La valse des oiseaux (Hayden & Daria)

La valse des oiseaux

Malgré un début d'année scolaire assez mitigé, rien ne pouvait entamer ma bonne humeur. J'étais assez triste et peinée de voir que certains de mes camarades ont décidé de me prendre pour cible, sous prétexte que j'étais une pauvre petite née moldue, mais j'étais reconnaissante et contente d'avoir de vrais amis sur qui je pouvais compter et qui étaient là pour moi. Alors qu'importe les mauvaises langues, je continuerais à être moi, toujours de bonne humeur et énergique, même si cela leur déplaisaient. A l'approche des fêtes de fin d'année, on pouvait sentir que l'ambiance s'apaisait un peu et que les gens retrouvaient lentement le sourire. C'était peut-être que dans ma tête, mais en tout cas, j'avais pour ma part le coeur beaucoup plus léger et j'étais constamment émerveillée par les décorations de Noël qui apparaissaient un peu de partout autour de nous. Que ce soit à Poudlard ou même à Pré-au-Lard, les lieux revêtaient leurs habits de fête pour mon plus grand plaisir. Et comment parler de Noël sans aborder le sujet du bal ! Cette année encore, Poudlard organisait son fameux bal de Noël. A la différence de l'an dernier, le bal se déroulerait au château, ce que je trouvais beaucoup plus pratique. Je voulais oublier le désastre de l'an dernier et espérer que cette année, les choses se dérouleraient sous de meilleures offices. Et c'est d'ailleurs dans cette optique là que j'avais contacté Noah, Artemis et Rosalie, pour savoir s'ils comptaient venir au bal. Non, en fait j'ai demandé à Artemis et Rosalie s'ils venaient au bal et si on s'y retrouvait, mais je n'ai pas donné le choix à Noah de m'y accompagner. Je sais qu'il apprécie moyennement Artemis, mais je suis sûre que ce n'était qu'une histoire de malentendu entre eux, rien de plus. Et puis nous n'avions pas pu passer Halloween ensemble, hors de question qu'il me lâche à nouveau sur ce coup là. Même si ce n'était pas de sa faute pour Halloween, je voulais passer cette soirée avec lui. Je refuse qu'il aille broyer du noir dans son coin à cause de son abruti de frère. J'ai beau avoir une mémoire de poisson rouge, je refuse de le laisser se morfondre sans rien faire. Noël sera l'occasion de lui redonner le sourire, j'en suis sûre.

Parmi l'ensemble des messages que je reçus aujourd'hui, je dois bien avouer que je ne m'attendais pas à en recevoir un d'Hayden. Nous avons beau partager la même maison et la même classe, il est vrai que nous ne sommes pas réellement proche. Mais c'est un ami de Noah, j'aime donc à croire que c'est quelqu'un de bien. Je fus surprise de le voir me demander de lui apprendre à danser, mais vous n'imaginez pas la joie que j'ai eu à recevoir cette demande. Quand on sait que je mets certainement la danse au même niveau que respirer, vous comprenez que je ne peux qu'être heureuse de pouvoir partager cette passion avec quelqu'un d'autre. Alors malgré la surprise, j'acceptais aussitôt sa requête. Nous devons nous retrouver à 19h dans une classe vide, à notre étage, pour pouvoir être tranquille. Il m'a clairement fait comprendre qu'il ne voulait pas que cette histoire s'ébruite et même si je ne comprenais pas vraiment pourquoi, j'avais accepté sans mal de garder ça pour moi. J'imagine qu'il en parlera quand il sera prêt à le faire. Je fus la première à arriver dans la salle vide. Je profitais de ces quelques minutes de solitude pour déplacer les tables et les chaises, histoire de nous laisser un peu de place pour pratiquer. Hayden voudrait apprendre à danser pour le bal et j'étais prête à relever mes manches pour qu'il évite de marcher sur les pieds de sa cavalière. C'est toujours désagréable quand ça arrive, même si c'est loin d'être la fin du monde. En parlant de cavalière, je me demandais bien qui était l'heureuse élue. J'imagine que j'aurai l'occasion de lui poser la question ce soir. J'entends la porte s'ouvrir derrière moi et c'est avec le sourire que je me retourna pour accueillir mon "élève". “Salut ! Tu vas bien ? Prêt pour le cours de danse ?” Lui dis-je toute excitée. Je tentais de me contenir au mieux pour ne pas l'effrayer mais je pouvais être une vraie pile électrique quand je faisais quelque chose qui me plaisait. J'espérais être à la hauteur de ses attentes, je ne voudrais pas qu'il quitte la salle déçu.

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La valse des oiseaux

Daria initie Hayden à la danse

Presque aussitôt après avoir envoyé sa première lettre, Hayden le regretta amèrement. Demander des cours de danse à une fille de sa classe était relativement périlleux pour sa notoriété… Se noyer parmi le flot d’élèves ne le dérangeait pas, bien au contraire. Se faire remarquer en laissant courir une telle rumeur à son sujet, attirer la compassion affligeante des uns, et le mépris royal des autres, était bien loin d’être une perspective attrayante… Et encore, il ne préférait même pas imaginer si un tel bruit de couloir venait aux oreilles de Rosalie, qui s’empresserait sans doute de le raconter à leurs parents… et à Noël, il recevrait très probablement des chaussons de danse sous le sapin, sous le regard attendri de son père. Non merci, plutôt mourir ! Heureusement, Daria semblait disposée à garder le secret, tout en lui enseignant quelques rudiments de danse. Et puis, au fond de lui, il avait une certaine hâte de la voir à l’oeuvre, de la laisser guider ses mouvements en se calquant à elle, puis de se laisser doucement emporter… Il laissa donc l’après-midi défiler, et quitta son cours d’astronomie pour faire un détour par le dortoir, histoire de récupérer quelques affaires, et enfin gagner le lieu de rendez-vous.

Il appuya prudemment sur la poignée de porte, et rentra dans la pièce avec un sourire timide ; Daria était arrivée la première, et semble déjà avoir bien investi les lieux. Son enthousiasme débordant était perceptible… Avec un regard pour l’espace de la salle de classe qui s’offrait à eux, Hayden se sentit tout à coup pris d’une petite montée de nervosité. Et s’il se ridiculisait ? La jeune fille semblait relativement bienveillante à son égard, mais après tout, sa mère était danseuse étoile : ils ne jouaient certainement pas dans la même catégorie. Comment se lâcher dans ces conditions ? Presque embarrassé d’avance en imaginant la Serdaigle se mettre à pouffer lorsqu’il esquisserait un pas, tout son corps sembla se rigidifier. Cependant, il s’efforça de vaincre certaines de ses appréhensions pour lui offrir la politesse qu’elle méritait. « Salut ! Ça va, prêt pour suivre tes pas. Et toi ? Merci encore d’avoir accepté ! » lança-t-il d’un ton qu’il espérait suffisamment décontracté pour donner l’illusion d’être parfaitement à l’aise avec ce qu’il comptait faire. Cette leçon, c’était important pour lui : au moment même où il avait lu l’annonce du bal de Noël, il savait déjà que l’occasion serait parfaite. Il pourrait redevenir Haley, le temps d’une soirée… Cela faisait bien des mois qu’il ne s’était pas métamorphosé, et ce corps féminin qu’il empruntait à sa camarade à son insu le libérait des solides chaînes qui l’entravaient au quotidien. Mais pour que la soirée soit parfaite, il souhaitait acquérir cette grâce féminine, cette démarche naturelle qui rendrait sa transformation parfaitement invisible aux yeux des autres. Et puis, peut-être serait-il enfin capable de se lancer sur la piste de danse, même si c’était aux commandes du corps d’une autre… « Avant qu’on commence, est-ce que je peux… regarder comment tu fais ? Si ça te gêne pas, bien sûr. » Tu parles… pour elle, ça devait être bien plus évident. A lire ses lettres, elle se sentait comme un poisson dans l’eau, lorsqu’elle dansait ! Il ne l’avait encore jamais vue à l’oeuvre, mais nourrissait une folle curiosité après la lecture de ses lettres. Ouvrant son sac de cours, il sortit la petite radiocassette avec laquelle il se baladait très souvent, pour l’installer sur l’un des pupitres. Sortant sa baguette, il s’affaira à tenter de régler la fréquence, afin de trouver une mélodie qui pourrait convenir à la jeune fille. « T’as une préférence, niveau musique ? » se risqua-t-il à lui demander, tout en tournant le gros bouton, navigant de chaîne en chaîne entre quelques petits grésillements. Entre les morceaux de classiques et ceux aux tonalités plus jazz, difficile de savoir sur quoi arrêter son choix… Mais Daria, elle, saurait sans nul doute.

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La valse des oiseaux

Cela ne se voit peut-être pas, mais j'essaye vraiment de contenir mon excitation. Je ne veux surtout pas lui faire peur, qu'il me prenne pour une folle ou une pauvre fille qui se réjouie d'un rien et qu'il me laisse en plan, prétextant avoir changé d'avis. Je suis tellement contente d'avoir trouvé quelqu'un avec qui partager ma passion que je ne veux pas le faire fuir. Alors certes, c'est essentiellement pour lui enseigner quelques pas de danse pour le bal, mais il avait l'air d'être plutôt curieux de voir ce que c'était le Modern Jazz que peut-être voudra-t-il apprendre un peu plus que la valse. Mais avant d'en arriver là, commençons déjà par voir quel est son niveau et pour ça, il faut que je finisse de faire de la place. Je ne veux pas que l'on soit gêné par le mobilier de classe. Se prendre une table ou une chaise, ce n'est jamais très agréable et cela coupe l'élan. “Oh mais de rien, tout le plaisir est pour moi !” Lui répondis-je en balayant d'un revers de main ses remerciements. Evidemment, c'est très gentil et ça me touche qu'il ait pensé à moi, mais on ne va pas se mentir, c'est certainement moi la plus heureuse des deux. Je termine de déplacer la dernière table et je regarde mon oeuvre. Nous avons enfin de la place, un beau cercle presque parfait nous laissant de quoi virevolter ensemble. Bon pas à l'infini, cela va s'en dire, mais ce sera très bien ! J'hésite quelques secondes avant de me tourner vers lui “Ca me fais plaisir que tu es pensé à moi...” Répliquais-je. Je sais que je suis toujours en train de danser et il est difficile de passer à côté du fait que j'aime ça, mais après tout, on ne se connaît pas vraiment, il aurait pu se tourner vers quelqu'un avec qui il est un peu plus proche. Peut-être que Noah lui a déjà dit que j'étais quelqu'un de sympa, qui aimait bien rendre service ou quelque chose dans ce genre là. En vrai j'en sais rien, mais c'était une possibilité comme une autre.

Il me demande de voir comment je danse et je sens soudainement mes joues se chauffer. C'est un peu bête parce que comme je viens de le dire, je danse tout le temps et devant n'importe qui, donc ce n'est définitivement pas la première fois que je le fais, mais je ne sais pas, là, le fait que quelqu'un me le demande, ça me gêne un peu plus. Bon, je vous rassure tout de suite, pas au point de perdre mes moyens, mais je sens une petite gêne au fond de mon estomac. J'espère qu'il ne va pas se moquer ou me trouver médiocre. Ca serait quand même gênant de voir de la déception apparaître au fond de ses yeux. Je hoche la tête en souriant, ne sachant pas vraiment quoi faire. “Bien sûr ! Bon, je ne vais pas pouvoir te montrer une valse parce que ça se danse à deux, mais vu que tu voulais voir ce que c'était que le Modern Jazz, autant commencer par là, non ?” Lui répondis-je, commençant par m'échauffer pour ne pas que je me blesse bêtement en voulant aller trop vite. En attendant, il sort sa fameuse radio dont il m'a parlé dans ses lettres. Avec sa baguette, il cherche une musique et me demande mes préférences. On aura besoin d'une valse quand on commencera à s'entraîner, mais pour le moment, un peu de Jazz ne serait pas de refus. “Mets moi un morceau de Jazz !” Lui dis-je avant de me mettre au centre de mon cercle. Quand il trouve enfin le morceau, je ferme les yeux et je me laisse envahir par la musique. Pendant quelques instants, je ne bouge pas, puis soudainement, mes bras se mettent en mouvement, suivi ensuite par le reste de mon corps. Mes yeux s'ouvrent et je m'élance lentement. Mes mouvements sont précis et harmonieux, je me laisse totalement guidée par la musique. J'ai l'impression de ne faire plus qu'un avec la musique, que chacun de mes mouvements illustrent ce qu'on entend. Evidemment, je ne peux m'empêcher d'entendre au fond de moi la petite voix de ma mère qui m'ordonne de mieux me placer, de prendre plus mon temps ou au contraire d'accélérer un peu parce que je suis à contre-temps. C'est insupportable mais j'ai fini par m'y faire et à la laisser en fond sonore. Quand la musique s'achève, je termine mon geste et c'est un peu essoufflée que je me tourne vers Hayden, attendant de voir une quelconque réaction de sa part. “A toi !” Lui dis-je en esquissant un sourire. Je ne veux pas le forcer mais on est là pour ça, non ? Et pour l'aider, j'ai besoin de savoir ce qu'il est capable de faire.

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La valse des oiseaux

Daria initie Hayden à la danse

A vrai dire, cela faisait déjà bien longtemps que Hayden cherchait à faire ses premiers pas, à la condition qu’il soit accompagné pour cela d’un suffisamment bon danseur. Et la candidate semblait tout droit désignée… Daria ne dissimulait pas particulièrement sa passion, et il avait déjà dans l’idée depuis bien longtemps de lui demander si elle pouvait bien l’aider. Mais le plus difficile était la démarche en elle-même… et à vrai dire, il préférait que cela ne s’ébruite pas, espérant qu’elle saurait tenir parole. S’il souhaitait effectivement apprendre à danser pour le bal, c’était pour le faire sous les traits de Haley… « C’est normal ! T'as l'air de sacrément bien te débrouiller. Et j'ai trouvé ça cool, que tu danses avec ton père juste comme ça, sur de la musique irlandaise... » A vrai dire, même s’il ne la connaissait pas vraiment, la jeune fille semblait aisément abordable, et plutôt bienveillante à son égard, ce qui aidait facilement à l’approcher, d’un point de vue social. Et puis, le fait de savoir que c’était une amie de Noah était une relativement bonne garantie… Il n’imaginait pas le Serdaigle s’entourer de n’importe qui. Ne sachant trop comment débuter leur séance en duo, il lui proposa de prime abord de commencer seule, de manière à ce qu’il se fasse une idée… Puis parce qu’il ne connaissait pas si bien ce style de danse qu’elle avait évoqué. Une démonstration était plus que bienvenue… « Oui, c’est une bonne idée ! » lança-t-il avec un certain enthousiasme qu’il tacha de mesurer. Il était certes pressé de passer à la suite, mais sans toutefois la pousser vers la piste de danse qu’ils avaient improvisée au milieu de la salle. Il régla le volume de sa vieille radio, réglant la fréquence un peu à tâtons… jusqu’à ce que les premières notes, plutôt douces, se fassent entendre dans la pièce. Le Take Five était un morceau de choix, il avait d’ailleurs dans sa chambre moldue un vieux vinyle de Dave Brubeck qu’il se plaisait à écouter de temps en temps ; et si Daria voulait du jazz authentique, elle serait servie ! La jeune fille prit place, et il s’assit dans un coin, attendant qu’elle commence. Au son du piano, il fut presque surpris qu’elle ne bouge pas, ne demandant s’il lui fallait attendre… Et enfin, les premiers cuivres retentirent, et elle mit ses bras en mouvement, avant que son corps ne prenne la suite, et qu’elle ne s’élance…

Le rythme était plutôt soutenu, mais Daria était bien loin de se laisser déstabiliser… Elle se laissa happer, suivant la mélodie tantôt avec une certaine lenteur, tantôt avec une folle rapidité, se calquant à chaque note avec une maîtrise admirable. Les lèvres du jeune homme s’étirèrent en un sourire admiratif, tandis qu’il s’efforçait de se montrer attentif à chaque pas, se questionnant parfois sur la technique… Il s’attarda sur le visage de la Serdaigle, sont les traits témoignaient d’une certaine paisibilité, comme si elle était hors d’atteinte du reste du monde ; comme si elle était si concentrée sur la tache qu’elle exécutait que plus rien n’existait autour d’elle. Le tempo s’accéléra, et il joignit ses bras autour de ses genoux, spectateur de cette démonstration, gagné par une douce frénésie. Dans des moments comme celui-là, il regrettait réellement de ne pas avoir revêtu sa forme féminine ; peut-être que sous l’apparence de Haley, il aurait bénéficié d’une souplesse s’approchant de celle de sa camarade, même si le chemin était encore long à parcourir… Il s’imaginant, tournoyant sur lui-même, tandis que ses boucles blondes volaient tout autour de lui. Finalement, le morceau se clôt sur quelques dernières notes, et elle interrompit progressivement sa chorégraphie… Il se releva, bien décidé à saluer sa performance. « C’est vraiment… super. Je m’y connais pas beaucoup, ça va pas te paraître très constructif… Mais c’est tellement fluide, on dirait que c’est naturel, pour toi. C’est comme si tu maîtrisais tout l’espace autour de toi. Ça a l'air tellement facile, quand on te regarde... » lança-t-il en joignant ses mains, sans dissimuler son emballement. Seulement, elle ne semblait pas vouloir en rester là… Hayden s’était attendu à ce qu’ils essaient en duo, mais a priori, elle lui ouvrait la piste de danse. Un peu intimidé, il trépigna, visiblement mal à l’aise. « Je… maintenant ? Tout seul ? » Même si Daria savait qu’il débutait, il était relativement pudique, et n’était pas certain de parvenir à se lâcher complètement alors qu’elle avait, à côté de lui, une parfaite maîtrise de la danse. Quand bien même elle se gardait de le juger, entrer en comparaison avec elle dans cette discipline était plutôt délicat… ! Finalement, il se décida à s’avancer vers la petite radio, et à changer de fréquence, pour retrouver quelques tons de Jazz sur une vieille chaîne. Se plaçant au centre à son tour, il inspira longuement, avant de se lancer…

Musique:

3-6 : Même si ça manque de finesse, c’est loin d’être aussi catastrophique qu’il ne l’aurait pressenti. Hayden a un certain sens du rythme, même s’il faudrait davantage de travail et de pratique pour que la danse soit parfaitement exécutée. Il suit la musique correctement, les mouvements sont relativement bien exécutés, il manque parfois de dynamique mais ce n’est pas si mal !

1-5 : C’est encore un peu maladroit, et on devine les balbutiements de Hayden dans le domaine de la danse. Ses pas sont timides, a du mal à suivre correctement la musique, mais l’on devine ses efforts, mais plus la musique dure, plus il parvient à s'adapter à elle… Tout n’est peut-être pas perdu, peut-être faut-il davantage le guider pour lui permettre de mieux se calquer à la mélodie.

2-4 : Les mouvements sont mal exécutés, et Hayden reste complètement rigide. Penaud, il décide d’arrêter les frais au bout d’une trentaine de secondes après avoir considéré qu’il s’était suffisamment ridiculisé, et coupe la musique. Ça risque d’être difficile pour Daria de l’aider à ce niveau… y a-t-il au moins quelque chose à sauver ?

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'Le Hasard' : 5

La valse des oiseaux

C'est une toute nouvelle aventure qui s'offre à moi et comme toujours, je suis aussi excitée qu'un brin inquiète. Je ne voudrai pas offrir de faux espoirs à Hayden et j'ai peur de découvrir que je ne suis pas à la hauteur de ses attentes. Voir la déception se lire dans ses yeux me briserait le coeur et me remplirait de honte. Après tout, pour qui je me prends ? Je ne suis pas professeur de danse et je suis loin d'avoir le niveau d'une ballerine. Je ne suis au final qu'une gamine de 14 ans, passionnée par la danse, qui passe son temps à faire quelques pas à droite à gauche pour se défouler, rien de plus. Mais vu que nous ne pouvons pas sortir de Poudlard comme on le souhaiterait, difficile pour lui de pouvoir se tourner vers une vraie professionnelle, j'imagine donc que je suis la seule option valable qui s'offre à lui. Je vais donc faire de mon mieux pour être à la hauteur et lui faire passer un bon moment, histoire qu'il ne regrette pas de s'être tourné vers moi, ça serait dommage. Je crois que ce que je trouve au final le plus difficile dans cette histoire, ce n'est pas tant de lui apprendre à danser, mais plutôt le fait de mal le connaître. Je n'ai aucun point de repère avec lui. Je ne sais pas ce qu'il aime ou déteste, je ne connais pas ses aspirations ou ses envies, ni même si c'est une personne exigeante ou plutôt glandeuse. Mais j'aime à croire que s'il s'est tourné vers moi pour cette requête c'est qu'il est quand même un minimum motivé, ce qui est toujours ça de pris.

“Tu sais, la danse fait partie intégrante de ma vie, que ce soit avec ma mère pour les entraînements ou avec mon père pour le fun, je danse à la moindre occasion et depuis que je suis petite, ça aide pour avoir un petit niveau. ” Répliquais-je à Hayden, sans aucune prétention, me contentant d'esquisser un sourire, ravie. Je danse plus par plaisir que pour impressionner les gens. Evidemment, je suis toujours flattée et ravie quand on me complimente sur ma façon de danser, mais je le fais malgré tout avant tout pour moi. Et si je lui réponds ça, ce n'est pas tant pour me mettre en avant que pour justifier au contraire le fait que je sache me débrouiller en danse. Forcément quand tu danses depuis que tu es née ou presque, tu as quelques bases que les autres n'ont pas, c'est normal. Il me demande de faire une petite démonstration, pour se mettre un peu dans le bain et malgré le stress qui monte d'un cran, j'accepte avec plaisir. Je me lance, me vidant la tête en fermant les yeux, histoire de me focaliser uniquement sur la musique et sur mes pas. Tout est fluide et harmonieux et quand j'achève mon dernier geste, je me sens totalement bien, un peu fatiguée, mais heureuse. Et j'espère sincèrement que j'aurai réussi à faire passer toutes mes émotions à Hayden, histoire qu'il est autant apprécié que moi ce moment. Et je suis ravie de voir qu'il a aimé ce qu'il a vu, ça me conforte un peu dans le rôle qu'il m'a confié et apaise un peu mes craintes. “Je suis contente que tu aies aimé ! Et si ça peut t'aider, l'un des secrets de la danse, c'est le lâché prise. Evidemment, il y a tout le travail de chorégraphie qui est important, tout comme le rythme, mais quand un danseur arrête de contrôler ses mouvements pour se laisser porter par le rythme, ça offre une toute autre perspective à la danse. Il ne danse plus sur la musique, il l'illustre et c'est encore plus beau je trouve ! ” Après c'est ma vision de la danse, je peux parfaitement comprendre que ça ne soit pas du goût de tout le monde. Je sais que certains cherchent la perfection des gestes, illustration parfaite d'un travail acharné. Mais à mes yeux, ce qui donne vraiment vie à une danse, c'est la capacité au danseur de savoir se laisser totalement aller, oubliant tout ce qu'il sait pour se laisser guider par la musique.

Je hoche la tête face à la question un peu hésitante de Hayden. Je comprends ses craintes et ses appréhensions et je ne suis pas ici, ni pour me moquer, ni pour le forcer. Je veux juste qu'il se laisse aller et danse avec son coeur et non avec sa tête. Je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire, mais l'avantage c'est qu'il n'y a que nous deux, il finira par se faire à l'idée que mon regard n'est pas rempli de jugement et que je suis ici pour le soutenir et l'aider et non pour l'enfoncer et me moquer. Je ne rajoute rien, me contentant de l'encourager par un sourire, m'asseyant sur une des tables pour le regarder faire. D'abord hésitant et craintif, on sent qu'il prend un peu plus d'assurance au fil de la musique, comme s'il prenait conscience qu'il était capable de danser lui aussi. Les gestes ne sont pas précis, pas toujours dans le bon rythme, ni toujours fluide, mais il y a quelque chose. Je l'observe silencieusement, sourire continuellement accroché à mes lèvres, plus pour le soutenir dans son entreprise que pour me moquer. Quand la musique s'arrête, je l'applaudis, heureuse qu'il soit allé jusqu'au bout. “C'est pas mal ! Vraiment ! Tes pas sont un peu maladroit mais j'ai vu certains pas intéressants et bien réalisés. Avec un peu d'entraînement et d'assurance, je suis sûre que tu feras des merveilles. ” C'est certainement ma nature trop gentille qui parle car il ne deviendra certainement jamais un danseur étoile, mais il n'empêche que si c'est juste pour danser par plaisir, je suis persuadée qu'il y a du potentiel en lui. Le tout c'est qu'il se fasse confiance et qu'il se laisse aller, trouvant enfin le plaisir de danser, oubliant tout le reste. “Si tu es prêts, on peut commencer à travailler sur les pas de la valse.” Lui dis-je en sautant de la table où j'étais assise, m'approchant de lui. Je plaçais une de mes mains dans la sienne, plaçant son autre sur ma hanche, tandis que la mienne venait se logeait sur son épaule. Je le fixe droit dans les yeux “Dans un premier temps, suis mes pas histoire de les mémoriser, ensuite, tu conduiras. ... Allez.... Un, deux, trois... un, deux, trois” Et c'est en rythme qu'on commence lentement à se déplacer dans la pièce.

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Daria initie Hayden à la danse

Finalement, s’il avait craint de venir à l’origine, il commençait progressivement à se sentir plus à l’aise en la présence de la jeune fille, au point de parvenir à accéder à sa requête et de lui montrer ce qu’il savait faire. En comparaison avec ses pas à elle, il devait avoir l’air bien ridicule… Mais loin de s’en formaliser, il parvint à tenir jusqu’au bout de la musique, soucieux de savoir ce qu’elle en aurait pensé. « C’est super… je veux dire, d’avoir une passion qui te prend autant aux tripes. De jamais avoir envie d’arrêter. » lui répondit-il, légèrement admiratif. Il aurait aimé connaître pareille sensation, quelque chose qui le ferait vibrer de la même manière, qui l’exalterait au point d’être le noyau de son univers… Daria, elle, semblait avoir trouvé sa raison d’exister en la danse. « Facile à dire… Je veux bien essayer le lâcher prise et tout ça, mais dix secondes après, j’ai l’impression que tout le monde me fixe, je me sens comme un idiot… » soupira-t-il, baissant les yeux vers ses bras ballants. Ce n’était pas pareil, lorsqu’il se métamorphosait en fille : cette rigidité naturelle semblait s’évaporer pour lui permettre de se mouvoir plus aisément, avec une étonnante souplesse. Parfois, dans des cas comme celui-ci, il regrettait de ne pouvoir se transformer à volonté… Mais Daria partirait sans doute en courant s’il revêtait subitement le visage de Haley. A la place, il se contenta de l’écouter : elle était d’une rare gentillesse, et d’une douceur étonnante. Sa compagnie était appréciable, d’autant plus pour Hayden qui n’en attendait rien à l’origine. « C’est vrai ? Tu le penses vraiment ? » se risqua-t-il finalement à demander, avec dans l’idée qu’elle cherchait simplement les bons mots pour ne pas totalement le décourager. Enfin, peu importait… Au final, il avait envie d’y croire : il lui suffisait simplement de penser au bal qui se profilait, à la belle et longue robe noire qu’il se hâtait de porter, aux longues boucles blondes empruntées à Haley qui glisseraient le long de ses épaules… Oui, tout ça valait le coup ; il allait s’accrocher.

Lorsqu’elle lui proposa de passer aux choses sérieuses, et entre autres à la valse, il se dirigea vers la petite radio, qu’il manipula quelques secondes à la recherche d’une nouvelle station. Après quelques grésillements et morceaux entrecoupés, il s’arrêta sur quelques notes de piano ; la mélodie était à la fois dynamique et extrêmement douce, légèrement entêtante… Fredonnant un instant l’air, il régla le volume en tournant les boutons, et laissa la composition opérer tandis qu’il se replaçait au centre de la piste improvisée, juste en face de Daria. « Oui, je le suis ! » lança-t-il avec une conviction sincère, s’emparant timidement de la main qu’elle lui tendit. Peu à l’aise avec une telle proximité à laquelle il n’était pas habitué, ses doigts se firent noueux au contact de ceux de la jeune fille… Elle l’invita à placer son autre main sur sa hanche, dont il épousa la forme avec sa paume. Se faisant obéissant, il hocha docilement la tête suite à ses instructions, avançant ses pieds lorsqu’elle déplaçait les siens, observant minutieusement la manière dont elle bougeait… Chacun de ses mouvements semblait empreint d’une fluidité presque aérienne, comme si elle connaissait à l’avance toute sa chorégraphie, et se contentait simplement de laisser son corps interagir avec le doux son qui se répandait dans la salle de classe. Il semblait encore un peu en décalage avec elle, mais s’efforçait de se calquer parfaitement à elle, avec plus ou moins de succès. « Ok, ok. Un, deux, trois, un, deux trois… » répéta Hayden tandis qu’il s’efforçait de se concentrer sur ce qu’il faisait, se mordant parfois la lèvre lorsqu’il avait l’impression de faire un mauvais pas. A quelques reprises, leurs pieds s’entrechoquèrent, même s’il s’efforça de rectifier ses erreurs assez rapidement… Inspirant longuement tandis qu’il suivait méthodiquement le modèle qu’elle lui servait, il tenta plusieurs fois de se laisser aller au gré de la musique avec elle. C’était curieux, cela faisait quatre ans qu’ils étaient dans la même classe, mais il avait l’étrange impression de lui faire face pour la première fois. « Alors… je suppose que t’as déjà dansé pour des ballets, ce genre de choses ? Genre devant beaucoup de monde ? » osa-t-il finalement demander, tandis qu’ils poursuivaient leur valse rapide, non sans quelques maladresses. C’était l’occasion ou jamais de remédier à leur méconnaissance de l’un et de l’autre…

Musique (valse):

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La valse des oiseaux

Je dois bien avouer que je ne sais pas ce que c'est qu'une vie sans passion. J'ai toujours connu la danse, j'ai été bercé dedans, je n'imagine pas une seconde ma vie sans elle. Evidemment, je sais inconsciemment que ma mère m'a toujours encouragé dans cette voie et qu'elle ne me laissera pas m'en détourner facilement, mais je pense sincèrement que malgré cette pression familiale, j'ai choisi volontairement cette voie et je ne le regrette absolument pas. Je me sens si bien quand je danse. J'oublie tous mes problèmes, toutes mes peines, plus rien n'existe que la danse. J'aime cette sensation de plénitude que je ressens une fois que j'achève mon dernier geste. C'est un peu comme une drogue, j'en ressens constamment le besoin et ne peux m'en sevrer. Enfin en tout cas c'est l'image que j'ai de la drogue parce que pour être honnête, je n'en ai jamais pris. J'offre un nouveau sourire à Hayden, à croire que je ne sais faire que ça, sourire bêtement.“Tu n'as pas de passion dans la vie ? Quelque chose que tu aimes ? ” Je suis sûre qu'il doit aimer des choses dans la vie, même si c'est loin d'être aussi passionnel que mon lien avec la danse. Après je suis peut-être dans les extrêmes, il ne faut peut-être pas trop se comparer à moi. Noah par exemple adore la photographie, je le trouve vraiment heureux quand il a son appareil dans les mains. Et j'avoue que ça me donne souvent envie de m'y mettre. Peut-être un jour je lui demanderai quelques cours. Il a une façon de voir la vie que je n'ai pas et il voit la beauté où à mes yeux il n'y a rien, c'est extraordinaire.

Je hoche la tête, comprenant parfaitement ce qu'il veut dire par là. Il ne faut pas croire, ça n'a pas été facile pour moi non plus au début, surtout avec ma mère qui est constamment sur mon dos en train de reprendre chacun de mes gestes. Difficile dans ces conditions là de vraiment lâcher prise. Je crois au final que c'est vraiment grâce à mon père que j'ai fini par y parvenir. Lui se moque de savoir si mes gestes sont précis ou non, tout ce qu'il veut c'est me voir y prendre du plaisir, m'amuser. “Pour moi aussi c'était dur au début. Ma mère reprenait chacun de mes mouvements, impossible de ne pas être dans le contrôle. Mais avec mon père, je pouvais faire ce que je voulais sans qu'il n'ait rien à y redire, c'est grâce à lui que j'y arrive aujourd'hui. Si tu veux je peux être cette personne avec laquelle tu peux te laisser aller sans te prendre la tête...” Je voulais qu'il comprenne qu'ici, entre ces quatre murs, il n'y aurait aucun jugement. Je ne suis pas ici pour le critiquer mais pour lui apprendre et apprendre en s'amusant c'est quand même plus sympa. Evidemment, je suis consciente qu'on ne se connait pas, mais s'il y a bien un endroit où il peut être lui-même sans hésitation, c'est bien ici. Je ne m'attends pas à ce qu'il se laisse aller dans l'instant, mais peut-être qu'il se sentira plus à l'aise à la fin de notre séance. Et si on est amené à se revoir, qu'il se laisse de plus en plus aller à faire ce qu'il veut. Je sais que je vis dans un monde merveilleux où tout le monde est gentil, mais que voulez-vous, c'est plus fort que moi.

Je hoche la tête en souriant quand il me demande si je pense vraiment qu'il a du potentiel. J'aime voir cette étincelle éclairer son oeil au moment où il me pose la question. Il ne sera certainement jamais un grand danseur de renom mais il pourra épater la galerie s'il le souhaite avec le temps, avec quelques pas, assurément. “Je trouve que tu as le rythme dans la peau et tu bouges bien, avec un peu d'entraînement, tes mouvements seront moins saccadés et plus précis tu verras !” Et puis avec de l'entraînement, il réfléchira moins à ses gestes et se concentrera plus sur la musique, ce qui sera une très bonne chose. En attendant, je lui propose de commencer la valse et après avoir trouvé la musique adéquate sur sa petite radio, je m'approche de lui. Ma main droite se glisse dans la sienne, tandis que j'attrape sa main gauche pour la mettre sur ma hanche, tandis que la mienne rejoint son épaule. Je lui montre une ou deux fois les pas avant de nous lancer. Je compte à haute voix pour lui donner le tempo et nous voilà lancer dans la valse. Je l'entends compter à haute voix aussi, ce qui me fait sourire. Son regard est plus braqué sur ses pieds que sur moi, ce qui est normal au début. “Quand tu te sentiras prêt, tu relèveras le regard. Soit tu me regardes, soit tu regardes derrière moi, mais il faut que tes yeux se fixe sur un point pour te diriger correctement. Tu ne voudrais pas percuter les autres danseurs ?” Lui dis-je en plaisantant. Evidemment, je sais que là on est seul et qu'il est en train d'apprendre, mais il faudra bien qu'il arrive à un moment donné à relever le regard. Mais je ne lui mets pas la pression, il le fera quand il s'en sentira prêt. En attendant, je réponds avec plaisir à sa question “Oui ! Avant de rentrer à Poudlard, je faisais partie d'une école de danse prestigieuse à Londres. Ma mère voulait absolument que je suive ses pas... malheureusement pour elle, elle n'avait pas prévu que j'entrerais à Poudlard...” Je crois que ça a brisé le coeur de ma mère quand elle a réalisé que je ne pourrais finalement pas devenir danseuse étoile. Coincée au fin fond de l'Ecosse, impossible de pouvoir maintenir le niveau d'exigence de l'école ou du métier de danseuse étoile. Et même si je m'entraîne quotidiennement seule et qu'à chaque fois que je rentre, je suis des stages intensifs, il est évident que je ne rattraperai pas le niveau de mes anciens partenaires. Même pour moi, ça a été dur au début de l'accepter, mais j'aime tellement la magie que j'en ai fait rapidement mon deuil.

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La valse des oiseaux

Daria initie Hayden à la danse

Tout semblait si naturel, presque instinctif pour Daria… C’était peut-être parce que c’était la toute première fois qu’ils avaient ensemble une vraie discussion, mais sa spontanéité et sa fraîcheur témoignaient d’une certaine sincérité, que ce soit dans ses mots ou dans sa manière de danser. Bien décidé à y faire honneur, Hayden se risqua à se dévoiler un peu, à son tour. « Si… enfin, c’est pas vraiment pareil. » Il eut comme un rire gêné, avant de se tourner vers la fenêtre, ne sachant trop quoi dire. « J’adore écouter des vinyles, ou regarder des vieux films, ou aller au théâtre, retaper des vieux trucs, ce genre de choses… » évoqua-t-il à voix haute, songeant à sa grande bibliothèque mal rangée dans sa chambre, ou au garage de sa tante, taisant volontairement son goût prononcé pour les vêtements vintage qu’il s’amusait à porter lorsqu’il était métamorphosé. « Mais je consacre pas mon existence à ça, quoi. Des fois, j’ai l’impression que ça me manque un peu ce truc, qui prend aux tripes, qui donne le vertige. Comme pour toi. » répondit-il avec le sourire. Après tout, elle n’avait pas hésité une seconde, lorsqu’il lui avait proposé de partager cette danse, et semblait même ravie de pouvoir renouer avec cette passion qu’elle chérissait. Après tout, ce devait être difficile pour elle à Poudlard, de trouver des partenaires avec qui s’exercer, ou même des élèves suffisamment intéressés pour en discuter avec elle… A l’entendre, il y avait dans sa famille comme un vent qui favorisait l’emprunt de cette voie. « Sérieux ? Ça a du te permettre de progresser plus vite, mais ça a pas l’air facile tous les jours, avec ta mère. » se risqua-t-il à dire, avant de juger bon de se rattraper : « Mais c’est cool que t’arrives à te lâcher quand t’es avec ton père, vous dansez sur quoi tous les deux ? » Il était plutôt ardu de s’aventurer sur le terrain familial des autres élèves, surtout quand il les connaissait relativement peu… Mais Daria semblait plutôt disposée à en parler, comme si évoquer le sujet avec lui ne la dérangeait pas. Elle termina sa performance en lui laissant l’espace libre, et il eut quelques réticences à se lancer tout seul… Mais incité par sa camarade, il osa finalement faire le premier pas. « Ok ok… ça me va. Tu juges pas, d’accord ? » s’assura-t-il, un peu pour plaisanter ou pour s’enorgueillir, mais tout de même un peu pour de vrai. Il appréciait qu’elle garde sur lui un regard bienveillant, même dans le cas où il enchaînait les faux mouvements et se ridiculisait complètement devant elle. Il ne lui restait plus qu’à prier pour que cela n’arrive pas, mais il comptait bien se donner les moyens d’y parvenir. Il le fallait ! Le bal était dans quelques jours à peine, et s’imaginer dans sa longue robe, arborant la chevelure blonde de Haley, suffisait à lui donner le sourire. Cette prestation lui avait coûté beaucoup en énergie, mais pourtant, elle semblait n’avoir remarqué que le positif… Presque gêné, il se massa le coude. « Bon si tu le dis, ça veut dire que je peux me pointer au bal sans devenir la risée de l’école, c’est toujours ça de pris. » Sans doute cherchait-elle simplement à lui donner le courage de se lancer, mais sa pédagogie était la bonne. Elle le rejoint sur cette piste improvisée, et plaça sa main dans la sienne, avant que la mélodie ne donne le ton.

Il y avait quelque chose à se laisser guider, comme s’il confiait à Daria un gouvernail imaginaire, et se devait d’emprunter la route qu’elle lui indiquait. Bien sûr, leurs aptitudes étaient bien peu égales, mais Hayden s’efforçait de la suivre, bien concentré sur les jambes de la jeune femme, qui semblaient se mouvoir avec une rare fluidité. « Je vois ! Enfin pour l’instant, j’ai un peu de mal à lâcher mes pieds des yeux, je t’avouerais… » plaisanta-t-il sans pour autant lâcher sa main. Se laissant volontiers entraîner par le tempo qu’elle énonçait à haute voix, il s’efforça de garder la bonne cadence, se fiant aux pas sûrs de Daria. Sa posture était droite, et même en plein mouvement elle semblait parfaitement digne et maîtresse de son rythme, tout en gardant un ton de voix rassurant… Un élan d’admiration frappa Hayden tandis qu’il se calquait à elle. « Mais ça va venir, me laisse pas tomber tout de suite. » ajouta-t-il en continuant prudemment de la suivre, se laissant emporter par la musique qui devenait légèrement plus rapide. Timidement, il se fit la réflexion, en regardant cette main posée sur sa hanche, puis cette main entrecroisée entre ses doigts, qu’il avait rarement été aussi proche d’une fille, bien que ce ne soit que pour échanger quelques pas de valse. Mine de rien, c’était plutôt impressionnant, surtout lorsqu’elle était parfaitement dans son élément… L’aisance de Daria laissait à croire qu’elle ne touchait jamais le sol, et se mouvait comme un oiseau, comme si elle devinait exactement où la guideraient les notes de piano. Il était relativement peu étonnant d’apprendre qu’elle venait d’une académie de danse, et qu’elle était soumise à une éducation sévère… pour autant, son étonnante douceur contrastait avec ce portrait presque effrayant qu’elle dressait de sa mère. Presque intimidé, Hayden jugea bon de poursuivre la conversation à mesure qu’ils tournaient ensemble, s’appropriant l’espace de cette salle de classe déserte, osant interrompre le compte qu’elle donnait à voix haute depuis quelques secondes… « Wow, ça doit quand même te manquer… t’es pas trop déçue d’avoir du arrêter ton école pour venir ici ? J’imagine que t’avais des potes, là-bas… » osa-t-il finalement demander. Après tout, à part Rosalie, Noah et un peu Michaela, il ne connaissait que peu la vie des autres à l’extérieur du château. L’occasion était après tout bien trouvée pour avoir cette conversation, même s’il était peu aisé de prêter attention à ses pieds… Le morceau toucha ensuite à sa fin, et après quelques grésillements audibles, la station de radio commença à diffuser un tout autre morceau : cette fois, le tempo était sensiblement ralenti, et les cordes seules rythmaient cette longue valse. Temporisant, les mouvements de Hayden se suspendirent tandis qu’il poursuivait, avec une bonne mesure, cette danse qui ressemblait à une douce flânerie, guidé par la main maîtresse de Daria.

Musique (valse):

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La valse des oiseaux

Je me suis rendue compte assez tardivement que le lien que j'entretenais avec la danse n'était pas si commun. Cela provient certainement du fait qu'avant d'arriver à Poudlard j'étais entourée d'enfants ayant la même passion que moi. Parfois je me dis que c'est un peu triste pour eux qu'ils ne connaissent pas ce sentiment, mais en même temps je me dis qu'on ne peut pas regretter ou être en manque de quelque chose qu'on ne connaît pas. Hayden a l'air d'aimer beaucoup de choses, même si ce n'est pas au même degré que la danse et moi. Mais en soit quelle importance ? Elles ont toutes l'air en tout cas d'avoir un point en commun, c'est qu'elles sont rétro. “T'aimes les trucs un peu rétro en gros ... ? C'est cool ! Et tu écoutes quoi comme musique ? ” Je sais que mon père ne jure que par les vinyles, il n'y a rien de mieux pour écouter de la musique selon lui. Je suis loin d'être une grande experte dans le domaine mais c'est vrai que le son est assez différent et sonne plus authentique sur vinyle. Je ne saurais expliquer le pourquoi du comment mais j'adore écouter de la musique quand je suis chez mon père. Ca et le fait que quand j'en écoute chez mon père, c'est soit pour se déchainer dessus sans prise de tête, soit pour mettre une ambiance sympa. Alors que chez ma mère, quand il y a de la musique c'est essentiellement pour s'entraîner et cela demande beaucoup de rigueur, de la concentration et beaucoup d'énergie, parce que ça peut durer des heures. “Et tu retapes quoi si ce n'est pas indiscret ? ” Lui demandais-je curieuse. J'avais aussi envie de savoir ce qu'il regardait comme film ou ce qu'il aimait voir au théâtre mais j'avais peur que ça fasse trop de questions. Je ne voulais pas paraître trop indiscrète ou trop curieuse mais il faut me comprendre, j'avais tout à apprendre de lui et j'avoue que j'étais impatiente d'en savoir plus. J'adorais rencontrer de nouvelles personnes, les écouter me parler de leur vie, partager la mienne. C'était certainement un détail pour beaucoup mais pour moi ça signifiait beaucoup. J'étais curieuse de savoir comment vivaient les autres élèves, ce qu'était leur quotidien quand ils rentraient chez eux, à quoi ressemblait leur enfance. “Peut-être que tu n'as juste pas encore trouvé quelque chose qui t'anime autant que la danse pour moi...” Après tout, on est encore jeune, si ça se trouve dans quelques années il va se découvrir une passion pour quelque chose et s'y plonger à corps perdu. Peut-être pas. Mon père m'a dit un jour qu'on avait pas tous un tempérament de passionné et que certains ne comprendront jamais ce qui me plait autant dans la danse. C'est comme ça, c'est propre à chacun et il faut respecter ça. Je trouve ça un peu triste, ce que je lui ai dit, lui c'est contenté de me sourire en me caressant la tête, sans rien dire.

C'est sûr qu'avec l'entraînement presque militaire que j'ai avec ma mère, je ne peux que progresser, mais il faut bien avouer que je me sens totalement complète grâce à mon père qui m'aide à vivre la musique, la ressentir dans chacune de mes cellules et à danser dessus en harmonie. J'aime à croire qu'ils m'aident dans mon équilibre, à leur façon et que même si ce n'est pas toujours plaisant, c'est ce qui fait que je suis Moi aujourd'hui. Je hausse légèrement les épaules, ne sachant pas comment tourner mes propos pour ne pas trop accabler ma mère de tous les maux. Je sais qu'elle fait de son mieux, mais j'ai de plus en plus de mal à supporter son tempérament autoritaire et contrôlant. Je ne veux plus de ça dans ma vie, je veux prendre mes propres décisions, danser quand j'en ai envie et au rythme où je le souhaite. Alors oui, je ne deviendrais certainement jamais une grande danseuse étoile, comme elle a pu l'être dans sa folle jeunesse, mais je suis sûre malgré tout que j'ai de l'avenir dans la profession et que j'y trouverais ma place. “C'est ... pas toujours facile à vivre ... Mais je sais qu'elle essaye de faire de son mieux et qu'elle ne veut que le meilleur pour moi... ” Toujours rester positive et enthousiaste... Je ne peux cacher que parfois je n'ai pas envie d'être positive ou enthousiaste. Parfois moi aussi j'aimerai pousser un coup de gueule, dire ce que je pense vraiment, me lâcher enfin. Mais je n'ose pas, bien trop peur des réactions des gens. Je ne veux pas qu'ils me détestent et qu'ils refusent d'être mes amis. J'ai déjà assez d'ennemis comme ça, sans rien avoir demandé de base, je ne veux pas perdre le peu d'amis que j'ai aujourd'hui. Alors je ne dis rien, je ronge mon frein et j'attends mon heure. Peut-être qu'un jour j'aurai le courage de me libérer enfin, mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui je serais la fille gentille que j'ai toujours été, docile, souriante et pleine de vie qui ne voit le mal nulle part ! “Un peu de tout, ça dépend de notre humeur, mais je dirais que c'est souvent sur de vieux groupes que mon père adoré durant sa jeunesse, beaucoup de rock. ” Ca nous arrive d'allumer la radio et de danser sur les musiques actuelles, cela va s'en dire, mais on aimait aussi mettre un de ses groupes préférés et on dansait dessus en se lâchant complètement, imitant parfois la batterie ou la guitare, chantant à tue-tête en coeur et riant comme des enfants. Il me manque déjà !

Je chasse ses propos d'un revers de main. Evidemment que je ne vais pas le juger, pour qui me prend-t-il ? Tout en lui offrant un sourire amusé, je lui réponds “Vas-y lâche toi et donne tout. Oublie tout ce qui t'entoure et amuses toi surtout !” Parce que sans amusement, quel intérêt de faire tout ça ? On est ici entre amis, n'est-ce pas ? Oui bon d'accord on ne se connaissait pas vraiment mais on avait Noah et Rosalie en commun, on partageait la même maison et la même année et visiblement un petit attrait pour la danse, tout pour bien s'entendre j'en suis persuadée. Je m'installe sur la table et je frappe des mains pour l'encourager et lui donner le rythme et je l'observe faire. Je le vois évoluer, d'abord un peu maladroitement, il rentre de plus en plus dans la musique et c'est un vrai plaisir de le voir danser. Ce n'est pas parfait, c'est parfois maladroit mais je sens qu'il y a mis tout son coeur et c'est ce qui compte. Je le rejoins quand il a fini et je lui donne mon verdict. “Evidemment ! Et je veux même que tu me réserves une danse !” Répliquais-je sans hésiter. Ca ne lui donnera peut-être pas plus confiance ou ça ne lui donnera pas plus de valeur aux yeux des autres mais qu'importe, ça lui donnera toujours une bonne raison d'aller sur la piste de danse avec une cavalière, au moins au début. “D'ailleurs tu as prévu d'y aller avec quelqu'un ? J'y vais avec Noah, Rosalie et Artemis, si tu veux te joindre à nous, n'hésites pas surtout !” Lui proposais-je gentiment. Noah serait content d'avoir un ami avec nous, il se sentirait moins seul et ma trahison sera peut-être un peu moins grande. Bon, c'est pas vraiment une trahison, je sais, mais quand même, j'ai volontairement omis de lui dire qu'il y aurait Artemis, sinon il risquerait de ne pas venir et j'ai pas envie qu'il ne vienne pas. D'ailleurs, maintenant que je venais d'en parler, le doute m'assaille “Dis ... tu ... tu pourras ne pas dire à Noah qu'Artemis est là s'il te plait ? ... S'il le sait, il ne viendra pas au bal et je ... je veux qu'il vienne ...” Je me sens très bête et très hésitante dans ma demande. Je ne veux pas qu'il se méprenne dans mes intentions. Je pense vraiment qu'ils ne se sont pas donnés une vraie chance de bien s'entendre et j'espère que cette soirée pourrait être l'occasion qu'ils repartent de zéro. Et je ne veux pas aller au bal sans mon meilleur ami. Ca va lui changer les idées et le sortir un peu, si je le laissais faire, il ne ferait jamais rien.

Nous rentrons dans le vif du sujet en entamant notre première valse. Sans hésitation, je glisse ma main dans la sienne et attrape l'autre pour qu'il la place sur ma hanche. Tout ça est tellement naturel pour moi que je ne pense pas un instant au fait qu'on aura jamais été aussi proche tous les deux. En règle générale, ça aurait pu me mettre mal à l'aise et j'aurai certainement rougie bêtement, mais totalement plongée dans mon univers, je n'y pense pas un instant et m'applique à être la meilleure professeure possible pour Hayden. Je ris de bon coeur quand il m'avoue qu'il n'est pas encore prêt à lâcher du regard ses pieds, ce qui est compréhensif, on est tous passé par là “Ne t'inquiètes pas, prends ton temps, ça viendra !” Si ça peut le rassurer, il peut garder ses yeux rivés sur le sol aujourd'hui. Idéalement par contre, c'est qu'il relève le regard au bal, mais avec le stresse, il risque de ne pas y arriver aussi. Tant pis, il se débrouillera quand même très bien, j'en suis persuadée. Je ris de nouveau face à ses propos et je serre délicatement un peu plus sa main et son épaule, pour lui montrer que je suis là et je continue à nous guider dans la salle au rythme de la musique. Un, deux, trois. Un, deux, trois... Suis-je déçue d'avoir tout laissé derrière moi pour venir ici ? Est-ce que j'ai laissé des amis ? Evidemment, mais des amis, on s'en fait toute sa vie, non ? Et ceux qui sont restés à Londres, je les vois encore quand je rentre. Evidemment, on se voit moins souvent et j'en perds de vue certains, mais le noyau central est toujours présents et c'est toujours un plaisir de les revoir, enfin quand ma mère ma lâche la grappe. Je hausse de nouveau les épaules “Ben ... au début ça a été difficile de réaliser que je ne serais jamais une grande danseuse étoile. Quand tu passes ton enfance à entendre dire que tu en serais une et que tu travailles dur pour ça ...” Je ne finis pas ma phrase, un peu plus émotive que je ne l'aurai voulu. C'est tout moi ça, souriante une seconde, pleurant une autre, je vis la vie un peu trop passionnément. Je baisse le regard quelques instants, prise par l'émotion, avant de relever de nouveau les yeux, peut-être un peu plus brillants qu'au début et de redonner un peu de joie dans ma voie “Mais j'apprends la magie ici ... un tout nouveau monde s'est ouvert à moi et ça c'est trop cool ! Et puis j'ai des amis ici aussi ...” C'est difficile d'expliquer mais même si évidemment j'aurai toujours le coeur brisé de ne pas devenir une grande danseuse étoile, je me console avec l'idée que pourrais toujours devenir une grande magicienne. Ou au moins une magicienne, ce qui est déjà cool. Pour le reste, je n'aurai qu'à attendre de voir ce que le destin me réserve mais j'aime à croire que ma bonne étoile veille sur moi. La musique s'arrête et change et nous voici sur un rythme bien différent, plus lent que celui d'avant. On ne s'arrête pas pour autant, j'adapte notre rythme à celui de la musique “Tu connaissais déjà le monde sorcier avant d'arriver ici ?” Lui demandais-je.

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La valse des oiseaux

Daria initie Hayden à la danse

Finalement, ce cocon hors du monde que leur offrait cette salle de classe leur permettait d’apprendre à se connaître, de manière un peu plus agréable que dans une salle de classe où leurs seules interactions consistaient à se demander une plume à dépanner. Daria semblait réellement enjouée et curieuse, ce qui était plutôt plaisant… « Haha, j’avoue, j’suis grillé, j’suis accro aux vieilleries. » reconnut-il avec un petit rire, avant d’avoir une illumination. Si réellement elle avait envie de savoir quel genre de musique il appréciait, rien de plus simple pour lui faire essayer ! « Attends, j’peux te faire écouter, si tu veux ! » lança-t-il joyeusement en se dirigeant vers le vieux poste pour changer appuyer sur la fonction cassettes. Il mit un peu de temps à trouver la piste qui l’intéressait, mais aux premières notes, un sourire heureux s’étendit sur son visage.

La musique :

Aussitôt, il retourna vers Daria, saisissant à nouveau ses mains en reprenant là où ils s’étaient arrêtés, changeant légèrement de rythme pour s’adapter à celui du nouveau morceau. Il l’avait tant écouté qu’il peinait bien moins à suivre la cadence, et à reprendre leur discussion ! « Moi tout seul pas grand chose… mais ma tante me montre des trucs qu’elle sait faire, comme changer une batterie, faire la vidange ou remplacer des pièces, et moi je fais pareil. Et y a aussi une vieille coque de bateau dans son garage, et plus tard, j’aimerais bien arriver à la remettre en état pour qu’il puisse flotter à nouveau ! » Il avait déjà raconté cette partie-là à Michaela dans leurs mots à rallonge échangés en cours, mais c’était plaisant de partager un peu de son univers. Il ignorait si parler d’épaves de voitures intéressait réellement Daria ou si elle lui demandait seulement pour être polie. En tout cas, il prenait du plaisir à raconter ce pan-là de sa vie moldue, qui lui faisait presque oublier que le reste était bien moins plaisant ; il n’avait ni envie d’évoquer Rosalie, ni son beau-père parasite. Il haussa les épaules avec un petit sourire amer en discutant passions, et notamment du fait qu’il n’avait pas encore trouvé la sienne. Ça viendrait peut-être… pour le moment, ce qui le stimulait le plus était encore un secret aux oreilles du monde, et il tenait à ce que cela reste ainsi un moment. En ce qui la concernait, celle de la danse ne semblait pas si facile tous les jours… l’apprentissage avait l’air relativement fastidieux et difficile, heureusement qu’elle aimait ça. « … mais parfois y a un peu trop de pression, c’est ça que tu veux dire ? » lui demanda-t-il. Sa mère semblait un peu rude et exigeante, même s’il ne l’entrevoyait qu’à travers la description qu’elle en faisait. C’était un peu dommage, mais pas si étonnant, dans ce milieu… « Il a l’air vraiment cool, ton père. Tu devrais le ramener à l’école, on aurait sûrement de quoi discuter ! » lança-t-il en souriant. Il fallait bien voir le bon côté des choses, après tout elle semblait entretenir avec ce dernier des liens particulièrement étroits ! « Mais faudra que tu me montres comment tu le danses, le rock. » Après quelques pas de valses, ils pourraient toujours l’ajouter au programme, si le temps leur était donné… Il était en tout cas prêt à poursuivre autant qu’elle le souhaitait.

Puis les minutes passées en compagnie de Daria s’écoulaient, et plus Hayden parvenait à se détendre, à faire abstraction de ce qui se trouvait autour de lui. C’était une sensation bien agréable, que celle de pouvoir se laisser aller, de suivre tranquillement le rythme imposé par la musique. « C’est d’accord, j’essaierais de me montrer digne ! » répondit-il d’une voix mal aisée, bien conscient qu’il ne pourrait malheureusement pas honorer sa promesse. Évidemment, c’était dommage, il aurait bien évidemment apprécié partager cette danse le soir du bal… Mais ce serait se priver de la possibilité de se transformer. Jouer les Cendrillon avait ce côté un peu excitant, qui lui donnait hâte d’être à la fameuse date, pour exhiber sa belle et longue robe noire, affirmant cette féminité qui lui manquait un peu au quotidien. N’étant pas dans la possibilité de se trouver à deux endroits à la fois, il savait qu’il devrait faire un choix, et que s’il venait au bal en étant Haley, alors Hayden ne devrait logiquement pas s’y trouver. Pourtant, la perspective de rejoindre Daria et ses amis était plutôt séduisante… si l’on omettait que sa demi-soeur se trouverait parmi eux. Il se massa donc l’arrière du crâne, un peu embêté… « Non, j’ai pas reçu d’invitation, et j’suis pas sûr que Rosalie soit très emballée pour que je vous rejoigne. Mais je passerais faire un coucou, promis. » A nouveau, c’était un engagement qu’il savait pertinemment qu’il ne pourrait pas tenir… C’était un peu lâche, mais finalement pour le mieux s’il tenait à aller jusqu’au bout. Peut-être qu’un jour, l’occasion se représenterait à nouveau, ou il trouverait un moyen de mieux jongler entre ses doubles vies… Concentré sur ses pas, Hayden marqua toutefois un arrêt lorsqu’elle évoqua la venue d’Artemis ; il ne connaissait pas tous les détails de l’histoire, mais ce dont il était sûr, c’était que ces deux-là ne se portaient pas dans leur coeur… « Oh… non, t’inquiète, je dirais rien. Mais t’es bien consciente qu’ils ont du mal à s’encadrer tous les deux, non ? » demanda-t-il avec un petit sourire en coin. Il était intimement persuadé que les intentions de Daria était plus qu’honorables, et qu’elle ne voulait rien de plus que s’amuser avec des personnes qu’elle appréciait… Cependant, il y avait peu de chance que Noah réagisse bien à la nouvelle s’il savait.

S’efforçant de paraître à son aise tandis qu’elle se saisissait de sa main, et que la sienne s’était posée sur sa hanche, il esquissa quelques pas maladroits le temps de bien assimiler le rythme, comptant la cadence dans sa tête. Plus elle dansait, plus elle semblait radieuse, comme s’il y avait quelque chose de libérateur pour elle à se lancer dans cette danse… Même s’il n’était guère familier avec l’expérience, il y avait quelque chose d’agréable à partager ce moment avec la jeune fille, qui se laissait parfois aller à quelques confidences… Effectivement, l’ambiance à Poudlard devait bien différer de celle d’une école de danse, et son entrée à l’école devait avoir bouleversé sa vie. « Ouais, je comprends. Ça t’a obligé à revoir un peu tous tes plans d’avenir, de reconsidérer certains trucs… c’est normal que ça t’ait chamboulée. Mais c’est cool aussi d’avoir pu venir ici… Parfois, j’oublie qu’on a cette chance-là. » répondit-il en souriant, tentant de s’imposer un peu plus dans la valse, et prenant l’initiative de la faire tourner, elle aussi. Très attentif à chacun de ses mouvements, comme si le moindre faux pas pouvait suffire à la faire fuir, il prit bien le soin de se montrer appliqué… Le son grésilla un instant, ce qui était fréquent avec sa petite radio, et il laissa échappa un léger rire en interrompant son mouvement avant de reprendre, lorsque la musique reprit le dessus. L’enthousiasme et l’optimisme de Daria avaient quelque chose de communicatif, alors il se laissa doucement contaminer par sa bonne humeur, tout en réfléchissant à sa réponse à la question qu’elle venait de lui poser. « Pas du tout, c’est un mec du ministère qui est venu chez moi tout expliquer à mes parents. Tu les aurais vus, ils pigeaient que dalle… Et toi, ils sont moldus aussi, j’imagine ? » Il y avait des chances, ou alors elle était au moins sang-mêlé. Si sa mère était danseuse étoile, il y avait peu de chance qu’elle ait réellement eu l’occasion de connaître le monde magique… ou alors, elle s’était totalement reconvertie. Pour le coup, l’existence qu’elle avait menée avant son entrée à l’école ressemblait réellement à celle d’une moldue, puisque c’était un "nouveau monde" qui s’était ouvert à elle. Se sentant presque rassuré à l’idée d’être entouré d’une fille qui partageait un peu sa situation, il hésita un peu à poser la question qui lui brûlait les lèvres… « Daria, t’as l’impression des fois… de plus vraiment te sentir être toi-même ? » Il marqua un silence gêné. Aussitôt après avoir franchi ses lèvres, il se rendit compte de l’impact que pouvaient avoir ses mots… La seule chose qui pouvait se passer, c’était qu’elle le prenne pour un demeuré. « Haha, oublie ce que j’ai dit, c’est trop bizarre dit comme ça. » se rattrapa-t-il finalement, avec un regard un peu embarrassé, tandis qu’il reprenait prudemment la danse.

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La valse des oiseaux

"Accro aux vieilleries", dit comme ça, ça ne donne guère envie, pourtant ça me tire un sourire amusé. Moi j'aime bien, que ce soit l'idée qu'il retape des vieilleries, comme il le dit si bien, que l'idée que ça lui procure du plaisir. J'aime bien quand les gens sont heureux, ça me rend heureuse à mon tour. C'est un peu stupide, je vous l'accorde mais je suis comme ça ! Il me propose de me faire écouter ce qu'il aime et j'accepte sans hésiter. Je le vois déclencher une cassette et il lui faut quelques minutes avant de tomber sur l'extrait qu'il tient à me faire écouter. C'est assez doux, très mélodieux, j'aime beaucoup. Je mets quelques instants avant de me rendre compte qu'instinctivement, j'ai calqué mes pas au rythme, je ne m'en étais même pas rendue compte tellement c'est devenu une habitude pour moi de le faire. “C'est très joli, très doux ! ” Apaisant serait certainement le mot que je cherche. Je n'écouterais pas ça H24, bien évidemment, mais quand tu cherches quelque chose pour te détendre, ça peut-être un bon morceau. Il m'explique ensuite qu'il répare des voitures avec sa tante, ce que je trouve assez impressionnant. Evidemment c'est très cliché de penser qu'il n'y a que les hommes qui savent réparer des voitures, alors que c'est à la portée de n'importe qui, il suffit juste de s'y pencher dessus, voilà tout. Je comprends donc qu'il est proche de sa tante et qu'il la voit souvent. Je l'envie, j'aurai aimé aussi être proche d'autres membres de ma famille mais mon père est fils unique et ma mère n'a jamais été très proche des siens et étant fille unique, difficile dans ces conditions de passer du temps avec mes oncles et tantes. “Tu sais donc t'occuper d'une voiture. C'est plutôt cool ! Une coque de bateau ? Wouhaaa c'est trop classe ! Ca sera grave cool que tu y arrives. Tu sais les réparations qu'il y a à faire dessus ? ” Alors déjà savoir monter et démonter une voiture, je trouve ça déjà impressionnant, mais alors réparer un bateau, ça c'est le top de la classe. Je ne serais tellement pas par où commencer à sa place. Il vient de me vendre du rêve et je l'envie beaucoup.

Je hoche la tête un peu timidement quand il me parle de pression que je peux avoir via la danse. Je sais que c'est le domaine qui veut ça et que de toute façon, dans n'importe quel domaine, si tu veux devenir une professionnelle dans n'importe quel sport, il y a forcément beaucoup de pression et un énorme travail sur soi à faire. S'entraîner jusqu'au bord de l'épuisement, continuer malgré la douleur et les multiples blessures, encaisser jusqu'au point de non retour, tout ça pour s'endurcir au maximum, parce que c'est un monde dur et cruel parfois et il faut avoir les épaules solides pour pouvoir tenir. “Qu'importe la douleur ou la fatigue, il faut continuellement s'entraîner. J'ai fini plus d'une fois avec les pieds en sang, crois moi c'est pas la partie que j'aime le plus dans la danse...” J'ai pas envie de me plaindre ou de montrer une mauvaise image de ma maman, mais c'est pourtant la réalité. Quant on veut devenir danseuse étoile, il faut savoir encaisser et c'est souvent plus de contraintes que de plaisir. Il n'y a que les passionnés qui s'acharnent, il faut bien être honnête. Un sourire apparaît instantanément sur mon visage quand on parle de mon père. Autant mes sentiments sont un peu plus mitigés quand je parle de ma mère, autant j'éprouve un amour sans borne pour mon géniteur. J'aime ma mère, bien évidemment, mais il n'est pas toujours facile d'être sa fille, vous pouvez me croire, alors que j'ai l'impression que la vie est plus facile quand je suis avec mon père. Et dieu sait que j'aimerai aussi qu'il soit avec nous, ça serait tellement cool. “Crois moi, j'en rêverai ... Mais les moldus ne peuvent pas venir à l'école ...” Je crois que c'est la chose que je déteste le plus dans ce monde, le rejet total des moldus. L'idée que si un jour j'ai un problème ici, mes parents ne pourront jamais venir à mon secours. J'aurai aimé qu'ils puissent avoir accès à l'école, ne serait-ce que durant des sortes de portes ouvertes, pour qu'ils puissent voir où je passe mes journées, qu'ils découvrent mon monde et que je puisse leur montrer tout ce dont je leur parle dans mes lettres. Mais c'est impossible et je trouve ça bien injuste... “Tout à l'heure, quand on aura fini si tu veux je t'apprendrais comment on le danse ! ” Répliquais-je avec le sourire. Et si on n'a pas le temps, je suis sûre qu'on pourrait se trouver un moment pour que je lui montre. C'est vraiment très simple et très amusant.

Sa danse était bien et il avait vraiment du potentiel. De toute façon la danse, ce n'est pas si compliqué, il faut déjà avoir envie d'apprendre à danser et se laisser aller, pour le reste, ce n'était que de l'apprentissage. Evidemment, je parle de la danse dans sa généralité, je ne parle pas d'être un vrai danseur professionnel. Là ça demande de la rigueur et surtout un apprentissage beaucoup plus tôt. Je lui réclame d'amblé une danse durant le bal et il accepte sans broncher, ce qui me tire un nouveau sourire. Je suis bien loin de me douter que cette danse n'aura jamais lieu et qu'il viendra au bal dissimulé sous les traits d'une autre personne. Il m'explique ensuite qu'il n'a pas reçu d'invitation mais qu'il doue que Rosalie ne soit pas emballée par l'idée. Mais il promettait - plus ou moins - de passer faire un coucou. Tout comme pour Noah et Artemis, c'est vraiment dommage que Rosalie et Hayden ne s'entendent pas. Evidemment je ne pouvais rien faire pour arranger les choses, mais j'aurai eu très envie que ça soit possible. “Il n'y a pas quelqu'un avec qui tu aimerais aller ?” Lui demandais-je dans un petit sourire. Comme je l'ai dit, on se connaît très mal, j'ignore s'il y a une fille - ou un garçon - qui lui plait. Si c'était le cas, je doute qu'il me le dise, mais qu'importe, au moins j'aurai essayé. Je suis très curieuse comme personne mais j'évite de trop insister pour ne pas mettre mal à l'aise les gens, ça atténue un peu mon défaut. “Vous ... vous ne vous entendez pas avec Rosie parce que ... vous êtes très différents ou c'est à cause de ... de votre situation ... personnelle ?” Je ne savais absolument pas comment tourner ma phrase. Je savais que leurs pères - si je ne dis pas de bêtise - c'était mis en couple et que par conséquent, ils étaient voués à être demi-frère/demi-soeur. Du coup j'étais curieuse de savoir si c'était cette situation qui rendait leurs rapports compliqués ou si c'était plutôt au niveau du caractère que ça ne passait pas. La discussion dévia sur Noah et Hayden me promit de ne rien dire par rapport à Artemis à mon meilleur ami, ce qui me soulagea. Evidemment, il me précisa que ces deux là ne s'appréciait pas et évidemment, j'étais au courant. Je hochais la tête “Je sais ... Je sais qu'Arte préfère largement Alex à Noah mais ... Je ne sais pas, je me dis qu'ils n'ont peut-être jamais vraiment pris le temps d'apprendre à se connaître et que s'ils le faisaient, ils se découvriraient des points en commun.” Je vis dans un monde féérique, j'en suis parfaitement consciente, mais ça ne coût rien d'essayer, si ? Bon si, Noah va m'en vouloir, mais il ne pourra pas m'en vouloir toute ma vie, si ? Il va bien me pardonner ? Il sait que ce n'est pas méchant de ma part ... n'est-ce pas ? “Tu crois que ... que c'est mal d'avoir envie que ses amis s'entendent tous ?” Lui demandais-je sincèrement. Je pensais déjà connaître la réponse mais je ne pouvais m'empêcher d'en espérer une autre, moins réaliste mais plus proche de ma façon de voir le monde.

Je hochais la tête face aux propos d'Hayden, j'étais entièrement d'accord avec ce qu'il disait. Oui, ça a été un gros chamboulement dans ma vie, ça n'a pas forcément été facile au début mais je me suis accrochée à l'idée que c'était cool d'avoir cette chance là, de pouvoir être ici aujourd'hui et il est clair qu'on peut rapidement l'oublier par moment. “Il est facile d'oublier qu'on est des privilégiés. On peut lancer des sorts, rencontrer des créatures magiques, créer des potions ou des runes ... On peut parler à des tableaux et on a des escaliers qui bougent tout seuls ... c'est quand même cool. Oh et le Quidditch ... On peut voler ...” Répliquais-je rêveuse. Je n'étais pas très douée sur mon balai, c'était un fait, mais ça n'empêchait pas que c'était cool de pouvoir y monter dessus parfois pour sentir le vent balayer mon visage. Oui, on était chanceux, à n'en pas douter. Peut-être même plus que les sang-purs, parce que nous appartenions à deux mondes et on n'était les seuls à pouvoir vraiment les comprendre tous les deux et y vivre dedans sans problème, alors que ça leur été impossible, certainement raison pour laquelle ils nous détestaient autant. Je hochais la tête quand il me demanda si j'étais aussi née moldue. Ca faisait plaisir de savoir qu'on était pareil tous les deux, qu'on avait eu finalement la même expérience et qu'on appartenait au même monde. “Oui. Ma mère a refusé catégoriquement de me laisser partir dans une école qu'elle ne pouvait pas visiter au préalable. Elle a toujours trouvé ça inadmissible de ne pas pouvoir savoir où je m'étais les pieds et qui étaient mes professeurs. Ils ont évité le pire eux mais ... mais en vrai je la comprends. J'avoue que moi aussi je trouve ça injuste. Si on a un problème, ils ne peuvent même pas venir nous aider ...” Je crois que c'est ce qui effraye le plus mon père, l'idée que si un jour j'ai vraiment besoin de lui, il ne pourrait rien faire. Se sentir totalement désarmé et impuissant, c'est ce qu'il vit le moins bien, même s'il ne m'en parle jamais. C'est presque libérateur de pouvoir en parler avec lui, parce que je sens qu'il est le mieux placé pour me comprendre. Difficile d'avoir ce genre de propos avec des nés moldus ou des sang mêlés, eux ont la chance de pouvoir voir débarquer leurs parents s'ils le veulent, alors que nous, nous sommes condamnés à être seul. La question que me pose Hayden me laisse pantoise. Je ne suis pas sûre de la comprendre, ni de savoir ce qui se cache derrière. Pourtant, au fond de moi, je sais que c'est une question importante, qui compte pour lui, mais elle me reste totalement énigmatique. “Comment ça ? A cause de la magie ? ” Il baisse très rapidement les armes en prétendant que je devais oublier, que c'était bizarre dit comme ça. Je le regarde droit dans les yeux “Ca va ? Il y a quelque chose qui ne va pas ?” c'était peut-être rien, mais c'était aussi peut-être quelque chose et je commençais à m'en vouloir d'être trop bête pour le comprendre.

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Daria initie Hayden à la danse

Un sourire sincère naquit discrètement sur son visage lorsqu’elle affirma avoir aimé le morceau qu’il venait de lui faire écouter. Elle avait même un peu bougé dessus, comme si elle s’était finalement laissée emporter par la mélodie ! Il attendit la fin du morceau, et appuya sur le bouton d’arrêt, avant de remettra la radio en faisant un peu grésiller la chaîne. Finissant par retrouver la station qu’il cherchait, il se replaça sur la piste, face à Daria : « Ouais ! Haha, je te passe les détails ennuyeux et compagnie, mais y a un trou béant dans la coque, de cette taille-là environ. » lança-t-il en mimant la largeur avec ses mains. « Puis le ponçage de la surface, la mastication de la flottaison… c’est plutôt technique. » ajouta-t-il avec un regard un peu gêné, comme s’il avait profondément conscience que ce qu’il racontait n’était pas bien intéressant pour la Serdaigle. « Mais promis, t’auras droit à un tour, s’il coule pas au bout de dix mètres ! » Ce serait tellement bien… Parfois, en voyant l’état du rafiot, il remettait en question le fait de pouvoir parvenir un jour à le faire voguer correctement, mais il se plaisir à l’imaginer, remontant la rivière, ou affrontant les flots. Pouvoir inviter ses amis à monter à bord, ce serait génial ! Mais il en était encore loin, et il s’était promis de ne pas tricher en faisant usage de la magie, tout d’abord parce que sa tante n’était pas dupe, et remarquerait indubitablement quelque chose de bizarre. En écoutant Daria lui parler de sa passion, il avait presque l’impression qu’ils vivaient dans deux mondes différents… et pourtant, il ressentit pour elle une vague de compassion. S’accrocher si férocement pour quelque chose forçait à la fois l’admiration et le respect… « Ah ouais, quand même… Faut être sacrément motivé, n’empêche. Heureusement, avec la magie, tu dois pouvoir récupérer un peu plus vite qu’avant ! » lui répondit-il souriant. Parce que ça ne devait pas être bien agréable de finir avec les pieds en sang tous les jours… Il eut une idée, qu’il émit tout de suite à voix haute : « La prochaine fois, on devrait essayer de faire ça au balcon du monde, et de te trouver une vraie estrade de professionnelle. » Il imaginait déjà les scènes, comme à l’opéra d’Édimbourg, ou au théâtre de Melrose… « Enfin, si tu veux bien qu’y ait une prochaine fois… » se rattrapa-t-il soudainement, craignant d’avoir l’air de lui forcer la main, en la mettant face à une proposition qu’il ne lui donnait pas l’occasion de refuser.

Sur bien des sujets qu’ils évoquaient, ils ne semblaient pas avoir trop de mal à tomber d’accord. L’optimisme communicatif et l’enthousiasme contagieux de Daria le faisaient doucement sourire, et il se plaisait à constater que leurs points de vue convergeaient. Notamment sur la question des moldus, et du secret qui entourait l’existence de l’école… Il comprenait plutôt bien sa frustration. « Ouais… c’est un peu nul, ça. Des fois, je me dis que tout serait tellement plus simple s’ils étaient au courant… » Il haussa les épaules tristement ; bien sûr, il savait que ça ne se ferait pas comme ça, et que ce souhait n’était pas franchement compatible avec la perception des moldus vis à vis des sciences occultes… et notamment celle de sa mère, qui ne semblait toujours pas se faire à l’idée. Enfin, Daria orienta le sujet sur une thématique un peu plus joyeuse, proposant de lui apprendre à danser le rock ; ça, ça ne se refusait pas ! Et puis si ça se trouvait, elle appréciait elle aussi de pouvoir danser en sa compagnie, même si leurs niveaux respectifs n’avaient strictement rien de comparable… « Oui, je veux bien ! Mais attention, je vais finir par te voler la vedette, à force. » plaisanta-t-il. Bien sûr… Probablement dans ses rêves. Quoi qu’il en soit, il était toujours disposé à apprendre, et à vaincre sa pudeur pour se sentir plus à l’aise sur la piste. Se rapprochant d’elle, il s’appliqua à suivre soigneusement ses pas, tout en écoutant bien le rythme entraînant de la musique… C’était un morceau qu’il aimait bien, celui-là aussi, et sur lequel il se laissait entraîner bien volontiers. En y réfléchissant bien, c’était réellement dommage qu’il ne puisse pas être en mesure d’honorer son engagement, pour le bal… Mais il ne pouvait revenir dessus : une telle opportunité de revêtir l’apparence de Haley ne se laissait pas passer si facilement. « Euh… j’ai pas vraiment de nom en tête. J’improviserais sur le moment, si quelqu’un veut bien de moi ! Et toi alors, qui de Noah ou Artemis sera ton chevalier servant ? » demanda-t-il avec un clin d’oeil amusé. Si ça se trouvait, la raison pour laquelle elle tentait de les réunir tous les deux, c’était parce qu’elle avait le béguin pour l’un ou pour l’autre… Il ne la connaissait pas suffisamment pour savoir lequel, mais ce pourrait être amusant !

Un peu plus mal à l’aise lorsqu’elle se mit à évoquer Rosalie, Hayden se laissa légèrement perturber, et cela se ressentit dans ses pas de danse, un brin plus maladroits. Il s’efforça de se montrer un peu plus attentif à ce qu’il faisait, et lui répondit finalement. « C’est un peu les deux en fait. On est très différents, et c’est un peu compliqué à la maison… mais je pense que c’est une chouette fille, quand elle le veut bien. C’est juste qu’on est peut-être tout simplement pas faits pour s’entendre… ça arrive. » Il eut un léger pincement au coeur en ayant l’impression qu’il était exactement en train de resservir le même baratin que son père quand ce dernier lui avait appris qu’il comptait divorcer. Levant le bras de Daria au dessus des siens pour la faire tourner gracieusement, il se remit à sourire, afin de dissiper son embarras. Après tout, elles étaient probablement copines, et comme pour Michaela, il ne souhaitait en rien influencer leur amitié. La pauvre… Elle semblait terriblement désolée à l’idée de devoir réunir ses deux amis qui ne s’appréciaient pas, et il ne put s’empêcher de se sentir un peu mal pour elle. « Bah non. Évidemment que c’est pas mal, ce serait plutôt mal de préférer que ce soit la zizanie ! Mais forcer les gens à s’entendre, ça marche pas vraiment… Alors le mieux, c’est peut-être d’espérer qu’un jour, ils finissent par surmonter ce qui les sépare. Des fois, ça arrive. » répondit-il d’un ton serein, espérant que cela suffirait à lui remonter un peu le moral. Après tout, rien n’était figé dans le marbre concernant Artemis et Noah… Et puis, ça n’était guère agréable, de se retrouver au beau milieu d’un conflit, surtout entre personnes à qui on tenait. Il s’arrêta à la fin du morceau, rendant sa liberté à Daria pour aller changer de morceau, et revint au centre après avoir trouvé une musique un peu plus dynamique… Peinant à suivre son rythme, il écouta les doutes dont elle lui fit part, avec une légère moue. « Ça montre qu’elle s’inquiète pour toi après tout, c’est pas si mal… C’est pas évident pour eux non plus, j’imagine, de te laisser sur le quai d’une voie qui est même pas censée exister pour rejoindre une école qui sort de nulle part, et dont ils avaient même pas connaissance. Peut-être qu’un jour, elle arrivera à mieux comprendre tout ça… » lui répondit-il d’un ton qu’il espérait être encourageant. Certes sa mère ne semblait pas être une personne très facile à vivre, mais au fond, c’était sûrement parce qu’elle tenait beaucoup à sa fille, bien trop pour se résoudre à l’abandonner toute une année dans un monde qu’elle ne connaissait pas. La danse, ça devait être un milieu plus rassurant…

La question était sortie toute seule de sa bouche, comme s’il n’avait pas contrôlé ses mots. Évidemment ils avaient suffi à susciter son incompréhension… Il se sentit un peu gêné d’avoir laissé ses incertitudes s’exprimer ainsi, et opta pour faire marche-arrière. « Euh, ouais ! À cause de la magie. » se justifia-t-il. Non, pas vraiment. C’était plus une certaine forme de magie… qu’il semblait être le seul à posséder, puisqu’il n’avait croisé personne qui puisse partager cette étrange faculté à métamorphoser son propre corps. Quel échec… Cette fois, Daria semblait réellement s’inquiéter pour lui, comme s’il était à moitié fou, et ne maîtrisait pas les paroles qui sortaient de sa bouche. Il secoua aussitôt la bouche, et demanda finalement : « Je sais pas, juste un truc qui te fait te sentir vraiment différente. Ça t’est déjà arrivé ? ». Dans le pire des cas, il n’aurait qu’à dire que c’était le mal du pays, passer à autre chose, et changer de sujet… Mais s’il y avait ne serait-ce qu’un espoir pour qu’il découvre que quelqu’un partageait son étrange mal-être, alors ça valait la peine de demander.

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La valse des oiseaux

J'écarquille les yeux quand il parle d'un trou géant qui se trouve sur la coque de son bateau. J'ai dû mal à imaginer comment il va s'y prendre pour réparer ça. J'imagine que c'est faisable, un nombre incalculable de bateaux ont déjà dû être dans cette situation. Je me souviens avoir déjà lu des romans qui parlent de ce genre d'avaries sur les bateaux des pirates et autres marchands en tout genre. Evidemment, il n'y a jamais aucun détail sur comment ils s'y sont pris mais à chaque fois ils ont pu réparer et repartir. Le ponçage de la surface me paraît déjà beaucoup moins irréelle et irréalisable. Avec une bonne machine, à mon avis ça peut se faire vite ou en tout cas facilement. Quant à la mastication de la flottaison ... Je ne sais pas pourquoi mais j'imagine que c'est le machin noir qu'on voit parfois dans les films où il y a des bateaux. Loin d'être ragoutant, c'est un espèce d'enduit qu'ils badigeonnent sur la coque. Je m'avance peut-être sur ça mais vu que j'ai jamais vraiment compris à quoi ça servait, j'imagine que c'est peut-être ça. Après à savoir comment ça marche et à base de quoi c'est fait, je n'en ai aucune idée. “Mais tu comptes réparer ça comment ? Parce que même si tu mets un morceau de bois de la taille du trou, il y a encore des fissures ... et puis il tient comment ?” J'essaie d'imaginer un peu la scène mais ça fini toujours par une catastrophe dans mon esprit. Existe-t-il une sorte de colle qui supporte l'eau et son poids ? En tout cas je suis captivée par le sujet, c'est tellement un domaine que je ne connais pas et j'ai lu tellement d'histoire de piraterie et de marine en générale que j'ai envie d'en apprendre plus sur le sujet. Et je ne peux vous expliquer la joie que j'ai de l'entendre me promettre un tour si jamais il ne coule pas avant “Avec grand plaisir, je veux voir ça ! ... Et il fait quelle taille ? Genre la taille d'une barque ou plus gros ? ” Je suis lancée, je ne m'arrête plus. Mon imagination carbure tellement en ce moment que j'ai besoin de détails pour la limiter un peu. Ca serait en tout cas vraiment génial si ce jour pouvait vraiment arriver. En plus je connais bien Rosalie, ça serait l'occasion parfaite de passer du temps avec elle en dehors de Poudlard, en même temps qu'Hayden. Un rêve éveillé !

Je lui explique la dure vérité sur la danse et c'est loin d'être très beau à voir. Le rythme est effréné, on est loin de beaucoup s'amuser tellement tout est pris constamment au sérieux et on peut passer des heures à s'entraîner, sans s'arrêter au point d'être au bord de l'épuisement, courbaturé et les pieds endoloris. Je hausse les épaules, peu convaincu par ce qu'il avance. “Non pas vraiment ... enfin quand je suis ici, si je me pousse trop, je peux aller à l'infirmerie bien évidemment mais quand je suis chez ma mère, c'est ... plus compliqué !” Il n'est pas sans savoir qu'on ne peut pas faire de la magie en dehors de Poudlard et je doute que ma mère apprécierait que je prenne des potions pour me remettre plus vite, à ses yeux ça serait de la triche, un peu comme du dopage. Une vraie danseuse doit savoir encaisser sans broncher, sinon elle n'a rien à faire dans la compétition. C'est soit disant pour mon bien qu'elle me pousse autant. Mon sourire revient instantanément quand il parle d'une potentielle prochaine fois. Ce n'est pas moi qui est suggérée l'idée, vous aurez remarqué, c'est lui. Evidemment que je suis d'accord pour une prochaine fois, l'idée qu'il apprécie passer du temps en ma compagnie et qu'il aime danser et apprendre à danser vaut tout l'or du monde. Comment pourrais-je refuser tout ça ? “Ca serait tellement chouette !” Répliquais-je emballée, le rassurant ainsi sur sa proposition. Le sujet glisse sur mon père et sur le fait que ça serait vraiment cool qu'il soit ici avec nous. Je sais que ce n'est pas son métier, mais je suis sûre qu'il aurait été parfait en concierge, voir en conseiller d'orientation - non que j'ai de quelconque griefs contre ceux que nous avons, loin de moi cette idée. Malheureusement il est moldu et en tant que tel, il n'a aucun accès à cette école, ce que je regrette amèrement. C'est, je pense, ce que je vis le plus mal, l'idée que mes parents ne puissent pas venir ici. Et je sais qu'ils le vivent tout aussi mal de leur côté, même s'ils prennent sur eux pour ne pas trop le montrer. Dès qu'il se passe un truc de louche ici, ils paniquent et se demandent s'il ne vaudrait mieux pas arrêter tout ça et me faire revenir dans "le monde normal". “Mais tellement ! S'ils laissaient la chance aux moldus de nous accepter, peut-être qu'il y aurait moins de haine du côté des sorciers pour eux ! ” Encore une fois, je m'avance certainement mais il n'empêche que je le pense vraiment. A force de leur répéter que les moldus ne doivent pas savoir, qu'ils ne comprendraient pas, ça a certainement créé une certaine frustration et une haine à leur égare qui n'est pas justifier. Il faut en vouloir aux sorciers qui veulent garder jalousement leur secret et non aux moldus qui ne sont au courant de rien.

Je lui propose qu'à la fin de la "séance" je lui apprenne à danser le rock et il accepte sans hésiter, non sans faire une petite plaisanterie en cours de route, ce qui me tire un sourire amusé “Je partage avec plaisir le devant de la scène si tu veux !” Je n'ai aucune mal avec l'idée qu'une personne puisse être plus douée que moi en danse et s'il s'avère que c'est le cas d'Hayden, j'en serais ravie et le pousserais à se lancer dans le domaine. Je suis plutôt bonne joueuse pour le coup et je ne vois absolument pas ça comme une compétition. Après je suis bien consciente qu'il ne fait que plaisanter et qu'il n'en pense pas un mot. Mais j'aime l'idée que s'il est capable de plaisanter dessus c'est qu'il se sent à l'aise en ma compagnie et ça c'est bien ! Nous dansons ensemble sur le rythme de la musique et je le sens concentré, ce qui me tire un sourire. J'aime le voir si appliqué à la tâche, c'est assez plaisant. Je tente de gratter quelques informations sur lui mais je fais chou blanc. Visiblement il n'a aucun nom en tête ou ne veut pas me le dire, ce qui revient au même au final. Dommage, je ne serais pas si quelqu'un fait battre son coeur. Ce n'est pas ultra important, bien entendu, mais que voulez-vous, je suis une indécrottable romantique. Sa question me surprend quelque peu, non pas tant la question en elle-même que son clin d'oeil qui s'en vient ensemble. Légèrement rougissante, je me sens un peu gênée, même s'il n'y a pas de raison de l'être au final. “Heu ... j'y vais avec Noah. Artemis sera certainement le cavalier de Rosie.” Je n'ose pas rajouter que ce ne sont que des amis, de peur d'avoir mal compris le sous-entendu et de me ridiculiser. Le sujet dévie justement sur Rosalie, mais cette fois-ci, sur les liens qui la lient à Hayden. Je sens que ses pas sont moins précis, un peu plus confus et je comprends rapidement que ma question l'a prise de cours. J'ai un peu du mal à imaginer leur situation puisque ça ne m'est pas arrivée. Pourtant ça le pourrait, après tout mes parents sont divorcés, je pourrais très bien tomber sur une belle-mère ou un beau-père avec des enfants et j'avoue que l'idée de partager mon père et nos moments ne m'enchanterais pas des masses, qu'on se le dise. “Je vois ... Peut-être qu'il vous faut un peu de temps pour vous faire à cette situation ... Parce que c'est vrai que Rosie est vraiment géniale, je suis sûre qu'avec le temps, vous vous trouverez des points en commun ...” J'ignore depuis combien de temps ils vivent tout ça, mais ils sont jeunes, en pleine crise d'adolescence, évidemment qu'ils ne peuvent pas s'encadrer. Mais peut-être qu'en grandissant, ils verront la chose d'un tout autre oeil, allait savoir. Je sais, je suis une grande optimiste, mais que voulez-vous, c'est plus fort que moi, j'aime l'idée que tout le monde s'entend avec tout le monde.

Et en parlant de gens qui ne s'apprécient pas, on parle d'Artemis et Noah. J'aimerais qu'ils s'entendent bien tous les deux, pour qu'on puisse faire des choses ensemble sans que ça dérange quelqu'un, mais pour le moment ce n'est pas bien partie. Et je comprends ce que veut dire Hayden, je suis même d'accord avec lui, sur le principe “Oui je sais .... j'essaye pas de les forcer juste ... de provoquer des situations où ils doivent passer du temps ensemble. Ils n'ont jamais cherché à se connaître, je me dis qu'en provoquant le destin, peut-être qu'ils se découvriront des points en commun ... eux aussi. ” Jusqu'à présent ça n'a pas fonctionné, mais je continue à m'accrocher à l'idée de ne pas baisser les bras. Evidemment je ne leur tends pas des guet-apens trop régulièrement, ils finiraient par me détester, mais de temps en temps, quand l'occasion se présente, je tente ma chance. Un jour peut-être que j'arrêterai. Je hoche la tête quand on parle de ma mère et de son inquiétude à me laisser partir dans une école de magie. Je suis totalement d'accord avec lui, à sa place, je ne sais pas ce que j'aurai fait. D'un côté, tu as envie que ton enfant puisse vivre dans un monde auquel il appartient et être ce qu'il veut, mais en même temps, si ledit monde t'es inaccessible comment savoir s'il est si bien que ça ? “Wouhai je sais et je comprends totalement ! Je sais que ce choix leur coûte, surtout quand il arrive des trucs mal ici. A chaque fois ils remettent en question leur décision et sont tentés de tout arrêter pour me remettre dans une école moldue.” Sur le principe je comprends parfaitement mais je me vois très mal retourner dans le monde moldu. Maintenant que j'ai goûté aux joies de la magie, je n'ai pas envie de m'en passer. Je veux lancer des sorts, créer des potions, voir des animaux fantastiques, parler à des tableaux et tout plein d'autres choses de ce genre. Retourner dans le monde moldu pour apprendre l'arithmétique et les dissertations, merci mais non merci ! La suite de la conversation me dépasse totalement. Je sens qu'il essaye de me dire quelque chose d'important, mais je ne comprends rien du tout. Pourtant j'essaye, vraiment, mais je navigue dans le noir total pour le moment. “Je ne suis pas sûre de comprendre ce que tu essayes de me dire ... Si tu me disais ce qu'il se passait ... non ?” Je ne sais pas quoi lui répondre. Est-ce que je me sens différente parfois ? Plus vraiment moi ? Que répondre à ça ? J'ai l'impression d'être différente des autres, ça oui, mais différente de moi-même ... je ne crois pas ou en tout cas je ne comprends pas l'idée. Mais je sens que c'est important, il n'hésiterait pas autant si ce n'était pas le cas “Ju sais que tu peux me parler librement ... je ne te jugerais jamais[, ni ne me moquerais pas ... Je ne sais pas si ça l'aidera à se lancer, mais j'espère sincèrement !

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La valse des oiseaux

Daria initie Hayden à la danse

Avec une petite pointe de nostalgie, Hayden songea aux dimanche après-midi d’été qu’il passait avec Tante Jo dans le garage désordonné, à remettre en état quelques vieilleries jugées hors d’usage trop tôt. Ça, c’était son univers à lui… Et le partager avec quelqu’un d’autre l’emplissait d’une joie indescriptible, même si elle ne lui posait des questions que par politesse. « Avec un genre de résine pour colmater les fissures, qui durcit très très vite. Enfin, c’est plutôt compliqué à expliquer, ma tante sait le faire bien mieux que moi ! » s’expliqua-t-il en mimant les gestes à effectuer, sur une coque invisible. En réalité, il avait encore tant à apprendre… Mais cette idée-là ne l’effrayait pas ; d’ici quelques années, il serait bien capable de faire tenir ce rafiot sur l’eau ! Il ignorait pourquoi cela semblait tant impressionner Daria alors que le sujet n’était pas spécialement passionnant pour un non-initié, mais il lui répondit avec bien du plaisir. « C’est un vieux bateau de pêche. Bon, il est pas immense, il pourrait rentrer dans cette salle… Mais il est plus gros qu’une barque, oui ! » laissa-t-il échapper avec un enthousiasme certain. Pour elle, les choses semblaient moins drôles… Peut-être qu'un jour, s'ils devenaient bons amis, il aurait l'occasion de le lui montrer en vrai. Il avait l’impression que de son côté, elle était promise à une exigeante carrière de danseuse étoile, et n’avait pas le droit à l’erreur. Lui avait toujours cette liberté de faire ce qu’il voulait, comme il le faisait aujourd’hui : il avait fait le premier pas, et osé approcher une camarade de classe pour qu’elle lui montre quelques pas, avec seulement le poids de la pression sociale sur ses épaules. Mais pour elle qui avait celle de sa mère, les choses devaient être bien différentes… « Compliqué comment ça… ? Ça t’arrive souvent de te blesser... ? » osa-t-il finalement demander, avec la désagréable impression de franchir une barrière d’intimité derrière laquelle il aurait dû sagement rester. Mais si elle disait vrai… Alors les choses étaient peut-être même graves. Il n’était pas bien sûr, mais dit comme ça, ça ressemblait presque à de la maltraitance ordinaire… Décidément, la mère de Daria ne lui inspirait pas franchement de sympathie, alors qu’il ne la connaissait même pas. Avec un peu de chance, il se trompait lourdement, et par « se faire mal », elle faisait simplement référence à de petites blessures anodines, et non pas des violences physiques infligées par une pratique trop intensive de la danse. Oui, avec un peu de chance… Il chassa volontairement de son esprit les images perturbantes qui lui venaient à l’esprit, et tacha de se concentrer sur leurs mouvements sur la piste. C’était une chouette fille, qui méritait de faire ce qu’elle aimait sans avoir à en souffrir. Oui… Il sourit sincèrement lorsqu’elle réagit positivement à son invitation. Cela signifiait qu’elle n’avait pas passé un moment trop désagréable en sa compagnie… ! Ce qui le rassurait vivement en revanche, c’était de l’entendre au sujet du secret magique. Ainsi, il n’était pas le seul à penser tout cela ! C’était vraiment la première fois qu’il avait l’impression que tout le monde s’en fichait bien, que les moldus apprennent, pour leurs pouvoirs. Pourtant, eux, ils venaient d’une famille moldue… Évidemment que cette révélation avait bouleversé le cours de leur existence, évidemment qu’ils savaient qu’il y aurait tout à gagner en assurant une transition pacifique, et une transformation profonde de leur société pour réunir leurs deux mondes… « Je suis bien d’accord. Enfin, je sais bien que ça peut pas se faire du jour au lendemain, qu’il faudrait commencer petit à petit… Mais je suis sûr que c’est possible, sur le long terme ! » Il serait bien naïf de croire qu’il ne faudrait qu’une poignée de jours pour faire accepter leur existence, mais ils devaient bien commencer quelque part… Cohabiter ensemble était possible, il y croyait fermement.

Le morceau changea, laissant débuter une nouvelle mélodie, plus entraînante que la précédente. Hésitant, il leva finalement le bras pour faire tourner sa partenaire sur la piste, la regardant virevolter à la cadence des notes avant de reprendre les pas de base. « En vrai je crois que je commence à te suivre. Fais gaffe, tu pourrais bien avoir de la concurrence ! » plaisanta-t-il sans relâcher sa concentration un seul instant. Tout en prêtant une attention minutieuse à ses pieds, et au rythme qu’imposait la musique, il continua de se laisser guider par Daria, s’habituant à la proximité troublante et inhabituelle qui s’installait entre eux. Hormis lorsqu’il prenait la forme de Haley, il ne lui arrivait pas vraiment souvent de se retrouver aussi proche d’une fille… Mais la Serdaigle se gardait bien de le juger, et se montrait encourageante envers lui, ce qui fit taire ses inquiétudes. Alors, il enchaîna sur le sujet du bal, auquel il savait qu’il participerait, mais pas en tant que lui-même. L’avouer à Daria n’était pas vraiment une option… Aussi, il s’efforça de donner le change, non sans culpabiliser. « C’est un bon choix, Noah est un chic type. Vous allez bien vous amuser, tous les deux. » lui promit-il en souriant. Il le pensait réellement ; c’était un garçon timide avec beaucoup de réserve naturelle, mais pour l’avoir côtoyé une bonne partie du temps dans leur dortoir commun, il ne se faisait pas d’inquiétude à son sujet : sa bienveillance le caractérisait, et il tenait beaucoup aux rares amis dont il s’entourait. Il ignorait quels étaient les rapports qui le liaient exactement à Daria, il se pouvait que leur relation dépasse le simple cadre de l’amitié… Mais si c’était le cas, il n’en avait pas connaissance ; après tout, Noah était plutôt doué pour garder des secrets. Et puisqu’ils se laissaient manifestement aller jusqu’à échapper quelques confidences, Hayden fit le choix d’aborder les liens conflictuels qui l’unissaient à Rosalie. Certes, c’était la toute première fois qu’il parlait réellement à cœur ouvert à Daria, qui était peut-être une amie de la Gryffondor… Mais au fond, il avait ce sentiment, cette impression étrange qu’elle était parfaitement apte à le comprendre. Elle était optimiste sur l’état des choses entre eux, mais lui préférait conserver une certaine clairvoyance… « Peut-être… en réalité, je sais pas trop. Je pense pas qu’on sera amis un jour, tous les deux. Mais je suis content pour elle qu’elle soit bien entourée, elle le mérite. » Il se garda bien d’en faire part, mais il songeait silencieusement aux rares moments privilégiés qu’il avait pu passer avec elle, lorsqu’il était métamorphosé en Haley. C’était les seuls souvenirs qui lui permettaient de garder un peu de recul sur la Gryffondor… A croire que les tensions qui existaient entre eux n’avaient lieu d’être que quand il était un garçon. En tout cas, il avait bien du mal à imaginer qu’un jour, ils parviendraient à mettre de côté leurs différends, et à s’entendre tous les deux…

Alors que pourtant l’enthousiasme et l’optimisme semblaient la définir, elle sembla tout à coup bien inquiète et soucieuse… Etait-ce réellement le bal de l’école qui lui faisait cet effet ? Les traits de son visage se laissaient déformer par l’incertitude, et la Serdaigle l’interrogea pour s’assurer qu’elle ne faisait pas une bêtise en n’avertissant pas Noah ou Artemis que l’autre serait également présent. Se mordant la lèvre inférieure, Hayden ne sut exactement que lui répondre ; pour sa part, il ne voyait pas vraiment de problème à ce qu’elle prenne cette initiative… Mais si elle lui avait fait le même plan en souhaitant le réunir avec Rosalie dans l’espoir vain qu’il finisse par s’entendre avec elle, il savait pertinemment qu’ils se seraient trouvés tous mal à l’aise. De toute façon, il n’avait même pas l’intention d’y aller, à ce bal.. « Je sais pas si les choses sont aussi simples, mais après tout, ça vaut peut-être le coup d’essayer, pour voir ! Après tout, tu peux avoir une bonne surprise, de leur part. » répondit-il en haussant les épaules, avec un sourire un peu gêné. Pour sa part, il n’était pas franchement confiant… Le caractère de Noah n’était pas toujours prévisible, surtout en ce qui concernait ses différends avec Artemis, et il n’était pas sûr que se mêler de leurs affaires soit dans l’intérêt de Daria. Mais après tout, elle pouvait surprendre tout le monde en parvenant à les réunir… De quel droit chercherait-il à l’en empêcher… ? Puisque de toute façon, il prendrait la forme de Haley… Tout en poursuivant leur étonnante chorégraphie au milieu de cette salle déserte, il écoutait attentivement ses confidences, donnant parfois son avis sur le sujet. Daria le mettait à l’aise, et lui permettait de se sentir bien, dans un domaine qu’il ne maîtrisait pourtant pas… Alors, il s’efforçait de lui renvoyer la même impression : certes, les problématiques auxquelles ils faisaient face, en tant qu’enfants de moldus, différaient énormément de celles des autres. Pour sa part, son père avait hésité avant que son inscription au collège ne soit validée, dès lors qu’il avait entendu parler de Blackman. Etant donné que sa mère à elle semblait plutôt stricte, il n’était pas franchement étonné d’apprendre qu’elle avait éprouvé, elle aussi, quelques réticences. « Je les comprends un peu, en vrai…Mais cette année, la directrice et le ministre essaient de changer les choses. Peut-être qu’ils vont réussir… » répondit-il évasivement en ralentissant le pas, à mesure que la musique laissait échapper ses dernières notes, par le biais du petit poste de radio. Quelques grésillements se firent entendre, et tandis que le morceau suivant tardait un peu à se lancer, il finit par s’immobiliser totalement, sa main toujours dans celle de la jeune fille. Se rendant compte de l’étrange contact entre leurs paumes chaudes, Hayden eut presque l’impression de renouer avec la réalité…

Mais sa question était posée, et l’incompréhension de Daria se lisait sur son visage. Ses sourcils légèrement froncés, son air préoccupé comme si elle se questionnait sur son équilibre mental… Alors, le jeune homme eut immédiatement un geste de recul, et relâcha finalement sa taille et sa main. « Non, t’inquiète de rien ! Je vais pas te retarder d’ailleurs. Mais promis, on remet ça très bientôt ! » s’empressa-t-il de lui lancer, avant d’effectuer quelques pas en arrière, pour s’emparer de sa petite radio qu’il éteignit. Légèrement déconcerté et sans être parvenu à exprimer son ressenti avec de véritables mots, il se contenta d’un sourire. Sincère toutefois. « Merci, Daria. » Et il se tint là, à quelques mètres d’elle, comme s’ils n’avaient pas passé presque une heure à danser tous les deux, entretenant une étroite et étonnante proximité. Quand bien même l’expérience s’était révélé très plaisante, maintenant qu’il retrouvait les pieds sur terre, ce moment de danse en duo paraissait à la fois bien lointain et irréel… Alors, il effectua un signe de main dans sa direction, et quitta la pièce à reculons, avant de partir sans se retourner. Son attitude avait encore été maladroite, c’était de cette manière qu’il risquait d’attirer les soupçons sur son pouvoir…

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