Caleb regardait les elfes de maison s’afféraient autour de lui. Nettoyer la pièce, la décorer, mettre la table où trônait une panoplie de couverts et de verres aussi beaux que chers. Lui, il se trouvait là, en plein milieu de la salle à manger qu’ils utilisaient spécialement lorsqu’ils avaient de la visite. Une longue table en bois massif s’y trouvait au centre. Caleb posa ses mains sur le dossier de la chaise où se trouverait surement son père dans quelques heures, présidant en bon chef de famille le repas de ce soir. Sa mère l’avait prévenu de ce dîner avant leur séjour en Chine sans pour autant lui en expliquer les raisons. Car des raisons il y en avait toujours lorsque son patriarche invité une autre famille de Sang-pur pour dîner. Que ce soit pour maintenir les relations ou parler affaires. Il en avait l’habitude et jouer le jeu jusqu’à ce que les convives partent, contents de leur soirée. Cependant, il ne comprenait pas pourquoi sa mère avait eu besoin de lui préciser que sa présence était obligatoire. Ne l’était-elle pas aussi d’habitude ? En quoi ce dîner serait plus important ? Pourtant il était troublé. Si encore l’information se serait arrêté là. Mais Phoenix, la petite fille des Montgomery, lui avait envoyé un mot, lui demandant s’il était au courant de ce dîner et en quoi sa présence à elle aussi était nécessaire… Le Serpentard ferma les yeux fermement, la tête légèrement baissée, se pinçant l’arête du nez et faisant fi du bruit autour de lui. Il ne la sentait pas cette soirée. Contrarié de ne pas comprendre et de ce malaise naissant qu’il ressentait, il quitta la pièce sans un regard aux petits êtres autour de lui et rejoignit le premier étage afin d’y retrouver sa chambre. Il ferma la porte derrière lui tout en soupirant, comme cherchant à faire disparaitre cette sensation désagréable qu’il ressentait depuis ce matin. Ce n’était pourtant pas la première fois qu’il participait à ce genre de diner. C’était même son quotidien lorsqu’il était à la Villa durant les vacances. Caleb s’étala de tout son long sur le lit, les bras ouverts et le regard rivé sur le plafond. Cela faisait à peine quelques jours qu’il était rentré et il voulait déjà repartir. L’ambiance ici était étouffante. ----- Le bruit contre sa porte attira on attention. Sa mère pénétra dans sa chambre, droite et élégante comme à son habitude. Caleb se redressa sur son lit alors qu’elle le regardait avec un doux sourire avant de s’assoir à son tour sur le lit. « Les invités arrivent bientôt. Il faudrait que tu penses à te préparer » Habituellement, la voix douce de sa mère l’apaisait. Bien qu’elle suivait tout le temps son mari dans ses avis et actions, elle était généralement là pour temporiser entre lui et son père. Le regard sombre du plus jeune des Avery se posa sur la tenue que les elfes de maison avaient préparé un peu avant son retour dans la chambre. Une chemise crème où le blason de la famille était discrètement brodé sur le bout d’une de ses manches et un pantalon noir. Sobre mais élégant. Ça le perturbait également. Ce dîner semblait vraiment important pour sa famille. Son regard se porta à nouveau sur sa mère toujours assise à ses côtés. « M’man » Il l’appelait ainsi que quand ils étaient seuls. Se contentant d’un simple « mère » lorsque le masque se devait d’être mis. Une façon de prouver sa bonne éducation. « Il consiste en quoi ce dîner ? ». Le regard gris de sa mère se s’accrocha au sien, silencieuse quelques instants avant qu’un simple sourire n’apparaisse sur le doux visage de celle-ci. « C’est pour maintenir les bonnes relations » Et ils avaient absolument besoin de lui pour ça ? Caleb fronça les sourcils, ses yeux sombres examinant le visage de sa mère. Indéchiffrable comme toujours. Il savait qu’il ne pourrait obtenir aucune information d’elle. Sa mère savait se taire jusqu’au bout. Relâchant ses épaules, Caleb soupira une énième fois avant de se lever et se diriger vers sa tenue. « J’vais me préparer… ». Dos tourné, il entendit simplement le froissement des draps lorsque sa mère se leva ainsi que le faible claquement de la porte se refermant sur elle. ---- Impassible et tout sourire disparu de son visage, le cadet des Avery attendait avec le reste de sa famille dans le Hall d’entrée, quelques pas en arrière de ses parents. La grande porte de leur Villa venait de s’ouvrir sur les Montgomery et son père s’avança vers eux afin de saluer ses invités. Proposant une poignée de main au patriarche de la famille. « Bienvenue. Je vous remercie d’avoir accepté notre invitation » Discrètement, Caleb regarda Phoenix qui se tenait non loin de ses grands-parents et sans pouvoir se l’expliquer, senti cette sensation désagréable l’envahir à nouveau.

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Installée devant la coiffeuse de ma grand-mère, je laissais une de ses domestiques finir de me coiffer. C'était si étrange de se retrouver ici, chez eux, à New-York, pour les vacances. Eux qui n'avaient pas donné signe de vie pendant des années, les voilà aux petits soins pour nous, prêts à tous les sacrifices pour nous faire plaisir. Et dire que sans la mort de mon géniteur, jamais ils se seraient souvenus qu'ils avaient une fille au fin fond de l'Ecosse, qui élevée seule ses enfants. Je sais que c'est un peu plus compliqué que ça, évidemment, mais ça me laisse un goût amer au fond de la gorge de me dire que si je suis ici aujourd'hui, c'est uniquement parce que mon père a passé l'arme à gauche et que ma mère, dévastée, a fini par accepter de se plier aux exigences de ses parents pour revenir dans leurs bonnes grâces. Au final, ils auront eu ce qu'ils voulaient, il leur suffisait juste d'attendre patiemment que ma mère retrouve la raison, qu'importe le prix. Mon coeur se serre dans ma poitrine à l'idée qu'ils n'attendaient au final que ça, que mon père meurt pour retrouver l'ascendance sur notre famille. Je reste assez incertaine face à la situation pour être honnête. D'un côté, j'ai eu ce que je voulais, c'est à dire retrouver ma place au sein de ma famille et de la haute société. Je me suis battue durant des années pour qu'on reconnaisse que j'ai vécu une injustice et que je suis digne de revenir parmi les miens, sans avoir à baisser la tête. Je ne suis pas responsable des erreurs de mon père et je n'ai pas à en payer les conséquences. Tout comme je ne suis pas responsable des choix de ma mère et je trouve ça injuste de devoir être reniée sous prétexte que ma mère a eu la bêtise de choisir sa fidélité envers son époux, plutôt qu'envers sa famille. Mais d'un autre côté, j'ai grandi seule, je me suis débrouillée seule et je trouve que je m'en suis plutôt bien sortie jusqu'à présent, je ne suis pas sûre d'être prête à accepter de laisser mon destin entre les mains de personne qui finalement retournent leur veste plus vite que l'éclair. J'ai toujours pris mes propres décisions, vais-je accepter sans broncher que d'autres personnes décident maintenant à ma place ce qui est le mieux pour moi ? Je sais qu'ils ont plus d'expérience dans la vie que moi, mais me connaissent-ils vraiment pour pouvoir choisir au mieux ? Là est la grande question.

La coiffure achevée, j'apporte la dernière touche à mon maquillage avant de tourner mon regard vers ma grand-mère, installée dans un fauteuil, dans un coin de sa chambre. Elle a été attentive au moindre détail de ma tenue afin que je sois la plus digne possible de représenter ma famille aujourd'hui. J'ai dû changer plusieurs fois de robe avant de sélectionner celle qui trouvait grâce à ses yeux. Elle avait déjà une idée très précise de la coiffure que je devais portée et avait donner toutes les instructions à sa domestique pour la réaliser au mieux. Parfois on l'entendait donner quelques ordres "plus haut", "plus centré", "plus tiré", avant de finir par entendre un "parfait" quand la coiffure lui convenait. J'apprécie le fait qu'on me chouchoute et qu'on se plie en quatre pour me faire plaisir, néanmoins j'aurai aimé qu'elle me fasse un peu plus confiance pour choisir la tenue qui, selon moi, me serait allée le mieux, ainsi que la coiffure qui me mettait le plus en valeur. Mais j'ai rapidement compris que ce n'était pas le sujet aujourd'hui. Ce n'était pas moi qu'il fallait mettre en valeur, mais ce que je représentais, ainsi il fallait incarner le mieux les valeurs traditionnelles de ma famille. Evidemment, j'étais très belle dans cette tenue mais je sentais très clairement que j'allais jouer un rôle, sans pour autant savoir encore lequel. Pourquoi ne me disaient-ils pas ce qu'ils attendaient de moi ? Parce que clairement j'étais importante dans leur plan, sinon ils ne m'auraient pas conviés à ce repas. Maintenant à savoir jusqu'à quel point j'étais importante, je l'ignorais. J'étais évidemment flattée de voir qu'ils avaient suffisamment confiance en moi pour pièce importante de leur échiquier, mais j'aurai voulu savoir ce qu'ils attendaient exactement de moi pour jouer le jeu le mieux possible. Là je naviguais dans le noir, incapable de savoir si j'allais retrouver la lumière un jour.

Nous formions un très beau tableau tous les trois et c'était avec fierté que je glissais mes doigts sur le portoloin qui nous mènerait dans la résidence des Avery. Ils avaient décidé que ma mère n'était pas en état de nous accompagner et que ma soeur, Isabella, était encore trop jeune pour se joindre à nous. Elle avait pourtant bien essayé de faire changer d'avis ma grand-mère, mais en vain. Et c'était avec arrogance que j'étais passée devant elle au moment de notre départ. Ce soir, ils seraient à moi et elle n'existerait pas. Le voyage en portoloin fut rapide mais me mit l'estomac en vrac. C'était définitivement pas un moyen de transport que j'affectionnais particulièrement, pourtant je ne pouvais nier qu'il était rapide et efficace. Je mis quelques secondes pour reprendre contenance avant de marcher jusqu'à la maison. Ma grand-mère me donna ses dernières consignes : me tenir droite, ne parler que si on me le demande, être souriante, ne pas faire de plaisanterie et toujours penser aux intérêts de la famille avant de penser aux miens. Sa dernière règle me parue bien étrange, ne comprenant pas vraiment pourquoi elle me disait cela. Depuis le début je sentais que cette histoire était louche et plus nous avancions dans le temps et plus cela devenait évident. Pourtant je ne dis rien et je suivis mes grand-parents, d'un pas en arrière d'eux, silencieuse. "Nous vous remercions de nous avoir invité. Et voici Phoenix, notre petite-fille." Annonça mon grand-père en tendant sa main vers moi pour que je m'approche et que je la prenne. Mon regard croisa celui de Caleb avant de glisser sur ses parents et c'est avec un sourire charmant que je m'approchais d'eux. "Bonsoir ! Vous avez une magnifique demeure." Répliquais-je en tentant d'être le plus aimable possible même si au fond de moi, je sentais que je tombais dans un piège inévitable.

Soit digne de ton rang et de ta famille, comporte toi comme un véritable Avery … Les dernières recommandations de son père résonnaient encore dans sa tête alors que leurs invités venaient de pénétrer dans la demeure. Les Montgomery étaient des sorciers américains de Saing-pur et faisant partis de la haute société, tout comme sa propre famille. Caleb ne savait pas exactement depuis quand ses parents et eux se connaissaient mais il était certain, et au vu de la différence d’âge, qu’ils ne s’agissaient pas, ici, d’une relation d’amitié mais plutôt de relation liée à des intérêts communs. Lesquelles ? Il le découvrirait surement des différentes conversations lors du dîner. Son père fut le premier à saluer les grands-parents de Phoenix suivi de très près par sa mère qui, après les avoir accueilli de manière chaleureuse, donna les directives pour qu’on les débarrasse de leurs affaires. Le patriarche de la famille Montgomery remercia à son tour les Avery de les avoir invité avant qu’il ne tende la main vers Phoenix afin de la présenter. Cette dernière les salua à son tour. « Je vous remercie. Et vous êtes également une bien jolie demoiselle, comme nous l’avaient dit vos grands-parents » Caleb tiqua sur cette dernière phrase, gardant pour autant son masque impassible sur le visage, mais n’eut pas le temps de trop y réfléchir, son père se tournant déjà vers lui et son frère. « Je vous présente Mark » ce dernier s’approcha, s’inclinant légèrement afin de saluer leurs convives « Et voici Caleb, notre cadet ». Le regard gris de son père se posa sur lui, l’invitant à se rapprocher à son tour. Tout comme son frère, il inclina légèrement la tête vers l’avant pour saluer les grands parents de Phoenix. « Ravi de vous rencontrer » Son père posa une main sur son épaule, geste inhabituel qui surpris à nouveau le cadet de la famille. « Il est actuellement en étude à Poudlard, tout comme Phoenix ». Le Serpentard porta son attention sur son père, scrutant le visage de ce dernier comme pour comprendre ses intentions. Il était indéchiffrable comme toujours. Pourtant il savait que son père les mettait en avant, lui et son frère, que s’il y avait une bonne raison de le faire. Une raison permettant d’honorer la famille, cependant, il mettait généralement un peu plus son frère en avant, car il représentait parfaitement ce que devait être un Avery. Sinon, il se contentait de mentionner leur prénom. La pression sur son épaule se fit un peu plus forte alors que son père les invita à les suivre afin de leur faire le tour du propriétaire. Il ne le lâcha que lorsqu’il se retrouva aux côtés de Phoenix. Ordre silencieux de lui tenir compagnie. Caleb échangea un regard avec cette dernière avant d’emboiter le pas au reste du groupe, restant cependant légèrement en retrait. Le tour du propriétaire se fit sans encombre, les chefs de famille discutant ensemble en tête. Caleb profita du fait qu’ils ne leur portent pas grande intention, pour s’adresser à demie-voix à la gryffondor. « Tu en sais un peu plus sur la raison de ce dîner ? » Peut-être avait-elle réussi à glaner quelques renseignements, chose qu’il avait tenté de faire auprès de sa mère, en vain. Il ne se sentait pas à l’aise et le nœud à l’estomac qu’il ressentait depuis quelques heures ne semblait pas vouloir disparaitre tellement il sentait qu’il allait regretter cette soirée. La visite se termina sur leur grande terrasse où l’apéritif avait été servi. Un champagne de grande qualité était ouvert et déjà servit dans plusieurs verres alors que des amuse-gueule trônaient sur leur grande table de jardin. Carl Avery tendit un verre aux Montgomery et à sa femme, alors que son frère se servait également. Une œillade de sa mère lui fit comprendre qu’il devait proposer un verre à Phoenix, et s’exécuta dans la foulée, tendant un verre à cette dernière tout en se servant également, tandis que son père leva légèrement son verre en direction des grands-parents de la jeune fille, un sourire satisfait aux lèvres. « Je porte un toast au futur rapprochement de nos familles » Et trinqua avec ces derniers alors que Caleb fronçait légèrement les sourcils, ne comprenant strictement pas ce voulait bien dire son père par rapprochement.

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Sans connaître encore les tenants et aboutissants du piège dans lequel j'étais tombée, je pouvais d'hors et déjà ressentir son étreinte glaciale. Comment allais-je pouvoir m'en extirper ? Je l'ignorais, pas tant que je ne saurais pas quelle idée tordue trottait dans la tête de mes grand-parents. Incertaine quant à l'aboutissement de ce rendez-vous, je décidais de ne pas faire l'enfant en faisant ma mauvaise tête. Pour le moment, je n'avais aucune raison de freiner des quatre fers alors autant aller dans le sens de ma famille. Si ça se trouve, ce sera une agréable surprise qui nous attend. Après tout, je sais ma mère faible et sans ambition, si ça se trouve, ils me testent pour voir si je saurai reprendre les rênes de la famille et de l'entreprise familiale. Peut-être que ce test consiste à voir si je suis capable d'évoluer dans le même milieu d'eux et si je saurai mettre en avant l'entreprise pour un potentiel gros contrat. Après à savoir en quoi ça concerne Caleb, je l'ignore, mais si ça se trouve, ses parents veulent aussi le bouger un peu et l'impliquer un peu plus dans la famille. Peut-être qu'ils se sont déjà entendu pour un contrat et qu'en discutant de leur famille respective, ils se sont rendus compte qu'ils avaient chacun une occasion de tester leurs progénitures. Connaissant l'esprit tordu de mes grand-parents, franchement ce n'est pas une hypothèse si irréelle.

Je me tiens au côté de mon grand-père, droite et digne. Je complimente la résidence des Avery et offre un magnifique sourire en guise de salut. Je souris de plus belle et incline légèrement la tête après le compliment du père à Caleb. Qu'on me dise que je suis jolie, ce n'est pas nouveau, mais savoir qu'ils ont discuté de moi, cela me plait beaucoup. Mon égo démesuré m'empêche de prendre pleinement conscience du fait que c'est certainement assez suspect qu'ils aient pu parler de moi, surtout en évoquant ma beauté. Qu'ils parlent de ma soif d'ambition, de ma capacité à rebondir face à n'importe quelle situation, à mon côté calculateur, je pourrais le comprendre, mais en quoi ma beauté a un réel intérêt dans l'histoire ? Ce n'est pas mon physique qui me fera gagner de nouveaux contrats ... en tout cas pas que ! Le père de Caleb enchaîne en présentant ses deux fils, Mark et Caleb. Je salue d'un signe de tête les garçons sans plus d'effort que ça. Son petit frère n'a aucun intérêt à mes yeux et je n'ai toujours pas changé d'avis sur ce cher Caleb. Beau, mais totalement inutile. Son père précise que Caleb fait des études avec moi à Poudlard et je trouve ça assez étrange qu'il se sente obligé de le préciser. Déjà parce qu'on s'en fout et ensuite parce qu'on le sait déjà, non ? Je ne dis rien, me contentant de sourire sans rien dire, comme une vulgaire poupée, c'est ma grand-mère qui reprit la parole en se tournant vers Caleb "Savez-vous déjà ce que vous souhaitez faire dans la vie jeune homme ?" Lui demanda-t-elle, curieuse. Je connais suffisamment ma grand-mère pour savoir que cette question n'est pas anodine et qu'elle attend vraiment à ce qu'il ait un plan de match. Mais c'était sans connaître Caleb et le fait qu'il voyait la vie comme un jeu, je doutais sincèrement qu'il ait vraiment pensé à l'avenir.

Après cette rapide présentation, on nous fit faire le tour du propriétaire et très habilement, je me suis retrouvée sans le vouloir au côté de Caleb. Les adultes marchaient devant nous et nous étions à quelques pas en retrait. J'observais chaque pièce, chaque décoration, plus curieuse que je ne l'aurai voulu, de savoir où vivait ce cher Caleb. "Peut-être que mes grand-parents ont enfin compris que j'étais leur seule héritière digne de confiance pour reprendre les rênes de leur entreprise..." Répondis-je à Caleb en baissant le voix pour qu'il ne soit le seul à m'entendre. Evidemment cela n'expliquais pas sa présence à lui, mais pourquoi serait-ce mon problème à moi ? On finit par arriver sur la terrasse où nous attendait un apéritif. Caleb me tendit un verre, plus contraint qu'autre chose par son géniteur et je l'acceptais avec plaisir, plus heureuse que je ne le voudrais de le voir être obligé de se plier en quatre pour moi, pour faire plaisir à ses parents. Quand je vais raconter ça au Sorensen, on va bien en rire. On leva nos verres et j'avoue que je ne fus pas plus étonnée que ça d'entendre qu'ils trinquaient au rapprochement de nos familles. Mon grand-père rajouta "A ses enfants qui feront notre fierté !" en nous regardant tour à tour. Dire que ce fut gênant fut un doux euphémisme. J'avais beau adoré avoir tous les regards braqués sur moi, cette fois-ci, je ne me sentis pas à mon aise, sans trop savoir pourquoi.

L’ambiance lui pesait sur les épaules, se sentant comme pris au piège dans un jeu de relations dans lequel il ne comprenait pas son implication. Ce n’était pourtant pas la première fois qu’il se retrouvait à devoir faire bonne figure aux milieux des convives et prendre un air supérieur digne de la haute noblesse se moquant du petit peuple. Mais à ce moment-là, il n’était qu’un des personnages secondaires dont la présence n’était pas forcément exigée comme aujourd’hui. Peut-être se faisait-il trop de soucis pour rien. Peut-être qu’il ne s’agissait vraiment que d’un dîner pour maintenir des relations via un contrat ou autre qui ne le concernait finalement pas du tout. Ces peut-être, il les espérait fortement au fond de lui. Ne montrant rien de son malaise, habillé de son attitude fier, Caleb avait salué leurs invités lorsque son père l’avait présenté, mentionnant le fait qu’il faisait également ses études à Poudlard. Il ne voyait pas l’utilité de cette précision, évitant tout de même de jeter un regard en biais sur son père qui venait de poser une main sur son épaule. Ce fut Mme Montgomery qui prit la parole en se tournant vers lui afin de lui demander s’il savait ce qu’il voulait faire dans la vie. Caleb prit quelques secondes pour réfléchir à la bonne réponse, se doutant bien que ce que dire qu’il n’en savait rien n’en était pas une. « J’ai plusieurs idées en tête et j’attends de réaliser mes ASPICS pour me décider. Mais il est évident que je souhaite apporter ma contribution à la société magique ». Réponse vague qui pouvait tout de même en dire beaucoup. De quoi convenir à son père. Lui, au fond, il avait envie de voyager et découvrir autre chose que cette sphère élitiste des Sang-purs. Mais ça, il savait très bien que ses parents ne seraient pas en accord avec ça et les projets qu’ils avaient pour lui. Le tour du propriétaire lui parut durer une éternité, son père mettant bien en avant leur richesse et l’ancienneté de leur famille. En retrait en compagnie de Phoenix il lui avait demandé s’il avait une idée de la raison de ce repas et notamment de la raison de leur présence. C’était toujours et encore ce point qui le tourmentait encore et encore. Mais elle non plus n’en savait pas plus. Elle imaginait que peut-être ses grands-parents avait compris qu’elle seule était digne de confiance pour reprendre leur entreprise. Caleb la fixa un instant silencieux, peu convaincu par la réponse car cela n’expliquait pas sa présence à lui. Il finit par reporter son regard sur le couloir face à lui, un haussement d’épaule pour guise de réponse. Le silence les englobant entièrement jusqu’à leur arrivée sur la terrasse. Sa mère l’obligea d’un regard à servir la gryffondor qui sembla ravi de le voir être contraint à ce genre de tâches. Prenant un verre à son tour, il se tourna assez pour que son visage ne soit pas visible de sa camarade, la mâchoire serrée, ravalant tant bien que mal la contrariété qu’il ressentait à cet instant précis, mais assez pour pas que cela se remarque. Il avait déjà beaucoup de mal avec la plupart de ses camarades pro-sang-pur alors devoir jouer le bon hôte près à tout pour faire plaisir l’exaspérait énormément. Quelques respirations plus tard, son masque remit en place, il reprit sa place alors que son père portait un toast au rapprochement de leurs familles. Discours qu’il ne comprenait pas. De quel rapprochement pouvait-il bien parler ? Le malaise s’insinua encore un peu plus en lui lorsque le grand-père de Phoenix port un regard sur elle et lui tout en rajoutant que ces enfants feront leur fierté. Qui ? Eux ? Phoenix et lui ? Pourquoi donc ? Son regard se porta directement sur sa mère, l’interrogeant silencieusement mais cette dernière leva son verre vers lui avant de le porter gracieusement à ses lèvres. Perdu, il se retrouva à l’imiter mécaniquement. Le liquide coula au fond de sa gorge sans que cela ne lui fasse aucun effet alors que ses yeux se posèrent sur la jeune fille à ses côtés cherchant à voir si elle, elle avait compris quelque chose, ce qui à première vue ne semblait pas être le cas. « Toi non plus tu comprends pas de quoi ils parlent ? » lui avait-il murmuré en se penchant légèrement vers elle. Parfait, ils étaient donc tous les deux dans l’ignorance la plus totale. Carl, son père, les invita par la suite à prendre place autour de la table qui avait été préparée quelques heures auparavant par leurs elfes. Il ne fut, bizarrement, pas surpris de se retrouver assis aux côtés de Phoenix. Comme si cela était aussi normal que son père présidant le dîner en bout de table. Il attendit que ce dernier prenne place ainsi que les Montgomery avant de s’installer à son tour. Tout devait être calculé afin de montrer l’éducation parfaite qu’il avait eu. Il se savait observé, surveillé et jugé sur chacun de ses gestes. Il devait être parfait et irréprochable. Pas un mot de travers possible. L’entrée apparue devant eux et à nouveau il attendit que son père donne le feu vert pour commencer mais ce dernier les regarda tour à tour, un sourire aux lèvres, avant de se tourner vers le patriarche de la famille invitée. Un frisson lui parcouru l’échine alors qu’il sentait les griffes de son paternel se refermait sur lui « Je suis très heureux de vous compter parmi nous. Leurs fiançailles seront des plus dignes de la haute noblesse ». Ce fut le silence complet par la suite. Les oreilles de Caleb n’entendirent plus rien. Seul son regard se posa lentement sur son père. Son regard sombre s’ancra dans celui gris qui le défiait de dire quoi que ce soit s’il l’osait. Des brides de conversations refirent surface dans sa tête Je refuse de me marier par convenance, père ! Ne crois pas que tu auras le choix Caleb Vous ne pouvez pas me forcer. Vraiment ? Je suis ton père, celui qui tracera ta route si tes choix ne me paraissent pas bons... Essaye donc de m’en empêcher Ose le faire, ose te rebeller, ose me faire honte… Il se sentait presque poignardé par le regard de son père. Il avait imaginé cette scène des milliers de fois, se voyait se lever pour protester avec véhémence contre ce choix qui n’était pas le sien. Mais il s’en sentit incapable. Assis sur sa chaise, pétrifié dans son silence, les oreilles bourdonnant, seules ses mains se refermèrent avec force sur ses genoux à lui en faire mal alors que ses iris se posaient sur sa mère, un sentiment de trahison lui enserrant le cœur.

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J'étais curieuse d'entendre la réponse de Caleb à la question de ma grand-mère. On ne va pas se mentir, je connaissais suffisamment le personnage pour savoir qu'il ne devait pas avoir un plan de match d'avenir. Autant Hannibal savait exactement où il allait dans la vie et chacune de ses décisions était murement réfléchie et soigneusement exécutée, autant Caleb était le genre de mec à ne pas penser à l'avenir et à se laisser porter par le courant, attendant de voir ce qu'il allait bien pouvoir faire de fun dans la vie. Mais évidemment, ça ma grand-mère l'ignorait et c'était à l'avantage du jeune homme. Allait-il se servir de son ignorance pour se sortir de cette question qui était bien loin d'être innocente ou allait-il être égal à lui-même en se montrant tel qu'il était vraiment. Sa réponse resta vague mais il tentait de rentrer dans les bonnes grâces des adultes de cette soirée. Ca restait maladroit mais je reconnaissais qu'il savait être différent du décérébré congénital qu'il pouvait être à Poudlard. Il sait se tenir en société et arrive à ne pas trop faire honte à sa famille, c'est un bon point pour lui. Dois-je comprendre que c'est Maxwell qui l'abruti et que si ses parents veulent vraiment en faire quelque chose, il faudrait qu'ils songent à l'empêcher de trop traîner avec le blond ? "Je suis sûre que guidé par vos parents, vous irez dans la bonne direction et serait un atout indéniable pour notre société." Ma grand-mère ne perdait pas le nord et ne comptait pas se laisser endormir si facilement. Et je la connaissais suffisamment pour savoir que ses propos n'étaient pas uniquement destinés à Caleb, mais que je pouvais les prendre également pour moi. Nos familles respectives ont bâti leur réputation et leur héritage de leurs propres mains, parfois sur plusieurs générations, il est évident qu'ils ne vont pas nous laisser tout gâcher par notre insouciance ou notre soif de liberté. Me raclant légèrement la gorge, je tournais mon regard ailleurs, histoire d'éviter de ne pas croiser celui de mon aïeule.

Le tour de la propriété familiale fut plutôt long mais je ne pouvais nier que je la trouvais très jolie. J'étais agréablement surprise de voir qu'un mec comme lui pouvait vivre dans une baraque comme celle-ci. Quand il était en compagnie de Maxwell, on pouvait rapidement oublier qu'il faisait parti du même monde que moi et pourtant aujourd'hui je le voyais différemment. Non pas que j'avais plus de respect pour lui, il ne fallait pas exagéré, mais j'arrivais à le voir d'un oeil nouveau. Cela ne changeait pas vraiment mon avis sur lui, juste que je voyais plus clairement le tableau général de sa vie. Quant on arriva sur la terrasse, l'apéritif nous attendait bien sagement. J'avais expliqué à Caleb en chemin que je pensais comprendre pourquoi j'étais ici et qu'à mon sens, c'était parce que mes grand-parents avaient enfin vu mon potentiel et estimaient que j'étais la seule digne de ce nom pour reprendre les rênes de l'entreprise familiale. N'ayant rien à répliquer, il se contenta d'hausser les épaules et de continuer la visite en silence. Ca n'explique certes pas sa présence à lui, mais j'imagine que ça n'a pas vraiment d'importance, si ? C'est au moment de trinquer que les propos de mon grand-père commencèrent à me faire douter. Et si ... Et si je n'étais pas ici en digne héritière de l'entreprise familiale ? Et si la présence de Caleb avait plus d'importance que je ne le pensais ? Et si nos familles respectives avaient une idée en tête pour nous ? Mais laquelle ? Un peu perdu, je me tourna vers Caleb pour répliquais discrètement "Non ... pas vraiment ..." Non je ne savais pas de quoi il parlait mais je sentais que ça n'allais pas me plaire.

On finit par s'installer à table et comme toujours, je fis mon possible pour être digne de ma famille. J'obéis au moindre ordre silencieux de mes grand-parents, m'installant à côté de Caleb comme ils avaient l'air de le vouloir. Ma grand-mère se trouvait à ma droite, tandis que Caleb était à ma gauche. Au moment de commencer à manger, le père de Caleb reprit la parole et ses propos furent une véritable bombe pour moi. Choquée, je resta sans voix une fraction de seconde avant de tourner mon regard lentement vers ma grand-mère. Comment avait-elle pu me trahir de la sorte ? Alors parce qu'elle n'appréciait pas mon petit-ami, elle avait décidé de prendre les choses en main pour m'en éloigner au maximum. Etait-ce une blague ? Mon regard, aussi désespéré qu'incompréhensif rencontra celui assurée de mon aïeule. Le seul mot que je réussis à sortir fut "Pourquoi ?" Et dans un sourire compatissant, ma grand-mère posa sa main sur la mienne "Nous faisons ce qui est le mieux pour toi. Nous te laisserons pas prendre le même chemin que celui de ta mère. Aies confiance en nous, Caleb est un bien meilleur choix que ce Sorensen...." Sa voix était calme et peu forte. Elle ne cherchait pas à cacher quoi que ce soit à nos hôtes et au vu de leurs regards à tous, je comprenais qu'ils avaient déjà eu cette conversation. J'ignorais ce qu'avait fait Caleb pour mériter ce mariage imposé, mais il était clair que je savais exactement ce que j'avais fait pour le mériter. Ma famille n'approuvait pas mon petit ami et il était hors de question pour eux de me laisser faire. Je ne sais pas ce qui me rend le plus malade, le fait qu'on ne me fasse pas confiance ou qu'on profite que mon père soit mort pour lui cracher dessus de la sorte. L'appétit coupait, je me levais de table "J'ai besoin de prendre l'air !" Dis-je avant de me diriger vers leur terrasse. J'entendais la voix de ma grand-mère criait mon nom afin de me faire revenir, mais je ne l'écoutais déjà plus. Il fallait impérativement que je respire, j'avais l'impression d'étouffer dans cette salle.

Le bourdonnement dans ses oreilles ne cessait pas. Il sentait tous les regards rivés sur eux, attendant leur réaction. Il avait envie de taper du poing sur la table, de faire disparaître ce sourire narquois qui ornait les lèvres de son grand frère, de défier son père face à tous mais son corps restait figé sur son siège. Il sentit à peine Phoenix se tourner vers sa grand-mère. Il l’entendit à peine demander pourquoi, mais il entendit clairement la réponse de cette dernière. Le mieux pour elle. Pas le même chemin que sa mère. Meilleur choix que ce Sorensen. C’était un putain de mariage de convenance dans lequel ils étaient entrain de les embarquer pour seulement maintenir de bonnes relations et la pureté du sang. Leurs sentiments, leurs envies, ils en avaient rien à faire. Caleb entendit la chaise racler le sol et vit, du coin de l’œil, la gryffondor se lever en annonçant qu’elle avait besoin de prendre l’air, avant de quitter la pièce alors que la sa grand-mère criait son nom. Son regard rivé sur son assiette, le Serpentard prit quelques secondes avant de se lever à son tour, les mains posées sur la table. « J’ai aussi besoin de sortir ». Et sans attendre la moindre réaction, il sorti de la pièce en quelques enjambés, les poings serrés. Il ne fit pas attention à son père qui l’appelait à son tour, n’imaginant pas un instant que ce dernier prendrait la peine de le suivre. « Caleb ! » Ce fut pourtant lorsqu’il l’appela encore une fois, plus fort et avec froideur qu’il se stoppa mais sans se retourner, non loin de la porte fenêtre le menant à la terrasse. Il sentait sa présence dans son dos et son regard le transperçait. « Arrête de me faire honte et retourne à table tout de suite » Alors c’était seulement ça qui l’ennuyait ? Le fait qu’il puisse lui faire honte en se comportant ainsi ? Blessé, Caleb se retourna vers son père, la colère lisible dans ses orbes sombres. « Te faire… Honte ? » Depuis toutes ces années, il avait toujours fait en sorte de se comporter comme le patriarche le voulait. Il avait suivi à la lettre son éducation. Pas de sentiments visibles, se montrer fier, et avoir un comportement irréprochable lors de toutes ces fichus soirées mondaines qu’il détestait. Mais à croire que ça ne suffisait pas. « Comment tu… vous … Pourquoi vous m’faites ça ? Me marier de force ? Et de cette manière !? » Le sujet était le sujet de leurs innombrables disputes de ces derniers mois. Il l’avait pourtant répété, martelé, qu’il refusait un mariage de convenance. Le monde avait évolué pourquoi donc pas ces fichus pratiques ? Et pourquoi, de toutes les sang-pures, il fallait que ce soit Phoenix. Ils n’avaient strictement rien en commun, aucuns atomes crochus et en plus, elle faisait chanter son meilleur pote. Elle est totalement le genre de nana qu’il ne pouvait qu’il n’appréciait pas. Manipulatrice, hypocrite. « C’est pour ton bien que je fais ces choix. Je t’ai trop longtemps laissé faire ce que tu voulais, au point de te perdre sur le mauvais chemin » lui répondit son père sur son ton habituel. Mauvais chemin. Cette phrase ressortait à chaque fois qu’ils se disputaient. Son père lui reprochait ses choix, ses fréquentations, son comportement. Jusqu’à encore un an, il ne lui disait pas grand-chose mais un jour, il avait décidé que sa façon de vivre ne convenait plus à l’image qu’il voulait pour sa famille. Les disputes avaient alors commencé et le sujet du mariage aussi. Il y avait très peu de fois où Caleb arrivait à partager un moment simple et sans heurt avec son père. Il sentait la colère grondait en lui. Il n’en pouvait plus d’entendre cette phrase et qu’on lui fasse croire que ses choix étaient tous aussi mauvais les uns que les autres. Le Serpentard s’était entièrement retourné vers son père, les poings serrés contre lui, et les yeux plus sombre qu’à l’accoutumé. « Mauvais chemin ? Mais… PUTAIN ! C’est … » Le reste de sa phrase resta en suspens alors que son visage pivota avec force vers le mur, la surprise se lisant dans son regard alors que l’une de ses joues prenait déjà une teinte rouge. La gifle était partie vite et sans remord. Le bruit de la main de son père rencontrant sa joue raisonnait encore à ses oreilles. « Baisse d’un ton avec moi. Et arrête de te comporter comme un gamin sans éducation ! » Siffla d’un ton glacial le patriarche de la famille, replaçant son bras le long alors que Caleb fermait durement ses paupières, la mâchoire contractée. « tu crois que je ne suis pas au courant de ton comportement à Poudlard ? Et ce voyage, tu t’imaginais que je ne serai pas mis au courant de la thématique ? chez les Moldus et sans magie… On aura tout entendu ! N’oublie pas qui tu es, d’où tu viens et de ce qui coule dans tes veines ! Arrête de salir notre Nom et notre Sang avec cette attitude et tes fréquentations plus que douteuses ! Tu es chez moi ici et ta petite rébellion doit prendre fin immédiatement. Le mariage ? Tu n’y échapperas pas » Il avait fini sa tirade en s’étant rapproché de son fils, obligeant ce dernier à le regarder d’une pression autour de sa mâchoire. Il le transperçait du regard, montrant clairement qu’il ne rigolait pas sur le sujet. Caleb avait les jointures blanchies et la paume des mains douloureuses. Il voulait crier sa colère mais comme souvent, son père arrivait à le mettre à terre par ce simple regard menaçant. « Reviens quand tu seras calmé et excuse toi auprès des Montgemory » Finit son père avant de lui tourner le dos sans un regard, le plantant là sans lui laisser la moindre chance de lui répondre. Caleb le regarda s’éloigner alors que son poing, jusqu’à présent le long de son corps, rencontra le mur le plus proche. La douleur qui lui parcouru tout le bras restait moins intense que la blessure qu’il ressentait au fond de lui. A aucun instant il se préoccupa de l’état de sa main, ses pieds acceptant enfin de bouger et de se diriger vers la terrasse. De sa main indemne il fouilla ses poches de pantalon avant de jurer entre les dents. Il n’avait même pas de quoi fumer sur lui. Il releva finalement les yeux et tomba dur Phoenix. Il avait complétement oublié que cette dernière s’était également réfugiée ici après la nouvelle qu’ils avaient tous les deux prit en pleine figure. Super manquait plus qu’elle est entendu leur dispute. Quelle soirée pourrie. Alors dans un soupir non dissimulé, il s’approcha non loin d’elle, les yeux rivés au loin. « On l’a finalement notre réponse … » Sur la raison de leur présence obligatoire.

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J'étouffe. Littéralement, je manque d'air et c'est presque en apnée que j'arrive péniblement jusqu'à la terrasse que nous avons quitté quelques minutes plus tôt. Ma tête me tourne et je sens les larmes poindre le bout de leur nez. Je suis sous le choc, mais également révolté par cette décision injuste. Qu'ai-je donc fait pour mériter un sort pareil ? Me marier de force ? Et avec cet abruti ? Non mais cette blague. J'ignore ce qui me tue le plus, qu'ils décident de mon avenir sans me consulter ou qu'ils estiment réellement que Caleb est un bien meilleur parti qu'Hannibal. Je crois que c'est la plus grosse blague du monde. Très clairement ils ne connaissent vraiment pas Caleb pour croire que j'aurai un meilleur avenir avec lui, plutôt qu'avec Hannibal. Les fous ! Je sens la rage m'envahir et mon sang bouillonne dans mes veines. Qu'ils osent venir me chercher scandalisés par ma réaction et ils ne seront pas déçu par mon accueil. Je ne compte pas mâcher mes mots pour leur faire entendre raison. Ils n'apprécient peut-être pas la famille Sorensen, mais au moins à la différence de Caleb, Hannibal a de vraies ambitions et ira loin dans la vie. Ils sont d'une noble famille, ils sont respectés et je n'ai pas entendu de scandales sur eux aux dernières nouvelles. Alors oui, ils ne sont pas blancs comme neige, mais qui l'est vraiment de nos jours ?

J'entends des pas se rapprocher et je pense tout d'abord que c'est ma grand-mère qui vient exprimer son mécontentement. Je l'entends déjà me dire que j'ai eu une attitude scandaleuse auprès de nos hôtes, que je ne suis plus une enfant et qu'il serait grand temps d'arrêter de me comporter comme une enfant capricieuse. Elle enchaînera certainement en me rappelant qu'ils ont l'expérience de la vie qu'il me manque et un recul suffisant pour savoir ce qui est le mieux pour moi. Que ce n'est qu'une amourette d'adolescence et qu'un jour je les remercierai d'avoir pris la bonne décisions pour moi. Qu'il est grand temps que je grandisse et que je sois un peu moins ingrate envers les efforts qu'ils font pour moi. Mon regard se tourne vers la porte qui ne s'ouvre finalement pas. Les pas se sont arrêtés et j'entends des voix étouffés au loin. Visiblement j'ai tout faux, ce n'est pas ma grand-mère qui vient me remonter les bretelles. Je détourne mon regard, complètement indifférente face à la dispute qui fait rage derrière la porte et ce n'est que quand cette dernière s'ouvre à la volée que je tourne de nouveau mon regard vers elle. Je ne m'attarde guère sur lui et je porte de nouveau mon regard sur l'horizon, le laissant venir vers moi. Oui, nous avons finalement la réponse à notre question. Je ne peux m'empêcher de lâcher un ricanement amer. Oh oui, nous l'avons notre réponse et elle n'est pas belle à voir. "Le mariage .... je ne l'avais pas vu venir celle-là !" Dis-je d'un ton tout aussi amer, avant de me plonger quelques instants dans le mutisme.

J'ai envie d'hurler à l'injustice. J'ai envie de taper dans quelque chose pour décharger ma rage. J'ai envie de pleurer. J'ai envie de fuir. Mais je ne peux rien faire de tout ça. Je ne me donnerai pas en spectacle devant Caleb, j'ai beaucoup trop d'égo pour ça et fuir ... pour aller où ? Je ne doute pas un instant que mes grands-parents me retrouveraient et me ramèneraient dare-dare à la maison. Je me sens totalement perdue et c'est bien la première fois de ma vie que je ne sais pas ce que je vais faire. Ma vie était toute tracée jusqu'à présent. Je me voyais déjà - naïvement très certainement - finir au bras d'Hannibal. On aurait formé un duo de choc et on serait allés jusqu'au bout de nos rêves. Et maintenant tout cela est compromis. En pensant à Hannibal, je sens mon coeur se serrer. Comment vais-je lui annoncer la nouvelle ? Et comment va-t-il le prendre ? Restera-t-il malgré tout à mes côtés, prêt à se battre pour préserver sa place dans ma vie ou alors jettera-t-il l'éponge, ne me pensant pas en valoir la peine. "Dire qu'ils sont persuadés que tu vaux mieux qu'Hannibal ... cette blague !" Finissais-je par dire, ne prenant pas la peine de savoir s'il allait mal le prendre ou non. Je n'ai aucun doute qu'il ne soit pas plus enchanté que moi par ce mariage. Je ne sais pas exactement ce qu'il pense de moi, mais au vu de ma relation avec son meilleur ami, j'ose imaginer que c'est loin d'être positif.

La brûlure qu’il ressentait sur sa joue ne voulait pas s’atténuer. Son père n’y avait pas été de main morte et il était persuadé que ça lui avait fait un bien fou. Depuis combien de temps s’était retenu de le gifler ? Jusqu’à présent il n’avait que très peu levé la main sur lui, même lors de leurs récentes disputes sur le même sujet. C’était signe qu’il lui faisait honte. Encore. Et que cette fois-ci il n’allait plus le laisser faire un pas de travers. Diriger sa vie, il lui avait clairement dit. Il avait toujours cru pouvoir y échapper et ne pas devenir comme son frère, le parfait sosie de leur père. Il avait cru que la liberté qu’il lui avait donné depuis quelques années lui était acquise. Il s’était complètement trompé. C’était sûrement qu’une façon de lui dire profite fiston mais sache que je suis toujours derrière toi pour te remettre sur le droit chemin. Caleb avait suivi la silhouette de son père du regard jusqu’à qu’elle disparaisse de son champ de vision, les dents serrés et les poings fermés. Dire qu’il était tendu n’était pas assez fort. Il bouillonnait de colère et se sentait en plus de ça envahi d’une infime tristesse. Il savait pourtant que son père était capable de ça et sa mère le suivrait mais il n’était pas conscient de la peine qu’il en ressortirait. C’était plus lourd que ce qu’il imaginait. Ses pas le guidèrent jusqu’à l’extérieur, rejoignant la terrasse où Phoenix avait également prit refuge. Il se doutait bien que la nouvelle ne lui plaisait pas non plus. Les deux ne s’entendaient que très peu. Ils n’étaient pas amis encore moins en accord sur leurs idéaux. Dans un soupir il l’avait rejoint. Là où il faisait remarqué qu’ils venaient d’avoir leur réponse elle ajouta amer qu’elle ne l’avait pas vu venir. Tout comme lui. il avait senti quelque chose clochait mais il ne s’attendait pas à ce que ses parents aient choisi aussi rapidement la dite épouse. Il pensait que cela aurait pris plus de temps, du moins assez pour qu’il trouve une solution pour ne pas le subir ou les faire changer d’avis. Encore une fois, il s’était totalement trompé.La seconde remarque de la gryffondor lui fit lever les yeux au ciel. Ne me compare pas à un Sørensen Siffla-t-il avec froideur. Quand bien ce n’était pas le pire, il avait énormément de mal à les supporter. bien trop extrêmes dans leurs idéaux et bien trop tarés à son goût. Il ne leur accordait que peu d’attention et la réciproque était la même.Mais maintenant que la bombe était tombée et que la nouvelle allait surement se répandre d’un jour à l’autre, comment allaient-ils le prendre ? Il n’avait strictement aucune envie de se frotter à l’un d’eux. Non par peur mais plutôt en étant conscient que ça ne pouvait que mal se finir. Caleb soupira à nouveau en tournant à moitié sur lui-même, comme cherchant un moyen de se débarrasser de cette nouvelle mais sans trouver pour autant de solution. Il se sentait piégé, trahi et il détestait ça. Ses orbes sombre se posèrent finalement sur Phoenix, le visage impassible. Qu’on soit bien clair, je n’ai strictement aucune envie de me marier et encore moins avec toi Lâcha-t-il sur un ton sec. Rien que le fait d’être associé à la personne qui faisait du chantage à son meilleur pote le rendait malade. Mais ça ne servait d’en rajouter encore plus sur le sujet. Cela ne les aiderait pas à sortir du piège dans lequel on venait de les mettre. Y a bien moyen d’éviter ce mariage, non ?

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"Ne t’inquiètes pas, tu n’as rien de comparable à Hannibal !" Répliquais-je sans détour. S’il y a une chose dont je suis sûre à l’heure actuelle c’est que les deux garçons sont bien différents et que jamais on ne pourra les confondre. Là où Caleb est connu pour être un bon fêtard et un dragueur invétéré, Hannibal est plus pondéré et discret. Ils aiment séduire et plaire, mais là où cela n’est que pour servir ses intérêts pour Hannibal, pour Caleb c’est certainement plus pour un besoin de s’amuser et d’exister aux yeux des autres. Je me retiens de rajouter que quoi qu’il arrive, Hannibal lui sera toujours en tout supérieur mais ça ne serait que pour décharger ma colère et mon instinct me conjure de me retenir. A l’heure actuelle, Caleb est certainement mon seul allié dans cette bataille qui vient de s’entamer avec nos familles respective, il vaut mieux ne pas me le mettre à dos dès le début des combats. Pourtant dieu sait que j’aurai envie d’être incisive avec lui, rien que pour me soulager un peu de cette frustration qui ne fait que grandir de seconde en seconde. Et puis soyons honnête, nous ne nous sommes jamais particulièrement entendu tous les deux, ce n’est certainement pas aujourd’hui que ça risque de changer. Pourtant je prends sur moi et en reste là. S’il lui vient à l’idée de critiquer Hannibal, je serais beaucoup moins raisonnable et lui rentrerais dedans sans une once de regret. Je veux bien être sympa mais j’ai mes limites, on ne touche pas à mon petit ami.

"Si tu crois que j’aspire à me marier avec un mec qui à l’ambition d’une moule, tu te plantes totalement." Lui répondis-je. Que les choses soient très clair entre nous, qu’il ne s’emballe pas tout seul en pensant que sa belle gueule pourrait suffir à me faire penser que j’ai de la chance dans cette histoire, il n’y aurait rien de plus faux. Son physique m’importe peu et son manque d’ambition est un frein évident. Mes grand-parents pourront penser ce qu’ils veulent, ils sont très loin de réaliser qu’ils sont en train de se tirer une balle dans le pied. J’ignore ce qu’a pu leur dire ses parents mais Avery n’est définitivement pas le bon parti, bien au contraire. Il faut arrêter de se bercer d’illusions et de croire que sa phase de glandeur invétéré qui n’aspire qu’à coucher avec le plus de filles va passer. Il restera un éternel raté et je n’ai rien à faire avec lui. Lui aspire à une vie tranquille, planqué, à profiter de la vie et de tous ses plaisir. J’aspire pour ma part à une situation digne d’intérêt, où je pourrais m’amuser à tirer les ficelles dans l’ombre. J’ai soif de pouvoir et je ne l’ai jamais caché. En quoi nous serions bien l’un pour l’autre ? La logique de nos familles m’échappe totalement et j’ai hâte d’en savoir plus sur le sujet. Que mes grand-parents détestent les Sorensen, en soit je pouvais l’entendre, mais je ne vois pas en quoi Avery ferait un bien meilleur parti. La question que soulève Caleb était pertinente : que faire pour empêcher ça ? J’imagine qu’y aller frontalement ne fonctionnera pas pourtant dieu sait que ça me soulagerais. Alors quoi ? Attendre que cette histoire décante un peu avant de tenter de leur faire entendre raison ? Je doute que mes grand-parents m’écouteront vraiment mais j’imagine que je peux toujours tenter ma chance. "A quel point ta mère t’écoute ?" Lui demandais-je curieuse. Il y a toujours un faible dans un couple et j’aime à croire que c’est sa mère. Je suis sûre qu’il est le fils à sa maman, peut-être pourrons nous y jouer dessus.

Sérieux, ils voulaient vraiment la marier avec cette fille ? Phoenix avait le don de l’énerver plus qu’autre chose, encore plus ce soir. Bien sûr qu’il n’avait rien de comparable à Hannibal, il n’était pas taré comme la majorité des enfants de cette famille. Leur idéologie était poussée à l’extrême et il n’y adhérait pas le moins du monde. Mais Caleb s’empêcha de répliquer à son tour à la remarque de la gryffondor. A part envenimer les choses, ça n’arrangerait pas leur problème actuel qui était bien plus important que de se prendre la tête comme ils étaient entrain de le faire. Chacun devait coopérer avec l’autre, quand bien même ils ne pouvaient pas se supporter. Il était moins compliqué de s’en sortir à deux que seul. Enfin, seulement si Phoenix arrêtait de l’insulter encore et encore. Il avait été clair avec elle, il n’avait strictement aucune envie de se marier et encore moins avec la personne qui faisait chanter son meilleur ami et elle n'avait rien trouvé de mieux que d’en rajouter une couche en le rabaissant une nouvelle fois. L’ambition d’une moule … Qu’est ce qu’elle y connaissait à son ambition ? Flirter, profiter de la vie voulait absolument dire qu’il était totalement con ? Waaa, ça allait pas chercher loin dans ce cas. Ce n’était pas parce qu’il n’avait pas envie de se fixer un objectif dans la vie la tout de suite qu’il n’y pensait pas et qu’il ne comptait pas voir grand non plus. C’est dingue comme tu sais parler aux personnes avec qui tu devrais coopérer Lâcha-t-il avec mépris après un soupir non dissimulé et un regard froid. Mais si tu veux continuer comme ça, on peut s’insulter en attendant de trouver un putain d’idée pour se sortir de cette idée stupide qu’ont eu nos familles. Enchaîna-t-il avec colère. Et c’est elle qui insinuait qu’il était stupide ? C’était encore plus stupide d’insulter son potentiel allié. S’il ne sentait pas piégé et incapable de se sortir de se merdier tout seul, il l’aurait envoyé chier depuis longtemps. Elle n’était sûrement pas la meilleure option pour l’aider, surtout la connaissant, mais pour le moment elle était la seule qu’il voyait. Et la réciproque était sûrement vraie. Il n’était pas possible d’arranger les choses ce soir, la situation était bien trop récente et leurs familles sûrement en colère qu’ils aient quitté la table sans autorisation. Il fallait attendre, combien de temps il n’en savait rien. La seule chose dont il était certain, c’était que retirer cette idée de la tête de son père n’était pas chose aisée. Bien au contraire. Phoenix lui demanda si sa mère l'écoutait, ce qui lui fit ressentir à nouveau le sentiment de trahison qu’il avait ressenti quelques instants auparavant, en début de soirée. Son regard dévia sur la vue que leur offrait la terrasse. Elle ne m’aurait pas foutu la dedans si elle m’écoutait vraiment. Elle savait qu’il n’avait strictement aucune envie de se marier et pourtant elle n’avait eu aucun scrupule à suivre l’avis de son mari. Ce matin encore il pensait qu’elle était là pour le rassurer, mais elle avait pourtant omis de lui dire ce qui l’attendait. Je peux toujours essayer de lui parler. finit-il par lâcher sans vraiment y croire. Sa mère n’écoutait qu’un seul homme et ce n’était pas lui.

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Cette situation est de plus en plus difficile à supporter. D'abord la trahison de nos familles respectives avec cette décision totalement absurde et ridicule et maintenant devoir faire un pacte avec le diable. Enfin le diable... pour lui j'incarne très certainement le diable, mais pour moi, c'est plutôt m'abaisser à pactiser avec le bouffon du roi, ce qui est encore plus humiliant. Oui, je n'arrange pas les choses en pensant ça et c'est au dessus de mes forces d'essayer d'apprendre à le connaître pour découvrir, peut-être, une personne plus digne d'intérêt que je ne le pense. Mais je n'en ai pas envie, c'est au dessus de mes forces et visiblement des siennes aussi. On ne s'est jamais apprécié avant aujourd'hui, ce n'est pas maintenant que les choses vont changer. Pourtant, si nous voulons nous en sortir, il faudra bien qu'on apprenne à s'entendre un minimum et à faire confiance un tant soit peu à l'autre. Ca ne va pas être facile, voire limite impossible, mais pourtant il faudra prendre sur soi pour surmonter cette épreuve et nous en sortir. Aucun de nous deux ne veut de ce mariage, on va bien arriver à trouver une faille dans cette histoire. Il y a toujours une faille, j'en suis profondément convaincue, il faut juste trouver laquelle. Je lève les yeux au ciel quand Miss Morale commence à geindre que je ne suis pas gentille avec lui. Pauvre type, va falloir t'endurcir un peu plus mec, sinon on ne va pas s'en sortir. "Au moins ça aurait l'avantage de nous soulager un peu de notre colère ..." Répliquais-je sans détour en levant de nouveau les yeux au ciel. Ca ne nous avancerait pas, mais je doute qu'il trouve une idée de génie dans la seconde alors au moins quitte à perdre mon temps en sa compagnie, que je m'amuse un peu.

Pourtant je n'en fais rien. En cet instant, j'ai juste envie de le pousser du haut de sa terrasse. Je finirais certainement en prison mais au moins je serais libérée du poids de ce mariage. Prisonnière, mais libre, d'une certaine façon, je me demande si je ne serais pas plus gagnante quelque part. Cette envie meurtrière passée, je fais quelques pas sur ladite terrasse pour essayer de réfléchir. Rester plantée en face de lui ne sert à rien, sa gueule me donne la nausée et me rappelle dans quel merdié ma famille m'a plongé. Je doute de pouvoir toucher la corde sensible de mes grand-parents car je doute qu'ils puissent en avoir une. A mon avis, je suis sûre que ma grand-mère se cache derrière cette idée. Elle veut tellement être contrôlante qu'ayant échouée avec sa propre fille, elle veut se venger en contrôlant ma vie. Qu'elle se tourne vers Isabella, elle sera ravie de pouvoir exister aux yeux de quelqu'un celle-là, mais moi je n'ai besoin de personne pour prendre les bonnes décisions, j'en suis fermement persuadée. "Je tenterai ma chance auprès de mon grand-père et de ma mère mais je doute également d'arriver à mes fins..." Oui, on perd certainement notre temps, mais on est arrivé à un point où toute idée doit être exploitée jusqu'au bout au cas où. "Tu ne connaitrais pas de vilains secrets de famille qu'ils ne voudraient pas voir ébruité ?" Lui demandais-je. Le chantage, ça peut fonctionner si on a la bonne carte en main et si on a les épaule pour se mettre à dos sa famille. Je ne veux même pas les connaître, en toute honnêteté, s'il se contente de me dire qu'il en connait un ou deux, je me contenterais de le pousser à jouer cette carte-ci. Néanmoins, s'il ne va pas jusqu'au bout de l'idée, je serais peut-être amenée à le faire à sa place. Parce que pour être honnête, je n'ai peur de rien et vu le coup qu'ils viennent de nous porter, ça ne serait que justice que de les mettre à terre.

Je sais qu'on dit souvent qu'un malheur n'arrive jamais seul et que quand on est dans une période de malchance, il nous arrive souvent une série de désagréments qu'on aurait bien aimé éviter. Et il faut bien avouer que ma situation actuelle tend plutôt à prouver cette idée courante. Depuis la mort de mon père, rien ne se passe comme je le voudrais. Certes mes grands-parents nous ont bien réintégré officiellement dans la famille, comme si nous n'en étions jamais parti, mais je dois bien avouer que je n'avais pas vu les petites lignes en bas du contrat qui disaient qu'ils auraient un total contrôle sur nos existence. Je me serais peut-être un peu moins réjouis si j'avais su, on ne va pas se le cacher. Entre la mort de mon père, la maladie d'Hannibal et ces fiançailles forcés, j'arrive à me demander ce que sera la prochaine chose qui va me tomber sur le coin de la gueule. J'aurai envie de dire, naïvement, qu'il ne peut rien m'arriver de pire, mais le destin aura tôt fait de me prouver le contraire, alors je préfère m'abstenir de tout commentaire et j'attends, presque angoissée de voir ce qui va s'en suivre. Pas trop tôt si possible, juste histoire de ne pas mettre un genou à terre si vite dans la bataille, mon égo ne s'en remettrait pas. Je ne doute pas un instant que je trouverai une solution. Je ne sais pas encore laquelle, ni quand, mais je crois en moi et en ma volonté de toujours parvenir à mes fins, d'une façon ou d'une autre. J'y laisserai peut-être quelques plumes mais si c'est le prix de la liberté, je suis prête à faire quelques sacrifices.

J'aurai pu avoir de la chance dans mon malheur en tombant sur quelqu'un que j'apprécie un tant soit peu ou au moins que je respecte, mais visiblement le destin en a voulu autrement. J'imagine que c'est pour rendre cette situation encore plus inconfortable et que je n'y trouve que des désagréments. Ca aurait été quand même dommage d'avoir un véritable allié dans cette bataille et que j'y trouve un semblant de réconfort. Tant pis, je ferais avec ce qu'on m'a imposé et tenterais de maîtriser au mieux ma langue acérée ... sans grand succès pour le moment. Mais on me pardonnera - ou pas ça m'importe bien peu - je dois digérer le choc de la nouvelle et c'est loin d'être évident. J'essaie de réfléchir au mieux pour trouver des solutions, mais j'imagine que la nouvelle est trop récente pour avoir le recul nécessaire pour trouver quelque chose qui tienne la route. Je lance quelques idées à la volée, histoire de voir un peu dans quel merdier on se trouve. Il va tenter de parler à sa mère tandis que je tâcherai de réveiller ma mère et amadouerais mon grand-père, sans grand espoir qe ça fonctionne mais tant pis, j'imagine que si je ne tente pas, je ne saurai jamais si ça avait des chances de fonctionner ou non. Je lui demande s'il ne connaîtrait pas de vilains secrets de famille. Oui, c'est bas et ça lui déplait peut-être mais c'est eux qui ont commencé. Je n'ai, pour ma part, aucune morale. Je rends coup pour coup, ils ont lancé les hostilités et je n'hésiterai pas à y répondre frontalement et avec violence. Je me moque de mettre qui que ce soit dans l'embarras, tant qu'à la fin j'obtiens ce que je désire, je tirerai à vue s'il le faut.

Je n'ai pas vraiment le temps de rajouter quoi que ce soit qu'un elfe de maison s'en vient vers nous pour nous signaler que nous étions attendus pour le repas. Evidemment. Pourquoi s'abaisseraient-ils à venir nous chercher alors qu'ils peuvent envoyer des larbins faire le sale boulot à leur place. J'imagine déjà très bien le reste du repas, mes grands-parents ne feront aucune remarque et ignoreront l'incident, comme si de rien était. Ils riront, parleront et m'incluront même dans leur discussions comme si de rien était. Mais dès que nous rentrerons, je vais entendre parler du pays, ça je peux vous l'assurer et j'attends le moment avec grand impatience parce que je meurs d'envie de leur crier dessus à mon tour. "Génial...." Me contentais-je de dire entre mes dents quand Caleb s'en va en premier rejoindre nos familles respectives. Je ne l'avais pas vu venir celle là et j'avoue que je m'en serais bien passé. Je comprends mieux pourquoi ils m'ont autorisé à me rendre en Norvège maintenant, c'était certainement ma dernière liberté offerte avant mon mariage. Les fourbes ! Je respire un grand coup, me demandant comment j'allais annoncer ça à Hannibal. Ca va l'achever...