Kathleen ne m’avait pas dit grand-chose sur Sarah. Elle venait d’une famille de sangs-purs très extrémiste. Elle même était complètement opposée à ces idées. Ça ne me permettait pas de me faire une idée de la profondeur de son opposition, d’autant plus que je trouvais Kathleen souvent bien timorée mais ça suffisait à me donner envie d’en savoir plus, de voir, jusqu’où allait cette révolte qui pouvait entrer en résonance avec la mienne. Je m’étais lancé dans ce genre de combat qu’on ne peut gagner seule et je voulais espérer que l’entrée de Sarah à Poudlard me donnait une alliée précieuse. Je pouvais compter sur Kathleen pour me raconter ce qu’elle savait mais je cherchais autre chose. Je voulais trouver quelqu’un avec qui partager tous mes plans, avec qui échanger pendant des heures sur la stratégie à adopter. Une alliée qui comprendrait mon combat dans son intégralité, à qi je n’aurais rien besoin de cacher. Et je voulais espérer que Sarah puisse être celle-ci. Elle avait répondu à mon invitation et je me trouvais donc dans cette salle du quatrième étage. Je ne savais pas par où commencer, j’avais peur de m’être fait des illusions sur une fille que je ne connaissais même pas. Je tournais en rond dans cette salle quand je la vis entrer.
« Salut Sarah, tu vas bien ? »
Je ne pouvais quand même pas lui demander de but en blanc si elle voulait se battre avec moi contre la moitié des sangs-purs de l’école. C’était trop direct et au fond de moi, j’avais trop peur d’être déçue. Mais d’un autre côté je n’y tenais plus, j’avais déjà placé trop d’espoir dans cette rencontre pour vouloir tourner autour du pot. Mais j’avais une petite appréhension, je ne voulais pas révéler mes plans sans connaître les siens mais j’espérais qu’elle raisonne suffisamment de la même manière que moi pour parvenir à la même conclusion.
« Tu te demandes peut-être de quel point commun je parlais dans ma lettre… Kathleen m’a dit que tu étais contre les idées de ta famille. »
Bon ce n’était quand même pas mon genre d’être subtile et tout surtout sur ce sujet. Et puis là, je ne prenais que le risque d’être déçue de voir que sa réaction ne soit pas à la hauteur de mes attentes. Je disais ce que je savais tout en donnant à mon tour une partie de mes idées, juste assez normalement pour la mettre en confiance mais pas trop, histoire de me donner la possibilité de reculer. Au pire du pire, elle serait contre les nés-moldus même si je ne croyais pas que Kathleen puisse m’avoir menti. Et dans ce cas, je me ferais une ennemie supplémentaire mais elle ne pouvait pas tellement être pire que d’autres.

Sarah semblait curieuse en arrivant et je pouvais le comprendre. Je n’avais pas voulu être particulièrement explicite dans ma lettre, ne tenant pas à lui causer des problèmes s’il venait à tomber dans de mauvaises mains. Je croyais me souvenir qu’une pareille mésaventure était arrivée à Liam et il était hors-de-question de prendre ce genre de risques. Et puis, je ne connaissais Sarah que par ouïe-dire et je préférais m’assurer de ses idées en face plutôt que par écrit. Elle était là, de vant moi, un peu intriguée donc, tout autant que je devais l’être.
« Ca va aussi. »
J’étais si impatiente d’entrer dans le vif du sujet que je ne continuais pas les salutations et lui dis, un peu rapidement sans doute que je savais son opposition aux principes de sa famille. Elle me demanda sur le même ton, quelles étaient mes propres idées, comme une vérification nécessaire que je pris comme telle. Je la priais de dévoiler ses idées, il était normal qu’elle en fasse de même et s’assure de notre concordance dans ce domaine.
« Je suis née-moldue… Et j’en ai plus qu’assez du mépris et de la haine de certains ici. »
Ma condition ne suffisait pas à tout expliquer, il devait y avoir bien des nés-moldus insensible à cette question, ou alors résigné à l’idée qu’on ne puisse rien faire. J’avais donc ajouté une seconde phrase, histoire d’expliciter un peu. Je marquai une pause, cherchant à discerner ses réactions dans l’éclat de ses yeux mais avant que je ne puisse en déduire quoi que ce soit et ajouter des explications en conséquence, elle continuait, disant qu’il était anormal que Kathleen m’en ait parlé. Dans un premier réflexe, je ne compris pas sa réaction. Tout le monde, ou tout ceux qui me le demandais, connaissait mon point de vue sur la question et je ne m’en cachais absolument pas, au contraire. J’avais donc peine à imaginer l’inverse mais je compris assez vite que sa famille pouvait lui poser de gros problèmes si eux-mêmes étaient pro sangs-purs, une question que, de fait, je n’avais jamais eu à me poser.
« Je crois qu’elle me l’a dit parce qu’elle savait que je serais prudente avec cette information. Et peut-être voulait-elle nous inciter à en parler ensemble, en se disant qu’on avait le même point de vue et que ça vaudrait le coup. »
Ou alors Kath était un peu inconsciente mais je ne le dirais pas à voix haute bien que je puisse envisager cette possibilité. Après tout, notre rencontre dans le dortoir n’avait pas été un modèle de prudence bien que je ne puisse la blâmer puisque j’avais fait la même chose avec Maxton – avec d’autres conséquences – en cette rentrée. Je laissais donc Sarah parler un peu plus de comment elle voyait les choses et m’annoncer qu’elle ne ferait rien ouvertement pour l’instant.
« Je peux tout à fait comprendre. Je ne sais pas comment est ta famille, mais autant ne pas prendre de risques. Mais du coup, on peut être assez complémentaire je me dis… Je n’ai pas ce problème de rester cachée mais j’ai sans doute moins d’informations que toi, donc à nous deux, on peut sans doute avoir moyen de faire un truc non ? »