Il ne fallait pas se moquer mais la première fois que Colin avait lu "cours de vol" sur son emploi du temps, il avait d'abord pensé qu'on allait lui apprendre à faire les poches. Vu comme les sorciers se cachaient du reste des honnêtes gens, ça ne l'aurait d'ailleurs pas étonné d'apprendre qu'ils vivaient à leur crochet, soit en détroussant les moldus, soit en se piquant des choses entre eux. Clairement, ces gens avaient une âme de malfrats.

Finalement, ce n'était pas ça, finalement, il était question de voler, c'est à dire de s'élever dans le ciel à dos de... balais. Ok, en soit ce n'était pas plus absurde que le reste, mais ça avait l'air tout de même sacrément dangereux un truc pareil... Depuis les fenêtres du château il avait déjà eu l'occasion de voir des élèves s'entrainer et ces-derniers montaient quand même vachement haut et il n'y avait pas du tout l'air d'y avoir de sécurité, du moins, de ce qu'il pouvait en voir pour le moment.

C'est donc avec une certaine méfiance qu'il rejoint ses petits camarades autour du professeur qui commença les présentations.

Ce dernier ne lui fit pas forte impression. Déjà, parler de plus bel outil d'un sorcier, bon, Colin trouvait ça un peu subjectif et franchement, manquer d'objectivité, c'était mal. En plus, il parlait de choses auxquelles le garçon ne comprenait absolument rien, avec un jargon certainement professionnel tel que "flèche d'Appleby", "attrapeur" ou "quidditch" ce qui le laissait franchement dubitatif. Il aurait bien aimé lui rétorquer qu'il n'aurait pas fait autant le fier si lui-même avait commencé à s'exprimer en jargon de marin mais n'osa pas et préféra regarder ses chaussures en grimaçant.

Il n'était pas non plus complètement d'accord avec l'idée qu'il suffisait d'avoir confiance en soit pour réussir mais c'était surtout de la mauvaise volonté de sa part à concéder quoi que ce soit à ce débile de prof et comme il ne voyait pas du tout comment répondre à sa question, il ne pipa mot cette fois-ci non plus.

Le comble arriva finalement lorsque Lavender leur demanda s'ils avaient déjà eu contact avec un balais, ce à quoi Colin réprima un profond soupire. Ouais c'était peut-être par ça qu'il fallait commencer avant de les abreuver avec son vocabulaire bizarre et ses encouragements déplacés. Est-ce qu'il allait faire la même chose avec quelqu'un qui apprenait à plonger dans l'eau, lui ? "T'inquiète, saute, avec de la volonté tout est possible, au fait tu sais nager ?" non c'était idiot.

Convaincu qu'il allait bien s'emmerder, ou en tout cas rien n'apprendre d'utile, le garçon croisa les bras et regarda ailleurs, espérant secrètement ne pas se faire interroger.

Le cours de vol, où le cours qui enchantait le moins Dmitri, suivi de près par la botanique bien entendu. Le tchèque était de ces quelques sorciers qui détestaient le quidditch et de manière plus générale les balais magiques en raison de ses expériences passées ; loin d’être le plus doué dans la discipline, il avait surtout eu la malchance d’apprendre à voler avec ses frères qui n’avaient pas été tendre avec lui. Depuis, il détestait tout ce qui impliquait un balai ; voire tout ce qui impliquait une trop grande distance entre lui et le sol. Il n’avait pas particulièrement le vertige, mais n’aimait pas pour autant être dans le vide. Ainsi, être forcé d’enfourcher à nouveau un balai magique le rendait malade. Il n’avait quasiment rien mangé le matin même et était plus pâle qu’à l’accoutumé. Il aurait tant aimé pouvoir se faire porter pâle... s’il avait été à l’infirmerie, sans doute aurait-il été assez crédible pour espérer une dispense. Mais il savait que cette excuse ne fonctionnerait pas indéfiniment, il lui fallait donc assumer ce cours, aujourd’hui et toutes les semaines jusqu’à la deuxième année.

Traînant la patte, il rejoignit le terrain de quidditch pour recevoir son cours juste assez tôt pour entendre leur professeur entamer son discours. Posté à côté d’un des balais de l’école, le serdaigle n’avait qu’une envie ; s’asseoir et rester au sol pendant l’intégralité du cours. Mais voyant les autres élèves rester sagement debout, il les imita non sans bouderie. La fille à sa droite arborait une cravate rouge et or ; une gryffondor. À en croire son air pantois, elle ne comprenait pas un traître mot de ce que pouvait raconter leur professeur. À vrai dire, on ne pouvait guère lui reprocher : les mots de l’enseignant pouvaient facilement être du charabia pour qui n’aurait pas reçu une éducation impliquant le quidditch digne de ce nom. Même pour un garçon issu d’une vieille famille de sorciers comme lui, certaines choses lui demeuraient inconnues : il ne connaissait pas le moins du monde les Flèches d’Appleby, n’ayant jamais eu d’intérêt pour les équipes de quidditch, encore moins celles d’Angleterre.

Il n’avait fallu que de quelques phrases pour que Dmitri prenne en aversion son professeur ; quoique, compte tenu de la matière qu’il enseignait, un miracle aurait été nécessaire pour qu’il puisse le trouver sympathique. Néanmoins, l’entendre dire que le balai était le meilleur outils qu’un sorcier puisse avoir lui fit se dresser les cheveux sur la tête. À moins que cet homme n’utilise pas de baguette magique pour ouvrir les portes, attirer ses affaires à lui ou nettoyer ses vêtements rendus crade après un match de quidditch en pleine tempête, il ne pouvait le prendre au sérieux.

Lorsque monsieur Lavender leur demanda qui avait déjà eu l’occasion d’utiliser un balai magique, le tchèque fut tenté de faire l’innocent, prétextant n’avoir jamais touché à cet outil si formidable. Mais il n’eut même pas le temps de prendre une décision que sa voisine avait déjà levé la main. Lui qui avait supposé qu’elle ne soit pas familière avec le vol, il fut très surpris de la voir se manifester. « Monsieur ! Les balais magiques, c’est genre des serpillères spéciales à tête rondes ! » Dmitri dut se mordre l’intérieur des joues pour ne pas éclater de rire. Ça pour une surprise, c’était une bonne surprise ! La jeune gryffondor continua sur sa lancée, n’ayant sans doute pas conscience que son voisin luttait intérieurement pour ne pas l’applaudir, tant il trouvait la distraction bienvenue ; avec un peu de chance, elle leur ferait perdre assez de temps pour qu’ils n’aient pas à toucher aux balais avant au moins trois séances. « Et comment on fait pour voler des trucs avec un balai ? » Cette fois-ci, c’en était trop, il ne put s’empêcher de ricaner. « Tu aurais dû demander à ta tante, je suis sûr qu’elle et ses anges ont de supers techniques. » Il n’avait pas la moindre idée de qui étaient ces anges de la réalité machin-chose, mais il se disait que ça devait être une sorte d’équipe comme les Flèches d’Appleby.