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Le pont des générations
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Message(#) Sujet: Le pont des générations Le pont des générations EmptyJeu 27 Aoû - 9:37

Comme une scène absurde, ils se tiennent à trois sur la plage, entourant un cercle tracé dans le sable. Le bonhomme, l'elfe, et le portrait, derniers vestiges de ce qu'avait été l'illustre branche de la famille van Aken en Grande Bretagne, réduite aujourd'hui à un vieillard appuyé sur sa canne, un elfe agité et vêtu d'un rideau porté en toge et enfin, le grand tableau de Patricia Willibrod van Aken, peint à taille humaine et qui si ce n'était les bords du cadre et le paysage champêtre derrière elle aurait donné l'impression qu'un deuxième être humain se tenait là.

- Mon ami, vous êtes tout décoiffé, et votre foulard est de travers. Frimord, occupe-t-en.

- C'est le vent, ma douce, c'est le vent.

Alors que l'elfe s'était hissé sur la pointe des pieds pour réajuster le col de son maître, ce dernier semblait ailleurs. Il avait passé la mâtiné entière à suivre les préparations de Patricia pour l'arrivée de son neveu mais n'avait presque pas dit un mot. Assis dans son grand fauteuil de cuir, un vin deux fois centenaire dans le creux de la main, il semblait absent, désinvesti.

- J'espère que vous saurez vous montrer un peu plus aimable avec le petit Dmitri, van Aken. Je vous trouve un peu abattu ces derniers jours et ce n'est pas le moment du. tout. Cet enfant a besoin d'une éducation solide, je n'ai pas besoin de vous rappeler ce que nous a expliqué Arthus, et je n'ai aucune envie d'accueillir une espèce de petit diable adorateur de moldu à la maison s'il n'est pas capable de se tenir, fut-il de votre sang.

Van Aken fronça les sourcils. Ce que lui avait décrit son frère de la situation à Prague était en effet préoccupant. Il n'était pas rare - surtout à leur époque - que de jeunes sang-purs fassent défection de leurs devoirs. Les tentations étaient nombreuses et à Poudlard, il devait mener la chasse constante aux plus indisciplinés, pourtant fils et filles de bonnes familles, qui s'écartaient du droit chemin pour répondre à quelque mode, quelque esprit de groupe qui les avilissait.

Bien que les van Aken eux-mêmes n'aient pas été exempts de ce genre de moutons noirs, qu'on lui envoie le dernier fils de la branche tchèque dénotait indiscutablement du sérieux de la situation. Pour autant et malgré les réticences de Patricia, il ne parvenait pas complètement à voir cette arrivée d'un nouveau membre de la famille au Manoir, après tout ce temps, et jeune qui plus est, comme un simple passage, le temps d'être remis dans le droit chemin, comme on enverrait son enfant dans un centre de correction.

Arthus ne l'avait pas explicitement dit mais l'art de la peinture vivante semblait quelque peu perdu de son côté de la famille et il comptait sur lui pour transmettre certains savoirs à Dmitri. Alexander soupçonnait également une part d'intérêt pour l'héritage britannique de la famille et surtout l'immense collection de peintures du Manoir qui risquait d'éclater à sa mort, pire d'être revendue si on n'y prenait pas gare. Les van Aken avait toujours cherché à garder le plus intact possible leur héritage sous forme de tableaux vivants remontants à des siècles d'histoire et il était impensable que faute d'héritier ces possessions soient divisées entre plusieurs personnes.

Pire, que le temps de la succession, les autorités britanniques et le bureau des auror puisse mettre son nez dans la demeure familiale. Voila qui serait... problématique.

Pour ces raisons, van Aken avait consenti à accueillir le petit Dmitri. C'était la voie de la raison qui dictait cela et il n'était pas assez sénile pour voir qu'il était plus que temps d'envisager avec sérieux un passage de flambeau. Pour autant, alors que la date d'arrivée du garçon se rapprochait, le vieil homme s'était progressivement senti envahi d'un sentiment nouveau et plus intime, dont il n'avait pas encore fait part à sa femme.

Ce n'était pas tant la peur de voir ses petites habitudes bouleversées par la venue d'un nouveau membre dans la famille, mais comme si le poids de la responsabilité de cet enfant s'était soudain plus concrètement fait sentir. Van Aken avait passé une année entière à surveiller et tenter de discipliner les rejetons des plus anciennes et nobles familles anglaises à Poudlard mais ce Dmitri... c'était son sang. Sa mission prenait une dimension nouvelle, d'autant plus qu'Arthus et son fils, Maxmilian, concédait à demi-mot avoir eux-même échoué dans son éducation.

L'espace d'un instant, van Aken avait senti que la survie de sa lignée et de ses traditions pouvait toute entière dépendre de lui, et de cet enfant.

- Les voila mon ami. Mais enfin, vous êtes encore décoiffé !

Le vent des Hébrides ne laissait guère de répits à la chevelure clairsemée du professeur. Devant eux trois, le sable s'était mis à frémir et le temps d'un gargouillement de corps, deux nouvelles personnes se trouvaient avec eux sur la plage.

Patricia sourit - c'était une femme grisonnante, mince, au nez aquilin et aux épaules anguleuses mais qui gardait malgré son air austère une forme de malice froide qui donnait envie de l'avoir dans son camp. Frimord, l'elfe, se tordit les doigts d'anxiété et van Aken s'avança d'un pas, toujours appuyé sur sa canne pour ne pas perdre l'équilibre dans le sable.

- Vítejte Maxmilián. Et toi aussi Dmitri.

Van Aken ne parlait pas tchèque mais il avait eu l'occasion d'en apprendre quelques mots lors de ses ponctuelles visites à sa famille à Prague. Il avait toutefois parlé anglais au jeune garçon qui accompagnait son neveu.

- Il vous ressemble beaucoup Maxmilian ! C'est un plaisir de vous accueillir ici ! assura Patricia.

- En effet, en effet. Vous pardonnerez le mauvais temps, nous aurons de l'orage ce soir, je le crains. Frimord va prendre les affaires de Dmitri. Maxmilian, vous prendrez quelque chose à boire ou vous devez nous quitter tout de suite ?

Le regard du professeur allait de son neveu à son petit neveu comme un balancier. Parcouru d'une étrange métamorphose, à l'instant où le garçon était apparu devant lui, il semblait s'être soudainement ressaisi et même redressé. Certes, ce n'était pas un enfant comme les autres, mais cela ne rendait ses devoirs que plus grands encore et comme toujours, il se montrerait à la hauteur. Quelque en soit le prix.

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Message(#) Sujet: Re: Le pont des générations Le pont des générations EmptyJeu 27 Aoû - 18:54

Dmitri balaya du regard la chambre qu’il partageait, jusqu’aujourd’hui du moins, avec ses frères, vérifiant qu’il n’avait rien oublié d’important. La pièce mansardée, et les colocataires qui l’occupaient, ne lui manquerait pas le moins du monde ; pourtant, il ne pouvait nier qu’une légère pointe tiraillait son cœur. Nostalgie naissante ou anxiété ? Il ne saurait dire. « Dmitri, pressez vous ! Le portoloin va bientôt partir ! » La voix de son père, surgissant depuis l’étage inférieur, le fit sursauter : perdu dans ses pensées, énumérant tout ce qu’il devait emporter avec lui, le jeune homme en avait presque oublié la raison de ces préparatifs. Il rangea sa baguette magique, qu’il avait obtenu quelques jours plus tôt dans l’échoppe pragoise de Gregorovitch, dans la poche avant de son sac, le referma et le jeta sur l’épaule.

Son père n’était déjà plus au deuxième étage ; l’homme l’attendait dans le salon au rez-de-chaussée. La petite pièce avait été spécialement aménagé pour l’occasion : habituellement chargée en bibelots, fauteuils et tables, tout avait été poussé contre les murs afin de laisser de la place au portoloin, la valise de Dmitri trônant juste à côté.

Maxmilian était accompagné de son épouse, de Kryštof et des jumeaux. Les enfants étaient affalés dans les seuls fauteuils qui avaient survécus au réaménagement temporaire de l’habitacle. Si Kryštof était prompt à le charrier, Izidor et Sofia l’ignoraient tout bonnement : ils n’étaient présents pour le départ de leur petit-frère que parce qu’ils n’avaient pas d’excuse pour se trouver ailleurs. Helena, leur mère, vint vers le benjamin, quelque peu fébrile ; elle était dans un état semblable à celui qu’elle avait lorsque l’aînée avait quitté le domicile familial. Sans doute n’était-ce pas simple de voir ses enfants partir du nid pour faire leur vie, mais lorsqu’il s’agissait du plus jeune, alors même qu’il n’avait même pas encore mué, l’appréhension devait être colossale. « Laissez votre sac à dos ici Dmitri, je l’enverrai avec le reste des affaires après le départ du portoloin. Il est inutile de se charger pour rien. » Comme à son habitude, elle lui parlait en tchèque. Maxmilian leva les yeux au ciel, exaspéré : depuis plusieurs semaines, il s’évertuait à parler en anglais à son fils afin de l’y accoutumer, car même si Dmitri était parfaitement bilingue, les habitudes étant parfois tenances il avait trop souvent le réflexe de répondre en tchèque. « Le portoloin part dans cinq minutes. » Le père de famille désigna une lampe à huile posée sur un guéridon. Dans quelques instants, il sera donc dans un autre pays... jusque-là, le garçon n’avait pas véritablement réalisé le chamboulement qu’occasionnerait son départ, mais maintenant que tout se concrétisait, il commençait à en prendre conscience. Masquant son anxiété en faignant de se recoiffer, geste par ailleurs tout à faire inutile, il s’approcha finalement de l’objet ensorcelé. « Tachez d’être poli avec votre grand-oncle Dmitri, je n’ai pas envie d’entendre dire que mon fils est mal élevé ! somma Helena en guise d’au revoir. Et donnez-nous des nouvelles, mes parents ne vous ont pas offert ce hibou pour rien. » Le garçon hocha la tête plus pour faire plaisir à sa mère que par réel assentiment. Il n’accorda à sa sœur et ses frères qu’un bref salut de la tête ; à l’encontre de Kryštof, le geste relevait d’ailleurs plus de la grimace moqueuse que de réels adieux.

« Dans une minute ! » Les yeux rivés sur sa montre, Maxmilian fit signe à son fils de se saisir de la lampe à huile et, quelques secondes plus tard, la magie fit son office. Attiré vers l’objet, Dmitri sentit ses pieds quitter le sol. Tout autour de lui, le paysage se fit flou, indistinct. Seul son père restait nettement visible. Au bout d’un instant, sa vision se stabilisa peu à peu : le petit salon de la maison familial laissait désormais place à une étendue de sable et l’agréable température ne semblait plus qu’un lointain souvenir, balayé par un vent marin bien moins accueillant.

Dmitri ne fit pas immédiatement attention au comité d’accueil ; passablement irrité par le transport et surtout par le blizzard écossais, il glissa ses doigts dans sa chevelure, tentant vainement de remettre sa mèche bien en place. « Vítejte Maxmilián. Et toi aussi Dmitri. » À l’énoncé de son nom, l’intéressé abandonna toute idée d’être bien coiffé. L’homme qui venait de parler semblait d’ailleurs du même avis : la météo ne laissait de répit à personne. Sauf peut-être à la seconde personne présente, ou ce qu’il en restait : son tableau. Le garçon ne put réprimer un sourire amusé en voyant que son grand-oncle avait fait venir un si grand tableau jusque sur la plage ; l’emportait-il partout avec lui comme les autres leur baguette, ou était-ce simplement pour donner l’illusion d’un accueil familial ? « Merci. » répondit-il machinalement au mot d’accueil de son grand-oncle. Vraisemblablement, Dmitri était le seul à trouver la présence de la peinture étrange, car son père ne parut nullement surpris : « Le plaisir est partagé Patricia, voilà bien longtemps que je n’ai pas eu l’occasion de venir en Écosse. Mon épouse me charge de vous transmettre ses hommages, elle est désolée de ne pouvoir venir en personne vous saluer, elle a dû rester avec les autres enfants. » La femme du tableau se nommait donc Patricia. Son père l’avait-il connu de son vivant ? Il ne parvenait à se remémorer tout ce qu’on lui avait dit sur Alexander van Aken... l’homme n’avait pas de progéniture, mais avait-il été marié ?

« Vous pardonnerez le mauvais temps, nous aurons de l'orage ce soir, je le crains. » Le temps catastrophique n’était donc pas totalement une constante du pays. « Frimord va prendre les affaires de Dmitri. » Le garçon retint un sursaut de surprise en apercevant l’elfe de maison : il n’avait pas fait attention au petit être, trop occupé à observer son grand-oncle et le tableau qui l’accompagnait. L’elfe ne semblait plus de la dernière jeunesse ; sans doute travaillait-il pour les van Aken depuis des temps immémoriaux, aux yeux d’un enfant de onze ans tout du moins. Obéissant, Frimord se précipita vers la valise de Dmitri, qui était apparue quelques instants plus tôt, envoyée par sa mère comme elle l’avait promis. « Je vais garder le sac avec moi ! » fit-il en s’en saisissant, avant que l’elfe ne l’emporte. Il ne souhaitait pas se séparer de sa baguette, bien qu’elle ne lui soit pas d’une grande utilisé en ces lieux. Comme souvent chez les graines de sorcier, l’obtention de la baguette était une étape importante et Dmitri avait été particulièrement excité à l’idée d’avoir enfin la sienne. Il aimait l’avoir sur lui, sans doute par mimétisme des adultes qui ne s’en séparaient jamais.

« Maxmilian, vous prendrez quelque chose à boire ou vous devez nous quitter tout de suite ? » Regardant son paternel avec espoir, il fut bien vite déçu lorsque celui-ci répondit, l’air contrit : « Malheureusement, je ne puis profiter de votre hospitalité plus longtemps, je dois me rendre au ministère sans tarder. » Son père le laissait donc seul avec un parfait inconnu, ou presque, qui se baladait sur la plage avec un tableau. Charmant. S’il espérait que le laisser ainsi à la merci de son grand-oncle suffirait à l’intimider assez pour qu’il rentre dans le rang, il se fourvoyait. « Je ne sais comment vous remercier assez d’accueillir Dmitri chez vous. J’espère que tout se passera pour le mieux... n’est-ce pas Dmitri ? » fit Maxmilian en scrutant son fils d’un regard appuyé. « Bien sûr ! » répondit-il du tac au tac, sans véritablement se rendre compte qu’il avait parlé en tchèque. Son père le foudroya du regard. « Il n’y a pas de raison que ça se passe mal. » reprit-il cette fois-ci dans la langue de Shakespeare, non sans une pointe de défi dans la voix. À présent qu’il avait devant lui l’homme qui était désormais son tuteur, Dmitri eut l’intuition que celui-ci n’avait pas dans l’idée de le laisser se la couler douce...


Dernière édition par Dmitri D. van Aken le Dim 6 Sep - 10:26, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: Le pont des générations Le pont des générations EmptyJeu 27 Aoû - 20:26

Alors que sa femme échangeait quelques politesses avec Maxmilian, Alexander ne parvenait que difficilement à trouver de l'intérêt à la conversation. Patricia avait toujours été un peu plus mondaine que lui - trait de femme, de son avis - et c'était d'autant plus vrai depuis qu'il l'avait figé dans la toile, rayonnante d'esprit et d'assurance à l'âge de soixante-cinq ans. Lui, malheureusement, n'avait pu encore goûter au privilège de l'immortalité et constatait parfois avec amertume une certaine déchéance de ses attributs d'esprit : sa mémoire, et son attention.

A sa décharge, le garçon qu'il avait désormais sous les yeux était de son point de vue bien plus intéressant que tout le reste, dans ses réactions et réticences, van Aken y voyait avec un certain étonnement le portrait de son frère, au même âge, au prix sans doute quelques retouches de circonstances à ses souvenirs de l'époque. Il lui semblait que ce petit Dmitri était en bien des façons fort semblable à Arthus et cette vision le ramena des décennies en arrière, quand il jouait sur cette même plage avec son petit frère. Il était jeune alors et avait une vie entière devant lui...

Il s'entendit machinalement demander à son neveu si ce dernier souhaitait prendre une collation mais ce dernier déclina et ce n'était pas plus mal en soit. A vrai dire, beaucoup de choses avaient déjà été dites, ce rendez-vous n'était que le point final d'une longue affaire qui trouvait à présent sa conclusion. Revenir sur tout cela, commenter, rappeler, aurait été superflu. Il hocha la tête sans rien ajouter, donc, et une fois de plus son regard se déporta machinalement vers le petit Dmitri.

- Bien entendu Maxmilian, les responsabilités avant tout n'est-ce pas ? Vous saluerez Helena pour nous ?

Comme pour se raccrocher à la conversation ou reprendre ses esprits, le professeur hocha la tête.

- Oh, il y a toujours des raisons pour que les choses se passent mal...

Certainement que ce n'était pas vraiment la réponse appropriée et croisant le regard mi-interrogateur mi-agacé de sa femme, il toussa et reprit.

- Mais nous travaillerons à les contrecarrer, bien sûr.

Maxmilian eut un sourire poli, Patricia également et quelques dernières salutations passées, le Tchèque transplana finalement hors des Hébrides. A l'instant où il eut disparu, trois paires d'yeux se posèrent simultanément sur Dmitri.

- Eh bien jeune homme, je pense qu'il faut vous souhaiter officiellement la bienvenue au Manoir van Aken. Je vais m'assurer que tout est prêt à l'intérieur, Frimord ? Patricia avait parlé d'un ton doux mais sans chaleur, qui ne laissait guère savoir si elle faisait preuve de politesse ou de tolérance.

Le vieil Elfe hocha la tête avec déférence, et attrapant un des coins du tableau de la vieille femme, disparu à son tour. Cette fois, ils n'étaient donc plus que deux. C'était une situation quelque peu étrange, pour la première fois de sa vie, van Aken se trouvait dans une position qui n'exigeait pas uniquement de lui d'incarner l'autorité et la discipline. Pour la première fois de sa vie, il semblait réaliser qu'il allait devoir faire preuve d'une subtilité de caractère dont il n'avait jusque là jamais seulement envisagé l'existence. S'imposant à lui, cette idée le laissait quelque peu dubitatif.

Alors, à nouveau, il hocha la tête et tirant sa canne, zébra le cercle de sable qu'ils avaient tracé pour recevoir le portoloin.

- Notre Manoir, Dmitri, est l'un des lieux les mieux protégé de Grande Bretagne. Peut-être du monde, même. Sans certaines autorisations, il vous aurait été impossible d'apparaitre ici.

Il jeta un regard au garçon pour voir si ce dernier suivait et reprit.

- Bien sûr, tu n'es pas en âge de transplaner mais je t'enseignerai à l'occasion les formules qui permettent d'abaisser les brèches des défenses de l'île. Cela afin de te montrer que nous te faisons confiance et que le domaine n'a pas pour but de te retenir ici.

Ancien juge, pour van Aken, le monde se résumait en deux sortes de lieux : la prison ou la civilisation. Son Manoir, il l'assumait, se trouvait quelque part entre les deux et il aurait été aisé d'en fermer tout accès, dans un sens comme dans l'autre. Aussi avait-il cru bon de préciser à Dmitri que telle n'était pas son attention, quand bien même cette idée n'ait jamais effleuré l'esprit du garçon.

- Nous allons rentrer, à présent. N'oublie pas ton sac.

Comme sa femme, il parlait toujours d'un ton calme mais qui n'exprimait aucune chaleur. Loin d'être monocorde, on sentait au contraire quelque chose de lointainement bouillant quand il s'exprimait, comme on aurait posé un bouchon de politesse sur une bouteille, ou sur un volcan.

D'un pas lent, il commença à remonter la plage vers un sentier qui remontait la falaise et les menait aux jardins.

- J'espère que tu te plairas ici. C'est un lieu un peu austère pour un petit garçon mais il y a de quoi s'occuper et tu t'en rendras vite compte, on ne s'y sent pas seul. Bien sûr, et la vie est ainsi faite, il y aura quelques règles à suivre...

Bien que lent, van Aken tenait un rythme soutenu et ne semblait pas s’essouffler. Les potions qu'il buvait jour et nuit pour préserver sa santé n'y étaient pas pour rien, bien entendu, mais surtout à mesure qu'il parlait, il semblait progressivement reprendre la main sur la situation et éloigner le trouble qui l'avait au départ saisi. Il était maître des lieux et il n'appartenait qu'à lui de souffler le chaud et le froid en son domaine, qu'avait-il donc à se sentir ainsi démuni devant un simple gamin ?

- Nous te demanderons de ne pas courir à l'intérieur, principalement pour ne pas risquer d'abimer un tableau. Ensuite et dans un premier temps, j'aimerai que tu nous demande la permission à moi ou Patricia avant d'entrer dans certaines pièces dont la porte est fermée. Je serai ravi de t'en montrer le contenu... en temps voulu.

Son regard se fit un instant plus insistant et il reprit.

- Également, tu seras prié d'éviter le tchèque que je ne maîtrise pas ce qui serait donc fort impoli, tout du moins jusqu'à ce que tu perdes un peu ton accent. Si tu as la passion des langues, sache que Patricia parle couramment néerlandais mais je suis certain que tu trouveras des ancêtres capables de t’enseigner à peu près n'importe que dialecte de ton choix.

Il énumérait ainsi les commandements quand il se figea soudain, soucieux, comme prenant conscience d'une règle fondamentale qu'il avait failli omettre d'énoncer.

- Ah, et, n'écoute rien de ce que pourra te dire Tobias van Aken, mon grand oncle. C'est un farfelu. As-tu des questions jusque là ?
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Message(#) Sujet: Re: Le pont des générations Le pont des générations EmptyVen 28 Aoû - 14:41

Dmitri restait en retrait, préférant laisser les adultes discuter entre eux, en une habitude tenace issue de ces interminables soirées où se retrouvaient les sorciers les plus respectables. En onze ans de vie, il avait eu le temps de s’habituer à ces mondanités où les enfants, lorsqu’ils étaient le centre d’intérêt, ne l’étaient que pour servir de faire valoir à leurs parents et où l’on attendait d’eux qu’ils soient sages et discrets le reste du temps. Mais avait-il déjà été digne des attentes de ses géniteurs durant ces réceptions ? Sans doute était-il mal placé pour en juger, pourtant il était persuadé d’avoir su se montrer respectable pendant la majeure partie d’entre elles, en apparence tout du moins. Il était de ces enfants assez futé pour comprendre que certaines bêtises se devaient d’être faites dans l’intimité des relations les plus étroites et qu’il était parfois préférable d’user de faux-semblants pour mieux duper l’adulte.

Si dans son ignorance, il avait pu imaginer l’espace d’un instant attaquer de front son grand-oncle, il sut très vite que ce ne serait pas une approche très habile ; au-delà de l’évidence même de la différence d’âge, qui octroyait sans nul doute l’avantage de l’expérience, il émanait d’Alexander van Aken une aura que Dmitri ne saurait totalement qualifier... cette impression ne contribuait pas à le mettre totalement en confiance et il était, par conséquent, sur la défensive.

En d’autres circonstances, le garçon se serait sans doute offusqué plus ouvertement de la contradiction apportée par son grand-oncle. Contradiction qui, dans un esprit un tantinet paranoïaque, pourrait même sonner comme une menace. Mais il ne releva pas, fronçant légèrement les sourcils en une mimique quelque peu irritée.

Quelques instants plus tard, après un dernier échange de politesses avec la maîtresse des lieux et un regard lourd de sens destiné à son fils, Maxmilian van Aken prit congé et transplana. Il ne fallut pas attendre bien plus longtemps avant que l’elfe de maison ne fasse de même, disparaissant dans un « crac » sonore avec la valise et le tableau de Patricia. Dmitri était désormais seul avec le doyen des van Aken : était-ce une bonne chose, ou au contraire devait-il se méfier ? Il ne saurait réellement dire s’il trouvait la présence du tableau rassurante ou, au contraire, oppressante... les mondanités dont faisait preuve son occupante semblaient cacher une relation plus complexe entre la peinture et son propriétaire. Mais y avait-il au moins une chose de limpide en ces lieux ? Comme une réponse à ses questionnements, son grand-oncle tacha de lui démontrer que rien ici n’était simple. « Cela afin de te montrer que nous te faisons confiance et que le domaine n'a pas pour but de te retenir ici. » Si les explications du vieil homme avait pour but de le rassurer ou de le mettre en confiance, il fallait avouer que ce n’était pas réellement une réussite. Jusqu’ici, Dmitri s’était imaginé vivre avec, dans le pire des cas, une version solitaire de son grand-père et peut-être était-ce le cas... mais chez son grand-père, il avait au moins la certitude qu’une fois la porte ouverte, il était accueilli par l’immensité - toute relative - de Prague. Mais autour de lui, il n’y avait rien d’autre que la mer et les rochers. « Peut-être devriez-vous le dire à mon père... je ne serais pas surpris qu’il espère me voir croupir ici jusqu’à ce que les gens oublient qu’il a un septième enfant. » Cette remarque déclamée d’un ton quelque peu amer venait du cœur et non de l’esprit. On lui avait toujours intimé l’ordre de réfléchir avant de parler, et il suivait en général ce conseil... mais l’adolescence prenant peu à peu le pas sur la raison, il n’avait pu s’empêcher ce sarcasme qui révélait la complexité de leurs relations père-fils.

Ils quittèrent finalement la plage pour entrer au cœur de l’île, Dmitri calquant son rythme sur celui de son aîné. Alors qu’ils marchaient, ce dernier reprit la parole, lui souhaitant de se plaire en ces lieux. Un lieu austère pour un petit garçon qu’il disait... « Je ne suis plus un petit garçon. » rétorqua-t-il, légèrement bougon. La remarque était sans doute bien puérile, mais comme beaucoup de jeunes de son âge, il avait besoin de le dire, comme si le simple fait de signaler qu’il avait grandi suffisait à en faire une réalité.

Bien vite, son grand-oncle aborda un sujet qui ne plaisait guère au garnement qu’il était, mais qu’il ne fut pas particulièrement surpris d’entendre ; les règles à suivre. Au-delà de l’interdiction, pour le moins convenue, de courir à l’intérieur, une des instructions de son aïeul attira plus particulièrement son attention. L’accès à certaines pièces lui était prohibé ; cette requête n’avait en soit rien d’étonnant, après tout son père refusait également qu’il entre dans son bureau en son absence et jamais il ne lui serait venu à l’idée de pénétrer dans la chambre de ses parents. Mais l’allusion au contenu de ces pièces était bien plus surprenante et eut tôt fait d’éveiller chez Dmitri une curiosité un peu coupable. « Ah, et, n'écoute rien de ce que pourra te dire Tobias van Aken, mon grand oncle. C'est un farfelu. » Alexander van Aken s’était arrêté en disant ça, surprenant le garçon qui ne s’y attendait pas. Tiens donc, un grand-oncle dont il fallait se méfier... était-ce de famille ?

« As-tu des questions jusque là ? » Dmitri hésita quelques instants. En apprenant son départ, il n’avait vu que le bon côté des choses ; il était désormais débarrassé de ses frères et de la pression que son père et son grand-père s’évertuaient à lui faire peser sur les épaules, sans compter qu’il irait dans une école plus ouverte que Durmstrang... mais il n’avait pas envisagé, jusqu’à très récemment, quelles en étaient les contreparties. Finalement, il se décida donc à aborder le sujet de but en blanc, préférant le faire alors qu’il n’était pas scruté par les yeux réprobateurs de Patricia, ou de tout autre tableau occupé par un membre de la famille mort depuis des décennies. « Oui... qu’est-ce que mon père et mon grand-père vous ont dit sur moi ? » Pour une fois, ni détour, ni faux-semblants. Il était curieux de savoir jusqu’où ils avaient pu aller dans les révélations... ou même comment ils le considéraient réellement.


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Message(#) Sujet: Re: Le pont des générations Le pont des générations EmptyVen 28 Aoû - 18:03

Depuis la nuit des temps, les vieilles familles de sorciers appliquaient vis-à-vis de leurs enfants une stricte politique d'éducation. Considérés comme des adultes en formations, ces derniers se devaient, pendant leur jeunesse, de s'approprier avec sérieux et sans se plaindre une foule d'enseignements destinés à les préparer à leurs responsabilités futures. Il n'y avait ainsi guère de place pour des considérations telles que le bien être ou la motivation, tout manquement aux devoirs ou difficultés dans l'apprentissage étant systématiquement mis sur le compte d'un caractère paresseux ou rebelle.

Telle avait été l'éducation d'Alexander van Aken et, hermétique aux révolutions pédagogiques qui germaient bien souvent dans le monde moldu avant de lentement infuser dans celui des sorciers, il considérait que son rôle était avant tout et principalement de transmettre des savoirs et de mater les réticences à ces derniers. Ainsi lorsqu'il évoqua sur le ton de la conversation les défenses du Manoir et la possibilité bientôt offerte à Dmitri d'apprendre à les abaisser, il s'attendait sincèrement à ce que le gamin montre une certaine reconnaissance. Après tout, il aurait tout aussi bien pu lui annoncer que la majeure partie de ses vacances serait consacrée à l'apprentissage de la chronologie des préparations en chaudron dans la bibliothèque ce qui, malgré le goût du professeur pour les potions, était de son avis moins excitant que de découvrir des sortilèges de défense.

Or, loin de manifester de l'enthousiasme ou même de la gratitude pour le programme qui lui était proposé, le garçon bougonna quelque chose à propos de son père. Maxmilian n'avait pas menti, entre lui et son fils, le torchon brulait. Van Aken haussa un sourcil.

- Ta métaphore est malheureuse, jeune homme. L'eau croupie est souvent bien plus riche de vie que l'eau claire. Au demeurant, il se pourrait qu'ici plutôt qu'à Prague, tu deviennes le plus illustre de tes frères, et ton père en a conscience. Sache te montrer reconnaissant de la chance qu'il t'offre. Allons.

Il désigna le sentier qui menait au cœur de l'île avec sa canne et s'y engageant, commença à discourir sur les règles de vie qui s'appliquaient dans le domaine.

Ce chemin, van Aken l'avait parcouru un nombre incalculable de fois. Depuis qu'il avait su marcher, presque, il était descendu à la plage avec ses cousins puis son frère. Il avait joué là pendant son adolescence et c'était ici qu'il avait courtisé Patricia, dans le temps. Pour chaque grand moment de son existence, il pouvait associer une image sur ce sentier mais aujourd'hui, plus que des souvenirs visuels, il ne pouvait se faire à l'idée qu'un jour il avait pu gravir ce chemin sans avoir mal aux genoux.

A côté de lui, plus fringant, Dmitri avait calé son pas sur le sien afin de soutenir la conversation. Cette dernière prenant plus une tournure de monologue jusqu'à ce que le professeur lui demande s'il avait des questions.

Le jeune homme sembla hésiter. Il était naturel à son âge de faire preuve de timidité ou du moins d'être intimidé dans un lieu que l'on ne connaissait pas mais du peu qu'il en avait vu, le professeur doutait que Dmitri soit bien le genre de caractère à s’embarrasser de ce genre d'angoisses. De fait, il ne revint pas sur les règles précédentes, signifiant - il l'espérait - implicitement qu'elles avaient été comprises et préféra l'interroger sur ce que son père et son grand-père avait pu dire de lui.

Alexander leva de nouveau un sourcil, curieux, et s'arrêta.

- Est-ce un motif de préoccupations ?

Arthus et Maxmilian, pour dire vrai, lui avaient dit bien des choses. D'ailleurs, sans un tel exposé, le vieux mage n'aurait peut-être pas consenti si aisément à accepter chez lui un inconnu si jeune, fut-il de son sang. Le portrait qu'on lui avait dressé de Dmitri, pourtant, n'était guère reluisant. Enfant turbulent, indiscipliné, chahuteur et provocateur, avec une appétence particulièrement malsaine pour le monde moldu... autant de motifs d'inquiétudes qui paradoxalement, avait décidé Alexander à ouvrir les portes de son Manoir à son petit neveu.

Depuis plus d'un an, maintenant, depuis qu'il avait achevé le portrait de sa femme en vérité, il avait sur son conseil endossé la charge de remettre dans le droit chemin les enfants perdus de la société sorcière. Cette tâche, il l'avait accompli sans hésitations pendant sa première année d'enseignement à Poudlard, avec la même détermination que du temps au magenmagot lorsqu'il devait traquer les criminels et racailles de ce monde. Il purifierait cette société de son pus, par la loi ou par l'éducation, cela ne faisait guère de différence. Aussi, comment aurait-il pu refuser cet exercice au sein de sa propre lignée ?

Il fallait rééduquer le caractère déraisonnable du jeune Dmitri, quitte à le tordre.

- Ce que l'on dit de toi, Dmitri, ne doit pas être en mesure de t'affecter. L'opinion qu'ont les autres de nous est une arme que nous exerçons sur eux, toujours, maîtrise ton image et tu détiendras un pouvoir tout aussi grand que celui des plus puissants mages de ce millénaire.

A présent, il fixait le garçon avec attention, curieux de percer à jour ses sentiments.

- Si ton père t'a envoyé chez moi, c'est précisément car par ton indiscipline tu t'enfermes sottement dans une certaine image. Celle d'un petit garçon.

Il avait insisté sur le terme car c'était précisément celui qui avait fait tiquer Dmitri quelques minutes plus tôt, bien qu'alors Alexander n'ait pas relevé sa remarque.

- Un petit garçon qui s'agite et se disperse par immaturité et manque de stratégie.

Et levant sa canne, il donna un petit coup dans le sac que le garçon avait gardé sur son dos.

- D'ici quelques semaines, tu entreras à Poudlard où je serai ton professeur mais avant tout je reste ton grand-oncle et j'ai à cœur la réussite du sorcier que tu seras amené à devenir. Si tu as de la jugeotte, tu mettras de côté tes sauts d'humeurs et tu embrasseras la grandeur, les autres chemins ne mènent qu'à la médiocrité, je le crains.


Dernière édition par Professeur A. van Aken le Sam 29 Aoû - 16:55, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: Le pont des générations Le pont des générations EmptySam 29 Aoû - 16:51

Le propre des adolescents est de ne pas savoir écouter et, bien souvent, persuadé d’en savoir toujours plus que leurs aînés, ils restent résolument campés sur leurs positions. Dmitri ne faisait pas exception à la règle ; sa nature conflictuelle le poussait à contester l’argumentaire de ses aïeux, et celui de son grand-oncle peinait à faire exception. Pourtant, ce dernier lui montrait une alternative qui n’avait jusque là jamais effleuré l’esprit du jeune tchèque, trop obnubilé par l’effet jubilatoire que procurait la simple explosion de colère. Son père lui donnait-il vraiment une chance comme il l’affirmait, ou était-ce simplement une marque de chauvinisme de la part du britannique que de penser qu’en Grande-Bretagne, l’avenir de Dmitri était plus prometteur ?

Ils partirent en direction de la maison alors que le plus jeune continuait de ruminer les dernières paroles de son grand-oncle, écoutant d’une oreille assez distraite les règles que lui énonçaient le maître des lieux. Finalement, le moment vint où il posa la question qui le taraudait depuis quelques temps déjà. « Est-ce un motif de préoccupations ? » L’était-ce ? Dmitri aimerait pouvoir dire qu’il n’avait cure de ce que pensait son père, qu’il n’avait que peu de considération pour les aspirations de son père vis-à-vis de ses enfants, mais il savait au fond de lui que ce n’était pas si simple. Sans doute était-ce cette préoccupation qui était à l’origine du conflit qui régnait entre eux ; dans une famille comme la leur, il pouvait être difficile d’avoir voix au chapitre, a fortiori pour le benjamin. « Peut-être... » Il avait du mal à discerner les limites entre préoccupations et orgueil ; quelque part, il aimerait savoir qu’il n’était pas juste un enfant de plus dans cette famille bien nombreuse, que parmi la vingtaine de petits-enfants, il n’était pas qu’un nom et un visage tout juste distinguable et qu’il avait quelque chose de plus. Il opta finalement pour la seconde option. « Je suis curieux de savoir ce qui me distingue à leurs yeux de mes frères ou de mes cousins. » Après une légère pause, il poursuivit, réfléchissant à haute voix : « Vous ne pouvez pas savoir ce que sait... vous n’êtes pas le dernier d’une famille nombreuse. Vous n’étiez pas perdu au milieu d’une vingtaine de cousins, si ? » Dmitri eut un doute. Il avait déjà vu l’arbre généalogique de la famille lorsque son grand-père s’évertuait à les instruire sur les plus illustres des van Aken, mais il n’avait jamais été particulièrement attentif lors de ces enseignements ; il était certain que son Arthus et Alexander van Aken était les deux seuls de leur fratrie, mais de là à se souvenir du nombre de cousins et de leur proximité...

Son grand-oncle ne daigna pas immédiatement lui répondre sur le fond, préférant un argumentaire sur le contrôle de soi et l’influence qui en découlait. Ce n’était pas la première fois qu’il entendait ce genre de remarques ; son grand-père était également friand de cette rengaine. Ce désir de maîtriser son image était une des raisons de son départ pour la Grande-Bretagne ; on exfiltrait celui qui risquait de ternir le beau tableau familial que l’on s’efforçait à bâtir. Les van Aken avaient beau être des sang-purs, ils n’en restaient pas moins des étrangers à Prague ; pour s’intégrer, il ne fallait pas montrer de défauts et Dmitri était une faille qui risquait de tout détruire. « Mon grand-père n’a pas su maîtriser son image... et il a fui à Prague pour ne pas affronter cette image désastreuse. » remarqua-t-il, quelque peu provocateur. « C’est sans doute pour ça qu’il m’envoie ici... il s’est déjà exilé pour échapper à la honte, et maintenant il fait exiler son petit-fils pour y échapper une seconde fois. » La promesse de pouvoir devenir plus illustre que ses frères en étant ici ne quittait pourtant pas l’esprit du tchèque.

« Si ton père t'a envoyé chez moi, c'est précisément car par ton indiscipline tu t'enfermes sottement dans une certaine image. Celle d'un petit garçon. Un petit garçon qui s'agite et se disperse par immaturité et manque de stratégie. » Ces paroles étaient rudes pour Dmitri ; sans doute parce qu’il savait qu’elles avaient du vrai. Il n’aimait pas qu’on dise de lui qu’il était un petit garçon, qu’on le sous-estime et qu’on lui rappelle qu’il n’était qu’un enfant... il voulait être plus. Il désirait ardemment prouver qu’il était capable de grandes choses. Grandeur ou médiocrité : pas de demi-mesure avec les van Aken. Lui aussi avait hérité de cette ambition caractéristique des membres de sa famille ; l’ambition de ne pas être comme ses frères, d’être plus qu’eux, plus que son père. À présent qu’il était éloigné d’eux, il avait la possibilité de faire d’autres choses, d’être réellement différent et de ne plus simplement agir en étant mu par un désir d’opposition. Son grand-oncle avait déjà promis de l’instruire... mais il était resté évasif sur la nature de ce qui se cachait sur cette île et, à moins qu’il n’ait un penchant pour les envolées théâtrales, le mystère devait cacher des choses qui n’étaient pas au goût de tous les sorciers. Dmitri n’oubliait pas que son grand-père avait eu certaines accointances avec le plus grand mage noir que ce monde ait porté, il ne serait donc guère surpris que son frère aîné soit également versé dans des formes de magies dont on ne se ventait pas d’être un fin connaisseur. « Je ne veux pas être médiocre. » fit-il, plus pour lui-même que pour son aïeul. Mais mettaient-ils les mêmes choses derrière le mot « grandeur » ? L’aîné n’avait sans doute pas la même définition que lui. « Pour où passe ce chemin qui mène à la grandeur, selon vous ? » C’était une manière un peu maladroite de lui demander quels étaient ses plans, mais Dmitri avait été quelque peu déstabilisé par le tournant qu’avait pris la discussion. « Cette chance dont vous parliez... ce n’est pas d’étudier à Poudlard, vu qu’à peu près toute la famille estime que l’école devient décadente, en partie à cause des nés-moldus. Alors qu’est-ce ? » Que cachait-il ici ? Quelles étaient les aspirations du vieil homme pouvant rejaillir sur lui ?


Dernière édition par Dmitri D. van Aken le Dim 6 Sep - 10:25, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: Le pont des générations Le pont des générations EmptyLun 31 Aoû - 0:30

Malgré les interruptions fréquentes, parfois parce que van Aken ralentissait sur un dénivelé plus rude, parfois parce qu'il prenait le temps de s'arrêter pour souligner une information importante pour Dmitri, les deux arrivèrent bientôt au sommet de la falaise, dévoilant le rocher sur lequel s'étendait le domaine.

En long comme en large, il n'était pas si grand que cela, voisinant peut-être deux kilomètres de chaque, la majeure partie du terrain étant occupée par une herbe sèche et disparate, peinant à pousser arrosée d'eau de mer et dans la terre caillouteuse.

Néanmoins, et l'on ne pouvait y voir que les artifices de la magie, le centre de l'île se révélait rapidement plus luxuriant. Devant eux se dressait le Manoir, vieille bâtisse à deux tourelles et de quatre étages adossé sur sa gauche à une longue aile qui donnait à l'ensemble bâtiment une forme de L. L'intérieur se résumait à une courtine de graviers au milieu de laquelle trônait une fontaine vide où deux lions de pierre, celui de l'Angleterre et celui des Flandres, avaient un jour du déverser de l'eau.

A droite on pouvait apercevoir un morceau de jardin fleuri, où rouillaient des bancs en fer sous de grands pins sylvestres dont la ramure laissait à penser qu'ils n'avaient pas été élagués depuis longtemps. A l'un d'eux pendait une balançoire dont les cordes n'inspiraient pas la confiance.

Enfin, largement dissimulée derrière le Manoir, on pouvait apercevoir l'angle d'une haute haie qui sinuait selon des courbes improbables.

- La labyrinthe est l'un des lieux où je te demanderai de m'attendre avant de t'aventurer seul. Commenta le professeur qui avait du suivre le regard de Dmitri.

Il soupira avec une certaine lassitude et d'un geste de sa canne, désigna le petit jardin où il alla s'asseoir en silence sur l'un des bancs. Lorsque le soleil brillait, les grands pins devaient apporter une ombre bienvenue à ce bout de pelouse entouré de quelques buissons et carrés de tulipes.

On pouvait voir bien des choses dans ce rocher. Autant un formidable terrain de jeu et d'aventure qu'un mouroir mais une chose était sûr, rien ici ne respirait l'activité et la jeunesse. C'était comme si le Manoir avait lentement pris la poussière alors que ses derniers occupants un elfe et un homme, tout aussi vieux l'un que l'autre, y prenaient de moins en moins garde.

Le garçon avait posé beaucoup de questions et van Aken préférait cela au mutisme. Rien de pire qu'une tête de mule, ou pire : un gamin boudeur. Il préférait toujours une interrogation sotte à un silence abrutissant.

- Pour te répondre, dans ma jeunesse nous étions nombreux au Manoir, nous y habitions avec mes deux cousins. Tu ne les as pas connu, tous deux sont morts durant la première guerre.

Ce n'était jamais un souvenir agréable, mais Gregory et Martina avaient été trop impétueux, manquant de stratégie, de retenue. Rien n'aurait pu les sauver d'eux-mêmes.

- Mais en effet, comparé à tes propres cousins et frères et sœurs, c'était peu de choses. Pour autant, j'ai comme toi le poids d'une grande famille sur les épaules, un millier d'ancêtres nous regardent mon garçon.

Il eut lui-même un regard vers le Manoir, comme si les portraits continuaient à l'observer, à travers les murs de pierre.

- Aurais-tu préféré être orphelin pour autant ? Ta famille est ta force, ton sang est ton honneur. Ce qui te distingue du reste de tes frères et soeurs... je pense que c'est de ne pas l'avoir encore compris.

Cela faisait décidément beaucoup de reproches pour une entrée en matière et parce qu'il n'était pas complètement insensible à ces choses là, van Aken sembla s'en rendre compte et précisa sa pensée.

- Ou du moins, tu n'as pas encore eu la chance d'en percevoir les avantages. Le monde sorcier, Dmitri, ne s'est pas bâti en un jour. Il a fallu du temps et des efforts, des alliances et du pragmatisme pour échapper à nos ennemis. On pourrait croire qu'avec le temps nous sommes de plus en plus en sécurité mais ce serait une folie, les moldus progressent, leur technologie étend son emprise sur tout le monde physique et je ne sais encore combien de temps il nous reste avant que l'une de leur machine ne perce nos défenses.

Lentement, il passa sa main dans sa barbe. Quelque part plus loin, de gros nuages d'orage s'amoncelait et le vent se mit à souffler dans le jardin, balayant les aiguilles qui tapissaient le sol.

- Ce qui nous sauve, c'est notre unité. Le pouvoir conjugué de générations et de générations de sorciers, cherchant à se dépasser non pas pour l’orgueil de leur propre succès, mais pour le salut de leurs frères. Car au cœur de cette unité, il y a les liens du sang, l'union des sorciers entre-eux depuis des millénaires, nous liant par la chaire. C'est sur cette alliance que nous prospérons.

Le ton était monté, doucement, non pas comme un reproche mais comme une loi. Van Aken ne débattait pas, ne discutait pas, il énonçait des vérités, faisait la morale et comptait bien que celle-ci se grave profondément dans l'esprit de ceux à qui il s'adressait. Sa voix avait des allures de tison.

- Tu ne veux pas être médiocre, dis-tu ? Mais d'où te viens cette exigence Dmitri ? Cherches-tu un pouvoir égoïste, pour écraser tes frères, ton père ou ton grand-père ? Moi-même peut-être demain ? Bien d'autres ont suivi cette voie, le Seigneur des Ténèbres qui, dans sa folie, a presque décimé notre famille il y a de cela des décennies. C'était un grand sorcier qui a su explorer les limites de la magie en quête de puissance mais qu'a-t-il apporté à notre société sinon la ruine et la guerre ?

Autour d'eux, le vent soufflait à présent de plus en plus fort et le foulard qui enserrait le cou du professeur s'était échappé du col de sa chemise pour venir battre follement contre son visage. Mais van Aken ne semblait pas y faire attention, ni se montrer décidé à rentrer à l'intérieur. Son regard était posé sur le garçon, presque sans le voir, récitant d'une voix rauque comme le juge qu'il avait été annonçait autrefois ses sentences. Implacables. Incontestables.

- Des siècles de savoirs et de traditions pour aboutir à aujourd'hui, Dmitri, à toi qui les recevra en legs, tu bénéficieras des formules les plus abouties de notre ère, du confort et de la protection construit pour toi par deux millénaires de sorcellerie internationale. Et en tant que sa dernière génération, dernier des van Aken, tu dois comprendre ta propre importance et la responsabilité du pouvoir qui t'est accordé.

Il avait parlé d'un ton lourd, presque fatigué comme s'il répétait une rengaine qu'il connaissait bien, comme si chacun de ces mots si importants n'avaient pourtant jamais trouvé leur écho et que depuis des années il se battait sans parvenir à toucher son ennemi. Le juge avait disparu avec son visage fermé et son regard lointain, ne restait plus qu'un vieil homme appuyé sur sa canne, fatigué. D'un geste agacé, il attrapa son foulard et le rentra dans son col.

- Arthus a fuit, c'est vrai, le mot est dur. Nous étions jeunes à l'époque, tu ne sais pas ce que c'était... Pour autant, il a toujours eu à cœur ses devoirs et à Prague vous a offert à ton père, ses frères et toi-même un toit et une chance de venir de grands sorciers à votre tour. Il a préparé l'avenir et en cela, a certainement été plus efficace que je n'ai jamais su l'être... Tu es un van Aken Dmitri, on ne te cache pas ici, nous nous assurons simplement que tu comprennes et trouves la place qui sera la tienne.

Il y eut alors un silence.

- Poudlard... c'est en effet une discussion que nous aurons, mais à un autre moment.

Et il se leva, dans un craquement de genoux, avant de se tourner vers le Manoir. Quelque part en mer, un coup de tonnerre retentit.

- Ici, je te montrerai certaines choses que l'on n'apprend pas à Poudlard. Elles te reviennent de droit, en tant que van Aken et tu verras que la magie prend bien des formes, mais avant, tu devras me montrer que tu prends la mesure de cet héritage. Le chemin qui mène à la grandeur passe d'abord par le fait d'accepter que celle-ci n'a aucun sens si elle n'est pas mise au service du bien commun. Des tiens.
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Message(#) Sujet: Re: Le pont des générations Le pont des générations EmptyLun 31 Aoû - 18:42

Après une lente ascension, qui passa pourtant bien vite grâce à leur discussion, les deux van Aken arrivèrent sur un plateau. Dmitri vit enfin le manoir, trônant au centre. Il avait déjà vu d’imposantes demeures sorcières dans le passé, mais c’était une chose d’en visiter, c’en était une autre de se dire qu’elle était la propriété d’un membre de la famille ; à Prague, les van Aken n’étaient pas les plus riches. Leur maison était bien plus modeste, bien plus petite que celle qu’il avait sous les yeux. « Vous n’êtes pas un peu à l’étroit là-dedans ? » fit-il, sarcastique, en l’imaginant seul en ces lieux.

Si le domaine paraissait immense comparé à la maison qui l’avait vue grandir, il avait cependant un aspect défraichi ; l’espace d’un instant, le garçon se plut à imaginer que l’elfe de maison n’était pas vieux, mais qu’il en avait seulement pris l’aspect pour être assorti au lieu. À sa belle époque, le jardin avait dû être un endroit très agréable pour des enfants ; les vestiges de la balançoire semblaient avoir été installés pour donner l’impression que des rires avaient un jour retenti ici. Plus loin, une haie se détachait étrangement de l’arrière du manoir ; un labyrinthe. Voyant que Dmitri l’observait, son grand-oncle l’intima de ne pas y aller seul. « Pourquoi, vous avez seulement peur que je m’y perde, où vous y avez caché un minotaure, comme les grecs ? » répondit-il d’un ton taquin à l’avertissement du maître des lieux, avant de le suivre vers les bancs. Il prit place sur le banc placé à la perpendiculaire de celui où son aïeul s’était assis ; de là, il voyait mieux le visage de l’homme, percevant mieux ses expressions faciales.

Il était presque étrange d’imaginer Alexander van Aken, jeune, parcourant un domaine qui avait dû être plus luxuriant, en compagnie de son frère et de ses deux cousins. Dmitri n’avait aucun mal à le croire lorsque celui-ci déclarait qu’ils étaient tout deux d’un lourd héritage, celui de tous ceux qui les avaient précédés. Le domaine qu’ils venaient d’arpenter en était une preuve flagrante : combien des leurs avaient foulé ce sol ? Lorsqu’on l’instruisait, le garçon avait non seulement eu le droit à de nombreux cours évoquant les grands sorciers de ce monde, mais également des cours sur ses ancêtres. Son grand-oncle avait dû avoir des sermons similaires, évoquant la grandeur de leur famille... et ici, dans le manoir qui abritait les peintures des van Aken, ils devaient prendre une toute autre ampleur. En ces lieux, l’histoire prenait un caractère plus présent, plus palpable.

Son sang était son honneur ? Les mots étaient dits ; nul doute qu’ils n’avaient pas été choisi au hasard. Il devait savoir que Dmitri contestait la vision familiale sur les sang-purs et les moldus. Qu’il puisse tirer de la force et de l’honneur de ses proches, il n’en doutait pas. Mais quelle force pouvait-il tirer d’un ancêtre mort depuis si longtemps que ses os n’étaient désormais plus que fine poussière ? Le sang n’était-il rien de plus qu’un prétexte pour maintenir des liens trop distendus ? « Mes frères et sœurs ont-ils compris cet honneur que vous ventez, ou ont-ils seulement adhérés à cette vision sans aller plus loin ? Je ne me souviens pas avoir entendu autre chose qu’assentiments irréfléchis sortir de la bouche de Krystof. » Bien qu’il n’ait pas haussé le ton, la voix du garçon gagnait peu à peu en intensité comme mû par la passion qui l’habitait. « Peut-être que par opposition, je cherche la contradiction... mais je ne demande rien de plus que des arguments. Je ne peux me satisfaire d’une simple exhortation à croire ; personne n’a jamais daigné me donner une raison de croire au fait que le sang face une réelle différence. » acheva-t-il comme s’il défiait son interlocuteur.

Il était étrange de l’entendre parler d’unité ; de belles paroles qui sonnaient faux aux oreilles de Dmitri. « Vous parlez d’unité entre les sorciers, mais je ne la vois pas cette unité. Où est l’unité dans le fait de refuser l’instruction à des sorciers sous prétexte que leurs parents n’étaient pas eux-mêmes sorciers ? » Il parlait de la politique d’accueil des étudiants de Durmstrang bien entendu, bien que Poudlard ait connu certaines difficultés dans l’accueil des nés-moldus, récemment encore d’après ce qu’il avait entendu dire. Son grand-père avait suivi l’affaire de loin, gardant toujours un œil sur ce qui se passait en Grande Bretagne. « Où est l’unité lorsque l’on méprise ces mêmes sorciers sous prétexte qu’ils sont jugés moins pures que nous ? N’est-ce pas en rejetant ces sorciers qu’on met en danger notre monde et que l’on court à notre perte ? Si l’on ne garde que les sorciers de sang-pur, nous serons trop peu face aux moldus si un jour leur technologie progresse trop. » Il ne s’était pas attendu à discuter de telles choses si rapidement avec son grand-oncle ; bien trop souvent, on l’avait sommé de se taire sous prétexte qu’il était trop jeune, trop immature pour comprendre certaines choses. On l’ignorait en décrétant qu’il ne cherchait que le conflit et qu’avec le temps, il se lasserait. Mais il ne s’était pas lassé : au contraire, ce dédain avec éveillé en lui de plus grands désirs. Puisqu’on lui refusait jusque là le dialogue sur ces sujets, il s’était décidé à chercher lui-même ses réponses. Le ton de l’homme n’invitait pourtant pas Dmitri à le contester ; il s’agissait d’un cours magistral et non d’une aimable conversation. Mais le jeune tchèque était devenu peu réceptif face à ces tirades. Il avait un côté insolent qui le poussait à rompre ces discours bien rodés, tout particulièrement lorsqu’ils prenaient l’allure de parénèse.

Comme en accord avec l’atmosphère plus tendue qui régnait entre les deux van Aken, le climat se faisait plus rude, chassant les derniers vestiges de beau temps. Le vent semblait presque porter les contestations du plus jeune, l’encourageant à aller plus loin. « Je ne cherche pas à écraser qui que ce soit... j’en ai simplement marre d’être sous-estimé sous prétexte que je suis le plus jeune, ou le moins obéissant. » Il détourna un instant le regard de son grand-oncle, observa la falaise et l’eau qu’il parvenait tout juste à distinguer du ciel grisâtre. « Je ressemble peut-être physiquement à mon père, mais je ne suis pas comme lui et je ne veux pas le devenir. Ce n’est pas ma place... » fit-il en écho aux dernières paroles de son interlocuteur.

« Poudlard... c'est en effet une discussion que nous aurons, mais à un autre moment. » Dmitri ne doutait pas qu’il avait beaucoup de choses à dire de Poudlard, mais une fois de plus, il jugeait préférable de détourner le sujet, sans daigner préciser pourquoi. Les adultes faisaient tout le temps ça et le garçon était lassé de ces promesses de revenir plus tard sur ces non-dits. Il fut tenté un moment de protester, mais son grand-oncle se leva brusquement, le coupant dans son élan. Le garçon ravala ses revendications, se promettant d’y revenir plus tard. Pour l’heure, il laissa l’homme reprendre : de belles paroles, encore une fois. Mais il peinait à le croire ; à l’écouter, le bien commun avait donc ses limites. Il n’était pas si commun que voulait le dire son grand-oncle puisqu’il était destiné à favoriser le milieu auquel ils appartenaient. Mais que dire ? Devait-il objecter à chaque fois qu’il lui énonçait ce qu’il percevait comme une vérité alors même que Dmitri pensait l’exact inverse ? Espérer qu’il puisse discuter tranquillement des sujets qui fâche avec son aïeul et trouver un terrain d’entente était sans doute très naïf. D’un autre côté, les promesses d’instruction qu’il lui faisait étaient alléchante ; la curiosité naturelle du garçon ronronnait à l’idée d’en savoir plus. Mais ces promesses étaient soumises à une condition qui l’effrayait quelque peu : devait-il renoncer à une part de ce qu’il était pour obtenir ce qu’il voulait ? Peut-être qu’en fin de compte, le plus simple était de rentrer dans le rang, de devenir ce garçon docile dont sa famille rêvait. Ou du moins de faire semblant. Pour l’heure, il n’en était pas encore résolu.

Dmitri se leva à son tour. « Je ne suis pas aussi inconséquent que vous le pensez. » Sa voix était ferme : il l’affirmait tant pour son grand-oncle que pour lui, bien décidé à montrer qu’il n’était pas qu’un enfant turbulent et que ses oppositions n’étaient pas que le fruit de futiles caprices.


Dernière édition par Dmitri D. van Aken le Dim 6 Sep - 10:25, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: Le pont des générations Le pont des générations EmptyJeu 3 Sep - 12:41

Maxmilian n’avait pas menti, le garçon semblait avoir un caractère bien trempé. Pour un enfant de onze ans à peine, il avait une surprenante propension au sarcasme. Si van Aken en usait lui-même volontiers avec ses élèves et les gens qu’il considérait comme des inférieurs, il soupait un peu moins qu’on les lui serve. S’il avait laissé passer la remarque sur la taille du Manoir, un bâtiment d’apparence déjà imposant alors même qu’on n’en voyait pourtant pas les sous-sols, il tiqua à la mention du minotaure dans son labyrinthe. C’était tout bonnement ridicule, on ne pouvait domestiquer de tels monstres et les haies servaient surtout d’agrément.

- Ne dis pas de sottises. J’y fais pousser de nombreuses plantes et certaines parties du dédale ont un micro-climat très instable, tu seras gentil de ne pas me le dérégler en cueillant n’importe quoi.

Décidément, le garçon avait besoin d’une petite conversation avant d’entrer véritablement dans la maison. Il fallait s’assurer que ce-dernier prenne toute la mesure de sa nouvelle vie ici, des opportunités qu’elle pourrait lui offrir mais également des conditions auxquelles elle était soumise.

S’il avait vaguement escompté que Dmitri hocherait simplement la tête à son petit discours et en comprendrait immédiatement tous les tenants et aboutissants, van Aken ne put qu’être un peu déçu en constatant que le gamin n’avait rien perdu de sa répartie et de son esprit de contradiction. Si dans certains cas, cela pouvait témoigner d’une certaine vivacité, il n’en était pas moins que le professeur aurait à cet instant préféré plus de docilité. Bien qu’il se soit reprit pendant son quasi monologue en remontant de la plage, il restait par certains aspects incertain vis-à-vis du jeune homme, ne sachant bien s’il convenait avec lui de faire preuve d’une austère sévérité comme il en avait l’habitude avec ses élèves, ou si du fait des liens qui les unissaient et des projets qu’il avait pour son éducation, il devait se montrer plus conciliant.

- Tu veux des arguments ? demanda-t-il. Soit. J’imagine que tu es désormais en âge d’entendre certaines vérités. Contrairement à ce que les idéologues du siècle dernier ont pu prétendre, il n’est pas assuré qu’un sang-pur procure une meilleure maîtrise de la magie.

Ça lui faisait un peu de mal de le reconnaitre, mais il fallait se rendre à l’évidence. Statistiquement il n’avait jamais été prouvé que les fils et filles de bonnes familles fassent preuve d’un plus grand pouvoir, contrairement à ce que s’étaient amusés à prétendre les sang-purs ces derniers siècles.

- En vérité, cette fausse croyance est récente. Du temps du fondateur, Serpentard, il n’a jamais été question d’une supériorité intrinsèque si tu me passes l’expression. Non, le réel pouvoir du sang est ailleurs.

Autour d’eux, le temps était à l’orage, comme un décor de théâtre qui aurait accompagné les aléas de leur discussion. En déchaînant beaucoup de puissance, grâce aux sortilèges gravés dans les roches de l’île, van Aken aurait pu détourner la tempête, les en préserver momentanément. Mais c’était beaucoup d’efforts pour peu de choses et il aimait bien le son de la pluie contre les carreaux, une fois rentré à l’intérieur. C’était un bon moyen de s’y sentir chez soi, en sécurité près du feu.

- Notre supériorité est double, Dmitri. La première tient en effet à notre unité. Au-delà de l’idéal creux qui voudrait que nous acceptions n’importe quel sorcier quelle que soit son origine, c’est justement parce que notre unité est restreinte qu’elle est si forte. A Poudlard, tu rencontreras des cousins à toi, ma filleule aussi, des parents plus ou moins éloignés. Tous là-bas sont liés à toi par le sang, liés et alliés. Bien que certains progressistes essayent aujourd’hui de détricoter cette alliance sous de faux prétextes de vivre-ensemble, c’est bien parce que nous partageons le même patrimoine que nous sommes forts. Travailler à protéger la société, à l’enrichir, c’est renforcer ses frères, ses sœurs ainsi que sa propre descendance, un jour. La communauté des sang-purs est une grande-famille où le succès de chacun fait la puissance de tous. Tu ne chercheras jamais à nuire à la société car t’en prendre à elle c’est t’en prendre aux tiens, à ton foyer.

Il eut un regard éloquent vers le Manoir. S’il pouvait appuyer concrètement ses propos, ce n’était pas plus mal.

- Que dire d’un né-moldu à présent ? Où va son allégeance ? Il n’est lié en rien à ce monde, il a grandit dans un autre, un autre dont les intérêts entrent en contradiction avec les nôtres. Là est la menace, Dmitri, l’alliance qui unit les sang-purs et à moins forte raison les sang-mêlés ne s’applique pas aux né-moldus. Nous ne pouvons les considérer comme amicaux par défaut. Cela ne signifie pas un rejet de principe, mais qu’ils ne doivent subir un traitement à part, jusqu’à faire preuve de leur loyauté. Ou un jour nous subirons la trahison.

Même là encore, pour van Aken le doute subsisterait. Les liens du sang étaient de puissants moteurs de loyauté, c’étaient eux qui assuraient aux vieilles familles de toujours recevoir un soutien des autres en cas de danger. Du moins, en théorie, il aurait été mensonger de dire que l’histoire des sang-purs n’avait été qu’entraide et fraternité, mais c’était tout de même un idéal à suivre.

- Le deuxième pouvoir des sang-purs, Dmitri, est bien plus factuel. Certains secrets, certains savoirs mettent du temps à se développer. Toutes les vieilles lignées ont leur domaine de prédilection ce qui fait de nous les détenteurs de connaissances plus grandes et plus larges que les autres.

Il avait dit tout cela avec plus de douceur. Loin du ton sentencieux qu’il avait adopté un peu auparavant pour critiquer l’inconséquence de son petit-neveu. Fermeté et pédagogie, c’était sur ces deux piliers qu’il fondait ses enseignements et il se sentait désormais la patience de les appliquer avec Dmitri.

Quand le garçon lui répondit finalement en détournant le regard qu’il était las d’être sous-estimé et qu’il ne souhaitait pas devenir comme son père, van Aken hocha la tête. Lui non plus à son âge, ne voulait pas marcher dans les traces familiales. Son propre père avait à l’époque fait tous les mauvais choix possibles et partageait avec son oncle la responsabilité de la presque-ruine de la famille van Aken en Grande-Bretagne. S’il n’avait lui-même été là pour la relever, que resterait-il de leur nom dans ce pays ?

- Et que veux-tu devenir Dmitri, dans ce cas ? demanda le professeur.

Il s’était relevé. L’orage était sur eux désormais et il allait falloir rentrer sous peine de risquer d’être emporté par une bourrasque. Les tempêtes des Hébrides pouvaient être terribles.

- Je ne pense pas que tu sois inconséquent. Simplement que tu as encore beaucoup à apprendre. Dis moi Dmitri, te plairait-il de peindre ?
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Dmitri D. van Aken

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Message(#) Sujet: Re: Le pont des générations Le pont des générations EmptyDim 6 Sep - 16:09

Les petites piques de Dmitri ne semblaient pas parvenir à détendre l’atmosphère... encore qu’il n’en usât pas réellement pour ça, mais nul doute que son grand-oncle n’y voyait pas une heureuse distraction, préférant y répondre sèchement et sans la moindre once d’humour ; le ton était donné.

De son apparente timidité qu’il avait eue en arrivant, ne répondant que sommairement à l’homme qu’il rencontrait tout juste, Dmitri n’avait plus rien. Le jeune tchèque avait pris de l’assurance au fil des minutes et, emporté par les dires de son grand-oncle, qui ne le laissaient guère de marbre, il s’était laissé aller à des contestations. Parfois, il avait l’impression de vivre d’oppositions : rares étaient les moments où il ne se sentait pas pousser des ailes de révolutionnaires en herbe, contredisant tout ce qu’on pouvait lui affirmer. Ces joutes verbales étaient en partie ce qui faisait battre son cœur, comme une forme de drogue excitante dont il ne savait se passer. Face au doyen des van Aken, la tâche était toutefois plus ardue ; bien qu’il n’ait pas l’air d’être de ceux qui se laissent marcher sur les pieds par un enfant, il restait mesuré. Un calme parfois teinté d’une fermeté dans la voix, mais sans pour autant hausser le ton, comme le faisait si souvent son père. Cette réaction le rendait plus imprévisible aux yeux du garçon, qui s’était attendu à être rabroué plus violemment. Il était habitué à se faire sermonner ou à recevoir des coups lorsqu’il dépassait les bornes, et ces moments finissaient toujours par raviver en lui plus de désir de rébellion. Mais son grand-oncle acceptait de répondre à ses attaques, non par le mépris ou la violence, mais par de véritables explications ; Dmitri était désormais désarmé, surpris d’avoir eu des réponses. Celles-ci ne le satisfaisaient pas, mais au moins en avait-il eu.

Il y avait du vrai dans ce qu’il disait, mais le garçon demeurait circonspect : il ne parvenait toutefois pas à mettre parfaitement des mots sur les objections qu’il avait. Il voulait pouvoir objecter que les arguments apportaient ne justifiait en rien le mépris - au mieux - qu’avaient les sangs-purs pour les né-moldus ou que rester entre sang-pur risquait de causer, à terme, leur perte, puisque cela entraînait nécessairement la consanguinité ou l’absence de naissance... mais il doutait de la puissance de ses arguments face au vieil homme, qui avait dû avoir moultes débats sur le sujet. Il critiquait ses frères qui avaient accepté la vision de leurs parents sans broncher, mais n’avait-il pas adhéré à la vision opposée simplement par enfantillage, négligeant de pousser lui-même le raisonnement plus loin ? Une chose était certaine : il était bien décidé à mettre son grand-oncle en difficulté sur ce sujet et reviendrait un jour à la charge, lorsqu’il aura pleinement étudié la question. Borné ? Il l’était indéniablement : c’est ainsi qu’il avançait, usant de l’adversité pour se grandir.

Selon Alexander, les liens familiaux réunissant les sangs-purs étaient leur force et s’en prendre à la société, c’était s’en prendre aux siens. La remarque eut le mérite de faire se questionner le garçon, qui l’espace d’un instant se demanda s’il serait capable de s’en prendre véritablement à ses frères ; ils s’étaient bagarrés et disputés à de maintes reprises, Dmitri étant particulièrement porté sur les réactions violentes, sans doute un héritage paternel, mais serait-il capable d’aller plus loin ? Si leurs parents ne les avaient jamais séparés, aurait-il pu faire plus de mal à ses frères ? L’idée l’effraya tant et si bien qu’il en eut un frisson. Il n’était pas certain de se connaître aussi bien qu’il le pensait... face à ces questionnements, il se trouvait démuni et, lorsque son aîné lui demanda ce qu’il souhaitait devenir, il fut incapable de lui répondre. « Je ne suis pas sûr... » répondit-il avec déception. Beaucoup de choses l’intéressaient, mais il ne s’était encore jamais posé la question de son avenir ; étrangement, il n’avait pas été de ces enfants qui annoncent savoir qu’ils deviendraient tantôt auror, tantôt médicomage, avant de changer d’avis à la première nouvelle découverte venue. « Il y a pleins de choses que j’aimerais faire, mais... » Il hésita quelques instants, cherchant ses mots. « Je n’ai jamais vraiment réfléchi à celui que je voudrais devenir. » Il savait ce qu’il ne voulait pas être, mais une fois de plus, il n’était pas capable de se définir autrement que par la négative. Se l’avouer était pour lui comme devoir admettre une faiblesse, reconnaissant qu’il était en effet encore très jeune, trop jeune sans doute, pour comprendre le monde qui l’entourait.

La météo se dégradait à vue d’œil : du ciel, l’on ne percevait plus que les imposants nuages sombres, signes qu’une pluie battante ne tarderait pas à surgir, et le vent redoublait d’effort, portant la menace d’une tempête jusqu’eux. Dmitri avait abandonné depuis longtemps déjà l’idée d’avoir l’air coiffé. Passant sa main dans ses cheveux, ses doigts furent arrêtés par des mèches emmêlées, alors même qu’il était certain d’avoir quitté Prague sans le moindre nœud. La puissante brise marine ne cessait de charrier le sel de la mer partout où il pouvait s’incruster, ce que le citadin tchèque trouvait particulièrement désagréable.

« Je ne pense pas que tu sois inconséquent. Simplement que tu as encore beaucoup à apprendre. Dis moi Dmitri, te plairait-il de peindre ? » Le garçon crut un instant avoir mal entendu ou que le vent avait déformé les paroles de son grand-oncle. Pourtant ce n’était pas le cas. Bien entendu, le garçon connaissait l’héritage familial ; en parfait exemple de l’affirmation des savoirs et domaines de prédilections des familles de sang-pur qu’avait faite Alexander quelques minutes auparavant, historiquement les van Aken étaient des peintres. Ce savoir n’avait pourtant pas été légué à la génération de son père, Dmitri pouvait-il être celui qui ferait perdurer l’héritage ? « Bien sûr ! » répondit-il, sans même y réfléchir, son âme d’artiste prenant le dessus sur le reste. En un instant, il semblait avoir oublié toutes les contrariétés précédentes. Puis les paroles qu’avaient eu son grand-oncle alors qu’ils étaient encore sur la plage lui revinrent ; il lui semblait alors commencer à les comprendre. « C’est ça la chance que m’offre mon père ? » Se ressassant les bribes de discussion entre ses parents, entendues de l’autre côté de la porte plusieurs semaines auparavant, sa joie nouvelle le quitta soudainement. Il avait subitement peur de se fourvoyer et de déchanter ; son grand-oncle n’était-il pas encore en train de lui brosser un tableau - sans mauvais jeu de mots - des gains qu’il aurait pu avoir s’il avait été cet enfant modèle qu’ils auraient préféré avoir ? « Il y a toujours des conditions, n’est-ce pas ? Les choses ne sont jamais simples... ». Cette remarque sonnait comme un constat, une amère vérité qu’il commençait peu à peu à cerner.
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Message(#) Sujet: Re: Le pont des générations Le pont des générations EmptyLun 7 Sep - 0:47

Il était parfois nécessaire de s'y reprendre à plusieurs fois pour bien cerner la psychologie des adolescents. Un travail qui prenait du temps et beaucoup d'énergie, un travail, donc, qu'il ne réservait que pour ses meilleurs élèves, fils et filles de bonne familles, d'amis et bien sûr, pour son petit neveu. Les autres, les incompétents, les sang-souillés, ceux-là n'avait droit de sa part qu'à de froide injonctions à la discipline et des punitions sévères lorsque c'était nécessaire. Jamais van Aken n'avait espérait pouvoir sauver tout le monde, il était trop vieux et trop seul dans cette école pour endosser la responsabilité de toute une nouvelle génération de sorciers, mais s'il concentrait ses efforts sur quelques uns, alors... alors il était possible de les comprendre et donc de les éduquer.

Visiblement, prendre le temps d'expliquer les choses à Dmitri semblait donner des résultats plus intéressants que ceux obtenus jusque là. En tout cas, le garçon ne trouva rien de sarcastique à lui rétorquer et semblait même moins sûr de lui. Le professeur avait beau être le fruit d'une éducation à l'ancienne et avoir des manières rudes, il n'en était pas dépourvu d'empathie, au sens propre, et parvenait un peu à devenir les angoisses que pouvait ressentir un pré-adolescent de son âge. Il l'avait dit lui-même : ce n'était pas simple de se trouver, d'être estimé dans une famille si nombreuse et si solide. Ici, à la différence de Prague, il avait le Manoir pour lui seul et bientôt l'attention d'un millier d'yeux du fond des âges qui se porteraient sur lui. Au fond, van Aken était sûr que cela lui plairait, et il en éprouvait une sorte de satisfaction.

Il hocha simplement la tête aux paroles du jeune homme, quand celui-ci après quelques hésitations, finit par confier ne bien savoir ce qu'il souhaitait faire. C'était normal et encore tolérable à son âge. En fait, le métier que l'on occupait importait peu, au final, en comparaison de l'intention qu'on lui mettait. Dmitri pouvait bien devenir tout ce qui lui plairait, les van Aken lui en donneraient les moyens, le vrai enjeu était de savoir pourquoi il deviendrait ce qu'il souhaitait devenir. A quel fin, quel but il dédierait ses efforts. Il était impensable de former, d'éduquer, d'armer un enfant qui un jour peut-être pouvait devenir un ennemi. Aussi mortifiant que pouvait être cette extrémité, Alexander devait toujours faire passer le bien commun à ses intérêts privés, et le bien commun était intimement lié à la cohésion de la famille van Aken autour d'idéaux forts et unificateurs.

Mais il était prêt à lui laisser sa chance. Ce n'était après tout qu'un petit garçon, encore, et comme il le lui avait dit, il avait encore beaucoup de chose à apprendre. C'est pourquoi le professeur lui demanda s'il souhaitait peindre.
Une question d'apparence anodine mais bien plus lourde de sens venant de quelqu'un de sa lignée et Dmitri ne s'y trompa pas, réagissant avec un enthousiasme plaisant à voir. Enfin, peut-être, commençait-il à comprendre. Comprendre qu'on ne l'avait pas puni, pas écarté, qu'on lui avait simplement proposé... une autre voie.

- Une chance, oui. Parmi d'autres. Arthus m'a dit que tu aimais dessiner il me semble ?

Mais déjà le garçon avait semblé déchanter pour finir par demander avec plus de morosité le véritable prix d'un tel enseignement.

Pour un peu, van Aken aurait rit. Si Dmitri pensait que le plus cher à payer serait un peu d'obéissance, il se fourvoyait terriblement. Certaines magies étaient particulièrement gourmandes à exécuter et nécessitait des sacrifices au delà du supportable. Mais ce n'était pas des sujets qu'on abordait avec un enfant, et même dans l’intimité du Manoir van Aken, il fallait se montrer prudent.

- Des conditions moins inaccessibles que tu ne le penses. Respecter les règles de ce lieux, pour commencer. Travailler dur et parfois accepter de simplement obéir sans toujours discuter. Tu verras que les réponses arrivent parfois d'elles-mêmes avec un peu de patience. Enfin, les choses les plus importantes : le secret et la modération. Le secret car notre héritage ne doit pas sortir de notre nom. Ce que tu seras susceptible d'apprendre ne t'appartient pas, cela appartient aux van Aken et tu n'es pas libre d'en disposer avec générosité. Ensuite, la modération. N'exhibe pas tes savoirs, sers t'en avec parcimonie et raison mais surtout, sache pourquoi et quand en faire usage.

Une fois de plus une bourrasque un peu trop aventureuse arracha son foulard du gilet dans lequel il était coincé et vint fouetter le visage de van Aken. Celui-ci le remit en place avec un geste d'agacement.

- Je ne t'apprendrai rien qui doive te servir à te vanter devant tes frères ou tes amis. Rien qui ne trouble la société sorcière ou contrevienne à ses intérêts, m'entends-tu ? Et par ses intérêts je parle de son héritage, sa culture autant que sa population.

Alors, avec une synchronicité troublante, un crac retentit à leur gauche et le petit elfe de maison se trouvait maintenant à leurs côtés. Il semblait si chétif dans le vent qu'on aurait pu croire qu'il allait s'envoler et de fait, des souffles de plus en plus puissants s'infiltraient sous sa toge et faisaient comme une voile, l'obligeant à lutter pour ne pas perdre l'équilibre.

- H... maître... L'elfe sembla hésiter et se tourna tour à tour vers Alexander puis vers Dmitri. Maître Alexander, Maître Dmitri... madame demande si vous en avez encore pour longtemps.

- Nous achevions Frimord.

- Madame vous fais remarquer que le temps... avec vos douleurs...

Le professeur eut soudain l'air agacé.

- Oui eh bien il y a parfois des choses plus importantes.

Il se détourna de l'elfe et jaugea Dmitri un instant avant de concéder.

- Ce gredin n'a pas tort. Rentrons avant d'être emportés.

Il y eut un nouveau craquement et Frimord disparu pour réapparaitre quelques mètres plus loin devant la grande porte principale du Manoir qu'il fit s'ouvrir en claquant des doigts dans un silence presque suspect. D'un pas un peu vif, van Aken prit la direction du bâtiment et l'instant d'après ils pénétrèrent dans le hall d'entrée, une vaste pièce ouverte d'où partait à gauche et à droite deux grandes portes fermées et en face de l'entrée un double escalier au milieu duquel se trouvait une troisième porte qui, elle, semblait donner sur une salle à manger. Les escaliers, eux, paraissaient se prolonger sur au moins deux étages et permettaient d'accéder aux hauteurs du Manoir.

Mais plus que la hauteur sous plafond et le gigantisme un peu archaïque de la bâtisse, ce qui attirait immédiatement l’œil c'était les murs. Ils étaient tant recouverts de peintures qu'on aurait dit qu'un millier de fenêtres donnant chacune sur un espace différent y avaient été percées, au point qu'il en devenait malaisé de discerner les motifs du papier peint derrière tant tout n'était que tableaux.

D'ailleurs, quand Dmitri entra, un grand bruit étouffé s'en éleva soudain. Manifestement, les portraits n'avaient pas été prévus pour accueillir autant de monde et à voir les foules qui se pressaient dans chacun d'eux tout un tas de personnages avaient du déserter le reste des pièces du Manoir pour s'attrouper dans le hall, guidés par la curiosité. Seul deux n'étaient occupés que par une seule figure : celui de Patricia qui releva la tête du livre qu'elle lisait pour accorder un sourire froid au garçon, et celui d'un petit homme bedonnant et aux moustaches de morses, une calvitie marquée et un air particulièrement enjoué sur le visage.

Alexander, lui, n'avait prêté aucune attention aux centaines de murmures qui s'élevaient des portraits donna sa veste à porter à son elfe avant de marcher d'un pas lent vers la salle à manger en face d'eux.

Les murmures alors se changèrent en un véritable brouhaha de salutations, encouragements, compliments et parfois quelques commentaires critiques qui se mélangeaient tous en même temps au point qu'il en devenait difficile de savoir qui disait quoi.

- Cher enfant c'est un plaisir de vous avoir parmi nous !

- Le dernier des van Aken ! Je ne comprends pas pourquoi Arthus refuse toujours de nous emmener sa famille...

- Vous ferez attention jeune homme, votre chemise dépasse de votre pantalon et vous êtes complètement décoiffé.

- Enfin ! Ce n'est pas qu'on s'ennuyait mais ce cornichon d'Alexander n'est pas toujours facile à vivre !

- Par curiosité, jouez vous à la crapette ? Je désespère de trouver enfin un bon partenaire...


- Silence vous autres.

Cette fois, c'était Patricia qui avait parlé et par une étrange effet, son ton avait suffit à faire taire la plupart des autres portraits, sauf quelques ronchons qui disparurent en rouspétant.

- Dmitri, tu as peut-être faim ? Frimord a servi le dîner, Alexander t'attend dans la salle.

Comme réagissant à l'évocation de son nom, le petit elfe s'était approché du garçon et tira un peu sur sa manche pour attirer son attention.

- Maître Dmitri, si la cuisine ne vous convient pas, il faudra me le dire... Je n'ai pas encore monté vos affaires aussi, il y a beaucoup de chambres, peut-être que certaines vous conviendront mieux que d'autres ?
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Message(#) Sujet: Re: Le pont des générations Le pont des générations EmptyMer 9 Sep - 15:02

Alexander ne fit pas de remarque lorsque son petit-neveu confia être encore indécis sur son avenir. Ce silence avait quelque chose de frustrant pour le garçon, qui aurait aimé savoir ce que pensait son aïeul ; de manière générale, il détestait qu’on lui cache des choses et avait une aversion toute particulière pour les messes basses lorsqu’il était exclu de celles-ci. Il voulait être au courant de ce qu’il se passait, de ce que les gens pouvaient dire sur lui ou sur leurs compatriotes. Ainsi, le silence du van Aken l’irrita quelque peu ; sans doute était-ce une réaction exagérée et fort puérile. Dmitri voulait bien reconnaître que, parfois, il avait quelques petites tendances paranoïaques en imaginant, comme maintenant, que ce silence devait cacher une forme de désapprobation. Par habitude, il considérait que les adultes de son entourage étaient difficiles à contenter, si ce n’est impossible et par extension, voyait en Alexander un homme qui devait enchaîner les déceptions au fil de leur discussion. Cette idée avait contribué à faire de Dmitri le garçon turbulent qu’il était : puisque ses parents ne lui montraient jamais s’ils étaient satisfaits, alors autant être l’opposé de ce qu’ils attendaient. Ainsi, il savait au moins quand il faisait des bêtises.

La question suivante chassa ces pensées de son esprit. Ils abordaient là quelque chose de plus concret ; s’il n’était pas capable de dire celui qu’il voulait devenir, au moins pouvait-il se réjouir de savoir ce qu’il aimait faire. « Oui, je dessine souvent... mais je n’ai jamais vraiment fait de peinture, à part quand j’étais petit. » Ce qui revenait à dire qu’il avait joué avec des pots de peinture à l’eau et qu’il avait sans doute dû essayer de noyer un de ses frères dedans. « Je suis plus habitué à dessiner au fusain. » Il aimait la sensation du fusain et son côté un peu salissant, qui lui permettait de jouer facilement avec les ombres ou d’effacer pour changer son œuvre, rajoutant parfois une touche d’irréel à un portrait ou un paysage.

À l’écoute de la proposition de son grand-oncle, Dmitri avait connu des émotions diamétralement opposées, passant de la joie et l’excitation à une forme d’inquiétude teintée de méfiance. Il semblait presque que les vives bourrasques du temps écossais avaient balayé son allégresse au loin. À l’évocation des conditions, Alexander reprit d’en lister, en écho à celles qu’il lui avait donné à son arrivée puis à leur discussion sur l’importance de l’héritage des sang-purs. S’il pouvait s’y attendre, le garçon ne put cependant s’empêcher d’afficher une moue un peu boudeuse lorsque son aïeul évoqua la nécessité d’apprendre à obéir sans discuter. Car il s’agissait bien pour lui d’apprendre : de ce dont il se souvenait, il n’en avait jamais été capable. Quoiqu’il n’ait jamais vraiment essayé.

Il hocha néanmoins la tête à l’écoute des instructions suivante : secret et modération. Cette dernière n’était pas beaucoup plus aisée que l’obéissance, Dmitri ayant un petit côté fanfaron qui n’allait guère avec l’idée de parcimonie, mais il en comprenait le but. Vint enfin ce qui tourmentait le tchèque : indirectement, Alexander évoquait une fois de plus l’isolement des sang-purs, réservant les connaissances à eux seuls. Il n’eut pas le temps d’envisager ne serait-ce que de contester ; d’ailleurs, il pouvait accepter, au début tout du moins, cette condition sans broncher car il y avait tout intérêt.

Frimord, l’elfe de maison qui n’était sans doute plus très loin de devenir grabataire, venait de transplaner à l’heure niveau. La situation avait quelque chose de comique : les deux hommes discutant alors que la tempête se rapprochait, et un elfe malingre leur intimant timidement de rentrer à cause du temps. Au moins ses paroles étaient-elles raccord avec les difficultés qu’il avait pour rester debout. Dmitri fut particulièrement surpris lorsque le petit être s’adressa à lui en l’appelant « maître » ; il n’avait jamais eu d’elfe de maison et ne s’était donc pas préparé à l’idée de faire l’objet d’une telle déférence.

Emboitant avec soulagement le pas de son grand-oncle, peu fâché de quitter cette météo trop rude à son goût, il pénétra enfin dans le manoir. Il resta quelques instants sur le pas de la porte, observant avec un mélange d’étonnement et d’émerveillement le grand hall qui s’étendait sous ses yeux : tout ceci n’était pas la propriété d’un étranger, mais bien celle des van Aken. Le contraste que promettait cette pièce aux dimensions démesurées par rapport à sa vie d’antan était bien loin de ce qu’il avait imaginé lorsqu’on lui avait annoncé son départ pour l’Écosse. Il avait su que son grand-oncle vivait dans une maison plus grande que celle de Prague et l’extérieur lui avait laissé percevoir l’idée d’une certaine magnificence, quoique contrebalancée par le caractère vieillot et défraichi de certaines parties du parc, mais la réalité était pourtant bien différente de ce que son esprit avait envisagé. Peut-être était-ce dû aux tableaux, si nombreux que Dmitri n’essaya même pas de les compter. Des occupants, bien plus nombreux encore que le nombre de tableaux, se massait au plus près de l’entrée.

Le maître des lieux ignora le spectacle, allant directement dans une autre pièce, mais son petit-neveu lui, demeura dans le hall plus longtemps. Un bruit sourd lui indiqua que l’elfe de maison avait, d’un claquement de doigts, refermé la grande porte derrière lui. Quelques instants plus tard, les nombreux occupants des tableaux se mirent à l’alpaguer. S’il ne put percevoir ce que chacun disait, certaines bribes de paroles lui arrivaient aux oreilles. « Vous ferez attention jeune homme, votre chemise dépasse de votre pantalon et vous êtes complètement décoiffé. » Rougissant à ces mots, Dmitri remit précipitamment la chemise récalcitrante en place. Vraisemblablement, le vent n’avait pas eu qu’un effet désastreux sur ses cheveux. Il était bien content que sa mère ne soit pas là pour le voir ; elle l’aurait sûrement abondamment sermonné. « J’espère que je n’ai pas élevé un petit souillon ! » aurait-elle pu dire en le voyant ainsi débraillé. Pour la forme, il essaya d’aplatir un peu les mèches revêches ballotées dans tous les sens par le vent.

Finalement, Patricia mit fin au brouhaha ambiant avec une autorité qui forçait le respect ; il était bien content de ne pas avoir vécu avec elle de son vivant, ce ne devait pas être une femme propice à la conciliation. Lorsqu’elle évoqua le dîner, Dmitri réalisa qu’il était en effet affamé. Hochant la tête, il s’apprêta à prendre la direction de la pièce où l’attendait son grand-oncle, lorsque Frimord le freina dans son élan. « Euh... » Auparavant, il partageait une chambre avec deux frères, et maintenant on lui proposait de choisir entre plusieurs pièces. Quel drôle de changement. « Je ne sais pas » fit-il en haussant les épaules, « n’importe laquelle m’ira. » Puis hésitant quelque peu, il rajouta tout de même : « Si possible, j’aimerai éviter d'aller dans une chambre mansardée. » Tant qu’à faire, autant en profiter pour changer. Tirant de son sac sa baguette magique, qui ne lui servirait à rien mais qu’il désirait candidement garder avec lui, il la glissa dans sa poche avant de donner son sac et sa veste à l’elfe, emboitant finalement le pas de son aïeul.

L’homme l’attendait dans une salle à manger dont l’aspect paraissait particulièrement accueillant comparée à la tempête de l’extérieur. Ici pas de vent ou d’odeur salée provenant de la mer, mais une température bien plus douce et les imposants murs du manoir avaient quelque chose de rassurant, de protecteur. « Moi qui pensais que vous viviez seul » fit-il en apercevant enfin son grand-oncle, « avec toutes ces peintures, ça fait tout de même beaucoup de colocataires. » L’héritage des van Aken ne se limitait pas à un manoir, mais également une collection impressionnante de tableaux... et Dmitri avait l’intuition de n’avoir encore rien vu. « Il y en a qui sont de vous ? » demanda-t-il, sincèrement curieux. Celui de Patricia devait être de sa main. En repensant à ce tableau, il eut la vision du second qui avait été préservé de l’invasion de ces congénères peints, comme si ceux-ci n’osaient pas déranger son occupant, à l’image de l’implacable épouse d’Alexander. « À côté du tableau de Patricia, il y en avait un autre avec seulement une personne à l’intérieur, un homme. Qui était-ce ? » Qui est-ce ? Avec les peintures vivantes qui se comportaient souvent comme des êtres de chair et de sang, il ne savait jamais vraiment s’il convenait mieux de parler au présent ou au passé.
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Message(#) Sujet: Re: Le pont des générations Le pont des générations EmptyJeu 10 Sep - 15:07

Le bruit de foule des tableaux n'intéressait plus van Aken depuis longtemps, aussi traversa-t-il le hall sans accorder d'attention au bruissement des peintures qui découvrait son petit neveu. Sauf contre-indications, Dmitri était ici pour sept ans, jusqu'à sa majorité, il aurait largement le temps de découvrir les occupants du Manoir et toutes leurs étranges manières.

En attendant, il se dirigea vers la salle à manger où Frimord avait mis le couvert. C'était l'une des pièces les plus douillette de la maison et géographiquement elle en occupait le cœur. C'était également ici que les van Aken recevaient autrefois leurs invités lors de grands dîners ce qui pouvait expliquer la décoration particulièrement riche. Des dîners, il n'y en avait plus beaucoup eu depuis la mort de Patricia, le professeur recevait moins, préférant plutôt se déplacer à Londres et répondre aux invitations. Le Manoir était petit à petit devenu un sanctuaire, plus refermé sur lui-même, protégé de l'extérieur avec ses souvenirs et ses morts.

Sans attendre Dmitri, le professeur prit place sur l'une des chaises. Il n'y en avait en tout que deux, chacune en bout de table qui séparait tout de même les convives de plus de trois mètres de long.

Dans la pièce d'à côté, Frimord hocha la tête.

- Bien entendu maître Dmitri... il y a celle...

- Tu peux reprendre la mienne si tu le souhaites.

Dans un tableau proche, deux jeunes gens souriants qui devaient voisiner la vingtaine s'étaient adressé à Dmitri. C'était le garçon qui avait parlé, vêtu élégamment d'un complet sombre, à côté de lui se trouvait une fille qui lui ressemblait étonnement, elle portant une élégante robe grise. A voir leurs vêtements, les tableaux devaient être récents et dater de la fin du XXème siècle au plus tard, ce qui expliquait certainement qu'ils possèdent encore leur propre chambre.

- Gregory van Aken, Dmitri. Et voici Martina. Nous sommes les cousins d'Alexander.

Tout chez eux transpiraient la sympathie et la politesse. Ils étaient jeunes, beaux et élégants, semblaient sûr d'eux et de leurs droits. Ils auraient du avoir devant eux une longue et belle existence si leur présence dans un tableau du Manoir ne venait pas rappeler la triste réalité : ils devaient tout deux êtres morts depuis longtemps.

- Elle donne sur les jardins. Tu t'y sentiras bien, et nous pourrons discuter, mon portrait s'y trouve.



Quand Dmitri entra dans la salle à manger, van Aken s'y trouvait, un verre de vin posé devant lui et le journal du jour posé à côté de son assiette. Quand le garçon l'apostropha, il referma le journal et se tourna vers lui avant de l'inviter à s'asseoir.

- Et tu apprendras à les connaitre, avec le temps. Certains sont de précieux enseignements, d'autres... Il marqua une pause. Enfin, cela reste la famille. Assieds toi, nous allons manger.

A peine avait-il dit cela que Frimord réapparaissait près d'eux et se mit à servir une entrée composée de carottes en sauce et d'une salade d'olives noires.

Le professeur hocha la tête.

- Le portrait de Patricia, que tu as déjà rencontré, est de ma main. J'ai également peint celui de mon père, de ma mère, ainsi que de mon oncle et de ses deux enfants. C'est une tradition chez nous de peindre les morts, ainsi nous ne les perdons jamais vraiment. Si le destin me fait vivre plus longtemps qu'Arthus, je le peindrai également.

Il y eut un silence.

- Si tu te montres à la hauteur, peut-être te reviendra-t-il la tâche d'en faire autant, un jour.

Le professeur pouvait aisément comprendre que la tâche de peindre les morts ne soit pas la plus réjouissante perspective qui soit pour un adolescent, à ce âge, on ne pensait guère à tout cela, certains même se croyaient immortels. Le fait était que personne ne l'était. La force des van Aken tenait dans leur mémoire et leur capacité à préserver de vive-voix sur des centaines d'années le savoir et l'expérience d'une immense famille.

- Les autres portraits que j'ai pu réaliser sont des commandes, l'une de mes plus grandes fierté est d'avoir peint Albus Dumbledor quelques mois avant son décès.

Dumbledor et lui avait eu beau ne pas partager les mêmes idées, il en restait l'un des sinon le plus grand sorcier du siècle et en cela, Alexander ne pouvait que l'admirer.

Toutefois, la dernière question de Dmitri lui fit froncer les sourcils. Il savait très bien de qui le jeune homme voulait parler.

- Tobias van Aken. Ne t'en fais pas, tu auras bien des occasions de faire sa connaissance, je doute qu'il résiste longtemps à la tentation de venir semer dans ton crâne ses idioties.

Lentement, le professeur saisit son verre de vin et le porta à ses lèvres, avant d'ajouter la mine sombre.

- Il n'est pas en mon pouvoir de l'en empêcher ni de freiner ta curiosité. Néanmoins sache que si Tobias a été exécuté par le ministère, ce n'est pas pour rien et qu'à travers la mort, il aime encore à penser être en position de comploter. Laisse toi séduire par ses bêtises et tu finiras comme lui.
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Message(#) Sujet: Re: Le pont des générations Le pont des générations EmptyVen 11 Sep - 15:05

À la requête de Dmitri d’éviter une chambre mansardée, ce qui compte tenu de la taille du manoir ne devait pas être difficile à satisfaire, l’elfe de maison n’eut pas le temps de répliquer que l’occupant d’un tableau, auquel le garçon n’avait pas prêté attention jusque-là, le proposa sa propre chambre. La peinture était en réalité occupée par deux personnes ; le tchèque supposa qu’il s’agissait de faux-jumeaux, car il se dégageait d’eux une forme de complicité qui lui faisait penser à celle de sa sœur et de son frère, Sofia et Izidor. « Enchanté » répondit-il machinalement lorsque l’homme fit les présentations.

C’était donc d’eux dont parlait son grand-oncle plus tôt dans la journée. Plus le temps passait, plus il lui semblait découvrir tout un pan caché de sa famille. À Prague, ils étaient en fin de compte bien isolé de leurs origines, ce qui expliquait sans doute pourquoi son grand-père insistait tant pour que les enfants van Aken apprennent tant l’histoire de leurs ancêtres. Mais puisque Dmitri n’avait jamais réellement daigné écouter son aïeul durant ces instructions, il réalisait peu à peu qu’il avait beaucoup de lacunes en la matière. « Eh bien... merci ». Puis se tournant vers Frimord, il confirma : « Cette chambre m’ira très bien ». Il préférait largement avoir dans sa chambre le tableau d’un arrière-cousin jeune et fringant que celui d’un aïeul un peu croulant du siècle dernier.

Ne perdant pas plus de temps, il rejoignit finalement Alexander dans la salle à manger. Celui-ci était déjà attablé, munis d’un journal et d’un verre de vin. Il ne lui manquait plus que la pipe et Dmitri l’aurait confondu avec Arthus. Prenant place sur la seule autre chaise disponible, de l’autre côté de la table, il se demanda si son grand-oncle était toujours si protocolaire, mais il se garda de faire la moindre remarque, guère étonné de trouver chez un homme de son âge de telles habitudes. Les vieilles familles avaient des traditions dont les doyens comme Alexander en étaient les gardiens.

Le garçon tacha de se remémorer les tableaux dont il parlait ; comme il s’en doutait, celui de Patricia était bien de lui, ainsi que ceux de Gregory et Martina van Aken. En somme, les plus récents qu’il avait pu apercevoir jusque-là, ce qui était parfaitement logique ; il était le dernier des van Aken à détenir le savoir de la peinture vivante. Dmitri prenait progressivement conscience de ce qu’impliquait pour lui le fait d’avoir accepté d’apprendre cet art : son grand-oncle devait léguer à quelqu’un ses connaissances et, comme il l’avait lui-même laissé entendre à plusieurs reprises, il était impensable que toute cette culture soit donnée à un étranger. Se sentant tout d’un coup plus oppressé que lorsque la centaine de pairs d’yeux s’était braquée sur lui à son arrivée, il se surpris à regarder bêtement le contenu de son assiette, l’estomac noué. Il déglutit et tenta de chasser ces pensées de son esprit. « Peindre tous les morts de la famille ? Vous ne pouviez pas le dire à ma grand-mère avant qu’elle n’accouche de sept fils ? Parce que ça fait quand même un paquet de van Aken... je ne suis même pas certain de pouvoir vous donner le nom de tout mes cousins, et c’est pas faute de me les coltiner depuis longtemps. » Le sarcasme revêtait souvent chez lui le rôle de mécanisme de défense. Il préférait se montrer acrimonieux qu’anxieux, car dans ce dernier cas, ce serait montrer à autrui une faiblesse et s’il avait retenu une chose de son éducation, c’était bien qu’il ne fallait jamais les montrer en public. « En plus, il faudrait sans doute construire une autre aile au château pour pouvoir caser tous ces tableaux. » Il imagina un couloir entier décoré de peintures de ses oncles et cousins. Pire encore, il se vit lui-même en tableau, partageant le même corridor que ses frères. Un cauchemar éveillé, en somme !

Reprenant le fil de la discussion, Dmitri écarquilla les yeux en entendant son aîné déclarer avoir peint Albus Dumbledore. Aux yeux du garçon, l’ancien directeur de Poudlard était de ces sorciers mythique dont on parlait non seulement dans les cours d’histoire récente, mais également dans les comptines pour enfants. Imaginer son grand-oncle le peindre, mieux encore les imaginer tous deux dans la même pièce, lui semblait hallucinant. Il était d’ailleurs assez comique de se dire que c’était un van Aken qui avait peint un des plus grands défenseurs des nés-moldus que ce monde est porté. « Vous l’avez rencontré du coup ? » En y réfléchissant, il ne savait même pas s’il aurait pu le peindre sans le voir au moins une fois. « D’ailleurs, c’est possible de peindre quelqu’un que l’on n’a jamais vu en vrai ? » Précisant sa pensée, il rajouta aussitôt : « Enfin, c’est possible de faire un simple portrait de quelqu’un sur la base d’une photo... mais pas pour une peinture magique, si ? »

Quantités de questions commençaient à fourmiller dans son esprit. Son insatiable curiosité avait désormais pris le pas sur son anxiété d’antan et il put savourer son entrée sans mal. À vrai dire, il était tellement affamé qu’il aurait sans doute était capable de manger une brique. Il fut tout de même satisfait de voir que l’elfe n’ait pas décidé d’attaquer les murs du manoir pour se fournir en aliment et se soit contenté de quelque chose de moins expérimental. L’espace d’un instant, il espéra même que Frimord ait oublié ce que c’était d’avoir des enfants à nourrir... et ait rempli les verres des deux hommes du même breuvage. Sans grande surprise, ce n’était pas le cas : le garçon n’avait pas de vin, mais un jus au goût léger se mariant parfaitement avec l’entrée.

Le tableau qui avait attiré son attention était donc celui du fameux Tobias contre lequel le maître des lieux l’avait mis en garde. Entre son arrivée et maintenant, le grand-oncle d’Alexander était passé du stade de « vieux farfelu » à celui de condamné à mort. Fronçant les sourcils à l’écoute de son tuteur, la question de Dmitri fusa sans même qu’il y réfléchisse. « Pourquoi le ministère l’a exécuté ? » Le jeune tchèque n’avait certes pas beaucoup écouté lorsqu’on lui avait parlé de ses ancêtres les plus illustres, mais il était presque sûr que son grand-père ait totalement omis d’évoquer ce Tobias van Aken.
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Message(#) Sujet: Re: Le pont des générations Le pont des générations EmptySam 12 Sep - 14:12

Reposant sa fourchette après une bouchée de carottes, le professeur soupira.

- Frimord a beaucoup de qualités mais la cuisine n'est décidément pas son fort...

Dans son coin, l'elfe se tordit les doigts en couinant mais ne répondit rien. Dmitri, lui, ne semblait pas faire tant d'histoires mais peut-être avait-il simplement faim. Van Aken se souvenait qu'à son âge il pouvait se resservir trois ou quatre fois au repas et avoir pourtant toujours l'estomac qui grondait quelques heures plus tard. Aujourd'hui, il mangeait beaucoup moins, et buvait beaucoup plus.

En évoquant l'art de la peinture vivante, pour la première fois depuis peut-être le début de leur rencontre, le professeur eut un sourire à la réflexion ironique du garçon. Il marquait un point : s'il embrassait cette voie et se montrait fidèle à leurs traditions, il aurait du travail en perspective.

Délaissant complètement la fin de son assiette, van Aken hocha la tête d'un air compréhensif.

- Je te souhaite à toi et tes cousins d'avoir le temps de le voir venir. Quant au Manoir...

Son sourire s"était éteint, laissant place à nouveau à un visage brut.

- Nous trouverons toujours de la place, rassure-toi. Certains lieux sont bien plus grands en dedans qu'en dehors.

La sorcellerie permettait bien ce genre de prouesses, la beauté de l'aspect extérieur des maisons était souvent plus un signe d'apparat qu'une véritable nécessité, les van Aken avaient beau s’enorgueillir comme nombre de vieilles familles du prestige de leur bâtisse, ils savaient également qu'on avait vu nombre de mage plus discrets et plus puissants vivrent dans des demeures qui vu du dehors avaient tout d'un trou à rat.

Discrètement, Frimord était venu récupérer les assiettes vides et celle seulement entamée du professeur et les avait fait disparaitre comme par magie avant de revenir en portant un plat qui semblait être du lapin en sauce et de la gelée de canard. Sorte de mélange improbable entre gastronomie continentale et cuisine anglaise.

Comme pour souligner l'étrangeté des plats, van Aken haussa un sourcil et se resservit du vin. Le dîner ne se passait pas si mal et sans bien se l'expliquer, il y accordait plus d'importance qu'il ne l'avait pensé en premier lieux. Jusqu'à aujourd'hui et depuis qu'Arthus l'avait contacté avec pour proposition de prendre son petit fils en pension, van Aken s'était imaginé simplement devoir gérer l'un de ses élèves à temps plein, étant simplement lié à lui par le sang un peu plus intimement que les autres, mais il comptait de toute façon nombreux parents éloignés parmi les jeunes dont il s'occupait à Poudlard. Cela n'aurait pas du changer grand chose.

A présent que le garçon se trouvait devant lui, néanmoins, force était de constater que les choses n'étaient peut-être pas si simples et il éprouvait une satisfaction diffuse à ce que leur relation ne soit pas trop conflictuelle entre eux, là où d'ordinaire il se fichait comme d'une guigne de ne pas être apprécié de ses étudiants. Aussi quand Dmitri paru sincèrement impressionné à l'idée qu'il ait pu peindre Dumbledor, un deuxième léger sourire apparu sur ses lèvres. Mais sans doute que le vin n'y était pas complètement étranger non plus.

Il hocha la tête quand le garçon lui demanda s'il l'avait rencontré.

- Bien entendu. Il fut mon professeur avant d'être mon modèle, après tout. D'un ton un peu moins amène, il porta son verre à sa bouche. Pas certains qu'il m'appréciait beaucoup toutefois, mais nous avons toujours entretenu des relations cordiales bien que distantes.

Il fallait croire que la perspective de découvrir l'art de la peinture vivante avait vraiment emballé Dmitri car il se mit alors à poser un grand nombre de questions techniques. Pour toute réponse, van Aken commença par planter sa fourchette dans un morceau de lapin dégoulinant de sauce brune.

- Chacune de tes questions nécessiterait plusieurs heures d'explications, je le crains. Mais je peux essayer de t'expliquer certaines choses succinctement. Hm.

Il reposa sa fourchette.

- Tu peux tout à fait peindre quelqu'un que tu n'as pas connu mais cela aurait peu d'intérêts, tu te contenterais de faire bouger un dessin dont tu aurais construit une personnalité rudimentaire de toute pièce. C'est un exercice intéressant mais pas quand il est question de faire un portrait.

Finalement, semblant considérer la complexité de la réponse à apporter, il reposa également son verre de vin et croisa les doigts sur la table.

- Il faut bien comprendre que théoriquement, un sorcier ne peut pas vraiment produire magiquement des émotions. Je te l'enseignerai cette année mais un philtre d'amour, par exemple, ne fait que singer très provisoirement certains sentiments. La peinture magique ne fait pas exception, elle sert de... terreau, disons, de terre meuble où il faudra ensuite planter les graines d'une personnalité. C'est pourquoi généralement on peint les sorciers vivants. La subtilité de notre art est de produire un tableau qui soit le plus adapté possible, dans le choix des pigments et des formules, à la personnalité de son modèle. Ensuite, ce dernier éduquera son portrait pendant plusieurs mois en discutant avec lui, un peu comme un journal intime si tu veux. Le portrait se nourrira de son modèle pour lui devenir finalement identique. En tout cas s'il a été correctement peint.

Le professeur eut ainsi un geste vers le hall où se trouvait la galerie des tableaux.

- Traditionnellement chez les van Aken, nous préférons l'utilisation de souvenirs, comme pour les pensines, que nous diluons directement dans les pigments. Le résultat est plus... intime, disons.

... et beaucoup plus ambitieux, également. Le rêve inavoué de générations et de générations de van Aken avait été d'être capable d'introduire leur esprit dans leur portrait, pas simplement en faire une copie. Ainsi, ils pourraient vivre éternellement dans la peinture, affranchis des affres de la mort et de la décrépitude. Mais de cela, il était bien trop tôt pour en parler au jeune Dmitri, d'autant que le procédé n'était pas secret pour rien. On touchait là à des formes de magies... controversées.

De toute façon, le garçon était encore trop irréfléchi, trop impulsif, en témoignait la question maladroite qu'il posa sur Tobias van Aken. Le professeur soupira, contrarié. Tobias aimait à se vanter de ses mésaventures au moins trois fois par jour, ce n'était pas quelqu'un qui avait la mort humble.

- Hm. Tu auras bien tout le temps pour te familiariser avec les habitants du Manoir, chacun a une histoire à raconter et la plupart seront heureux de le faire... Tobias le premier d'entre eux. Si nous en parlons maintenant c'est pour que tu comprennes bien que ce n'est pas un sujet de plaisanterie.

Et une nouvelle fois, il repoussa de côté une assiette à peine entamée que l'elfe vint récupérer en grimaçant.

- Tu n'ignores pas qu'Arthus s'est exilé pour échapper à la mauvaise réputation de notre nom, en son temps. Si à Prague les choses vont peut-être mieux, tu apprendras qu'en Grande-Bretagne les van Aken ne font pas l'unanimité encore aujourd'hui, et cette tâche sur notre nom nous la devons en partie à des gens comme Tobias.

Le professeur qui s'était agacé tout seul, il fallait croire, attrapa son verre de vin un peu plus brusquement que d'ordinaire et le vida d'une traite.

- Une courte fin de vie à Azkaban, voila ce qui attend ceux qui touchent à la magie noire et s'en vantent un peu trop fort.

A croire que le seul tort du tableau avait été de manquer de discrétion.
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Dmitri D. van Aken



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Message(#) Sujet: Re: Le pont des générations Le pont des générations EmptyMer 16 Sep - 14:10

Si l’homme fit des critiques quant à la qualité du repas, Dmitri fit honneur au cuisinier en ne laissant dans son assiette que des miettes éparses. Nul plat au goût trop fade ou à l’assaisonnement trop amer ne saurait empêcher son petit estomac d’ogre de se rassasier comme il se doit. L’aîné semblait, pour sa part, plus porté sur le contenu de son verre. Lorsque ce dernier évoqua de probables espaces plus spacieux que ne pouvait le laisser penser une première observation, le garçon ne put s’empêcher de se demander jusqu’où allait la magie en ce lieux et ce qu’elle cachait. Plus le temps passait et plus la discussion avancée, plus il se disait qu’il n’y avait pas qu’un vieil elfe, un vieux sorcier et d’innombrables tableaux en ces lieux, mais qu’il y avait également des secrets enfouis dans les pièces qui lui étaient pour l’heure interdite : Alexander n’avait d’ailleurs pas nié abriter ici bien des choses.

« Pas certains qu'il m'appréciait beaucoup toutefois, mais nous avons toujours entretenu des relations cordiales bien que distantes. » Le garçon eut un léger sourire goguenard ; il était peut-être jeune et ne connaissait d’Albus Dumbledore que ce qu’en disaient les livres et les histoires de ses aînés, mais il en savait néanmoins suffisamment assez pour savoir que les deux hommes n’avaient guère dû partager beaucoup d’idées politiques. Toutefois, il ne pouvait nier que le portrait qu’on lui avait brossé de l’homme était sans nul doute partiel, sa famille ne comptant pas parmi ses plus grands admirateurs, il n’avait pas eu que des échos favorables : les deux facettes de ce personnage, celle dictée par les ouvrages retraçant les pas du mage avec grandiloquence et celle enseignée par sa grand-mère, étaient pour le moins opposées, ne s’accordant sans doute que sur le talent magique de l’homme.

Dmitri écouta avec avidité les explications de son grand-oncle s’agissant de la peinture magique. Jusque-là, il n’avait jamais réellement envisagé la complexité du processus, ne s’y intéressant que de loin... son grand-père aurait été bien moins apte à l’éclairer sur ce sujet, même s’il l’avait encouragé à poursuivre le dessin par respect des traditions familiales. Le garçon sourit en imaginant de grands sorciers, comme Dumbledore, parler à leur tableau des heures durant pour les éduquer. « Le tableau n’est donc qu’une sorte de... souvenir de celui qui est peint ? » Il se remémora la peinture des deux jeunes van Aken qu’il avait vu quelques minutes plus tôt. « En utilisant la technique des van Aken, on pourrait donc n’utiliser que des souvenirs d’une personne lorsqu’elle était jeune et lui donner ainsi la personnalité qu’elle avait dans sa jeunesse, alors même que le tableau ait été peint lorsque son modèle était plus vieux ? » À mesure qu’ils évoquaient ainsi l’héritage artistique familial, Dmitri en oubliait presque son plat, ne piquant dans son assiette qu’à intervalles réguliers, calant son rythme sur celui des réponses d’Alexander. La méfiance de tantôt avait désormais laissé place à une réelle excitation : le manoir semblait avoir été inventé pour fournir un terrain de jeu au jeune homme, avide de découvrir les mystères qu’il renfermait. Le savoir de générations entières se présentait à lui, non seulement à travers son grand-oncle, mais également par le biais de tous les tableaux l’occupant. Curieux de nature, il ne pouvait qu’être comblé de tant de choses à découvrir et son esprit lui semblait comme assiégé d’informations potentielles, cachées dans chaque recoin et chaque mot de son aïeul. Parmi les questions qui le taraudaient, Tobias van Aken occupait une place d’honneur : d’abord simplement évoqué comme un vieux farfelu qu’il fallait ignorer et maintenant comme un homme plus controversé, Dmitri ne pouvait se satisfaire d’une simple mise en garde. Si Alexander connaissait mieux son petit-neveu, il se serait gardé d’évoquer ne serait-ce que le nom du tableau et l’aurait relégué au rang de simple occupant du manoir parmi tant d’autres. Mais à présent qu’il en avait entendu parler, il voulait tout savoir. Ainsi, lorsque l’aîné des van Aken ne daigna pas lui répondre clairement, le garçon s’irrita presque aussitôt ; jusque-là, il s’était montré relativement calme. Intimidé par l’homme, montrant une timidité propre aux enfants arrivant dans un endroit inconnu, il s’était d’abord montré réservé avant de s’ouvrir peu à peu. Les promesses faites l’avaient assez amadoué pour qu’il écoute avec attention et avidité. Mais cette même avidité le poussait à présent à se révolter : le tchèque ne supportait pas qu’on lui cache des choses. Mais bien plus que la colère d’être une fois de plus tenu dans une forme d’ignorance, les paroles même de son grand-oncle le firent tiquer.

Laissant choir sa fourchette dans l’assiette, il releva les yeux vers Alexander. Ses iris brillaient d’une lueur nouvelle : ce n’était plus l’excitation qui transparaissait dans son regard, mais une contrariété qu’il ne parvenait pas à cacher totalement. « Donc si mon grand-père a fui à Prague, c’est à cause de gens comme Tobias... et lui aussi, non ? » fit-il avec froideur. « Ou vous. » Il peinait à garder un ton calme, comme s’il était surchargé par des reproches qui se bousculaient dans son esprit avant de percer dans sa voix. « Vous ne m’avez pas répondu. Qu’a fait Tobias pour être exécuté ? » Il fit mine de réfléchir, avant de rajouter : « La même chose que vous et mon grand-père ? Sauf que lui n’a pas été assez malin pour cacher les preuves ? » C’était son cœur qui parlait, et non son esprit : s’il savait, pour avoir entendu son père en parler, qu’Arthus et Alexander avaient fait un court séjour à Azkaban, il n’avait jamais su pourquoi. Ni lui, ni même ses frères et sœurs, n’avaient osé poser la question. Il n’était d’ailleurs par certain que son père lui-même soit dans la confidence ; la culture du secret était une tradition presque aussi bien ancrée dans sa famille que la peinture magique.

À travers les accusations qu’il faisait à son grand-oncle, c’était toutes les rancunes accumulées envers son grand-père et, à plus forte raison encore, son père qui rejaillissaient. Son regard se posa un instant sur Frimord, dont le regard était encore penau suite aux critiques de son maître sur la nourriture. Ce dernier voyait-il une différence entre les moldus et les elfes de maison, ou à ses yeux, ils étaient tous voués à être des serviteurs ? « On raconte que durant la première guerre des sorciers, les mangemorts tuaient les moldus et les nés-moldus... vous en étiez, n’est-ce pas ? Quand je vois la réaction qu’avait mon père dès que j’approchais d’un moldu, je suis sûr que s’il avait pu le tuer sans risquer la prison, il l’aurait fait ! » En République Tchèque, les van Aken n’avaient pas une mauvaise réputation ; ils étaient perçu comme une famille de sang-pur conservateur, mais dans un pays aux valeurs qui demeuraient assez traditionalistes, ça n’avait rien d’inhabituel. Mais ici, à écouter Alexander, les van Aken étaient plus controversés. Le poids de son nom semblait plus pesant à présent. Il ne s’agissait plus seulement de sentir la pression de l’héritage artistique à perpétuer : tout d’un coup, il commençait à comprendre pourquoi son grand-père avait fui le pays. Si lui n’avait pas supporté cette réputation, alors qu’il en était un des responsables, pourquoi Dmitri devait-il vivre avec ? Il n’avait rien demandé. Au contraire, il n’aspirait qu’à se distinguer de sa famille, à être plus qu’un autre van Aken.

Le jeune tchèque avait dû mal à rester immobile : il voulait se lever et arpenter la pièce afin d’évacuer cette tension qui montait en lui, le consumant peu à peu. Il s’escrima pourtant à rester sur sa chaise, boudant le peu de nourriture encore dans son assiette. Il ne boudait d’ailleurs pas seulement son repas : encore bien immature, ses sautes d’humeurs étaient vives et bien souvent suivies d’un silence renfrogné.
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Message(#) Sujet: Re: Le pont des générations Le pont des générations EmptyDim 20 Sep - 22:08

On pouvait reprocher beaucoup de choses à Dmitri mais pas son manque d'intérêt. Arthus et Maxmilian l'avaient bien prévenu qu'il s'agissait d'un enfant turbulent et à voir son comportement depuis son arrivée sur la plage, Alexander voulait bien le croire mais il décelait également qu'au delà de son tempérament indiscipliné du à un excès d'énergie, il était certainement possible de la canaliser pour en faire quelque chose de productif. Mais pour cela, la passion de Dmitri ne suffirait pas : il avait besoin d'ordre.

- Un souvenir, oui. Poussé à un tel degré de réalisme et de finesse pour les mieux réalisés qu'il semble que l'on ait la personne en face de soi.

Rien qu'un souvenir... parfois il était plus simple d'oublier cet aspect de la réalité. Parfois il était plus simple de se dire que Patricia n'était pas morte, qu'elle survivait encore dans la peinture. Peut-être un jour...? Un jour y parviendrait-il ? Non, ce n'était pas le moment d'y penser, pas encore, pour l'heure, le garçon avait toute son attention.

- C'est déjà arrivé, à quelques occasions, par exemple en cas de perte des souvenirs. Il laissa un silence passer avant d'ajouter le plus banalement du monde : Ou en cas de traitrise, alors on pouvait n'utiliser que les souvenirs antérieurs, pour garder une bonne image.

Il était difficile de savoir ce que pouvait penser le professeur de la pratique et c'était justement son but, non par peur d'assumer son opinion mais par curiosité, afin de voir comment réagirait le petit Dmitri au destin qui pouvait attendre ceux qui s'écartaient trop des principes familiaux.

Alors que le repas avançait, la discussion bifurqua lentement vers Tobias van Aken, au grand déplaisir d'Alexander qui préférait quand son petit-neveu parlait peinture. C'était une activité bien plus saine et moins susceptible de lui mettre des sottises dans la tête que de trainer autour du portrait de son ancêtre. Légèrement agacé, le professeur le reprit un peu sèchement, espérant que Dmitri aurait le bon sens de ne pas relancer la discussion mais contre toute attente, celui-ci réagit vivement, laissant transpirer une colère qu'un instant, van Aken ne parvint pas à comprendre.

Puis il cessa de chercher à le faire. Le garçon avait immédiatement dépassé les bornes et de loin. Ses jointures blanchirent légèrement sur sa fourchette et dans un coin de la pièce, l'elfe laissa échapper un couinement. Mais le professeur laissa poursuivre, fixant Dmitri d'un regard froid sans dire un mot, il ne chercha pas à lui couper la parole. L'atmosphère était devenue glaciale.

Quand finalement le jeune homme se tu, il y eut un silence. Renfrogné pour Dmitri, lourd pour van Aken qui continuait à l'observer. Puis il se leva, lentement.

- C'est une accusation particulièrement grave que tu viens de faire.

Son ton ne laissait plus rien transparaitre, il aurait aussi bien pu lire une liste d'ingrédients qu'il n'en aurait pas été plus enjoué, sa parole était clinique.

- Une accusation qui à une autre époque, dans un autre contexte, se serait soldé par la mort de l'un de nous. Il n'y a pas de demi-mesure avec les mangemorts, comme avec leurs ennemis, c'était vaincre ou périr.

Ses yeux se plissèrent et il fit un pas vers le garçon. Van Aken n'était pas si grand que cela, surtout depuis que l'âge l'avait un peu voûté, mais il restait largement assez haut pour dépasser le gamin de deux bonnes têtes.

- Or, je suis toujours en vie. Et Arthus également.

Il se trouvait à un mètre de Dmitri quand il s'arrêta et leva sa canne vers lui.

- Debout. Sors ta baguette.
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Message(#) Sujet: Re: Le pont des générations Le pont des générations EmptyLun 21 Sep - 21:54

Parmi les innombrables mystères que composaient le monde, l’un d’eux paraissait à la fois familier mais pourtant insondable aux yeux du jeune tchèque. S’il ne découvrait pas les tableaux animés d’une personnalité d’une si grande réalité qu’ils en paraissaient réels, ayant grandi entouré de ces représentations magiques, bien qu’à des proportions moins importantes que le manoir dans lequel il se trouvait actuellement, il ne pouvait nier que les peintures vivantes gardaient ce caractère surprenant qui l’empêchait de s’en lasser, toujours plus émerveillé par ce qu’elles pouvaient dire du monde qui l’entourait. Au fond, il avait beau dénigrer l’héritage familial, il n’en restait pas moins attiré par ce qu’il pouvait lui apporter ; ce désir s’accordait mal avec son tempérament contestataire, créant en lui un dilemme d’une importance telle qu’il se sentait parfois submergé, incapable de contrôler ces émotions opposées.

Pour l’heure, son attention était entièrement consacrée aux réponses de son grand-oncle, qui lui dévoilait peu à peu certains arcanes de la discipline, bien qu’il demeurât assez avare en détails, au grand dam de Dmitri dont la patience connaissait d’indéniables limites. Il ne tarissait de question l’homme dans l’espoir d’en capter des réponses de plus en plus complètes ; mais il avait beau être rodé à ce petit jeu, Alexander avait quelques décennies d’avances, lui donnant tout juste assez de miette pour le tenir en haleine.

Lorsqu’il évoqua l’utilisation des souvenirs antérieurs, l’enfant fronça légèrement les sourcils en une expression circonspecte ; la démarche lui paraissait surprenante, sans qu’il ne puisse immédiatement dire ce qu’il en pensait. Lorsqu’il avait questionné son aïeul sur l’usage de souvenirs d’une époque plutôt que d’une autre, pas un instant il n’avait imaginé que l’on veuille désirer effacer une partie de la vie d’une personne. Il se souvint alors des quelques histoires que lui racontaient sa famille lors de son instruction, évoquant la suppression pure et simple de mention de personnages ayant commis des actes tels que l’on avait décidé de les condamner à l’oubli éternel. « C’est... cruel » dit-il dans un murmure tout juste audible pour son grand-oncle, comme une pensée qu’il avait formulée à voix haute sans vraiment s’en rendre compte. Au moins, une chose était certaine : s’il fallait un jour faire un tableau de Dmitri, sa famille ne ferait sans doute pas le choix de garder la personnalité qu’il avait actuellement, compte tenu de mal qu’ils se donnaient pour le changer.

Le temps passant, le jeune tchèque prenait progressivement ses aises, hésitant moins à poser des questions de plus en plus directes et à exprimer ce qu’il ressentait réellement. S’il s’était senti au départ abandonné par son père dans un endroit qu’il ne connaissait pas, auprès d’une personne qui ne lui était guère plus familière, il avait peu à peu oublié ce sentiment pour profiter de l’instant présent : il lui semblait que pour la première fois depuis sa naissance, il apercevait une liberté qui lui avait toujours parue inaccessible. Cette émancipation nouvelle jouait sûrement un rôle d’intensification, rendant ses émotions plus fortes qu’à l’accoutumée. S’il n’avait jamais été d’une nature calme, étant facilement la proie d’un caractère irascible, il lui semblait que ses derniers temps, les choses s’empiraient. Il ne savait si c’étaient les prémices d’une adolescence tumultueuse ou parce qu’il percevait inconsciemment une victoire face à son père, victoire qui l’avait emmenée dans ce manoir et, dans les semaines prochaines, à Poudlard.

Toujours est-il qu’il se laissa aller à de vives accusations, fruits non pas d’une réflexion mais d’une réaction bien plus primaire, assez proche en fin de compte d’une crise de colère enfantine. Dmitri était entre deux états ; non pas encore un adulte, mais déjà plus totalement un enfant, il oscillait dangereusement entre les deux sans toujours savoir comment agir. Si l’espace d’un instant, il s’était senti pousser des ailes, sa diatribe fut suivie d’un long silence durant lequel le battement de son cœur commença doucement à s’amenuiser alors que le maître des lieux le regardait avec insistance. Désormais plus calme, il sentit alors ce qui l’avait échappé durant sa tirade ; une atmosphère pesante, sans le moindre bruit. Frimord restait immobile dans son coin, et peu à peu, le garçon l’imita instinctivement alors qu’Alexander se levait de sa chaise. Sa voix brisa le silence avec une inquiétante délicatesse ; pas de cri, pas de grondement, mais pourtant une fermeté qui ne laissait aucun doute quant à ce qui se tramait dans la tête du plus âgé des van Aken.

Le tchèque déglutit lorsque Alexander évoqua les conséquences qu’auraient eu ses accusations en d’autres temps. S’il parlait d’une époque révolue, son regard semblait évoquer une réalité encore présente et, lorsqu’il avança vers lui, Dmitri se fit plus petit sur sa chaise. Son cœur battait lentement, mais avec une force si grande qu’il avait l’impression d’en devenir sourd. Arrivé à son niveau, l’homme pointa sa canne vers lui. Instinctivement, l’enfant cligna frénétiquement des yeux, s’attendant à recevoir un coup. Mais il aurait sans doute préféré cette solution à ce qu’il se passa réellement : « Debout. Sors ta baguette. » L’ordre claqua comme un coup de fouet. Il n’eut pas besoin de se le faire dire deux fois : il se leva d’un bond et ses doigts tâtonnèrent quelques instants avant qu’il ne parvienne à mettre la main sur sa baguette.

Instinctivement, il voulut reculer face à son grand-oncle, mais ses pieds butèrent contre la chaise, le faisant légèrement sursauter alors qu’il ne parvenait à cacher sa frayeur. Jamais encore il n’avait ressenti pareil chose : durant sa courte vie, il en avait pourtant faites des provocations et avait reçu autant de corrections. Face à son père, ou même son grand-père, il n’avait jamais imaginé risquer plus qu’une punition et quelques coups, sachant pertinemment qu’ils ne lui feraient pas de mal excessif, mais il n’était pas aussi serein avec Alexander. Il avait conscience être allé plus loin que d’ordinaire ; en insultant ainsi son aïeul, il venait de franchir des limites qu’il n’avait encore jamais transgressées. Pire encore, il ne le connaissait pas assez pour savoir jusqu’où lui-même pourrait aller dans ses représailles.

Alors qu’il imaginait les pires scenarios, la voix de son grand-oncle répétant en boucle dans sa tête les mots « vaincre ou périr », sa bouche se fit sèche et la main qui tenait sa baguette tremblait légèrement : il se sentait idiot à la tenir ainsi, incapable de se servir de cet outil qu’il avait obtenu quelques jours auparavant.

« Je ne voulais pas... » marmonna-t-il sans parvenir à terminer sa phrase. Qu’est-ce qu’il ne voulait pas ? L’insulter ? Si, c’était son but et il était au moins certain d’une chose : le prendre pour un idiot en prétendant s’être mal exprimé ne ferait qu’empirer les choses.
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Message(#) Sujet: Re: Le pont des générations Le pont des générations EmptyMar 22 Sep - 0:12

C'était le propre de la jeunesse que de se croire immortelle. Certains découvraient rapidement la réalité, d'autres devaient attendre bien longtemps avant de recevoir cette leçon. De l'avis de van Aken, il était important d'enseigner ce genre de choses aux jeunes le plus vite possible, cela leur remettait les idées en place et leur éducation sur de bons rails. Sinon, à s’imaginer tout puissants, détenteurs d'une vérité qu'eux seuls connaitraient, ils finissaient par se défier de la parole des adultes et alors le pire pouvait arriver.

Ce soir, le pire avait été frôlé. Encore aujourd'hui, près de quarante ans après la seconde guerre des sorciers, après avoir donné tous les gages à la société de sa probité, l'ombre des mangemorts planait sur le professeur. Or s'il se fichait bien personnellement de ce que l'on pouvait penser de lui - à son âge, ce genre de choses ne vous préoccupent plus - ce n'était pas le cas en considérant son travail à Poudlard. Ses travaux, d'ailleurs. Éduquer aux potions et éduquer les esprits, les armer face aux idées nouvelles et dégénérées, être le cœur battant des traditions et de la noblesse sorcière au sein d'un lieu si important.

Si Dmitri commençait à parler à tort et à travers, tout pouvait s'effondrer comme un château de carte. Le jeune homme ne le soupçonnait pas encore, mais le monde des sorciers britanniques était en guerre. Les élections approchaient et si Appleton devenait Ministre... Ils seraient tous en danger un jour ou l'autre. Lui, son Manoir, son héritage, et Dmitri également. On ne s'accusait pas à tort et à travers de choses terribles, il fallait que le garçon comprenne le poids des mots.

- Tu ne voulais pas quoi ? demanda lentement le professeur.

Il attendit un instant, comme s'il espérait sincèrement obtenir une réponse mais celle-ci ne vint pas alors il reprit.

- Tu ne voulais pas m'accuser, moi et mon frère, de crimes dont tu ignores tout ? Me reléguer au rang d'assassin, dans ma propre maison ? Je me demande, Dmitri, ce que tu pensais qu'il se passerait en faisant une telle chose. Car si je ne me sentais pas insulté par la calomnie, alors tu mangerais effectivement à la table d'un meurtrier.

D'un geste du menton il désigna la baguette que tenait encore maladroitement le garçon.

- Sais-tu t'en servir ? Peux-tu te défendre ? Ou comptes tu sur la pitié des autres pour t'épargner ?

Ses yeux se plissèrent encore plus, à croire qu'il cherchait à les faire disparaitre dans la masse brouillonne de ses sourcils.

- Tobias a eu la tête tranchée pour actes de magie noire, même s'il n'était pas mangemort puisqu'il a vécu avant. Mon propre père, ton arrière grand-père est décédé à Azkaban, condamné pour les crimes dont nous accuses ce soir. Je ne plaisantais pas en disant qu'à une autre époque une telle situation se serait réglée dans le sang : on meurt encore aujourd'hui d'être accusé ou d'accuser de certaines choses.

Et comme pour joindre le geste à la parole, van Aken leva le bout de sa canne vers le garçon. Il avait monté sa baguette en pommeau dans celle-ci si bien que c'est de la canne que sortit le sortilège.

- Petrificus Totalus.

Le maléfice toucha l'enfant de plein fouet qui se raidit et tomba droit sur le tapis, désormais seulement capable de bouger les yeux et d'en cligner. Hormis ses fonctions vitales, le reste de ses muscles était comme tétanisé.

- Frimord va te conduire dans ta chambre et te coucher, je viendrai demain matin rompre le maléfice et nous ne reparlerons plus de cet incident. Je ne sais s'il est possible de dormir dans cet état, tu me le raconteras au déjeuner, ainsi nous aurons fait avancer un peu la science magique malgré tout. D'ici là, profite de ce temps de calme imposé pour réfléchir à tes actes.

Et sans un regard pour son petit-neveu, il se dirigea vers son fauteuil visiblement décidé à terminer son repas alors que l'elfe emportait le corps paralysé de Dmitri à l'aide d'un sortilège de lévitation.


HRP:
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Message(#) Sujet: Re: Le pont des générations Le pont des générations EmptyMar 22 Sep - 21:12

Le vieil homme reprit Dmitri alors que celui-ci s’apprêtait à protester. Mais il fut incapable de lui répondre, incapable de dire ce qu’il n’avait pas voulu. Tous deux savaient parfaitement que même s’il avait été trop impulsif, ses paroles demeuraient on ne peut plus claires. Il n’avait donc aucune réponse satisfaisante à donner à son grand-oncle, son esprit était impuissant à aligner des pensées cohérentes : la peur dominait.

Ironiquement, il avait finalement eu l’explication qu’il désirait quant à savoir pourquoi Tobias avait été exécuté. Une réponse dont finalement, il se serait bien passé compte tenu de la forme qu’elle prenait. Alexander énonça en outre une terrible vérité : si les accusations qu’il avait proférées étaient calomnieuses s’agissant de son grand-père et de son grand-oncle, elles n’en étaient pas moins vraies pour son arrière-grand-père. Quelque part, s’il fût capable de faire bien des reproches à ses aïeux, l’absence de confirmation l’avait toujours préservé des conséquences qu’auraient eues ces révélations sur lui. Entendre pour la première fois la confirmation des actes de son arrière-grand-père était pour le jeune tchèque un choc presque aussi vif que le maléfice qui le frappa quelques secondes plus tard.

Il n’avait pas eu le temps de réagir, d’espérer même pouvoir se défendre, non qu’il en soit capable d’ailleurs. Il sentit le sortilège s’insinuer en lui, partant de la poitrine jusque dans chaque extrémité du corps, comme si on l’avait aspergé d’une eau glaciale qui gelait instantanément ses muscles. Étrangement, la chute ne fut pas douloureuse. En revanche, sentant l’intégralité de son corps se paralyser, l’enfant eut tout d’abord l’impression de ne plus pouvoir respirer ; ses poumons lui semblaient eux-aussi glacés, incapable d’alimenter son cerveau en oxygène. Paniqué, il voulut se débattre, se défaire de cette étreinte, mais il avait beau ordonner à ses membres de bouger, il ne parvint à rien. Au bout de quelques instants, il abandonna toute tentative de lutte et se concentra sur la voix de son aïeul qui, tel le juge implacable qu’il fut un jour, le condamnait à passer la nuit entière sous l’emprise du maléfice et, sitôt la sentence donnée, Frimord l’emporta.

Tel le garçon contestataire qu’il était, ce ne fut pas tant à ses actes qu’il réfléchit qu’à ce qu’avait pu faire et dire son grand-oncle. La peur avait désormais laissé place à un mélange de colère et d’effarement. Les paroles d’Alexander résonnaient inlassablement dans sa tête : il y avait bien quelqu’un dans sa famille qui avait participé aux meurtres de personnes dont le seul crime était de ne pas avoir le bon sang. Et si ni son grand-père ni son grand-oncle n’avaient participé à ces exactions, ils n’en demeuraient pas moins des héritiers de la pensée de cet homme. Pire encore, à aucun moment l’aîné des van Aken n’avait réellement dénigré les actes de son aïeul ; seules les accusations de Dmitri étaient condamnées. Ce dernier se sentait sale, honteux d’être un van Aken, d’être issu de la lignée de cet arrière-grand-père qu’il n’avait jamais connu. Sa naïveté d’antan avait laissé place à une réalité qu’il avait toujours soupçonné mais qui jusque ce jour restait de l’ordre de l’hypothèse.

Il aurait aimé effacer cette soirée de sa mémoire, retourner à l’époque où le doute préservait son innocence et où ses bêtises n’étaient que le fruit d’un désir d’émancipation. À présent, il se sentait forcé de grandir et d’affronter le monde tel qu’il était, et non tel qu’il le rêvait alors. Il ne s’agissait plus de s’émanciper, mais de choisir un camp.

À son effarement s’ajoutait la colère. Celle d’être ainsi immobilisé et humilié, abandonné dans cette chambre dont il ne pouvait distinguer d’autres choses que le plafond, entendant parfois l’occupant d’un tableau, sans doute le fameux Gregory van Aken. Était-il lui aussi un criminel, ou était-ce l’un de ceux dont on avait voulu effacer les dernières années pour ne garder qu’une parcelle de sa personnalité, celle qui convenait mieux aux attentes familiales ? Y avait-il au moins une chose de vraie dans ce manoir, où tout n’était que faux semblant et magie noire ?

Il avait connu de nombreuses corrections et des punitions souvent fermes, celle-ci était pourtant très différente, elle ne l’atteignait pas seulement physiquement, mais également moralement ; il aurait tant préféré recevoir des coups, comme avait coutume de faire son père. Ça aurait été plus rapide, plus direct. Au lieu de ça, il ne pouvait que ruminer. Peu à peu, les minutes se muèrent en heures, et il demeurait allongé, immobile, à ressasser les dernières heures, l’appréhension montant alors qu’il s’imaginait devoir se retrouver de nouveau face à Alexander après une telle dispute.

Ses pensées étaient confuses, nébuleuses ; sans doute des rêves, de mauvais rêves, s’étaient-ils glissés dedans.
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