Angus ne semblaient pas spécialement intriguants. Sous une vieille enveloppe, Bluebell trouva finalement un élégant peigne d’ivoire sculpté de fins motifs floraux. Les initiales B.F.M étaient inscrites en or dans un angle. Sans chercher à comprendre pourquoi cet objet lui apparut si précieux, Bluebell s’empara du peigne pour le glisser sous sa robe. “Nous avons finalement purgé notre peine. Finella ne s’est jamais remise de votre perte, ni des épreuves encourues en prison. Elle a été placée dans le seul établissement que je pouvais me permettre. J’ai donc repris ma vie en espérant que vous reviendrez à moi.” Le ton d’Angus ne semblait pourtant témoigner d’aucune émotion, comme si l’alcool lui avait ôté toute capacité de simulation. Non seulement ce discours ne collait en rien à la chronologie des événements, mais en plus, de trop nombreux détails manquaient pour rendre une telle version plausible. “Vous êtes enfin parvenus jusqu’ici et maintenant, je souhaite seulement que nous puissions reconstruire quelque chose tous ensemble. Voilà pourquoi j’ai mentionné votre fortune. Grâce à vous, nous pourrions soigner Finella, et nous permettre le foyer que nous n’avons jamais eu.” Plus Angus parlait, plus Bluebell se sentait empressée. Son monologue était pathétique, mensonger, prémâché. Angus dut s’en apercevoir, puisqu’il se résolut finalement à conserver le silence. Alors, Bluebell se dépêcha de survoler quelques notes, lorsqu’une lettre manuscrite retint son attention.

Angus,

Nous ne vous accorderons pas une noise de plus. Finella est pleinement responsable de son mal. Nous l’avons avertie, elle ne nous a guère écoutés. S’enticher d’un impur et porter ses enfants ne pouvait que la conduire sur le chemin de la folie.

Quant à vous, ne cherchez plus à nous contacter. Le cas échéant,

Bluebell retourna la lettre, en vain. Celle-ci était incomplète, comme si un ensorcellement avait effacé la suite d’une manière abrupte. Furieuse, la jeune fille essaya de chercher un indice pour trouver la suite à cette abominable rédaction. S’enticher d’un impur ? Porter ses enfants ? Finella avait-elle eu une relation infidèle ? “Sale petite peste !” Bluebell sursauta lorsque de grandes mains s’emparèrent de la lettre qu’elle venait de lire. Levant son visage, elle se rendit compte qu’Angus se tenait désormais à côté d’elle. Piégée. Ce constat, loin de l’effrayer, la poussa dans ses dernières ressources, celles qu’elle utilisait en cas d’urgence, celles qu’elle ne connaissait que trop bien à force d’avoir encaissé de cuisantes déceptions. La rage. La colère. La véhémence. Dans une ultime offensive indignée, Bluebell se laissa aller à un accès de hargne. Un fiasco. Toutes ces dernières heures n’avaient été qu’une succession de scandales humiliants. Comme s’ils s’étaient davantage heurtés à de nouveaux mystères, il lui semblait n’avoir en fin de compte rien appris. Angus n’avait rien du père qu’elle avait cherché ; il n’était qu’un piètre gardien de secrets poussiéreux, à l’image de la source de cette histoire, tapie derrière une vulgaire planche de bois mordue par l’humidité. Par tous les dieux, ne valaient-ils pas mieux que ces ignobles confidences ? C’en était assez. La vérité se devait d’éclater, avant que Bluebell ne s’attèle elle-même à brûler ce pathétique et frauduleux décor. “Qui vous a écrit cette lettre ? Etaient-ce les Melrose ? Ne vous avaient-ils pas tourné le dos ?” Loin de s’écarter du regard noir de son géniteur, Bluebell s’avança au contraire d’un pas, emportée par un élan de haine qui lui portait vainement à croire qu’elle était puissante, souveraine, infaillible. “Qui est l’impur dont il est mention ? Pourquoi diable continuez-vous à vous terrer dans de si évidents mensonges ? Vous ne nous avez jamais confiés aux Sherwin. Vous nous avez délibérément abandonnés. Nous ne quitterons pas cette ignoble demeure sans avoir enfin votre franchise.” Bluebell était désormais si proche d’Angus qu’elle pouvait sentir son affreux souffle alcoolisé. Pourtant, son géniteur restait silencieux, le regard dangereusement ancré dans le sien, comme si, acculé, il analysait les ultimes solutions qui s’offraient à lui. Bluebell était en pleine effervescence. Il lui semblait enfin toucher du doigt cette blessure sanguinolente que personne ne se dévouait à présenter. Comme si leur injuste abandon ne méritait pas la moindre considération. “M’écoutez-vous ? Nous exigeons la vérité !” surenchérit-elle, convaincue qu’Angus ne pourrait plus se dérober maintenant qu’elle le tenait devant elle. Un sentiment aussi malsain qu’enivrant de pouvoir l’emplit, comme elle aurait enfin confronté son théâtral destin. Plus de coup du sort, cette fois-ci. Elle aurait enfin les explications attendues. Elle assisterait enfin au couronnement de son acharnement. Elle entendrait enfin le crescendo final d’une mélodie conquérante qui n’avait jamais cessé de l’obséder.

Et puis, soudain, deux mains s’emparèrent de son cou. Le geste, aussi rapide qu’inattendu, jeta sur son incandescence une vague glaciale qui pâlit aussitôt son visage tendu vers son assaillant. Dans un réflexe, elle porta ses propres mains sur les doigts fermement serrés autour de son cou. Un absurde élan de conscience s’empara d’elle, lui ordonnant de délier les phalanges qui torsionnaient dangereusement sa peau. En vain. La poigne d’Angus était résolue, acharnée, violente. Alors seulement, Bluebell s’aperçut qu’elle ne parvenait plus à respirer. Ce n’est qu’à cet instinct qu’à sa stupeur puis à sa réflexion céda une panique profonde, instinctive, viscérale. Elle s'asphyxiait. Ses poumons cherchaient désespérément un air inaccessible. Même l’haleine alcoolisée d’Angus au-dessus d’elle était inodore. “Tu exiges la vérité ? Toi et ton frère êtes des bâtards ! Je vous ai transmis la souillure de mon sang en engrossant cette imbécile aussi bornée que toi, incapable de se soumettre !” Bluebell n’entendait rien de ce discours craché à son visage, se débattant inutilement pour une respiration qui ne venait pas. Suffocante, elle donna un coup de pied dans la jambe de son agresseur, qui lâcha un juron avant de la pousser contre un mur. La violence du mouvement la sonna. A mesure qu’elle luttait pour dégager son cou, il lui semblait ressentir un affreux picotement dans sa poitrine, qui se mit progressivement à bourdonner au creux de ses tympans et à engourdir puis paralyser chacun de ses muscles. Elle essaya d’implorer Angus, dans un élan de survie honteux. Mais sa voix ne sortit qu’en un effroyable halètement. Elle ne maîtrisait plus rien. “Je veux que tu crèves, pauvre garce !” Bluebell eut paradoxalement l’impression que la voix d’Angus s’était allégée. Il lui sembla même entendre une voix lointaine, comme une voix insidieuse aurait glissé parmi ses songes. Ses phalanges se relâchèrent. Ses yeux, à l’instar de l’épuisement de son corps, n’eurent plus la force de se raccrocher à la peur pour la sauver, et se heurtèrent, dans un soubresaut de terreur, au regard noir et luisant d’Angus, où brillait un désequilibre dévastateur. Non, la mort n’apportait pas la vision de jours heureux et lumineux ; elle se contentait d’offrir un tableau naturaliste d’une réalité qui s’effritait à chaque seconde. Peut-être par résilience, peut-être par réconfort, peut-être par insignifiance, Bluebell songea que le regard qui était planté en elle était potentiellement le premier qu’elle eût croisé de sa vie, et que sa mort aurait au moins le mérite d’être sensée. Ce n’est qu’à cet instant que les yeux auxquels elle s’était raccrochée se voilèrent, pour disparaître derrière des prunelles saphir emplies d’une douce folie et d’une indicible fièvre. Presque aussitôt, du sang gicla, tachant son visage, ses cheveux, ses lèvres. Un goût âpre se déversa dans sa bouche tandis que les mains autour de son cou se délièrent, presque miraculeusement. Le cadavre d’Angus tomba comme une pierre, une profonde et épaisse lame plantée dans une jugulaire spasmodique. Hébétée, Bluebell contempla le corps inerte de son géniteur, allongé dans une sinistre mare rougeoyante, avant de reporter son attention sur Maxton, debout devant elle, figé dans une expression éminente, féroce, monstrueuse. Ce n’est qu’à cet instant que la jeune fille se remit à respirer, dans un bruit guttural qui emplit ses poumons d’un air vicié. Portant la main à sa poitrine d’où se dégageait une douleur lancinante, Bluebell se mit à hyperventiler à mesure qu’elle reprenait ses esprits dans un précipitation affolée. Sans même qu’elle ne s’en aperçoive, un long et terrible gémissement fendit sa gorge. Ce fut le dernier son qu’elle laissa échapper, la dernière brûlure d’une flamme qui venait de vaciller, la dernière scène d'un funeste spectacle. Et de fait, le rideau tomba.

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Vesper L. Corvere

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Message(#) Sujet: Re: [TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) [TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) EmptyMer 28 Avr - 1:44

The crown is out of sight



Pour laisser la possibilité à sa sœur d’investiguer comme elle le souhaitait, il s’était retrouvé à devoir meubler la conversation avec leur géniteur, tout en jouant l’elfe de maison. Difficile de dire lequel des deux rôles l’exécrait le plus. Entre l’état de cette maison et les paroles de son père, il ne lui avait pas fallu plus de quelques secondes pour comprendre que ni Blue, ni lui ne trouveraient jamais en cette visite de quoi exaucer leurs ambitions. Leur existence lui était indifférente, ce qui comptait était le profit qu’il pouvait retirer de leur subite réapparition. Et, puisque qu’il en était à sa énième bière et qu’il était possible de dire que l’addiction était son vice, il était nécessairement en mal d’argent. C’était classique chez ce genre d’individus. Ils pensaient maîtriser le manque jusqu’à ce que ce soit le manque qui les maîtrise et qu’ils n’aient d’autre choix que d’y sacrifier leur vie. Argent, amour, relations … Rien ne résistait longtemps. Néanmoins, il se trompait bien s’il supposait que les jumeaux allaient docilement obéir. Ils n’avaient certes que 15 ans, mais ils avaient assez de libre arbitre et d’intelligence pour ne pas se laisser manipuler. Il ne donnerait pas un centime à cet idiot. Il était plus loyal aux Sherwin qu’il ne l’était à celui qui lui était finalement un inconnu. Mais Bluebell voulait fureter dans cette étrange demeure et il était le meilleur acteur des deux. Il feignit donc un intérêt pour les idioties que débiter Angus, l’encourageant d’une parole quand ce dernier s’arrêtait de parler. Tout comme il discernait la tension qui s’emparait de Blue à chaque contresens dans le discours de son interlocuteur, il devait se faire violence pour ne pas le contredire. Sa version ne collait pas avec ce qu’ils savaient déjà et surtout avec leurs souvenirs. Peu importe le conte qu’il tentait de broder, il ne se laisserait pas prendre au piège. Et il était presque vexé que son père le croie suffisamment bête pour le faire.

Puis, en l’espace d’une seconde, tout bascula. Pris dans le rôle qu’il s’efforçait de jouer depuis de longues minutes, il fut incapable de prédire le danger. Il ne le vit que trop tardivement se précipiter vers Bluebell et lui arracher une lettre des mains en la traitant de sale peste. Maxton se tendit et se rapprocha vivement. Du moins, il eut cette impression, mais leur père était déjà sur elle et ils étaient déjà trop proches pour qu’il puisse se glisser entre eux pour faire rempart pour sa sœur. Inconsciente du danger, elle continuait de l’invectiver avec fougue et lui continuait de s’agiter. Elle était bouleverée parce qu’elle venait de lire et il comprenait à demi-mots que les relations de son père avec les Melrose étaient bien différentes de ce qu’il avait bien voulu leur dire. Fallait-il s’en étonner ? tout ce qu’il avait raconté n’était qu’un tissu de mensonges. Mais cela ne valait pas la peine de se mettre en danger pour des vérités inutiles. Ils n’avaient pas besoin de cela pour continuer leur vie. Il se fichait de ce bout de papier, mais il avait peur pour elle.

- Blue, tais-toi !

Il avait bien tenté de lui dire de cesser ses questions. D’eux deux, il avait toujours été celui qui pressentait le danger. Peut-être parce qu’il avait passé son existence à être sur ses gardes pour être certain d’être en mesure de la protéger. Il était capable de déceler la tension dans les muscles de l’adulte, la fureur dans ses traits, son envie de la faire taire lui-même au tressautement de ses mains. Mais elle, perdue dans sa quête insensée, elle ne le vit pas. Il avait pressenti le danger. Il n’avait jamais pensé que cela irait si vite, ni que cela se passerait ainsi. Avant même qu’il ne puisse esquisser un geste, les mains de leur père se refermèrent sur le cou de sa sœur. Des mains totalement disproportionnées face à l’ossature de la délicate de Bluebell. La poigne se resserra, bloquant le flux sanguin. Plus il appuyait, plus l’étau sur la trachée empêchait le moindre filet d’oxygène de passer. La mort par strangulation prenait un temps fou pour survenir. L’agonie durait généralement près de dix minutes avant que l’irrémédiable survienne, mais lui fut submergé par l’urgence à l’idée qu’elle ne s’étouffe. Cette vision le terrorisa littéralement. Il se jeta de toutes ses forces et de tout son poids contre Angus pour tenter de le faire lâcher. Il ne se passa rien. Il ne vacilla même pas. Entièrement et uniquement dédié à son inquiétude, il lui hurla de la lâcher, tenta de tirer son bras, laissant les paroles de son père glisser sur lui sans l’atteindre. Il lui faudrait des jours pour admettre que la pureté de son sang dont il s’était toujours rengorgé n’était rien d’autre que l’un des nombreux secrets de famille que les Sherwin dissimulaient.

Au moment où les lèvres de se sœur commencèrent à bleuir – à moins que ce ne soit ses halètements désespérés – une sorte de digue se rompit complètement dans son esprit. La peur céda la place à une forme de rage incontrôlable. Il avait promis de la protéger envers et contre tout et ce n’était pas cet ivrogne pathétique qui allait foutre en l’air la quête de sa vie. Il n’avait pas le droit de poser ses doigts dégoûtants sur elle, de la blesser. Pas elle. Ces mots retentirent dans son esprit comme s’ils étaient hurlés par quelqu’un d’autre et envahirent tout l’espace. Ils se répercutaient à l’infini, comme une affreuse litanie.

Pas elle. Pas elle. Pas elle …

L’urgence et la colère lui brouillaient presque la vue, déposant comme une sorte de voile rouge sur ses rétines. Désespéré par son impuissance, il se rua sur la table qu’il venait de mettre et attrapa un couteau. Plus tard, quand il y repenserait, il ne cesserait de se demander pourquoi il n’avait pas utilisé sa baguette. Comme si la seule réponse à une agression physique était de répondre physiquement en retour. A moins que ce ne soit l’interdiction de faire de la magie en dehors de l’école qui était trop inscrite dans son esprit, comme un tabou impossible à dépasser. Ce choix leur assura l’impunité. Couteau en main, il se précipita sur l’agresseur – à ce stade, il ne le considérait même plus comme un être humain – et frappa à l’endroit qui lui semblait le plus exposé et le plus dangereux : la gorge. La lame perfora la peau avec une facilité déconcertante. Il s’était presque attendu à de la résistance, mais il n’y avait là que des tissus mous, aucun cartilage pour entraver la lame.

Le sang gicla sur lui et sur sa sœur avec une force insoupçonnée.

Il lui sembla l’entendre hurler de douleur, mais il ne s’en préoccupa pas. Ou plutôt, il ne s’y intéressa que pour jauger s’il avait visé juste et quand il fut absolument certain que cela était le cas, il reproduit son geste avec toute la force dont il était capable. Il voulait qu’il lâche. Il voulait lui faire aussi mal qu’il était en train de blesser Blue. Le liquide chaud et poisseux lui coula dessus, en quantité toujours plus grande. Il aurait dû être dégoûté, mais il en tira une satisfaction malsaine. S’il perdait tant d’hémoglobine, il ne serait plus une menace, non ? Difficile de savoir si ce fut son premier coup ou l’un des suivants qui toucha la jugulaire, en tout cas l’hémorragie fut rapide, mais le garçon ne s’arrête de frapper que quand Angus rendit une sorte de râle sinistre et s’effondra sur le sol. Bluebell tomba elle-même par terre, comme une poupée désarticulée, mais il n’était concentré que sur son agresseur. Tant qu’il n’était pas certain de sa mort, il ne relâcherait pas sa vigilance. Mais ses grands yeux ouverts sur le néant, fixant un point seulement visible pour les morts ne laissaient guère de doute.

Quand il se retourna vers sa sœur, Bluebell était toujours assise sur le sol, là où elle était tombée. Ses yeux étaient écarquillés d’horreur et des gouttelettes de sang ayant giclé sur elle constellaient son visage et ses vêtements comme des dizaines d’étoiles sinistres. La pâleur quasi translucide de sa peau faisait ressortir le rouge carmin de façon presque obscène et des hématomes commençaient déjà à se former autour de son coup. Le regard de sa jumelle se porta sur lui et une lueur d’effroi le traversa avant qu’elle ne laisse échapper une sorte de gémissement entre deux halètements heurtés. Dans tout son aveuglement, Maxton ne comprit pas sur l’instant que c’était son apparence qui la terrifiait. Il était littéralement couvert de sang, avec un couteau à la main. Mais puisqu’il venait de faire tout cela pour elle, elle ne pouvait le voir que comme son sauveur, non ? C’était le choc, le contrecoup, mais pas lui. Il lui faudrait des jours entiers avant de réaliser son erreur. Loin de se calmer, des larmes dévalèrent ses joues et elle continua de respirer par saccades comme si elle cherchait désespérément de l’air sans y parvenir.

- Blue, c’est fini, calme-toi. Tout va bien. Il peut plus nous faire de mal.

Il lui avait dit ses mots d’un ton doux, pour tenter de l’apaiser, mais il n’arriva à rien. Il suffit qu’il s’agenouille près d’elle pour qu’elle ne paraisse guère plus rassurée. Le sang sur elle lui tira de nouvelles plaintes inarticulées et elle pâlit encore plus quand elle réalisa qu’elle en était couverte, comme prise de panique. Plus il tentait de la convaincre que cela allait, plus elle oscillait entre sanglots et suffocations si bien qu’il eut peur qu’elle s’étouffe seule, sans l’aide d’Angus.

- Calme toi, ça va aller, je te le promets. Calme toi. Tu peux te relever ?

Abandonnant le couteau, il s’agenouilla devant elle, ne sachant que faire pour qu’elle sorte de son état de transe paniqué. Voyant que son état s’aggravait et qu’elle essayait désespérément de faire partir le sang qui maculait sa peau, il la souleva comme si elle ne pesait rien pour l’emmener dans la salle de bain. Il la déposa dans la douche sans qu’elle ne réagisse ou qu’elle ne semble comprendre ce qui se passait autour d’elle, entièrement livrée à des démons qu’elle seule semblait capable de discerner. Lui-même n’était que panique. Ses gestes habituellement si élégants étaient brusques, maladroits. Pensant être capable de l’aider, il alluma le robinet d’eau pour essayer d’enlever tout ce sang qui la perturbait tant. Il eut beau régler la température, les premières secondes une eau glacée se déversa sur elle et il jura bruyamment

- Putain ! Je suis désolé. Ca va aller, Blue, je te jure ça va aller.

Mais elle se renferma dans un mutisme inquiétant, regard dans le vide. Le Gryffondor croisa son reflet dans la glace puis posa son regard sur sa sœur avant de réaliser que rien n’allait. Alors il abandonna l’idée de s’en sortir seul et supplia leur elfe de maison de lui ramener sur le champ leurs parents adoptifs.

Quand Wendell et Elisabeth arrivèrent, Maxton était bien incapable de savoir si la scène était macabre ou si elle en était devenue grotesque. Angus gisait toujours au milieu du salon dans une mare de sang. Les trainées de sang liées à ses déplacements dessinaient des tourbillons sur le linoléum à proximité de la flaque stagnante. Bluebell, dans la salle de bain, avait le regard vide, était trempée et sa gorge commençait à se colorer de bleus, avec des hématomes qui marquaient parfaitement la forme des mains de leur père sur son cou délicat. Autant le cadavre ne lui inspira rien d’autre qu’une forme de satisfaction sordide, autant l’état de sa jumelle lui retourna violemment l’estomac. La nausée le saisit et un filet de bile lui brûla l’œsophage. Elle avait failli mourir. Il avait failli la perdre. Cette idée le paralysait d’angoisse. Il était incapable d’imaginer un avenir sans elle. Tous les mots qu’elle avait pu lui asséner la veille ne faisait aucun point contre le soulagement qu’il ressentait à l’idée de la savoir bien en vie. Il avait eu beau lui marteler qu’ils étaient deux individus distincts, il restait persuadé que leurs âmes se complétaient. Il ne savait pas existait sans elle. Il apprendrait à ses dépens qu’elle se passait fort bien de lui. Lui justement se tenait au milieu de cette débâcle. Il était couvert de sang comme s’il avait décidé d’y faire ses ablutions et à part cette envie de vomir qui le tenaillait, l’indifférence marquée qu’il affichait avait quelque chose d’inquiétant. Les deux adultes le dévisagèrent et il fit un effort presque surhumain pour ouvrir la bouche

- Il a essayé d’étrangler Blue. Elle ne va pas bien.

Sa voix lui parut étrangement lointaine, presque enrouée. Il adressa un regard suppliant à Elisabeth, l’implorant d’aider sa sœur. Il avait essayé, il n’y arrivait pas. Et lui-même se sentait trop fragile en cet instant pour lui être de la moindre utilité. Sa mère adoptive parut comprendre et elle se rua vers Bluebell dont la pâleur se disputait à l’immobilisme. Wendell lui fit signe de le suivre et Maxton lui obéit docilement, le cerveau complètement vide. Il avait l’impression d’observer la situation comme s’il en était spectateur et non le héros principal. Comme si sa conscience avait besoin de se replier dans les tréfonds de son esprit pour survivre. Wendell l’amena dans le salon où il observa pensivement le corps, pas plus affecté que cela. Maxton se contenta de fixer le sang en songeant que cette mort avait été étrangement rapide et étrangement douce pour tout le mal qui leur avait été infligé.

- Vous ne deviez pas rencontrer Angus. Ni Finella.

Il releva la tête et dévisagea Wendell, toujours aussi silencieux. Il était trop perspicace pour ne pas entendre les secrets qui se dessinaient en filigrane et trop épuisé émotionnellement pour tous les assimiler.

- Et maintenant je me retrouve avec un corps sur les bras. Qu’est ce que tu veux que j’en fasse ?

Maxton fixa à nouveau le cadavre. Allongé sur le sol, leur père était aussi vulgaire dans son trépas qu’il l’avait été dans son existence. Il était tombé sans grâce et ses membres désarticulés paraissaient le narguer. Le laps de temps entre le coup de couteau et l’arrivée de ses parents adoptifs avait été trop court pour que la moindre rigidité cadavérique ait pu commencer à s’installer, si bien que sa peau semblait flasque et exsangue, faute de sang. Effectivement, c’était une preuve bien incriminante qui se trouvait sous leurs yeux. Mais ils étaient des sorciers. Wendell avait largement le pouvoir de le faire disparaître. Toute la question était de savoir désormais s’il en avait envie.

Jamais sa place dans sa famille adoptive ne lui avait paru aussi précaire qu’en cet instant. Il n’avait jamais eu l’impression d’y être parfaitement intégré, mais il avait toujours eu une forme de sentiment d’appartenance. Mais dans le regard de Wendell, il pouvait lire que sa filiation était conditionnée au fait qu’il se conduise comme le parfait héritier. Assassiner des gens n’était pas une bonne chose. Si Wendell décidait de leur enlever leur soutien et qu’il rendait leur filiation publique, s’en était fini de sa sœur et lui. Blue ne s’en relèverait pas. Après un meurtre, il lui restait donc une dernière carte à jouer. De toute façon, que risquait-il ? Le pire s’était déjà produit. Il ne lui restait plus qu’à continuer de se débattre pour les sauver.

- J’ai fouillé le bureau. Un secret contre un autre. Le secret de notre ascendance contre le secret de celle d’Alexis. Sa mort contre celle d’Angus.

Il avait dit cela d’une voix froide. Il ne faisait que jouer à l’adulte et tenter des menaces qui le dépassaient. Il pensait que Wendell s’en offusquerait, mais lueur incompréhensible de fierté parut apparaître dans son regard. Il lui tendit la main

- Les secrets sont les fondements des empires. Nous avons un accord.

Et Maxton la serra sans réaliser qu’il venait au contraire de céder tout ce qui lui restait de royaume.

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August P. Rowle

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Message(#) Sujet: Re: [TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) [TW : Contenu violent] The crown is out of sight (ft. Maxton) EmptyMer 28 Avr - 23:36

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The crown is out of sight
Blue & Maxton face à l’empire déchu

Son corps l’abandonna. Telle une vulgaire poupée de chiffon, Bluebell sentit ses membres lâcher prise et, légère comme du coton, elle s’effondra sans même pouvoir se retenir. De fait, elle se retrouva à même le sol, baignant dans un liquide épais et chaud. La main fermement serrée sur sa poitrine, elle sentait son cœur battre dangereusement contre une cage thoracique engourdie par un souffle frénétique, incontrôlable. Elle était en vie. Ce constat, aussi évident que significatif, lui arracha un nouveau gémissement durant lequel elle ferma les yeux, comme cherchant à retrouver ses esprits en dépit de la fièvre qui s’était emparée d’elle. Alors, sa conscience reprenant progressivement ses droits, par delà la fébrilité de son état d’alerte, Bluebell rouvrit les yeux. Ce n’est qu’à cet instant, après de longues secondes de stupéfaction, que le décor autour d’elle lui apparut limpidement. Maxton se tenait debout devant elle ; son élégante chemise était couverte d’un liquide bordeaux, poisseux, qui avait éclaté jusque sur les fins traits de son visage éperdu. Il tenait un couteau entre ses doigts, une longue lame suintante de ce même liquide. Bluebell, hagarde, porta son attention sur la masse allongée à côté d’elle. Angus gisait les yeux ouverts. Une lourde marre de sang glissait insidieusement autour de lui, autour d’elle, imprégnant ses jambes, sa robe, ses doigts. Bluebell leva les mains et observa un instant le liquide qui commençait déjà à coaguler autour de ses phalanges. Elle porta une main sur ses lèvres et s’aperçut que son visage s’était également imprégné des hémoglobines de son géniteur. Alors, seulement, une violente nausée secoua son estomac. Son haut-le-cœur ne fut contenu que par l’hyperventilation qui couvrait chacune de ses inspirations d’une acidité brûlante. Certes, elle était en vie ; mais elle n’en n’avait pas l’envie. Oui, elle aurait préféré succomber que de supporter le contact visqueux du sang sur sa peau, que de sentir cette furieuse odeur d’âpreté, que d’endurer cette insupportable douleur dans son crâne, que de s’effondrer sous le poids d’une écrasante angoisse qui rendait sa respiration sifflante. Reportant aussitôt sa main sur sa poitrine, elle serra si fort sa propre peau que ses phalanges se mirent à blanchir. Elle voulut déchirer le tissu de sa robe, elle voulut ouvrir ses côtes, elle voulut arracher ses poumons, elle voulut presser son cœur. Elle voulut mourir. Elle ne voulait pas de cette vision. Elle ne voulait pas d’un cadavre. Elle ne voulait pas d’un bourreau sanguinaire debout devant elle. Elle ne voulait pas de ce frère. Jamais son existence ne lui parut si terrifiante, si dégoûtante, si nauséabonde et ainsi, sans même s’en apercevoir, elle mit à pleurer face à l’absurdité de cette horreur. En réalité, elle était si bruyante, entre ses larmes, ses halètements et le vacarme de ses songes, qu’elle n’entendit même pas les propos de Maxton. Elle était si bruyante que son propre esprit se figea, comme cherchant à se soustraire de toute cette désastreuse cacophonie. Alors, ses gémissements s’estompèrent, ses sifflements s’allégèrent et sa conscience coula le long de son échine pour se fondre parmi le sang qui l’enveloppait. Son corps l’avait abandonnée et son esprit s’atrophia à son tour. Ne subsista plus qu’un profond, qu’un ignoble, qu’un vertigineux vide qui dévora chacune de ses émotions, chacune de ses souffrances, chacune de ses pensées. Sa flamme se consuma sans autre mesure et c’est aussi abruptement qu’elle s’enferma dans un mutisme aussi résolu qu’involontaire. Bluebell s’était éteinte.

Ainsi effacée, elle n’eut guère conscience de la suite des événements. Elle ne vit pas Maxton s’agenouiller auprès d’elle, elle n’entendit pas ses futiles promesses. Elle se sentit flotter lorsqu’il l'attrapa précautionneusement, l’amenant docilement jusqu’à une salle de bain étroite. Le jeune homme la déposa à la manière d’une poupée, avec une tendresse infinie, dans une douche salie par le temps et l’humidité. Il alluma l’eau ; les premières gouttes furent glaciales et arrachèrent un glapissement à sa jumelle qui leva légèrement le visage, comme cherchant l’origine de cette désagréable sensation, sans même considérer celui qui venait de jurer d’impatience. Imperméable à ses mots, imperméable à ses gestes, Bluebell resta ainsi un long moment sous la douche, dont l’eau désormais chaude imprégnait la jolie robe qu’elle avait endossée pour l’occasion. Elle ne broncha pas, le regard absent planté dans un point aussi obnubilant qu’invisible, le visage droit et impassible, le corps immobile à la manière d’un pantin désarticulé. Sa poitrine se soulevait à peine ; sa respiration s’était ralentie sous l’action des gouttes qui chassaient progressivement le sang encore frais de sa peau. L’eau qui s’écoulait par le syphon était d’un rouge carmin. Maxton s’était déjà absenté depuis longtemps lorsque Wendell et Elisabeth apparurent sur le pas de la porte de la salle de bain. La brune ne se rendit compte de rien, pas même du cri enragé qui claqua de la gorge d’Elisabeth lorsque Maxton leur exposa sommairement la situation. La matriarche se rua droit vers la jeune fille, les traits tiraillés par un effarement et une colère palpables. Pourtant, les doigts qu’elle porta à sa joue furent étonnamment délicats. “Pauvre enfant” lâcha-t-elle avant de chercher prestement quelques serviettes parmi les tiroirs des meubles. “Je lui avais bien dit. Je lui avais bien dit… Quel idiot. Cette famille est en ruines.” Elisabeth susurra bien d’autres amères confidences tandis qu’elle imbibait d’eau une serviette immaculée dans le lavabo. Se tournant à nouveau vers la Serpentard, elle s’agenouilla et entreprit d’essuyer les coagulations du sang qui étaient encore incrustées sur sa peau diaphane. “Vous n’auriez jamais dû venir jusqu’ici” reprit-elle en frottant la pommette de sa fille, comme elle aurait retiré un excédent de nourriture de la peau d’un nourrisson. Le travail achevé, elle jeta la serviette avant d'attraper le menton de Bluebell du bout de ses doigts, souhaitant ancrer son regard fuyant dans ses prunelles tempétueuses. “Tu t’en sortiras, ma chère. Tu survivras. Je vais nous sauver. Je vais tout réparer.” Bluebell, sous l'incandescence déterminée de ces mots chuchotés, porta ses iris dans le regard de sa mère adoptive, penchée au-dessus d’elle, ses ongles plantés dans la fragilité de sa peau. Dans un soubresaut de conscience, réveillée par l’eau chaude qui coulait toujours sur son visage trempé et par la voix assurée de celle qui l’avait élevée, Bluebell entrouvrit ses lèvres ; mais aucun son ne sortit de sa gorge. Elisabeth hocha lentement le visage avant de lâcher le menton de la jeune fille. Elle coupa l’eau puis sortit sa baguette. D’un geste souple du poignet, elle dévêtit Bluebell qui se retrouva aussitôt happée d’une ample serviette propre. Elisabeth s’immobilisa un instant, la jaugeant du regard, comme essayant de considérer combien de temps il lui faudrait pour se remettre de ce traumatisme. Dans une lucidité extraordinaire, elle semblait déjà planifier la suite des événements, comme elle aurait adapté un léger contretemps à un ensemble de plans savamment étudiés. Alors, seulement, elle étreignit le corps inerte de son enfant pour transplaner jusqu’à leur domicile, dans la chambre de Bluebell qui se retrouva ainsi allongée dans son propre lit. Elisabeth replia consciencieusement la couverture sur elle avant de se reculer d’un pas. La mère de famille s’attarda un instant sur la vision de cette enfant, quelque part entre l’autorité orthodoxe imposée par l’urgence et l’indulgence maternelle qu’elle ne pouvait retenir en dépit de toute sa pudeur et de toute sa désapprobation. Elisabeth ne se montrait jamais miséricordieuse, mais elle n’en demeurait pas moins humaine ; et il aurait fallu être un monstre pour ne pas être affecté de l’état pathologique de celle qu’elle considérait comme son enfant. “Repose-toi. Tu en as besoin.” Et, sans autre mesure, elle claqua des doigts pour retourner auprès de Wendell et de Maxton. Un corps devait être enterré.

*

Bluebell fut muette trois jours entiers. En état de choc, elle resta alitée, incapable de se lever, incapable de se nourrir, incapable de se reposer. Ce n’est qu’après une longue période d’inertie que son esprit finit par recouvrir ses membres et que son regard se reporta sur les éléments tangibles du monde autour d’elle. La nouvelle année était passée. La rentrée approchait. De fait, contrainte par une échéance fatidique et par l'exigence de sa mère adoptive, Bluebell accepta finalement de manger, avalant quelques bouillons dont elle ne savourait guère le goût. Ses sens revinrent l’un à la suite de l’autre. En effet, elle finit par entendre les mouvements de la demeure, par sentir l’odeur du bois des meubles, par ressentir la douceur de la soie des draps. Elle s’aperçut alors que les potions qu’on lui administrait matin et soir étaient amères, que sa chambre était plongée dans une pénombre soumise par des volets fermement clos. Au bout du cinquième jour de convalescence, elle disposa de l’énergie nécessaire pour quitter son lit. La lumière du couloir l’aveugla si fortement qu’elle dut se retenir au mur pour avancer, prise de vertiges qui allèrent jusqu’à secouer ses jambes. Néanmoins, imperceptiblement, Bluebell reprenait à vivre le jour et à survivre la nuit. En effet, son sommeil projetait sur elle des cauchemars plus violents que ses propres souvenirs, dont le poids rendait son rétablissement lent et pénible. Elisabeth lui expliqua que les potions lui permettaient de retenir les effluves pestilentielles de ses pensées, comme filtrant ses souvenirs pour que ceux-ci ne réapparaissent qu’avec une progression mesurée, le plus souvent au cours de ses rêves. En conséquence, Bluebell lutta contre sa propre fatigue, préférant la fragilité de ses insomnies aux angoisses de son sommeil. A l’aube du sixième jour, Elisabeth décida de s’installer au pied du lit de la jeune fille, dont elle observa un long moment le visage translucide et les cernes bleutées. Bluebell comprit immédiatement par l’austérité de ses traits que ses aveux seraient plus âpres encore que le goût du sang qui la hantait. Elisabeth admit tout, comme elle avait présenté chacun des faits à Maxton quelques jours auparavant, d’un ton étonnamment calme et suave au regard de la gravité de son récit. Finella, Blair de son premier prénom, s’était entichée dès la fin de son adolescence d’Angus, sang-mêlé. Le jeune homme s’était démené corps et âme pour se faire apprécier de cette prestigieuse lignée. En vain. Du fait de son sang d’hybride, Angus ne fut jamais reconnu comme digne amant de Blair, qui fut invitée à recourir à l’usage de son deuxième prénom pour mieux souligner la nouvelle vie qu’elle avait choisie. Le mariage et les enfants ne suffirent pas à témoigner du zèle d’Angus face à l’intransigeance de cette famille. Alors, dans une ultime tentative de prouver toute la diligence dont il était capable pour leur cause, Angus persuada Finella de monter un attentat. S’ils parvenaient à semer le chaos parmi le Ministère, alors il aurait le mérite d’être reconnu, en dépit de ce qui coulait dans ses veines. Hélas, ou heureusement, l’initiative fut avortée et les deux jeunes parents furent condamnés à une peine à Azkaban. Les jumeaux furent portés par les services familiaux, car les Melrose, dans toute leur diplomatie, ne souhaitaient guère être associés à cette tentative agressive et désorganisée. Finella fut profondément éprouvée, là où Angus se conforta dans une aigreur sourde envers cette femme qu’il estimait, à tort, d’être à l’origine de ses plus sombres maux. A l’issue de leur sentence, Angus s’avéra changé. Macéré dans l’humiliation, la rancoeur et la rage, il déversa sa frustration sur ses enfants, qui leur furent rapportés, et sur sa femme. Celle-ci commit l’erreur de vouloir divorcer pour retrouver sa famille où elle et sa progéniture auraient enfin pu échapper de la démesure d’Angus. Elle adressa temporairement ses enfants à Elisabeth, son amie de toujours, le temps de régulariser sa bancale situation ; mais Angus, par un moyen toujours inconnu et désormais enterré avec son corps, parvint à interner sa femme déjà ébranlée par ses années à Azkaban. Elisabeth se retrouva ainsi avec les deux enfants à sa charge. Son sens irrémédiable de loyauté, qui avait fait d’elle la femme pugnace qu’elle était devenue, la porta à trouver, derrière les traits des jumeaux, la résilience de l’infidélité de Wendell. Les jumeaux furent son espoir au cœur de l’aridité de ses desseins. Les Sherwin turent ce secret par volonté d’offrir à leur nouvelle descendance une gloire immaculée et par crainte qu’Angus parvienne à détruire la seule chose qu’il restait de Blair. “Ton sang est entaché, mais il ne vaut en rien la pureté de ton enseignement, de tes valeurs, de tes origines.” Elisabeth lui rendit alors le peigne sculpté de roses qu’elle avait retrouvé. “Tu es une Melrose, éduquée par une Sherwin. Voilà la seule chose qui importe.” Elisabeth s’était redressée à cette conclusion, avant d’être retenue par la frêle voix de Bluebell. “Et Alexis ?” La matriarche hésita un instant, dépoussiérant un tissu de sa propre robe. Elle expliqua alors avec plus de détachement et de froideur la raison pour laquelle il avait été préférable de tuer la jeune femme, et la manière dont ils avaient fait disparaître son corps dans les eaux glaciales des côtes, arrachant d’inexplicables et silencieuses larmes à Bluebell. “J’ai toujours vu en elle le reflet de la trahison qui lui avait donné naissance, et de toute évidence, le scandale aurait fini par éclater. Elle avait refusé d’accepter son histoire... Tout le monde ne peut hériter de ma force.” Un imperceptible sourire se dessina sur les lèvres charnues d’Elisabeth lorsqu’elle quitta finalement la pièce.

La veille de son retour à Poudlard, Bluebell parvint à sortir du réconfort des épais murs de la demeure pour se promener dans le parc familial. Le froid du mois de janvier mordait son corps pourtant enfermé sous un épais manteau de laine. Quoique reprenant enfin le parfait contrôle de ses mouvements, il lui semblait souffrir d’un engourdissement pesant sur ses os comme un poison aurait rongé son énergie. Privée de son feu vital, elle déambulait lentement parmi la nature morte de l’hiver, retrouvant dans les branches décharnées les formes longilignes de ses jambes. Le temps grisâtre semblait annoncer une neige imminente. Son regard glissa alors des nuages tempétueux vers une fenêtre du manoir, où deux prunelles de glace semblaient l’attendre. Bluebell se figea un long moment, soutenant le regard qui scrutait effrontément le sien. Maxton était venu se recueillir auprès d’elle les trois premiers jours et puis, lorsqu’elle avait enfin retrouvé la parole, elle l’avait congédié avec une véhémence absurde au regard de la vulnérabilité de son état. Bluebell ne supportait plus sa présence. Il lui semblait être à proximité d’un forcené. Là où le regard d’Angus dansait dans le flou de ses nuits, celui de Maxton l’étouffait et la réveillait avec effroi. Elle lui devait la vie et pourtant, elle avait le sentiment qu’il était responsable de tous ses maux ; les bleus sur son cou, le vacillement de ses membres, la nausée de son estomac. De fait, Bluebell ne voyait plus dans les iris de son frère que le reflet fou qui avait brillé lorsqu’il l’avait sauvée des griffes de la mort. Ce cadeau qu’il lui avait fait était empoisonné. Son existence était insipide, ses jours, insensés. Parmi la terreur de cette nouvelle vie subsistait de surcroît un profond et indicible sentiment d’oppression. Maxton s’était acharné sur un cadavre, Maxton avait délibérément fait couler du sang de ses mains, Maxton avait renié sa propre raison pour elle. Pour elle… Elle, qui ne parvenait même plus à se sustenter, qui ne parvenait même plus à dormir, qui ne parvenait même plus à sentir aucune forme de chaleur. Qui était-il ? Qu’était devenu son frère ? Où était passé Eaque, le juge impartial des Enfers ? Il lui semblait désormais affronter Hadès lui-même, jouissant de la condamnation d’Eurydice pour mieux assouvir son piètre pouvoir sur un royaume maudit. Oui, le juge, le raisonné, le rationnel, avait laissé place à un déséquilibré, à un monstre, à un meurtrier. Elle se sentait en danger. Elle avait peur. Que ferait-il, désormais ? Quelle serait sa limite, lui qui avait franchi les pires limbes sans aucune hésitation ? Elle refusait de le laisser empiéter sur les maigres cendres qu’il lui restait. Elle avait senti son jumeau lui échapper lors de leur ultime étreinte, dans l’intimité poussiéreuse d’une chambre d’hôtel. En effet, il lui semblait désormais observer un inconnu derrière la fenêtre du dernier étage. Son absence était déraisonnablement lourde et à vrai dire, elle ignorait même si son essoufflement venait davantage de son sentiment de crainte ou d’abandon. Alors, errant dans l’obscurité de son univers privé d’astre, elle se détourna et poursuivit son avancée solitaire dans la stérilité de la nature hivernale. Le combat était terminé, Bluebell avait rendu les armes. Son allié de toujours avait été empoigné par ses plus funestes ennemis. Il n’y avait désormais plus qu’elle, seule, chétive, face à un indicible, vertigineux, épouvantable néant.

code by EXORDIUM.



BORDERLINE
Are you too terrified to try your best? Better ascend into the sky, dangerously fine and unforgiven, relentless, zealous: inspired by the fear of being average.

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