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La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa]
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Message(#) Sujet: La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] EmptySam 17 Oct - 1:05

Dmitri & Amaïa
☆☆ La curiosité...
est un vilain défaut ☆☆
Trente secondes. Il parlait encore et toujours. Vingt secondes. Elle avait déjà rangé sa baguette et tapotait de ses doigts sur son bureau en signe d'impatience qu'elle ne pouvait camoufler. Dix secondes. Le tic-tac incessant du compte à rebord mental qu'elle s'était imposée l'empêchait de se concentrer sur les dernières paroles du professeur. Elle avait oublié à quel point un cours théorique pouvait être long et elle avait mal au ventre. Etait-ce le fait de devoir rester encore assise à l'écouter ou le fait que son estomac criait famine qui la faisait se sentir mal à l'aise? Elle ne savait pas mais été pressé de sortir de la salle. Elle voulait aller déposer ses affaires dans son dortoir avant d'aller manger. Zero seconde. Elle se leva. Se rassit en voyant le professeur continuer à parler et la regarder d'un drôle d'air. Bah quoi? C'était l'heure non? Pourquoi il parlait encore? Moins dix secondes. Elle soupira. Ne désirant pas se faire remarquer encore plus. Aujourd'hui n'était que le premier jour et pourtant ce matin elle était arrivée presque en retard pour son cours de sortilège. Trop occupée à compter le nombre de marche d'escalier sans doute. Moins trente secondes. Elle n'avait donc pas pu se mettre à côté de Kovit, ni à côté de personne d'ailleurs. Elle était seule. Elle se le cachait certainement mais elle n'avait pas voulu arriver en avance, elle n'avait pas voulu voir tous ces visages inconnus qui allait encore une fois la juger pour cette nouvelle année. Moins quarante cinq secondes. Elle aurait dû être avec ces camarades de l'année dernière, elle n'aurait pas dû être en sortilège à cette heure là et pourtant elle y était. Parce qu'elle avait redoublée. Moins une minute. Il avait terminé.

Ressassant des idées noires, elle ne prit même pas la peine d'attendre Kovit à la sortie de son premier cours et fila en direction du quatrième étage pour retrouver son dortoir. Après avoir déposé ses affaires, avoir retapé deux fois son oreiller, vérifié quatre fois ses affaires de l'après-midi et compter une centaine de marches elle se retrouva devant les portes de la Grande Salle pour aller pendre son repas. Avant elle arrivait avec Kathleen pour manger. C'était plus simple. A présent elle devait y aller seule. Affronter le regard des autres était encore difficile pour elle. Elle détacha dans un geste mécanique ses cheveux afin de se cacher, libérant ses longs cheveux bruns, des regards emplis d'aprioris et s'engouffra dans la salle.

Elle repéra la table des Serpentard, salua Kovit d'un petit geste de la main et se tourna vers la table des Serdaigles. Plusieurs place étaient libres. En bout de table elle trouva deux place face à face dont personne ne voulait et décida avec un petit soupir d'aller s'y assoir. Si elle n'avait pas de voisin devant elle n'allait pas devoir parler, si? Elle pourrait oublier le fait que ses joues ont rougis aujourd'hui alors qu'elle devait exécuter un sort qu'elle avait appris l'an passé et qui a lamentablement échoué? Elle pourrait oublier qu'elle n'a pas répondu à la bonne question parce qu'elle n'écoutait pas et que par conséquent son coeur s'était mit à battre plus vite dans sa poitrine? Elle pourrait oublier qu'elle a voulu se cogner la tête contre son bureau lorsqu'elle a bredouillé une excuse coréenne en arrivant presque en retard en cours avant de se rappeler que la langue de l'école était l'anglais et qu'après avoir passé deux mois à parler coréen à la maison elle n'avait pas encore perdu son accent chantant des pays asiatiques. Elle s'assit en soupirant face à son assiette et entreprit de trier ce qu'il y avait à l'intérieur pour laisser passerelle temps. Qu'y avait-il cet après-midi? Histoire de la magie c'était bien cela? Elle avait encore l'impression que son ancien emploi du temps (maintenant le même) était resté encré dans sa tête histoire de lui rappeler à quelle point elle était "médiocre" pour reprendre les mots de son professeur de DFCM qu'elle n'était absolument pas ravie de retrouver à en croire sa main tremblante et son visage soudainement livide.

Secouant la tête pour oublier les mauvais souvenirs elle fit tomber sa fourchette par terre. décidément ce début d'année commencé à peine qu'il était déjà rempli de complications. Elle se baissa lentement pour ramasser la traitresse qui lui avait glissé des mains et marqua un temps d'arrêt en voyant des pieds en face de sa place. Des pieds...attendez cela voulait dire qu'une personne était en train de s'assoir en face d'elle? Maintenant? Tout de suite? Elle n'était pas d'humeur à parler. Comment faisait-on pour empêcher quelqu'un de s'assoir quelque part? Elle regarda les pieds, puis sa fourchette. Dans son esprit pauvre d'imagination la seule chose qui lui venait en tête était de piquer le pied du nouveau venu avec sa fourchette. Elle n'était pas sûr de la fiabilité de son idée et désirant toujours paraître "normale" aux yeux des autres elle n'était pas sûre que ce soit la bonne solution. Tant pis, il fallait qu'elle se relève.

Elle se releva. Vite. Brutalement. La tête toujours sous la table. l'inévitable se produisit soudain. Le bruit sonore suivit du gémissement plaintif de la petite Serdaigle fut acclamé par quelques gloussements à table lorsqu'en se relevant elle s'était tapé la tête dans le bois massif de la table à manger. Avec une légère grimace de douleur sur le visage son attention finit par être attirée par la personne qui venait de s'assoir en face d'elle. Elle bloqua quelques secondes, tourna les pages de son petit carnet mental avant de se souvenir. Le garçon de hier soir. Celui avec les dessins de Papa. Celui à qui elle avait fait visiter le coin des Serdaigle. Elle était persuadée que c'était lui. Son accent chantant n'allait pas l'aider pour cette fois prononçant les "r" comme des "l", son prénom était d'un compliqué aussi!

"Dmitri?"
☾ anesidora


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Dmitri D. van Aken

Dmitri D. van Aken



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Message(#) Sujet: Re: La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] EmptySam 17 Oct - 16:24

Amaïa & Dmitri / septembre 2026
Le remède à l'ennui, c'est la curiosité. La curiosité elle, est sans remède.

Dmitri s’était réveillé avec une boule au ventre, un sentiment étrange l’habitait depuis la première heure de la journée ; Poudlard. Depuis plus de deux mois, il avait eu le temps de se préparer à l’idée d’aller dans l’école britannique, et pourtant maintenant qu’il y était, maintenant qu’il entamait sa première vraie journée dans l’enceinte scolaire, il était troublé.

La veille avait été trop chargée pour qu’il puisse réellement prendre la mesure des évènements. Il s’était couché l’esprit embrumé, après une répartition, un banquet et finalement une rencontre avec une élève déjà familière des lieux. Une soirée qui était passée à la fois très vite, et pourtant si longue.

Mais le réveil n’avait pas été aussi difficile qu’escomptait, l’adrénaline du premier jour aidant. Son premier et seul cours de la matinée était juste avant le déjeuner, ce qui lui avait laissé assez de temps pour s’organiser et arriver à l’heure, malgré le dédale de couloir à traverser.

Lorsque le cours arriva à son terme, non sans soulagement pour le garçon qui se lassait déjà de l’interminable introduction qui ne lui rappelait que trop les cours que sa grand-mère lui avait prodigués par le passé, il s’élança dans un élan solitaire vers sa salle commune, située par chance au même étage. Seuls les innombrables tableaux ponctuaient sa route ; non pas qu’il soit un enfant timide ou associable, seulement qu’il n’était pas encore familier des dynamiques scolaires, trop habitué à sa vie centrée autour des van Aken. Ce quotidien, il ne l’avait quitté que pour rejoindre un manoir perché sur une île austère en plein milieu de la mer d’Écosse, où ses seuls compagnons étaient un vieil homme, un elfe de maison non moins âgé et une centaine d’ancêtres peints. Se retrouver dans une école était une nouveauté telle qu’il se sentait oppressé ; la plupart de ses camarades avaient fréquenté des établissements scolaires avant Poudlard, il ne s’agissait pour eux que d’une copie, quoique sans doute plus grandiose, de ce qu’ils avaient déjà connu.

Arrivé devant la salle commune, il n’eut pas à répondre à la moindre énigme, emboîtant le pas d’autres élèves plus âgés qui avaient déjà gratifiés la porte d’une réponse. S’engouffrant à l’intérieur, il alla dans son dortoir déjà occupé par plusieurs de ses camarades qu’il salua d’un signe de tête avant d’ôter de son sac le livre du cours matinal, troquant celui-ci avec ceux de ses prochains enseignements. Dmitri prit son temps ; il n’était pas particulièrement pressé, sans doute bien moins affamé que ses comparses qui se ruèrent rapidement vers la sortie en louant par avance la nourriture qu’ils allaient pouvoir ingurgiter. Plus jeune, il avait toujours partagé sa chambre avec deux de ses frères et étaient donc habitué à la cohabitation, mais le luxe de sa nouvelle demeure écossaise lui manquait, appréciant d’avoir une chambre pour lui seul. En outre, il avait peur que ses nouveaux colocataires de serdaigle se gaussent de lui en voyant ses habitudes guindées, frôlant parfois l’obsessionnel ; il aimait être correctement coiffé, sa chemise ne devait comporter aucun pli et sa cravate bien nouée. Il tentait progressivement de se défaire de ces manies, faignant une désinvolture qui ne trompait pas grand monde.

Fin prêt, il se rendit dans la grande salle ; il connaissait mieux ce chemin que celui menant à la salle de cours, l’ayant déjà effectué plusieurs fois depuis la veille. Les tables étaient bien plus bondées que le matin, tous les élèves prenant leur déjeuner en même temps. L’aiglon alla sous les grandes tentures bleues de sa maison ; il repéra rapidement quelques places libres, une élève déjà assise un peu à l’écart des autres. Un sourire satisfait naquit sur ses lèvres en la reconnaissant ; une jeune asiatique qui ne lui était pas totalement inconnue, rencontrée la veille et qu’il pensait, jusqu’à ce qu’il la voie en cours, en deuxième année.

Prenant place en face d’elle, alors que sa longue chevelure brune disparaissait sous la table, il attendit de la voir se relever ; un bruit sourd et quelques ricanements de serdaigle plus tard, il vit enfin le visage d’Amaïa. La jeune fille le regarda quelques instants, avant de prononcer son prénom d’une intonation chantante, un léger accent écorchant quelque peu les syllabes de son nom. Le Tchèque eut un léger sourire, ne se formalisant pas pour cette prononciation un peu hasardeuse. Il était familier des complications que soulevaient son prénom, jusqu’au sein même de sa famille ; si sa fratrie ou ses parents le prononçaient comme tout tchèque qui se respecte, son grand-père n’avait jamais pu se défaire de sa prosodie anglaise, pas plus que son grand-oncle. « Bonjour Amaïa » Il se servit dans un plat à côté de lui qui ressemblait vaguement à du porc ; avec la gastronomie anglaise, il n’était jamais tout à fait sûr de ce qu’il mangeait. « Ça va ta tête ? » demanda-t-il poliment.

Dmitri était content d’avoir trouvé une place en face d’elle plutôt qu’à côté d’autres élèves avec qui il n’avait pas encore discuté ; après le banquet, elle avait été la première personne d’à peu près son âge qu’il avait rencontré. « Je t’ai vu au cours ce matin, il n’y avait que des premier année normalement... je pensais que tu étais déjà à Poudlard l’année dernière, comment ça se fait ? » Peu familier du fonctionnement d’une école, il avait été surpris de la voir arriver dans la même salle que lui. Il avait posé cette question avec candeur et un certain manque de tact, envieux d’élucider ce petit mystère qui l’avait distrait pendant une partie du cours.

Le garçon entama distraitement son plat, grimaçant un peu exagérément en découvrant qu’une fois de plus, les elfes de maison anglais avaient une bien étrangère manière de cuire la viande.
(c) mars.
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Message(#) Sujet: Re: La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] EmptySam 21 Nov - 20:45

Dmitri & Amaïa
☆☆ La curiosité...
est un vilain défaut ☆☆
L'idée l'avait titillé...sa main muni de sa fidèle fourchette s'était avancé vers le pied du nouveau venu avant de s'immobiliser. Non elle ne pouvait pas. Ce n'était pas "correct" comme le disait Maman. Si d'habitude elle ne se souciait que peu des autres préférant se concentrer sur elle même, il ne fallait pas y voir un trop gros narcissisme, ni même de l'égoïsme, elle ne comprenait même pas le principe, c'est qu'elle avait déjà beaucoup de mal à se comprendre, qu'elle ne pouvait pas se permettre de penser aux autres. Quand elle réalisait une action elle essayait de se comprendre elle plutôt que les autres. Alors elle ne comprenait comment cet individu pouvait venir la voir alors qu'elle ne voulait pas parler, comme si tout le monde le savait pertinemment. Mais elle était venu à Poudlard pour se faire des amis et elle n'était pas sûre que faire un trou dans la chaussure de quelqu'un allait l'aider à se faire aimer de cette personne. Son pied? Ne croyait pas qu'elle y pensait!

La petite Serdaigle avait eu un mouvement de recul lorsqu'elle avait reconnu son camarade Dmitri Van Aken. « Bonjour Amaïa » Le garçon qu'elle avait prit sous son aile la veille au soir, elle qui d'habitude restait dans son coin, avait eut le courage suite à la venue du jeune homme de poursuivre la conversation et même de l'emmener visiter la salle commune. Pourquoi elle ne savait pas vraiment, le fait que le garçonnet lui avait parlé des dessins de son père l'avait peut-être mis en confiance, peut-être que perturbée par la rentrée, sans vraiment savoir ce qu'elle ressentait, elle avait confondu joie et malaise et avait pensé qu'elle devait parler avec le garçon? Elle ne savait pas. Dmitri n'avait pas été d'une compagnie désagréable mais était-elle contente de lui parler? Aujourd'hui non. Mais les autres jours en aurait-elle envie? Elle ne savait même plus comment reconnaître l'envie...bref, elle le connaissait et ne pouvait donc pas faire l'autruche. « Ça va ta tête ? »
Sa tête? Ah oui la table! Est-ce qu'elle avait mal d'ailleurs? Pour vérifier elle appuya sur la bosse qui commençait à se former en haut de son crâne. Après avoir poussé un petit gémissement plaintif, elle constat simplement "J'ai mal". Elle regarda Dmitri et eut un petit rire nerveux, il l'avait pris au dépourvu et elle n'arrivait pas à paraître naturelle. Pourquoi fallait-il toujours qu'elle se trouve dans ce genre de situation? "Enfin c'est pas grave, j'ai l'habitude! Enfin pas l'habitude de me prendre des tables mais je veux dire si je m'étais pas relevée j'aurais avec la fourchette...ah jincha" jura-t-elle doucement. Prise dans l'habitude de toujours constater les faits elle ne parvenait pas à comprendre que la vérité n'était pas toujours bonne à dire, elle sourit donc à Dmitri, ne se rendant pas compte qu'elle paraissait très bizarre à cet instant même "Je vais bien et toi?"

Elle le regarda s'assoir en face d'elle et se servir un plat, elle piqua distraitement dans son assiette hésitant entre jeter un regard au nouveau venu en feignant l'ignorance ou se précipiter en dehors de la salle pour oublier ce moment....comment Maman disait déjà? Quand on avait envie de fuir? Qu'on avait les joues rouges? L'envie de faire machine arrière? Ah oui...gênant. Mais la gêne elle y était habituée. « Je t’ai vu au cours ce matin, il n’y avait que des premier année normalement... je pensais que tu étais déjà à Poudlard l’année dernière, comment ça se fait ? ». Elle s'étouffa avec un petit pois. En toussotant elle tâtonna pour attraper son verre d'eau et l'engloutit d'un coup. Elle reposa son verre et fuyant le regard du jeune Serdaigle joua avec sa fourchette et son repas. "Ah ça..." Si elle avait était assez douée elle aurait pu inventer un mensonge, mais elle en était incapable, rien d'autres ne traversait son esprit que la triste vérité. Son pouls s'accéléra. Incapable de le calmer, elle fronça les sourcils et dit la première chose qui lui vint à l'esprit. "Ce n'est pas tes affaires". Un immense silence sembla s'abattre sur elle au même moment où elle avait prononcé cette phrase. Pourquoi avait-elle dit ça? Sa première pensée qui lui disait que le remettre à sa place pour calmer son coeur furibond était en réalité un bien triste échec. "Attends...désolée". Elle recommença à jouer avec sa nourriture fuyant le regard du jeune garçon. "Le cours était que pour les premières année ce matin. Et oui j'étais à Poudlard l'année dernière. Mais..." Pour l'instant elle n'avait fait qu'énoncer les faits, le plus simple. Il ne restait plus qu'à lui avouer qu'elle était trop nulle pour passer à la classe supérieure."J'ai redoublé". Elle pensait qu'il comprendrait, elle n'avait pas besoin d'aller plus dans les détails. Non?

Pour s'occuper les mains en attendant la réaction du jeune garçon, elle se servit un nouveau verre d'eau avant de faire de même dans le verre de Dmitri. Maman lui avait toujours dis que des petites attentions comme celle-ci rendait le sourire au gens. Elle n'essayait pas d'acheter la bonté du jeune homme juste d'atténuer le sentiment qui lui compressait la poitrine. Elle essaya de lui sourire et changea de sujet. "Le cours de ce matin, il t'a plu?" Elle espérait qu'il ne resterait pas sur le sujet qui la rendait toute chose. Elle espérait ne pas avoir à faire à quelqu'un de curieux. Elle qui voulait paraître normale, sortait déjà du lot dès la première mâtiné de cours à Poudlard.
☾ anesidora


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Message(#) Sujet: Re: La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] EmptyLun 23 Nov - 20:48

Amaïa & Dmitri / septembre 2026
Le remède à l'ennui, c'est la curiosité. La curiosité elle, est sans remède.

S’il s’était progressivement familiarisé avec l’Écosse, ou du moins avec l’image très partielle qu’il en avait depuis l’île des van Aken, il devait à présenter découvrir un nouvel univers, autrement plus sauvage ; l’école. Bien sûr, à Durmstrang aussi, il aurait dû se faire à un nouvel environnement, et son fonctionnement somme toute très étranger pour lui. Mais Poudlard avait cela de particulier qu’il ne s’y était pas préparé ; depuis sa naissance, il entendait parler de l’école de magie nordique, sa sœur aînée ayant rejoint les rangs de l’école peu de temps après sa naissance, et nombre de ses cousins y étant également allés bien avant lui. Puis ses frères et son autre sœur lui avaient compté les dessous de l’établissement. L’école anglo-saxonne était bien plus porteuse de découverte, du moins dans son esprit d’enfant. Après tout, ce qu’il ne comprenait pas et ce à quoi il devait se familiariser étaient sans doute également présent à Durmstrang : les cours, prodigués par les deux institutions, divergeant de ceux qu’il avait reçu chez lui par leur caractère commun, à savoir qu’il n’avait plus des membres de sa famille comme instituteurs, et des cousins comme camarades de classe, le tout dans la bâtisse familiale. À ceci près que le professeur de potion de Poudlard était de sa famille. Mais il demeurait une exception, il n’y avait pas autant de van Aken en ces lieux qu’à Durmstrang... ou du moins pour la partie vivante des van Aken.

Ainsi, pour la seconde fois seulement de sa courte existence, rares étaient les visages familiers. La première fois, c’était alors que son père le laissait aux mains d’un grand-oncle qu’il connaissait tout juste de vue. Cette autre serdaigle qu’il avait rencontré la veille semblait être comme une bouée au milieu de la marée d’inconnus qui occupait la grande tablée des aiglons, aussi n’avait-il pas hésité une seule seconde avant d’aller s’asseoir en face d’elle. « J'ai mal » lui répondit-elle au bout de quelques instants. Dmitri fit une moue penaude : « C’est ma faute ? Je ne voulais pas te surprendre en arrivant, désolé pour la bosse. » Il ne lui demanda pas ce qu’elle aurait fait de sa fourchette, quoiqu’il fût bien tenté de connaître la suite de sa phrase ; sa curiosité avait beau être comparable à un puit sans fond, il avait tout de même été élevé avec assez de rigueur pour savoir quand il était préférable de faire montre d’un peu de discrétion et de tact. Un léger rire amusé souligna néanmoins la tirade de sa camarade, réaction incontrôlable face à une situation assez cocasse. Amaïa était pour le moins atypique ; sans doute était-ce ce qui plaisait au garçon, à moins que ce ne soit juste le fait qu’elle ait été la première personne avec laquelle il ait pu partager un fugace moment de complicité.

« Je n’ai pas la moindre bosse, donc j’imagine que oui » répondit-il, un sourire taquin sur les lèvres, lorsqu’elle lui demanda comment il allait. Il lui taisait bien des tourments enfantins, ceux d’un garçon arrivant dans une école inconnue et dont il ne comprenait pas tous les rouages. Était-ce d’ailleurs un simple hasard s’il s’était tourné vers une personne qui, comme lui, n’était pas une anglaise de pure souche, ou bien plus un réflexe qui l’avait incité à trouver une forme de réconfort auprès d’une autre étrangère ?

Finalement, et même si son éducation le rendait apte à ne pas trop appuyer les moments de gêne que pouvaient traverser ses interlocuteurs, il n’en fut pas moins indélicat en soulignant sa présence dans la salle de classe des première année. Ne réalisant pas l’importance de son questionnement, il fut pris de cours lorsqu’elle lui répondit avec une surprenante fermeté : « Ce n'est pas tes affaires » La surprise lui ôta toute possibilité de répondre, restant quelques instants silencieux avec que la jeune asiatique ne reprenne, s’excuse et explique. Elle eut un temps d’hésitation avant de finalement éclairer sa lanterne : « J'ai redoublé » À dire vrai, il n’était pas beaucoup plus avancé.

Un ange passa tandis qu’elle leur resservait à tous deux de l’eau. Le garçon la remercia machinalement d’un signe de tête, encore perdu dans ses pensées ; la réponse devait, à en juger le regard d’Amaïa, être limpide. Il se sentait parfaitement idiot de ne pas comprendre et, lorsqu’elle le questionna sur leur premier cours de l’année, saisit la perche avec joie, espérant ainsi cacher son désarroi. « Oui... enfin non d’ailleurs. À dire vrai, j’aurai espéré avoir autre chose que de l’entendre parler pendant une heure ! » répondit-il dans un haussement d’épaules. « C’était presque aussi barbant que les cours de ma grand-mère. » Il planta sa fourchette dans un morceau de viande. « Et ce n’est pas peu dire. » Une fois de plus, il forçait le trait ; son aïeule avait un don certain pour conter les histoires de leurs ancêtres les plus illustres, et elle était non moins douée lorsqu’il s’agissait de transmettre à ses petit-enfants les rudiments linguistiques nécessaires à leur future scolarité à Durmstrang. Mais elle n’était pas une pédagogue des plus patientes, ce qui, avec un garçon aussi peu docile que lui, rendait la tâche parfois bien laborieuse. « J’espère que tous les professeurs ne passent par leur temps à faire uniquement de la théorie... si on remballe demain avec une autre explication fumeuse sur l’utilité de la matière du professeur, je vais finir par demander à rentrer à Prague écouter ma grand-mère. Au moins, les cours seront dans ma langue natale. » rouspéta-t-il un peu exagérément. Il avait eu bien assez de théorie des grandes disciplines magiques ces dernières années pour attendre de ses premiers cours quelque chose de plus inédit ; s’il avait une baguette magique, c’était bien pour lancer des sorts, pas pour tricoter ! Cette impatience juvénile était d’une telle vigueur qu’il lui avait fallu prendre sur lui afin de se calmer et garder un aspect cet aspect plus posé que ses géniteurs avaient parfois eu tant de mal à lui transmettre. Et à présent qu’Amaïa abordait le sujet, il sentait l’excitation monter à nouveau en lui.

« Mais... et toi ? Tu as déjà eu ce cours l’année dernière ? » S’il semblait être passé à autre chose, cette histoire de redoublement lui trottait dans la tête, tenace mystère dont il ne parvenait à se défaire. Il hésita un instant, les yeux rivés sur sa main qui tenait la fourchette, jouant distraitement avec les vestiges de son plat. « Ça va sûrement te paraître idiot, mais c’est la première fois que j’entends parler de ça... redoubler. » Être éduqué à la maison, selon un rythme personnalisé et qui ne dépendait d’ailleurs pas du nombre d’années passées à étudier l’avait conduit à voir le système des années comme une simple répartition par âge ; un moyen arbitraire de ne pas mélanger les plus âgés avec les benjamins. Mais son premier cours tranchait déjà beaucoup de ce qu’il avait connu ; le professeur n’accordait pas d’attention particulière à chacun de ses élèves comme l’avait fait sa grand-mère avec ses petits-enfants. Ici, tous entendaient et recevaient le même enseignement, sans distinction de leur niveau ou de leur tempérament. « En fait, je découvre un peu le fonctionnement de l’école. » Alors qu’il avouait son ignorance, ses joues étaient légèrement plus rosées qu’à l’accoutumée.
(c) mars.


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Message(#) Sujet: Re: La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] EmptyVen 4 Déc - 16:05

Dmitri & Amaïa
☆☆ La curiosité...
est un vilain défaut ☆☆
Elle trouvait certaines personnes de Poudlard étrange. Mais étrange d'une bonne manière quelque fois. Cela piquait quelque chose en elle, qui la poussait à s'interroger et essayer de comprendre les autres. La curiosité. Elle ne savait dire si c'était le bon mot sachant que ces mêmes personnes devaient penser la même chose d'elle mais vu qu'ils ne pouvaient penser de la même manière, si elle était étrange à leur yeux, ils l'étaient tout autant pour elle. Alors quand Dmitri lui demanda si c'était sa faute, elle répondit sans réfléchir.

"Comment cela pourrait être ta faute? Tu n'es pas la table à ce que je sache et c'est bien dans la table que j'ai tapé non dans ta tête. C'est pas ta faute ne t'inquiète pas."

Aveugle au fait que le garçon s'en voulait sûrement de l'avoir dérangé et de l'avoir fait se relever dans la précipitation, accompagnant son geste d'une belle bosse, elle lui répondait comme si rien de ce qu'il lui disait n'était évident pour elle. Habituellement elle faisait plus attention à ce qu'elle disait c'est pourquoi elle parlait peu, mais peut-être parce qu'elle avait rencontré Dmitri la veille, parce qu'il lui avait paru "gentil" et "agréable" elle se laissait aller à sa vraie personnalité. Lorsqu'elle s'en rendit compte elle fronça légèrement les sourcils. Il fallait qu'elle fasse plus attention à ce qu'elle disait. Ainsi quand il lui répondit, dans une parfaite logique qu'il n'avait pas de bosse donc qu'il allait bien, elle ouvrit puis ferma la bouche sans prononcer un mot. Evidemment, puisque c'était elle qui avait tapé la table. Pourquoi aurait-il une bosse? Etait-ce un moyen de vérifier si l'on allait bien? La prochaine fois qu'on lui poserait la question elle se palperait sûrement quelques secondes pour vérifier si la présence d'une bosse lui était poussé quelque part dans la nuit afin de conclure à sa bonne santé ou non. Etait-ce étrange? En voyant le garçon sourire cependant elle arrêta de se poser ces incessantes questions et lui sourit en retour par mimétisme, comme si elle avait compris la plaisanterie. Malheureusement pour elle, la curiosité de Dmitri ne se limitait pas à des questions silencieuses mais bien à voix haute pour son plus grand désarroi.

Elle aimait le silence mais seulement son silence à elle. Cette protection qu'elle formait autour d'elle même en ne prononçant aucun mot, cette barrière qu'elle s'érigeait face au reste du monde. Un silence, reposant et bénéfique. Elle pensait les mots parfois inutile, inefficace, inopportun. Elle n'aimait pas parler pour parler lorsque ce n'était pas avec des gens qu'elle appréciait, qu'elle connaissait. Alors son silence la rendait plus forte, plus posée. Néanmoins elle détestait le silence des autres. Elle détestait ce moment où le bruit omniprésent se taisait soudainement pour laisser un espace hors du temps, vide de parole et de chaleur. C'état exactement ce qu'elle avait ressenti le jour de l'accident. Le bruit de la chaussé, le bruit du camion, puis les cris et soudain plus rien. Le silence. Elle détestait se genre de silence qui la mettait dans tout ses états sans qu'elle puisse vraiment le contrôler. Le coeur palpitant, les mains ne sachant où se poser la jeune fille ne reconnaissait pas son malaise mais savait qu'elle n'aimait pas cette sensation. C'est sans doute pour cela qu'elle s'était occupé les mains en leur servant un verre d'eau et en posant elle même une autre question. Rompre se silence malfaisant qui pire qu'une mélodie, fredonnait dans sa tête sans fin. C'est avec un petit soupir qu'elle accueillait les réponses du jeune Serdaigle en face d'elle, la commissure de ses lèvres se releva dans un sourire sans qu'elle s'en rende compte.

Face à ses explications elle se surprit à hocher la tête comme pour confirmer ses dires et se permit même un petit sourire pour lui montrer qu'elle pensait la même chose. Néanmoins ce qu'elle s'apprêtait à dire n'allait sûrement pas faire plaisir au jeune homme. Elle aussi, dès qu'il n'était pas question de pratique, trouvait le cours peu intéressant et bien souvent décrochait pour compter les arbres ou les dalles du carrelage. Il ne fallait pas se demander pourquoi elle avait redoublé. Elle chassa ses pensées négatives, le sujet étant maintenant fermé. Cette année elle allait faire des efforts tout du moins elle espérait y arriver.

"Je te comprends."

C'était la première fois qu'elle pouvait dire à quelqu'un qu'elle le comprenait et sans le savoir ce petit progrès la fit rosir de plaisir.

"Mais beaucoup de cours sont comme ça malheureusement surtout le cours d'Histoire de la Magie, pour les autres cours tu verras qu'il est divisé souvent en une partie théorique et une partie pratique. La meilleure partie étant la pratique. Mais...si on écoute pas la partie d'avant, la partie d'après et souvent un peu plus dure"

Elle laissa échapper un petit rire et laissa le jeune garçon continuer avec une moue sur le visage, sûrement pour montrer sa désapprobation pensa-t-elle quand au cours qu'ils allaient suivre cette année. Il finit par parler de sa grand-mère perdant un peu la jeune fille. Elle ne voyait pas le rapport entre sa grand-mère et les cours. Sa grand-mère était-elle professeur là où il vivait? Elle n'en avait aucune idée et n'avait pas l'intention de lui poser la question pour le moment. "Au moins, les cours seront dans ma langue natale. » Elle releva les yeux de son assiette pour fixer le jeune garçon. Bon les cours avait un rapport avec sa Grand-mère mais c'était tout ce qu'il lui avait donné comme information. Peut-être pensait-il que c'était évident?

"Tu parles très bien anglais. Assena-t-elle comme un constat sans vouloir flatter Dmitri. Cela n'a pas été trop dur à apprendre?"

Le jeune garçon faisait des efforts pour communiquer avec elle et bien qu'elle n'avait pas prévu d'avoir un camarade de classe pour compagnon de repas ce midi, parler avec Dmitri n'était pas si désagréable que ça alors elle pouvait se laisser aller à sa curiosité naturelle. Elle finissait même par trouver la conversation agréable. Elle n'avait pas besoin de se forcer à sourire cela lui venait naturellement. « Mais... et toi ? Tu as déjà eu ce cours l’année dernière ? » Néanmoins lorsqu'il la relança sur le sujet douloureux du redoublement elle faillit s'étouffer de nouveau avec sa propre salive. Se reprenant tout juste de tousser, elle évita soigneusement le regard de son camarade de classe espérant lui faire comprendre qu'elle ne voulait pas aborder le sujet. Pourquoi continuait-il sur cette voie? Voulait-il vraiment qu'elle s'énerve? Elle reposa sa fourchette à côté de son plat et fixa sur le garçon. Si elle ne comprenait pas bien ses émotions, Ahn lui disait souvent qu'elle avait hérité de l'expressivité de leur père tout comme lui, alors Dmitri comprendrait sûrement l'expression noir qui brillait dans les yeux bruns de la jeune femme. Elle resta silencieuse cette fois et le laissa poursuivre en serrant les dents sentant son coeur battre plus vite qu'à l'accoutumé et une chaleur lui monter sur les joues.

Pourtant au fur et à mesure que le garçon s'exprimait, plus la flamme qui léchait les joues de la jeune fille se tarissait et l'éclair dans ses yeux s'estompait pour lui redonner un regard plus doux. C'est lorsque qu'il lui avoua de ne pas être habituée à l'école qu'elle finit avec un temps de retard par comprendre. Voilà donc le lien avec sa grand-mère. Il ne se moquait pas d'elle. Ne la prenait pas pour une moins que rien. Il n'avait jamais été à l'école. Il avait toujours appris à la maison...et à la maison on ne redoublait pas. Elle hocha la tête d'un air entendu comme si elle se confirmait à elle-même son hypothèse et nota dans son carnet mental de se souvenir que Dmitri et elle avait un point commun. Elle aussi, avant l'accident travaillait à la maison avec Maman puis la psychologue lui avait demandé de la mettre à l'école pour ne pas qu'elle perde le lien social qu'elle n'avait déjà plus à cause de son trouble du comportement. C'était une période qu'elle n'avait que guère appréciée. Être entourée de gens qui passaient leur temps à la juger sans même essayer de la comprendre. Elle avait détesté l'école primaire. Aujourd'hui, à Poudlard elle se sentait un peu mieux, mais elle savait que Ahn était là. Sans lui, elle aurait eut plus de doutes et Maman n'aurait sans doute jamais voulu la laisser partir de la maison. Elle eut un triste sourire pour le garçon en fasse d'elle.


"Oui j'ai déjà eut ces cours l'année dernière. Ce n'est pas idiot. Une question n'est jamais idiote. Je ne connaissais pas cela non plus avant d'arriver d'être dans une vraie école et pas celle de la maison. En fait tu redoubles quand tu...c'est quand en fait...parce que..."

Elle connaissait très bien le principe du redoublement, l'expliquer avec des mots clairs n'était sans doute pas aussi compliquée que cela mais en parler, donnait à coeur un poids supplémentaire qui lui faisait mal à la poitrine. Même si elle ne le savait pas cela blessait sa fierté. Elle inspira profondément et sortit la vérité d'un ton égal.

"Quand tu n'es pas assez doué pour passer à l'année supérieure."
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Dmitri D. van Aken

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Message(#) Sujet: Re: La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] EmptyDim 6 Déc - 17:10

Amaïa & Dmitri / septembre 2026
Le remède à l'ennui, c'est la curiosité. La curiosité elle, est sans remède.

La veille, nouvel arrivant tout juste débarqué dans l’école anglo-saxonne, il n’avait pas été tout à fait des plus lucides sur les évènements. Entre l’effervescence de la rentrée, la répartition et le repas au cours duquel tout le monde avait l’annonce de la directrice, concernant les cours d’étude des moldus, à la bouche, il était arrivé un peu sonné et sans doute également épuisé dans sa nouvelle demeure. Malgré cet enchaînement improbable de péripéties, il n’avait toutefois pas été tenté par son lit ; un mélange d’excitation et de dépaysement l’avait gardé éveillé, mais pas pour autant alerte. Il n’avait alors pas réellement pris la mesure des choses, et aujourd’hui, il avait l’impression de découvrir une Amaïa un peu différente. Il ne s’était pas attendu à une réponse aussi terre à terre, empreinte d’un pragmatisme un peu absurde. La jeune fille avait quelque chose de rafraichissant : loin d’être aussi guindée et secrète que les personnes de son entourage, elle avait l’air bien plus vraie que ce à quoi il était habitué. Lui-même était assez collé monté, mais face à elle, il avait l’impression de facilement pouvoir être moins protocolaire, comme si sa présence suffisait à influencer ses manières. Il aurait été certainement très impoli de rire à sa remarque, aussi se retint-il et préféra répondre à sa question, comme si celle-ci attendait réellement une réponse. « Non, je ne suis pas la table » confirma-t-il en souriant. Comme souvent, il se montrait taquin pour éviter d’avoir à trop en dire sur lui. Un excès de pudeur mu par une éducation réservée, où il était préférable de taire ses ressentiments, ne pas les imposer à autrui. Ainsi, il employa le même ton terre à terre que celui de sa camarade, déclarant que, puisqu’il n’avait pas de bosse, il allait pour le mieux.

La questionnant candidement sur sa présence en première année, il semblait avoir touché un point sensible, braquant la Coréenne avant que celle-ci ne finisse par lui répondre. Il ne pipa mot pendant quelques instants ; un léger silence s’était installé entre eux, alors qu’autour, les autres élèves étaient en pleine effervescence, comptant leurs vacances, râlant des premiers cours et des devoirs qui promettaient de dangereusement s’accumuler. Ce fut elle qui rompit la première le silence, alignant presque leur discussion sur celles des autres serdaigles assis un peu plus loin. Dmitri était content de pouvoir profiter de sa question pour mettre fin à ce silence qui le gênait car il l’obligeait à penser à ses ignorances. Peu à peu, en parlant, râlant un peu inutilement contre ce premier cours qu’il ne trouvait, au demeurant, pas aussi catastrophique que ce qu’il pouvait bien dire, il chassait ce désagréable sentiment qui l’habitait lorsqu’il sentait que quelque chose lui échappait. Depuis quelques temps, il évitait tout particulièrement ces situations ; il se savait trop impatient, et surtout beaucoup trop borné, pour ne pas réagir face à ses lacunes. Et lorsqu’il cherchait trop à se retenir, à mettre sous le boisseau ses questionnements, il savait qu’inévitablement, il finissait par devenir plus véhément. Parler lui donnait l’illusion de garder le contrôle.

La voir opiner du chef l’incitait à continuer sur cette voie. Il évoqua brièvement son enfance, sans réaliser qu’une personne n’ayant pas vécu sa vie ne pouvait pas comprendre toutes ses allusions. À ses yeux, tout était limpide ; quittant pour la première fois son milieu, il n’avait pas encore totalement assimilé l’idée que tous n’avaient pas vécu dans le même univers mondain et fermé que lui, et n’avaient pas été gardé à l’écart du monde réel. « Je te comprends » lui fit-elle, les joues prenant une légère teinte vermeille, avant de lui expliquer plus en détails le fonctionnement de leurs cours. Il hocha la tête en l’écoutant. Le fait qu’elle évoque le déroulement habituel des enseignements eut l’effet d’une piqure de rappel, ravivant ces histoires de redoublement et de cours déjà reçus. Cette pensée persistait dans un coin de sa tête, alors qu’il rebondissait sur ce qu’elle lui avait dit en soupirant d’un air las. « Comme si je n’avais pas eu déjà assez de cours d’histoire de la magie... » Connaître les évènements majeurs de l’histoire sorcière représentait une grande part de l’enseignement prodigué par sa grand-mère. Au moins, avait-il passé bien plus de temps à apprendre l’histoire sorcière des pays nordiques et d’Europe centrale que celle de Grande-Bretagne, quand bien même ses origines obligeant, il n’avait pu passer à côté des dates les plus emblématiques du pays de ses ancêtres. Rien ne pouvait toutefois être plus ennuyant que l’histoire de sa famille racontée par Arthus van Aken. Une histoire apparemment partielle et partiale, puisque le patriarche de la branche tchèque s’était bien gardé de mentionner l’exécution pour actes de magie noire de certains.

« Tu parles très bien anglais. Cela n'a pas été trop dur à apprendre ? » Le garçon haussa des épaules. Qu’on lui dise que sa maîtrise de la langue de Shakespeare était bonne le laissait de marbre. « À vrai dire, je ne saurai trop te dire... dans ma famille, on commence à apprendre l’anglais dès qu’on sait parler. Donc je n’ai pas beaucoup de souvenir de l’apprentissage. » Maîtriser la langue de leurs aïeux était une obligation chez les van Aken ; au fond, si son grand-père s’était exilé à Prague pour fuir la disgrâce, il n’avait jamais totalement quitté la Grande-Bretagne. « Et j’ai toujours entendu mon grand-père nous parler en anglais. Ça aide un peu. » Les générations successives avaient toutefois conduit à une dilution de l’accent anglo-saxon, se perdant au fil du temps au profit de celui slave de son pays natal. Jusqu’à son arrivée en Écosse, il n’avait jamais prêté attention à sa prosodie, il avait fallu que son grand-oncle lui fasse une remarque à ce sujet pour qu’il réalise que sa manière de parler trahissait ses origines. Et si son aïeul désirait qu’il perde les mélodies tchèques dans sa voix, il ne faisait pour sa part aucun effort en ce sens. « Si je puis me permettre, toi aussi tu as un léger accent : tu prononces mieux mon prénom que tous les élèves de Poudlard réunis ! » fit-il d’un air malicieux, ponctuant sa remarque d’un clin d’œil amusé. « Tu as vécu à l’étranger ? »

En fin de compte, il se décida à remettre sur le tapis la question du redoublement de la jeune fille, ne voyant pas que ce sujet lui était désagréable. Sa naïveté l’empêchait de voir l’évidence même ; il était indélicat, et ce malgré le premier avertissement d’Amaïa. Avec une certaine gêne, due à son aveu et non, comme ce devrait l’être, à cause de l’indiscrétion dont il faisait preuve, il lui confia à demi-mots qu’il se sentait perdu. À sa grande surprise, et pour son plus grand soulagement, sa camarade semblait le comprendre ; à l’écouter, elle semblait également avoir connu une partie de son instruction à la maison. Puis l’hésitation se fit sentir dans sa voix. Une discrète fluctuation dans son intonation, une grande inspiration et finalement l’explication tant attendue. Mais plus que la manière de répondre, ce fut le choix de mots qui interpella le garçon. À son tour, ses joues s’empourprèrent, mais pour une raison bien différente de celle de la serdaigle ; il venait, enfin, de comprendre que son insistance était grossière. « Oh... » fut la seule onomatopée qui lui vint en premier lieu. Il baissa son regard vers son assiette, cherchant vainement à cacher la confusion qui était la sienne. Finalement, au prix d’un immense effort, il releva la tête. « Je te présente mes excuses... je ne voulais pas t’indisposer avec mes questions. » Sans s’en rendre compte, il avait repris cette posture corsetée et protocolaire de son éducation. Paradoxalement, ce manque de naturel était dans sa nature ; il était ainsi fait que, sous le stress, il redevenait instinctivement maniéré, presque solennel.

Son cerveau semblait bouillonner tant il cherchait un moyen de désamorcer la situation ; il ne serait guère étonnant de voir de la fumer sortir de ses oreilles, et lorsqu’il sembla trouver quelque chose, la phrase fusa sur ses lèvres sans qu’il ne puisse l’en empêcher, comme un réflexe viscéral de venir combler le désagréable vide qu’il avait laissé. « Du coup... il y a un cours que tu préfères ? Et à part l’histoire de la magie, il y a d’autres matières très soporifiques ? » Les questions s’enchaînaient maladroitement. La tentative de lui faire oublier ses dernières paroles était presque candide. Il se disait qu’en l’invitant à parler, il parviendrait à lui offrir une forme d’échappatoire, le libérant par la même de sa maladresse. « Hier, on m’a dit que le professeur Thorstein fait souvent pleurer des gens au premier cours... tu crois que c’est vrai ? » Un sourire plus authentique naquit sur son visage alors qu’une idée lui traversait l’esprit. « D’ailleurs... tu penses quoi des cours de mo... de potions ? » Il avait failli dire « de mon grand-oncle » avant de se raviser, adoptant une formulation plus neutre.

C’était à peine s’il lui avait laissé le temps d’en placer une. Lorsqu’il réalisa qu’il en était venu à un monologue, sans doute un peu par désespoir, il rougit une fois de plus et entreprit de se découper avec minutie un morceau de viande.
(c) mars.
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Message(#) Sujet: Re: La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] EmptyMar 8 Déc - 13:27

Dmitri & Amaïa
☆☆ La curiosité...
est un vilain défaut ☆☆
Avec les autres, elle était souvent indisposée. Ne savait comment réagir. Parler ou se taire. Répondre ou bien éviter la confrontation. Se rapprocher ou bien s'enfuir. Toutes sortes de situations qui à chaque fois donnaient lieu à un monologue interne interminable dans lequel elle soupesait le pour et le contre de ses actions. Une méthode primitive, peu naturelle, mais indispensable pour se fondre dans la masse. Comment pouvait-on lui en vouloir de ne pas réussir à suivre une conversation si à chaque phrase elle était obligée de faire le point pour comprendre ce qu'elle devait faire. Elle n'était que peu naturelle. Coincée dans le rôle qu'elle s'était donné en s'appelant par son deuxième prénom et en délaissant la Yuna qu'elle avait toujours été. Mais elle avait l'impression que personne ne pourrait la comprendre ici. Alors elle se cachait, pour mieux se fondre dans le décor, elle imitait. Pour mieux savoir comment réagir elle observait. Et quand elle ne comprenait pas bien souvent elle questionnait. Elle ne questionnait pas dans le but d'en savoir plus sur les autres. Parfois c'était simplement un mécanisme de survie. Pourquoi devions-nous faire ci ou ça? Quel était le sentiment qui lui compressait la poitrine et qui l'empêchait de respirer? Etait-elle malade ou simplement gênée. Tant de questions sans réponses qui faisaient d'elle une étrange créature aux yeux de ses camarades de classe, à qui elle tentait en vain de ressembler. Elle pourrait compter le nombre de personnes avec lesquelles elle laissait son naturel revenir au galop et elle pouvait le faire sur les doigts d'une main ou sur aucun doigt si on acceptait les membres de sa famille tel que Kovit ou Ahn avec qui elle n'avait rien à cacher ou presque. Néanmoins le jeune Serdaigle installé en face d'elle, semblait avoir les bons mot pour la faire sortir de ce vacarme incessant qui rythmait ses journées, faisant tomber ses défenses il laissait à la jeune fille la possibilité de se montrer telle qu'elle était. Si elle ne s'en rendait pas encore compte, elle finirait par l'apercevoir et le manège incessant recommencera sûrement. Pourquoi Dmitri et pas quelqu'un d'autre? Elle laissa échapper un faible soupir.

Son jeune camarade répondait à toute ses questions, que celle-ci paraisse idiote ou qu'elle soit due à une curiosité naturelle d'apprendre à connaître une autre personne. Si il n'était pas la table comme il le lui affirmait, elle ne put s'empêcher de laisser échapper un faible sourire. Oui, il n'était pas obligé de répondre à cette question là, elle l'avait bien remarquer. Mais l'étrange réponse du garçon en fasse d'elle lui faisait plaisir sans qu'elle puisse expliquer pourquoi. La jugeait-il? En tout cas elle n'en avait pas l'impression et aucun signe ne pouvait lui démontrer le contraire pour l'instant.

Les sujets de discussions étaient, étrangement, faciles à trouver. Que les deux Serdaigles puissent parler des cours qu'ils avaient en commun était une chose. Mais qu'ils soient tous les deux d'origines différentes était également un sujet de conversation qui venait d'être mis sur le tapis. C'est la candeur d'Amaïa qui l'avait poussé à lui avouer que son anglais était bon comme si il ne le savait pas. Mais puisqu'il lui avait dit que les cours qu'il avait avant était dans sa langue natale, elle n'avait pas réfléchir, elle ne pensait pas que lui aussi avait appris l'anglais depuis qu'il était petit. Elle sentit une légère chaleur effleurer ses joues et se retenant de regarder dans son verre pour voir si elle était belle et bien en train de rougir, analysa par la même occasion que cela devait être de la gêne. Maman disait souvent que lorsqu'on était gêné, on rougissait. Bien sûr il y avait bien d'autres raisons de rougir, mais à ce moment précis la petite fille ne ressentait aucune autre manifestation qui aurait pu la faire changer d'avis. Elle lui sourit gentiment et le laissa s'expliquer son son apprentissage de l'anglais qui était en fait tout aussi naturel que chez elle. Ce n'était pas son grand-père qui lui parlait anglais, puisque jamais son grand-père ne lui parlerait tout court, mais c'était son père qui leur avait appris sa langue maternelle tandis que sa mère avait la même chose avec la sienne de son côté. Un mélange tout a fait équilibré qui n'avait jamais déplu à la fillette.

« Si je puis me permettre, toi aussi tu as un léger accent : tu prononces mieux mon prénom que tous les élèves de Poudlard réunis ! »

Une nouvelle fois elle se sentit rougir. Etait-ce dû au fait que son accent était perceptible et donc qui trahissait aussi bien que les traits de son visage qu'elle était métissé? Le clin d'oeil? Ou était-ce dû au fait qu'elle semblait comprendre que Dmitri lui avait fait...un compliment? Le mot "mieux" était souvent associé à l'idée d'avoir fait quelque chose de bien, de meilleur que les autre. Elle qui n'avait jamais été la meilleure se sentit rougir pour quelque chose d'aussi futile que la prononciation d'un prénom.

"A vrai dire je n'ai pas fait attention. Je ne savais pas qu'il se prononçait plus comme je le prononces plutôt que comme les autres le dises. Ce n'est pas embêtant de voir son prénom déformé par les autres? Est-il vraiment si dur à dire que ça?"

Elle aurait pu feindre. Lui dire qu'elle avait fait des efforts pour prononcer son prénom comme il se devait mais à quoi bon puisque ce n'était pas la vérité? Le prénom était sortit tout seul, avec l'accent en option avancée. Que ce soit son premier comme son deuxième prénom, personne ne se trompait sur sa prononciation, mais elle pouvait croire que ce n'était pas agréable d'entendre constamment un prénom qui n'était pas le sien.

« Tu as vécu à l’étranger ? »

Inconsciemment elle secoua la tête négativement. Puis hésitante regarda Dmitri. Pouvait-elle se confier sur sa vie avec lui? Elle n'en était pas sûre. Elle qui passait son temps à faire attention à chaque parole qu'elle sortait, semblait avoir perdu le fil de ses pensées au fur et à mesure des questions de Dmitri. Comme si cette conversation était naturelle. Cela la rendait perplexe et elle se sentait quelque peu perdue. Néanmoins ces informations n'étaient pas aussi essentielles que ça et elle se détendit immédiatement en retrouvant un petit sourire.

"Ani...Non. Mais ma mère est Coréenne. A la maison on parle anglais et coréen sans distinction et souvent pendant les vacances d'été on parle davantage coréen avec elle, je retrouve toujours un peu mon accent asiatique à la fin des vacances. Et dès fois quelques mots s'échappent aussi"

Un léger rire secoua ses épaules. Il n'était pas rare que la jeune fille sorte des mots coréens sans s'en rendre compte. Lorsqu'elle était énervée, lorsqu'elle était impatiente ou au contraire heureuse. Toute émotion forte, qu'elle pouvait ou non interpréter, s'accompagnait toujours de sa deuxième langue comme support de voix.

Si la conversation semblait aussi naturelle d'un côté comme de l'autre. Tout changea à partir du moment où Dmitri lui parla de nouveau de son redoublement. D'abord en colère, puis perdue avant de redevenir calme la fillette avait en elle une palette d'émotions tellement importante qu'il lui était impossible d'en saisir toutes les nuances. Mais elle savait que le ralentissement du battement de son coeur et le soudain calme dans son esprit était le signe que la tempête était passée. Souvent lorsque la tempête faisait rage, elle s'écartait, elle s'en allait, ou elle blessait. La tempête était un peu son monstre à elle. Elle ne pouvait l'appeler que comme cela ne sachant ce qu'était ce mélange d'émotion qui lui faisait souvent perdre tout ses moyens sans qu'elle puisse faire quelque chose ni le contrôler. Mais la tempête s'était tari au profit d'une douce musique de fond qui lui permit de respirer normalement. Tout le contraire de son camarade qui après un instant de réflexion changea drastiquement de posture, de ton et d'expression. Amaïa pencha légèrement la tête sur le côté. Etait-il conscient de réagir d'une manière si différente d'il y avait à peine quelques minutes. Droit comme un piquet, le regard dressé devant lui, Dmitri semblait devenir quelqu'un d'autres quand il était comme cela. Même ses excuses étaient présentées d'une drôle de manière. Amaïa ouvrit la bouche, la referma ne sachant que dire. Pourquoi semblait-il soudain si sérieux? Avait-il peur qu'elle soit en colère? Elle s'inspecta mentalement mais ne trouvant nulle trace de la tempête, étira ses lèvres dans un sourire.

"Je ne suis pas en colère."

Le comportement du petit Serdaigle était tellement inattendu face au comportement qu'il avait avant qu'elle ne put s'empêcher de rire. Elle ne comprenait pas ce qu'il ressentait, en était incapable. Mais le voir si brutalement changer devait être la cause d'une émotion qu'elle n'avait su interpréter. Amaïa était fine observatrice. Elle ne savait comment détendre de nouveau son ami tendu comme un arc. Elle fit donc la seule chose qu'elle était en mesure de faire et qu'on lui avait répété mainte fois afin de rassurer quelqu'un qui venait de s'excuser.

"J'accepte tes excuses Dmitri"

Elle laissa de nouveau le prénom de son ami rouler sur sa langue. Mais avant qu'elle ne puisse dire quelque chose le jeune garçon était déjà reparti dans un monologue immense. De nombreuses intégrations et un débit de parole qui firent écarquiller les yeux de la fillette. Ce garçon était bien étrange de se comporter de cette manière-ci. Mais étrange d'un façon qu'elle appréciait. Peut-être n'était-elle, elle aussi pas étrange du mauvais terme pour tous ces autres camarades? Se laissant aller à cette réflexion elle laissa le jeune homme terminer de parler. Mangeant une fourchette de son assiette elle releva les yeux vers le jeune homme quand celui-ci ponctua sa dernière phrase d'un regard qui se dérobait et de la présence d'une couleur vermeille sur ses pommettes.

"Tu rougis. Pourquoi?"

C'était inconscient. C'était un fait qui avait besoin d'une explication. Mais Dmitri n'était pas sensé être celui qui devait lui fournir cette explication. Perdue dans le côté naturel de cette conversation, la jeune demoiselle commençait à parler sans réfléchir. Un boule se forma dans sa gorge et se fut également à son tour d'éviter le regard de l'aiglon. Qu'avait-elle encore fait? S'était-elle trahie? Elle espérait en vain que son ami était trop perturbé pour avoir entendu sa question saugrenu. Et comme à chaque fois qu'elle perdait le contrôle, c'est elle qui se mettait à parler sans discontinuer. Heureusement pour elle, Dmitri lui avait laissé de la matière pour alimenter son discours qui était sensé noyer sa précédente question dans un flot de parole incessant.

"Beaucoup de matières sont soporifiques. Je ne te parle pas de l'astronomie. Il y fait noir de plus ce qui n'est pas très propice à la concentration. Le cours théorique de botanique est d'un ennui! L'année dernière le professeur était ce qu'il y avait de pire je pense mais cette année cela va être mieux. Sinon c'est toujours intéressant d'apprendre des sorts que ce soit en Sortilège ou en Défense contre les forces du mal. Ah oui le professeur Thorstein. Il ne faut mieux pas la prendre de haut. Ni lui faire de remarque. Si on peut éviter son regard parfois c'est mieux. Elle à un regard qui ne donne pas vraiment envie d'y avoir à faire. Je ne la porte pas dans mon coeur. L'année dernière le premier cours était assez épouvantable. C'est le moins qu'on puisse dire. Nous mettre devant notre plus grande peur. N'importe quoi. Je sais pas si elle peut être gentille.C'est peut-être pas possible pour elle. Et elle aussi à un accent. Très prononcé. Très très prononcé. Ses "r" ce sont les miens en 100 fois plus long. Je crois j'ai compté une fois. Ca devait faire environ 3 secondes de "r"? C'est long non? Tu trouves pas?"

A bout de souffle elle regarda de nouveau l'aiglon à ses côtés et se sentit elle aussi rougir. Se rappelant néanmoins sa dernière question, un sourire illumina son visage.

"Le cours de potion est sans aucun doute le meilleur de tous! C'est ma matière préféré. C'est la seule matière que j'aurais pu valider d'ailleurs. Le professeur n'est pas forcément celui qui fait parti des plus gentil mais il apprend bien. Très bien même. Je suis pressée de retourner en potion en tout cas. Tu aimes les potions?"

Elle s'arrêta de nouveau. Joua avec sa fourchette pour occuper ses mains en prenant soin de ne pas croiser le regard de son jeune camarade. Se rendant compte elle aussi que son monologue interminable avait dû attirer la puce à l'oreille du jeune bleu et argent elle eut soudainement envie de se taper la tête contre la table en bois. Et puisque la table n'était pas Dmitri, il ne devrait pas s'excuser cette fois. Mais son comportement était déjà bien assez anormal comme cela sans qu'elle en rajoute une couche. Elle laissa léger juron coréen effleurer le bout de ses lèvres, noyé dans son marmonnement et sa tête baissée tandis qu'elle essayait de reprendre contenance. Elle releva finalement les yeux vers Dmitri et fit la seule chose qu'on lui avait dit de faire lorsqu'elle ne savait pas comment réagir. Elle sourit légèrement.
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Message(#) Sujet: Re: La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] EmptySam 12 Déc - 15:36

Amaïa & Dmitri / septembre 2026
Le remède à l'ennui, c'est la curiosité. La curiosité elle, est sans remède.

La discussion allait bon train entre eux ; Dmitri trouvait facile de converser avec elle. Ses réactions parfois atypiques contribuaient inconsciemment à ce qu’il se sente plus à l’aise avec elle, après tout, peut-être lui paraissait-il également étrange à certain moment ? Il voyait ce côté original qui transparaissait de temps à autre chez la jeune fille comme une expression de sa sincérité. Elle ne cherchait pas à se montrer mondaine ou à se donner des airs particuliers.

« Ce n'est pas embêtant de voir son prénom déformé par les autres? Est-il vraiment si dur à dire que ça? » Le Praguois haussa des épaules nonchalamment des épaules. « Je suis un peu habitué à vrai dire... grand-père a toujours prononcé mon prénom à l’anglaise. Et pourtant, il parle parfaitement tchèque ! Je pense qu’il fait exprès. » répondit-il d’un air amusé. Peut-être qu’Arthus pensait qu’en leur parlant anglais, et en dédaignant la prononciation locale des prénoms de ses petits-enfants, il faciliterait leur maîtrise de la langue de leurs ancêtres. « Non, il n’est pas si dur que ça à prononcer... c’est simplement que les anglo-saxons ne savent pas prononcer les R. C’est comme s’ils... » Le garçon hésita quelques instants, cherchant comment il pouvait décrire l’accent anglais. En voyant les pommes de terre qui accompagnaient sa viande, il eut un sourire et ajouta : « C’est comme s’ils essayaient de parler avec une patate chaude dans la bouche ! » Fier de sa comparaison, il sauça abondamment une pomme de terre avant de l’engloutir.

Rebondissant sur la prosodie chantante d’Amaïa, il en vint à lui demander si elle avait vécu, tout comme lui, à l’étranger. Son accent était discret... elle prononçait certaines consonnes avec plus de finesse que les anglais, mais elle semblait avoir une meilleure maîtrise que lui des accents toniques. Ce n’était pas bien compliqué, cela dit, le tchèque n’ayant que des accents toniques fixes, contrairement à l’anglais, Dmitri avait toujours eu beaucoup de mal avec la prononciation anglaise. « Ani...Non. Mais ma mère est Coréenne. A la maison on parle anglais et coréen sans distinction et souvent pendant les vacances d'été on parle davantage coréen avec elle, je retrouve toujours un peu mon accent asiatique à la fin des vacances. » Ça expliquait ses intonations plus douces. « Et dès fois quelques mots s'échappent aussi » Il hocha la tête d’un air entendu. « Ça m’arrive aussi de parler, de temps en temps, en tchèque sans faire attention... » Un sourire presque attristé traversa fugacement son visage. « Mais comme je n’ai pas le droit, j’essaie d’éviter. » Alexander ne parlant pas tchèque, il aurait très malvenu de sa part d’user de sa langue natale devant lui, sans compter l’utilité très discutable d’utiliser un dialecte qu’il était le seul à comprendre. Bien entendu, entre l’habitude et l’aspect contestataire que revêtait, à ses yeux, l’emploi du tchèque, il n’avait pu s’empêcher de bougonner dans son patois natal et donc de se faire sermonner. « C’est ça qui me manque le plus... entendre parler en tchèque » confia-t-il au bout de quelques instants. En soit, sa vie à Prague ne lui manquait pas vraiment ; ce n’était pas seulement parce qu’il appréciait de ne plus avoir à partager une chambre avec ses frères et du luxe octroyé par le manoir, mais aussi parce qu’il n’avait plus à subir cette forme de concurrence non-assumée avec eux. Il était désormais seul et n’avait plus à se soucier des autres van Aken. Mais il se sentait pourtant dépaysé et ne partageait pas la culture anglo-saxonne. Les rares références britanniques qu’il avait lui venaient des histoires de son grand-père, de l’apprentissage accru de son arbre généalogique... et des bandes dessinées du père d’Amaïa. Elles faisaient partie de ces livres pour enfants qu’on lui avait casé dans les mains le plus tôt possible, favorisant les références anglaises pour le familiariser avec la langue de Shakespeare. À cette pensée, son regard sembla presque se perdre dans le vide ; petit élan nostalgique de sa plus tendre enfance, avant qu’il ne soit assez grand pour commencer à se rebeller contre ses aïeux. Il avait toujours gardé dans sa chambre quelques exemplaires de ces œuvres, aimant parfois se replonger dedans, comme pour lui rappeler « le bon vieux temps ». Et au fond, il devait sans doute une grande part de sa passion pour le dessin à cet homme qu’il n'avait pourtant jamais connu ; lui et le patrimoine artistique des van Aken, transmis tant bien que mal par son grand-oncle qui, bien qu’il ne soit pas un peintre comme son frère, demeurait attaché à cet héritage.

Porté par la discussion, il s’était allé à lui poser quelques questions ; il était heureux de pouvoir parler librement à quelqu’un de son âge ou presque, puisqu’elle n’avait qu’un an de plus que lui, pouvant enfin sympathiser sans sentir la pression de sa famille. Mais peut-être était-elle une relation, sinon appréciée, au moins acceptable aux yeux de sa famille ? Il savait que jamais son grand-père ne lui aurait offert d’ouvrages dessinés par un né-moldu, ce qui était déjà la preuve qu’à défaut d’être issue d’une digne et pure lignée, au moins n’était-elle pas la souillure incarnée. En revanche, il ne savait rien de la mère de la jeune fille, si ce n’était ses origines coréennes. Non pas que lui en ait cure... mais toute son enfance durant, on l’avait séparé des quelques enfants jugés trop impurs, et il repoussait alors invariablement la progéniture des bonnes familles auprès desquelles on l’amenait. Mais à présent, il n’avait plus le regard de ses aïeux braqués sur lui. Ils étaient trop loin pour le contrôler.

Ce sentiment de liberté semblait l’avoir désinhibé, le poussant à la questionner sur le redoublement, soulevant ainsi une question gênante et sans doute douloureuse. Honteux, il avait conscience d’être dans une situation scabreuse ; machinalement, il musela ses ardeurs, revenant à un contrôle impérieux de lui-même. Une allure que sa mère aurait jugée plus noble que l’attitude décontracté qu’il s’était alors permise d’avoir. « Je ne suis pas en colère. » La serdaigle se mit à rire, surprenant son camarade qui le regarda d’un air circonspect. « J'accepte tes excuses Dmitri » Il lui répondit par un sourire timide, hochant la tête avec gratitude avant d’enchaîner par une avalanche de questions sur sa scolarité.

Lorsqu’il eut terminé, ses joues étaient légèrement rosées, alors qu’il venait de réaliser que pour masquer son désarroi il ne lui avait pas laissé la possibilité d’en placer une. « Tu rougis. Pourquoi ? » De concert, ils évitèrent chacun le regard de l’autre, la jeune métisse profitant de ses innombrables questions pour cacher leur gêne mutuelle. Trop heureux de ne pas avoir à répondre à son interrogation, il l’écouta compter à quel point certaines matières pouvaient être soporifiques. « Le cours théorique de botanique est d'un ennui! L'année dernière le professeur était ce qu'il y avait de pire je pense mais cette année cela va être mieux. » Le Tchèque fronça machinalement les sourcils, se demandant ce qui pouvait bien avoir changé entre cette année et la précédente. Il n’était pas aussi certain qu’elle quant au fait que la botanique allait être bien ; il était même persuadé qu’il n’allait pas aimer cette matière, ne voyant pas comment s’occuper de plantes pouvait être intéressant. Il la laissa toutefois poursuivre, l’écoutant évoquer, en écho à ce qu’il avait dit d’elle, le professeur Thorstein, et opina vigoureusement du chef à la mention de son accent très long.

Dmitri ne put s’empêcher de rire en l’entendant dire que le professeur de potion n’était pas le plus gentil. Il ne pouvait pas prétendre être surpris de cette remarque, même s’il n’avait encore jamais vu son aïeul devant d’autres enfants... mis à part bien entendu les rares fois où il avait été invité chez les Sørensen, mais ceux-ci n’étant plus tout à fait des enfants et puisqu’ils étaient des proches de l’aîné des van Aken, ça n’était pas tout à faire comparable. La réponse d’Amaïa était d’ailleurs corroborée par les dires des quelques autres serdaigles avec lesquels il avait discuté lors du banquet de début d’année... ou plutôt du seul élève assez franc pour critiquer un professeur devant un membre de sa famille. « Plutôt oui » répondit-il lorsqu’elle lui demanda s’il aimait les potions. Il eut un instant de réflexion, se remémorant les quelques enseignements qu’il avait déjà eu en la matière. Sa grand-mère avait été guérisseur dans l’hôpital sorcier de Prague avant de s’occuper de l’éducation de ses enfants et petits-enfants, ce qui, de fait, avait beaucoup impacté leur éducation. « Enfin, de ce que j’ai eu jusque-là... » Il but une gorgée de jus de citrouille, avant de rajouter en rigolant : « Et puis, je ne suis pas sûr de pouvoir dire l’inverse, vu... mes liens avec le professeur » En y réfléchissant, il ne savait même pas si sa camarade avait fait le lien entre le maître des potions et lui. Il ne se rappelait pas en avoir parlé avec elle la veille, mais peut-être l’avait-il fait sans y prêter attention... ou peut-être que comme Blaze, elle avait noté son nom de famille. « Je vois ça un peu comme le dessin ! Il faut trouver une harmonie dans la potion, comme une composition picturale ! » Il affichait un sourire rêveur, comme souvent lorsqu’il abordait la question du dessin. Inconsciemment, il se disait qu’elle devait forcément comprendre ce qui se tramait dans son esprit à l’instant présent ; après tout, avec un père comme le sien, il ne pouvait pas en être autrement !

« Pourquoi tu penses que cette année, le cours de botanique sera mieux ? » demanda-t-il au bout de quelques instants, rajoutant d’un air pensif : « Je ne suis pas pressé d’avoir botanique en tout cas ! Passer une partie de la journée les mains dans le fumier de dragon, très peu pour moi ! » Il était en réalité assez douillet ; un citadin en bonne et due forme, détestant se salir les mains, au sens propre comme au figuré. Le seul aspect salissant qu’il appréciait, c’était celui du fusain sur ses doigts.
(c) mars.
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Message(#) Sujet: Re: La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] EmptySam 19 Déc - 20:21

Dmitri & Amaïa
☆☆ La curiosité...
est un vilain défaut ☆☆
Pour être sincère avec elle même, elle n'avait jamais autant parlé avec un de ses pairs avant ce soir. La seule personne avec laquelle elle s'autorisait à parler sans réfléchir à part son frère, était Kovit, son cousin qu'elle avait rencontré cet été, mais maintenant la voilà à parler avec un garçon qu'elle ne connaissait que de la veille. Elle, qui dont le mutisme n'était plus un secret aux yeux de ses anciens camardes de classes, avait dû mal à comprendre pourquoi elle se comportait ainsi. Mais pour une fois elle ne sembla pas s'en brusquer davantage , après tout, elle était venue à Poudlard avec l'idée de se socialiser comme le souhaitait Maman alors peut-être que c'était une bonne étape pour qu'elle apprenne à connaître ses nouveaux camarades.

La jeune Serdaigle se prit à écouter d'une oreille attentive les explications de son camarade quand à son prénom. Elle était réellement curieuse de savoir comment le prenait Dmitri ne sachant elle même comment elle réagirait en attendant quelqu'un malmener son prénom. Sûrement pas très bien. Elle ferait sûrement à l'impertinent une réflexion en le priant de prononcer son nom correctement. Le mot compassion et compréhension lui étant inconnus elle se fichait pas mal de passer pour une ingrate et de se faire des ennemis. Elle avait même du mal avec le concept d'ami et ennemi, soit elle aimait la personne, soit elle ne l'aimait pas. Il n'y avait pas de juste milieu, ses décisions étaient tranchantes et elle revenait rarement dessus. Alors que Dmitri parlait, elle décrocha momentanément pour observer le jeune homme. Comment considérait-elle Dmitri? L'aimait-elle bien? Lorsque leurs regards se croisèrent elle sentit ses joues prendre feu et détourna rapidement le regard consciente qu'il avait surpris l'interrogation dans ses yeux. Elle en conclu donc rapidement qu'elle ne pouvait pas savoir pour le moment, alors que sa conscience lui dictait que si elle ne l'aimait pas elle ne prendrait même pas la peine de lui adresser un regard. Elle secoua la tête pour chasser ses pensées et essaya de se reconcentrer sur les dires de Dmitri, mais la comparaison avec la patate chaude la laissa de marbre. De quoi parlait-il? Il souriait sans doute content. Soit, elle ferait comme si elle avait comprit. Elle secoua donc la tête positivement comme si elle était consciente de ce dont il parlait, alors qu'elle n'en avait aucune idée, elle espérait avoir fourni la bonne réponse...c'était une chance sur deux. Apparement.

Les deux jeunes gens se mirent à découvrir leurs points communs et notamment le fait qu'ils parlaient tous les deux une autre langue que l'anglais. C'était assez rafraichissant pour la jeune fille de pouvoir parler d'autres choses que les cours avec un de ses camardes de classe.

« Ça m’arrive aussi de parler, de temps en temps, en tchèque sans faire attention... »

Elle sourit. C'était souvent le cas lorsque l'on parlait deux langues différentes et parfois on ne faisait pas forcément attention, en pensant que les autres pouvaient comprendre.

« Mais comme je n’ai pas le droit, j’essaie d’éviter. »

Amaïa fronça les sourcils. Elle ne comprenait pas pourquoi il n'aurait pas le droit de parler sa langue natale. Etait-ce une règle de ne parler que l'anglais à Poudlard? Avait-elle encore manqué une information en étant concentré sur autre chose que sur ce dont on lui parlait? Son absence de concentration pouvait parfois être une véritable plaie et pas seulement dans les cours. Elle devait souvent demander aux gens de répéter ou alors elle donnait une réponse approximative qui elle l'espérait était la bonne et dès fois se faisait entraîner dans des histoires qu'elle n'aurait pu imaginer sinon.

"Pourquoi? Qui t'en empêche?" lui demanda-t-elle perplexe comme si on privait son camarade d'une partie de lui-même.

Lorsque Dmitri lui confia qu'entendre parler tchèque lui manquait elle hocha vigoureusement la tête comme si elle même ne pouvait s'imaginer ne pas parler Coréen. Elle était métis, et ne pas parler une de ses deux langues étaient un peu comme la priver d'une partie d'elle-même. Elle n'était réellement elle-même que quand elle pouvait être à la fois Yuna et Amaïa, malheureusement en cette école, en changeant de prénom, elle ne réduisait bien souvent son existence à Amaïa mais Yuna lui manquait beaucoup. Cette Yuna, elle la retrouvait un peu aujourd'hui en parlant avec Dmitri et sans savoir pourquoi elle se sentit légèrement nauséeuse, ne comprenant pas le sentiment d'angoisse, qui naissait dans le creux de son ventre. Elle oublia momentanément les émois de son corps et reprit d'un ton qu'elle espérait toujours aussi gai.

"Je ne me verrai pas ne pas parler ou entendre parler coréen trop longtemps, ça me manquerait. Moi j'ai de la chance, j'ai mon grand frère ici donc on peut parler coréen ensemble mais si toi tu es tout seul ça doit être dur...,elle marqua une pause.Tu sais, si tu m'apprends quelques mots je pourrais peut-être te dire des petits mots de temps en temps ça pourrait te rappeler un peu chez toi? Enfin...si tu veux."

Ses joues prirent une légère teinte rosée et elle lui sourit. Elle espérait que sa démarche soit gentille, elle se confortait dans l'idée que si on lui avait proposé la même chose elle aurait aimé l'initiative, alors elle se demandait si Dmitri allait l'apprécier ou non. Après tout, apprendre une autre langue ne lui déplaisait pas. Elle aimait bien les langues, en plus sa prononciation à la coréenne lui permettait de ne pas amocher de trop les mots Tchèques que Dmitri pourrait lui apprendre alors pourquoi pas?

Si elle n'avait guère apprécié l'initiative du jeune homme de lui parler de sa présence en première année, cette année encore elle avait fini par se dérider tout de même comprenant que le manque de tact du jeune homme était davantage dû à un manque d'informations plutôt qu'à une certaine moquerie. Dmitri eut de la chance, en une question, il eut failli passer dans la catégorie "je t'aime bien" à la catégorie "je t'aime plus du tout va-t-en" encore une fois la jeune fille n'était pas très conciliante, mais Dmitri paraissait peu à l'aise de la bombe qu'il avait lâché à la jeune fille. Percevant, sans comprendre réellement, le trouble du jeune homme, elle essaya de le rassurer comme elle croyait bon de le faire. Elle comprit le petit sourire de Dmitri comme un signe qu'elle avait réussi à faire ce qu'elle avait voulu et se sentit contente. Elle avait l'impression de faire des progrès dans sa relation avec les autres, et même si ce n'était pas simple, peut-être que cette année elle parviendrait à se fondre dans la masse comme elle le souhaitait. La jeune fille avait encore du mal à se convaincre qu'elle pouvait être apprécié en étant elle même. Pour elle, il fallait forcément qu'elle soit quelqu'un d'autre. Une autre personne. Moins bizarre. Plus normal. Plus comme les autres et moins comme elle. Pour elle, les gens n'aimerait pas Yuna, il ne pouvait qu'apprécier Amaïa, elle ne remettait pas encore en doute que cela pourrait être le contraire, pour elle et quand à son expérience en primaire, c'était inconcevable.
Malheureusement la petite fit bien vite une erreur en demandant à son acolyte de lui expliquer la cause de son rougissement. Ses propres joues prenant exactement la même teinte que celles de Dmitri, elle parla très vite et trop longtemps concernant les quelques questions de Dmitri espérant lui faire oublier sa question dans le flots de ses paroles incessantes. Elle ne s'imaginait même pas qu'elle créait aussi une porte de sortie pour le jeune garçon qui ne voulait pas non plus parler de son rougissement.

Tout en parlant, elle regardait les réactions de l'aiglon. Elle sourit. Elle devait s'avouer qu'elle trouvait Dmitri assez drôle. Toutes les expressions transparaissaient sur son visage, ce qui permettait à Amaïa de mieux pouvoir l'analyser et également de le comprendre. Elle avait beaucoup de mal à communiquer avec les gens stoïque. Kovit qui gardait une expression neutre sur le visage lui posait quelques problèmes mais il faisait attention pour elle, il savait le problème qu'elle avait et par conséquent était plus à même de l'aider. Mais son trouble comportemental était pour les autres un secret, alors si ils pouvaient l'aider en lui donnant des indices sur leur ressenti elle les en remerciait. Les sourcils froncés de Dmitri pouvait néanmoins autant traduire de la colère tout comme de l'incompréhension. Les expressions ne faisaient pas tout malheureusement. Mais l'expression de son camarde changeait constamment, passant d'une grimace à un sourire, à un rire, à un rougissement. Si elle ne le considérait pas comme un cobaye, loin de là, ce changement d'expression lui était d'autant utile qu'elle trouvait que cela lui allait bien, de changer d'expression, ça le rendait plus vivant. Elle se sentit sourire en attendant que son potentiel futur ami aimait bien les potions. C'était un bon point commun.

« Et puis, je ne suis pas sûr de pouvoir dire l’inverse, vu... mes liens avec le professeur »

Elle qui allait manger un petit pois arrêta sa fourchette avant même de l'engloutir. Elle la reposa avec un froncement de sourcil et se creusa fortement la tête. Les liens avec le professeur de potion? Le vieux professeur pas très gentil mais très compétent? Elle savait que son professeur s'appelait Van Aken mais quel était le nom de Dmitri? Elle se sentit rougir sans comprendre que c'était de la honte. Elle n'avait même pas écouté la cérémonie de répartition. Elle était restée scotchée à sa table en train de dessiner sans prendre aucune autre personne en considération. Si Dmitri n'était pas venu la voir pour entamer la conversation jamais elle ne l'aurait fait et elle serait sans doute partit se réfugier dans son dortoir avant que quelqu'un d'autre ne vienne lui parler. Elle releva un regard un peu mitigé vers son camarade et joua la carte de la sincérité.

"Tes liens avec le professeur de potion? Désolée je n'ai pas été très attentive durant la cérémonie de répartition, je ne sais même pas quel est ton nom de famille..."

Elle baissa le regard, sentant ses joues rougirent davantage et tenta de calmer les battements de son coeur qui ne cessait de lui rappeler son erreur. Lorsqu'elle releva les yeux elle avait reprit un peu d'aplomb.

"Mais ce n'est pas parce que tu es lié au professeur de potion que tu es obligée d'aimer ça! Par exemple je n'aime pas énormément la botanique et pourtant cette année si je suis ton raisonnement je devrais aimer! Aimer c'est avoir pour quelqu'un, quelque chose de l'affection, de la tendresse, de l'amitié ou de la passion"

Sans s'en rendre compte elle venait de réciter la définition qu'elle avait tant de fois surligné dans son dictionnaire afin de se rentrer la définition dans la tête afin de pouvoir mieux analyser les autres. N'ayant pas remarqué son étrange comportement, elle sourit au jeune Serdaigle comme si ce qu'elle venait de dire était évident.

« Je vois ça un peu comme le dessin ! Il faut trouver une harmonie dans la potion, comme une composition picturale ! »

Les yeux de la jeune fille se mirent à pétiller. Parler dessins et potions était la chose qui pouvait lui faire le plus plaisir aimant l'un et l'autre avec une passion indéfinissable. Elle hocha donc la tête pour approuver les propos du jeune homme assis en face d'elle. Elle comprenait exactement ce sentiment de mélange harmonieux qu'il fallait avoir pour pouvoir faire soit un beau dessin ou alors une belle potion. Tout était un mélange de couleur ou un mélange d'ingrédients. Il fallait être précautionneux et bien connaître son sujet pour pouvoir faire parler une potion ou une oeuvre. Les deux étaient des oeuvres pour la petite Serdaigle. Savoir que Dmitri raisonnait de la même façon la comblait de joie.

"Le chef d'oeuvre ne peut venir que lorsque l'équilibre entre les ingrédients ou les couleurs est parfait! Je suis bien d'accord avec toi! Pour faire une bonne potion comme un bon dessin il faut réfléchir soigneusement à ce que l'on veut faire et pourquoi l'on utilise un tel ustensile ou non. Sinon on n'arrive pas à faire parler ce que l'on fait et c'est dommage."

Le jeune homme finit par lui demander pourquoi elle pensait que le cours de botanique serait mieux cette année avant de lui avouer que la botanique est lui n'était pas très ami. Elle se demandait si elle avait le droit d'évoquer ses liens avec leur future professeure de botanique ou non. Mais après tout, Dmitri lui avait bien dit qu'il était lié au professeur de potion d'une quelconque façon.

"Le professeur Moon est ma Daemo. Ah attends comment on dit en anglais...ma marraine? dit-elle peu sûre d'elle. Elle a quitté l'Angleterre il y a quelques années pour aller enseigner à Séoul en Corée, ah oui elle est coréenne c'est la meilleure amie de ma maman elles ont grandi ensemble toutes les deux, et elle a toujours voulu être professeure à Poudlard et elle a été accepté donc c'est sa première année parmi nous! Elle m'a beaucoup manqué surtout quand..."

Elle s'arrêta brusquement. Déglutit et fuyant une seconde le regard du jeune homme en face d'elle. Si il connaissait son père et qu'il suivait les nouvelles le concernant il était sans doute déjà au courant. Mais peu de personne s'intéressait à la vie d'une dessinateur de bande dessiné pour petit sorcier ou faisait rarement le rapprochement entre le Sawner qui dessinait et la petite Serdaigle qui portait le même nom. Mais quoi qu'il en compte elle ne préférait ne pas remuer de douloureux souvenirs.

"Elle m'a beaucoup manqué, conclut-elle un peu abruptement"

Elle chassa les douloureux souvenirs qui la frappèrent d'un coup et tenta de reprendre une conversation un peu plus légère afin de calmer son coeur et se faire dégrossir la boule dans sa gorge qui prenant de plus en plus de place l'empêchait de respirer correctement et menaçait de la faire pleurer dans quelques minutes supplémentaire de tortures mentale.

"Peut-être qu'elle te fera apprécier la botanique. Même si je l'aime beaucoup je pense que je ne suivrais pas tout mais je sais qu'elle est passionnée par son métier donc je me dis que ça sera sûrement mieux que l'année dernière, ça ne peut pas être pire de toute manière" ria-t-elle doucement
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Amaïa & Dmitri / septembre 2026
Le remède à l'ennui, c'est la curiosité. La curiosité elle, est sans remède.

Dmitri trouvait agréable d’être face à quelqu’un qui, comme lui, parlait une autre langue et comprenait donc sûrement ce manque qu’il pouvait parfois ressentir, cette petite pointe de tristesse qui le prenait lorsqu’il n’entendait pas assez son dialecte natal. Avant de quitter Prague, il n’aurait jamais pu imaginer avoir cette désagréable impression de perdre une partie de lui-même en parlant constamment anglais. La langue de Shakespeare faisait pourtant partie de lui, il l’avait apprise très tôt dans son enfance et l’utilisait lorsqu’il s’adressait à son grand-père, mais c’était sans commune mesure avec le tchèque. Amaïa devait sûrement comprendre ça ; elle n’avait peut-être pas grandi en Corée, mais elle était habituée à parler la langue du pays du matin calme, d’autant plus qu’elle tenait ses origines coréennes de sa mère. Or, bien souvent, la culture de la mère impactait plus profondément l’éducation des enfants que celle du père. Les van Aken en étaient un bon exemple ; depuis deux générations, le patriarche devait lutter pour que l’anglais et la culture du pays britannique soit transmise aux plus jeunes, malgré les assauts répétés du tchèque dans leur vie. Ses propres enfants avaient été plus fortement impactés par la Tchéquie et de fil en aiguille, l’anglais n’était plus qu’une langue subalterne.

« Pourquoi ? Qui t’en empêche ? » demanda la jeune métisse, alors que l’aiglon lui confiait ne pas pouvoir parler sa langue natale aussi librement qu’elle le pouvait. « Mon tuteur » répondit-il avec prudence, le ton légèrement lancinant. « Il ne parle pas tchèque... et préfère que je parle anglais le temps que je me débarrasse de mon accent. » Il y avait bien sûr une certaine légitimité dans la requête de son aïeul, mais se voir forcé d’abandonner le tchèque l’irritait quelque peu, sans compter une forte proportion, chez lui, à la contradiction. Avant d’être un locuteur de la langue de Shakespeare, il était Tchèque. Ses pensées et ses rêves étaient faits de ce dialecte slave, s’en priver ne se faisait pas sans une certaine mélancholie. « Je ne me verrai pas ne pas parler ou entendre parler coréen trop longtemps, ça me manquerait. Moi j'ai de la chance, j'ai mon grand frère ici donc on peut parler coréen ensemble mais si toi tu es tout seul ça doit être dur... » Le garçon hocha la tête en signe d’assentiment. Même si elle avait toujours vécu en Angleterre, elle partageait bel et bien ce même amour d’une autre langue ; elle savait ce que c’était de se sentir imprégné d’une autre culture. « Oui, je suis tout seul, mes frères et sœurs sont à Durmstrang » confirma-t-il machinalement. Cela dit, il ne s’en plaignait pas ; ne pas être dans la même école que ses frères et cousins était l’un des avantages les plus évidents qu’il trouvait à son expatriation.

Son visage s’éclaira d’une discrète lueur joyeuse lorsqu’elle lui proposa d’apprendre quelques mots tchèques. L’intention était inattendue et touchante. Elle faisait partie de ces choses qui pouvaient paraître presque anodine aux yeux d’autrui, mais qui allaient pourtant droit au cœur, comme un joyau enfermé dans un petit écrin : sa petitesse faisait qu’on pouvait facilement le louper si l’on n’y prêtait pas attention, mais sa valeur était immense. « Dans ce cas-là, il faut que tu m’apprennes quelques mots en coréens ! » Bien entendu, elle avait toujours son frère pour parler leur langue maternelle, mais il voulait pouvoir avoir l’illusion de lui rendre la pareille, partager une forme de complicité linguistique. « Et puis, j’aime bien apprendre de nouvelles langues » confia-t-il au bout de quelques instants. « J’ai dû apprendre un peu le russe l’année dernière, avant que mes parents ne prennent la décision de m’envoyer à Poudlard... il paraît que le tchèque est une langue assez dure, mais le russe n’est pas en reste ! Et comme ils n’ont pas le même alphabet, ça n’aide pas ! »

Tout ça lui paraissait si lointain. Une vie entière semblait s’être écoulé depuis le dernier cours de russe donné par sa grand-mère. Son retour de l’excursion non-autorisée chez un né-moldu avait marqué un tournant tant imprévu qu’improbable et même s’il se doutait que son père envisageait, depuis un certain temps déjà, d’envoyer le dernier né des van Aken vivre en Écosse, lui ne l’avait pas vu venir. Si on lui avait dit, il y a quelques mois, qu’il discuterait linguistique avec une anglo-coréenne, il ne l’aurait sans doute pas cru.

Toute la discussion se révélait d’ailleurs être assez inédite ; il avait parfois du mal à reconnaître en lui le même garçon que celui qu’il était à Prague. Il était en réalité lui-même, et non plus un reflet déformé de ce que souhaitaient ses parents. Et se découvrant peu à peu, il se montrait parfois indélicat ou maladroit. Mais Amaïa ne lui en tenait visiblement par rigueur et acceptait ses erreurs. Ils avaient cette même réaction naturelle de faire crouler l’autre sous d’innombrables questions ou anecdotes pour masquer leurs bévues et lui offrir ainsi une porte de sortie qui ne soit pas trop gênante. Était-ce par une forme de mimétisme ou par une personnalité concordante ? Certainement un peu des deux.

Cette fois-ci, c’était elle qui monopolisait un temps la parole, pendant qu’il reprenait progressivement contenance. Elle évoqua ce qu’elle savait de leurs cours à venir. Botanique, potions... et lorsqu’elle lui avoua ne pas avoir été attentive durant la cérémonie de répartition, en réponse à sa remarque sur les liens qui l’unissait avec le maître des potions, il s’autorisa un rire franc et joyeux. « Ne t’excuse pas. Au contraire, c’est tellement agréable à entendre ! À vrai dire, je m’attendais à ce qu’on remarque mon nom de famille... et hier soir, ça n’a pas loupé ! On m’a fait la réflexion très rapidement. » Mais elle, en revanche, n’avait pas relevé son patronyme. Ce n’était d’ailleurs pas très étonnant, compte tenu de ce qu’il percevait de son caractère : elle semblait facilement rêveuse, perdue dans des pensées qui n’appartenaient qu’à elle. Sa fibre artistique sans doute ; il comprenait facilement que son esprit vagabonde loin de préoccupations plus terre à terre. « Je m’appelle Dmitri van Aken » fit-il, agrémentant sa présentation d’un léger salut de la main, comme s’il s’apprêtait à faire une révérence, quoique ce fut impossible à cause de la table qui les séparait. « Le professeur de potion est mon grand-oncle... et mon tuteur » ajouta-t-il, faisant le lien avec le sujet précédemment évoqué, discrète accusation qui ne parviendra jamais aux oreilles de l’intéressé. « Je vis avec lui depuis cet été. » Ce qui expliquait la présence d’un Tchèque à Poudlard. Cela étant, il n’était pas le seul expatrié présent dans l’école anglo-saxonne : avec les Sørensen, ils étaient au moins cinq et il serait fort surprenant qu’il n’y en ait pas d’autres... après tout, à part les Norvégiens, et désormais Amaïa, il ne connaissait pas encore grand monde.

« Mais ce n'est pas parce que tu es lié au professeur de potion que tu es obligée d'aimer ça! Par exemple je n'aime pas énormément la botanique et pourtant cette année si je suis ton raisonnement je devrais aimer! Aimer c'est avoir pour quelqu'un, quelque chose de l'affection, de la tendresse, de l'amitié ou de la passion » La jeune fille ponctua sa remarque d’un sourire, auquel il répondit machinalement en étirant à son tour la commissure de ses lèvres. Il n’avait à vrai dire pas soulevé la précision presque étonnante de sa définition. Au contraire, il prit avec beaucoup de sérieux ce qu’elle venait de lui dire, se répétant mentalement ces quelques mots comme s’il essayait de s’imprégner d’eux. Il y avait sans doute beaucoup de vrai dans ses paroles, mais Dmitri avait pourtant du mal à y adhérer ; il n’avait jamais réellement éprouvé un sentiment semblable. Aimer, apprécier quelque chose... ces concepts paraissaient si naturels et pourtant, alors qu’il y réfléchissait vraiment, il réalisait qu’il demeurait un parfait ignare en la matière. Nul doute qu’à son âge, et avec son expérience des relations humaines, ça n’était guère étonnant. Mais à présent qu’il y prêtait attention, il se sentait presque frustré d’être si peu capable de définir clairement ce qu’il pouvait ressentir. « Oui, mais... » commença-t-il, cherchant un contre-argument qui justifierait la maladresse dont il faisait montre, ces derniers temps. Mais ne trouvant pas d’objection, il capitula, bon gré mal gré : « Tu as certainement raison ». Il avait été presque formaté pour les politesses et discussions mondaines, mais au fond, il ne s’agissait en réalité rien de plus qu’un amas de paroles sans saveur. Dès lors qu’il devait se montrer plus personnel, plus humain, il pataugeait maladroitement, peinant à trouver un juste milieu entre une distance polie et une honnêteté plus affective. Amaïa avait fait tomber certaines barrières, ôtant chez lui les quelques faux-semblants dont il usait habituellement sans même s’en rendre compte : le caractère inédit de cette relation amicale naissante le rendait assez gauche.

Alors qu’il avait évoqué les potions sous la perspective de l’artiste en herbe qu’il était, il vit les iris de sa camarade scintiller de la même lueur que les siens : elle partageait effectivement cette vision des choses et renchérit sur le même ton, comparant l’équilibre entre les couleurs avec celui des ingrédients d’une concoction. Il opina du chef avec intérêt, les lèvres étirées en un sourire complice. « Ça ne m’étonne pas que tu apprécies les cours du professeur de potions, après tout il est également peintre. » fit-il d’un ton amusé. Il ne manquerait plus qu’elle soit de sang-pur pour être en état de grâce aux yeux de l’aîné des van Aken.

L’aiglon continuait sa petite enquête sur les différents enseignements de Poudlard, écoutant avec intérêt l’avis de son interlocutrice. Celle-ci évoqua à nouveau les cours de botanique, sous l’impulsion du garçon, soulevant chez lui une interrogation à laquelle elle répondit en lui expliquant qu’un lien affectif, presque familial, l’unissait au professeur de botanique. « Elle m'a beaucoup manqué surtout quand... » Sa voix mourut quelques secondes, avant de conclure d’un ton plus sec : « Elle m'a beaucoup manqué » L’espace d’un instant, elle avait semblé regarder partout sauf dans sa direction. Dmitri réagissait comme ça lorsqu’il s’adressait à son père, et qu’il tentait vainement de lui cacher quelque chose. Mais ça n’avait pas de sens qu’elle fasse de même avec lui. Elle ne lui devait pas d’explications, et il n’était de toute façon pas un legilimens. Il ouvrit la bouche, s’apprêtant à lui demander pourquoi elle évitait de croiser son regard, avant de se raviser, prétextant avaler une autre bouchée de viande. « Peut-être qu'elle te fera apprécier la botanique. Même si je l'aime beaucoup je pense que je ne suivrais pas tout mais je sais qu'elle est passionnée par son métier donc je me dis que ça sera sûrement mieux que l'année dernière, ça ne peut pas être pire de toute manière » Il était peu convaincu qu’une personne, aussi passionnée soit-elle, puisse lui faire aimer une matière qu’il n’aimait pas, ou ne souhaitait pas aimer. Le Tchèque était d’une nature bornée et lorsqu’il décidait, de manière plus ou moins arbitraire, qu’un domaine ne lui plaisait pas, il était très difficile de le faire changer d’avis. Mais il ne voulut pas la contredire : elle semblait réellement apprécier sa marraine, la dénigrer, ou dénigrer son travail en l’occurrence, ne serait pas des plus délicats. « J’espère que tu as raison. » Un sourire malicieux naquit sur ses lèvres : « Tu crois qu’elle sera plus clémente avec toi pour les notes ? » C’était là tout l’intérêt d’avoir sa marraine comme professeur. « Moi en tout cas, je suis certain que ça ne sera pas le cas avec mon grand-oncle... » Les démonstrations affectives ne faisaient pas partie des attributs très présents chez les van Aken. Et puisqu’il n’avait pas particulièrement brillé par son respect des règles posées par son aïeul, il était bien loin de pouvoir estimer avoir mériter une plus grande clémence.
(c) mars.
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Message(#) Sujet: Re: La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] EmptyVen 1 Jan - 22:16

Dmitri & Amaïa
☆☆ La curiosité...
est un vilain défaut ☆☆
L'exotisme des rencontres que la jeune Serdaigle faisait depuis le début des vacances ne pouvait que la réjouir. Un cousin thaïlandais, un camarade de classe Tchèque. Cela brisait la monotonie des têtes anglaises qu'elle croisait depuis l'année dernière à Poudlard. Etant issue d'une famille mélangée, elle avait toujours eu l'habitude de voir à la fois des traits asiatiques et des traits caucasiens. Lors de sa première année à Poudlard, elle avait eut l'impression d'être d'autant plus immergé dans la culture anglaise. Elle avait eut l'impression que tous les élèves se ressemblaient, qu'elle ne pourrait jamais les différencier. Même couleur de peau, même yeux, même accent. Un mosaïque de personne qui se ressemblaient toutes et qui la regardait comme si elle était la dernière différence dans le jeu des 7 erreurs. Mais ce regard là ne la dérangeait pas. Elle préférait être regardé pour ce qu'elle paraissait être, c'est à dire une jeune asiatique, plutôt pour ce qu'elle était, une accidentée de voiture socialement incompétente. Rencontrer des visages tout aussi exotique qu'elle, avec des accents tout aussi chantant que le sien, lui donnait l'impression d'être moins seule. Néanmoins l'accent de son ami était menacé de disparaître par son tuteur qui l'interdisait de parler sa langue natale. La jeune fille fronça les sourcils, une légère chaleur imprégnant ses joues. Comment pouvait-on empêcher quelqu'un de parler sa propre langue? Comment pouvait-on vouloir qu'un accent disparaisse afin de rentrer plus dans les rang de la société anglaise? Comment pouvait-on agir de cette façon? Elle ne parvenait pas à trouver le mot, mais c'était l'injustice qui colorait ses joues de rouge, qui faisait froncer ses sourcils, et qui faisait bourdonner ses tympans. Elle reposa sa fourchette.

"Ce n'est pas gentil. Il est très joli ton accent!"

La jeune aiglonne croisa les bras contre sa poitrine comme si on ne parlait pas de Dmitri mais qu'on parlait d'elle-même. Elle reprit la parole, montrant au jeune garçon qu'elle comprenait ce qu'était parler une autre langue, ce qu'elle serait capable de ressentir si on lui interdisait. Mais elle, elle avait son frère. Alors que le jeune Serdaigle, lui, était tout seul. Ses frères et soeurs n'étaient pas ici apparemment et cela interpella la curiosité à peine camouflée de la jeune fille qui désormais ne se retenait plus de montrer sa véritable personnalité au jeune garçon assise en face d'elle. De petite fille muette et excentrée des élèves, elle devenait une petit fille curieuse ne retenant plus ni ses questions ni ses pensées. Peu de personnes arrivaient à faire sortir Yuna Sawner de son masque apathique, seul ceux qui se montrait vrai avec elle et qui savait s'y prendre pour la mettre en confiance y arrivait.

"Est-ce normal si tes frères et soeurs et toi êtes séparés dans des écoles différentes?"

Son absence de filtre dans certaines situations l'empêchait de savoir si ça curiosité était déplacée ou non. Elle se contentait d'agir. Réfléchissait ensuite. Ne pouvant imaginer les conséquences de ses dires.
Et alors même que ce sentiment d'injustice ne parvenait à la quitter elle proposa au jeune homme de lui apprendre à parler quelque mots Tchèque afin qu'il se sente un peu plus chez lui.

« Dans ce cas-là, il faut que tu m’apprennes quelques mots en coréens ! »

La jeune fille hocha positivement la tête, un sourire étira ses lèvres sans qu'elle n'ait à le commander. Les yeux pétillants elle ne pouvait qu'être heureuse de ce compromis. Elle aimait apprendre de nouvelles langues et surtout elle aimait apprendre sa langue à des gens ainsi que sa culture. La culture coréenne était tellement différente de celle d'ici que pouvoir la faire connaître, tout comme sa mère l'avait éduqué de cette façon, ne pouvait être plus beau cadeau. La jeune fille laissa échapper un "Oh" admiratif lorsque Dmitri lui avoua avoir commencé à apprendre le Russe. Elle ne connaissait absolument pas cette langue et ne savait même pas à quoi elle ressemblait d'ailleurs, qu'elle tonalité elle avait, comment son accent chantait. Apprendre un nouvel alphabet devait être dur effectivement. Amaïa était heureuse que le Hangul lui ait été appris dès son plus jeune âge comme si il lui servait "d'alphabet" secondaire. Elle mangea un peu le contenu de son assiette avant de se tourner de nouveau vers son camarade de classe.

"Il n'y a pas que la langue qui change...la culture anglaise doit être différente de la tienne non? Maman m'a dit qu'en Corée on était respectueux d'une autre manière qu'en Angleterre. Nous avons des mots afin de qualifier les personnes plus âgées que nous en fonction de si nous sommes un garçon ou une fille et si nous nous adressons à une fille ou à un garçon plus âgé. C'est un peu comme un "grand-frère" ou "grande-soeur" même si on ne peut pas vraiment le translater de cette façon. Parce que ça n'a pas d'équivalent en anglais. Techniquement je suis ta Noona."

Elle reporta son regard vers Dmitri et soudain une chaleur vint lui lécher les joues. Inconsciente du fait qu'elle était en train de rougir elle se reprit rapidement pour offrir à son ami de plus amples explications.

"En fait, je suis la Noona de tous les garçons de la classe et la Eonnie de toutes les filles vu que j'ai un an de plus que vous. Mais on ne dit pas ça à tout le monde y'a d'autres petites règles enfin c'est pas des règles mais...C'est affectif. Apparement."

Parler avec Dmitri lui faisait prendre conscience de beaucoup de choses en peu de temps. Déjà elle avait l'impression de pouvoir être plus elle-même avec certains de ses camarades de classe, qu'elle n'était pas obligée de se cacher derrière un masque et ça, sans trahir son trouble émotionnel. Qu'elle pouvait s'intéresser à des gens sans que cela ne paraisse bizarre et ainsi apprendre à les connaître eux mais également leur comportement sans avoir à paraître étrange en posant des questions indiscrète à des inconnues. Elle commençait à se dire qu'elle n'était peut-être pas obligée de savoir à chaque seconde ce qu'elle ressentait, qu'elle pouvait juste suivre une conversation et cela faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas fait sans se priver. Mais elle se rendait également compte de ses lacunes. De son absence de réflexion quand à ses questions indiscrètes, de son absence d'explication à certains de ses comportements, de son absence d'explication à pourquoi Dmitri et pas un autre, elle se rendait compte aussi qu'elle n'était pas très à l'écoute et surtout qu'elle perdait sa concentration trop facilement. Ainsi ne pas savoir le nom de famille de son camarde lui paraissait être une erreur monumentale. La honte lui brûlait les joues et pourtant c'est le rire de Dmitri qui lui fit relever la tête. D'habitude elle agissait par mimétisme mais encore moins que d'habitude elle ne comprenait le comportement de Dmitri. Pensant à défaut, qu'il se moquait d'elle, elle baissa la tête et se ratatina davantage sur son siège. Elle se sentait stupide. Idiote.

« Ne t’excuse pas. Au contraire, c’est tellement agréable à entendre ! À vrai dire, je m’attendais à ce qu’on remarque mon nom de famille... et hier soir, ça n’a pas loupé ! On m’a fait la réflexion très rapidement. »

Lorsque les mots l'atteignirent elle releva doucement la tête comme on regarde le temps dehors après la tempête. Il n'était pas en colère? Il trouvait cela agréable? Agréable...comme quand on sentait le sable sous ses pieds une journée d'été? Comme le vent qui soufflait dans ses cheveux quand il faisait trop chaud? En quoi ne pas s'intéresser aux autres était agréable? Elle ne comprenait pas. Elle ouvrit la bouche, la referma laissant Dmitri poursuivre son explication. Au fur et à mesure que son camarade parlait, une lumière commença à s'éclairer dans sa tête. Van Aken! Qu'elle était sotte! Un petit sourire effleura ses lèvres lorsqu'elle aperçut son signe de main et elle finit par lâcher un autre "Oh" lorsque le récit de l'aiglon à ses côté parvint à sa fin. Elle faillit lui dire que c'était donc lui qui l'empêchait de parler Tchèque mais elle s'abstint et se contenta de pincer les lèvres. Elle ne lui dirait pas mais elle avait du mal à faire le rapprochement entre les deux à part leurs noms. Le professeur Van Aken était strict, parfois pas très gentil et surtout trop peu souriant contrairement à Dmitri dont le sourire ne pouvait que faire étirer les lèvres de sa voisine de table, qui semblait plutôt doux et gentil. Néanmoins elle pouvait sans doute reconnaître le caractère un peu strict du jeune homme dans certaines de ses façons de se tenir ou de parler comme quand il s'était excusé avec elle.

La phrase de son camarde lui revint en mémoire. Il s'attendait à ce qu'on remarque son nom de famille, certains lui ont fait la réflexion très rapidement. La aussi elle le comprenait, dans une moindre mesure, mais fut un temps où elle aussi elle était fille de quelqu'un, à cause des médias. Fille d'un dessinateur calciné dans son automobile. Fille d'une famille dont la tragédie marqua l'histoire de la bande dessiné anglaise. Elle était sa fille. Sa fille qui avait survécu dans cet accident. Elle était cette fille. Pendant longtemps Maman n'avait pas voulu qu'elle aille chercher du pain parce qu'on la regardait de travers en chuchotant "regarde c'est la fille d'Elias Sawner". Alors elle comprenait Dmitri et elle n'aimait pas les autres pour faire ce genre de remarques. Maman en avait assez souffert. Elle avait était Yuna Sawner avant d'entrer à Poudlard, celle que tout le monde connaissait des journaux, à présent elle n'était plus qu'Amaïa. Alors elle fit la seule chose qui a ses yeux avait de l'importance.

"Pour moi tu es juste Dmitri"

Elle lui sourit. Ce qui était étrange avec Dmitri c'est qu'elle semblait enfin avoir l'impression de comprendre quelqu'un. Elle comprenait le fait d'être associé à quelqu'un par son nom, elle comprenait qu'il pouvait trouver les cours théoriques soporifiques, elle comprenait son amour pour une autre langue que l'anglais, elle comprenait ce dont il parlait quand il parlait de peinture. Cela la fit rosir de plaisir. Elle pouvait enfin dire qu'elle comprenait. Elle ne comprenait pas tout, elle ne comprenait pas tous ces rires, elle ne comprenait pas toutes ses intentions mais elle parvenait parfois à le comprendre. Alors lorsqu'il lui sourit d'un air complice elle fit de même sans pouvoir retenir un petit rire. Voilà bien longtemps qu'elle n'avait pas été aussi légère. Peut-être que cette année serait moins pire que celle de l'année dernière?

« Ça ne m’étonne pas que tu apprécies les cours du professeur de potions, après tout il est également peintre. »

Ses yeux s'écarquillèrent légèrement. Un peintre? Vraiment?

"Jincha? C'est vrai que j'ai toujours aimé les potions mais je ne pensais pas continuer à aimer autant en arrivant à Poudlard et surtout réussir à suivre tout le cours et le comprendre aussi bien, en même temps si il réfléchit de la même manière que nous en comparant les potions à une peinture je comprends comment il arrive à me faire d'autant plus aimer la matière."

Mentalement elle se nota de retenir l'information afin de la noter sur son carnet plus tard. Dans son carnet elle pouvait consigner les informations qu'elle avait sur les autres, les relations qu'ils avaient ensemble et comment il agissait et pourquoi quand elle le savait. Ce carnet c'était un peu sa bouée de sauvetage, mais elle savait que si un jour quelqu'un venait à le découvrir, cela pourrait être étrange et elle aurait l'impression qu'on aurait piétiner son jardin secret. Elle avait besoin de ce carnet pour comprendre. C'était plus qu'un passe-temps. Un besoin.

Elle faillit rompre cette ambiance bon enfant en manquant de peu de raviver des souvenirs trop brûlant pour elle en parlant de sa marraine. Rowan était partit peu de temps après l'accident de Papa et même si Amaïa ne lui en avait jamais voulu elle savait que pour son grand-frère s'en était autrement. Elle évita momentanément le regard du jeune garçon. Même si elle ne parvenait pas à se comprendre, on lui avait souvent dit que l'on pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert. Elle n'avait pas besoin que Dmitri lise la vague de douleur et de tristesse qui s'était abattu sur son regard sombre. Elle se racla doucement la gorge espérant reprendre contenance en parlant des cours de Botanique et en espérant que son camarade ne remarque pas son brusque changement d'humeur.

« Tu crois qu’elle sera plus clémente avec toi pour les notes ? Moi en tout cas, je suis certain que ça ne sera pas le cas avec mon grand-oncle..."

Elle calqua son comportement sur celui du jeune garçon qui semblait vouloir éviter à sa camarade de plus amples tourments, en lui souriant gentiment. Il réussit même à lui déclencher un petit rire alors qu'elle secouait négativement la tête faisant voleter ses cheveux bruns. Si cela ne sembla pas trop la prendre en dépourvu que le professeur de potion ne donnera pas des points bonus à Dmitri, pour elle il était également impensable que sa marraine le fasse également.

"Non pas du tout. Je lui ai même demandé de me gronder et de me réveiller si jamais je n'étais plus concentrée pendant son cours comment pendant ceux de l'année dernière."

Un petit rire franchit ses lèvres puis elle rougit légèrement en se rendant compte que cela faisait déjà deux fois qu'elle avait dit à Dmitri qu'elle n'était pas une élève très concentrée. Même si cela était vrai et qu'il savait déjà qu'elle avait redoublé, et que cela ne semblait pour l'instant pas plus le formaliser que ça, elle se sentait obligé de devoir justifier pour ne pas laisser ses pensées négatives l'obnubiler jusqu'à temps qu'elle en vienne de nouveau à penser qu'elle est trop nulle pour être en deuxième année.

"J'ai parfois...des problèmes...de concentration. On m'a dit que c'était parce que j'étais trop observatrice et que cela pouvait me perturber dans l'activité que j'étais en train de faire..."

Elle ne savait pas trop comment se faire comprendre de l'aiglon à ses côtés. Elle avait l'habitude d'observer sans que personne ne la remarque. Une technique pour survivre dans cette société ou un seul pas de travers pouvait la faire tomber. Soudain, un sourire fendit son visage. Il serait donc étonnant que Dmitri l'ai vu regarder son assiette la dernière fois qu'il a reprit une bouché il y a quelques minutes. Elle plongea ses yeux bruns dans ceux bleus du jeune Serdaigle et lui dit comme si c'était naturel et que son comportement était parfaitement normal.

"Par exemple je sais que tu as disposé sans le faire exprès, 12 de tes pommes de terres à gauche de ton assiette alors que tu n'en a pas 7 a droite."

Elle marqua une pause et fronça doucement les sourcils perdue de nouveau dans ses pensées.

"Ce qui est assez perturbant d'ailleurs, puisque 7 n'est pas un multiple de 3"
☾ anesidora


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Message(#) Sujet: Re: La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] EmptyDim 3 Jan - 13:46

Amaïa & Dmitri / septembre 2026
Le remède à l'ennui, c'est la curiosité. La curiosité elle, est sans remède.

Dmitri expliqua en quelques mots la requête que son aïeul lui avait faite le jour de son arrivée au Manoir : ne pas utiliser le tchèque, au moins jusqu’à ce qu’il ait acquis un accent moins marqué que celui qu’il avait pour l’heure et qui trahissait trop ses origines. Alexander n’était, bien entendu, pas le premier à lui faire de remontrances à ce sujet : son père avait préparé le terrain en l’incitant à parler de plus en plus la langue de leurs ancêtres, ce qu’il trouvait particulièrement culoté étant donné que son géniteur n’avait pas un accent dénué de toute intonation slave. Mais puisque le benjamin partait vivre en Écosse, il n’avait plus d’excuses pour ne pas maîtriser à la perfection l’anglais. Amaïa, elle, ne semblait pas partager cet avis. Il la vit froncer les sourcils, et ses joues nacrées se teintèrent légèrement d’un rouge qui trahissait une forte émotion. « Ce n'est pas gentil. Il est très joli ton accent! » Il baissa instinctivement les yeux vers son assiette, triturant du bout de la fourchette ses pommes de terre d’un air absent. Son éducation tchèque semblait en plein tourment, ne sachant s’il fallait employer la fausse modestie de rigueur dans son pays, la remerciant tout en dénigrant légèrement son accent, ou s’il devait se sentir honteux d’avoir trop parlé de sa famille : à Prague, il n’était pas coutume de parler de sa vie privée et c’était facilement vu comme une défaillance, voire une trahison. Il opta finalement pour un étrange mélange des deux réactions, ne voulant pas trop insister sur ses aïeux, quand bien même l’idée de leur casser un peu du sucre sur le dos, en guise de vengeance, était séduisante. « Merci... mais bon, à Rome, fais comme les Romains. J’imagine que ce serait malpoli de rester éternellement un étranger. »

Arborant une posture plus ferme, comme si elle affrontait le malotru qui avait osé vouloir effacer son accent, l’aiglonne insista sur l’impossibilité, à ses yeux, de ne pas entendre et de ne pas parler sa langue et nota qu’elle, au moins, avait son frère à Poudlard pour converser dans sa langue. S’il ne pouvait que partager l’avis de sa camarade, il demeura un peu plus retenu, lui confirmant toutefois qu’il n’avait, pour sa part, pas de famille présente dans l’école. « Est-ce normal si tes frères et soeurs et toi êtes séparés dans des écoles différentes ? » Le garçon marqua une hésitation quelques secondes. Non, ça n’était pas normal. Ça n’était pas prévu non plus. Il était simplement le vilain petit canard de la fratrie, voire de tous ses cousins également. L’enfant dont on craignait les frasques, son expulsion très probable, ou pire, qu’il annonce ouvertement qu’il aimait des choses aussi vulgaires que les fusées et autres avions moldus. Son grand-oncle pouvait toujours prétendre que c’était une chance que lui offrait son père, lui n’y voyait rien de plus qu’une manière de se débarrasser du problème qu’il était indiscutablement aux yeux de son géniteur. Il n’avait pas voulu se ranger, capituler face aux assauts répétés des réprimandes et des châtiments corporels, il était donc envoyé dans un endroit où il ne pourrait pas causer du tort aux siens. « Non, ce n’est pas normal. » répondit-il sans réellement s’en rendre compte, comme si une partie de son cerveau avait décidé de faire bande à part, prenant en main la discussion au détriment de l’autre partie qui aurait préféré garder son ressentiment bien à l’abris derrière quelques faux-semblants bien ficelés.

Il croisa un instant les yeux de sa camarade, avant de détourner le regard, comme à chaque fois qu’il hésitait entre retenue et vérité. Puisqu’elle lui avait expliqué qu’elle avait redoublé, malgré la honte manifeste que ça devait produire chez elle, il lui devait bien une certaine franchise. Mais que pouvait-il lui expliquer ? « Mon père préférait que je sois à Poudlard... » Son ton était moins assuré qu’auparavant. Il cherchait ses mots, tâtonnait légèrement. Bien souvent, lorsqu’il se sentait en difficulté, il usait de sarcasmes ou d’insolences, selon la situation. Parfois même des deux en même temps. Mais puisqu’avec Amaïa, il ne pouvait faire ni l’un, ni l’autre, son corps se tendit instinctivement, comme quelques minutes auparavant lorsqu’il lui présentait des excuses. Avec un peu d’imagination, l’on pouvait presque distinguer l’ombre de son géniteur au-dessus de lui, guidant ses mouvements et ses expressions comme s’il était une marionnette. Pourtant, ses paroles ne furent pas en accord avec son attitude : son aspect ferme, presque trop froid, inculqué par son père n’allait pas avec son aveu d’irrévérence. « Il avait peur que je lui fasse honte, à Durmstrang. » Dmitri se saisit de son verre, avalant avec une lenteur exagérée le liquide frais. Tandis que l’eau coulait dans sa gorge, rafraîchissant doucement son corps qui semblait avoir atteint des températures immodérées ces dernières secondes, il renouvela inconsciemment cette attitude de défi à l’encontre des siens qu’il commençait à oublier à force d’être éloigné d’eux. « Mon père a dû se dire que je poserai moins de problèmes, ici. » Il eut un sourire légèrement forcé. Ce genre de sourire qu’on apprenait aux enfants des familles comme la sienne afin de faire bonne figure, de paraître poli et présentable durant des réceptions inévitablement ennuyeuses pour de jeunes gens tel que lui. « Mais ça m’arrange, ça me fait moins de personnes sur mon dos et en plus, ici, on a des cours d’étude des moldus, contrairement à Durmstrang ! » Il se délectait déjà par avance du moment où sa famille, à Prague, apprendra la nouvelle.

Il était naturellement prompt aux sautes d’humeurs, ce qui pouvait surprendre quand on n’y était pas habitué : être le petit dernier d’une famille nombreuse devait jouer dans cette facette très changeante de son caractère. L’on ne pouvait éternellement garder rancune envers ceux de la fratrie qui vous avez causé du tort, ce qui induisait inévitablement une certaine résilience et une capacité à passer outre les désagréments, mais il fallait toutefois savoir se défendre et montrer les crocs quand cela se révélait nécessaire. Évoquer l’enseignement polémique fut ainsi un bon palliatif à ses ressentiments. Une légère pointe amère continuait de l’irriter, mais il était désormais bien plus simple de l’ignorer et de penser à autre chose. La proposition de la métisse, et la perspective d’un troc linguistique entre eux acheva de lui remettre du baume au cœur. Il se laissa aller à quelques anecdotes, racontant qu’il avait commencé un difficile, quoiqu’intéressant, apprentissage du russe. « Il n'y a pas que la langue qui change...la culture anglaise doit être différente de la tienne non? » Le garçon hocha tranquillement la tête, alors qu’il la laissait poursuivre, évoquant quelques particularités de sa langue maternelle. « Noona » répéta-t-il en souriant lorsqu’elle eut fini ses explications sur ce terme affectif. « J’aime bien cette façon de faire. En Tchéquie, on est moins... familiers, si je puis dire. Même comparé aux anglais, on est très fermés. Mon grand-père dit souvent qu’il lui a été très dur de se faire accepter par les pragois ; si un étranger n’a pas de connaissances bien implantées dans le pays, les Tchèques vont avoir tendance à l’ignorer. » Et encore aujourd’hui, il devait être présent sur tous les fronts pour assurer la place des van Aken dans la société sorcière tchèque. Cela expliquait en partie la crainte de sa famille de voir l’un des leurs sortir un peu trop du rang : s’ils avaient une place dans le réseau relationnel pragois, cette place n’équivalait pas encore celle qu’ils avaient pu avoir en Grande Bretagne ou, par le passé, en Flandres. « Et en matière de politesse, les anglais passent pour de gros malotrus selon les standards tchèques. » Lui-même, lorsqu’il parlait la langue de Shakespeare, employait un langage bien moins formel que dans sa langue natale. En tchèque, il ne se serait jamais permis de tutoyer la serdaigle si rapidement.

Mue par une ambiance plutôt décontractée, et parce qu’il commençait peu à peu à s’ouvrir, abandonnant certains réflexes naturels de repli et de froideur, il s’autorisa quelques libertés dans ses confidences, évoquant son lien familial avec l’un de leurs professeurs. À cause de la réaction des quelques serdaigles, la veille, il avait presque considéré comme acquis le fait que les gens aient remarqué la concordance du nom de famille. Mais lorsqu’Amaïa lui avoua ne pas connaître son patronyme, il ne peut retenir une exclamation assez joyeuse ; être constamment considéré comme le petit neveu d’un enseignant n’était pas une perspective qui l’enchantait particulièrement, même s’il ne comptait absolument pas le cacher. Il avait pour habitude de toujours se présenter en donnant son nom entier, celui-ci faisait partie intégrante de lui et ce n’était pas maintenant qu’il allait tenter de s’en défaire. Toutefois, il appréciait l’idée qu’une personne, au moins, n’est pas porté attention au lien qui l’unissait avec le vieux peintre. Il lui avoua, non sans faire mention de son patronyme : il aurait été impoli de la laisser dans le flou après en avoir parlé. « Pour moi tu es juste Dmitri » fit-elle au bout de quelques instants, lui souriant avec candeur. Un sourire qu’il ne put que lui rendre alors qu’il acquiesçait : « Ça me va ! » Il y avait une étrange harmonie entre eux ; ils se connaissaient depuis si peu de temps, et pourtant il avait l’impression de partager bien plus que les couleurs de leur maison. Il lui semblait parfois percevoir chez elle des pensées qui faisaient échos aux siennes. C’était un sentiment assez rassurant qui contribuait beaucoup à la légèreté de cette discussion ; il n’avait jamais eu de mal à converser avec les gens, mais il était rare qu’il le fasse sans tout calculer et sans arrières pensées.

Parmi leurs points communs, il en était évidemment un qui ne faisait aucun doute : l’art pictural. Et ils purent facilement le rapprocher des potions, matière qui plaisait tant et si bien à la jeune fille que l’aiglon ne put s’empêcher de souligner que le maître des potions était également un peintre. « Jincha ? » imita-t-il, « Qu’est-ce que ça veut dire ? » À présent qu’ils en avaient parlé, il était désormais désireux de mieux cerner la langue de son interlocutrice. « En même temps si il réfléchit de la même manière que nous en comparant les potions à une peinture je comprends comment il arrive à me faire d'autant plus aimer la matière. » Elle ne tarissait décidemment pas d’éloges sur les cours de son aïeul. Ce qu’elle disait de lui tranchait tellement avec ce qu’on lui avait raconté la veille qu’il peinait à croire qu’ils parlaient de la même personne. Tout ceci le rendait curieux d’assister au cours de potions pour voir ce qu’il en était réellement. « Je ne sais pas s’il réfléchit de la même manière... mais en tout cas, vous étiez fait pour vous rencontrer, on croirait presque un coup du destin ! » fit-il d’un air taquin. « La peinture vivante est une tradition familiale... les van Aken se transmettent ce savoir de générations en générations. » Son ton était plus sérieux alors qu’il évoquait l’art familial, une indéniable fierté résonnant dans sa voix. Bien entendu, puisque son grand-père n’était lui-même pas un peintre, aucun de ses enfants ni petits-enfants n’avaient perpétué l’héritage. Mais Dmitri n’oubliait pas la promesse de son tuteur, espérant que bientôt, il entamerait son apprentissage.

Quand elle évoqua sa marraine, il remarqua chez elle un changement d’attitude, mais il se retint de la questionner à ce sujet, préférant détourner l’attention vers un sujet qui, il l’espérait, ne serait pas source de souvenirs douloureux ou de gêne pour elle. Ils ne se connaissaient après tout que depuis peu, il ne pouvait se permettre de trop insister pour qu’elle lui révèle tout de sa vie privée. La technique sembla fonctionner un temps et elle lui annonça avoir demandé au professeur de botanique de se montrer ferme lorsqu’elle se laissait trop aller à ses rêveries. Aussitôt fait, Amaïa se mit à rougir. « J'ai parfois...des problèmes...de concentration. On m'a dit que c'était parce que j'étais trop observatrice et que cela pouvait me perturber dans l'activité que j'étais en train de faire... » Trop observatrice ? Comment pouvait-on être trop observateur ? Elle précisa sa pensée, détaillant en guise d’exemple le contenu de l’assiette du tchèque avec une précision étonnante. L’intéressé baissa les yeux vers son écuelle. Alors qu’il comptait ses pommes de terre, il se sentit l’espace d’un instant très idiot, mais se reprit bien vite. À son tour, il fronça les sourcils et croisa les bras. « Ce n’est pas un défaut d’être observatrice ! » fit-il avec conviction. Il trouvait injuste qu’on lui reproche son manque de concentration alors qu’elle était vraisemblablement capable de remarquer des détails que beaucoup ne verraient pas, et ce, sans faire d’efforts. Les détails étaient importants à son sens. Sans doute était-ce son côté dessinateur qui ressurgissait : il était toujours en quête de petites choses qui puissent améliorer ses œuvres. Des détails que personne ne voyait, selon sa seconde sœur, des futilités selon le jumeau de cette dernière. « Au contraire, c’est une qualité pour un artiste. Il faut être observateur pour représenter fidèlement une œuvre ! » reprit-il d’un air docte. « C’est dans les détails que se cachent les plus belles choses. » Il le prenait tant à cœur qu’à l’écouter, l’on pourrait penser que c’était à lui que le reproche avait été fait.

Était-ce pour ça qu’elle refaisait une deuxième fois la première année ? Parce qu’elle manquait de concentration ? Il trouvait la décision exagérée et contreproductive. Lui-même n’avait pas toujours été un garçon attentif durant ses leçons, il préférait bien souvent dessiner plutôt que d’écouter ou de prendre des notes. Mais sa grand-mère avait trouvé le moyen d’encadrer ce côté dissipé, non pas en le sermonnant, mais en l’encourageant à utiliser ses propres talents et passions pour s’intéresser aux enseignements les plus rébarbatifs. Ainsi, elle lui avait un jour proposé de dessiner les cours : plutôt que de prendre constamment en note et apprendre par cœur des dates, qu’il représente les évènements historiques dont il était question. Ce faisant, elle avait réussi à le garder alerte et il en était même venu à s’intéresser à des choses qui le laissaient auparavant de marbre. « C’est à cause de ça que tu redoubles ? Parce que tu n’es pas assez concentré selon les adultes ? C’est nul. C’est leur faute s’ils n’arrivent pas à nous intéresser. S’ils aiment ce qu’ils font, s’ils sont passionnés comme ta marraine, ils devraient chercher un moyen d’attirer ton attention sur ce qu’ils disent et pas te reprocher leur incompétence ! » L’aiglon affichait désormais une moue boudeuse. Sa colère naissante avait chassé l’envie de ne pas brusquer Amaïa, il l’avait oublié au profit d’un profond désir de révolte. Une petite voix lui soufflait intérieurement de se calmer, mais il ne l’écoutait pas. Il ne l’écoutait jamais. Il n’y était jamais réellement parvenu. Seuls des sentiments plus fort réussissaient à éteindre le feu intérieur, comme la peur ou, plus rarement, une honte indicible. « Si c’est ça les vraies écoles, je préfère les cours à la maison ! Ma grand-mère, elle au moins, ne me reprochait pas ses échecs. » conclut-il en jetant un regard dédaigneux à la table des professeurs où certains d’entre eux mangeaient tranquillement en conversant avec leurs voisins.

À cet instant, il en oubliait les critiques, qu’il faisait d’ordinaire, des cours faits par son aïeule ou ses tantes, sous la houlette sévère mais juste de la matriarche. Ce que sa camarade contait de Poudlard lui laissait percevoir un tableau perfectible dont le modèle idéal était l’enseignement qu’il avait connu jusque-là. Et qu’importe qu’il y eût une évidente dissonance entre cette vision des choses et celle qu’il avait d’ordinaire ; il était, pour l’heure, bien trop irrité pour chercher une cohérence dans ses idées.
(c) mars.


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Message(#) Sujet: Re: La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] EmptyLun 4 Jan - 11:44

Dmitri & Amaïa
☆☆ La curiosité...
est un vilain défaut ☆☆
Il ne fallait pas grand chose pour piquer la jeune fille, pour faire décupler dans son corps des sensations qu'elle ne ressentait pourtant auparavant pas. A force de trop s'écouter l'on pouvait devenir esclave de soit même. Ainsi chaque nouvelle sensation, elle pouvait la décrire. La chaleur dans ses joues, le frisson qui parcourait sa colonne vertébrale, le feu dans ses veines, le froncement de ses sourcils, elle percevait toutes ses sensations avant même de réaliser qu'elle les faisait elle même. C'est elle qui fronçait les sourcils, c'est elle qui augmentait l'apport sanguin dans ses joues provoquant cette chaleur. Enfin, c'est son cerveau qui le contrôlait, elle n'avait l'impression que subir. Elle sentit donc les signes avant coureurs du mécontentement avant même de croiser les bras sur sa poitrine. Et cette sensation ne diminua pas lorsque son camarade baissa les yeux en face d'elle, esquivant son regard comme quelques minutes auparavant. Elle se mordit la lèvre pour éviter à sa nouvelle source de colère de s'épancher sur le sujet de ceux qui souhaiter faire disparaître une partie de son camarade. Elle expira donc, étendit les doigts pour ne pas laisser leur contracture se poursuivre, secoua la tête pour oublier quelques secondes à quoi elle pensait. Le contrôle de son corps était essentiel si elle ne voulait pas devenir esclave de ses émotions silencieuses. De nouveau calme elle reporta son attention vers le jeune aiglon.

« Merci... mais bon, à Rome, fais comme les Romains. J’imagine que ce serait malpoli de rester éternellement un étranger. »

Elle pencha doucement la tête vers le côté avant de se tourner dans la salle en fronçant les sourcils, cherchant certainement quelque chose qu'elle ne trouverait jamais. Rome? Des Romains? Mais de quoi parlait-il? Une fois son inspection terminée, elle fixa de nouveau le jeune homme de son regard d'une candeur interrogatrice. De toute évidence elle n'avait pas compris l'expression que son camarade avait employé. Trop loin de comprendre le concept d'image pour illustrer quelque chose d'abstrait, elle ne pouvait que se coller à la réalité néanmoins, la réalité était toute autre que celle que Dmitri venait d'énoncer.

"Dmitri...nous sommes en Angleterre, pourquoi devrais-tu faire comme les Romains? Et puis...accent ou pas, aux yeux des autres nous restons des étrangers du moment que nous ne sommes pas entièrement anglais, alors si ils ne veulent pas nous considérer comme faisant partie des leurs, pourquoi devrions-nous faire des efforts?"

Elle avait souvent posé cette question à Maman, quand elle rentrait de l'école les joues échauffés par la colère, la lèvre fendue après avoir tapé quelqu'un et s'être fait taper en retour. On la traitait de nom qu'elle n'était pas. On s'amusait à lui dire qu'elle était chinoise, alors que la Corée et la Chine n'était pas le même endroit et qu'avant d'avoir la double nationalité elle était avant tout une anglaise née sur le sol anglais et y résidant depuis qu'elle était née ici. Alors sous prétexte que ses yeux s'étiraient en amandes, sous prétexte qu'elle était trop blanche, on la traitait comme une étrangère. Et même sans parler, même sans sortir un mot en coréen, même sans avoir d'accent vu qu'elle ne parlait jamais, aucun élève de l'école primaire ne l'avait épargné de cette différence qui pour eux faisait une culture. Elle sentit de nouveau ses joues s'échauffer par les biais de ses pensées et serra les poings. Elle détestait cette école primaire. Elle détestait tous ces élèves. Elle détestait tous les professeur. Elle savait ce qu'était détesté, elle avait appris la définition. Et aujourd'hui elle pouvait le dire sans craindre d'une réprimande, elle avait détesté cette endroit.

Son comportement plus froid fut bientôt suivis par son camarade. Comme une statue de marbre, le port de Dmitri se releva légèrement, son expression se figea et le sourire qui quelques minutes auparavant effleurait ses lèvres disparut brutalement. Par mimétisme la jeune fille se redressa également, se demandant pourquoi encore un tel changement de comportement. A chaque fois que Dmitri parlait de sa famille, il arborait une attitude différente de celle qu'il avait auparavant. Etait-ce normal?

« Non, ce n’est pas normal."

Son ton empêcha Amaïa de poser une question supplémentaire. Comme perdu dans des pensées qui la dépassaient, le jeune homme ne la regardait pas se contentant de fixer le vide comme si il réfléchissait. Inconsciemment, la jeune fille regarda dans la même direction que le garçon, ne voyant que du vide, ses yeux bruns se tournèrent bientôt de nouveau vers le Serdaigle en face d'elle. Leur regard se croisèrent une fraction de seconde. Une seule. Suffisante pour certain pour comprendre. Insuffisante pour l'aiglonne. De nouveau il évita son regard. Elle baissa légèrement la tête, cherchant le regard du jeune homme. Comment était-elle sensée pouvoir le comprendre si il lui enlevait le seul moyen qu'elle avait pour communiquer convenablement? Le jeune homme commença un aveu à demi voix en cherchant ses mots comme peu sûr d'avancer ce qu'il était en train de dire. Puis Amaïa bloqua sur une phrase.

« Il avait peur que je lui fasse honte, à Durmstrang. »

La honte. Sentiment d'abaissement, d'humiliation qui résulte d'une atteinte à l'honneur, à la dignité. Sentiment d'avoir commis une action indigne de soi, ou crainte d'avoir à subir le jugement défavorable d'autrui. Son dictionnaire parlait pour elle et durant une fraction de seconde elle ouvrit la bouche pour lui demander pourquoi il ferait honte à sa famille qui plus est dans cette école-ci particulière. Mais Dmitri reprit, l'empêchant ainsi de paraître plus indiscrète encore. Elle savait quand la curiosité des autres allaient trop loin, elle se sentait dans son corps mais avait parfois du mal à faire le chemin inverse. Récoltant lot de défaut aux yeux des autres, d'impertinente à indiscrète. Il ne cessait de faire le parallèle entre cette école et Poudlard comme si quelque chose changeait diamétralement. Dmitri assurait néanmoins être mieux à Poudlard même si elle n'en comprenait pas les raisons. Etait-ce simplement pour avoir moins ses frères et soeurs sur son dos? Juste parce qu'il y avait des cours d'études des moldus? Ayant toujours vécu comme une moldue, elle avait du mal à percevoir l'intérêt de Dmitri pour cette matière. Lorsqu'on le vivait au quotidien, l'étrangeté de cette matière pour les certains sorciers, la laissait de marbre. C'était une culture. Comme une autre, tout du moins elle le pensait. Mais elle ravala ses pensées lorsque le visage de sa grand-mère apparu devant elle. Sa Grand-mère criarde, rouge de colère, sans jamais un mot gentil, qui maltraitait des gens, qui criait sur Kovit, qui lui disait qu'il n'était rien et qu'il ne le serait jamais. Parce que même si ils avaient le même sang elle ne le considérait pas comme telle. Tout comme Amaïa. Elle n'était pas plus sa petite fille qu'Ahn était son petit fils ou que Kovit l'était, pour elle, ils étaient encore et toujours des étrangers. Elle releva la tête comme se réveilla d'un mauvais rêve. Mais sa famille n'avait rien à voir avec celle de Dmitri et cette histoire d'école l'intriguait. Car ce n'était quand même pas sa grand-mère qui dirigeait Durmstrang?

"Durmstrang est-elle si différente de Poudlard?"

Ce fut sa seule question.

Si il y avait au moins quelqu'un qui paraissait se délectait du fait que la jeune fille était elle aussi pas tout à fait Anglaise c'était bien Dmitri qui venait d'accepter leur échange de langue et qui lui souriait en retour. Elle trouvait ça tellement simple de sourire quand Dmitri le faisait. Maman dirait que son sourire est communicatif, mais Amaïa ne savait pas si elle faisait simplement par mimétisme ou non. Après tout communication et mimétisme était certainement la même chose mais la communication était inconsciente tandis que le mimétisme lui était un acte qu'elle décidait de faire ou non. Depuis quand avait-elle laissé tombé son légendaire mimétisme pour se laisser aller à la communication d'un sourire? Elle préféra cesser de se torturer l'esprit et continua leur heureux échange en parlant des cultures. Elle s'épancha quelques instant sur la culture coréenne tandis que le jeune homme en face d'elle hochait également la tête en signe d'assentiment. Quand Maman lui racontait comment on se comportait en Corée elle lui disait bien de ne pas se comporter comme telle en Angleterre, mais la Terre de ses ancêtres ne cessait de chanter aux oreilles d'Amaïa comme si elle y avait toujours vécu. Le fait que sa marraine revienne tout juste de Séoul ne pouvait que conforter cette impression.

« Noona »

Elle stoppa quelques secondes son discours pour regarder Dmitri. Elle ne s'était pas attendu à ce qu'il répète cette marque autant affective que respectueuse qu'elle venait juste de lui expliquer. Tandis qu'elle rougissait, elle prit à son tour son verre d'eau afin de faire bonne figure. Personne ne l'avait encore jamais appelé Noona ceci étant réservé au garçon parlant aux filles plus âgés or à la maison c'est elle qui usait d'une marque affectueuse et respectueuse envers son frère en l'appelant "Oppa" et non pas le contraire. Même Kovit n'avait pas prononcé ce mot même si il était son cousin. Que Dmitri le répète juste derrière elle lui fit étrange.

« J’aime bien cette façon de faire. En Tchéquie, on est moins... familiers, si je puis dire."

Le jeune homme en profita pour donner à sa nouvelle comparse de plus amples informations concernant la Tchèquie et son mode de langage. Amaïa s'étonna de ce manque d'accueil des Tchèques mais après tout, en Corée ou dans d'autres pays d'Asie il n'était pas non plus facile de se faire accepter et la réciproque était vrai quand un asiatique arrivait en Angleterre. Elle ne put s'empêcher d'hocher la tête, elle aussi jugeant les anglais malotru. Une seule forme de parole alors qu'elle en possédait 3 une révérencieuse, une normale et une familière en fonction d'à qui elle s'adressait et de son âge. Une manière de tutoyer les autres bine facilement comme le dirait Maman, des gestes qui seraient également très déplacé de faire en société. Grandissant entre les deux cultures elle n'avait cessé de s'étonner de leur différence, ayant du mal parfois à trouver sa place dans tout ce bazar de coutumes et de registres qu'on lui demandait ou non. Interpellé par les standards dont Dmitri parlait, elle laissa ses doigts tapoter le table. Désireuse de montrer, à l'image de Dmitri, sont intérêt pour une nouvelle culture, elle laissa son esprit guider ses paroles.

"Quels sont les standards tchèques? Par exemple, comment serions-nous sensé nous parler en ce moment? Suis-je sensée te vouvoyer? "

Pour n'importe qui cela aurait pu passer pour une blague si elle avait sourit ou fait un clin d'oeil ou tout autre geste montrant un esprit taquin. Or, Amaïa était on ne peut plus sérieuse, laissant sur son visage qu'une expression intriguée et désireuse de connaître comment se comporter dans la société tchèque. Bien qu'elle ne comptait pas faire un voyage pour le moment, si elle voulait apprendre la langue du jeune garçon à ces côtés elle devrait tout d'abord se familiariser avec les standards avant de vouloir aller plus loin. Le tout était une question de temps, d'apprentissage et de patience. Amaïa avait le temps, la curiosité, l'apprentissage mais beaucoup moins la patience. Elle apprenait vite quand on lui expliquait, quand elle était passionnée, pas déconcentrée. C'était une férue de mathématiques, de potions, de problèmes à résoudre et à analyser. Mais dès qu'elle partait trop dans le théorique, les phrases trop longues, trop abstraites, les heures d'écoute sans bouger, bien vite elle décrochait. Apprendre une langue c'était vivant. Et c'est cette vie là qui permettait à Amaïa d'être une élève très sérieuse pour ce qui savait donner vie à son intellect pas ce qui l'abrutissait jusqu'à ce qu'elle ne soit plus capable de dire une phrase d'elle même.

Cette conversation, pleine de point commun permettait à la jeune fille de se détendre et de laisser son esprit vagabonder comme il le voulait. Elle avait depuis longtemps maintenant cessé de retenir les rênes qui la freinait en permanence. La calèche semblait maintenant avancer sans cocher et elle ne savait pas si c'était une bonne chose ou non. Le psychologue lui dirait sûrement, mais elle ne pouvait rester dans cet état très longtemps. Elle avait l'impression que tout lui échapper, de perdre le contrôle de la seul chose qu'elle était encore en mesure de contrôler. Sans ce contrôle elle se noyait. Néanmoins Dmitri était une bonne distraction pour l'empêcher de penser à ce navire dont elle venait de délivrer de l'ancre. Il arrivait très facilement à détourner l'attention de la jeune Serdaigle en lui parlant de ce qu'elle aimait et prise au jeu de sa déconcentration elle oubliait momentanément que le bateau venait de prendre le large et elle pouvait poursuivre sans se forcer. Avec Kovit l'ancre avait été levé depuis longtemps, il était nouveau pour elle de faire de même avec un de ses camarades.

Un sourire étira ses lèvres lorsque Dmitri répéta correctement le petit mot coréen qu'elle utilisait presque tout le temps et à toutes les sauces juste pour le plaisir. Elle hocha la tête en signe d'assentiment comme pour lui certifier qu'il l'avait répété correctement et avec la bonne intonation. Pour ce mot qui voulait à la fois tout dire et ne rien dire l'intonation était très importante.

"Comment t'expliquer...nous l'utilisons un peu de toutes les manières et en fonction de l'intonations que tu y mets cela veut dire quelque chose de différents. Enfin l'intonation ne change pas le mot mais ce mot veut dire pleins de choses à la fois et donc tu lui donnes plus ou moins de nuances en fonction de si tu poses une question ou si tu grognes. Jincha? C'est un équivalent de..."Vraiment?","Sérieux?","Sérieusement?" alors que Jincha. avec le ton qui descend c'est plutôt un truc qui sonne comme "C'est pas vrai", "J'y crois pas", "C'est pas possible" quand il y a quelque chose qui te déplaît. Le mot est le même mais l'intention est différente, tu vois un peu?"

Se rendant compte qu'elle s'était un peu elle même mélangée dans son explication, elle rit doucement et laissa Dmitri poursuivre sur ce qui venait après le Jincha c'était à dire que le prof de potion était un peintre. Même si la pauvre imagination d'Amaïa ne lui permettait pas, jamais elle n'aurait imaginé que ce prof soit un peintre. Un coup du destin? Elle n'était pas sûre que le prof de potion l'appréciait vraiment alors de là à aller lui parler de destin, elle n'était pas sûre de vouloir aller le voir pour discuter de peinture. Elle le respectait en temps que professeur, mais il n'avait quand même pas l'air très enclin à la discussion. Mais lorsque Dmitri parla de peinture vivante, elle releva les yeux vers son ami entrouvrant légèrement la bouche, surprise. Elle savait que Dmitri dessinait, ils en avaient parlé la veille et leur conversation d'il y a quelques minutes le laissait supposer de nouveau, mais la peinture vivante et la peinture c'était quand même pas la même chose. Le ton de son camarade avait changé, plus posé, puis réfléchis. Elle ne comprenait pas le concept de fierté qui allait derrière ce ton mais elle se disait que c'était important pour le jeune homme au vu de son attitude et de sa façon d'en parler, surtout en utilisant ce nom de famille qui quelque minutes auparavant ne lui plaisait pas. Dmitri était parfois déconcertant, il semblait avoir plusieurs facettes, un peu comme elle, mais ce n'était pas la même chose. Elle n'était pas en mesure de l'expliquer mais c'était parfois perturbant pour elle, elle avait du mal à le cerner.

"Tu sais faire des peintures vivantes? Ou pas encore? J'ai hâte de voir tes futurs oeuvres alors! Qu'elles soient vivantes ou non d'ailleurs. Hier tu as vu certains de mes croquis mais tu ne m'as pas encore montré les tiens."

Un échange artistique qui leur irait certainement à tous les deux. Elle n'avait pas à réfléchir quand elle parlait de dessin. Son psychologue lui disait qu'elle exprimait certainement ses émotions dans les dessins, que le jaune elle l'utisiat quand elle était heureuse et le noir quand elle était triste, mais elle n'était pas réellement en mesure de pouvoir interpréter ce qu'elle dessinait comme le souhaiterait la personne qui s'occupe de son soutient émotionnel. Peut-être pourra-t-elle apprendre en voyant Dmitri dessiner. Elle en sourit rien qu'à y penser, perdue une nouvelle fois dans ses pensées.

La perte de ses pensées devint un sujet qui fut mit le tapis au grand damn de la petite demoiselle et pourtant c'est elle qui avait commencé à en parler. Enfin elle n'avait fait que tracer les contours d'une vérité qu'elle redoutait, le manque de concentration car elle se laissait distraire trop rapidement était sans doute un de seuls arguments recevable pour elle pour expliquer son redoublement en dehors du fait qu'elle était nulle. Ainsi elle préférait parfois penser qu'elle n'était juste pas assez concentrée parce qu'elle était trop observatrice. Cela lui enlevait le poids de l'échec qui chaque jour cet été lui avait fait perdre le sourire et qui chaque matin de cette année résonnerait comme une menace à ses oreilles. Elle avait redoublé, elle devait devenir meilleur et si les vrai 1ère année y arrivait mieux qu'elle c'est qu'elle était réellement le problème et que plus jamais elle ne pourrait se trouver d'excuse. Dmitri rebondit sur son sens de l'observation lui donnant légèrement le sourire quand il compta ses pommes de terres sous son nez.

« Ce n’est pas un défaut d’être observatrice ! »

Elle haussa les épaules comme si elle n'en savait rien alors qu'elle avait déjà cataloguait cela comme sa plus grande force mais également sa plus grande faiblesse. Quelque chose qui pouvait la faire tomber et l'aider. Il lui dit que c'était un trait de caractère essentiel pour les artistes et que c'était dans les détails que ce cachaient les plus belles choses. Elle eut un triste sourire, elle était bien d'accord avec lui sur ce point néanmoins autre chose l'empêchait de penser comme ça. Dans les détails se trouvait les faiblesse et les forces de chacun. Dans les détails se trouvaient la vérité. Est-ce que le détail était toujours si beau? Quand elle observait, elle ne cherchait pas forcément les détails, c'était les détails qui venait à elle. Ce n'était pas son âme d'artiste qui parlait pour elle non, c'était l'enfant qu'on avait programmé pour analyser chaque geste et chaque mouvement. C'était cette petite fille perdue qu'on avait forcé à regardé encore et encore afin qu'elle soit plus comme les autres, afin qu'elle engrange les détails pour les reproduire. Voilà donc d'où venait son mimétisme, voilà donc d'où venait sa perte de concentration. A force de vouloir voir les détails on finissait pas s'y engloutir tout entier sans pouvoir faire machine arrière.

"Je suis d'accord avec toi sur le fait que pour reproduire un tableau il faut ce sens de l'observation mais à vivre tous les jours ce n'est peut-être pas aussi bien...enfin je ne sais pas. Peut-être faudrait-il juste pouvoir enlever et remettre ce sens de l'observation quand il est nécessaire pour ne pas qu'il devienne un fardeau?"

Mais le jeune homme en face d'elle ne vit pas son argument de cette façon et bien vite commença à parler. A trop parler. L'ancre du bateau se jeta soudainement de lui même rattrapant Amaïa et la projetant dans son bateau imaginaire à l'avant de son esprit. Elle bloqua trop fort, trop brutalement. Le jeune homme en face d'elle ne sembla pas remarquer trop occupé à développer son argumentaire qui lui tenait à coeur. Mais la jeune fille commençait déjà à perdre des couleurs, pincer les lèvres. Elle déglutit difficilement tandis que Dmitri était en train de réduire en miette le dernier argument valable qui maintenant l'illusion qu'elle n'était pas une idiote.

« C’est à cause de ça que tu redoubles ? Parce que tu n’es pas assez concentré selon les adultes ?"

Ce n'était pas selon les adultes. Non. Ils le lui avait reproché oui, mais si elle avait redoublé c'est parce que ses notes n'étaient pas suffisante, pas parce qu'elle n'était pas assez concentré. Ce n'était pas ça le reproche qu'on lui faisait. Ce n'était pas seulement selon eux qu'elle n'était pas assez concentrée c'était surtout selon elle, et cette illusion de pouvoir s'en servir d'argumentaire ne tenait qu'un un fil, le fil de son observation. Dmitri avait raison. Ce n'était pas un argument valable. Ce n'était pas cet argument qui pouvait remettre en cause son passage à l'année supérieur. Elle n'écouta même pas la suite des parole du jeune homme qui cherchait pourtant à porter les professeurs à culpabilité. Elle était bien trop occupée à réfléchir au premier mot de l'aiglon pour tenter d'en saisir toute la suite. Elle n'était tout simplement pas concentrée. Ce n'était pas son observation qui lui jouait des tours. Elle semblait mettre à l'écart les nombreuses absences, les journées à l'infirmerie, les jours où elle n'avait pas dormi, les crises, elle semblait oublier tout les autres paramètres que son redoublement pouvait mettre en jeu, trop préoccupé à essayer une nouvelle fois de trouver un nouvel argumentaire expliquant sa place au côté du nouveau qui était désormais un de ses camarades de classe.

« Si c’est ça les vraies écoles, je préfère les cours à la maison ! Ma grand-mère, elle au moins, ne me reprochait pas ses échecs. »

Est-ce que sa mère le lui reprochait? Qu'avait dit Maman quand on lui avait annoncé la nouvelle? Avait-elle sourit à Amaïa avant de lui dire que ce n'était pas grave ou son sourire c'était-il perdu quelques secondes avant qu'elle ne le retrouve donnant l'illusion que tout allait bien. Mais ce n'était pas le cas. Elle se souvenait de Maman qui parlait avec Oncle Soan, lui qui ne voulait pas l'emmener à Poudlard et Maman qui l'avait défendu. Le regrettait-elle maintenant que sa fille n'était même pas capable de réussir son année sans se faire remarquer pour son incompétence? Etait-ce réellement de sa faute sinon celle de ses professeurs? Un mal de ventre lui fit poser sa fourchette tandis que ses yeux ne quittait le verre d'eau en face d'elle, incapable de regarder celui qui quelques minutes auparavant arrivait à la faire sourire sans effort. Elle sentait ses yeux la brûler et distinguant sans mal ce qui pourrait se produire par la suite, elle mit toute sa volonté à retenir les larmes qui menaçaient de déborder. Des larmes de hontes. Des larmes de colère contre elle même, contre tout le monde. Elle se mordit la lèvre.

"Tu ne peux pas comprendre"

C'était qu'un murmure sortit à demi mot, à peine articulé, pas vraiment réservé à son camarde, comme si perdue dans ses pensées elle continuait de converser avec elle-même pour trouver un sens à tout ceci. Comme un jeu dont ils jouaient chacun à leur tour, elle évita le regard de l'aiglon ne sachant quoi le dire, ne sachant que faire. Toujours perdue dans ses pensées, elle se mit à sourire tristement continuant son monologue personnel même si elle le faisait à voix haute.

"Moi aussi...je préférais les cours à la maison"

C'était cette époque où tout allait bien. Cette époque où Papa était encore là, où Maman l'aimait comme avant. C'était cette époque où elle n'avait pas ce problème, où elle était concentrée, où elle était bonne élève. C'était ce moment qui s'était brisé dès que le monstre fait de rouge et d'acier les avaient percuté un jour à son père lui avait promis d'aller lui acheter des nouveaux crayons de couleurs. Oui. Elle aussi préférait les cours à la maison.

Elle inspira, se redressa et planta l'ancre de son bateau bien au fond dans le sol pour qu'il ne puisse plus bouger. A vouloir jouer avec le feu on en trouvait la douleur. Si elle avait laissé ses émotions l'emporter c'était parce qu'elle avait cru que lâcher l'ancre serait aussi simple avec Dmitri qu'avec Kovit. Elle c'était peut-être trompée. Peut-être. Elle reprit sa fourchette même si son estomac lui interdisait toujours d'engloutir la moindre miette et évitant toujours soigneusement le regard de son camarade reprit d'un ton plus ferme qu'à l'accoutumé.

"Le temps passe, nous ferions mieux de finir de manger"
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Dmitri D. van Aken

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Message(#) Sujet: Re: La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] EmptyMer 20 Jan - 20:07

Amaïa & Dmitri / septembre 2026
Le remède à l'ennui, c'est la curiosité. La curiosité elle, est sans remède.

Alors qu’autour des deux élèves de première année, leurs camarades plus âgés se retrouvaient après deux mois de vacances, commentant l’annonce faite sur les cours, désormais obligatoires, d’étude des moldus, eux discutaient de tout autre chose. Dmitri avait cru comprendre que beaucoup trouvaient absurde la décision de la directrice, là où lui n’avait pu que s’en réjouir. Il commençait ainsi l’année avec une bonne nouvelle, d’autant plus qu’il ne comptait pas s’en priver pour irriter un peu ses parents. Un instant, son regard se porta sur la table des professeurs, où certains d’entre eux étaient encore attablé. Alexander ne devait pas être beaucoup plus ravi par l’annonce que ses géniteurs le seront sans doute. Mais le garçon ne se préoccupait pas particulièrement de ce qu’il pouvait bien penser. Il se montrait déjà sourd au désir qu’avait son aïeul s’agissant de son accent, alors pour un sujet si porteur de conflits que l’était la question des moldus entre eux... Pour autant, s’il se sentait encouragé par les réticences d’intégration linguistique de sa camarade métisse, il ne parvenait toutefois pas à lui donner totalement raison, comme si, au fond de lui, il estimait devoir défendre et expliquer la vision familiale qu’il passait d’ordinaire tant de temps à contester.

Il retint un sourire amusé en constatant qu’Amaïa avait pris au pied de la lettre son expression ; il ne voulait pas qu’elle puisse penser qu’il se moquait d’elle, ce serait impoli et il n’était de toute manière pas dans ses habitudes de se montrer mesquin sans raison. Par ailleurs, il n’était même pas certain que l’adage soit connu en Grande-Bretagne... après tout, peut-être n’était-ce qu’une traduction hasardeuse du tchèque qui lui était venu instinctivement, auquel cas, le bénéfice du doute devait être laissé à la jeune métisse. « C’est une façon de parler. » expliqua-t-il toutefois lorsqu’elle eut fini son objection. « C’est pour dire que quand tu es dans un pays étranger, il faut faire comme ses habitants pour s’intégrer... en quelque sorte. » Mais puisque la question n’était pas de savoir s’ils étaient bel et bien en Écosse ou s’ils se trouvaient à Rome, Dmitri n’insista pas plus, se contentant de prime abord d’un haussement d’épaules, alors qu’il réfléchissait aux propos de sa camarade : était-il condamné, comme elle semblait le croire, à demeurer un étranger aux yeux des Britanniques ? Après tout, s’il parvenait à effacer les intonations slaves dans sa voix, ce qui était certes assez mal parti pour l’heure compte tenu du peu d’efforts qu’il y mettait, plus grand-chose ne le rattachait à ses origines tchèques. Son prénom, bien entendu, laissait entrevoir un certain exotisme, mais ça n’était guère suffisant pour qu’il soit assimilé à un étranger. Une autre question était de savoir s’il voulait s’intégrer parmi les anglo-saxons ou si, mu par ses désirs de contestations, si récurrents, il préférait s’obstiner dans cette forme de patriotisme nouvellement acquise. Au-delà des revendications identitaires qui pouvaient l’habiter, il était forcé de reconnaître qu’avoir été expatrié en Grande-Bretagne avait été, pour lui, source de bien des évolutions favorables qu’il lui était impossible de nier. Poudlard devait encore faire ses preuves à ses yeux, mais tout lui laissait penser qu’il serait bien même ici que dans l’école nordique ; alors s’il préférait sa vie ici, pouvait-il se permettre de refuser de s’intégrer au nom d’une quelconque fierté personnelle ? Si les Sørensen, qui étaient en Angleterre depuis plus longtemps que lui, gardaient tous un fort accent, pourquoi pas lui ?

« Je crois que, justement, ma famille voudrait que je m’intègre comme un anglais. Mon grand-père a peut-être... » Il hésita une fraction de seconde, se retenant de justesse de qualifier le départ de son aïeul de fuite. « ...quitté la Grande-Bretagne, mais je ne pense pas qu’il y ait réellement renoncé. » Il était difficile d’expliquer ce qu’il percevait des désirs du patriarche sans avouer sa fuite en avant, et surtout ses raisons. Il ne pouvait décemment pas lui dire que ses aînés avaient été accusés de collusion avec les mangemorts et emprisonnés à Azkaban pour ça, mais c’était pourtant primordial de connaître le passé controversé de sa famille pour comprendre leurs aspirations. Il avait fallu plusieurs siècles pour que des générations successives de van Aken batîssent leur réputation et leur pouvoir et, à en croire ce que Dmitri en percevait, il s’en était fallu de peu pour que la première guerre sorcière réduise d’un seul coup tous les efforts de ses ancêtres : préserver ce qui leur restait semblait être un travail de longue haleine. Il avait toujours plus ou moins compris, sans forcément mettre des mots clairs dessus, qu’il était un pion dans le jeu politique de son grand-père. Que ce soit pour leur insertion parmi les sorciers tchèques, ou vraisemblablement maintenant pour un retour aux sources anglaises. Et si à Prague, il était un pion défaillant, peut-être se révèlerait-il plus efficace dans le pays de leurs origines ? C’était un simple fait auquel il n’accordait guère plus d’attention que nécessaire : détestait-il l’idée d’être utilisé, d’une certaine manière, par sa famille, ou au contraire, y voyait-il quelque chose de normal et de justifié ? Il n’était, à vrai dire, pas capable de le dire. Les choses étaient ainsi faites, il n’y pouvait rien ; et d’ailleurs, il n’était pas le seul dans cette situation. Ses frères et sœurs, ses cousins, ses parents et oncles... tous faisaient partie intégrante des aspirations politiques d’Arthus van Aken, pour la simple et bonne raison qu’elles finiraient, un jour ou l’autre, par ressurgir sur eux. Ce qui l’énervait, en revanche, revêtait un caractère bien plus égoïste : celui de ne pas savoir, de ne pas avoir toutes les cartes en main et surtout de se sentir tenu à l’écart. Il était un enfant, le plus jeune qui plus est, il n’avait donc pas d’avis à donner et le tenir au fait des évènements n’était rien d’autre qu’une perte de temps, voire, dans le pire des cas, un pari risqué.

« En fait, je ne pense même pas qu’il ait le choix d’y renoncer ou non... la branche principale de la famille est anglaise, nous avons beaucoup trop d’intérêts ici pour y renoncer et grand-père en est l’héritier direct. » Certes, ladite branche principale était désormais représentée par l’incroyable nombre d’une personne, mais avec la disparation de la branche flamande, et puisqu’Alexander était l’aîné, c’était bel et bien la branche dominante. Le garçon ne s’avait même pas si Amaïa l’écoutait toujours, ou s’il l’avait perdu dans ses circonvolutions familiales ; en parlant, plus que de répondre à l’aiglonne, il semblait que c’était à lui-même qu’il expliquait la situation. Il était à un âge où l’on ne pensait pas à la mort et aux questions d’héritages et pourtant, il commençait peu à peu à y s’y attarder. Non qu’il s’en préoccupe particulièrement, mais plutôt qu’il comprenait pourquoi les aînés pouvaient s’en inquiéter. « Enfin bref ! » s’interrompit-il en pleine réflexion. « Histoires d’héritages inintéressantes ! » Il affichait un sourire faussement amusé, comme pour reléguer le sujet aux tréfonds de l’oubli. Il ne désirait pas la faire crouler sous des informations et plans intra-familiaux qui n’avaient aucun lien avec elle et devaient la laisser indifférente. Lui-même n’y prêtait guère d’attention en temps ordinaire ; après tout, il était le plus jeune enfant du dernier fils d’Arthus, autrement dit, il était très loin dans l’ordre de succession.

En réponse aux questionnements de sa camarade, il aborda toutefois plus en profondeur la question de sa famille avec une aisance toute relative ; il n’était pas habitué à parler de ces choses avec des étrangers et avait, de fait, retrouvé cet aspect protocolaire qui lui rendait les choses bien plus aisées. Il ne nota même pas qu’elle avait emprunté une posture similaire à la sienne, trop accaparé par sa propre gêne pour voir que ses réactions intriguaient la jeune fille. Était-il bizarre ? Lorsqu’il ne sortait pas de ses gongs, il était assez naturel chez lui d’adopter une allure plus droite et froide, figé à l’image d’un glaçon qui, maintenu à basse température, gardait un aspect inchangé et rigide. On attendait de lui qu’il soit une statue de marbre dans laquelle on aurait omis de sculpter de réelles émotions enfantines, et il savait assez bien le faire. Un enfant n’était qu’un adulte en devenir : on ne lui disait pas encore tout, car il était trop immature et irréfléchi, mais on attendait déjà de lui discrétion et contrôle de soi. Il était encore jeune et partait très souvent dans de vives réactions, il s’énervait facilement et perdait son calme en un rien de temps ; il se faisait alors sermonner pour ça, on le punissait pour qu’il comprenne que la colère n’amenait jamais rien de bon et qu’il devait rester de marbre. Punitions après punitions, il intégrait un peu plus le caractère lisse bien plus présentable ; mais il n’avait jamais renoncé à ses aspérités qui faisaient de lui un être singulier et qui le rendaient différent de ses frères, jouant un jeu dangereux, entre insubordination et contrôle. Ce jeu d’équilibriste était la cause de sa présence à Poudlard, un aveu d’impuissance de ses parents qui l’envoyaient auprès d’un autre membre de la famille qui, peut-être, saurait le contrôler.

Poussé à expliquer pourquoi ses frères et sœurs n’étaient pas dans la même école que lui, il devait avouer une réalité qui, s’il n’en était pas honteux parce qu’il l’avait en partie provoquée, demeurait porteuse d’un certain ressentiment, mélange entre la honte et la colère, qu’il n’expliquait pas tout à fait. « Ce n’est pas tant Durmstrang que les sorciers qui y vont de manière générale... je ne saurais pas tout t’expliquer, mais pour faire simple, la politique est très différente : nous sommes bien plus conservateurs là-bas que les anglais le sont... les nés-moldus ne sont pas admis à Durmstrang et les rares d’entre eux qu’on voit à Prague sont pour la plupart étrangers et mal acceptés. » Nous. Il s’était inclus machinalement dans ce constat. Une fois de plus, il parlait plus librement avec elle de ces choses que ce qu’il avait pu faire avec d’autres personnes. Par une forme de confiance aveugle, il avait inconsciemment décidé qu’elle n’était pas de ceux qui verraient une cause de scandale dans ses propos, ou qui lui en tiendrait rigueur. Pourtant, rien ne lui prouvait cette bienveillance, si ce n’était la naïveté apparente de la demoiselle. Tout était toujours question de sang dans son milieu, et s’en défaire était tant complexe que risqué, car si d’un côté, il ne partageait pas les avis, au mieux, conservateurs de ses aïeux, il ne pouvait toutefois tout nier en bloc sans leur causer du tort. Il lui était impossible de totalement se désolidariser de sa famille, et les aspects de contradicteurs qu’il pouvait revêtir relevaient par certains aspects plus d’un désir d’émancipation égoïste que de réelles convictions. Ces idéaux, au demeurant, le dépassaient certainement.

Il ne fut pas plus prolixe sur le sujet : malgré l’honnêteté et le naturel grandissant avec lesquels il conversait, il craignait que ce qu’il puisse lui raconter la laisse moins encline à sympathiser avec lui. Elle ne connaissait pas les sorciers d’Europe centrale et de l’est, et il ne voulait pas particulièrement être celui qui expliquerait les différences majeures entre eux et les anglais. Les sorciers slaves et scandinaves n’avaient pas évolué de la même manière que les anglo-saxons et leurs pays étaient devenus, par la force des choses, une terre d’accueil pour les britanniques plus réfractaires au changement, un point de fuite pour ceux ayant commis des exactions et pour tout type de mages désireux d’explorer les sciences occultes avec plus de liberté. Il s’agissait bien entendu d’une description pessimiste et biaisée, mais c’était celle qu’il connaissait le mieux. Son grand-père appartenait à cette partie non négligeable de sorciers ayant quitté l’Angleterre lorsque le vent avait tourné : Azkaban l’avait sans doute irrémédiablement changé et, même si Alexander n’avait jamais confirmé les soupçons du garçon au sujet de son frère et lui, il n’avait pas pour autant franchement nié les accusations qu’il avait faites à leur encontre. Ainsi, à ses yeux, il valait mieux ne pas trop rentrer dans les détails ; raconter que l’entourage tchèque de sa famille aimait bien imaginer un monde débarrassé des sang-de-bourbes ou que son aïeul critiquait le seigneur des ténèbres et ses soutiens plus pour leur manque de discrétion que pour les motivations de leurs actions n’était a priori pas la solution la plus appropriée pour s’intégrer dans cette école.

Il laissa donc avec plaisir la discussion dévier sur un sujet en apparence moins polémique ; aucun mage noir, aucun secret de famille, ne se cachait dans la linguistique. « Quels sont les standards tchèques? Par exemple, comment serions-nous sensé nous parler en ce moment? Suis-je sensée te vouvoyer? » Il était plus complexe qu’il le pensait de décrire la politesse tchèque, non que ce fut plus simple avec une autre langue. Ce qui était naturel pour lui ne l’était pas pour d’autres, et il lui fallait réfléchir à ce qui ne tombait pas nécessairement sous le sens pour des étrangers. Certaines choses, toutefois, demeuraient très simple à décrire en prenant pour point de comparaison l’anglais, aussi commença-t-il par ceux-ci, sous l’impulsion de l’aiglonne : « Hmm oui... et moi aussi. Nous sommes très peu familiers en général. Il faut beaucoup de temps avant de commencer à tutoyer quelqu’un d’autre, même lorsqu’on a le même âge, qu’on est à l’école ensemble... quant aux ainés, le tutoiement est pratiquement exclu. Il ne me viendrait pas à l’idée de tutoyer mes parents, par exemple ! Et pourtant, je les connais depuis longtemps » rajouta-t-il d’un air caustique. Lorsqu’il reprit, ce fut d’un air plus pensif, plongé dans une réflexion personnelle qu’il partageait, sans réellement s’en rendre compte, à voix haute. « Enfin ça, je ne suis pas certain que ce soit propre aux tchèques... je crois que beaucoup de familles comme la mienne fonctionnent comme ça. » Il laissa quelques instants le silence planer, ses dernières paroles résonnant dans son esprit comme si, mues par une volonté humaine, elles essayaient de lui faire prendre conscience de certaines choses. Et peu à peu, alors qu’il se répétait silencieusement ses propres mots, il se mit à rougir. Un mélange de gêne et de désolation l’envahissait progressivement sans qu’il ne puisse totalement définir ce qui causait cet effet chez lui. Finalement, il lui sembla comprendre la raison de cette soudaine chaleur sur ses joues : qualifier à quel milieu appartenait sa famille sans paraître hautain ou puriste relevait presque du miracle. Un savant jeu d’équilibriste qui le poussait à rester exagérément évasif, ne voulant pas parler de « vieilles familles de sang-pur », sans toutefois parvenir à trouver une description appropriée.

En écho à l’un de ces aveux précédant, la jeune métisse avait employé un mot sans nul doute coréen, faisant naître en lui une curiosité un peu joueuse ; il s’amusait à saisir au vol ces petits tics de langages qu’elle utilisait parfois, lui demandant une traduction qui puisse l’éclairer sur le sens profond de ses paroles et donc de ce qu’elle était. Même s’il pouvait suivre son discours sans pour autant connaître la traduction exacte de sa locution coréenne, lui demander de lever le voile dessus était une manière de mieux cerner sa camarade : après tout, l’on pensait avant tout avec les mots. Le garçon hocha pensivement la tête en écoutant avec intérêt son petit cours improvisé de coréen. « Le mot est le même mais l'intention est différente, tu vois un peu? » Il avait déjà entendu parler de langues, comme celle-ci, dans lesquelles les intonations jouaient un rôle prépondérant. Le tchèque, à l’instar du russe, usait bien plus d’une importante synonymie pour exprimer de la nuance dans les idées. « Oui, je crois... on dirait presque du chant. Un peu comme un opéra. Tu en as déjà vu ? La cantatrice doit mettre beaucoup d’intonations différentes pour qu’on comprenne l’histoire même lorsqu’on ne connait pas la langue ! » Il avait, étant plus jeune, était entraîné par ses géniteurs à une représentation des Indes Galantes qui n’était, bien entendue, pas en tchèque mais en français. S’il n’avait pu comprendre les paroles de chaque morceau de chant, il avait l’impression d’avoir compris l’histoire dans son ensemble, quand bien même aujourd’hui, il serait bien incapable de la raconter à nouveau ; trop de temps était passé depuis, et dans l’esprit de l’enfant qu’il était, ce temps semblait être une éternité. Le début de l’été lui paraissait déjà bien lointain, presque étranger, comme s’il s’agissait de la vie de quelqu’un d’autre, observée à travers un verre déformant, et non la sienne.

Rebondissant sur l’interjection coréenne qui, il le savait à présent, exprimait de la surprise, il lui expliqua que sa famille se transmettait depuis plusieurs générations le savoir de la peinture vivante. Un art que ses aïeux avaient perfectionnés les uns après les autres, laissant certains grands noms dans le milieu artistique magique ; il en connaissait plusieurs, principalement par le biais des enseignements donnés, une fois n’est pas coutume, par son grand-père. Bien entendu, il était indéniable que la fierté et le patrimoine propre aux van Aken entrait en jeu. Mais il ne s’agissait pas seulement de ça. Au-delà de la transmission du savoir, il était un devoir de perpétuer la connaissance de la généalogie familiale : un devoir qui dépassait de loin les simples aspirations des van Aken car il s’agissait avant tout de laisser une trace pour l’Histoire. Garder les noms de ceux qui avaient marqué leur temps était une manière de perpétuer la connaissance du monde. Du moins, c’était ce qu’on lui avait toujours dit. De manière plus prosaïque, Dmitri était également capable de citer le nom d’aïeux qu’il n’avait pourtant pas pu connaître tout simplement parce qu’il voyait leurs portraits se balader dans les couloirs du manoir. Mais tous n’étaient pas connus pour l’histoire artistique de la famille, à l’instar de Tobias, qui témoignait plutôt d’un savoir plus controversé... mais ça, il ne risquait pas d’en parler avec Amaïa. Il préférait bien plus s’épancher sur la peinture magique que sur la magie noire. « Non, je ne sais pas encore en faire... mais mon grand-oncle m’a promis de m’apprendre ! » lui répondit-il, un sourire fier sur les lèvres et une once d’expectative dans la voix. Allait-il tenir sa promesse ? À mesure qu’il y réfléchissait, rien n’était moins sûr : le benjamin de la famille n’avait pas été un enfant des plus sages durant l’été et il avait même accusé son tuteur d’atrocité, sous le coup de l’émotion.

Et alors qu’il clamait la probabilité de cet apprentissage, répétant dans son esprit la proposition de son aïeul comme s’il s’agissait d’un mantra à même d’en faire une réalité, les avertissements de son grand-oncle résonnèrent en lui : il l’avait intimé à une certaine forme de discrétion. L’une des conditions qu’il avait posé à son apprentissage était celui de ne pas s’en vanter inutilement. Il ne voulait d’ailleurs pas s’en vanter... pas totalement. Il était simplement fier et excité à l’idée d’apprendre le noble art de la peinture vivante. Il avait comme une envie frénétique de crier cette joie sur tous les toits : personne ne pouvait décemment ignorer ça, c’était si important ! À ses yeux tout du moins. Mais puisque c’était important pour lui, ce devait certainement être le cas pour tout le monde, non ? Il se sentait un peu frustré de ne pas pouvoir aller voir chaque personne qu’il croisait dans les couloirs pour lui dire qu’il apprendrait à faire des tableaux comme ceux qui ornaient les murs du château, ou ceux du manoir van Aken. Plus encore, il trouvait terriblement frustrant de ne pas pouvoir s’en enorgueillir devant ses frères. Mais à défaut de pouvoir en informer la terre entière, au moins avait-il sa camarade de serdaigle qui se rendait, sans le savoir, complice de son ego. « Pour mes futures œuvres de peintures vivantes, il va falloir être patiente je pense » fit-il en rigolant. « Mais pour le reste, il faudra simplement attendre la fin du cours... » Il tira son emploi du temps de son sac à dos, posé à ses pieds, pour voir quel était l’autre enseignement de la journée. « ... d’histoire de la magie... c’est vrai, j’avais oublié qu’on enchaînait avec ça ! J’ai laissé mon carnet de dessins dans le dortoir. » Il glissa à nouveau le petit papier sur lequel était inscrit le programme des élèves dans sa besace et reporta son attention sur la jeune fille. S’il avait suivi à la lettre les instructions d’Alexander, sans doute aurait-il dû se garder de trop insister sur la peinture vivante, se contentant d’évoquer vaguement cet héritage sans entrer dans les détails ou préciser qu’un jour proche, il suivrait à son tour cette voie. Mais il n’avait jamais été d’une nature très obéissante et un peu de fanfaronnade bon enfant ne pouvait pas faire de mal, si ? À bien y réfléchir, les règles que le vieil homme avait énumérées ne semblaient pas se limiter aux quelques coups de pinceaux promis ; il y avait chez lui, comme trop souvent dans cette famille, des non-dits qui cachaient bien des perspectives diverses. Mais ce n’était ni le moment, ni l’endroit pour y penser. Et s’il s’était instinctivement permis de parler à Amaïa avec plus de franchise, il demeurait des sujets sur lesquels il ne pouvait s’épancher devant elle. Il eut à nouveau un court instant de malaise, une gêne presque imperceptible qui soulignait la distance qu’il avait d’ordinaire avec les autres ; par la force des choses, ou plutôt par les efforts conjugués de ses parents, il n’avait jamais eu l’occasion de s’ouvrir pleinement aux autres et s’il commençait progressivement à le faire, il savait qu’une part de lui restera toujours à l’abris derrière les barrières bâties par ses géniteurs et son grand-oncle.

Mais à mesure qu’ils parlaient, le jeune tchèque semblait gagner en naturel et en tranquillité d’esprit. Il se laissait plus facilement porter par la discussion et abandonnait peu à peu certains de ses états d’âmes. Il avait été amusé par les détails soulevés par son interlocutrice : elle n’avait pas menti en déclarant être très observatrice. Un peu fasciné par cette capacité, il protesta avec une certaine véhémence, décrivant cette caractéristique comme une bonne chose, particulièrement pour des artistes en herbe comme eux. Elle voyait naturellement bien plus de choses que lui et pour ça, il l’enviait un peu. « Je suis d'accord avec toi sur le fait que pour reproduire un tableau il faut ce sens de l'observation mais à vivre tous les jours ce n'est peut-être pas aussi bien...enfin je ne sais pas. Peut-être faudrait-il juste pouvoir enlever et remettre ce sens de l'observation quand il est nécessaire pour ne pas qu'il devienne un fardeau? » Le marbre s’était définitivement fissuré chez Dmitri, se laissant porter par un laïus contestataire, dénigrant les adultes qui ne voyaient pas à quel point l’aiglonne avait du potentiel. Il sentait monter en lui une indignation qu’il peinait à contrôler et plutôt que de la museler quand il en était encore temps, il la laissa éclater. Il savait qu’à présent, il était trop tard pour retrouver le contrôle de lui-même : l’enfant bien élevé et policé avait désormais laissé place à celui, plus turbulent et colérique, que l’on avait envoyé en Écosse pour éviter les ennuis.

La tension semblait monter entre eux, sans toutefois que l’un lève le ton sur l’autre. C’était au début imperceptible ; une réaction discrète mais pourtant bien présente d’Amaïa qui, devant supporter les propos du garçon, commençait peu à peu à s’échauffer. Lui ne voyait pas le trouble qu’il causait par ses admonestations destinées aux professeurs. S’en rendrait-il seulement compte, un moment où l’autre ? Rien n’était moins sûr. « Tu ne peux pas comprendre. » Le murmure, à peine audible, parvint tout juste à ses oreilles. Il la regarda un instant, sans qu’il ne parvienne à croiser son regard, dans un mélange de circonspection et de frustration. Il détestait qu’on lui dise ça. Cette phrase, si anodine, était ânonnée par ses aînés à longueur de temps : tu es trop jeune, tu comprendras quand tu seras plus grand. Il ne parvenait désormais plus à capter son attention : elle continuait de lui parler, mais sans être réellement présente.

« Le temps passe, nous ferions mieux de finir de manger. » Il resta un temps silencieux, jouant avec les quelques pommes de terre qui restaient dans son assiette alors que des desserts commençaient à apparaître sur la grande table. Son cœur semblait battre plus fort dans sa poitrine, signe qu’il ne décolérait pas. Au fond de lui, il savait qu’il avait été trop loin, qu’il avait dit quelque chose qui avait troublé sa camarade. Mais il avait beau le savoir, il ne comprenait pas. En fin de compte, elle avait raison. Et ça l’irritait d’autant plus qu’il pataugeait dans l’inconnu ; comment devait-il réagir ? Que devait-il faire ? S’il n’avait pas laissé ses émotions prendre le dessus sur son éducation, sans doute se serait-il excusé dans les règles de l’art. Mais il en était à un stade où il ne pensait même plus à cette possibilité. « Tu fais comme mes parents... » dit-il, à mi-voix, au bout de quelques minutes. « Si tu m’expliquais, je suis sûr que je pourrais comprendre. » Il avait les yeux braqués sur elle, sur ce visage qui refusait de le regarder. Il détestait se sentir laissé dans l’ignorance, qu’on le prive d’informations et qu’on ignore ainsi sa quête de réponses. Il se sentait comme spolié. Face à quelqu’un d’autre, à un adulte, sa rancœur aurait certainement pris le dessus. Face à un garçon, il aurait été bien plus susceptible de s’énerver. Mais elle n’était ni l’un, ni l’autre et ils se connaissaient à peine. Il se contenta donc de reporter son attention sur son assiette, machant les quelques mets qui lui restaient encore sans chercher à les savourer. Il aurait été bien incapable de dire ce qu’il mangeait tant sa concentration et sa volonté était au service d’un contrôle difficile à garder. Il s’agissait en fin de compte de sa façon de présenter ses excuses : en retenant son envie de lui arracher des réponses par la force, en gardant une voix basse et mesurée, il lui offrait le peu qu’il parvenait à réunir en cet instant présent. Si c’était ce qu’elle voulait, il n’insisterait pas et prendrait sur lui. Il se connaissait assez pour savoir qu’il trouvera un autre biais pour décharger sa colère sans que celle-ci ne retombe sur Amaïa. Pour une fois qu’il avait l’impression de se faire une amie, il ne voulait pas tout gâcher.
(c) mars.


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Message(#) Sujet: Re: La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] EmptyMer 3 Fév - 18:58

Dmitri & Amaïa
☆☆ La curiosité...
est un vilain défaut ☆☆
Il était impressionnant de voir la diversité des discussions qui pouvait parcourir une table le midi. C'était un endroit de calme, de gaieté, où l'on se racontait sa mâtiné, où l'on apprenait à se connaître. C'tait également un endroit où on fuyait les regard, où on baissait les yeux et où on mangeait rapidement pour éviter d'avoir à parler avec les autres. Le midi c'était cette pause dans la journée où chacun sortait de sa bulle pour aller vers les autres. Et si Dmitri n'était pas venu à sa table elle serait restée sagement dans la sienne, analysant le monde qui l'entourait du regard, ressassant les évènements qui irritaient son coeur et qui échauffaient ses joues. Si Dmitri n'était pas venu à sa rencontre alors elle aurait terminé de manger. Seule. Elle serait remontée. Seule. Comme l'an passé. Il était agréable de sentir son coeur s'apaiser au rythme de la discussion avec le jeune homme qui partageait sa maison, il était agréable de ne pas penser sans cesse à ce qu'elle pouvait dire ou ne pas dire à ce qu'elle comprenait et ne comprenait pas. Elle était d'un naturel déconcertant et si elle ne s'en rendait pas compte tout de suite elle finirait par s'apercevoir qu'elle laissait voir plus de chose qu'elle ne l'aurait voulu. Ses problèmes de compréhension, ses problèmes de concentration et ceux de communication. Son absence d'imagination et de sens critique. Il finirait par s'apercevoir qu'elle prenait tout au pied de la lettre, qu'elle était dépourvu d'humour et qu'elle ne croyait que ce qui n'était rationnel. Elle se basait sur les faits et non sur des suppositions. Il finirait par se rendre compte comme d'autres qu'elle n'était pas normal. La laisserait-il tomber lui aussi comme d'autres l'avait fait? Seul l'avenir nous le dira. Mais en cet instant précis elle ne déroulait pas le fil de sa rencontre avec le jeune Serdaigle de cette manière. Elle se contentait de suivre le garçon dans sa discussion ayant totalement oublié que plusieurs dizaine de minutes auparavant elle voulait lui planter une fourchette dans le pied pour ne pas qu'il s'assoit en face d'elle. Elle était étrange. C'était indéniable.

Ainsi son étrangeté parut atteindre le jeune homme lorsqu'elle commença à débattre d'une expression qu'elle n'avait pas comprise. Le sourire qui effleura ses lèvres ne pouvait être qu'une réponse à son débat avec elle-même sur l'endroit où il se trouvait. Néanmoins Dmitri ne semblait pas être du genre à rire ouvertement de ses faiblesses et se contenta de reformuler sa phrase la plus naturellement du monde afin qu'elle aussi puisse comprendre.

« C’est pour dire que quand tu es dans un pays étranger, il faut faire comme ses habitants pour s’intégrer... en quelque sorte. »

Le fil des pensées de la jeune Serdaigle s'interrompit afin d'assimiler les mots du jeune homme. C'était donc ça? Elle laissa échapper un petit "Oh" surpris comme si on venait de lui raconter la toute dernière découverte. Elle trouvait impressionnant le besoin des gens d'exprimer leurs pensées avec des moyens abstraits au lieu de les dire tout simplement. Ils en avaient même créé ce qu'ils appelaient des "expressions" c'était d'une inutilité telle que cela énervait la jeune fille. Comment faire simple quand on pouvait faire compliqué? Les expressions ne l'aidaient pas à s'intégrer parmi les autres. Et en parlant d'intégration la jeune fille comprenait ce qu'il voulait dire. Elle même raisonnait de la même manière et faisait comme Chinois en Inde...enfin les Anglais à Rome. Bref elle avait déjà oublié l'expression. Ce n'était pas tant au niveau de son métissage qu'elle essayait de s'intégrer mais plutôt au sein de communauté qui l'excluait avec leurs normes. Alors elle imitait, pour mieux faire comme les autres, pour paraître normal, pour qu'on l'accepte. Elle s'intégrait oui, mais ce n'était pas elle. Pas vraiment. Alors elle n'était pas d'accord avec Dmitri malgré tous les arguments qu'il pourrait lui dire. Que sa famille veuillent qu'il s'intègre c'était une chose mais si cette intégration lui coûtait une partie de lui-même alors il ne fallait mieux pas s'intégrer. Mais elle n'était pas là mieux placé pour lui faire la moral sachant qu'elle jouait au même jeu que lui même si ce n'était pas pour les mêmes raisons. Elle ne put s'empêcher de lui faire remarquer tout de même.

"Pourquoi faudrait-il s'intégrer? Pourquoi les gens ne peuvent pas simplement nous accepter tel que nous le sommes au lieu que nous nous coupions d'une partie de nous même pour mieux leur plaire? Je trouve que c'est injuste. Nous devons faire des efforts pour ressembler aux autres, pour paraître plus "normal" à leur yeux mais eux ne font même pas le même chemin pour venir vers le notre. A nos yeux ce sont eux les étrangers mais ils ne semblent même pas le percevoir."

Un peu essoufflée par sa réplique, elle se rendit compte du battement irrégulier de son coeur que quand celui-ci vint frapper contre sa tempe. Les joues rougies par un sentiment d'agacement, elle prit son verre et but afin de taire son trouble. Elle s'était inclus dans sa tirade, comme si elle aussi était étrangère au même sens du terme que Dmitri l'était, or ce n'était pas vrai. Bien que métisse elle n'avait jamais vécu en Corée et était bien Anglaise. Son étrangeté était tout autre et si physiquement elle pouvait la cacher il ne suffisait que d'un mot ou d'une phrase pour déjà trop en révéler. Espérant que le jeune homme comprenne qu'elle parlait de son métissage et non pas de quelque chose qu'elle ne pourrait lui dire sans faire tomber la figure qu'elle s'était construite à Poudlard mais qui peu à peu tombait avec Dmitri, elle laissa le jeune homme poursuivre sur sa famille.

Elle inclina légèrement la tête sur le côté au fur et à mesure des explications de Dmitri. Cela paraissait bien compliqué. Quelqu'un avait quitté l'Angleterre et aujourd'hui Dmitri était revenu. Il était question d'héritage d'elle ne savait pas trop quoi. Et de branches. Mais Dmitri ne descendait certainement pas d'un arbre et ses frères et soeur n'étaient pas des buissons donc elle se doutait qu'il parlait plutôt d'un arbre généalogique. Elle aussi en avait un, mais ils en avait été un peu exclu, tout du moins leur père en avait était exclu une fois que sa grand mère l'avait renié suite l'évasion de sa soeur qu'il avait aidé à s'enfuir, suite au fait qu'il se soit marié avec Maman et du fait qu'il ne partageait pas les mêmes idéaux qu'eux.

« Enfin bref ! »

Perdue elle même dans le fil de ses pensées, elle sursauta quelque peu quand le jeune homme la ramena sur terre. Le brusque changement de tempo avait permit à Dmitri de regagner l'attention que la petite fille aurait dû lui porter. Comme en cours bien souvent elle laissait le fil de ses pensées la guider au tréfonds de son esprit plutôt que de rester sur la terre ferme, mais contrairement à Dmitri, peu de prof arrivait à la faire revenir parmi eux. Elle sourit en retour à son sourire ne sachant si elle aurait dû avoir l'air triste ou plutôt joyeuse. Elle opta donc pour ce qu'elle connaissait le mieux: imiter son interlocuteur. Dès fois cela ne pouvait pas marcher mais dans bien des cas il lui suffisait de reproduire les gestes de ceux avec qui elle parlait pour qu'ils pensent qu'elle avait tout compris et tout écouté. A force, elle avait appris à y faire.

Cependant si les questions d'héritages étaient enterrées, celle concernant leur famille et leur culture réciproque ne faisait que commencer. La jeune fille ne cesser de s'étonner de ce que l'aiglon lui confiait. Si elle avait toujours été destiné à étudier à Poudlard malgré le fait que son Oncle avait essayé d'en dissuader Maman, Dmitri lui était apparemment loin d'atterrir ici au début et la jeune fille ne comprenait pas pourquoi il avait dû changer d'école.

« Ce n’est pas tant Durmstrang que les sorciers qui y vont de manière générale... je ne saurais pas tout t’expliquer, mais pour faire simple, la politique est très différente : nous sommes bien plus conservateurs là-bas que les anglais le sont... les nés-moldus ne sont pas admis à Durmstrang et les rares d’entre eux qu’on voit à Prague sont pour la plupart étrangers et mal acceptés. »

Elle haussa un sourcil interrogateur, incitant son ami à poursuivre ses explications. Elle ne voyait pas où il voulait en venir. Ne s'étonnant même pas de ce qu'il venait de lui conter, elle persistait à essayer de comprendre pourquoi lui était ici alors que le reste de la famille était là bas. Si toute sa famille était à Durmstrang elle en déduisait qu'il n'était pas né-moldu alors pourquoi changer d'école et n'envoyer qu'un seul de leur enfant en Angleterre? Dmitri n'était pas un étranger dans son pays alors il ne pouvait être mal accepté. Elle ne comprenait pas les raisons qui avait fait que son camarade était assis en face d'elle aujourd'hui. Cela dépassait sa limite d'imagination. Après une attente et un long silence de son camarade, il ne poursuivit cependant pas les explications qu'il attendait. Cela le mettait-il mal à l'aise? Par peur de mal comprendre les intentions du jeune homme elle préféra laisser ses questions de côtés afin de ne pas le mettre mal à l'aise et ainsi détruite l'ambiance qu'ils avaient installé ce midi dans le coin de leur table.

Si il y avait bien une chose que Dmitri gardait de la Tchéquie si ce n'était aller à Dumstrang c'était la culture qui y résidait là bas et qui par conséquent faisait parti de lui. Curieuse comme une enfant à laquelle on promettait à cadeau de Noël, la jeune fille l'interrogea sur les standard de discussion Tchèque. Elle savait que chaque pays possédait ses propres normes, elle le voyait au quotidien quand Maman lui contait ce que l'on pouvait faire ici et ne pas faire ou l'inverse avec la Corée. Dmitri qui venait tout juste de débarquer en Angleterre devait parfois se sentir perdu par cette nouvelle culture qu'il devait ingérer à grande vitesse. Elle écouta donc les explications de son ami, hochant la tête au fur et à mesure qu'il exprimait ses pensées.

"Il ne me viendrait pas à l’idée de tutoyer mes parents, par exemple ! Et pourtant, je les connais depuis longtemps »

Si elle avait été en train de boire elle aurait certainement tout recraché. Enfin n'exagérons pas mais elle se serait au moins un peu étouffé avec son eau face à la remarque de son ami. Il ne tutoyait pas ses parents? Mais dans quel genre de monde vivait-il? Elle n'essaya même pas de se représenter en train de vouvoyer Maman ou même Tonton. Certes, certains pays avaient des normes quand au tutoiement et au vouvoiement, il en était de même en Corée, mais de là à vouvoyer sa propre famille, elle ne l'avait jamais entendu à part dans les films où il était question de famille riche, de prince ou d'aristocratie. Dmitri faisait-il partie d'une de ses trois catégories? Ou les trois? Une fraction de seconde une image apparu dans sa tête. Imaginer Dmitri avec une couronne sur son cheval blanc. Un sourire naquit sur les lèvres de l'aiglonne et un petit rire s'échappa de sa poitrine. La vision avait de quoi faire rire. Elle remit une mèche de cheveux derrière son oreille, ne souhaitant plus forcément se cacher aux yeux du monde, origine de sa décision de détacher ses cheveux en entrant dans la Grande salle.

"C'est-à-dire comme la tienne?"

Elle se mordit rapidement la lèvre ne sachant si elle avait fait le bon choix de poser cette question où si elle était trop indiscrète. Elle en profita pour avaler une bouchée de son assiette et reprit d'un ton un peu plus détendu pour offrir un échappatoire à son camarade de classe.

"Je comprends, par rapport à la politesse je veux dire, Maman m'a souvent dit que la première question que l'on pose à un Coréen lorsqu'on le rencontre et son âge. Ainsi en sachant si il est plus ou moins âgé que nous, nous pouvons choisir la forme la plus correcte afin de discuter avec lui. Il y a trois forme de langage en Corée: la forme familière que l'on utilise avec sa famille et ses amis proches, la forme plus courante que l'on utilise avec des connaissances du même âges que nous si ils sont d'accord ou alors avec des personnes plus jeunes que nous et enfin la forme révérencieuse qui s'utilise dès que l'on parle à une personne plus âgée, quelqu'un que l'on ne connait pas ou alors à une personne qui nous est hiérarchiquement supérieure. Par conséquent tu devrais me vouvoyer mais moi je n'en aurais pas l'obligation selon les standards Coréen car tu es plus jeune que moi."

Et alors qu'elle était partie à parler de la langue maternelle de sa mère, elle répondait au question de traduction que le jeune Tchèque avait judicieusement soulevé. Heureuse comme une enfant à l'idée de pouvoir faire partager sa langue et sa culture, elle lui répondit aussi proche de la vérité que possible à la traduction d'un mot qu'on ne retrouvait pas dans la langue anglaise. Les yeux pétillants de joie elle argumenta donc pendant une longue minute en essayant de donner des exemples à Dmitri afin qu'il comprenne mieux toutes les subtilités de l'intonation dans la langue coréenne.

« Oui, je crois... on dirait presque du chant. Un peu comme un opéra. Tu en as déjà vu ? La cantatrice doit mettre beaucoup d’intonations différentes pour qu’on comprenne l’histoire même lorsqu’on ne connait pas la langue ! »

Si en tant que chanteuse, elle connaissait l'opéra et en avait déjà écouté bien qu'elle ne pratiquait pas ce genre de chant, elle n'en avait jamais vu en vrai et secoua donc négativement la tête à la question de l'aiglon. Mais elle savait que dans tout chant une certaines émotions passaient par l'intonation, l'opéra étant une histoire, comme le faisait remarquer judicieusement le 1er année l'intonation de la cantatrice devait être très bonne pour que l'on puisse comprendre ses sentiments sans même pouvoir saisir un seul mot de ce qu'elle était en train de dire. Amaïa savait que face à un opéra elle était aussi avancée que plantée devant une porte fermée. Elle ne parvenait pas à décrypter par la seule force de la voix les émotions d'une personne et même si elle travaillait son oreille elle ne pouvait pour le moment ne percevoir que des hypothétiques fragments d'émotions que par le biais des gestes et des mimiques des autres mais pas par leur voix. Cependant pour elle c'était autre chose. C'est son psychologue qui lui avait conseillé de démarrer des activités artistiques afin d'exprimer par elle même ce qu'elle ressentait même si elle ne le comprenait pas. Si le dessin était une seconde nature chez elle, elle avait abondamment travaillé sa technique au piano et sa voix pour donner ce résultat aujourd'hui. Elle n'avait pas besoin de comprendre ce qu'elle ressentait pour chanter, c'était ce qu'elle ressentait qui chantait pour elle et la sensation d'apaisement qu'elle ressentait une fois vidée de toutes les émotions qu'elle ne parvenait à comprendre était encore plus agréable que de les comprendre par soit même.

Justement en parlant de dessin, le jeune Serdaigle était tout comme elle un as du fusain et si elle n'avait encore jamais vu les oeuvres du jeune homme, la passion avec laquelle il en parlait ne laissait aucun doute sur la qualité graphique qu'il devait mettre dans ses dessins. Mais ce qui intéressa davantage la jeune fille fut la petite information supplémentaire que Dmitri laissa apercevoir lorsqu'il lui apprit que le professeur de Potion et accessoirement Grand Oncle du jeune garçon allait lui apprendre à faire de la peinture vivante. Les yeux de la petite métisse se mirent à briller d'une lueur d'envie. Tonton lui racontait souvent que chez ses grands parents y figurait de grands tableaux vivants, de leur famille, autrefois, maintenant décroché depuis leur désaccord. Lorsqu'elle peignait elle espérait presque par miracle que les feuilles qu'elle dessinait allait vraiment se mettre à tourbillonner au rythme du vent, que les cheveux de la personne qu'elle croquisait allaient s'emmêler comme par magie par un souffle imaginaire. Au vu de son imagination manquante, elle ne pouvait se permettre de ne dessiner autre chose que ce qu'elle voyait. On pourrait penser que dessiner le vivant allait lui donner l'impression que son dessin était en vie, mais non. Il était mort. Et tout pendant qu'elle ne parvenait pas à lui insuffler grâce à ses crayons se souffle de vie qui lui manquait alors elle n'était pas satisfaite. La promesse de voir des dessins être réellement vivant ne pouvait que la combler de bonheur et elle en venait à penser qu'un jour elle aussi elle aimerait bien apprendre. Si Papa n'avait jamais été peintre de tableaux vivants, il lui en avait toujours parlé comme étant des oeuvres d'arts extrêmement précieuses. C'était le peintre qui pouvait insuffler la vie à sa création, c'était lui qui lui donnait des pensées et des sentiments, c'était lui qui le déterminait et qui lui donnait en quelque sorte une seconde vie sur un tableau. L'idée était angélique et la petite ne pouvait que trépigner d'impatience pour que Dmitri ne lui montre le résultat de son apprentissage. Au grand damn de la petite Serdaigle malheureusement, le jeune homme n'était pas prêt et ne le serait pas avant longtemps à l'entendre parler. Mais le simple fait de pouvoir voir ses dessins, aussi mort que le papier était déjà un bon pas en avant. Elle hocha la tête comme pour confirmer ses propos. Mais qu'il ne s'y trompe pas, elle l'attendra de pied ferme à la fin du cours d'Histoire de la magie pour qu'il lui montre son carnet de croquis. Etait-ce un pacte silencieux qui allait sceller le début d'une nouvelle amitié naissante?

D'un geste distrait elle tapota la couverture du sien, qui reposait sur le banc à ses côtés, qu'elle ne pouvait décemment quitter. Il était à la fois son journal intime, le fil de ses pensées, une connexion avec son père, un bouclier. Elle mettait dans ce carnet plus d'émotions qu'elle ne pourrait un jour emmagasinée. Il contenait plus de nuances que tous les mots de son dictionnaire de poche, installé confortablement dans son sac, ne pourrait lui fournir. Il était un tout et il faisait partie intégrante d'elle, comme si elle avait remplacé la partie défaillante de son cerveau par un carnet et quelques crayons. C'est ce que son psychologue lui avait conseillé. Apprendre à s'exprimer autrement que par les mots. Alors au lieu d'aller réconforter quelqu'un en train de pleurer, elle allait plutôt le dessiner souriant. Message implicite entre deux personnes qui ne pourraient pas se comprendre par les mots. Elle s'était toujours sentie vide, comme amputée d'une partie d'elle même, privée de quelque chose qui lui revenait de naissance. Elle se complaisait à se dire qu'elle n'était qu'un coquillage dont le mollusque avait laissé la coquille. Malgré tout, elle était certainement plus pleine d'émotions que personnes d'autres ne le saurait jamais. Elle ressentait tout, savait exactement ce que son corps lui faisait ressentir. Le jour où elle pourrait enfin le comprendre, elle saura toujours précisément ce qu'elle ressentira. Les autres ne le pourront jamais entièrement. Les douleurs de leur corps n'étaient que secondaires, ils laissaient leur cerveau analyser ce qu'ils ressentaient avant de leur donner la réponse tandis qu'elle faisait le travail inverse. Elle décryptait, analysait, consignait toutes les informations qu'elle pouvait. Elle était son propre cerveau bloquée d'une partie de ses connaissances, qui malgré ses efforts, ne pourront jamais être comblé par les définitions de sa seconde ombre.

Il eut fallu ce moment de calme avant que ne vienne la tempête. Elle sentit sa mâchoire se contracter avant même qu'un son ne sorte de sa bouche. Une profonde chaleur enfla le long de ses joues au fur et à mesure de son camarade exposait son point de vue. Sans s'arrêter. Sans se rendre compte qu'il rouvrait une blessure qu'elle tentait de maintenir fermait avec des points de suture défaillant eux aussi. Perdu dans son monologue, Dmitri ne semblait pas s'apercevoir qu'il avait perdu la petite Serdaigle en cours de route. Il ne pouvait pas comprendre. C'est ce qu'elle lui dit. Le jeune garçon se stoppa également. La petite Serdaigle refusa le regard qu'il lui proposait. Elle qui venait de se livrer à lui plus qu'elle ne l'aurait du venait brutalement de se renfermer dans une bulle qu'elle ne connaissait que trop bien. Elle laissa ses cheveux lui tomber de nouveau sur les joues, cachant son regard de celui du jeune homme et se concentra sur son assiette dans le but d'apaiser le vent violent qui soufflait dans son coeur à cause d'une maladroite petite phrase et surtout à cause de ses propres pensées. Ayant trop peur que Dmitri ne reprenne le sujet et que la colère ne finisse par la contaminer elle proposa ou plutôt imposa à son camarade un silence de plomb dont le but était celui de finir de manger pour ne pas être en retard en cours alors qu'ils auraient eut largement le temps d'aller faire un match de Quidditch ensemble avant le cours d'histoire de la magie. Impénétrable au sein de sa bulle, elle fit tourner la nourriture plusieurs fois dans son assiette sans parvenir à l'avaler.

« Tu fais comme mes parents... »

La voix de Dmitri la tira de ses pensées sans pour autant qu'elle ne daigne lever les yeux vers son camarade de classe. Elle se mordit la lèvre.

« Si tu m’expliquais, je suis sûr que je pourrais comprendre. »

La jeune fille fut piquée au vif. Comme un électrochoc qu'on venait de faire subir à son coeur, elle sentit celui-ci bondir dans sa poitrine. Assez fort pour que cela lui fasse relever les yeux vers son camarade qui la regardait fixement. Ils échangèrent un regard. Froid. La bonne humeur d'il y avait quelques minutes été envolée. Tous deux, subissant l'attaque d'une colère qu'il n'avait pas envisagé se dévisageaient sans prendre de nouveau la parole. Un blanc s'éternisait entre eux. Amaïa le ressentait, comme un fil sur lequel on tirait et qui était directement relié à elle. On tirait en ce moment sur ce fil et il était tendu. Tout comme l'était la situation. Electrique. Elle sentit son souffle se bloquer dans sa poitrine. On lui avait dit d'éviter ce genre de situation celle où elle n'avait plus assez le contrôle de la situation pour analyser ce qui était en train de se passer. Elle n'avait plus le contrôle de ses pensées, et elle ne parvenait plus à voir les intentions de Dmitri se refléter dans ses prunelles bleues. Elle déglutit difficilement. Et reporta son attention sur son assiette un peu trop brusquement pour que cela ne soit naturel.

Pourrait-il la comprendre si elle lui expliquait? Et lui expliquer quoi au juste? Qu'elle n'était pas comme les autres? Qu'elle était incapable de savoir ce qu'elle ressentait et incapable de comprendre ce qu'il ressentait également? Lui expliquer qu'elle n'avait aucun contrôle sur sa concentration, qu'un décalage de dalle sur le carrelage pouvait la faire bloquer de longue minutes sans qu'elle ne soit capable de penser à autre chose? Lui expliquer quoi? Comment elle fonctionnait? Le fait qu'elle notait dans un carnet les réactions des autres pour mieux les comprendre? Qu'elle lisait un dictionnaire à longueur de journée parfois au détriment de ses propres cours? Qu'elle était incapable de s'exprimer à l'oral sans balbutier, sans chercher un mot car les émotions étaient présentes partout? Qu'elle était incapable de parler à quelqu'un calmement alors que la tempête menaçait et qu'elle laissait son corps la guider et frapper la malheureuse qui avait oser lui dire quelque chose qui ne lui avait pas plu? Avait-elle vraiment envie de lui expliquer tout ça? A un garçon qu'elle ne connaissait que de la veille et qui ne la connaîtrait vraiment jamais parce qu'elle n'était pas cette Amaïa qu'il appelait? Elle se mordit de nouveau la lèvre. Elle avait déjà tenté. Elle avait déjà tenté d'expliquer à certaines personnes ce qu'elle ressentait, comment elle le vivait. Qu'en avait-elle tirée à part des moqueries, des rires et des incompréhensions? Des qualificatifs qui oscillaient entre "l'étrange" et la "dérangée". Qu'avait-elle apprit de tout ça? Que personne ne pouvait la comprendre et ne la comprendrait jamais. Comme son psychologue qui tentait en vain sans parvenir à franchir les barrière qu'elle s'était elle même imposée quand elle avait subi cet accident traumatique. Elle s'était bloquée elle même. Son cerveau avait choisi de ne plus comprendre les émotions. Il avait choisit de ne plus comprendre le monde pour avoir moins mal. C'est pourquoi elle restait seule, c'est pourquoi elle n'avait pas liée de véritable amitié l'an passé. Elle ne se comprenait même pas alors comment les autres pourraient, la comprendre? Comprendre la situation?

La flamme s'embrasa de plus belle dans sa poitrine. Un goût âcre s'empara de sa bouche avant qu'elle ne se rende compte qu'elle s'était mordue la lèvre trop fort. Elle releva la tête vers Dmitri. Ce n'était pas de la colère qui transparecait dans son regard, c'était de la peine....

"Tu parles comme ma mère..."

Celle de savoir que ce qu'il lui proposait était impossible. Elle n'avait pas besoin d'un sens de l'observation hors du commun, elle n'avait pas besoin d'une grande imagination pour comprendre ce simple principe.

"Vous ne pouvez pas comprendre, et vous ne le pourrez jamais. Comme moi."

Tout pendant qu'elle ne se comprenait pas, personne ne pourrait la comprendre elle et par la même occasion la situation dans laquelle elle était. Mais en venant à Poudlard elle s'était promis de ne plus être cette petite fille. Elle n'était plus Yuna, elle était devenue Amaïa et pendant une fraction de seconde Dmitri avait laissé son masque se fissurait. Son coeur battait fort, sa tête la faisait souffrir mais ce n'était pas vraiment de la colère. C'était un mélange de frustration, de peine et de peur. Elle ne voulait plus être cette fille qu'un inconnu avait fait resurgir en quelques phrases échangées. Elle poussa un soupir. Repoussa son assiette, se leva et attrapa son sac et son carnet de croquis sur le banc à côté d'elle. Elle enjamba le banc sans un regard pour Dmitri. Une fois sortit hors de la table, elle laissa son regard croiser une nouvelle fois celle de l'aiglon. Elle ouvrit la bouche, la referma et tourna les talons. Puis s'arrêta. Elle ne pouvait pas partir comme ça. Pas comme une voleuse. Pas comme elle faisait à chaque fois. C'est ce que Yuna aurait fait. Elle ne voulait plus être cette petite fille trop fragile. Elle ne l'était plus. Pas à Poudlard. Pas avec Dmitri. Pas avec quelqu'un avec qui elle se voyait quelque minutes plus tôt devenir ami. Elle se tourna de nouveau vers lui remit une mèche de cheveux derrière son oreille pour ne plus se cacher.

"On se voit après le cours d'Histoire de la Magie, pour tes croquis?"

Un léger sourire forcé effleura ses lèvres et n'attendant même pas la réponse de Dmitri, elle tourna cette fois les talons pour de bon afin de sortir de la Grande Salle.
☾ anesidora
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Dmitri D. van Aken

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Message(#) Sujet: Re: La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] La curiosité est un vilain défaut [Dmitri & Amaïa] EmptyMer 10 Fév - 13:33

Amaïa & Dmitri / septembre 2026
Le remède à l'ennui, c'est la curiosité. La curiosité elle, est sans remède.

Sans le savoir, Amaïa le poussait à réfléchir sur des choses sur lesquelles il ne s’était que rarement attardé, les acceptant avec une certaine docilité, encore qu’il prît parfois un malin plaisir à aller à leur encontre. Mais s’il se montrait insolent ou buté, il n’avait jamais contesté ces questions ; il devait s’intégrer même si ça l’énervait et qu’il n’y mettait donc pas le moindre effort. Mais la serdaigle ne partageait pas cet avis. Il eut beau tenté de lui expliquer son point de vue, ou plutôt celui de ses géniteurs et de son grand-oncle, réfléchissant aux raisons qui pouvaient les pousser à opter pour une telle vision des choses, elle restait résolument opposée à toute idée d’intégration. « Pourquoi les gens ne peuvent pas simplement nous accepter tel que nous le sommes au lieu que nous nous coupions d'une partie de nous même pour mieux leur plaire? » Dmitri ouvrit la bouche, comme pour répondre à la question, mais la referma aussitôt tandis qu’elle continuait sur sa lancée. Était-il plus tchèque qu’anglais ? Et elle, se considérait-elle plus coréenne ou plus anglaise ? Pour la jeune fille, il ne s’agissait pas seulement d’une question de nationalité, mais il était sourd à cette possibilité ; son esprit était trop peu attentif pour remarquer que ce dont elle parlait était bien plus profond encore. L’injustice dont elle parlait se lisait sur son visage, mais à l’instar d’Amaïa, il ne fut pas capable d’interpréter cette émotion et demeura muet.

Selon sa sœur aînée, la justice était subjective. Il était juste, pour eux, de recevoir certains honneurs en raison de leur sang, mais pour les impurs, ce même fait était souvent perçu comme injuste. De même, les anglais trouvaient sûrement normal qu’ils s’intègrent en effaçant leur accent et fassent comme eux, alors que la métisse pensait l’inverse. C’était un véritable discours de sourd. Ça n’avait pas de fin et pas beaucoup plus de sens. Il avait été éduqué selon ce schéma de pensée, sans doute un peu fataliste mais qui, par bien des égards, préservait de déceptions et combats inutiles.

Le garçon regarda sa camarade quelques instants. Il était tout bonnement incapable de lui répondre convenablement. Passé la surprise d’entendre un tel discours, aux antipodes de celui qui avait bercée son enfance, il réalisa qu’elle n’avait peut-être pas totalement tort et que par bien des aspects, il avait pour la première fois de sa vie l’occasion de voir les choses sous un autre angle ; son indignation le touchait plus qu’il ne l’aurait cru possible, le faisant doute de ses propres affirmations précédentes. Leurs mondes et leurs idées avaient été bâties sur des présupposées incontestablement très différents, et entendre quelqu’un amener une solution différente de celle qu’il avait jusqu’alors connue lui faisait prendre conscience que tout n’était peut-être pas aussi limpide qu’il le pensait. Et si elle avait raison, et ses parents torts ? Était-ce seulement possible ? Dmitri était bien loin de l’époque où il percevait ses géniteurs comme l’unique source de vérité, et depuis quelques années, il mettait un point d’honneur à contester chacune de leurs assertions. Pourtant, il gardait tout de même cette confiance naïve en ce que pouvaient déclarer les aînés de sa famille, n’ignorant jamais pleinement ce qu’ils lui disaient et ce, même lorsqu’il affirmait l’inverse ou désobéissait effrontément. C’était d’ailleurs parce qu’il prenait en compte ce qu’ils pouvaient dire qu’il agissait en sens inverse.

Il tenta toutefois d’expliquer pourquoi il était important qu’il s’intègre, que sa famille avait des intérêts qui dépassaient de loin sa propre personne et que même s’il jouait les enfants turbulents et peu réceptifs aux aspirations de ses aînés, il ne pouvait pas totalement se dérober à ses responsabilités. Au fond, n’aspirait-il pas qu’à ça ? Être plus que le vilain canard de la famille, mais jouer un véritable rôle et se distinguer, ainsi, de ses frères et cousins. Être le dernier né des van Aken, ses petits-cousins ne comptant pas puisqu’ils ne portaient pas le même patronyme, lui semblait parfois pesant. Puisqu’il n’était ni l’aîné de sa génération, ni même l’ainé de sa fratrie, qu’il était loin dans l’ordre de succession, il lui semblait plus difficile de se faire remarquer. Alors lorsqu’il se battait avec ses frères, ou lorsqu’il se prenait de passion pour un monde moldu si vulgaire et méprisable, au moins les adultes s’intéressaient à lui. Pas pour les bonnes raisons, certes, mais ils ne l’ignoraient pas. Il enviait Amaïa de n’avoir qu’un seul frère ; elle n’avait jamais eu à se poser la question de comment se distinguer de lui, ou de comment attirer l’attention de ses parents. Et alors qu’il évoquait l’école où il aurait dû être scolarisé, il réalisait un peu mieux l’opportunité qui s’offrait à lui ; en restant à Prague et en rejoignant les bancs de Durmstrang, comme le reste de sa famille, il serait resté coincé dans cette équation insoluble. L’Écosse et Poudlard lui donnaient bien des occasions ; son grand-oncle lui avait bien laissé entrevoir cette chance, mais il était resté résolument buté, alimentant une certaine aigreur à l’encontre de son père et de son grand-père qui avaient choisi de l’envoyer ici sans lui demander ce qu’il en pensait. Mais au fond, il avait beau leur en vouloir, il ne pouvait nier que ce choix avait été pour le mieux ; et même si sa vie au manoir revêtait une certaine lenteur qui ne sied guère à un enfant de tout juste onze ans, son été avait été bien plus appréciable que les mois qui l’avaient précédé.

Dmitri ne comprit pas l’interrogation silencieuse de sa camarade ; ses explications lui semblaient limpides, mais ce sentiment n’était pas partagé par la jeune fille qui ne lui en tint toutefois pas rigueur. Ils parlaient désormais d’un sujet bien moins tendu et qu’ils affectionnaient tout deux ; leurs cultures respectives, si opposée, était paradoxalement ce qui les rapprochait le mieux, après le dessin. « C'est-à-dire comme la tienne? » La question le prit de court. Elle le poussait à utiliser des mots qu’il avait sciemment évité, à exprimer des choses qui, si elles paraissaient naturelles à ses yeux, n’en étaient pas moins gênante à dire à voix haute. Il hésita, ne sachant que dire et comment le dire. Et avant qu’il ne puisse lui répondre, elle reprit la parole, lui expliquant en détails la politesse coréenne. La question d’Amaïa s’était perdu dans le flot de paroles de la jeune fille, le laissant libre de l’éluder sans avoir à se justifier ; au jeu des monologues salvateurs, ils étaient tous deux bien rodés. Sans doute était-ce ça qui rendait la discussion si simple entre eux : il y avait une forme d’alchimie qui dépassait leur simple passion commune pour le dessin ou leur attachement à une autre culture.

« Ça veut dire que je devrais vouvoyer toute la classe alors... » répondit-il en rigolant lorsqu’elle eut terminé ses propres explications. « Parce que je suis né en août, je doute qu’il y ait des élèves plus jeunes que moi ». La perspective était assez perturbante pour un enfant élevé dans l’idée qu’il avait une place hiérarchiquement plus élevée que nombreux autres jeunes sorciers. Cette vision des choses était particulièrement vraie à Poudlard où des élèves issus du monde moldu étaient également scolarisés ; s’il écoutait ses parents, il devrait se pavaner dans les couloirs tel un roi, ou presque. Les van Aken avaient, certes, le mérite d’être plus discret que d’autres là-dessus, restant bien plus dans l’ombre que d’autres familles prestigieuses, mais ils n’en demeuraient pas moins fiers de leur patrimoine qui, à bien des égards, devait son prestige à cette discrétion. Sans ça, leur famille n’aurait sans doute pas survécu si longtemps ; les rares fois où ils étaient sortis de leur réserve avaient failli les mener à la ruine. Aujourd’hui encore, les conséquences de la première guerre sorcière dardaient leur ombre menaçante sur la réputation familiale et si le nom avait été quelque peu lavé par son grand-oncle au cours de la seconde guerre sorcière et des années qui la suivirent, il savait que de nombreuses tâches demeuraient.

Bien loin de ces préoccupations, l’aiglonne continuait de parler, répondant aux questions du garçon sur sa langue maternelle. Elle lui présentait une langue plus chantante que l’anglais et remplie d’émotions, ce qui lui fit immédiatement penser à un opéra.

Rien dans leur discussion ne permettait de présager de la suite, moins amicale. Pourtant, tout partait si bien, alors que Dmitri évoquait avec des étoiles dans les yeux sa passion pour le dessin et l’excitation qu’il avait à l’idée d’apprendre le noble art de la peinture vivante, ancestral héritage de sa famille. Avoir pour interlocutrice quelqu’un qui partageait cet amour pour les œuvres picturales le comblait ; il savait qu’elle le comprenait parfaitement, que pour elle également, il s’agissait de bien plus que d’un simple passe-temps, là où d’autres n’y trouveraient sans doute pas autant d’intérêt. À sa demande, il lui promit de lui montrer ses propres dessins : puisqu’elle avait déjà dévoilé les siens la veille, c’était à son tour de lui ouvrir son carnet. Comme pour beaucoup de personnes passionnées, montrer le fruit de son travail était une joie ; il n’avait jamais connu cette légère appréhension à l’idée de les montrer à quelqu’un, bien au contraire. À quoi bon dessiner si personne ne voyait ce qu’il faisait ?

Mais de fil en aiguille, le ton se fit plus dur et plus froid. S’il avait trouvé le sens de l’observation si développé d’Amaïa incroyable, elle ne semblait, quant à elle, pas tout à fait partager son avis. Pourquoi la jeune métisse était-elle si amère à l’évocation de ce que lui considérait comme un don ? Elle comprenait pourtant l’intérêt que cela pouvait avoir pour les artistes en herbes qu’ils étaient tous deux. Elle avait le regard fuyant et les joues empourprées lorsqu’il clama son avis, laissant cette passion scandalisée qui l’animait prendre le dessus sur le reste. Chaque parole était pour elle comme un pieu qu’il lui enfonçait, mais il n’en avait pas conscience, trop accaparé par le dédain que lui procurait la perspective erronée qu’il s’était construite. Tout fut stoppé net lorsqu’elle décréta qu’il ne pouvait pas comprendre. Cela le dépassait-il vraiment ? Il détestait qu’on mette ainsi fin à la discussion sans qu’il n’ait pu en comprendre la raison. Elle agissait comme les adultes qui, lassés d’avoir à répondre aux tergiversations d’un enfant trop curieux, le laissaient seul dans sa chambre quelques heures, en attendant qu’il se calme et passe à autre chose. Mais le tchèque passait rarement à autre chose ; lorsqu’il avait une chose en tête, il n’en démordait pas et revenait inlassablement là-dessus jusqu’à ce qu’on lui donne ce qu’il attendait. Son grand-oncle, lui, le laissait beaucoup moins dans l’ignorance, acceptant plus facilement de lui répondre, même s’il avait parfois dû batailler et dépasser certaines limites pour obtenir plus de son aïeul. Avec lui, il en était presque venu à oublier ce sentiment désagréable d’être laissé de côté, d’avoir l’impression que les adultes estimaient qu’il n’en valait pas la peine. Mais voilà que cette sensation revenait au galop, heureuse de récupérer une place dans son esprit, d’où elle avait été chassée sans cérémonie.

Cherchant à retrouver un calme enfoui de plus en plus profond, son regard passa de sa camarade à son assiette avant de remonter vers la demoiselle. Il voulait croiser son regard, espérant secrètement que par un simple contact visuel, tout se délie. Mais c’était un rêve utopique, et il en avait parfaitement conscience. Les choses n’étaient jamais aussi simples. Une dernière remarque franchit ses lèvres, un reproche et une requête. Et elle releva la tête. Enfin. Leurs regards se croisèrent. Mais ce ne fut pas l’instant rêvé de la révélation, le moment où la pression retombait et où elle lui répondait, avant qu’ils ne finissent de manger sur fond de discussion plus légère. En réalité, elle ne prit pas même la peine de lui répondre. Le silence rejoignit la frustration, créant un cocktail dangereux pour le garçon aux émotions si sujettes aux variations. On lui avait parfois dit qu’il devait sans doute avoir quelques tendances bipolaires pour passer ainsi de la colère à la joie. Ou au moins un trouble borderline. Peut-être était-il seulement immature et en quête d’attention ; c’est ce qui restait le plus probable après tout, mais le moins agréable à attendre. S’il était bipolaire ou borderline, ça n’était pas de sa faute. S’il était immature, il pouvait y remédier... avec des efforts et de la volonté. N’ayant pas la seconde, les premiers étaient tout aussi utopiques que l’espoir qu’Amaïa lui réponde sur un ton léger et joyeux. Quant à sa quête d’attention... eh bien, il ne pouvait que s’en prendre à ses parents, qui avaient eu la bonne idée d’avoir sept enfants, et à ses grands-parents, qui avaient également eu sept fils. Il ne pouvait en être tenu responsable ; il le refuserait de toute façon. Un autre caprice, preuve qu’il n’était pas atteint d’un quelconque trouble. Alors tant pis, il passait d’une émotion à l’autre, savourant les instants d’incompréhensions de ses interlocuteurs les moins habitués, subissant les punitions qu’il récoltait parfois et se défoulant sur son grand-oncle, qui était encore le seul dans cette école, sur lequel il pouvait faire peser ses sautes d’humeurs sans trop de scrupules. Mais sa camarade de serdaigle n’avait pas à en faire les frais. Au prix d’un immense effort, il musela donc ses ressentiments tandis que le silence se prolongeait. Il ne la regardait plus ; s’il le faisait, il avait peur de faillir à garder secret le petit monstre qui l’habitait. Et s’il le laissait exploser, il pourrait définitivement faire une croix sur son amitié naissance avec elle.

« Tu parles comme ma mère... » Il crut un instant avoir rêvé. Une hallucination auditive, sans le moindre doute. Ça n’avait aucun sens : c’était elle qui parlait comme ses parents, comment pouvait-il parler comme sa mère ? Elle retournait contre lui ses propres arguments. S’en était presque vexant. Il fronça les sourcils en une expression à la fois frustrée et curieuse. Elle parlait souvent de sa mère, mais peu de son père. Et lorsqu’elle évoquait le dessinateur, c’était simplement en référence à ses œuvres. Pourquoi donc cette différence ? Que cachait-elle derrière ses paroles évasives ? À croire qu’elle menait un concours des non-dits avec sa famille, fuyant les questions d’une manière qui lui rappelait inexorablement Martina et Gregory van Aken ; les deux peintures se montraient mutiques dès qu’il commençait à poser des questions trop personnelles. Ils n’étaient pas les seuls de ses ancêtres à agir ainsi, mais ils étaient les plus flagrants car ceux que le garçon avait le plus questionnés ; ils se fermaient alors comme des huitres, comme le faisait actuellement sa camarade.

Elle était en train de le perdre. Elle ne pouvait pas lui expliquer, il ne comprendrait jamais... mais elle non plus ? Il resta silencieux, incapable de démêler cet imbroglio d’informations insensées. Irrité, parce qu’elle lui refusait des explications, et perdu parce qu’il avait l’impression que tout devrait être parfaitement lucide mais qu’il n’avait pas à sa disposition les clefs nécessaires pour cerner la vérité.

Aurait-il dû dire quelque chose ? Insister comme il le faisait parfois, exiger comme un enfant capricieux ? Ou simplement dire qu’il comprenait qu’elle ne voulait pas lui parler, que ce n’était pas grave... s’il était plus délicat, c’était ce qu’il aurait dû dire. Mais c’était un mensonge et il lui paraissait saugrenu. Elle verrait bien de toute façon qu’il était désappointé. Alors il ne dit pas un mot, la laissant se lever sans broncher. Leurs regards se croisèrent une énième fois : elle hésitait à dire quelque chose. Lui aussi. Mais quoi ? Chacun resta silencieux et elle se détourna finalement de lui, marchant vers la porte de la grande salle. Dmitri baissa les yeux vers son assiette qu’il n’avait toujours pas terminée. Celle d’Amaïa avait également été abandonnée là, où y restaient encore quelques vestiges d’un repas qui aurait dû être plus paisible. La déception s’empara de lui : il avait eu l’occasion de se faire une amie sans que ses parents ne puissent la contrôler et il avait tout gâché. « On se voit après le cours d'Histoire de la Magie, pour tes croquis? » La voix de sa camarade le tira de sa torpeur. Il leva précipitamment la tête, voyant un sourire crispé passer sur son visage, avant qu’elle ne quitte définitivement la pièce. N’avait-il pas rêvé cette dernière remarque ? Elle honorait la promesse qu’ils s’étaient faite quelques minutes plus tôt, lui donnant rendez-vous alors même qu’il croyait que tout était foutu. Il n’avait pas eu le temps de lui répondre, ou même d’acquiescer, mais il le fit en son for intérieur, comme si le message silencieux parviendrait à elle. Ses lèvres s’étirèrent en un sourire qui, pour le coup, n’avait rien de forcé ou de faux. Il avait le droit à une seconde chance.

Il n’avait plus faim, mais pas tant à cause de leur dispute que parce qu’il espérait qu’après le cours d’histoire de la magie, il pourrait réellement reprendre la discussion à l’endroit où ils auraient dû la laisser : sur une note joyeuse, sur leur passion commune qui les avait rapprochés la veille et qui avait animé une partie de leur repas.

Fort de ce nouvel objectif, il resta dans la grande salle plus longtemps qu’elle, quand bien même l’envie de terminer son assiette demeurait absente ; s’il sortait maintenant, il la croiserait sûrement à l’entrée de leur salle commune et il craignait les sentiments de malaise et de honte qui s’abattraient alors sûrement sur lui. Il devait être patient, récupérer son carnet de croquis et attendre la fin du cours.
(c) mars.
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