Installé confortablement dans un fauteuil, juste à côté de l’âtre de la cheminée, Dmitri était seul dans la salle commune depuis un certain temps ; les autres élèves avaient peu à peu quitté la pièce, montant dans leurs dortoirs respectifs. Il appréciait ces moments de tranquillité : il n’avait pas pour habitude de se coucher tôt mais exécrait particulièrement le murmure insistant d’une salle commune bondée. Son respect des règlements très relatif l’avait au début poussé à aller chercher le silence à l’extérieur, mais à chaque fois, l’on était venu le déranger ; que ce soit lorsqu’il était avec son mutique camarade de serpentard, ou alors qu’il était seul, ses excursions n’avaient pas été d’un franc succès. Il s’était donc finalement assagi, du moins en apparence.

Plongé dans un ouvrage emprunté à la bibliothèque, qui portait sur les rapports qu’entretenaient les moldus avec la magie, il ne prêta pas immédiatement attention aux bruits derrière lui. Il n’était manifestement plus seul dans la pièce, et puisqu’il y avait bien assez de place pour deux, il ne s’attendait pas à ce que le nouveau venu vienne lui adresser la parole, aussi dut-il réprimer un sursaut lorsqu’il entendit parler à côté de lui. Il se tourna en direction de la voix féminine : une brune arborant sur la poitrine l’insigne brillant des préfets. « Bonsoir » répondit-il sans chercher à cacher sa surprise. Il ne connaissait pas vraiment la nouvelle préfète des serdaigles, n’ayant échangé avec elle que quelques mots, plus par politesse qu’autre chose. Non pas qu’il ne voulait pas discuter avec elle, mais simplement qu’ils n’avaient pas réellement d’occasions de faire connaissance.

Le garçon ne répondit pas immédiatement, un peu déconcerté par la question. Il n’était pas certain de comprendre pourquoi elle s’intéressait particulièrement à son intégration ; peut-être était-ce simplement son rôle nouvellement acquis de préfète qui la motivait ? Elle n’était, certes, pas la première à lui poser la question ; Finnbjörn semblait également s’inquiéter de la question, et sans doute par la même occasion de ses fréquentations, mais les circonstances étaient quelques peu différentes. Quant à Judith, il était évident que son l’impulsion de son frère aîné avait pesé dans la balance. « Euh... oui, ça se passe bien » éluda-t-il, optant pour une réponse vaguement positive. S’il avait vaguement confié au Norvégien de gryffondor les quelques difficultés auxquelles il avait pu se heurter, porté à la fois par le caractère écrit de ces confidences et par le fait qu’il l’ait rencontré avant d’entrer à Poudlard, il ne se voyait pas le moins du monde raconter sa vie à une quasi-inconnue dont il ne comprenait pas les motivations.

Il referma son livre, après avoir callé un morceau de parchemin là où il s’était arrêté, et le posa sur ses genoux. Un instant, il avait envisagé de continuer sa lecture, espérant qu’elle comprenne rapidement qu’il n’avait pas envie de lui parler de ses tourments de pré-adolescent, mais outre le caractère particulièrement impoli de la démarche qui, alors qu’elle s’était toujours montrée des plus cordiales avec lui, le rebutait, il était également curieux de savoir ce qu’elle pouvait bien lui vouloir. Une fois n’est pas coutume, il alla donc droit au but : « Excuse-moi de poser la question, mais... pourquoi un tel intérêt ? » demanda-t-il, la voix soudain moins hésitante et le ton suspicieux. Il était évident qu’il n’aurait pas été si franc du collier avec n’importe qui ; d’ordinaire, son éducation le poussait à une certaine retenue qu’il n’abandonnait que par esprit de provocation, comme il lui arrivait fréquemment de faire avec son aïeul, ou comme ici, par impatience.

(c) mars.

Pas un instant, il n’avait cherché à cacher sa surprise ou son impatience. Puisque la nouvelle venue l’avait interrompu dans sa lecture l’une des rares fois où il pouvait profiter de la salle commune tranquillement, elle devait avoir une bonne raison. Dans le cas contraire, il ne comptait pas faire le moindre effort. « Je viens d’être nommée préfète… Donc je veux m’assurer que les nouveaux de ma maison s’intègrent bien. » expliqua-t-elle en réponse à sa question. Son explication le laissa de marbre. Elle n’était, certes, pas très surprenante, mais il n’avait pas eu l’impression que les autres préfets s’impliquaient autant. Un excès de zèle, sans doute. « Eh bien... félicitations » commença-t-il, son regard passant du visage de Mary à son insigne. « C’est gentil de ta part » Il répondait plus par politesse que mu par une réelle gratitude. De l’éducation stricte conférée par son père, endurci par un travail au bureau des aurors nécessitant de l’ordre et du sang froid, il avait retiré une certaine autonomie. Par ailleurs, être le dernier né d’une famille nombreuse, et le plus jeune van Aken parmi une multitude d’héritiers, avait accru cette indépendance. L’attention n’avait pas toujours été focalisée sur lui, par conséquent il avait dû apprendre à se satisfaire d’une forme de solitude. Ainsi, la sollicitude de la préfète, toute appréciable qu’elle était, le laissait assez indifférent ; il y avait également un caractère plus puéril à ce détachement. Après tout, il avait accepté avec bien plus de gratitude l’attention de Finnbjörn. Mais outre le fait qu’elle était presque une étrangère et qu’il ne se sentait, de fait, pas lié avec elle par le jeu des relations inter-familiales, elle était également une fille : il ne pouvait décemment pas lui montrer ses hésitations ou états d’âme.

D’un ton un peu plus bas, comme sur le ton de la confidence, la serdaigle précisa ses intentions : « La nouvelle direction n’incite pas à se préoccuper des nouveaux comme toi. » Entre l’habitude de voir les gens tiquer sur son nom, et la mention de la direction, il n’avait pas le moindre doute quant à ce qu’elle voulait dire. Il aurait pu jouer les idiots, prétendre ne pas comprendre de quoi elle parlait et en quoi il était différent de ses autres camarades. Mais la curiosité prit le dessus sur la tentation de faire l’innocent, aussi se redressa-t-il dans son fauteuil, signe qu’il était prêt à accorder plus de temps que prévu à Mary. « C’est donc ça... je me disais bien aussi » fit-il d’un ton légèrement acrimonieux.

Il désigna inutilement d’un signe de la main un fauteuil à proximité du sien, comme s’il autorisait son aînée à prendre place ; ça pouvait paraître absurde à bien des égards, la préfète étant à Poudlard depuis plus longtemps, elle n’attendait certainement pas qu’on lui donne l’autorisation de s’asseoir. Mais par ce geste, il indiquait tacitement qu’il acceptait sa présence dans son espace vital, et par la même, la discussion. Sans y prêter gare, il avait ainsi agi par mimétisme, reproduisant la gestuelle paternelle. « Qui t’envoie ? » demanda-t-il une fois de plus sans le moindre détour. « J’imagine que ce n’est pas Finnbjörn... » Il avait déjà missionné sa plus jeune sœur. « Et ça ne ressemble pas non plus à Alexander. » Il réfléchissait désormais à voix haute, ne s’adressant pas réellement à elle ; autrement, il n’aurait jamais appelé son grand-oncle par son prénom. Il ne savait même pas si les autres élèves connaissaient le nom entier de son aïeul ; après tout, il ne connaissait pas les prénoms de la plupart de ses professeurs, il serait donc tout à fait logique qu’elle ne voit pas de qui il parlait.

(c) mars.

En l’entendant répéter le nom de son aïeul, il sembla presque réaliser qu’il n’était pas seul et que son interlocutrice pouvait l’entendre. « Ah oui pardon... le professeur van Aken, si tu préfères. » Puisqu’elle n’avait pas tiqué sur la mention de Finnbjörn, cela lui confirmait au moins qu’elle le connaissait ne serait-ce que de réputation, mais ce n’était pas très étonnant. Les Sørensen savaient faire parler d’eux.

Le garçon se détendit légèrement lorsqu’elle lui affirma n’être envoyée par personne. Il n’avait, en soit, pas à la croire sur parole ; après tout, ils ne se connaissaient que très peu, à peine quelques mots échangés à l’entrée de la salle commune ou dans la grande salle, rien de plus. Mais rien ne lui permettait réellement de penser qu’elle mentait et, après tout, il n’avait pas de raison particulière de se méfier. Il hocha donc la tête, sans toutefois présenter ses excuses pour l’avoir accusée à tort. « Je suis étonné d’apprendre que la directrice ait choisi de nommer quelqu’un de ton bord... l’entente avec le préfet se passe bien, je présume ? » railla-t-il d’un ton mi-moqueur, mi sérieux.

Confortablement installé dans son fauteuil, le tchèque croisa les jambes et posa son bras gauche sur l’accoudoir. Il se prenait au jeu de la discussion avec Mary, plus qu’il ne l’aurait imaginé en la voyant arriver quelques minutes plus tôt. Il y avait quelque chose, chez elle, qui éveillait sa curiosité et il ne lui suffisait de guère plus pour s’intéresser, même brièvement, à quelqu’un.

« Ôte-moi d’un doute... Tu n’es pas une sang-pur ? » Mis à part eux, la salle commune était vite, il pouvait donc se permettre une franchise un peu brutale. Là où il s’était montré beaucoup plus hésitant pour évoquer cette question avec des personnes comme Kovit, avec la préfète, il n’y voyait aucun problème : c’était elle qui avait amené le sujet en premier, il ne s’agissait que de la suite logique des choses. « Tu en as l’allure. » reprit-il après l’avoir détaillée du regard. Il ne s’agissait pas seulement de sa manière de parler d’un ton méprisant des impurs, mais également de son port de tête, de la manière dont elle arborait l’uniforme de l’école... tout un faisceau d’indice qui laissait voir une certaine forme d’éducation. Mais il connaissait des nés-moldus qui avaient un aspect similaire, ce n’était pas propre aux sorciers de souche. « Ton nom, en revanche, ne me dit rien. Mais je ne connais sans doute pas toutes les familles de sang-pur de Grande-Bretagne, je n’ai jamais été très attentif lorsque grand-père m’en faisait la liste... » Il avait remarqué son nom sur le panneau d’affichage de serdaigle, qui notifiait à tous la nomination d’une nouvelle préfète. Mary Asquith. Dmitri avait une bonne mémoire des noms : là encore, il s’agissait pour une grande part d’une question d’éducation. Il était impoli de ne pas connaître le nom de ses pairs de sang, même lorsqu’on ne leur adressait jamais la parole. Et avec quatre frères, deux sœurs et une myriade de cousins, il avait maintes occasions de s’entraîner à mémoriser des noms.

(c) mars.

D’un soupir excédé, Mary confirma l’intuition du plus jeune. Ce n’était pas l’amour fou entre les deux préfets, mais ça n’était guère étonnant. En réalité, Dmitri s’amusait beaucoup de la situation et ne s’en privait pas pour lui montrer. Il n’insista toutefois pas sur la question, laissant son sourire moqueur témoigner de son état d’esprit.

Elle lui annonça finalement que ses origines n’étaient pas aussi pures que ses idées pouvaient le laisser penser. Un père moldu. Son visage se gratifia à nouveau d’un rictus amusé. En temps ordinaire, il se fichait des origines de tout un chacun ; ou tout du moins, il ne les voyait pas comme un mal en soit. Que ses camarades aient du sang moldu ne le laissait pas totalement de marbre, mais son intérêt était dû à une forte curiosité et à l’envie d’aller à l’encontre de ses aïeux, et non la résultante d’un mépris quelconque. Mais entendre la préfète clamer des idéaux puristes approchant fortement ceux des van Aken, alors que son arbre généalogique était souillé par la présence d’un être dénué de magie, était fortement cocasse. Et c’était pour lui une occasion rêvée de s’amuser un peu.

Le sous-entendu limpide comme de l’eau de roche, soutira un rire au garçon. « Et ça ne t’embête pas d’être entouré de personnes... » Il marqua une pause. « ...supérieures ? » Cette histoire commençait sérieusement à l’intéresser. Une sang-mêlé, en tout état de cause, qui se clamait elle-même inférieure aux sang-purs comme lui, c’était, à Poudlard, surprenant. Elle n’était pas tout à fait la première qu’il rencontrait dans cet état d’esprit, quelques tchèques proches des milieux de la haute société sorcière avaient à peu près la même position, mais l’aiglon n’avait jamais compris qu’ils puissent ainsi s’abaisser devant d’autres personnes, fussent-elles de sang-pur. Sans doute était-il bien trop fier pour imaginer que l’on puisse volontairement accorder de la sorte une position supérieure à une catégorie de personne et, pire, accepter le mépris qui en résultait.

Dmitri prit un air pensif. « Vous, les Anglais, êtes fascinants. Vous clamez une égalité entre les sangs, et pourtant on tombe quand même sur des gens comme toi. » Son accent chantant se fit un peu plus marqué, comme s'il avait besoin de souligner une forme de mépris pour sa terre d'accueil, et accessoirement la terre de ses ancêtres. Il scruta un instant son interlocutrice, observant sa manière de se tenir, sensiblement plus droite que quelques instants plus tôt. Il était désormais curieux de voir jusqu’où elle était capable d’aller pour donner cours à ses idéaux puristes, mais il devait être prudent. S’il se montrait trop brutal, il risquait de griller les étapes et la voir se braquer.

(c) mars.

Il n’y avait plus une once de faux semblants dans leur discussion, non que les débuts fussent particulièrement obscurs, Mary n’avait pas hésité à aborder rapidement le cœur du sujet et surtout de ses motivations, mais à présent, ils étaient pleinement dedans. Il y avait quelque chose d’assez déroutant au fait de converser sur la question de sang avec autant de légèreté avec une personne qu’il ne connaissait que très peu. D’ordinaire, lorsqu’il en parlait, c’était avec des personnes qui lui étaient proches, le plus souvent son grand-oncle et ce dans l’unique but de l’irriter. La préfète avait toutefois cet avantage de savoir dire les choses avec plus de franchises que ne le faisaient beaucoup de sang-pur. Sûrement, était-ce un point commun chez une grande partie de la population, qu’importe le statut de sang, mais Dmitri n’ayant que peu de comparatif en dehors de ces semblables, il lui était difficile de savoir. Alors il en profitait. Ce serait idiot de ne pas se saisir d’une telle occasion. Il demeurait toutefois plus mesuré et moins direct qu’elle l’était ; l’habitude, sans nul doute, de se montrer discret avec les inconnus. On lui avait toujours appris à faire attention à ce qu’il disait, ce qui rendait ses insolences d’autant plus insupportables pour ses parents qu’ils savaient pertinemment qu’il les faisait à dessein.

Il avait hésité à se qualifier de supérieur par rapport à son aînée, d’une part parce qu’elle était plus âgée que lui et d’autre part parce que cette manière qu’elle avait de se qualifier ainsi d’inférieur le mettait mal à l’aise. Mais vraisemblablement, il était bien le seul à y voir un problème car elle lui soutint, avec un aplomb tel qu’il était difficile de ne pas la croire, que ça ne l’embêtait pas. « La vermine... » répéta-t-il d’un ton pensif. Elle ne se montrait pas tendre avec ses pairs. Il s’autorisa un faible rire. « Mère serait ravi de savoir qu’il existe des gens comme toi en Angleterre. » Ça ne la rendrait pas moins méprisante envers sa personne, de ses parents, elle était celle qui assumait le plus son mépris à l’égard des impurs, mais elle apprécierait tout de même de savoir qu’il n’y avait pas que des vermines ne connaissant pas leur place dans le nouvel entourage de son plus jeune fils.

Un sourire un brin provocateur naquit sur ses lèvres. S’il ressemblait beaucoup à son père, trop à son goût, il y avait une chose qu’il tenait directement du côté maternel : son sourire. Ce rictus naturellement caustique était un héritage direct d’Helena Marek-van Aken. « Tu veux donc t’élever malgré ta condition... c’est ambitieux. » Son sourire s’élargit encore un peu plus. « Et me prouver que tous les anglais n’ont pas cette tare l’est sûrement encore plus. » Il avait bien insisté sur le mot « tare », insufflant un léger mépris dans sa voix, plus par jeu que par réelle conviction.

Il reprit rapidement un air sérieux et un ton monocorde, presque comme s’il commentait la météo ou l’état de la pelouse du terrain de quidditch. « C’est donc ça que tu es en train de faire ? Tenter de t’élever par des fréquentations pures ? » Subtilité quand tu nous tiens. Il était curieux de voir si elle se laissait décontenancer par une approche si brutale, et pourtant faite avec un air des plus détaché.

(c) mars.

Il y avait décidemment quelque chose d’étrange chez la préfète de serdaigle. Elle lui avait confirmé ce dont il se doutait déjà – à savoir qu’elle n’était pas une sang-pur – mais clamait pourtant une supériorité de ceux-ci sur les moldus et sorciers au sang sali par l’intrusion des premiers. Sans cette once de curiosité naissante, peut-être l’aurait-il déjà laissé là, seule dans la salle commune, pour remonter dans son dortoir. Tant pis pour la lecture, il se faisait tard après tout. Mais Dmitri n’avait pas bougé d’un cil et lui avait « accordé du temps ». La remarque lui arracha un sourire amusé. Mary n’avait pas eu besoin qu’il daigne lui accorder quoi que ce soit pour venir le voir ; elle ne lui avait laissé guère de choix et, par politesse, il avait fait la conversation. Non que ça le dérange particulièrement ; elle était assez peu commune pour qu’il y trouve son compte. « Me rendre service... » répéta-t-il alors qu'il arborait un sourire moqueur. Il mentirait s’il disait n’avoir cure de sa proposition. C’était même plutôt l’inverse ; avoir une préfète dans la poche pouvait toujours se révéler utile pour le jeune garnement peu respectueux des règlements qu’il était, particulièrement si ladite préfète était de sa maison. Il craignait moins d’être surpris en train de sortir en dehors du couvre-feu par l’une des élèves garantes de l’ordre chez les serdaigles, seul son homologue masculin demeurant possiblement problématique. Pour l’instant, il n’avait pas eu de véritables occasions de s’attirer les foudres de Cameron, il lui avait même semblé plutôt sympathique les rares fois qu’il avait eu affaire à lui. « Je ne sais pas s’il faut rire du fait qu’Appleton ait eu l’idée de te nommer préfète, alors que manifestement tu endosses le rôle d’une façon peu... » Il hésita quelques secondes. « ... commune, mais je ne vais pas m’en plaindre. » Son visage se fendit d’un sourire coupable, celui d’un jeune garnement qui voyait tout le potentiel que représentait la préfète fort partiale qui se tenait devant lui.

Dmitri s’étira longuement, les mains jointes au-dessus de la tête. « Tu m’excuseras, mais je pense que je vais te laisser. » Il se leva du fauteuil, son livre en main. « Ce fut un plaisir de faire ta connaissance. » Les yeux du garçon se perdirent un instant du côté des escaliers qui menaient à son dortoir, avant d’être attirés vers la fenêtre. Il n’avait décidemment pas envie d’aller dormir ; la discussion avec Mary avait réduit à néant tout sentiment de fatigue. Finalement, il déposa son ouvrage sur la petite table devant lui – il pourrait le récupérer en rentrant – et salua d’un dernier signe de la tête son aînée. « Bonne soirée. » Au lieu de le guider vers son dortoir, ses pas le menèrent directement vers la porte de sortie de la salle commune. Le couvre-feu était tombé depuis un certain temps déjà, mais ça ne faisait rien pour lui. Il comptait profiter un peu du calme nocturne des couloirs et, surtout, tester les limites de sa préfète. Avant de lui être utile, il devait savoir s’il pouvait lui faire confiance... dans une certaine mesure. Il n’était pas le seul sang-pur de Poudlard, qui sait si elle pouvait se retourner contre lui au premier conflit avec l’un de ses pairs.

La porte s’effaça pour le laisser passer – c’était à se demander pourquoi personne n’avait jamais envisagé de bloquer son ouverture une fois le couvre-feu tombé – et il disparut dans l’obscurité du couloir.

(c) mars.