Partir du mauvais pied /ft Sarah C. Davenport

sarah & dmitri / octobre 2026

les bourgeois, c'est comme les cochons, plus ça devient vieux plus ça devient bête. ( @Sarah C. Davenport )

Le dortoir des serdaigles était déjà en pleine effervescence lorsque Dmitri émergea, quittant avec mal le paisible monde onirique qui l’accueillait chaque soir. Il était habitué à être le dernier éveillé de sa chambre. Était-ce en raison de ses fréquentes escapades nocturnes, ou simplement cet attrait tout particulier pour le confort du lit ? Certainement un peu des deux.

Demeurant allongé quelques minutes sur son lit, il regardait le plafond sans réellement le voir, trop accaparé par de fugaces pensées. Peu à peu, la routine s’était finalement installée dans son quotidien. Les visages de ses camarades lui étaient désormais familiers et il ne perdait plus autant de temps dans le dédale de couloirs que lors de ses premiers jours. Par ailleurs, il apprenait progressivement à apprécier les quelques plaisirs que lui offraient sa nouvelle vie à Poudlard ; il était assez inespéré pour lui de se retrouver dans cette école plutôt qu’à Durmstrang où, en plus de se retrouver encore et toujours avec les autres enfants van Aken, il n’y avait pas le moindre né-moldu contrairement à l’institution écossaise, bien plus ouverte que son homologue nordique.

Bien qu’être si subitement éloigné de sa famille et de son quotidien pragois l’avait quelque peu chamboulé, il s’était fait à cette vie si différente. Malgré la surveillance de son grand-oncle, qui demeurait assez discrète pour qu’il parvienne parfois à l’oublier, il était pour la première fois de sa vie libre de ses mouvements et de ses relations. Il n’avait plus à se cacher lorsqu’il s’intéressait à un objet ou une invention issue du monde moldu et mieux encore, il pouvait côtoyer des personnes à qui il n’aurait pas eu le droit d’adresser la parole s’il était resté à Prague, dans l’hypothèse déjà abracadabrantesque où il pouvait respirer le même air. Tout n’était pourtant pas simple, en témoignait la méfiance naturelle que nourrissait Zeynep à son égard, mais il parvenait tout de même à s’émanciper progressivement du milieu qui l’avait vu grandir.

Au bout d’un certain temps, il sa décida finalement à abandonner son lit pour des contrées moins accueillantes. Les professeurs n’attendraient pas qu’il daigne arriver pour commencer, et un retard était inenvisageable d’une part parce qu’il avait pris goût à la petite compétition régnant entre les différentes maisons, d’autre part parce que son premier cours de la journée était celui d’étude des moldus, autrement dit celui qu’il attendait avec le plus d’impatience. Là où pour certains, ce cours représentait un redit de ce qu’ils connaissaient déjà soit parce qu’ils avaient grandi chez les moldus soit parce qu’ils avaient une famille de sorciers plus proche du monde moldu que la sienne, pour lui c’était une découverte des plus inédites. Pour le moins inespérée, l’imposition de l’enseignement à tous les élèves de l’école le ravissait et si cette joie n’était pas partagée par tous, à commencer par son grand-oncle qui ne semblait guère ravi, lui y voyait une occasion de découvrir l’inconnu.

Il arriva au septième étage, où se déroulait le cours tant attendu, juste à temps et alla s’asseoir au deuxième rang, comme à son habitude. Lorsque les cloches résonnèrent dans le château, indiquant la fin d’un enseignement dont il n’avait pas vu le temps passer, Dmitri traîna un peu dans la salle de classe ; la plupart des élèves se ruait déjà vers les escaliers afin de rejoindre leurs salles communes, le prochain cours n’étant pas avant quelques heures. L’enseignant, pour sa part, n’avait guère tardé plus longtemps que nécessaire dans la pièce, rejoignant son bureau où il restait, selon ses propres dires, disponibles pour toute question complémentaire. Une autre élève demeurait dans la pièce, moins pressée que leurs autres camarades. Le tchèque l’a reconnue rapidement comme étant une de ces filles de bonne famille, issue d’une noble sphère de la société sorcière... comme lui en soit. Il ne put toutefois pas s’empêcher de lui lancer une pique somme toute très mesquine, preuve qu’il abhorrait tout particulièrement le milieu dont tout deux étaient issu. « Tu ne devrais pas rester trop longtemps dans cette salle, l’étude des moldus est peut-être contagieuse... qui sait, le mal moldu pourrait t’atteindre et souiller la pureté qui t’habite. » persifla-t-il en repensant aux réactions, au moins agacées, de ses pairs sang-purs à l’annonce de l’obligation d’assister aux cours d’étude des moldus.

(c) mars.

**Invité** Invité À SAVOIR DETAILS EN PLUS

Le cours d’études des moldus s’était donc terminé. C’était là un cours qui posait bien des problèmes à Sarah, mais loin de ceux qu’on aurait pu imaginer pour une Davenport. Et la seule personne à Poudlard qui pouvait mesurer à quel point c’était le cas était Cassiopeia, seulement, Sarah n’avait pas encore trouvé le moyen de partager ses pensées, ses préoccupations (etc) à ce sujet avec sa cousine, car elle avait besoin de se trouver à l’abri de toute oreille indiscrète.
En effet, en tant que Davenport, on aurait pu croire qu’elle désapprouvait ces cours. Et non, au fond d’elle-même, elle était heureuse d’en savoir plus sur le sujet, même si elle redoutait que cela la ramenât à de mauvais souvenirs.

Mais, voulant jouer les filles modèles auprès de ses parents, elle ne savait trop comment ils souhaitaient qu’elle se comportât dans ce cours spécifique. Certes, ils seraient furieux d’apprendre qu’elle devait suivre cet enseignement, mais d’un autre côté, ils attendaient d’elle qu’elle fût une élève modèle et brillante. Pour l’heure, elle avait fait le choix de se fondre dans la foule, de n’être ni au premier rang, ni au dernier, de ne participer que si elle le pensait nécessaire et de ne pas laisser paraître la moindre opinion sur le sujet ou à la rigueur de laisser transparaître des opinions pro-sang-purs qui n'étaient pas les siennes - il lui suffisait pour cela d'imaginer ce que son père dirait et de le répéter -, ce qui risquait de s’avérer aussi harassant que de cacher ses opinions à ses parents. Mais, tant qu’elle n’était pas prête à ce que cela arrive aux oreilles de ses parents, elle ne pouvait se permettre de s’exprimer librement. Et puis, de toute façon, il fallait qu’ils l’apprissent de sa bouche ou à l’extrême rigueur de celle de Matthew, pas de celles d’autres sangs-purs.

L’autre problème qui se posait à elle était le souvenir de son ami Ellen. Et si, bien entourée par son grand-frère, par Orion et Cassiopeia, elle avait su avancer depuis le tragique et cruel évènement survenu trois ans plus tôt, cela restait un souvenir douloureux, qu’il ne faisait pas bon remuer. Et autant certains de ses proches amis pouvaient devenir que le cours était compliqué à gérer pour elle par rapport à ses parents, autant seuls Cassi, Matthew et Orion savaient que Damoclès Davenport avait tué une petite moldue, meilleure amie de sa fille, sous les yeux de ladite enfant. Et ils étaient aussi les seuls à savoir comment elle avait vécu cela.
Bref, le cours d’étude des moldus était à bien des égards une véritable prise de tête pour Sarah.

Ne voulant pas paraître plus pressée que nécessaire et à vrai dire, complètement absorbée dans ses pensées, dans ses questionnements et dans le fait de souhaiter se protéger elle-même contre ses propres souvenirs, même si elle n’était pas trop sûre de savoir comment y parvenir, la petite Gryffondor se trouva l’une des seules présentes dans la salle de classe après la fin du cours.

« Quoiqu'on pense de ce cours, ce n’est qu’une salle de classe de toute façon »

Autant, oui, le contact avec des sangs-mêlés et des moldus ou sorciers issus de familles moldues pouvait avoir contribué à ce que Sarah eût forgé une opinion radicalement différente de celle de ses parents, autant elle ne voyait pas quel impact réel une salle de classe pouvait avoir sur sa prétendue « pûreté », terme qu’elle abhorrait d’ailleurs. Et d'ailleurs, sûrement que si le cours des moldus était devenu obligatoire, c'était que la directrice espérait que cela fît évoluer les mentalités des sangs-purs, notamment des pro-sangs-purs et que cela permît à tous ceux qui connaissaient mal ce monde d'y évoluer - en cas de besoin - sans dénoter complètement avec le cadre et sans se faire remarquer. Tel était le sens des réflexions que la gamine se faisait régulièrement en elle-même sur le sujet.

« Quelque soit l'impact de la connaissance du monde des moldus sur nous, pour ce qui est du le lieu en lui-même, je ne crois pas qu’il puisse avoir la moindre influence sur aucun des élèves de cette école »

Elle parlait d’une voix calme et neutre, ne laissant transparaître aucune émotion. Elle n’aimait pas du tout la façon dont Dmitri lui avait parlé et cela aurait pu justifier qu’elle se mit en colère ou tout du moins qu’elle lui répondît sèchement. En colère d’être d’office cataloguée pour son opinion à cause de ses parents. Justement parce qu’elle ne voulait pas être assimilée à eux. Mais, cette colère, elle se devait de la réprimer et la cacher. Ou alors la transformer pour sembler celle qu’elle n’était pas… Or, cela lui coûtait déjà suffisamment de ne pas exprimer ce qu’elle pensait, de se cacher. Le temps de parler ouvertement viendrait sûrement, quand elle aurait parlé à ses parents avec Matthew, mais pour l’heure, à ses yeux, il était trop tôt. D’autant qu’elle savait que la réaction de son père serait d’une violence certaine. Même si elle ne savait pas exactement comment cela se traduirait. Alors, pour l’heure, elle dissimulait qu’en réalité, elle n’était pas une pro-sang-pur.

(c) Kira pour Never Utopia

sarah & dmitri / octobre 2026

Dmitri observa un instant la jeune fille, scrutant ses réactions. Celles-ci furent pour le moins sommaire, presque froide, à l’image d’une éducation qui devait comporter bien des points communs avec celle qu’il avait lui-même reçu ; cacher ses émotions, rester imperturbable en toute circonstance. Le Tchèque n’avait pas toujours été des plus dociles en la matière, démontrant à de nombreuses reprises que ces consignes parentales glissaient sur lui sans réellement l’imprégner ; au-delà de son caractère irascible, il prenait également un malin plaisir à aller à l’encontre des désirs de ses géniteurs, à tel point que s’en était devenu une seconde nature.

« Va dire ça à nos comparses qui ont l’impression que respirer le même air que des impurs... » Il insista sur ce dernier mot, le tournant exagérément en dérision. « ... risque de les contaminer, ou que sais-je encore ». Il était mesquin et ne cherchait d’ailleurs pas le moins du monde à le cacher. S’il savait se montrer assez perfide pour cracher du venin en ayant l’air d’encenser quelqu’un, tel n’était pas son but actuellement. En réalité, il cherchait plus la confrontation bête et méchante. Un moyen de se défouler sur quelqu’un qui, de toute manière, l’avait sans doute mérité. Son ton était néanmoins calme, à l’instar de sa camarade rouge et or ; l’on pourrait presque penser qu’il se contentait de lui dresser une liste de course.

S’il devait expliquer quelle lubie l’avait prise de venir provoquer une autre élève qui ne lui avait pas adressé la parole, il serait sans doute bien en mal de répondre. Il était simplement mu par un désir un peu puéril de créer la dissension. En fin de compte, les conflits avec ses frères sur la question du sang semblaient être suffisamment ancrés en lui pour qu’il ressente une forme de vide à présent qu’ils n’étaient plus là pour entretenir cette haine cordiale. La gryffondor était simplement au mauvais endroit, au mauvais moment ; une cible qu’il n’avait pas totalement choisie, mais qui pouvait se révéler plutôt distrayante.

Le garçon rangea ses dernières affaires et se leva finalement de sa chaise, glissant la lanière de son sac sur son épaule droite. « Après toi » fit-il en inclinant légèrement la tête, sa main désignant la porte de la salle de cours. Une petite galanterie empreinte d’un léger ton moqueur, quoique bien dissimulé derrière cette bonne éducation dont il était pétri ; il était un peu guindé, presque caricatural par certains aspects. Son arrivée à Poudlard avait été pour lui l’occasion de découvrir que ses manières se distinguaient de celle de bien de ses camarades ; il avait été élevé avec une certaine idée de la société, où l’on attendait des enfants le même respect de l’étiquette que pour les adultes. Ils étaient tout autant un outil politique que les belles idées et les grands discours ; après tout, c’est à travers sa progéniture que l’on pouvait le mieux nouer des alliances pérennes, et si ceux-ci se présentaient comme des sauvageons, les aspirations politiques de leurs géniteurs en pâtissaient inévitablement. C’était tout particulièrement vrai chez les van Aken installés en Tchéquie ; puisqu’ils n’étaient pas installés dans le pays depuis des centaines de générations, il fallait affirmer sa place avec plus de force. L’on n’aurait jamais permis qu’un enfant turbulent et mal élevé vienne mettre à mal ces efforts.

Lorsqu’elle eut quitté la salle, il lui emboîta le pas. Quelques silhouettes, au loin, descendaient les escaliers, rejoignant probablement leurs salles communes respectives ou le parc. Dmitri n’était, pour sa part, pas très tenté par une excursion à l’extérieur, l’automne écossais, touchant à ses fins, dardait un frais blizzard qu’il préférait, pour l’heure, éviter. S’il avait laissé le silence s’installer quelques instants entre eux, il n’en avait pas pour autant oublié ses petites piques et revint finalement à l’assaut : « Mais puisqu’on en parle, tu dois bien avoir un avis sur l’impact de la connaissance du monde moldu sur le nôtre, non ? » Il reprenait, à dessein, les propres mots de Sarah, cherchant à provoquer chez elle une réaction plus vraie ; il voulait autre chose qu’une simple remarque dédaigneuse empreinte d’un certain désintérêt et de cette fausse politesse. Il était toutefois moins acerbe, son était presque doucereux. Après tout, son désir n’était pas de provoquer une bagarre avec la lionçonne ; s’il était capable de violence, il ne s’imaginait pas à s’en prendre à une fille et préférait se montrer plus... sournois. Après tout, le choixpeau magique n’avait-il pas envisagé de l’envoyer à Serpentard avant d’opter pour la maison des érudits ? Il était temps de faire honneur à ceux qui avaient failli l’accueillir et par la même occasion, quoique ce ne soit pas l’une de ses grandes priorités, à ses aïeux. Les derniers van Aken à avoir foulé le sol de cette école étaient également allés chez les serpents... à croire que le destin le poussait à adopter un jeu plus insidieux.

Sa question n’était d’ailleurs pas seulement à but provocateur ; il était réellement curieux de savoir ce qu’elle pouvait bien penser, au fond, de tout ceci. En cours d’étude des moldus, elle ne parlait pas beaucoup, et lorsqu’elle daignait participer, il demeurait difficile d’en déduire quoi que ce soit. Si lui, malgré les discours et enseignements profondément conservateurs de sa famille, avait développé des idées divergentes, il n’était pas improbable que d’autres se soient également écartés des sentiers battus. Il n’y croyait toutefois que moyennement ; sur une fratrie de sept enfants, il était le seul à se distinguer de la vision familiale et c’était sans compter ses cousins. Son expérience des autres familles de sang-pur lui laissait tout à penser qu’il faisait office d’exception, même en Grande-Bretagne, contrée de la contestation du statut sanguin.

(c) mars.

**Invité** Invité À SAVOIR DETAILS EN PLUS

« Oui, je sais bien qu’ils ont cette impression » commença-t-elle, marquant ensuite une pause.

« Ceci dit, on fréquente des sorciers d’ascendance moldue dans tous les cours, cette salle de classe n’a rien de particulier à cet égard » ajouta-t-elle, toujours du même ton, même si elle n’aimait toujours pas celui du Serdaigle. Elle avait continué sur des généralités pour mieux éviter d’exprimer son opinion.

En même temps qu’elle parlait, Sarah finit de réunir ses affaires et de fermer son sac.

Si en même temps qu’elle avait relevé la galanterie de Dmitri, elle avait également remarqué la légère moquerie dont était emprunte son intonation, mais elle fit semblant de rien et, avant de franchir la porte, ne se départant pas des bonnes manières qu’on lui avait enseignées depuis l’enfance, elle le remercia :

« Merci »

Sarah hésitait encore quant à ce qu’elle ferait du temps libre dont elle disposait. Pour elle, contrairement à son camarade, le parc était bien tentant, surtout après un cours d’étude des moldus, qui remuait tant de choses, souvenirs, de questions en elle.
D’un autre côté, elle avait des devoirs à faire, des leçons à réviser et à ses yeux, la bibliothèque du château était pour cela le lieu idéal. Elle n’avait pas encore pris de décision lorsque Dmitri reprit la discussion.

« Oui, bien sûr, j’ai bien un avis sur la question » confirma-t-elle, toujours de ce ton calme et neutre qu’elle utilisait depuis le début de la conversation. Sans trop prendre de risques et sans trop se mouiller, elle pouvait bien admettre cela.

*Et je suis convaincue que l’état d’esprit avec lequel on aborde ce cours et les situations personnelles jouent aussi sur l’influence que ce cours a finalement sur chaque élève* pensa-t-elle, préférant s’abstenir d’ajouter cela.

Elle n’avait ni assez confiance en Dmitri ni dans le lieu où ils se trouvaient tous deux pour s’exprimer véritablement.

« Et toi, qu’est-ce que tu en penses ? » dit-elle, lui retournant la question qu’il avait posée.

Si elle arrivait à le cerner suffisamment, cela lui permettrait d’aviser quant à la conduite à tenir avec lui.

(c) Kira pour Never Utopia

sarah & dmitri / octobre 2026

Le Tchèque se contenta d’un sourire en l’écoutant insister sur la non-importance de la salle de classe. Il aurait sans doute pu user d’une nouvelle remarque acerbe en prétextant lui expliquer le concept d’ironie, mais une fois n’est pas coutume, il se priva d’une si belle occasion de sarcasme. Là était sans doute la meilleure marque de galanterie qu’il pouvait accorder à quelqu’un. Celle, plus visible, qui suivit était à son sens bien moins significative ; il était bien rarement prompt à laisser le dernier mot à autrui, mais ils ne se connaissaient pas assez pour qu’elle puisse percevoir l’effort qu’il faisait.

Au bout de quelques minutes, lorsqu’il la questionna, elle lui confirma avoir bel et bien un avis sur la question, sans toutefois daigner l’éclairer davantage. Elle bottait magistralement en touche, lui retournant sa propre interrogation. Il eut à nouveau un sourire dénotant cette fois-ci d’un véritable amusement et ses yeux se posèrent brièvement sur les tableaux qui ornaient les murs, comme un rappel du fait qu’ils n’étaient jamais totalement seuls. Dmitri reporta finalement son attention sur sa camarade de classe. « Bonne question... » fit-il, la voix légèrement traînante comme s’il cherchait une réponse appropriée. En réalité, il profitait de quelques secondes de prétendue réflexion pour observer Sarah. Il s’agissait d’une jeune fille bien secrète et il n’aimait pas les mystères. Ou plutôt, il adorait les percer. « En toute franchise, je n’en ai pas la moindre idée. » Ce n’était en fin de compte pas une réponse si mensongère que ça ; après tout, il connaissait bien trop peu le monde moldu et n’était pas assez familier des liens que pouvaient entretenir les deux pour réellement avoir une idée de ce que pouvait apporter des contacts plus étroits entre moldus et sorciers.

Il daigna toutefois continuer, précisant son propos. « Normalement, j’aurai dû être scolarisé à Durmstrang et là-bas, les nés-moldus ne sont pas admis. » Ils n’avaient, jusque-là, jamais vraiment discuté ; mis à part grâce à l’accent qu’il avait, elle ne pouvait guère connaître son parcours, même si son nom de famille ne laissait pas beaucoup de doute quant à l’éducation qu’il avait reçu, d’autant plus pour quelqu’un étant au fait de la réputation que les van Aken avaient en Grande-Bretagne. « Et une chose est certaine : les sorciers anglo-saxons sont très différents des Tchèques. J’imagine que la présence de nés-moldus a dû beaucoup vous impacter... » L’aiglon ne se percevait pas comme directement impacté par ces changements ; il se voyait seulement comme un expatrié et avait l’impression de regarder la Grande-Bretagne de l’extérieur, comme un spectateur plus que comme un potentiel acteur. « On ne pourrait jamais avoir un premier ministre pro nés-moldus en Tchéquie » Il était difficile de savoir s’il le percevait comme une bonne ou une mauvaise chose. Lui-même était de moins en moins sûr de ses convictions, oscillant telle une brindille au gré du vent ; il était résolument opposé à l’idée d’adhérer les yeux fermés à la vision de sa famille et comptait ardemment profiter de sa présence à Poudlard pour entendre un autre son de cloche, mais les prémices de cette nouvelle liberté ne s’étaient pas révélées aussi simple qui l’avait imaginé.

(c) mars.

**Invité** Invité À SAVOIR DETAILS EN PLUS

Comme Dmitri s’en doutait et malgré sa sensibilité, Sarah n’avait effectivement pas pu s’apercevoir de l’effort qu’il faisait en ne cherchant pas à avoir le dernier mot.

Oui, ils étaient d’accord sur ce point, la question que le Serdaigle avait posée et qu’elle lui avait retournée sans y répondre était indubitablement intéressante. Et elle aussi était curieuse de connaître la vision des choses de son camarade. Elle lui laissa le temps qu’il souhaitait pour donner sa propre réponse.

« Et tu regrettes de n’être pas allé à Durmstrang ? » demanda-t-elle.

Ses parents auraient bien voulu l’envoyer dans l’école dont il était question et auraient fortement apprécié qu’elle n’ait aucun camarade né-moldu. Seulement, par les soirées sang pur, elle s’était fait un réseau de connaissances et quelques amis. Et malgré tout, c’était là encore plus important pour ses parents qui avaient jugé qu’elle aurait suffisamment de camarades pouvant donner des relations recommandables pour s’en tenir à Poudlard et ne pas faire des pieds et des mains pour tenter de l’envoyer à Durmstrang. Cette décision avait grandement soulagé la petite Davenport.

« Chaque culture a ses particularités. Je ne connais effectivement pas les sorciers tchèques dans l’ensemble, mais je te crois. Et je sais par exemple que les sorciers français sont déjà différents des anglo-saxons. La Tchécoslovaquie ne te manque pas trop ? » demanda-t-elle, d’une nature prévenante envers autrui.

Oui, côtoyer des nés-moldus avait forcément une influence. Le tout était de savoir ce qu’on en faisait, comment on la prenait. Mais, à ses yeux, rien que dire cela l’exposait soit si Dmitri était pro-sang-pur soit si cela tombait dans les mauvaises oreilles : sorcier pro-sang-pur qu’il fût un élève, un adulte ou représenté sur un tableau. Sans trop se mouiller, elle admit cependant :

« Oui, le contact avec les nés-moldus a sûrement des influences sur notre façon de vivre…. Et le fait qu’on ait un premier ministre pro-nés-moldus y est sûrement lié »

Plus que cela, elle pensait qu’être en contact avec des nés-moldus contribuait même ce qu’un premier ministre pro-nés-moldus ait pu être choisi. Malgré tout ce qu’il avait dit, Sarah n’avait pu deviner ce qu’il pouvait penser de tout ça, de sorte qu’elle n’était toujours pas prête – même à l’abri de toute oreille indiscrète – à révéler ses propres opinions.

(c) Kira pour Never Utopia

sarah & dmitri / octobre 2026

Le Tchèque haussa les épaules lorsque sa camarade le questionna sur son sentiment vis-à-vis de Durmstrang. « On ne m’a pas vraiment demandé mon avis » répondit-il d’un ton pince sans rire. Demander l’avis d’un enfant de tout juste onze ans ne relevait pas d’une grande utilité, particulièrement dans une famille comme la sienne ; plus qu’une question d’idéaux, il s’agissait avant tout de la présence de tant d’enfants qui rendait l’éducation moins regardante sur l’avis que les plus jeunes pouvaient avoir de leur scolarité et de leur avenir. L’on s’intéressait d’abord au bien commun familial avant le bien-être de l’individu. « Mais je pense que je préfère Poudlard... » Son aveu était en réalité bien plus une certitude qu’une supposition. Être débarrassé de ses frères, et de certains de ses cousins, était un avantage considérable. Toute sa vie semblait prendre un tournant bien plus agréable depuis qu’il avait quitté la Tchéquie : même si l’entente avec son grand-oncle n’allait pas toujours au beau fixe, il devait reconnaître que l’homme lui accordait une forme d’attention que Dmitri appréciait. Bien entendu, il ne l’avouerait jamais à voix haute et il n’en était d’ailleurs pas tout à fait conscient. Ou du moins n’était-il pas capable de mettre des mots sur tout ce qu’il trouvait plus appréciable. « Arriver à Poudlard l’année où les cours d’étude des moldus sont rendus obligatoire est plutôt... cocasse. » fit-il au bout de quelques instants. « Et mon grand-père n’y est pas tout à fait favorable. » C’était peu dire. S’agissant de son père, s’il n’était pas non plus particulièrement enchanté, le fait qu’il n’ait pas été scolarisé dans l’école anglo-saxonne rendait sa colère moins grande. Son grand-père, lui, voyait l’école qu’il avait fréquentée sombrer dans les méandres de la décadence... la décision le touchait bien plus.

« Non, pas vraiment... ça me manque de parler tchèque, et la météo écossaise est un véritable désastre » fit-il en rigolant lorsqu’elle lui demanda si la Tchéquie lui manquait. « Mais à part ça, je préfère largement ma vie ici. » Il se laissait aller à quelques confidences, lui laissant percevoir son avis sur le conflit né-moldu contre sang-pur. Nul besoin d’être particulièrement observateur pour comprendre qu’un garçon d’une famille pro-sang-pur heureux d’être scolarisé dans une école moins conservatrice ne partageait apparemment pas l’avis de ses aïeux. En écho à son évocation des sorciers français, il la questionna à son tour : « Ta famille a des origines françaises ? » Le milieu des sang-purs était, certes, assez restreint pour qu’ils se connaissent aisément entre familles, mais n’ayant pas grandi en Grande-Bretagne, il était assez ignorant s’agissant de la plupart des autres dynasties. Jusqu’alors, ses connaissances se limitaient à celles qu’il avait obtenues de par son grand-oncle durant l’été, principalement les Sorensen. Les Davenport, eux, restaient inconnus au bataillon, ou presque.

Un sourire caustique étira ses lèvres alors qu’elle évoquait à son tour les idéaux du ministre de la magie. Elle demeurait évasive et n’exprimait jamais clairement son avis. Peut-être était-elle seulement indécise... mais lui choisissait d’y voir plutôt un assentiment aux idées pro-sang-purs, assentiment qui demeurait discret en raison de la politique actuelle ; il ne faisait pas bon d’être un conservateur ces derniers temps. « Le contact... ou l’absence de contact. » Il ne savait pas dans quelle mesure elle avait côtoyé des nés-moldus, voire des moldus, mais lui pouvait compter sur les doigts d’une main le nombre de fois qu’il avait pu discuter avec un né-moldu, avant son arrivée à Poudlard. Quant aux moldus de son entourage, il s’agissait tout bonnement du néant. D’humeur taquine, il repartit donc à l’assaut : « Je t’avoue que pour ma part, je n’ai jamais parlé à un moldu de ma vie... » Ce n’était, à vrai dire, pas tout à fait vrai. Il avait côtoyé un moldu quelques années auparavant. Un garçon de son âge qu’il avait rencontré dans un parc, alors que sa sœur, qui l’y avait accompagné, avait détourné l’attention un peu trop longtemps. Une relation amicale à laquelle son père avait rapidement mis fin. Bien sûr, il en avait croisé dans la rue, mais il n’avait jamais été en position d’entamer la conversation. Même lorsqu’il avait volontairement forcé le destin, se rendant presque clandestinement dans une librairie, à Londres, qui ne proposait a priori par le moindre livre sorcier, il était tombé sur une sorcière. « Tu ne trouves pas que c’est un peu malsain ? Vivre presque reclus, à l’écart d’eux... »

Feignant d’être plongé dans ses réflexions, il scrutait toutefois la gryffondor du coin de l’œil en quête d’une réaction. Dans leur milieu, il était parfois complexe de cerner autrui ; très tôt habitués à montrer un visage imperceptible, ils passaient souvent plus de temps à perfectionner leurs faux-semblants qu’à réellement nouer des relations. Lui-même était fortement imprégné de cette éducation mensongère ; il lui avait fallu rencontrer Amaïa pour commencer à en prendre conscience.

(c) mars.

**Invité** Invité À SAVOIR DETAILS EN PLUS

Que l’on n’ait pas demandé son avis à Dmitri concernant l’école où il serait scolarisé ne surprenait pas plus que cela Sarah. Surtout que tous deux semblaient, sur certains points tout du moins, avoir eu une éducation similaire.

« Le contraire aurait été surprenant. Ce qui ne t’empêche pas d’avoir une préférence » commenta-t-elle.

Et Sarah eyt bientôt la réponse qu’elle attendait à ce sujet. Et elle ne manqua pas d'interpréter cela comme ce que cela signifiait : Dmitri n’était sans doute pas aussi pro-sang-pur que le reste de sa famille.

« On peut dire ça comme ça, oui… » acquiesça-t-elle, un sourire amusé sur les lèvres, en réponse au commentaire de son interlocuteur sur le cours d’études des moldus. Elle avait donc laissé son masque d’impassibilité se fissurer un instant, avant de le reprendre.

« Mes parents doivent voir rouge à l’heure qu’il est. J’espère juste qu’ils n’essaieront pas de me faire transférer à Durmstrang… Ils étaient déjà assez tentés comme ça de faire tout leur possible pour m’y envoyer dès le début de cette année scolaire… » murmura-t-elle, restant néanmoins audible par Dmitri.
Elle venait à mi-mots de lui laisser entrevoir une information équivalente à celle que lui-même lui avait donné un peu plus tôt. Ce qui lui permettrait peut-être de deviner quelle était sa réelle opinion sur tout cela. Mais, elle n’avait pas donné les raisons de sa préférence et pourrait, au besoin, pour préserver son ‘‘secret’’, arguer que c’était lié aux amis qu’elle avait à Poudlard.

« Je ne sais pas ce que c’est de ne pas parler sa langue au quotidien, mais je pense que je peux l’imaginer… »

Pour sa part, elle était habituée à la météo du Royaume-Uni, mais pouvant comprendre Dmitri, connaissant aussi des climats plus cléments. La réflexion du Serdaigle sur le sujet amusa la petite Gryffondor.

« Ma mère est née en France, de parents français. J’ai souvent passé des vacances chez mes grands-parents, dans le sud de la France » répondit-elle, ayant repris son intonation neutre. Elle énonçait des faits, rien de plus. Faits auxquels on ne pouvait associer aucune émotion de quelque nature que ce fut.

Elle avait côtoyé nés-moldus et même moldus de bien plus près que Dmitri ne pouvait l’imaginer, mais cela, elle ne pouvait pas le lui révéler. Ni là où ils se trouvaient ni en cet instant. Et encore moins qu’elle avait eu pour meilleure amie une petite orpheline moldue. Elle ne voulait d’ailleurs pas penser à Ellen : c’était trop douloureux. Une ombre vint donc passer furtivement sur le visage de la petite Davenport, levant un nouvel instant son masque qu’elle reprit tout aussi vite, bien qu’à grand peine cette fois-ci. Néanmoins, il n’avait pas complètement tort sur la question de ‘‘l’absence de contact’’. Certaines familles de sang-pur, dont la sienne, faisaient tout leur possible pour limiter au maximum le contact avec les moldus et nés moldus.

Si Sarah voyait bien, ou plutôt entendait bien, que Dmitri ne développait pas certains points, elle n’avait pas, malgré sa sensibilité, deviné qu’il ne disait pas toute la vérité. Et si ce n’était pas tout à fait vrai qu’il n’avait jamais parlé à un moldu de sa vie, cela restait assez crédible vu le monde dont il était issu.
Aussi vite qu’elle s’était entrouverte, elle s’était déjà refermée. Elle s’était abstenue de répondre jusqu’à présent aux dernières remarques de son interlocuteur et hésitait sur ce qu’elle pourrait dire à la dernière question qu’il avait posée. Même quand (si ce moment arrivait dans un futur – proche ou non –) elle serait prête à lui révéler réellement ce qu’elle pensait, elle choisirait le lieu dans Poudlard le plus abrité des oreilles indiscrètes, sans tableaux, sans élève ou adulte alentours autre que la personne à qui elle s’ouvrirait.
On pouvait dire que son éducation s’était retournée contre ses parents puisque c’était là même ce qui lui permettait de faire semblant de rien, de garder ses opinions secrètes. Et même si elle en était lasse, c’était un exercice auquel elle était rodée.

« Je suppose que… c’est une façon de se protéger et de respecter le code international du secret magique… »

Du moins, d’après ce dont elle se souvenait de l’histoire de la magie, l’explication devait être de cet ordre-là et c’était tout du moins une possibilité. Elle avait donné cette réponse pour ne pas faire l’impolitesse de ne rien dire et tenté une énième pirouette. Sinon, son attitude était restée complètement neutre, impartiale. Elle ne tranchait pas sur le fait que cela soit sain ou non, n’exprimait pas sa pensée sur le sujet – qu’elle avait du reste du mal à formuler en elle-même de toute façon -.

(c) Kira pour Never Utopia

sarah & dmitri / octobre 2026

« Le contraire aurait été surprenant. Ce qui ne t’empêche pas d’avoir une préférence ». Si l’objection de la demoiselle avait du vrai, elle ne collait toutefois pas vraiment au fonctionnement de sa famille. Les préférences des uns et des autres étaient très secondaires ; l’intérêt commun étant une priorité, il aurait été malvenu d’exprimer un désir différent. Il pouvait bien avec des préférences si ça l’amusait, mais celles-ci devaient rester de l’ordre de la fiction et il était donc inutile de les évoquer oralement. C’est pourtant ce qu’avait fait le garçon à maintes reprises, s’attirant les foudres paternelles et grand-paternelles. Une fois de plus, le garçon se distingua donc des siens en laissant exprimer à l’oral un semblant de désirs. Il les avait exprimés à demi-mots, mais bien assez cependant pour que sa camarade puisse comprendre de quoi il en retournait.

Ils échangeaient minutieusement des informations dans le cadre d’un étrange troc, ouvrant l’autre à la connaissance d’une infime partie de ce qu’ils étaient, sans jamais en dévoiler trop. Aussi, après que l’aiglon eut ouvert le bal avec son semblant de confidence, ce fut au tour de la jeune lionne de mener la danse. Il aperçut quelques secondes un sourire presque complice, comme si elle partageait le constat qu’il venait de faire. Puis elle confirma ses soupçons dans un murmure tout juste audible, nécessitant qu’il tende l’oreille pour être certain de ne rien en perdre. Ainsi, ses géniteurs auraient aimé qu’elle côtoie les bancs de Durmstrang plutôt que de Poudlard ; aux yeux d’un enfant ayant grandi en Tchéquie, pays où tous les sorciers, mis-à-part les nés-moldus, allaient dans l’école nordique, que des parents britanniques dénigrent leur école nationale aurait pu paraître étrange. Mais il en avait entendu bien assez pour comprendre que les sang-purs anglo-saxon reconnaissaient eux-mêmes la décadence de leur système scolaire. Un aveu d’impuissance qui, d’une certaine manière, l’amusait. « Bienvenue au club... » fit-il en rigolant. « Je pense que sans la présence de mon grand-oncle à Poudlard, père m’aurait déjà rappelé à Prague le soir même de l’annonce. Cela dit, je ne pense pas qu’il soit vraiment surpris... il n’y a pas été scolarisé, pour lui, Poudlard est tombée en désuétude depuis des lustres. » Il jaugea quelques instants la fille alors qu’elle rebondissait sur la question linguistique. Il se contenta d’acquiescer d’un signe de tête lorsqu’elle évoqua ses grands-parents français. En réalité, beaucoup de famille de sang-purs comme les leurs avaient des origines de diverses nationalités, et pour cause, afin de préserver le sang, il était nécessaire de trouver des familles pures avec lesquelles l’on n’était pas déjà uni, ou dans une moindre mesure. De fait, Dmitri comptait des ancêtres flamands, anglais, tchèques ou même italien et il était persuadé d’avoir quelques aïeux ayant, en leur temps, foulé le sol de la cour du roi de France. Sarah ne devait sûrement pas faire exception en la matière.

Sous l’impulsion de l’aiglon, la discussion vira rapidement sur un sujet plus politique. Il n’avait en général pas de mal à aborder ce sujet dans un lieu public comme celui-ci où les murs, et surtout les tableaux, pouvaient les entendre et rapporter leurs propos à un espion indiscret... comme son grand-oncle. Mais puisque ce dernier connaissait les réserves du garçon, celui-ci ne s’étant pas privé d’aborder le sujet principalement dans un but provocateur, il ne risquait pas grand-chose de plus que d’ordinaires... tant qu’il ne parlait pas trop des van Aken et de l’attrait que plusieurs d’entre eux avaient eu pour la magie noire ou le passage de ses aïeux à Azkaban. « Je suppose que... c’est une façon de se protéger et de respecter le code international du secret magique... » Le tchèque retint de justesse un soupir exaspéré. Il était las de cette objection. À croire que le code international du secret magique revêtait un caractère de texte sacré. Bien entendu, il n’était pas pour abolir le secret, mais à ses yeux, il ne devait pas servir de justification pour ceux qui vivaient en reclus. Mais au-delà de son avis, il était surtout irrité par l’attitude de la gryffondor qui, exception faite de sa confidence sur Durmstrang, se contenait de phrases préconçues trop neutres pour être le fruit d’un avis quelconque. Elle évitait le sujet, se montrait évasive et prudente... une attitude qui faisait parfaitement sens au regard de leurs éducations respectives, qui imposaient souvent de rester sur la réserve, particulièrement en ces temps de changement. Il était lassé de ça et pourtant, lui-même s’était parfois contraint à plus de retenue, comme lorsqu’il était avec Zeynep, mais il n’avait jamais poussé le vice aussi loin que Sarah ; en réalité, il avait toujours pris un malin plaisir à aller à l’encontre de cette éducation, trouvant une grande satisfaction dans cette désobéissance qui, de l’extérieur, pouvait sembler anodine. « Eh bien, moi je trouve que c’est une mauvaise idée de faire comme ça ! » décréta-t-il d’un ton exagérément convaincu. « C’est à cause de ça qu’on se trouve avec des nés-moldus qui ne rêvent que d’une chose : quitter Poudlard. » Il pensait bien entendu à Colin. « Ou pire, avec des accidents, comme les nés-moldus tchèques qui ne peuvent aller à Durmstrang et n’apprennent donc pas à maîtriser leur magie. »

(c) mars.

**Invité** Invité À SAVOIR DETAILS EN PLUS

« C’est un drôle de club que nous formons là » constata-t-elle à haute voix.

Effectivement, pour l’instant, leurs seuls points communs manifestes étaient leurs éducations relativement similaires, les opinions pro-sang-purs de leurs familles respectives et leur préférence commune pour Poudlard plutôt que Durmstrang. Et c’était d’autant plus bizarre donc de le retrouver sur ce point – aux yeux de la Gryffondor – que justement leurs familles avaient les opinions qu’elles avaient.

Son grand-frère ayant étudié à Poudlard jusqu’à l’année précédente, ses parents ne pouvaient ignorer que Monsieur Van Aken enseignait les potions à Poudlard. Alors, certes, les Davenport n’avaient rien dit en ce sens. Mais, Sarah imaginait qu’il était possible que la présence du grand-oncle de Dmitri ne soit pas complètement étrangère au fait que ses parents aient daigné la laisser faire ses études dans cette école-ci. Elle garda cependant cette pensée pour elle, ne se décidant pas à l’exprimer.

« Je suppose que ton père a étudié à Durmstrang ? » demanda-t-elle.

Elle ignorait que l’attitude fuyante qu’elle avait irritait son interlocuteur, pour une fois, sa sensibilité naturelle n’avait pas joué son rôle.

C’est alors qu’elle l’entendit prononcer un véhément réquisitoire contre le fait de vivre à l’écart des moldus. Mais, elle nota le ton trop convaincu. Ce qui eut pour effet de la faire se refermer complètement, au point de laisser un long silence s’installer.
Sur le fond, elle était d’accord avec ce qu’il avait dit. Seulement, elle ne le reconnaîtrait pas là où ils se trouvaient.
Et elle hésitait entre le fait qu’il pense ce qu’il avait dit ou que ce soit une provocation de la part du Serdaigle.
Elle savait que si elle avait été la « digne fille » Davenport, elle aurait plutôt répondu et dit que de toute façon les nés-moldus qui voudraient quitter Poudlard ne seraient pas une grande perte pour l’école et que le risque que les nés-moldus ne maîtrisent pas leurs magie et provoquent ainsi des accidents étaient la preuve qu’ils ne méritaient pas leurs pouvoirs ou quelque chose du genre. Seulement, elle n’en pensait pas un traitre mot et évitait autant que possible de tenir ce genre de discours, préférant parfois laisser passer un silence pour un assentiment.
Comme une excuse au fait de ne pas exprimer son opinion, elle murmura, de manière à s’assurer que seul Dmitri l’entendrait :

« Il y a des choses parfois que certaines personnes doivent ignorer. »

*Parfois même les parents* pensa-t-elle, sans oser le dire à haute voix.

Rien qu’en disant cela, la Gryffondor avait pris un risque. Mais, ne sachant pas à quel point elle pouvait se fier ou non à son interlocuteur, elle estimait ne pouvoir en dire plus. Ceux qu’elle visait avec ses paroles étaient ses parents, nombre de sangs-purs ou toute personne susceptible à ses yeux d’ébruiter son secret auprès de ses parents. Elle ignorait si Dmitri en faisait partie ou non, donc restait relativement prudente.
Ceci dit, sa préférence pour Poudlard, l’avait incitée à prendre le risque qu’elle avait pris. C’était aussi une façon de lui faire comprendre qu’elle avait de bonnes raisons d’agir comme elle le faisait.

(c) Kira pour Never Utopia

sarah & dmitri / octobre 2026

Le garçon ricana lorsque Sarah souligna l’étrange duo qu’ils formaient. Deux enfants issus de bonnes et vieilles familles sorcières, avouant à demi-mot qu’ils n’étaient pas dans la droite ligne de leurs aïeux. Encore que Dmitri se faisait bien plus direct et franc sur cette question que ne l’était la gryffondor. Il lui était fort difficile de savoir son réel avis, seules quelques faibles remarques l’aidant à comprendre que tout n’était pas aussi limpide que ce qu’il avait pu imaginer de prime abord. Il n’était d’ailleurs plus vraiment hostile envers la demoiselle, affichant une certaine curiosité mêlée à une forme d’irritation à mesure qu’il l’écoutait tourner autour du pot sans jamais décrire les choses telles qu’elles l’étaient vraiment.

« En effet » confirma-t-il d’un hochement de tête. « Ainsi que mes frères et sœurs. » Mis à part lui, les derniers van Aken à avoir foulés le sol de l’école anglo-saxonne étaient son grand-père, son grand-oncle et leurs deux cousins. Depuis, nul enfant de la famille n’avait été scolarisé ici. Et sans la présence de son aïeul, il ne serait lui-même jamais allé à Poudlard. « Le seul et unique van Aken de ma génération à fouler le sol de Poudlard. » fit-il en rigolant. Une surprise qu’il n’avait pas encore tout à fait intégrée ; il était inscrit à Durmstrang depuis sa naissance, il aurait dû y aller comme le reste de sa fratrie et ses cousins. Et tout d’un coup, il avait été décrété que finalement, il était plus prudent qu’il fasse ses classes à Poudlard. Un aveu d’échec que son père faisait indirectement, laissant son benjamin vainqueur dans la petite guerre qu’ils menaient l’un contre l’autre. L’aiglon savourait cette victoire autant qu’il en appréciait les conséquences : il n’avait plus ses frères sur le dos, vivait durant les vacances dans un lieu certes un peu morne, mais tellement plus luxueux que la maison familiale qu’ils occupaient à Prague... une île entière, sans âme qui vive mais indéniablement dotée d’un grand lot de mystères qui ne pouvaient que stimuler la curiosité débordante d’un enfant de onze ans comme lui. Et évidemment, il découvrait enfin l’art de la peinture vivante. Il en apprenait les premières ficelles et pouvait regarder les tableaux mouvants avec une grande fierté : ils avaient été peints par ses ancêtres, ils étaient son héritage intellectuel. Les couloirs de Poudlard lui rappelaient, à cet égard, ceux du manoir des van Aken ; des peintures en occupaient chaque parcelle de mur. Ils les observaient marcher, peut-être que l’un de ses ancêtres peints, envoyé par son aïeul, les écoutait actuellement... l’idée le gênait moins depuis quelque temps. Au début, il trouvait frustrant de se savoir épié par son grand-oncle, mais il s’était fait à l’idée. Ça n’était en revanche pas le cas de Sarah qui semblait craindre d’être entendu, murmurant une réponse énigmatique qui lui fit froncer les sourcils. « Certaines choses feraient mieux d’être dites une bonne fois pour toute... » répondit-il d’un ton laconique, un tantinet provocateur. S’il n’avait pas assumé son intérêt pour les moldus, il n’aurait jamais foulé le sol de l’école anglo-saxonne. Il avait été rudement puni à de nombreuses reprises pour ses paroles insolentes et ses frasques provocatrices, mais le jeu en avait valu la chandelle. « Sur ce... » Ils étaient arrivés au niveau du tableau qui barrait l’entrée de la salle commune des gryffondors. « Est-ce ici que nous nous séparons ? »

(c) mars.

**Invité** Invité À SAVOIR DETAILS EN PLUS

Sarah avait remarqué le ricanement de Dmitri quant à la remarque qu’elle avait faite sur le duo qu’ils formaient. Même si son caractère et son éducation jouaient de telle manière qu’elle réagissait différemment de son camarade, elle pouvait parfaitement comprendre que ce fût le cas de son côté. Elle écouta ensuite la réponse du Serdaigle quant à sa famille et les deux écoles dont ils parlaient. Elle fut d’ailleurs amusée par la façon dont il disait être le seul de son âge de sa famille à être à Poudlard. De sorte qu’un sourire se dessina sur les lèvres de la Gryffondor.

Oh, oui, bien sûr, ne pas exprimer ses réelles opinions la forçait à prendre de multiples chemins de traverse, pour autant, elle ne pouvait pas simplement parler, comme ça, sans être sûre du lieu et de la personne, pas sans conséquences en tous cas. Or comme les conséquences risquaient de dépasser – et de loin – sa petite personne, ce n’était pas le genre de décision qu’elle pouvait prendre à la légère.

« Ce n’est pas toujours aussi simple que ça… Et tu sais aussi bien que moi l’importance des apparences dans le milieu auquel on appartient… » lui répondit-elle de nouveau dans un murmure que seul son interlocuteur pouvait entendre. Si ce qu’elle disait n’était guère précis, cela avait le mérite d’être sincère.

Tout en parlant ainsi et en marchant, ils étaient arrivés devant le tableau qui gardait l’entrée de la salle commune des Gryffondor.

« Oui, c’est ici que nous nous séparons. Bonne suite de journée à toi ! » lui répondit-elle.

Lorsque tous deux eurent pris congé l’un de l’aure, elle donna le mot de passe et rejoignit son dortoir où elle déposa ses affaires. Après quoi, elle ressorti prendre lair dans le parc. Elle avait besoin de passer un moment seule, à réfléchir, à se remettre les idées en place. Pour une fois, elle ferait ses devoirs et réviserait ses leçons plus tard. De toute façon, dans l’immédiat, elle n’était pas apte à s’en occuper et aurait donc été inefficace si elle s’y était risquée.

(c) Kira pour Never Utopia

**Contenu sponsorisé** À SAVOIR DETAILS EN PLUS