Les sorts protègent mieux que le silence

À SAVOIR Arrivé(e) le : 04/04/2020 Parchemins rédigés : 1168 Points : 9

Savoir que c’était sa dernière rentrée à Poudlard rendait Carla un peu nostalgique. Même si elle avait mis du temps à s’adapter, elle avait fini par se sentir chez elle au château et elle devait admettre que ces dernières rentrées avaient été bien moins solitaires pour elle que ses premières années à Poudlard. Elle ne savait toujours pas s’il s’agissait ou non d’une bonne chose, mais elle appréciait d’avoir un planning sans temps mort. Cela ne lui laissait pas le temps de réfléchir que dans moins d’un an désormais, elle allait quitter le cocon protecteur de son école pour se confronter à un monde bien plus cruel qu’une vaste cour de récréation. Chacune de ses frasques y serait guettée, là où ici tout le monde avait pris le parti de conclure qu’elle était certainement plus gentille que dangereuse. Cela lui laissait une marge de manœuvre dont elle ne disposerait plus jamais une fois qu’elle serait sous le regard constant de son père. Ce manque de liberté à venir la poussait à accepter n’importe quelle occasion sortant de son ordinaire scolarité. Pour ne pas réfléchir et parce qu’après, elle n’en aurait plus l’opportunité.

Dans le cas de Kathleen, c’était aussi parce qu’elle avait promis à la petite fille de l’aider avec des sorts de défense, l’an dernier. Son agression l’avait rendue particulièrement craintive et manifestement le choc lui avait fait perdre la voix. Depuis, elle avait entendu pépier, ce qui lui faisait dire qu’elle allait mieux. Mais cela n’enlevait rien au fait qu’il fallait endurcir cette gosse. A force de lui faire faire des potions pour guérir la terre entière, elle n’avait sans doute pas réalisé que le monde n’était pas gentil et pas prêt à l’accueillir les bras ouverts. Si personne ne lui avait dit pour la ménager, c’était bien gentil, mais c’était aussi une erreur. Elle allait finir par devenir une victime née. Evidemment, elle était mignonne, ça donnait envie de la protéger, mais ce n’était pas lui rendre service de la traiter comme si elle était en sucre. Un jour, elle se retrouverait seule et il faudrait qu’elle soit prête à se défendre. C’était là qu’elle entrait en jeu.

Comme convenu avant par hibou, elle arriva dans l’une des salles inutilisées du 4ème avant l’heure du rendez-vous convenu pour pousser les tables contre les murs. Il fallait croire qu’elle allait donner des cours à la moitié de l’école si ça continuait ainsi. D’abord Cassi, ensuite Kat’ … Cela l’inquiétait plus de gérer une enfant. Carla n’était pas forcément connue pour sa patience ou sa pédagogie. Cassiopeia souhaitait qu’elle soit ainsi. Avec Kathleen, elle allait devoir s’astreindre à plus de douceur.

Le bruit de la porte s’ouvrant la fit sortir de ses pensées et releva la tête pour découvrir la Poufsouffle face à elle. Elle lui fit un sourire et salua joyeusement

- Kathleen ! Tu vas bien ? Bonne rentrée ?

Elle n’avait pas eu l’occasion de la croiser depuis la soirée chez elle. La politesse était donc tout de même de prendre de ses nouvelles. Même si elle devait avouer qu’elle ne s’inquiétait pas trop. La deuxième année était en général un moment où l’on connaissait assez le château pour être heureux d’y revenir.

@Kathleen Kirte

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Kathleen avait reçu une proposition de la part de Carla à la fin de l’année précédente après avoir été agressée. La jeune fille lui avait proposé de lui apprendre à se défendre et elle avait accepté cette proposition. Cela pourrait lui être utile et puis, peut-être que Carla pourrait se charger de lui faire réussir enfin des sortilèges. Kathleen avait toujours l’espoir que cette part d’elle s’améliore mais elle n’avait pas vraiment réussi pour le moment. Elle se demandait toujours ce qui clochait mais ses professeurs n’avaient pas encore réussi à lui expliquer ce qui faisait qu’elle échouait à chaque fois.

Alors quand elle avait reçu le hibou de Carla, elle n’avait pas hésité une seconde et elle s’était rendue dans la salle où elle l’attendait pour un entraînement improvisé. Elle était contente de la revoir, elles ne s’étaient plus revues depuis la fête chez les Kirte où elle ne s’était pas attendue à la voir, en réalité. Quand elle poussa la porte, Carla l’accueillit avec un franc sourire et lui demanda aussitôt des nouvelles. Ca ressemblait bien à la Serpentard qu’elle avait rencontrée deux ou trois fois seulement et qu’elle voyait comme une personne gentille et sincère. Kathleen était naïve et elle ne voyait pas tellement en-dessous des apparences.

« Bonjour, Carla ! Ça va et toi ? Les cours sont plutôt intéressants. Enfin sauf l’étude des moldus, j’avoue, je me suis un peu ennuyée pendant ce cours là. »

Probablement pas de la façon à laquelle Carla pourrait penser, car elle ne le savait pas mais Kathleen avait de l’expérience avec les artefacts Moldus. Mais elle ne désirait pas vraiment entrer dans les détails. Elle regarda autour d’elle et se mordit la lèvre. Elle se demandait par quoi Carla prévoyait de commencer pour lui apprendre à se défendre dans les situations de danger.

« Du coup, tu avais quoi en tête ? Pour apprendre à me défendre ? »

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Les sorts protègent mieux que le silence

Carla se demandait comment allait se passer cette session d‘entraînement avec Kathleen. L’année précédente quand elle ne parlait plus, cela aurait été délicat de lui demander de travailler des sortilèges informulés, mais maintenant qu’elle pouvait parler, elle ne savait pas si la jeune fille aurait envie de d’apprendre. Le fait qu’elle soit présente lui faisait dire qu’elle avait envie d’apprendre, ce qui était déjà un bon point. Elle n’était déjà pas à l’aise avec les enfants alors si elle avait dû gérer une fillette de douze ans qui n’avait pas envie d’être là, elle aurait été incapable de savoir quoi faire. Elle sourit gentiment à Kathleen quand elle arriva. Il n’était pas possible de dire qu’elles étaient les meilleures amies du monde, leur différence d’âge était trop importante, mais la petite fille l’avait aidée quand elle avait besoin, elle était gentille et elle venait d’une famille sang pur. Elle n’avait donc pas besoin de forcer son naturel pour être agréable avec elle.

- Ca va ! Ca me fait bizarre de savoir que c’est ma dernière année ici !

Quand la Poufsouffle parla du cours d’études des moldus, Carla leva les yeux au ciel d’un air désespéré. Cette nouvelle avait considérablement terni sa rentrée et elle qui était plutôt dans le camp des mesurés ne l’était plus du tout quand le sujet venait sur le tapis. Elle trouvait l’affront tellement honteux, alors que si Appleton les avait laissés tranquilles, tout aurait pu bien se passer, qu’elle ne s’en remettait pas. Elle avait assisté au premier cours la mort dans l’âme. Elle n’en avait rien à faire des moldus, ils faisaient leur vie et elle faisait la sienne, fin de l’histoire.

- Ne me parle pas de ce cours, c’est du n’importe quoi. Non seulement nous n’y apprenons rien, mais il n’a été rendu obligatoire que pour pourrir la vie de tout le monde.

Quand Kat lui demanda ce qu’elle avait en tête, Carla bondit sur ses pieds et lui accorda un sourire.

- J’ai rien de très original en tête, mais je vais t’apprendre le sortilège du bouclier. Normalement on ne l’apprend qu’en troisième année, mais il n’est pas infaisable et il a l’avantage de bloquer les attaques magiques comme physiques. Ca devrait te permettre de te sentir plus en sécurité.

Elle attrapa sa baguette et expliqua à la jeune fille avec une forme de patience qui était presque étonnante chez la Serpentard.

- L’idée quand tu lances un tel sortilège, c’est de bien arriver à imaginer le bouclier te protéger. Plus tu le visualises, plus ton sortilège a des chances d’être réussi. L’erreur, c’est de se concentrer sur sa peur ou sur la menace, alors que c’est vraiment l’idée de bouclier qui est la plus efficace. Le plus important, la formule, c’est « Protego ». Pour le mouvement, regarde celui que je fais.

Elle s’exécuta lentement pour lui laisser le temps d’assimiler, avant de recommencer à vitesse normale et de lancer

- Protego.

Spoiler:

Le bouclier apparut, bleuté. Carla marmonna un « Finite » et celui-ci disparut. Elle observa la petite fille, pour voir sur son visage si elle n’avait pas été trop vite.

- Je suis assez claire ?

HRP:

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Le membre 'Carla P. Yaxley' a effectué l'action suivante : Le Hasard

'Le Hasard' : 3

Avant de commencer l’entraînement, Kathleen tenait à prendre quelques nouvelles de Carla. Elles ne s’étaient pas beaucoup parlé depuis l’année précédente, car elles ne s’étaient vues qu’à des occasions ou d’autres personnes plus âgées étaient présentes et donc avec qui Carla avait plus d’affinités. Il y avait aussi systématiquement des amies de Kathleen qui était donc dans la même optique. De ce fait, elle n’avait pas eu vraiment l’occasion de discuter avec Carla, mais elle était heureuse de la retrouver en ce début d’année et de s’entraîner avec elle. Il y avait peu de chances qu’elle réussisse du premier coup, mais Carla n’aurait pas à se plaindre de sa motivation.

« Je comprends. Tu as une idée de ce que tu veux faire après Poudlard ? »

Apparemment, Carla était excédée par le fait de rendre le cours d’étude des moldus obligatoires, mais il était probable que ce n’était pas pour les mêmes raisons que Kathleen. Carla était de sang pur, et elle ne connaissait pas bien le monde des moldus, du moins, Kathleen le supposait-elle. Mais elle était persuadée que la majorité des sang-purs n’avaient pas envie de suivre ce cours parce qu’ils n’étaient pas favorables à la nouvelle politique pro moldue. Mais elle ne voulait pas entrer dans un débat politique avec la jeune femme, ça risquait de créer du conflit pour rien. Et Kath n’aimait pas ça.

« De toute façon, c’est pas comme si on avait le choix », dit-elle en haussant les épaules. « Il n’y a plus qu’à prendre son mal en patience. Dis-toi que pour toi, au moins, tu n’auras à les suivre qu’une année. »

Elle ouvrit des yeux ronds quand Carla lui dit qu’elle voulait lui apprendre un sortilège de troisième année. Elle ne réussissait déjà que rarement les sortilèges de première année alors elle doutait d’arriver à quoi que ce soit sur un sort plus compliqué que ceux destinés à son âge. Mais elle ne fit pas de commentaire, décidée à faire preuve de sa bonne volonté et reproduisit de son mieux le geste de Carla avant de lancer.

« Protego »

Mais rien ne se passa du tout. Comme d’habitude. Kathleen commençait à y être habituée. Elle offrit une moue d’excuse à Carla qu’elle avait très certainement déçue.

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Les sorts protègent mieux que le silence

- J’aimerais travailler dans la justice magique ! Et toi médicomage ?

Cela lui aurait semblé cohérent pour la petite fille de ce qu’elle savait d’elle. Mais bon, on ne pouvait pas dire que le département de la justice au Ministère de la Magie était le choix de carrière le plus évident pour elle, donc peut-être qu’elle se trompait sur toute la ligne. En tout cas la petite fille faisait preuve d’une résignation teintée de sagesse sur le cours d’étude des moldus que Carla était loin de ressentir. Toute à sa contrariété, elle ne se rendit même pas compte que cela pouvait signifier que Kat’ ne partageait pas son opinion. Dans son esprit, il était évident que tous les enfants sangs purs ne pouvaient vivre ce cours que comme un affront personnel fait à leur statut sanguin, sans s’apercevoir que ce raisonnement était très réducteur. Elle acquiesça avec compassion

- Avec un peu de chance cette réforme ne durera qu’un temps. C’est plus un jeu politique qu’un parti pris pédagogique.

Elle sourit à la petite fille qui semblait interloquée par son idée de lui apprendre le sort du bouclier. Ce n’était pourtant pas si fou. C’était l’un des sorts de défense les plus prisés. En tout cas elle ne protesta pas et elle s’exécuta sans rien dire, sans pour autant que sa tentative soit une franche réussite. Ce n’était pas étonnant en soi. Pour apprendre, il fallait se rater un bon nombre de dois en général. Voyant que la petite fille lui offrait une moue d’excuse, Carla lui fit immédiatement un sourire pour lui indiquer qu’elle n’était pas déçue. Elle reprit avec amusement

- On ne réussit jamais du premier coup.

C’était généralement vrai et elle ne s’attendait pas à ce que la petite fille lui exécute parfaitement un sortilège plus avancé que son année d’étude. En plus, le fait d’être observé quand on réalisait un sort était toujours une source supplémentaire d’échec. Un regard un peu appuyé rendait vite nerveux. Et malheureusement, c’était son rôle de l’observer pour comprendre ce qui n’allait pas. Elle ajouta

- Il n’y a pas de mauvais élève. Si tu ne réussis pas, c’est que j’explique mal.

C’était un discours qui pouvait sembler étonnant pour quelqu’un d’aussi exigeant qu’elle et pourtant elle ne disait pas cela pour faire plaisir à la Poufsouffle. Elle était persuadée que ce n’était pas celui qui apprenait qui devait faire un effort, sinon tout le monde aurait la science infuse, mais celui qui expliquait. En l’occurrence, elle était une enfant et Carla était la plus avancée des deux. Elle réfléchit un instant et essayé d’expliquer à Kathleen

- Quand tu jettes un sort, y a pas que la formule et le mouvement. Il y a ce sur quoi tu te concentres. Le bouclier est difficile parce que le réflexe est de penser à la peur dont tu veux te protéger ou à la peur d’échouer, alors que le but c’est justement de ne penser qu’à un mur qui se dresserait devant toi et serait indestructible. Tu comprends ?

Chacun avait sa propre représentation, elle imaginait généralement une sorte de muraille en pierres. Quand son sort échouait, elle s’imaginait que chaque faille était colmatée jusqu’à ce qu'elle soit totalement impénétrable.

- Tu réessaies ?

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Carla voulait travailler dans la justice magique. Kathleen ne se sentit pas surprise de ce choix, elle avait l’impression que cela convenait parfaitement à ce qu’elle percevait de la Serpentard. Kathleen lui sourit gentiment. Carla lui demanda ce qu’elle voulait faire de sa vie, en ce qui la concernait, présumant qu’elle voulait être médicomage. C’était l’une des options que la fillette envisageait. Mais ce n’était pas la seule. Il y avait pas mal de métiers qui pouvaient lui convenir, avec son historique familial, et qui l’intéressaient. Elle avait réfléchi à de nombreuses reprises à ce sujet.

« J’ai l’intuition que ce sera parfait pour toi. Je ne sais pas pourquoi mais ça me parait évident. En ce qui me concerne, oui, peut-être médicomage, mais je vais peut-être me tourner vers l’enseignement des potions, si je peux être assistante ou stagiaire du prof quand je sortirai de septième année. Ma petite sœur arrivera à Poudlard, cette année-là, et ça me plairait de pouvoir veiller sur elle, tu comprends ? »

Carla semblait persuadée que la réforme sur l’étude des moldus ne durerait qu’un temps, que ce n’était qu’un jeu politique qui ne demeurerait pas éternellement en place. Kathleen devait bien avouer qu’elle n’y avait pas trop réfléchi. La politique lui passait au-dessus de la tête, mais la seule chose dont elle était sûre, c’était que ces cours d’Etude des Moldus obligatoires ne convenaient à personne. Entre ceux qui savaient déjà et ceux qui ne voulaient pas savoir, ça faisait beaucoup de mécontents.

« Je ne sais pas, c’est possible. C’est quand-même un peu bête de faire suivre des cours à des élèves sans tenir compte du fait que certains savent déjà tout. Même les nés-moldus doivent suivre c cours, c’est aberrant. »

Quand Kathleen rata son coup, Carla se fit encourageante. Mais la fillette savait qu’elle allait avoir de la difficulté à lui montrer son potentiel. Elle était cependant déterminée à ne pas renoncer aussi facilement. Elle commença par écouter attentivement les paroles de Carla. Visualiser quelque chose de solide plutôt que de se laisser emporter par la peur, c’était le genre de discours que ses parents pouvaient tenir. Fermant les yeux, elle s’efforça de se concentrer.

« Protego ! »

Mais c’était comme si elle parlait dans le vide. Sa baguette ne réagit même pas et Kathleen afficha une moue désabusée.

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Carla offrit son sourire le plus sincère à Kathleen quand elle lui dit que la justice magique lui correspondait bien. Donner son choix de carrière avait quelque chose de privé à ses yeux, parce qu’il en disait bien plus sur elle qu’elle n’était parfois prête à en dévoiler. Et parce que cela lui tenait suffisamment à cœur pour qu’elle se sente agressée si quiconque avait eu l’audace de lui dire que le métier qu’elle voulait ne lui ressemblait pas du tout. Alors quand la Poufsouffle décréta que c’était parfait, elle avait ressenti une forme de soulagement teinté de gratitude. Elle réfléchit un instant avant d’admettre

- Tu as l’air tellement passionnée par l’idée de soigner les gens que je n’ai pas réfléchi au fait que tu puisses vouloir autre chose, c’était un peu présomptueux, je suis désolée. Professeur t’irait très bien également.

Après tout, elle avait fait preuve de patience avec elle quand elle en avait eu besoin et de ce qu’elle avait vu au manoir des Kirke cet été lui faisait dire qu’elle pouvait avoir un tempérament de leader avec les plus jeunes. Son choix lui correspondait donc tout aussi bien. Elle acquiesça vigoureusement aux dires de son interlocutrice sur les cours d’études des moldus, déjà totalement convaincue. Ces cours ne convenaient à personne et n’avaient aucun sens. Elle n’avait d’ailleurs pas caché son agacement. Mais elle n’avait pas forcément réalisé qu’elle n’était pas la seule à être profondément dégoûtée par ces enseignements. Après tous les nés moldus aussi avaient sans doute mieux à faire de leur temps comme elle le disait si bien. Si seulement une mutinerie avait été possible. Ils auraient au moins eu l’avantage du nombre sur la direction. Peut-être qu’ils pouvaient encore enfermer le prof dans une salle au fin fond du château d’ailleurs. Il y avait des endroits tellement reculés dans Poudlard qu’il faudrait bien quelques jours pour le retrouver. Ou pour l’y oublier.

Si elle avait espéré être bonne professeur, Carla dût rapidement se rendre à l’évidence. Non seulement elle ne l’était puisque la petite Poufsouffle ne réussissait pas à réaliser le sortilège prévu, mais elle l’était d’autant moins qu’elle semblait perdre confiance en elle à chaque minute qui passait. Cela n’avait jamais été le but de cette entrevue, bien au contraire. Carla avait pensé proposer cela à la petite fille pour l’aider suite à son agression, pas pour la faire sentir encore plus vulnérable. Evidemment, cette année devait commencer sous de meilleurs auspices pour elle vu que les septièmes années avaient été diplômés et que le « grand » qui l’avait embêtée ne devait probablement plus être là, mais ce n’était pas une raison pour laisser pourrir le problème. Elle se mordilla la lèvre et décida de changer de méthode. Elle alla fouiller son sac et en sortit deux chocogrenouilles. Tendant l’une des deux à la petite fille, elle prit la sienne et lui expliqua

- Changement de méthode.

Elle croqua son chocolat du bout des lèvres tout en réfléchissant.

- Si tu devais décrire quelque chose ou une situation qui te fait te sentir vraiment en sécurité, tu me parlerais de quoi ?

Désoléééée:

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Il était parfaitement vrai que Kathleen adorait son héritage et qu’elle ferait sûrement une excellente guérisseuse. Mais sa sœur était ce qu’elle avait de plus précieux dans ce monde, et l’abandonner au moment où elle allait entrer dans la famille des élèves de Poudlard n’était pas vraiment quelque chose qui lui faisait envie. Elle ne savait pas si elle aimerait bien enseigner, ce n’était pas quelque chose qu’elle avait déjà fait. Mais elle savait qu’elle serait compétente pour enseigner les potions avec la formation que sa mère lui faisait. Donc, cela pourrait être pertinent de devenir assistante, même si elle ne savait si le professeur Van Aken voudrait d’elle.

« J’adore soigner, mais c’est important pour moi d’être là pour ma petite sœur. De toute façon, je ne suis pas fixée encore. »

Kathleen était convaincue que ce n’était pas tellement en rendant l’Etude des Moldus obligatoire qu’on allait aplanir les difficultés. Entre les Nés-Moldus qui trouvaient les cours inutiles car ils savaient tout ce qu’il y avait à savoir et les Sang-purs qui ne voulaient pas apprendre à les connaître. Les quelques curieux qui seraient intéressés étaient ceux qui l’avaient choisi comme cours et en conséquence, cette obligation n’apportait pas l’unité qu’elle était censée apporter mais plutôt la dissension. C’était un peu bête, mais c’était comme ça.

Kathleen se concentra sur le cours particulier et sur ce que Carla attendait d’elle. Devant ses échecs, elle changea de tactique et lui posa une question qui fit réfléchir Kathleen. La fillette prit la chocogrenouille et la goûta tranquillement tout en réfléchissant à la situation dans laquelle elle se sentirait le plus en sécurité et la réponse lui parut évidente mais elle ne savait pas si elle pourrait l'avouer à Carla. Elle rougit un peu et baissa les yeux pour finalement oser lui dire ce qu'il en était avec l'espoir qu'elle ne se moquerait pas d'elle.

« Dans les bras de mon père » avoua-t-elle

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Les sorts protègent mieux que le silence

Carla pencha légèrement la tête, étonnée par la réponse Kathleen. Elle n’avait pas forcément fait le lien entre ses ambitions et le fait de rester avec sa petite sœur. Elle avait entraperçu la petite fille lors de la soirée avec Leopold, mais elle n’avait pas réellement eu le temps de voir si les deux enfants étaient proches. De même que n’ayant jamais eu de frère ou de sœur, elle ne réfléchissait jamais ses choix avec une autre personne en tête qu’elle-même. Cela la rendait sans aucun doute potentiellement autocentrée. Elle lui sourit et admit avec un léger rire

- Tu as le temps de te fixer !

Elle l’enviait presque. Kathleen avait encore des années devant elle à découvrir Poudlard, Carla était clairement sur la fin. Mais elle n’avait pas envie d’entrer dans le monde des adultes, de même qu’elle n’avait aucune envie de quitter le château. Elle s’y sentait chez elle, aussi étonnant que cela puisse paraître. Grignotant sa chocogrenouille du bout des lèvres, elle attendit la réponse de la petite fille patiemment avant d’afficher une lueur de surprise dans le regard quand elle parla de son père, avant que celle-ci ne se transforme en tristesse qu’elle dissimula en reprenant une bouchée de friandise. Elle n’avait jamais eu une relation assez fusionnelle avec son père pour une avoir une réponse semblable à celle de Kathleen et le plus horrible, c’est qu’elle aurait sans doute bien voulu. Elle ne se moquait pas du tout d’elle, au contraire, son sentiment d’envie ne fit que croître. Les Kirte avaient l’air d’être famille unie et aimante, tout le contraire de la sienne en somme. Son père était froid, glacial comme la banquise. Quant à l’unité, cela faisait deux ans qu’elle jouait à l’équilibriste entre deux mondes alors elle ne pouvait pas réellement dire qu’elle faisait preuve de beaucoup de solidarité avec la doctrine familiale. Elle croqua à nouveau dans la sucrerie et admit

- Je ne suis pas proche de mon père.

Doux euphémisme. Le pathétique était qu’elle aurait adoré lui plaire.

- Mais je comprends. Y a une personne qui m’est chère qui me donne la même sensation de protection.

Avait-elle besoin de préciser qu’il s’agissait de Maxwell tant elle était prévisible ? De toute façon, tout la ramenait sans cesse à lui, comme si elle ne faisait pas d’effort pour s’en détacher. Peut-être qu’elle n’en faisait pas d’ailleurs, mais c’était sa faute à lui, c’était lui qui avait infiltré sa vie au point qu’elle soit incapable de décrocher. Lui qui continuait à jouer pour ne pas qu’elle ne s’éloigne. Mais si elle y réfléchissait, elle devait admettre qu’effectivement, elle se sentait en sécurité quand il l’enlaçait. A vrai dire, sa simple présence la rassurait. Quand il était présent, elle se sentait invincible, même cela devait être pour être invincible de bêtise. Elle sauta sur ses pieds et lui expliqua

- Pour lancer un protego, faut penser très fort à ce que tu ressens dans cette situation où tu es en sécurité. Parce que le soir agit de la même manière. Derrière le bouclier, tu ne risques rien. Peut-être que ça marchera mieux si je te l’explique comme ça !

Spoiler:

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