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L'art des van Aken
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Message(#) Sujet: L'art des van Aken L'art des van Aken EmptySam 5 Déc - 16:31

Le rendez-vous avait été donné pour mardi après-midi, ce qui à Poudlard signifiait toujours "juste après manger". A cette heure-ci, tout le monde digérait tranquillement et il était de coutume d'accorder une pause aux étudiants avant la reprise des cours, certains en profitaient donc pour flâner dans le parc, jouer dans leurs salles communes ou, pour les plus studieux du lot, prendre de l'avance ou rattraper leur retard à la bibliothèque.

Ce n'était pourtant à aucune de ces activités qu'avait été convié Dmitri, mais quelque chose de bien plus sérieux indiscutablement, à voir certaines précautions qui entouraient leur lieux de rendez-vous. Le quatrième étage possédait en effet de nombreuses salles inutilisées, espaces appréciés des élèves comme des enseignants il était presque devenu commun de s'y rendre lorsqu'un ne voulait pas être dérangé. Moins commun était toutefois la présence inhabituellement dense des portraits de la famille van Aken à proximité de l'un de ces couloirs. Silencieux ou discutants à voix étouffées, ils interdisaient le passage aux curieux qui auraient eu la mauvaise idée de vouloir l'emprunter, scellant littéralement l'entrée à l'image de la grosse dame, peinture transformée pour l'occasion en porte.

Les heureux cerbères qui avaient vu leur peinture obstruer cette aile du château était un couple de jeunes gens à l'allure soignée et l'air avenant. Une politesse de façade qui s'évanouissait dès lors qu'un élève insistait pour connaitre la raison de leur présence. Gregory et Martina van Aken dévoilait alors un aspect beaucoup plus carnassier voire décharné, comme si leur peinture ayant soudainement vieillit de trente ans, représentait désormais deux vieillards horrifiques aux yeux creusés et aux bouches sanglantes. Autant dire qu'assez rapidement plus personne n'avait essayé de passer.

C'est toutefois sous leur apparence la plus élégante qu'ils saluèrent Dmitri quand celui-ci se présenta devant eux à l'heure du rendez-vous. Le garçon ne pouvait pas ignorer qui étaient en vérité ses grand-cousins, il les avait rencontré le jour de son arrivée au Manoir et s'était vu offrir leur chambre, une pièce vaste et élégamment meublée séparée en deux alcôves où les deux jeunes gens avaient dû dormir enfants. Gregory et Martina s'étaient révélés des compagnons loquaces lorsqu'on les sollicitait, visiblement heureux de faire découvrir certains des aspects les plus amusant de la demeure familiale au petit dernier de la famille, le mettant sur la piste des gouttières permettant de grimper sur le toit ou entretenant volontairement un intrigant mystère autour des possibles passages secrets et pièces invisibles.

Néanmoins, Dmitri n'avait pu manquer parfois derrière ce masque de malice une dimension plus grinçante chez ceux qui avaient été des mangemorts reconnus, incarnation parfaite de la part d'ombre des van Aken. Pour savoir une telle chose toutefois, Dmitri aurait certainement dû se plonger un peu dans les archives familiales et les journaux d'époque, or il n'était pas certain qu'il l'ait fait. Les jumeaux ne parlaient jamais de cette période si on les interrogeait, comme pour Alexander une sorte de lourde omerta régnait encore sur le sujet. Toujours était-il que Gregory et Martina avait dans leurs manières élégantes quelque chose de dérangeant, une forme de détermination et de détachement cynique vis-à-vis du monde qui un jour ou l'autre n'aurait de toute façon pu que mal tourner.

- Bonjour Dmitri ! le salua Martina avec bonne humeur. Alexander t'attend.

Et le portrait pivota sur lui même révélant le couloir interdit. Derrière, rien n'attirait particulièrement l'attention ou ne venait signifier le caractère secret du lieux, hormis que les portraits étaient vide et que de fait il y régnait un silence rare à Poudlard, souvent bruissant des conversations des peintures. A quelques pas, une porte était fermée à clef mais se déverrouilla toute seule dans un discret bruit de serrure lorsque le jeune homme eut posé sa main sur la poignée.

- Entre Dmitri, nous allons commencer.

La pièce était lumineuse, contre toute attente, et dépouillée de ses meubles et de ses décorations. Trois vastes fenêtres venaient baigner le parquet d'une lumière blanche et juste face à elles se tenaient posés deux chevalets dont l'un, le plus grand, était recouvert d'une tissu pâle. Van Aken se tenait assis devant celui-ci, sur un petit tabouret de bois qui tranchait singulièrement avec ses habituels et confortables fauteuils de cuir. Un autre tabouret était disposé non loin et entre les deux brûlait une flamme sur laquelle reposait un grand nombre de petits pots en terre. Dans sa main gauche, Alexander tenait une palette tâchée de couleurs sur laquelle reposait un pinceau.

- Il est plus que temps de passer à la pratique. J'aurai besoin de ta baguette.

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Message(#) Sujet: Re: L'art des van Aken L'art des van Aken EmptyDim 6 Déc - 15:46

Alexander & Dmitri / décembre 2026

Dmitri n’avait jamais été aussi peu attentif et impliqué pendant un cours de métamorphose : son esprit était bien trop accaparé par son rendez-vous prévu quelques heures plus tard pour qu’il puisse être concentré sur ce que disait le professeur Lindberg. Heureusement pour lui, le directeur de la maison des aiglons n’avait pas remarqué que l’un de ses élèves, d’ordinaire assez studieux, avait subitement le regard absent. Toute la matinée, il avait été distrait. Par acquis de conscience, il avait passé les deux heures qui séparaient son seul cours du jour et le repas à la bibliothèque, tentant vainement de faire ses devoirs et ce fut sans être parvenu à avancer d’un poil qu’il se rendit dans la grande salle pour se sustenter, se montrant d’une bien piètre compagnie pendant le déjeuner.

Tel un voleur, il s’éclipsa à la fin du repas, abandonnant Amaïa avec qui il avait mangé sans lui donner plus d’explications qu’une vague excuse. Si une part de ce secret était due aux avertissements de son aïeul le jour de son arrivée au manoir van Aken, il y avait également un désir plus personnel de garder ses camarades dans l’ignorance ; au fond, il avait un peu peur que, dans son dos, on se gausse de lui si l’on savait que son grand-oncle lui donnait des cours supplémentaires, fussent-ils pour transmettre un ancestral héritage familial.

La présence de plusieurs de ses ancêtres peints dans les nombreux tableaux ornant l’un des couloirs du quatrième étage témoignait chez Alexander d’un même désir de garder secret le contenu de ses enseignements. L’une des silhouettes peintes salua d’un geste de la main le Tchèque alors que celui-ci poursuivait son trajet, croisant deux élèves qui allaient dans le sens opposé en rouspétant. En progressant plus en avant, ignorant la fille qui, par un élan de charité, avait voulu le mettre en garde contre ces malotrus de tableaux, il arriva devant deux de ses aïeux décédés. Gregory et Martina étaient indéniablement parmi les plus sympathiques qu’il ait pu croiser au manoir, biens plus joviaux que la plupart de leurs congénères peints. Tobias pouvait également se montrer très cordial, mais connaître les antécédents et les raisons de son décès avait particulièrement refroidi le garçon, qui était bien loin de savoir que ses grands-cousins n’avaient pas grand-chose à lui envier. « Bonjour Martina » répondit-il à la jeune femme, gratifiant l’autre van Aken d’un signe de la tête alors que le tableau s’effaçait pour le laisser passer.

Lorsque la peinture reprit sa position initiale, il se sentit soudainement très seul. Il lui semblait presque être arrivé dans une partie abandonnée du château tant les précautions d’Alexander avaient transformées le lieu. Le calme ambiant et l’absence d’occupant dans les tableaux rendait sa progression presque inquiétante. Une sensation de nervosité montait progressivement en lui, comme un contrecoup de l’excitation qu’il avait eue pendant toute la matinée.

En arrivant devant la porte de la salle convenue, il jeta un rapide coup d’œil à sa montre pour vérifier qu’il n’était pas en retard, ce qui aurait été fort surprenant au vu de l’impatience qui était la sienne, et y pénétra. L’aiglon cligna des yeux, un peu ébloui par la luminosité qui contrastait énormément d’avec le corridor qu’il venait de quitter. Alors qu’il allait gratifier le professeur d’une salutation, celui-ci le devança. « Entre Dmitri, nous allons commencer. » Il fallait reconnaître à l’aîné des van Aken qu’il ne perdait en général pas de temps en bavardages inutiles et compte tenu de l’expectative dans laquelle il se trouvait depuis le matin, ce n’était pas pour lui déplaire. En d’autres circonstances, il l’aurait sans doute raillé pour les innombrables précautions qu’il avait prises pour empêcher d’autres élèves de venir, mais à l’instant même où il avait passé la porte, l’excitation qui bouillonnait en lui s’était calmé, chassée par une retenue qui lui était peu familière. La présence des deux chevalets rendait effective la promesse d’un apprentissage de la peinture magique ; il ne s’agissait plus seulement de mots, mais bel et bien d’une réalité. Et cette réalité semblait avoir pour effet de canaliser ses passions, tout du moins temporairement. « Il est plus que temps de passer à la pratique. J'aurai besoin de ta baguette. » L’enfant haussa un sourcil étonné à l’annonce de la requête de son aïeul, mais obtempéra et tira sa baguette de la poche intérieure de sa robe de sorcier. « Pourquoi faire ? » demanda-t-il avec curiosité tout en s’avançant pour la présenter à l’homme, un peu circonspect.
(c) mars.
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Message(#) Sujet: Re: L'art des van Aken L'art des van Aken EmptyLun 7 Déc - 1:32

Le temps passant, Alexander avait appris à mieux connaitre son petit-neveu dont le silence pouvait autant signifier une humeur revêche qu'une marque de respect et au vu des circonstances, le maître des potions était bien en droit d'attendre qu'il s'agisse de la seconde option. Ce qui allait se jouer dans cette pièce pendant les prochaines heures était peut-être la première étape d'un véritable chemin de vie pour le jeune homme, du moins, au même âge était-ce ainsi que l'avait vécu le professeur. Il se souvenait très bien d'une scène presque similaire, plus de soixante ans plus tôt, dans une pièce du Manoir où l'avait attendu son père qui, comme lui, avait exigé de voir sa baguette.

- Tu ne comptais tout de même pas peindre avec tes doigts ?

Il avait répondu avec une pointe d'amusement retenu, ce genre de petite satisfaction qu'il convient de garder pour soi mais qu'on ne parvient pas assez à cacher. Tout comme Dmitri également, il avait été surpris d'une telle demande à l'époque. La baguette, spécialement chez un jeune sorcier qui venait de l'obtenir, était un bien particulièrement précieux. Sauf nature maladroite, on n'en possédait souvent qu'une seule dans toute une vie et il était naturel d'avoir du mal à s'en séparer.

Dmitri toutefois ne fit pas d'histoire, bien qu'il aurait presque été surprenant de l'entendre s'abstenir de poser une question. Le garçon possédait un de ces tempérament qui ne se satisfaisait pas d'accepter simplement les choses ou de patienter pour une réponse. Il lui fallait avoir l'initiative, c'était ce qu'en avait compris le professeur et pour cette raison, faire mystère était une manière pour Alexander de prendre l’ascendant, rappeler régulièrement que bien qu'appartenant à la même famille et alliés objectifs en raison de cela, ils n'en étaient pas pour autant sur un pied d'égalité. L'un d'eux détenait la connaissance, l'autre devait apprendre et se taire.

Il prit délicatement la baguette du serdaigle, avec son coeur de corail elle était indiscutablement atypique mais cela n'avait guère étonné le vieil homme. Avec un peu de chance y voyait-on l'expression d'une certaine âme artistique. Après l'avoir contemplé un instant, doucement il la fit glisser sur sa paume et d'un seul mouvement referma ses doigts sur le bout de la baguette, le faisant disparaitre dans le creux de sa main.

- Peniculus.

Puis il tira la baguette où au bout avait comme éclot les poils d'un pinceau. A bien y regarder d'ailleurs, celui qui reposait sur la palette du professeur était également une baguette pourvue de poils. Il rendit la sienne à Dmitri.

- Je doute qu'il soit au programme mais c'est un sortilège de métamorphose relativement commun. Expliqua le professeur d'un ton neutre. Je te conseille de t'y entrainer régulièrement pour faire varier la taille des poils, aujourd'hui ce ne sera pas nécessaire.

S'il était rare de voir Alexander se laisser aller à la rêverie, il prit néanmoins quelques instants pour regarder alors à travers les carreaux de la pièce. D'ici, on avait une bonne vue sur le parc aux arbres effeuillés à cette époque de l'année. Tout y semblait un peu plus gris qu'à l'ordinaire, sans doute en raison d'un ciel couvert où ne filtrait qu'une froide lumière blanche. Quelques étudiants jouaient en bas, ou se promenaient les mains enfouies dans leurs manteaux.

- Il te faudra de longues années pour complètement maîtriser notre art, Dmitri. En vérité, c'est une discipline où ne le cesse jamais de s'améliorer, aussi ne serai-je pas vraiment en mesure de t'annoncer un jour que mon enseignement est terminé. Sans doute se soldera-t-il simplement lorsque nous nous perdrons de vue. Pour ma part, j'ai reçu des leçons tant qu'il m'est resté un ancêtre vivant, bien que sur la fin, nous travaillions de concert.

Son père, en vérité. C'était d'ailleurs la dernière chose que ce vieillard brisé par la guerre avait été capable de faire sur ces dernières heures, dessiner dans un carnet des croquis de détraqueurs, encore et encore...

Van Aken quitta finalement la fenêtre des yeux, se tournant vers le jeune homme.

- Néanmoins, rassure-toi, les bases ne sont pas si difficiles quand on connait certains secrets. Tu seras très vite capable d'expérimenter par toi même.

Et peut-être pour la première fois depuis qu'il avait rencontré Dmitri, il hocha la tête avec une expression sincèrement enthousiaste.

- Dis moi, à quoi aimerais-tu donner vie ? Une bête ? Un arbre ? Un camarade ?
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Dmitri D. van Aken

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Message(#) Sujet: Re: L'art des van Aken L'art des van Aken EmptyJeu 10 Déc - 17:59

Alexander & Dmitri / décembre 2026

« Tu ne comptais tout de même pas peindre avec tes doigts ? » Le garçon se renfrogna un peu, peinant à cacher une pointe de frustration. Il n’était pas d’une nature patiente, encore moins lorsqu’il avait l’impression que l’on se moquait de lui. « Non... » La question n’attendait pas de réponse, mais il se sentait obligé de nier, comme si le fait de ne pas le faire revenait à affirmer qu’il pensait réellement peindre avec les doigts. « Je pensais peindre avec un pinceau ! » précisa-t-il dans un même désir de clamer l’évidence, sans même remarquer que le pinceau posé sur la palette était en réalité une baguette. Il lui tendit malgré tout, et sans beaucoup plus de cérémonie, sa baguette. La perspective de s’en séparer, même un cours instant, le mettait toutefois mal à l’aise. Toute son enfance durant, il avait attendu avec impatience le jour où il allait pouvoir en avoir une, enviant ses aînés qui n’hésitaient pas à se pavaner devant lui avec la leur, quand bien même ils n’avaient pas le droit de l’utiliser en dehors de l’école. L’excitation qu’il avait depuis quelques jours à l’idée d’enfin commencer la peinture magique n’était rien comparée à celle qu’il avait eu le moment enfin venu d’aller acheter la sienne. Il était réellement devenu un sorcier en l’obtenant et il s’était très vite habitué à l’idée de l’avoir en permanence sur lui. Elle était comme un prolongement de son bras.

Se saisissant de sa baguette, l’adulte l’ensorcela sous le regard soupçonneux de son propriétaire. Lorsque Dmitri la récupéra, elle était désormais affublée d’une tête de pinceau. La légère anxiété l’avait quitté, remplacé par une touche d’amusement ; pas un instant, il n’avait imaginé utiliser sa baguette pour peindre, même si, à la réflexion, ça faisait sens. Un sourire amusé naquit sur ses lèvres. « J’aurai dû m’en douter... votre baguette vous sert déjà de canne, alors pourquoi pas de pinceau ? » Trop habitué à le voir utiliser son bâton de marche comme de baguette, il n’avait pas envisagé que celle-ci puisse être retirée de ladite canne.

Il fit machinalement passer ses doigts dans les poils du pinceau tout en écoutant les explications de son aïeul. Il opina du chef lorsqu’il lui conseilla de s’entraîner à lancer le sortilège, notant dans un coin de son esprit sa formule. « Et comment je lui redonne son aspect originel ? » demanda-t-il un peu inquiet de se retrouver coincé avec un plumeau au bout de sa baguette. Il brûlait sans doute les étapes, mais il se connaissait assez pour savoir que s’il ne posait pas immédiatement la question, l’inquiétante perspective de ne pas parvenir à annuler le sort allait le harceler toute l’après-midi.

L’aiglon prit finalement place sur le tabouret de libre, buvant les paroles de l’homme. Il gardait un silence attentif semblable à celui qu’il avait durant les cours, ce qui lui conférait un air sage qui contrastait avec l’attitude d’ordinaire plus belligérante qu’il adoptait lorsqu’ils étaient en tête à tête. Le discours de son grand-oncle était pourtant bien différent de ses habituels enseignements, faisant naître chez l’enfant une légère appréhension mêlée à une impatiente fébrilité. « Pour ma part, j'ai reçu des leçons tant qu'il m'est resté un ancêtre vivant, bien que sur la fin, nous travaillions de concert. » S’il savait déjà qu’il était de tradition, dans la famille, de transmettre de générations en générations l’art de la peinture magique, entendre Alexander évoquer sa propre expérience rendait cet héritage plus concret et par là-même, plus intimidant. Il avait d’un coup l’impression de sentir le poids du regard d’ancêtres dont il avait tout juste conscience de l’existence. « Néanmoins, rassure-toi, les bases ne sont pas si difficiles quand on connait certains secrets. Tu seras très vite capable d'expérimenter par toi même. » Cette dernière remarque sonnait comme une agréable promesse à ses oreilles ; sa nature impatience le rendait particulièrement propice à la frustration, d’autant qu’il n’aimait pas avoir l’impression de stagner.

« Dis moi, à quoi aimerais-tu donner vie ? Une bête ? Un arbre ? Un camarade ? » Il s’était déjà amusé à dessiner certains de ses camarades, tantôt dans certains cours particulièrement propices aux gribouillages, tantôt dans sa salle commune ou dans le parc. Il ne comptait plus le nombre de portrait qu’il avait d’eux ; il devait sans doute en avoir au moins un pour chacun de ses compagnons de classe, deuxième année comprise. Il était toutefois un peu intimidité à l’idée de s’y atteler devant le maître des potions. Dmitri avait un ardent désir de faire ses preuves, tout particulièrement dans un domaine où aucun de ses frères et sœurs n’avaient eu la possibilité de faire leurs armes ; c’était là la première fois qu’il pouvait réellement se distinguer d’eux et avait donc peur de se montrer décevant, craignant que son grand-oncle se dise qu’il lui aurait mieux fallu transmettre ses connaissances à un autre de ses petits-neveux. « Je vais peindre un camarade » répondit-il après quelques secondes d’hésitation. Il y voyait une forme de défi ; expérimenter en peignant un arbre lui paraissait être la solution de facilité. S’attaquer à un être humain doté de singularités était bien plus stimulant, quoi qu’il n’eût pas réellement besoin de ça pour se sentir galvanisé.

S’il était jusque-là resté silencieux et attentif, laissant l’enseignant parler sans l’interrompre, il ne résistait pas à la tentation de le questionner ; il prit les devants sans lui laisser le temps de reprendre la parole et désigna le chevalet recouvert d’un tissu. « C’est votre peinture ? » Il avait déjà vu des tableaux peints par son tuteur, mais il avait toujours été curieux de le voir à l’œuvre, curiosité qui s’était accrue en l’entendant évoquer son propre apprentissage de la discipline.
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Message(#) Sujet: Re: L'art des van Aken L'art des van Aken EmptyJeu 10 Déc - 20:37

Tous les enfants aimaient la métamorphose, Dmitri n'y faisait certainement pas exception. Pouvoir changer les objets du quotidien, leur donner toute sorte de forme, les modifier à sa guise, était vu par de nombreuses personnes comme l'aboutissement des arts sorciers, la véritable expression de leur pouvoir et de leur emprise sur le monde. Certes changer le bout d'une baguette en pinceau n'était peut-être pas la chose la plus impressionnante qui soit mais enfin, si c'était utile...

A la remarque de son petit-neveu sur sa canne, van Aken hocha la tête. L'idée n'était pas de lui, bien sûr, depuis des siècles les sorciers avaient incorporés leur baguettes dans toute sorte d'objets divers, soit par effet de mode soit dans le but de tromper leurs ennemis. Concernant Alexander, c'était un peu des deux, même s'il était maintenant de notoriété publique qu'il projetait ses sortilèges à travers sa canne, mu par une sorte de coquetterie bourgeoise, il avait pris goût à cet air sage et distingué qu'elle lui procurait. Au demeurant, c'était bien utile pour donner un petit coup dans les chevilles de ceux qui n'avançaient pas assez rapidement dans les couloirs.

- C'est ton grand père qui l'a réalisé pour moi, savais-tu ? Ollivander vend d'excellentes baguettes c'est certain mais j'ai toujours préféré Gregorovitch pour la sculpture.

Puis de nouveau il acquiesça à la question de Dmitri, comme s'il lui tenait à coeur d'en valider la pertinence, avant de récupérer sa propre baguette.

- Comme la plupart de tes sortilèges, ainsi : finite.

Un coup donné dans le vide et les poils disparurent. Van Aken répéta ensuite le même processus à l'envers, retransformant la baguette en pinceau.

Avec une certaine satisfaction, le professeur pouvait constater que Dmitri se montrait cette fois sage et attentif. Une attitude qui n'avait pas toujours été au rendez-vous durant leurs entrevues depuis la rentrée, même si globalement la plupart des autres enseignants se montraient assez élogieux envers lui. Mis à part Duncan, personne ne s'était plaint, ou personne n'avait osé ce qui signifiait bien que rien de très grave n'avait eut lieu.

Il entreprit donc de se lancer dans un peu de contexte et quelques explications générales sur la pratique. Erudit, le professeur aurait pu parler des heures de l'art de la peinture vivante à travers l'Histoire et sans doute y consacrerait-il quelques séances à l'occasion, pour l'heure, un sursaut de pédagogie - ou de lucidité - lui avait fait admettre que, comme pour les potions, il ne fallait jamais rester trop loin de la pratique. On n'apprenait bien qu'en se retroussant les manches, ce qu'il fit d'ailleurs pour se retrouver en bras de chemise.

A sa dernière question, il avait senti Dmitri hésiter un peu, pour finalement déclarer avec assurance qu'il peindrait un camarade.

- Bien, au moins tu ne te caches pas derrière ton petit doigt.

L'ambition n'était jamais un défaut, c'était le manque de jugeote qui en était un. Si son petit-neveu se pensait capable d'attaquer immédiatement l'esquisse d'un être humain, van Aken ne l'en dissuaderait pas. De toute façon, au vu de l'intelligence de certains, élève ou plante verte, la différence n'était pas toujours très saillante.

Lentement, porté par une dynamique qui lui était encore inconnue jusque là, le professeur s'était laissé aller à remonter les années, se revoyant lui-même, la première fois qu'on lui avait vraiment mis un pinceau entre les mains. A un demi-siècle d'écart, le flambeau était en train de passer à nouveau, des millénaires d'expérience de van Aken se transmettaient à cet instant précis et il en sentit un grande excitation.

Au point de s'oublier quelques secondes ce qui laissa à Dmitri l'occasion de poser une question. Le portrait, bien sûr, c'était intrigant, même s'il ne l'avouerait pas, Alexander avait tout de même un petit goût pour la mise en scène et les effets d'annonce. Il les pratiquait souvent durant ses cours, y voyant un moyen plaisant d'allumer au moins pour quelques instants une petite flamme d'intérêt dans le regard de ses élèves.

- En effet, elle n'est pas encore terminée.

Il approcha lentement sa main du bas du tissu et d'un geste le fit voler en arrière, dévoilant effectivement une toile inachevée. Au milieu d'un fond blanc, sans buste et sans bras, une tête et un cou semblaient flotter dans ne absence de décor. Une tête connue : celle d'Arthus van Aken.

- J'ai pensé que tu pourrais peut-être m'aider. Après tout, Arthus n'est pas que le vieux monsieur mondain que je croise désormais une fois l'an. Il eut un sourire amusé. Il m'a bien fourni quelques souvenirs mais je ne fais pas dans la propagande familiale, croiser les points de vue ne peut être que bénéfique.

Van Aken détourna son regard du portrait et se tournant vers Dmitri, la tête suivit son mouvement. Elle avait un regard relativement inexpressif, un peu mou et rêveur. Quand elle vit le jeune homme, elle sourit.

- Bonjour...

- Il n'a pas encore vraiment de personnalité, cela s'affinera petit à petit.

Puis, achevant de pivoter, le professeur tourna finalement le dos à la toile et se pencha au dessus des nombreux petits pots qui chauffaient à côté d'eux.

- La première étape d'une peinture et de lui poser une base, un "ton" général qui viendra chapeauter les détails. Cela passe par les couleurs et les sortilèges qui leur sont associées. Certains de tes ancêtres faisaient apparaitre directement les pigments au bout de leur baguette tout en peignant mais je suis de la vieille école et je préfère les préparer à part.

Il leva un doigt, professoral.

- Néanmoins cela ne signifie pas que nous ne retoucherons plus à nos couleurs, il faudra nuancer les préparations tout au long de notre travail.

Les couleurs... n'en étaient pas vraiment. Ou du moins pas seulement. Tout d'abord il se révélait assez difficile de les identifier clairement puisqu'elles semblaient en permanence changeantes, presque... vivantes. Ensuite, à les regarder s'en échappait en vérité moins une image qu'un sentiment, comme si plus qu'aux yeux les couleurs se révélaient au cœur. Un bleu joyeusement mélancolique, une sorte de rouge dynamique et naïf, du vert profond et fébrile. Il semblait qu'on trouvait dans ces pots presque toutes les nuances de caractère et d'émotions qui soient, or ce n'était pas possible, il n'y avait pas tant de pots que cela, et pourtant...

- Avant de choisir, rappelle-toi que nous ne faisons pas de la photographie. Aussi réalistes soient nos portraits, nous y mettons toujours une part de subjectivité. Le camarade que tu souhaites peindre, la seule chose dont tu dois te soucier, c'est de la couleur qui te semble faire écho en toi lorsque tu te le représentes.
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Message(#) Sujet: Re: L'art des van Aken L'art des van Aken EmptyMar 15 Déc - 18:07

Alexander & Dmitri / décembre 2026

« C'est ton grand père qui l'a réalisé pour moi, savais-tu ? Ollivander vend d'excellentes baguettes c'est certain mais j'ai toujours préféré Gregorovitch pour la sculpture. » Un étrange sentiment de fierté fit battre son cœur un peu plus vite. Il s’agissait d’une sensation qu’il ne parvenait à s’expliquer, lui qui était toujours si prompt à critiquer ses aïeux. Ce n’était pourtant pas la première fois qu’il sentait montrer en lui quelque passion familiale ; en cours d’histoire de la magie ou même face à Zeynep, lorsqu’il en était venu à défendre sa famille contre les propos de la poufsouffle. Et pourtant, il en revenait inexorablement à pester intérieurement contre ceux qui partageaient son sang. « Non, je ne savais pas » répondit-il d’un ton neutre, avant d’enchaîner avec plus de hardiesse : « Ma baguette vient de chez Gregorovitch ! » Il avait insisté pour aller l’acheter avant de quitter Prague, trépignant trop d’impatience pour accepter d’attendre quelques semaines supplémentaires, le temps d’aller à Londres s’enquérir de toutes les fournitures nécessaires à sa scolarité. De fait, au-delà du travail de son grand-père, il avait également en lui un orgueil empreint d’un certain patriotisme, qui n’était guère plus que le fruit d’un dépaysement et d’un rejet de principe de ce que pouvaient produire les anglo-saxons.

S’armant de sa propre baguette, Alexander donna un coup dans le vide pour lui redonner son aspect originel. Une fois de plus, le garçon hocha la tête en signe de compréhension, le laissant sagement poursuivre ses explications. Il lui était bien plus aisé de le laisser parler sans se montrer dissipé lorsqu’il s’agissait d’un sujet qui l’intéressait. Mu par la curiosité, il n’avait toutefois pu s’empêcher de questionner son grand-oncle sur la peinture que cachait le voile blanc. Celui-ci retira le tissu, dévoilant un portrait encore inachevé de son frère, le grand-père de Dmitri. « Il m'a bien fourni quelques souvenirs mais je ne fais pas dans la propagande familiale, croiser les points de vue ne peut être que bénéfique. » Le garçon ne put s’empêcher d’hausser un sourcil. Il n’avait pas oublié les premières révélations qu’il lui avait faites sur la peinture magique et sur l’usage de certains souvenirs bien particuliers. « Ah bon ? Vous n’avez jamais utilisé des souvenirs plus anciens de quelqu’un pour donner une image plus... acceptable ? » Une fois n’est pas coutume, il ne cherchait pas particulièrement la provocation. De son ton émanait une réelle curiosité, quoiqu’il fût légèrement mordant, comme une sorte de passif-agressif dont il usait inconsciemment.

« Si vous voulez mon avis, il est bien mieux comme ça... » fit-il du tac au tac en regardant la tête un peu molle de son aïeul le saluer d’une voix morne. Il avait parlé sans vraiment réfléchir, laissant cette pensée franchir la frontière de ses lèvres, comme s’il se sentait obligé de compenser d’une pointe d’amertume la fierté ressentie, quelques instants plus tôt, à l’égard de son grand-père. Il ne nourrissait pourtant pas la même animosité à l’égard du patriarche de la branche tchèque des van Aken qu’à celui de son père, ce dernier ayant été particulièrement sévère avec ses enfants, là où Arthus pouvait presque passer pour conciliant. Mais puisqu’il était le chef de la famille, il portait en lui tous les reproches que le benjamin pouvait faire à ses aïeux et il ne s’en privait pas. « Et pour être tout à fait honnête, je ne suis pas certain qu’il apprécierait mon point de vue. »

Suivant du regard le mouvement de son grand-oncle, l’aiglon porta son attention sur les pots en terre. Il fronça les sourcils alors qu’il regardait la peinture présente dans les récipients avec suspicion. Son regard laissa soudain transparaître un mélange d’étonnement et d’avidité en voyant leurs contenus. Cette vision était presque hypnotique tant il avait l’impression de pouvoir indéfiniment regarder les couleurs qui s’étalaient devant lui sans s’en lasser. Nul besoin d’être familier avec la peinture pour réaliser qu’il ne s’agissait pas de simples pigments, ce que lui confirma d’ailleurs son aïeul. « Les sortilèges associés aux couleurs ? » répéta-t-il, intrigué. « Qu’est-ce que vous avez fait pour qu’elles soient... » Il hésita, cherchant le mot approprié. « ... si vivante ? » Il s’agissait bel et bien de ça ; si l’art de la peinture magique consistait à donner vie à un tableau, cela semblait également passer par des couleurs qui n’en étaient pas réellement, comme si une réelle volonté les animait. Il releva les yeux vers Alexander, se remémorant les paroles qu’il avait eues auparavant. « Vous y avez déjà dilué des souvenirs ? »

Désireux de montrer ce dont il était capable, et fortement poussé par cette impatience incessante qui faisait partie intégrante de lui, il avait choisi de peindre un humain. Un défi peut être ambitieux, mais qui touchait directement au cœur de l’art des van Aken ; avec un arbre ou une créature quelconque, il aurait eu l’impression de perdre du temps. Il n’avait pas eu besoin de réfléchir à la question de savoir lequel de ses camarades il comptait représenter. La réponse s’était presque imposée à lui comme une évidence lorsque ses yeux s’étaient posés sur les différentes couleurs ; puisqu’il ne s’agissait pas seulement de faire une copie conforme de la personne, mais bien plus d’en représenter les émotions, il lui fallait choisir quelqu’un qu’il connaissait assez bien. Et le choix demeurait enfin de compte assez limité : s’il n’était pas d’une nature renfermée, il demeurait assez indépendant pour se satisfaire d’une certaine forme de solitude et n’avait, de fait, pas particulièrement cherché à nouer des relations très intimes avec beaucoup de monde. Parmi ses quelques fréquentations, les deux serpentards étaient trop taiseux pour qu’il estime être capable de les cerner assez bien. Ne restait donc plus qu’Amaïa et puisque leur rencontre avait été placé sous le signe de leur attrait commun pour le dessin, il pouvait presque y voir comme le signe du destin. Il se sentait étrangement proche d’elle, et pas seulement en raison de cette même fibre artistique ; sans réellement pouvoir mettre des mots dessus, il avait perçu en elle une brutalité qui n’était pas sans lui rappeler son propre caractère belliqueux, si bien qu’il lui semblait s’être trouvé devant un miroir déformant.

En proie à une excitation un peu fébrile, il entreprit de remonter minutieusement les manches de sa chemise, comme si le fait de se concentrer sur un geste aussi machinal l’aidait à mettre en ordre ses idées. Il balaya du regard chacune des couleurs présentes dans les pots de terre, cherchant celle qui lui semblait convenir le mieux pour servir de base. Le rouge attira de prime abord son attention, mais ce fut finalement sur un orange, qui lui évoquait une joie simple, sans fioriture, mêlée à une pointe d’agressivité, que son choix se porta. « J’ai fait mon choix » déclara-t-il finalement, en indiquant d’un geste le orange qu’il avait repéré.
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Message(#) Sujet: Re: L'art des van Aken L'art des van Aken EmptyLun 4 Jan - 15:19

- Ma baguette vient de chez Gregorovitch !

Le professeur hocha la tête. Cela ne l'étonnait pas. Déjà parce que personne ne l'avait sollicité pour participer à une sortie familiale chez Ollivander, ce qui aurait été impoli, mais surtout car pour connaitre Arthus, son frère avait certainement trop de fierté pour confier son petit fils aux mains d'un artisan concurrent. De sorte que, comme pour la peinture de tableaux vivants, les baguettes restaient une histoire de famille et l'on évitait ainsi de laisser quelque clan rival faire un peu trop intrusion dans leurs affaires. Contrairement à d'autres vieilles lignées parfois plus riches ou plus redoutées, les van Aken avaient toujours fait preuve d'une certaine discrétion sur leurs pratiques et leurs ambitions, restant naturellement dans l'ombre des intrigues de la Haute Société sorcière et préservant des relations cordiales avec tous les partis à la fois. Leur dernier coup d'éclat : le ralliement d'une partie de la famille aux mangemorts, avait bien failli faire s'effondrer en une décennies un pouvoir qui avait pris des siècles à se bâtir et il s'en était fallu de bien peu que l'art des van Aken ne disparaisse avec ses derniers représentants.

Cet art, il convenait donc de le préserver. De le transmettre. C'était cela qui se jouait ici, dans cette pièce, une opération vitaliste, régénérante pour un vieux nom en péril, presque comme un rituel de sang, sauf qu'on échangeait du savoir et non des serments ou de l’hémoglobine. Aussi, le professeur ne pouvait s'empêcher de se montrer enjoué, sentant comme résonner au plus profond de sa chaire l'Histoire qui s'écrivait et projetant sur Dmitri, quand bien même le jeune homme soit parfois dur à vivre, tous les espoirs déçu d'une génération et la satisfaction d'avoir trompé la ruine et la désolation.

Ne laissant pourtant rien paraitre, si ce n'est une certaine énergie qui contrastait avec sa flegme froide habituelle, il entreprit donc de montrer au jeune homme les gestes basiques : faire apparaitre et disparaitre un pinceau, et lui prodigua quelques conseils sur la façon de choisir ses modèles. Joignant le geste à la parole, à la demande de Dmitri, le professeur avait dévoilé son propre travail, révélant le visage d'Arthus van Aken encore vierge de toute personnalité. Si le garçon parut d'abord intrigué par l'image il n'avait pas pour autant laissé de côté son sens de la répartie.

- Ah bon ? Vous n’avez jamais utilisé des souvenirs plus anciens de quelqu’un pour donner une image plus... acceptable ?

Van Aken eut un sourire sombre. Le gamin avait bonne mémoire, cela avait au moins le mérite de le rassurer quant au fait que ce qu'il lui racontait ne tombait pas dans l'oreille d'un sourd.

- Si vous voulez mon avis, il est bien mieux comme ça... Et pour être tout à fait honnête, je ne suis pas certain qu’il apprécierait mon point de vue.

Le sourire se mua en un rire léger.

- Cela ne m'étonne qu'à moitié. Mais acceptable n'est pas le mot, Dmitri. Plus appropriée, parfois, je te l'accorde. Nous ne peignons pas pour les morts, nous peignons pour les vivants. Qu'importe qu'Arthus n'apprécie pas certains traits de sa personnalité, c'est à ses fils et petit-fils que cette toile sera léguée et c'est eux qu'elle devra conseiller et instruire dans les prochaine décennies.

Pensif, il laissa glisser ses doigts dans sa barbe courte. Le vieil homme avait bien conscience que ce n'était pas complètement répondre aux interrogations du jeune homme et prit un instant pour se demander si cela valait le coup d'aborder ce sujet si tôt. D'un autre côté s'il devait instruire Dmitri sur son art, il était certainement nécessaire de lui en expliquer certains enjeux, quand bien même ce-dernier les comprendrait plus tard.

- Choisir d'omettre certaines choses est parfois nécessaire. La peinture est toujours une subjectivité, un point de vue qui répond à des enjeux circonstanciés, sinon nous ferions de la photographie. Mais il ne faut pas voir cela comme une malversation, le silence peut être éloquent : il témoigne indirectement des drames ou des besoins d'une époque.

Il eut une pensée pour sa propre galerie des portraits.

- Tu auras certainement remarqué que nos ancêtres les plus éloignés font parfois d'étranges obsessions sur des choses qui aujourd'hui nous sembleraient futiles. Untel te reprochera toujours de ne pas rentrer ta chemise dans ton pantalon alors qu'il aurait certainement été plus pertinent de partager son savoir en sortilèges. Mais à son époque, la bonne tenue comptait tout autant que les formules magiques.

Il eut un bref regard mi-réprobateur mi-moqueur vers son petit neveu.

- Enfin que ça ne t'encourage pas à être débraillé.

Le professeur dévoila les peintures. Dans ce domaine, rien n'égalait la pratique et les plus grands peintres avaient toujours débuté avec des formes grossières et des aplats pâteux. Se reculant légèrement sur son tabouret, il laissa à Dmitri le temps nécessaires pour contempler l'intérieur des pots. Cela faisait toujours son petit effet, la première fois, et même après tout ce temps le maître des potions se perdait parfois quelques secondes dans la contemplation d'une huile particulièrement évocatrice ou qui lui rappelait une vieille connaissance. Cette simple vision pouvait certaines fois suffire à motiver un portrait.

Observant avec satisfaction la réaction du jeune homme, il secoua la tête amusé.

- Non pas encore. Je pense de toute façon que tu n'apprécierais pas que le portrait de ton camarade se révèle avoir la personnalité d'Arthus ?

Quand Dmitri eut choisi la peinture qui correspondait le plus à son idée, van Aken attrapa le pot délicatement, non sans y jeter un coup d’œil curieux.

- Puis-je te demander qui tu comptes peindre ?

En demandant cela, il fit sortir un peu de l'orange et vint le déposer sur une palette vierge qu'il tendit au jeune homme avant de se tourner vers la toile.

- Bien. Il me semble que tu connais déjà les proportions du corps humain ? Ton orange va servir à les tracer, il servira de "squelette".
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Message(#) Sujet: Re: L'art des van Aken L'art des van Aken EmptyDim 24 Jan - 22:20

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Si l’ambiance était plus paisible cette fois-ci qu’elle avait pu l’être en d’autres occasions entre les deux van Aken, l’atmosphère plus détendue ne parvenait toutefois pas à ôter au plus jeune toute envie de badiner un peu. C’était pour lui un réflexe presque aussi naturel que de respirer, aussi n’hésita-t-il pas à remettre sur le tapis une discussion antérieure, glissant au passage une petite remarque acerbe sur son grand-père. « Qu'importe qu'Arthus n'apprécie pas certains traits de sa personnalité, c'est à ses fils et petit-fils que cette toile sera léguée et c'est eux qu'elle devra conseiller et instruire dans les prochaines décennies. » Est-ce qu’il avait réellement envie de bénéficier des commentaires du patriarche tchèque même dans sa mort ? Rien n’était moins sûr. Les bons souvenirs que Dmitri gardait de lui semblaient remonter à un temps assez lointain, très court en réalité à l’échelle d’un adulte mais une éternité pour un enfant. Il s’agissait pour la plupart de réminiscences d’une époque où il était encore trop jeune pour réellement se rebeller, quoiqu’en la matière il ait été plutôt précoce. Ces vestiges d’une enfance paisible et obéissante étaient de ceux qui le rendaient fier lorsqu’était évoqué le savoir artisanal d’un membre de sa famille. Sans doute était-ce également ça qui avait façonné en lui cette petite fibre artistique qu’il s’apprêtait à développer. Si Arthus van Aken n’était pas lui-même versé dans l’art de la peinture vivante, il n’avait pourtant jamais négligé de transmettre à ses petits-enfants la connaissance de cet héritage.

« Mais il ne faut pas voir cela comme une malversation, le silence peut être éloquent : il témoigne indirectement des drames ou des besoins d'une époque. » Les yeux du garçon quittèrent un instant l’ébauche de portrait pour s’attarder sur son aïeul de chair et de sang. L’adulte avait un certain don pour attiser avec force sa curiosité naturelle et éveiller en lui des questionnements qui n’étaient pas toujours des plus heureux. Ils en savaient quelque, chose des silences, chez les van Aken, mais il ne les trouvait pas assez éloquents à son goût. Trop de mystères planaient autour d’eux, et ces zones d’obscurités, exacerbées par son indéniable immaturité, lui laissaient une certaine frustration.

Frustré, il ne l’était d’ailleurs pas moins à mesure qu’il écoutait le professeur. Si celui-ci était plus enclin que ses parents à lui consacrer du temps pour répondre à ses questions, ça ne faisait qu’accentuer ses appétences, comme s’il tentait d’étancher sa soif avec de l’eau salée qui, en fin de compte, ne la rendait que plus intense. Mais l’heure ne se prêtait pas aux jérémiades ; même lui admettait qu’il y avait un temps pour les conflits et un pour l’écoute. Seule une discrète agitation témoignait de ses élans séditieux, un changement de comportement à peine perceptible pour quelqu’un qui ne le connaissait pas mais qui n’échapperait sans doute pas à un regard averti et attentif. Cette attitude se mua brièvement en une moue irritée lorsque le maître des potions évoqua les obsessions de certains tableaux.

Il voyait parfaitement duquel de leurs ancêtres il parlait, et pour cause, il en avait déjà fait les frais à plusieurs reprises. C’était bien facile, pour lui, de venir le reprendre sur sa tenue alors qu’il était une peinture qui n’avait, de fait, plus à subir les désagréments du vent ou des bousculades agitées dans les escaliers bondés de l’école au sortir du repas. Sans doute était-il un tantinet susceptible : il devait ça à sa mère qui, les années passant, était devenu quelque peu maniaque et n’avait eu de cesse de le sermonner dès qu’il avait une mèche de cheveux qui rebiquait un peu trop. Mais il était assez difficile de lui reprocher ; avec sept enfants à éduquer, il fallait savoir faire montre de poigne et de rigueur pour ne pas se retrouver avec une maisonnée sens dessus-dessous. Pour turbulent qu’il était, le benjamin s’était toutefois toujours montré docile s’agissant de sujets aussi futiles que l’apparence ; vu de l’extérieur, il paraissait être un enfant bien propre sur lui, peut-être même un poil guindé. Hormis ses cheveux, qu’il avait laissé pousser plus que d’accoutumé à présent que sa génitrice n’était plus là pour décréter quand et comment les couper, il n’y avait nulle trace de relâchement chez lui. Même loin de toute remontrance de sa mère, les habitudes étant bien ancrées, il demeurait soigneux et méticuleux et prenait donc avec trop de cœur les petites piques anodines du tableau. « Celui qui a peint ce tableau s’est donc dit que montrer qu’il était très à cheval sur la tenue était une chose importante à transmettre aux générations suivantes ? Quel sens de priorité. » railla-t-il avec son habituel ton goguenard.

S’il semblait s’attarder sur la mention d’un ancêtre un peu trop porté sur la tenue vestimentaire, le jeune tchèque se surprit pourtant à se demander ce qui, chez son grand-père, mériterait le plus d’être souligné. Il se prenait petit à petit au jeu et après tout, s’il était nécessaire de discerner quelle facette du modèle était la plus appropriée, se pencher sur le cas de son aïeul ne pouvait qu’être bénéfique à son apprentissage. « Et donc, quels sont les enjeux et besoins de notre époque auxquels le tableau de mon grand-père devra répondre ? » Il avait comme une petite idée. « Si c’est pour l’entendre dire à longueur de journée à quel point la technologie est vulgaire, je passe mon tour... »

Finalement, son regard se désintéressa de l’ébauche de tableau pour s’intéresser aux peintures que le maître des potions venait de dévoiler. Si les différentes couleurs qui se dévoilaient à lui ne laisseraient pas même le plus aigri des personnages indifférent, son regard d’enfant le rendait facilement impressionnable et prompt à s’émerveiller. « Non pas encore. Je pense de toute façon que tu n'apprécierais pas que le portrait de ton camarade se révèle avoir la personnalité d'Arthus ? » Les joues du garçon s’empourprèrent légèrement. L’image d’une Amaïa parlant comme son grand-père lui vint à l’esprit. Il secoua la tête, tant pour confirmer qu’il ne le souhaitait pas que pour chasser symboliquement cette vision quelque peu perturbante.

Après un moment de réflexion, il lui indiqua la peinture de son choix. « Puis-je te demander qui tu comptes peindre ? » Il ne répondit pas immédiatement, observant avec intérêt son grand-oncle préparer la peinture qu’il lui avait préalablement désigné. « Amaïa Sawner » indiqua-t-il finalement, avant de rajouter, comme s’il se sentait obligé d’expliquer son choix : « C’est celle que je connais le mieux, comme on est dans la même maison... » Et que les autres camarades dont il était assez proche n’étaient pas des plus bavards. L’aiglon scruta une fois plus son aïeul, guettant sa réaction, avant de se saisir de la palette qu’il lui tendait et passer son pouce dans l’interstice prévu à cet effet. Le contact froid, contre la paume de sa main, de l’objet en bois rendait un peu plus réel les prémices de cet apprentissage qu’il avait attendu avec tant d’impatience depuis son arrivée en Écosse. Quelques mois, à l’échelle d’un enfant de tout juste onze ans, paraissaient presque une éternité.

Il opina du chef à l’écoute des instructions d’Alexander, tournant son regard vers le chevalet encore vierge de toute peinture. Prenant un peu de temps pour soupeser sa baguette nouvellement affublée d’une tête de pinceau, il la trempa dans la pâte orangée avec une minutie toute particulière. Il en essuya légèrement le bout sur le bord de la palette, ne gardant que ce qui lui était nécessaire pour une première esquisse. À présent que les choses sérieuses commençaient enfin, il sentait son cœur palpiter un peu plus fort ; son enthousiasme rendait sa concentration plus ardue et seule une appréhension discrète mais tenace parvenait à calmer cette frénésie.

Dessiner était une chose, peindre en était une autre. Des gestes qui lui paraissaient presque naturels d’ordinaire semblaient plus complexe à effectuer avec un pinceau, du moins pour quelqu’un qui comme lui était plus habitué au fusain qu’à la peinture à huile. Minutieusement, il entreprit de tracer une première ébauche de silhouette, se limitant pour l’heure, à l’instar du portrait de son grand-père, au buste. Il s’affaira ainsi quelques minutes dans un silence presque religieux ; pour une fois, il ne prenait pas les choses à la légère et était bien déterminé à montrer à son tuteur qu’il ne perdait pas son temps en lui apprenant l’art de la peinture vivante. Toutefois, alors qu’il trempait une nouvelle fois la tête de pinceau dans la peinture, il leva les yeux vers l’adulte. « Dites... je suis le premier à qui vous enseignez la peinture vivante ? » Il savait, après tout, qu’il avait lui-même appris auprès d’un ascendant, mais puisqu’il n’avait pas d’enfants et que ses cousins étaient vraisemblablement morts jeunes, ça limitait grandement les détenteurs potentiels de l’art familial.
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Message(#) Sujet: Re: L'art des van Aken L'art des van Aken EmptyJeu 28 Jan - 16:57

C'était le propre de la jeunesse de manquer parfois d'un peu de recul sur les choses. Fort de plus de soixantes années sont aîné, Alexander connaissait l'importance du temps long et comme ses tableaux qui prenaient forme non pas d'un seul trait affirmé mais par la myriade de petits coups de pinceaux, l'histoire des van Aken s'était construite par l'accumulation des souvenirs dans leurs portraits vivants. Il était naturel que Dmitri ne perçoive pas encore l'ampleur de ce à quoi il allait être amené à participer, le projet de multiples générations qui trouverait un jour sa conclusion entre les mains d'un sorcier particulièrement doué. Le garçon pouvait bien ironiser aujourd'hui sur l'intérêt de préserver d'un ancêtre son obsession pour les chemises repassées, ce-dernier contribuait, comme tous les autres, au trésor familial et à sa puissance.

- Et pourquoi pas ? répondit Alexander d'un ton presque amusé. Peut-être Marius avait-il une personnalité si inintéressante que c'est l'unique chose qu'on ait jugé utile de retenir de lui...? mais as-tu pris le temps de vraiment vérifier en discutant ? Tu pourrais être surpris.

En l’occurrence, non. Marius van Aken ne s'illustrait vraiment que dans sa connaissance quasi maladive de l'étiquette et allez-savoir pourquoi une obsession pour les équipes nationales écossaises de polo à dos d'Ethonan. C'était des savoirs très ennuyeux et il fallait bien avouer que cet ancêtre n'était pas le plus intéressant ni brillant qu'ait connu la famille, mais son nom lui avait valu sa place sur le mur et rien que pour cela on lui devait un minimum de respect.

- Et donc, quels sont les enjeux et besoins de notre époque auxquels le tableau de mon grand-père devra répondre ? Si c’est pour l’entendre dire à longueur de journée à quel point la technologie est vulgaire, je passe mon tour...

Van Aken retint un soupire agacé et échangea un rapide coup d’œil avec le visage d'Arthus qui ne semblait même pas comprendre qu'on parlait de lui. Dmitri avait un don certain pour la provocation.

- Si seulement tu utilisais la moitié de ton esprit pour des choses utiles, tu serais déjà un très grand sorcier Dmitri. Lâcha-t-il froidement avant de reprendre d'un ton plus pensif. J'ai cette intuition qu'Arthus vient marquer une certaine transition entre les époques. Nous avons assisté à l’ascension et la chute du Seigneur des Ténèbres qui a presque provoqué la fin de notre famille, tu le sais... Les temps changent, les cartes sont en train d'êtres redistribuées et dans ce clair-obscur il nous appartient de veiller à ce que les passions les plus délirantes ne viennent pas mettre à bas ce que la nature a mis des générations à bâtir.

Il avait parlé le regard dans le vague mais arrivant à cette conclusion se tourna vers le jeune homme.

- Voila pourquoi ton aide me sera précieuse. Je cherche à créer une certaine couleur, représenter l'ambiguité du temps qui passe et un rappel de la fragilité de ce que nous pensons acquis. Sans cette teinte, Arthus ne saurait être représenté dans toute sa complexité.

Mais la séance d'aujourd'hui restait une introduction. Ils auraient largement le temps d'étudier la confection des pigments une autre fois, pour l'heure Alexander était avant tout curieux du travail que s'apprêtait à réaliser son petit-neveu. Autant parce qu'il désirait en savoir un peu plus sur les centres d'intérêts du garçon que parce que cela lui permettrait de jauger un peu plus précisément son niveau actuel en dessin. Maxmilian lui avait assuré que son fils avait déjà toutes les bases nécessaires et de ce qu'Alexander avait pu voir de ses croquis, en effet Dmitri ne semblait pas avoir de problèmes avec les proportions et autres savoirs techniques. Restait que passer du crayon ou de la plume au pinceau n'était pas toujours simple, travailler sur un chevalet non plus.

La première chose dont le professeur était curieux était donc le choix de son modèle. Ou plutôt de sa, en l’occurrence, ce qui lui fit lever un sourcil.

- Mademoiselle Sawner, alors ?

Il connaissait bien Amaïa pour l'avoir eut deux ans dans sa classe. Malgré un redoublement c'était une élève douée en potion, discrète ce qui revenait à dire polie aux yeux de l'enseignant, et plutôt volontaire. Il hocha la tête.

- Je te comprends. Les amitiés des maisons sont souvent les plus solides, elles te dureront une vie.

Évidement, à choisir il aurait préféré apprendre que Dmitri s'était rapproché de Judith Sorensen, mais enfin elle était tout de même un peu plus âgée que lui et surtout Alexander tenait à ce que son neveu fasse ses propres expériences. L'école était là pour cela, tant qu'il s'abstenait de trop trainer avec les nés-moldus on pourrait s'estimer chanceux.

- Amitié ou plus, parfois d'ailleurs. ajouta-t-il simplement en lui tendant la palette.

Chez les van Aken, comme pour toutes les grandes familles de sorciers, les questions d'union étaient regardées de près et faisaient même souvent l'objet d'une validation familiale avant d'êtres autorisées. Mais une fois n'était pas coutume, Alexander avait choisi de s'amuser du sujet n'y avait vu malice que dans le but de taquiner un peu le garçon.

Dès que celui-ci eut récupéré la palette, le maître des potions s'en retourna à sa toile. Sa palette à lui était bien plus bariolée et il se mit au travail silencieusement, apportant ici et là des touches de colère contenue au portrait de son frère. Du coin de l'oeil pourtant il restait attentif aux gestes de Dmitri, s'arrêtant parfois pour donner quelques conseils techniques : "La flexibilité du mouvement se joue autant dans les doigts que dans le poignet." ou encore "il n'est pas nécessaire que la couleur soit unie sur toute la longueur du trait, les caractères les plus forts se tracent d'un geste, les gens plus nuancés se dessinent par petites touches successives.". Le reste du travail était silencieux, il exigeait une concentration certaine ainsi que de prendre du recul régulièrement sur l'avancée de la peinture afin de ne pas laisser l'esprit divaguer.

Un moment pourtant, alors qu'il ajoutait une nuance de mélancolie dans la pupille de son frère, van Aken sentit les yeux de Dmitri qui se tournaient vers lui.

- Dites... je suis le premier à qui vous enseignez la peinture vivante ?

Doucement, il reposa son pinceau avant de se tourner vers le jeune homme.

- En effet. Il y eut un silence. Je suis le dernier dépositaire de cet art mais Patricia et moi n'avons jamais eu d'enfant.

C'était peut-être l'un des seuls profonds regrets du vieil homme, tout le reste avait été des aléas de l'existence, heureux ou malheureux, mais cette absence de progéniture lui rappelait parfois à quel point sa femme avait laissé un vide en mourant. Que restait-il de leurs grands projets de jeunesse ? Rêves et espoirs, tout cela avait été dévoré par les années et aujourd'hui il ne restait plus que lui, travaillant d'arrache-pied à s'accorder encore un sursit.

- Pourquoi cette question ?
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Message(#) Sujet: Re: L'art des van Aken L'art des van Aken EmptyLun 1 Fév - 18:05

Alexander & Dmitri / décembre 2026

Le benjamin des van Aken était loin de pouvoir se vanter de connaître tous ses ancêtres peints ; bien trop de générations se succédaient dans les tableaux, arpentant les couloirs du manoir et, pour ceux que le maître des potions avait emporté avec lui, l’école. Certains d’entre eux étaient toutefois assez notables ou, du moins, assez bruyants pour qu’il les remarques. C’était le cas de Marius van Aken, qui ne cessait de répéter inlassablement les mêmes remarques : le tchèque s’était bien rapidement lassé de l’entendre dire que sa chemise sortait de son pantalon ou que ses cheveux étaient mal peignés si bien qu’il en était venu à éviter le couloir du manoir où son portrait trônait, quitte à faire un détour. « Et pourquoi pas ? Peut-être Marius avait-il une personnalité si inintéressante que c'est l'unique chose qu'on ait jugé utile de retenir de lui...? mais as-tu pris le temps de vraiment vérifier en discutant ? Tu pourrais être surpris. » Inutile de répondre, tous deux connaissaient la réponse : Dmitri n’avait jamais adressé plus que de nécessaire la parole au tableau dont le sujet de prédilection était le respect des convenances extérieures. Les van Aken possédaient un arbre généalogique suffisamment fourni en sommités divers et variées pour pouvoir se permettre de faire la fine bouche et il préférait bien plus la compagnie des anciens propriétaires de sa chambre au manoir. « En effet, je n’ai pas vérifié... la méfiance sans doute. » Il fit semblant de réfléchir, avant de renchérir d’un ton mordant. « Après tout, qui sait, peut-être que cette manie pour les chemises bien repassées cache un autre mage noir ? Ça expliquerait au moins pourquoi le peintre ne se soit pas attardé sur ses passe-temps... et ce ne serait pas le premier de la famille. » Cette fois-ci, nul passif-agressif, la provocation était clairement assumée. Derrière une prétendue réflexion, il se contentait de répondre du tac-au-tac, laissant son impulsivité prendre la main l’espace de quelques minutes.

Continuant sur cette même lancée provocatrice, il questionna son aïeul sur le but que poursuivait l’élaboration du portrait d’Arthus. « Si seulement tu utilisais la moitié de ton esprit pour des choses utiles, tu serais déjà un très grand sorcier Dmitri. » L’enfant se pinça l’intérieur de la lèvre en un geste agacé. Il l’avait indéniablement cherché, mais n’appréciait pas pour autant la remarque. « Nous avons assisté à l’ascension et la chute du Seigneur des Ténèbres qui a presque provoqué la fin de notre famille, tu le sais... Les temps changent, les cartes sont en train d'être redistribuées et dans ce clair-obscur il nous appartient de veiller à ce que les passions les plus délirantes ne viennent pas mettre à bas ce que la nature a mis des générations à bâtir. » Il avait beau ne pas avoir connu l’ascension et la chute du Seigneur des Ténèbres, il lui semblait presque l’avoir vécu tant les conséquences de ses actions et celles de ses partisans impactaient encore aujourd’hui l’environnement dans lequel il avait grandi. Il avait abondamment entendu son grand-père en parler, de même que son propre père dont le travail au bureau des aurors faisait parfois ressurgir certaines réminiscences du mage noir. Son enfance avait été bercé par des idées parfois opposées ; une certaine rancœur due à la presque destruction des van Aken et une forte critique des moyens employés, teintée pourtant d’un respect pour les idées. Le tort des mangemorts n’était pas tant les actes que la manière dont ils avaient été exécutés. Dans cette famille qui désirait ardemment protéger une vision qui peinait à se maintenir face aux assauts des opposants, Dmitri ne savait pas où se positionner. Au-delà des incertitudes que son jeune âge rendait légitimes, il détonnait beaucoup parmi les siens et se plaisait à découvrir un monde qu’ils gardaient volontairement éloigné du leur. Qu’il s’agisse d’une simple révolte passagère ou des prémices d’une opposition bien moins puérile, il était peu à l’aise avec l’idée de participer, de quelque manière que ce soit, à cette lutte contre ce que qualifiait son grand-oncle de « passions délirantes ». L’aiglon remua légèrement sur son tabouret, laissant involontairement transparaître son malaise, mais hocha tout de même la tête. Il ne pourrait de toute façon pas y couper et la mention des couleurs et des teintes jouait le rôle d’une carotte suffisamment alléchante pour qu’il daigne taire ses doutes.

Progressivement, la discussion déviait d’ailleurs vers un sujet moins porteur de conflit et pour l’heure, bien plus important. S’il s’était permis des réflexions quelques instants auparavant, il daigna museler ses appétences belliqueuses, ce qui ne fut guère difficile dès lors qu’il se laissa émerveiller par les peintures si particulières.

« Mademoiselle Sawner, alors ? » Quand bien même il ne l’avouerait pas à haute voix, il ne se désintéressait jamais réellement de l’avis de son grand-oncle, que ce soit lorsqu’il voulait le provoquer, ou lorsqu’il cherchait son approbation. Cette fois-ci, son choix n’était pas motivé par la perspective de l’énerver ; il lui aurait été aisé de choisir un modèle plus controversé, un né-moldu particulièrement envahissant, qui sortait assez du rang pour qu’il soit jugé comme une mauvaise fréquentation. Colin était sans doute trop discret et poli pour convenir à son objectif de semer la discorde, mais Zeynep aurait peut-être pu faire l’affaire. Le souci demeurait qu’il ne connaissait pas assez la poufsouffle, qui lui avait clairement fait comprendre que son patronyme n’aidait pas à entretenir une relation amicale avec elle, du moins tant qu’il ne daignerait pas mettre de la distance entre lui et sa famille. Or, ses aspirations de velléité connaissaient une limite infranchissable : voir son apprentissage de la peinture vivante couronné de succès. Pour cela, Amaïa était le meilleur choix et tant pis s’il devait renoncer au plaisir de parvenir à provoquer une ride de colère sur le front d’Alexander. Celui-ci ne sembla d’ailleurs pas émettre de critiques en apprenant l’identité de son modèle, se contentant d’une remarque relativement anodine et d’une plus moqueuse. Les joues du tchèque s’empourprèrent, avant qu’il ne fronce les sourcils, peu certain de savoir comment interpréter ces paroles. Il n’était pas assez naïf pour croire que ses aînés le laisseront libre, le jour venu, de choisir qui il devait épouser, particulièrement s’il s’agissait d’une personne au sang impur. Il ne fit toutefois pas de remarque, saisissant la palette afin de s’atteler à une première esquisse.

D’abord hésitant, il prenait peu à peu de l’assurance à mesure que le pinceau glissait le long de la toile. Sur ce nouveau support, il devait presque réapprendre à dessiner ; il était tant excité par ce petit défi qui se révélait à lui qu’anxieux à l’idée d’échouer. Ce savant mélange d’émotions insinuait en lui une forme d’adrénaline plus paisible que celle qui l’habitait d’ordinaire dans des situations plus chaotiques. Il savourait cet instant de calme, seule forme de douceur dont il soit réellement capable de produire. Parfois, le maître des potions rompait le silence pour lui octroyer quelques instructions et conseils et, chose rare, le garçon écoutait docilement, s’efforçant d’appliquer minutieusement ses recommandations.

À l’occasion d’une pause, alors qu’il observait la silhouette qui prenait progressivement forme au fil des coups de pinceau, il se tourna vers son aïeul pour le questionner. Il était à sa charge depuis quelques mois maintenant, mais il lui semblait pourtant bien mal le connaître ; devoir réfléchir sur le caractère de sa camarade qui lui servait de modèle avait insinué en lui une envie de mieux cerner celui à qui il avait été confié. Celui-ci lui confirma être le premier qu’il instruisait. Silencieux, Dmitri l’observa quelques instants. Il ne savait pas vraiment ce qu’il cherchait à lire sur son visage, sans doute une émotion qui l’aiderait à mieux comprendre ce qui se tramait dans l’esprit de l’homme. Il enviait son legilimen de père d’être capable d’aller chercher les réponses à la source même. « Je suis le dernier dépositaire de cet art mais Patricia et moi n'avons jamais eu d'enfant. Pourquoi cette question ? » Il haussa les épaules, un peu incertain. Son regard passa de son grand-oncle au frère de celui-ci, ou du moins à son ébauche de portrait. « Pour rien... » commença-t-il d’un ton hésitant en reportant son attention sur sa peinture. Mais finalement, après quelques instants à l’observer d’un air insatisfait et cherchant vainement à se concentrer sur son travail, il daigna mettre des mots sur une préoccupation à mille lieues de la silhouette naissante de sa camarade. « C’est juste que cet art se transmet depuis plusieurs générations dans la famille et vous êtes le seul à avoir appris ? Pourquoi grand-père ne l’a pas également fait ? Ou... Martina et Gregory sont morts trop jeunes ? » Il marqua une pause, les yeux vacillants entre le tableau d’Arthus et l’ébauche de celui d’Amaïa. « Si cet héritage est si important, pourquoi avoir pris le risque qu’il disparaisse de la famille ? Aucun de mes cousins ou de mes frères et sœurs n’ont appris... il a fallu que père ait honte de moi et qu’il m’envoie ici pour que vous vous décidiez à transmettre cet art. » Il ne parvenait pas à se défaire de cette tenace rancune à l’égard de son géniteur. Depuis qu’il était en âge de se rebeller, il était en conflit avec lui et il était donc une cible facile sur laquelle faire peser toutes les déceptions qu’il traversait. Et parce qu’il était le plus jeune d’une grande fratrie et que rien ne reposait donc sur ses épaules, il avait l’impression d’être le plus négligeable, celui qui, s’il se montrait trop têtu, devait seulement être muselé pour éviter les scandales mais dont on n’avait pas à se préoccuper outre mesure. Pour la première fois de sa vie, en apprenant la peinture vivante, il lui semblait entrevoir une autre place.
(c) mars.
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Message(#) Sujet: Re: L'art des van Aken L'art des van Aken EmptyMar 9 Fév - 19:05

- En effet, je n’ai pas vérifié... la méfiance sans doute. Après tout, qui sait, peut-être que cette manie pour les chemises bien repassées cache un autre mage noir ? Ça expliquerait au moins pourquoi le peintre ne se soit pas attardé sur ses passe-temps... et ce ne serait pas le premier de la famille.

Van Aken cilla à peine mais tout ombre d'amusement mourut sur son visage. Cette discussion, si on pouvait appeler ainsi les provocations du jeune homme, ils l'avaient déjà eu. Le jour de son arrivée au Manoir en fait, et le vieux professeur pensait avoir été clair quant à sa tolérance très limitée sur ce genre de sujet. Pourtant s'il avait pétrifié Dmitri la première fois, il n'en irait pas de même aujourd'hui. Même s'il restait son grand-oncle il était entre-temps devenu également son professeur et à Poudlard ses responsabilités n'étaient plus les-mêmes. Appleton serait trop heureuse de se saisir du moindre prétexte pour lui causer des ennuis et nul doute que lancer un sortilège sur l'un des élèves dont il avait la charge, fussent-ils de la même famille, n'entrait pas dans la cadre de la bienveillance pédagogique prônée par l'école.

Mais si ce n'était que cela, encore. Van Aken avait toujours mis ses propres règles éducatives avant les idiotes progressives du Ministère et il en allait de même pour la plupart des familles de sang-pur. Non en fait, si l'on mettait de côté sa bonne humeur qui fondait comme neige au soleil, l'enseignant était également curieux. Curieux en général de cet adolescent insolant qu'il avait sous sa responsabilité mais surtout curieux de ce que Dmitri pouvait bien avoir en tête en s'aventurant ainsi sur des chemins polémiques.

- Pas le premier en effet. répondit calmement le vieil homme. Ce sujet semble te tenir particulièrement à coeur pour que tu y reviennes sans cesse malgré mes avertissements.

Son regard s'en retourna se porter sur le portrait de son frère. Ce-dernier était toujours aussi inexpressif, comme perdu dans une longue mélancolie dubitative. Van Aken donna un léger coup de pinceau sur l'un des boutons de la veste d'Arthus, y ajoutant une ombre de reflet.

- Peintures de mages noires ou mages peintres, indiscutablement certains des portraits que tu côtoies dans notre Manoir ont une sombre histoire. Pourtant, malgré toute ta finesse d'esprit, si je t'en présentais un demain tu serais incapable de le reconnaitre en vérité.

Furtivement, son regard s'arrêta sur le jeune homme avant de revenir à la peinture.

- En fait, je ne pense même pas que tu sois bien capable de définir exactement ce que l'on appelle magie noire.

Il posa son pinceau sur sa palette et la palette à côté de lui. Essuyant ses mains pourtant immaculée dans un chiffon, il se tourna cette fois plus franchement vers Dmitri. Van Aken ne donnait pas le sentiment d'être en colère mais il n'y avait pas une once de chaleur dans ses paroles.

- N'est-ce pas paradoxale ? Tant de jugement, de colère et de suspicion pour une chose qui te dépasse infiniment ? Il marqua une pause. Un sourire sans joie apparut et mourut sur son visage. Le professeure Thorstein t'enseignera ce qu'il y a à savoir, ne t'en fais pas. C'est une jeune femme très qualifiée. Néanmoins à l'avenir sur ces sujets je te recommanderai chaudement de tenir ta langue un peu plus et d'ouvrir tes oreilles un peu mieux. Tu es un van Aken, ton histoire est vieille de plus de deux-mille ans, celui qu'on qualifierait aujourd'hui de mage noir était peut-être à son époque un bienfaiteur du monde sorcier aussi suspend tes jugements juvéniles et apprend à poser des questions plutôt qu'à proférer des accusations, tu en ressortiras grandi.

Il semblait bien que leur rendez-vous dans ce couloir scellé dépassait de loin la simple leçon de peinture. Dmitri lui-même ne s'y était pas trompé et s'il avait commencé également son propre travail, suivant les conseils de son grand-oncle, il avait profité du premier moment de paix pour revenir à la charge, moins dans la provocation cette fois qu'avec une honnête curiosité.

L'histoire des van Aken en effet était trouble et le jeune homme avait raison de suspecter s'être retrouvé au coeur d'un panier de crabe plus vaste qu'on ne l'imaginait vu de l'extérieur. Arthus et Alexander étaient des gens réservés et les secrets de familles allaient bon train au sein de la hiérarchie patriarcale de la famille où les enfants n'étaient jamais conviés. Que venait donc faire le jeune homme dans toute cette affaire...?

- C’est juste que cet art se transmet depuis plusieurs générations dans la famille et vous êtes le seul à avoir appris ? Pourquoi grand-père ne l’a pas également fait ? Ou... Martina et Gregory sont morts trop jeunes ? Si cet héritage est si important, pourquoi avoir pris le risque qu’il disparaisse de la famille ? Aucun de mes cousins ou de mes frères et sœurs n’ont appris... il a fallu que père ait honte de moi et qu’il m’envoie ici pour que vous vous décidiez à transmettre cet art.

Tout cela remuait beaucoup de souvenirs. Des choses dont van Aken n'avait plus eu besoin de parler depuis des années tant tous ceux légitime à connaitre le fin mot de cette histoire étaient déjà au courant. Comme la vase au fond de l'eau, le passé formait un dépôt fragile, sensible au moindre remous et sous lequel se cachait toutes sortes de créatures inquiétantes.

- Nous... pour la première fois depuis qu'il discutait avec Dmitri, il hésita sincèrement sur la réponse à lui apporter. Pourquoi ? N'était-il pas trop jeune ? Trop peu fiable ? Il y a... plusieurs réponses à ta question.

Il déposa son regard dans les yeux du garçon. Ce-dernier pourrait-il y lire un trouble ? Il était plus dangereux encore de se taire complètement.

- Martina et Gregory ont effectivement été fauchés pendant leur apprentissage. Quant à Arthus... Arthus sait peindre. Il a suivi les mêmes enseignements que moi de notre père. Mais il a choisi de ne plus pratiquer cet art après sa mort, pour des raisons qui lui sont propres.

Arthus n'avait jamais supporté leur héritage, au point de fuir la Grande-Bretagne après la Guerre et ses responsabilités avec. Il était jeune alors, mais ces choix avaient fracturé quelque chose entre les deux derniers van Aken et Alexander était resté au Manoir. Seul avec leurs ancêtres.

- Ce sont là des affaires d'adultes Dmitri. Le garçon n'aimait pas ce genre de réponse, il le savait. Peut-être dans quelques années, je t'en raconterai plus.

Botter en touche, taire ce que le jeune homme n'était pas encore prêt à entendre. Mais n'était-ce pourtant pas là la raison qui l'avait poussé à l'accepter dans sa demeure ? En dire plus, révéler l'autre raison pour laquelle Alexander avait attendu si longtemps pour enseigner son art, attendre d'être prêt... une raison cachée derrière les portes du Manoir.
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Message(#) Sujet: Re: L'art des van Aken L'art des van Aken EmptyMer 10 Fév - 18:26

Alexander & Dmitri / décembre 2026

Dmitri n’en démordait pas. S’il était bien trop têtu pour se satisfaire de quelques pirouettes destinées à éviter de répondre à ses questions ou, en l’occurrence, provocations, il était encore moins propice au silence lorsqu’il y avait été contraint par des moyens plus directs. Bien sûr, il donnait un temps l’impression d’avoir compris la leçon, évitant les sujets les plus délicats qui lui valaient les remontrances les plus fermes, mais il finissait toujours par revenir à la charge, avec plus ou moins de finesse. C’était sans doute là, la première faille dans l’éducation qu’il avait reçue de son paternel ; étant le dernier fils d’une fratrie, sinon imposante, au moins demandeuse en énergie, il était souvent celui envers duquel on avait le moins de patience. À force de répéter les mêmes exhortations, l’on se lassait inévitablement et passait plus rapidement aux sanctions exemplaires. Mais à trop en recevoir, le garçon avait fini par s’y habituer et craignait moins d’en subir de nouvelles, dès lors que le risque en valait la chandelle. Avec Alexander, il s’était un temps montré plus prudent, tardant à aborder à nouveau les sujets les plus conflictuels. D’une part par crainte ; il ne connaissait alors pas assez son aïeul pour appréhender ses limites. D’autre part parce que la sanction encourue était bien différente de celles qu’il avait connues jusqu’à ce jour. Jamais, ni son père ni son grand-père, n’avaient usés de magie à son encontre ; était-ce parce qu’il avait assez grandi pour que la nature des punitions évolue, ou s’agissait-il plus simplement d’une différence de pédagogie ? Ses aînés ayant été bien moins source de troubles, il ne pouvait se faire une idée au regard de leurs expériences.

Un temps, il s’était ainsi montré plus prudent, à défaut d’abandonner toute forme d’insolence. Mais à mesure que les mois passaient, il en oubliait ses craintes et apprenait à connaître son tuteur. Il avait une forme de confiance enfantine qui lui donnait l’illusion de maîtriser les choses, que rien ne pouvait lui arriver. « Néanmoins à l'avenir sur ces sujets je te recommanderai chaudement de tenir ta langue un peu plus et d'ouvrir tes oreilles un peu mieux. » Ce qui était en réalité le plus paradoxal tenait aux ressentiments que soulevaient les réactions de son grand-oncle ; il ne craignait pas tant ses rares expressions de colère, que ses menaces doucereuses. Son ton n’était pourtant pas menaçant, mais le garçon avait appris à se méfier de l’eau qui dort. Il ne contesta d’ailleurs pas ses propos ; à ce petit jeu, il savait pertinemment qu’il n’avait aucune chance. Il ne savait de la magie noire que ce qu’en disait les récits et témoignages qui avaient bercés son enfance, ce qui était déjà sans doute bien plus que beaucoup de ses camarades. Peut-être était-ce de là que venait son obsession pour la chose ; les histoires qu’il avait entendues ces dernières années faisaient écho à la vie d’ancêtres qu’il avait alors rencontrés au manoir et il en tirait une curiosité qui tenait tant au désir de mieux connaître cette famille qu’il redécouvrait depuis son arrivée dans les Hébrides, que d’une frustration de se voir opposer son âge ou son immaturité. « Je ne serais pas si suspicieux si vous n’en faisiez tant de mystères » rétorqua-t-il. Il ne visait pas directement le professeur, mais plutôt la famille dans son ensemble, jusqu’aux tableaux eux-mêmes.

Il était las de ces secrets et non-dits. Il avait besoin de trouver sa place dans cette famille trouble et alors qu’il arrivait à un âge où la préadolescence commençait à darder sur lui de nouvelles préoccupations, il peinait à se situer dans ce nouvel environnement. Et il se cherchait aussi, avançant dans un monde qu’il connaissait si peu, repoussant les limites qu’avaient posées ses géniteurs pour inexorablement tomber un jour sur celles qu’il s’imposerait lui-même. Il avançait à tâtons et son aïeul se montrait avare dès lors qu’il s’agissait d’éclairer sa lanterne.

« Nous... Il y a... plusieurs réponses à ta question. » Sans qu’il ne puisse expliquer pourquoi, l’aiglon était plus mal à l’aise qu’à l’accoutumée. Il ressentait, sans toutefois pouvoir la cerner, l’hésitation du maître des potions. Sans surprise, il lui confirma ce qu’il savait déjà des deux tableaux qui gardaient actuellement l’entrée du couloir. « Quant à Arthus... Arthus sait peindre. » La révélation le laissa bouche-bée. Il avait toujours connu chez son grand-père une certaine fibre artistique, l’application et la manière dont il parlait du fruit de son travail sur le bois des baguettes en étant la manifestation la plus évidente, mais apprendre qu’il était autant peintre que son frère, à ceci près que ce dernier n’avait jamais abandonné, le laissait pantois. Quelles étaient les raisons qui l’avaient poussées à abandonner l’art de la peinture vivante, alors même que son attachement pour les arts magiques était manifeste ?

L’envie de demander plus de précisions le démangeait. Mais il n’en dit rien, laissant simplement son regard exprimer l’incompréhension qui ne passa jamais la frontière de ses lèvres. Au fond, il n’avait pas à demander pour se faire une idée des raisons qui avaient poussées son grand-père à arrêter la peinture ; il pouvait en cerner les contours par quelques simples suppositions. Après tout, il avait bien abandonné son pays et sa vie d’antan pour s’installer là où il n’était rien ni personne et ce, après quelques temps troublés et un passage à Azkaban qui, pour ce qu’il en savait, ne laissait personne indemne, particulièrement à l’époque. L’incompréhension se mua alors en un certain respect lorsqu’il posa son regard sur son grand-oncle. Cette période de leur vie avait beau ne pas être celle sur laquelle l’un comme l’autre étaient très prolixes, Dmitri était toutefois assez au fait de leurs passés pour savoir qu’aucun d’eux n’avait été épargné.

« Ce sont là des affaires d'adultes Dmitri. Peut-être dans quelques années, je t'en raconterai plus. » Il semblait sonner la fin de la récréation et le retour à ce qui était censé être le centre de leur attention, ce jour : la peinture. Une fois de plus, l’enfant n’avait pas son mot à dire. Il savait pertinemment qu’insister ne rendrait pas l’enseignant plus bavard. « Vous me reprochez d’accuser plutôt que de poser des questions... mais quand j’en pose, vous remettez à plus tard la réponse. » Nulle accusation dans sa voix, ni même de colère. C’était un simple constat, tout juste empreint d’une évidente frustration. Il se détourna de l’homme, reportant son attention sur son chevalet, le visage fermé en une attitude maussade.

Il peinait à retrouver toute la concentration nécessaire à son œuvre ; ses pensées étaient à mille lieux de l’esquisse de sa camarade et son regard ne cessait de se poser sur le portrait bien plus avancé d’Arthus, comme s’il s’attendait à ce qu’il prenne subitement la parole pour préciser tout ce que son peintre avait tu. Mais il demeurait aussi mutique que ce que l’on pouvait imaginer d’un tableau inachevé et il dut se résoudre à poursuivre son propre travail.

Reproduire la silhouette d’un être humain n’était, en temps normal, pas la partie la plus longue, mais elle était essentielle, des proportions mal faites entraînant inévitablement des conséquences sur le portrait final. Ce qui lui rendait le travail plus difficile, au-delà du passage du fusain à la peinture, était qu’il ne pouvait pas se contenter de tracer les contours d’une jeune fille de 12 ans, mais qu’il devait dès à présent penser à son caractère et ses singularités.

Lorsqu’il eut l’impression d’avoir terminé la première étape, il se recula légèrement sur son tabouret et posa sa palette sur ses genoux, contemplant avec une certaine appréhension ce qu’il avait fait.

* * *

1 - 2 : s’il était à l’aise en dessin, il ne l’était pas encore tout à fait avec la peinture et sa première esquisse comportait d’indéniables maladresses sur le plan technique et il semblait avoir peiné, par moment, à reproduire l’exact proportion du corps humain. Ne pouvoir rattraper aussi facilement ses erreurs techniques à la peinture qu’il le pouvait au fusain l’avait handicapé.
3 - 4 : pour un début, il était rapidement parvenu à prendre ses aises avec la peinture et s’était plutôt bien débrouillé. Toutefois, un certain relâchement était visible sur la fin et sa frustration était perceptible dans les derniers coups de pinceaux qui se faisaient alors plus nets qu’ils n’auraient dû l’être pour un caractère nuancé comme celui d’Amaïa.
5 - 6 : la silhouette qui devait servir de base au portrait d’Amaïa était, pour un premier essai à la peinture, bien faite. Les traits successifs présageaient d’un désir de dépeindre un caractère nuancé, mêlant la violence à des notes plus hésitantes et rêveuses.
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Dernière édition par Dmitri D. van Aken le Mer 10 Fév - 18:27, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: L'art des van Aken L'art des van Aken EmptyMer 10 Fév - 18:26

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