Let the healing be easier than the hurting

À SAVOIR Arrivé(e) le : 04/04/2020 Parchemins rédigés : 1168 Points : 9

Dès que le professeur Thorstein avait clos le duel avec Erin et que Carla avait été certaine que ses jambes accepteraient de la porter hors de la salle, elle s’était précipitée à l’extérieur. Le sentiment d’oppression qu’elle ressentait ne cessait de s’accentuer sous le regard du public et elle avait plus que tout besoin d’air pur. Elle se détestait d’avoir perdu, encore plus d’avoir laissé Erin dévoiler l’une de ses faiblesses. Les gens allaient la penser vulnérables, un statut dont elle ne voulait absolument pas. Mais quand elle avait vu les flammes foncer sur elle, elle n’avait pas réussi à réprimer la peur qui l’étreignait. Le plus pathétique, c’est qu’elle en était encore malade à cet instant. Elle se força à expirer calmement, sans pour autant réussir à mettre réellement à distance les images de l’incendie qui lui avait donné cette fichue peur des flammes. Avant, elle n’avait peur de rien. Maintenant, elle tremblait comme un animal blessé face de stupides souvenirs qu’elle n’arrivait pas à bloquer. Quelle honte.

Elle savait qu’elle aurait dû aller à l’infirmerie pour la coupure qui barrait son poignet droit, mais elle n’avait aucune envie de s’y présenter aussi bouleversée, ni de se retrouver enfermée encore une fois. Elle voulait de l’air. Beaucoup d’air. Elle qui s’était obligée à marcher d’un pas vif accéléra jusqu’à courir à l’extérieur du château. Elle se laissa tomber sur le premier banc en pierre qui se trouvait sur son chemin, le souffle court et le cœur au bord des lèvres. Elle avait le contrecoup du duel et se sentait mal. Se calant contre le mur derrière elle, elle ferma les yeux pour se concentrer sur la sensation de la pierre froide et de la brise sur son visage, espérant ainsi faire passer son malaise généralisé. Si elle se concentrait sur sa respiration, elle allait reprendre l’ascendant sur ses émotions. Il lui fallait juste encore quelques minutes tranquille.

Toujours les yeux fermés et le teint livide, elle frôla son poignet, essayant de jauger les dégâts. La coupure n’était ni grave, ni profonde. Elle ne saignait plus depuis quelque temps déjà, mais comme toutes les blessures superficielles, la plaie continuait de la faire légèrement souffrir. Oui, dès qu’elle irait mieux, elle se rendrait à l’infirmerie pour faire soigner ça.

A y songer, elle devait offrir un tableau assez pitoyable, assise là, le teint entre le cadavérique et le verdâtre à tenter de retrouver son état normal. Heureusement que tous les élèves étaient dans les gradins à attendre le prochain duel. Elle s’était déjà beaucoup trop donnée en spectacle. Du moins, elle pensait être seule, quand elle entendit de très légers pas résonner sur la pierre. La démarche était trop légère pour appartenir à un élève âgé, à l’oreille, mais elle n’aurait guère pu en dire plus. Elle se força à ouvrir les yeux mais la luminosité l’éblouit et elle préféra lâcher l’affaire. Ramenant ses jambes contre elle, elle pose sa tête sur ses genoux de manière à cacher sa pâleur, espérant que l’élève aurait la délicate idée de mettre ça sur une peine de cœur et de passer son chemin.

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Kathleen avait décidé de se rendre dans les jardins pour voir si elle pouvait faire la provision de fleurs sauvages et d’herbes foisonnantes qui poussaient librement dans les pelouses du château. Le domaine de Poudlard était tellement chargé de magie que la jeune sorcière réalisait des potions infiniment plus puissantes grâce à ces plantes là qu’avec celles qu’elle ramassait dans le monde Moldu. La jeune guérisseuse espérait en ramenait le plus possible à sa mère qui serait ravie de pouvoir faire ses potions avec de meilleurs produits. Et si la jeune sorcière parvenait à trouver un moyen pour tenter d’en confectionner à Poudlard, cela l’aiderait aussi.

Cependant, en arrivant à proximité de la zone qui l’intéressait, Kathleen aperçut une jeune fille recroquevillée sur elle-même sur un banc. Un œil non averti aurait pu penser qu’elle était en train de pleurer, mais Kathleen voyait bien que non. Elle avait caché une partie de son visage, mais elle pouvait déceler la pâleur sur la joue de la jeune fille. De plus le poignet qui lui apparaissait témoignait d’une entaille et elle avait l’impression que sa camarade était sur le point de vomir. Son observation terminée, Kathleen ne songea plus qu’à aider la jeune Serpentard. Elle s’approcha et mit une main sur son épaule.

« Ca va ? Est-ce qu’on t’a agressée ? »

Kathleen n’avait pas assisté au duel et c’était l’hypothèse la plus plausible qui lui était venue en tête à-cause de l’évidente détresse de la jeune fille qui était complétement repliée sur elle-même. Kathleen ne pouvait pas l’ausculter sans que sa camarade ne se dégage un peu, et elle ne voulait pas la brusquer ni lui faire peur, mais il valait mieux qu’elle sache qu’elle était son alliée. Kathleen savait qu’on ne pouvait pas savoir de base qu’elle était capable de soigner. Mais elle n’hésitait pas à le faire savoir lorsque c’était nécessaire.

« Je suis guérisseuse, si tu ne te sens pas bien, je peux peut-être t’aider. »

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Carla avait eu l’espoir fou que l’élève qu’elle entendait passe son chemin. Manifestement le souhait était un peu trop utopique, puisque non seulement les pas ne s’éloignèrent pas, mais se rapprochèrent jusqu’à ce que Carla sente une main sur son épaule. Un soupir la parcourut. Elle n’échapperait pas aux questions et rester muette ne lui rendrait pas service. A tout moment, l’élève bien intentionné était capable d’aller chercher un professeur et elle n’avait clairement pas besoin de ça. La voix fluette qu’elle entendit la décontenança, autant que les paroles prononcées. Agressée ? Elle avait donc l’air si pitoyable ? Elle releva la tête avec précaution, estimant qu’un mouvement brusque serait fort préjudiciable à son estomac et dévisagea la personne au ton inquiet. Comme le timbre enfantin le laissait supposait, c’était une enfant qui se tenait dans son champ de vision. Mignonne, mais très jeune, ce qui acheva de conforter la Serpentard qu’elle devait avoir l’air sacrément pathétique pour qu’une gamine pense qu’on l’avait agressée. Décidément, ça n’allait pas arranger son ego blessé. Elle répondit machinalement

- Ca va, merci. Les duels peuvent être mouvementés.

Elle observa à nouveau la Poufsouffle devant elle. Son visage lui était familier, mais elle était incapable de se souvenir pourquoi. Elle avait l’impression que son esprit était pris dans une brume cotonneuse qui ralentissait sa réflexion et l’empêchait de faire les liens les plus évidents. Se forçant à respirer doucement, elle déplia doucement ses jambes, consciente que cela ne servirait à rien de tenter d’éviter son interlocutrice. En temps normal, elle l’aurait peut-être envoyée paître. Là, elle était fatiguée et n’avait pas envie de gaspiller de la salive sur une petite fille. De toute façon, elle aurait bien pu râler qu’on la laisse tranquille, qu’est-ce que cela aurait apporté ? Elle semblait tenace et manifestement, Carla n’avait pas l’air inquiétant pour un sous dans son état. Voyant que la jeune fille ne se satisfaisait que modérément de son explication, elle se sentit obligée de développer.

- Personne ne m’a agressée. J’ai participé au club de duel avec le professeur Thorstein, mon adversaire était coriace. J’ai perdu. Rien qui ne mérite que tu t’inquiètes.

Le résumé était fort court, faisait clairement l’impasse sur sa confrontation avec sa peur du feu et était un peu simpliste, mais parler était déjà un effort, tout comme le fait d’être à peu près polie. Alors oui, elle n’avait pas l’air sympathique, mais pourtant, elle était au maximum de ses capacités. De toute façon, tout était dit non ? Arriver deuxième, c’est juste être le premier des perdants et elle détestait l’échec. Peu importe qu’elle se soit bien battue, puisqu’elle avait perdu. Quand la petite fille en face d’elle lui dit qu’elle était guérisseuse, Carla haussa un sourcil étonné, ne cherchant même pas à cacher son scepticisme.

- C’est très chevaleresque de ta part de vouloir m’aider, mais t’es pas un peu jeune pour être guérisseuse ? Ou alors tu veux dire que tu aimerais être médicomage ?

En voulant lui répondre, elle s’était animée légèrement et aussitôt la réalité la rappela brutalement à l’ordre. Sa sensation de faiblesse revint brutalement et ses oreilles bourdonnèrent. Enfer et damnation, elle était donc coincée ici avec cette charmante petite qui voulait manifestement se prendre pour son infirmière. Se massant légèrement les tempes pour essayer de retrouver une contenance, elle plaida

- C’est juste un étourdissement. Je voulais prendre l’air, mais je vais aller à l’infirmerie.

Pour autant, elle se garda bien de bouger d’un centimètre. Elle avait encore besoin de bien 5 minutes avant de tenter le moindre geste. Elle ne s’en sentait pas capable et n’allait pas prendre le risque de quitter sa place si elle n’était pas sûre de pouvoir marcher avec assurance et comme si de rien était jusqu’à l’infirmerie. Qu’une enfant la voie était humiliant, mais c’était une première année et elles n’étaient pas forcément amener à se croiser tous les jours. Rien n’indiquait que la prochaine confrontation ne serait pas encore plus gênante.

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Quand la jeune fille releva la tête, Kathleen la reconnut pour l’avoir déjà vue à la soirée du Professeur Van Aken. C’était l’une des Sang-Pures qui y étaient invitées. Elle supposait que d’être allées à la même soirée était peut-être un bon moyen pour Kathleen d’inspirer confiance à sa camarade. Or, elle ne pourrait pas s’occuper de la soigner si elle ne lui faisait pas confiance. Et quand Kathleen voyait quelqu’un de blessé, elle ne pouvait s’empêcher d’avoir envie de la soigner. C’était spontané chez elle et pas seulement parce que sa mère lui avait transmis son héritage. Cela faisait partie de sa personnalité.

« Je te reconnais ! Tu étais à la soirée du professeur Van Aken, n’est-ce pas ? Je m’appelle Kathleen, Kathleen Kirte. » se présenta-t-elle. « Et toute blessure mérite que je m’inquiète, peu importe dans quelles conditions tu l’as eue. »

Elle fut rassurée en entendant qu’il s’agissait d’un duel. Il valait mieux cela qu’une agression. Par contre, ça n’empêchait pas la fillette de désirer plus que tout aider sa camarade. Même si elle avait obtenu ses blessures dans un cadre officiel, il n’était jamais marrant de se sentir mal en point. De plus, Kathleen avait l’intuition en observant la jeune fille qu’elle n’était pas particulièrement à l’aise avec son état. Si Kathleen pouvait l’empêcher d’être obligée d’aller à l’infirmerie, ça pouvait faire plaisir à sa camarade. Décidée à le lui proposer, elle lui offrit un sourire franc avant de répondre à sa question sur sa nature de guérisseuse.

« Je suis encore apprentie, c’est vrai, mais j’étudie depuis quatre ans déjà avec ma mère, et j’ai pas mal de connaissances, assez pour évaluer un état en tout cas, et proposer quelques soins. La plupart de mes potions ont été faites par ma mère, je ne te le cache pas, mais je sais comment les administrer. J’ai vu que tu avait une blessure au poignet. As-tu mal autre part ? » demanda-t-elle avant de la voir vaciller. « Tu te sens faible ? Si tu peux me décrire ce que tu ressens exactement, je pourrais peut-être voir ce que j’ai dans ma trousse. Ca t’évitera de devoir bouger pour aller à l’infirmerie. Une potion prise discrètement et tu pourras assurer le temps de retourner aux dortoirs. Même si je pense que tu as surtout besoin de repos, avant tout. »

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Carla retint un gémissement de dépit quand la petite fille dit la reconnaître. Il ne lui manquait sincèrement que ça. Enfin, après tout, quitte à se ridiculiser, autant de vautrer dans la médiocrité et s’y complaire puisqu’elle ne pouvait plus y échapper. Forte de ce constat, elle décida donc de répondre honnêtement à la petite fille devant elle.

- J’y étais oui.

C’était donc pour cela que son visage lui était familier. Elle l’avait vue dans ce contexte particulier. Normalement, elle aurait dû faire l’effort de retenir les visages des gens qu’elle avait croisés, mais Bluebell et les Sørensen avaient toute son attention ce soir là. Néanmoins, maintenant qu’elle se forçait à faire un effort de mémoire, elle était capable de la visualiser en train de parler avec le professeur van Aken.

- Je me souviens de toi, effectivement.

Elle acquiesça quand la jeune fille se présenta et lui répondit en retour

- Carla Yaxley, enchantée.

Enfin, enchantée, vu les circonstances, c’était un bien grand mot. Mais bon, les réflexes de politesse avaient la vie dure et elle avait reçu une éducation plutôt à cheval sur ce genre de principes. Elle l’observa, toujours sceptique de cet élan de gentillesse désintéressée. Dans son monde à elle, tout service avait une contrepartie. Une aide purement gratuite était rare et elle ne connaissait pas suffisamment son interlocutrice pour savoir si sa sollicitude était feinte ou réelle. A première vue, elle aurait eu tendance à la penser altruiste, avec son air candide et sa jolie frimousse. Mais elle savait plus que personne que les apparences étaient trompeuses.

- C’est très gentil de ta part de t’inquiéter, mais je t’assure que ça va aller.

Elle écouta sagement la jeune fille lui détailler son parcours, oscillant entre intérêt réel et politesse. L’avantage de savoir que la plupart des potions de la fillette venait de sa mère est que Carla avait tendance à penser qu’elle ne mourait pas empoisonnée sur le champ, ce qui était un début prometteur. Fallait-il encore qu’elle ait envie de servir de cobaye. Sentant que Kathleen ne s’en irait pas avant d’avoir de réponse à ses questions, elle se fendit de quelques explications, de mauvaise grâce.

- Je n’ai qu’une coupure au poignet. Le reste, c’est le contrecoup je pense.

Quand son interlocutrice lui promit discrétion et absence d’infirmerie, Carla se montra aussitôt plus intéressée. Elle n’aspirait qu’à aller se terrer dans son dortoir jusqu’au lendemain, alors cette proposition avait un charme inégalé. Néanmoins, cela supposait aussi d’être honnête en retour. Elle se mordilla la lèvre pesant le pour et le contre, avant d’admettre, laissant apparaître pour la première fois un léger sourire.

- J’avoue que ta proposition est tentante. Merci

Il y avait de la sincérité dans ce dernier mot, ce qui était assez rare pour être noté et précieux. Elle se cala à nouveau contre le mur qui avait le mérite de lui fournir un dossier et se lança dans quelques explications plus détaillées.

- Mon adversaire connaissait très bien mes forces et mes faiblesses. Elle s’est servie de ma phobie pour me déstabiliser, ce qui a fonctionné. L’énergie demandée par le duel mélangée à ma peur ont fait un cocktail détonnant j’ai l’impression, et depuis effectivement, je ne suis pas dans mon meilleur état. Je pensais que l’air frais pourrait aider.

Elle pencha légèrement la tête et lui demanda, cette fois sans aucune trace de scepticisme ou de sarcasme

- Tu penses réellement pouvoir me remettre sur pieds ?

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Carla Yaxley. C’était une bonne chose de pouvoir mettre un nom sur un visage. La jeune Serpentard reconnut Kathleen qui s’en sentit flattée. Même quand elle allait dans le monde, il était rare qu’on se souvienne d’une enfant comme elle. Après, elle savait que lors de telles soirées, la plupart des personnes essayaient de mémoriser un maximum de noms parce que c’était ce qui se faisait. Et puis, il était important de savoir à qui on pouvait s’adresser ou pas, pour eux. Mais Kathleen ne s’attendait pas à avoir marqué le moindre esprit. Sauf peut-être celui de Florent avec qui elle avait fait connaissance. Tous deux amis de Freddie, ils ne pouvaient que s’entendre.

« Ravie de faire ta connaissance. » répondit-elle avec un sourire.

Dans un premier temps, Carla sembla méfiante à l’égard de la jeune guérisseuse qui n’avait pourtant aucune mauvaise intention à son égard. Mais il était vrai quand-même qu’elle ne pouvait en être persuadée sans connaître la fillette. Et si Carla était un peu concernée par ce qu’on pensait d’elle, elle n’avait sûrement pas envie qu’une Première Année ne faisant pas attention à ce qu’elle disait aille raconter à tout le monde qu’elle avait eu un malaise à-cause d’un duel perdu. Ca pourrait lui porter sacrément tort. Kathleen accordait une importance toute particulière à ne pas dévoiler les secrets de la santé de ceux dont elle s’occupait, mais Carla ne pouvait pas le savoir.

Mais elle avait vu juste en songeant à la fierté de Carla. Celle-ci fut tentée par sa proposition quand elle comprit que Kathleen ferait preuve de discrétion. Cela débloqua tout car elle lui exposa précisément ses symptômes, ce qui permit à la fillette d’évaluer mieux son état et ce qu’il convenait de faire. La fillette hocha la tête, prit le pouls de Carla et le trouva un peu rapide, mais cela pouvait être dû à l’angoisse. Elle ne semblait pas fiévreuse, constata Kathleen en passant sa main sur le visage de la jeune fille et elle n’avait pas l’air blessée, constata-t-elle en palpant ses bras et ses jambes.

« Une petite crise d’angoisse, je pense… Je vais pouvoir t’aider, mais il faut que tu m’attendes un instant. Tiens ! » dit-elle en ôtant sa cape. « Mets la sur toi, si tu sens que tu as froid. »

Kathleen se précipita vers la porte de l’école. Elle retourna au plus vite jusqu’à sa chambre. Elle possédait toujours sur elle de quoi soigner les plaies et les bosses, mais pas de quoi apaiser l’anxiété ou les troubles du sommeil. Ce genre de potion était dangereuse et donc toujours placée sous clef qu’un alohomora ne suffirait pas à ouvrir. Elle sortit deux flacons compte-gouttes vides dans lesquelles elle mit un peu de deux potions. Puis, elle retourna auprès de Carla.

« Je vais commencer par ton poignet. » décida-t-elle.

Elle sortit un peu de potion désinfectante qu’elle appliqua sur la plaie, puis elle y ajouta un peu de crème régénératrice. La crème ne se vit pas après application, elle avait ce mérite d’être discrète. Elle sortit les deux flacons sur lesquelles elle avait appliqué une étiquette jaune et une étiquette bleue.

« Tu peux prendre tout de suite cinq gouttes de la jaune. Tu pourras en reprendre cinq demain soir si ton angoisse revient. Il y en a plus que dix gouttes et tu peux en prendre cinq quand tu angoisses mais évite d’en prendre plus de deux fois par semaine. Ce serait risqué, et jamais plus de cinq gouttes. Cette potion devrait te permettre de reprendre tes esprits et de rentrer jusqu’à ta Salle Commune sans embûches. Cela dit, je peux t’accompagner si tu préfères ne pas y retourner toute seule. L’autre, la potion bleue est une potion pour t’aider à dormir. Dans ton état, j’ai pensé que ça pouvait être utile. Tu peux prendre jusqu’à dix gouttes le soir, mais comme l’autre, évite d’en prendre plus de deux fois dans une seule semaine, sauf cas exceptionnels, mais dans ce cas, je pense que tu devrais me demander, ou alors à l’infirmière avant. Ca va aller ? Tu as des questions ? »

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Quand Kathleen décida de vérifier son état, elle se crispa légèrement, pas forcément à l’aise avec ce contact. Pourtant, avec cette immense mascarade qu’elle entretenait avec Finnbjörn, il était évident que ce n’était pas les contacts physiques qui la dérangeaient à outre mesure. C’était plutôt le contexte global. Par réflexe, elle n’aurait laissé personne l’approcher alors qu’elle se sentait vulnérable. Mais elle pouvait faire un effort. Il fallait juste qu’elle prenne sur elle. Elle resta donc silencieuse, attendant que Kathleen dise ce à quoi elle pensait. Cela ne prit que quelques secondes pour qu’elle lui réponde et évidemment, ce n’était pas au goût de la Serpentard.

Crise d’angoisse. Le visage de Carla se referma. Le diagnostic était sûrement vrai, mais elle n’aimait pas cette expression qui la confortait dans l’idée qu’elle était quand même sacrément pathétique. Trois étincelles, un incendio et elle était au bout du rouleau. Elle se jugeait sévèrement, incapable de s’autoriser une forme de faiblesse en plus de son échec. Une part d’elle-même savait que cela couvait depuis un moment, mais le poids de son éducation était impossible à dépasser. Pour l’opinion qu’elle avait d’elle-même et l’image qu’elle souhaitait renvoyer aux autres, cette situation lui était intolérable. Tout le problème était que si elle pensait ainsi, elle s’était pour autant montrée incapable de se calmer seule pour l’instant. Elle aurait aimé être en mesure de reprendre le dessus, mais il était évident que son corps lui indiquait qu’elle avait tellement tiré sur la corde qu’elle ne pourrait pas tout résoudre juste par la force de sa volonté.

Certainement que la petite fille ne se rendait pas compte de l’effort que Carla faisait pour accepter son aide et le tout sans raillerie comme mécanisme de défense. En temps normal, elle l’aurait envoyée promener, pas pour être méchante, mais juste pour mettre à distance une situation qui ne lui convenait pas. Potentiellement que par mauvaise humeur, son premier réflexe aurait été d’être agressive en lui balançant qu’elle racontait n’importe quoi. Là, elle se contenta de se mordiller la lèvre et de retenir son mécontentement. Elle prit la cape que la petite fille lui tendit, sans pour autant s’en servir. Elle ne mourait pas de chaud, mais elle considérait qu’elle s’était suffisamment victimisée pour la semaine à venir. Le calme laissé par le départ de Kathleen lui laissa l’occasion de respirer un peu. Deux minutes s’écoulèrent qu’elle était déjà à nouveau là avec ce que Carla identifia comme une trousse de soins. Qu’elle décide de commencer par son poignet la rassura. Ca c’était une blessure objective que la Serpentard était en mesure d’accepter. Elle lui tendit donc son bras et observa les crèmes avec curiosité.

- Tu as toujours tout ça sur toi ? Tu devrais rencontrer Jane l’infirmière, je pense qu’elle pourrait t’apprendre truc. Elle est gentille.

Elle prit les potions, se concentrant pour ne pas faire de bêtises dans les dosages. Quand Kathleen lui dit qu’il y en avait plus, elle se rebiffa immédiatement

- Ca reviendra pas ! C’était juste les circonstances, mais je suis pas angoissée normalement.

Ce n’était pas foncièrement faux. Elle n’était pas du genre à s’inquiéter de tout et en permanence. Sans ce duel, elle aurait pu ne jamais être confrontée à sa peur un peu trop envahissante en vérité. Elle ouvrit le flacon et prit aussitôt cinq gouttes de la potion jaune, comme indiqué. Elle fronça les sourcils, désarçonnée par le goût de la potion, mais déglutit rapidement, en espérant que cela fasse effet rapidement. Néanmoins, il fallait admettre que cela pourrait toujours servir à l’avenir. Elle allait donc les conserver précieusement, si cela pouvait lui éviter de parler de quoi que ce soit à quiconque. La potion commença à faire effet à l’instant, et elle sentit sa migraine refluer doucement, tout comme son mal-être général diminuer. Elle bougea prudemment, puis, voyant que rien ne se passait, se mit à sourire et à se détendre légèrement

- Ca marche du feu de dieu ta potion ! C’est toi qui l’as faite ? Merci beaucoup.

Sa voix était plus douce que ce qu’elle avait été et ses mots sincères.

- T’inquiète pas, je suis à Serpentard, ma salle commune n’est pas si loin, mais c’est gentil de ta part.

Elle ajouta, toujours plus souriante

- Je te dois un service Kathleen Kirte. En quoi pourrais-je t'être utile pour te remercier ?

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Kathleen était vraiment contente que Carla ait accepté son aide, en finalité. Elle était convaincue que cela avait demandé des efforts à la jeune Serpentard pour lui faire confiance, et elle en était flattée, mais surtout, elle se disait que cette confiance lui serait bien utile pour la soigner efficacement. Kathleen n’était pas obligée d’avoir de la confiance pour identifier un état de santé mais pour soigner, il valait mieux car il fallait que la personne accepte de prendre les remèdes maison qu’elle donnait et qui étaient, pour la plupart, bien plus performants que les potions connues. Leurs secrets de famille donnaient dans l’efficacité.

Quand elle revint avec les potions, elle remarqua que Carla ne s’était pas couverte, mais ça ne faisait rien. Elle se laissa soigner le poignet sans se plaindre, sauf en remarquant que Kathleen avait une belle pharmacopée. Elle lui demanda si elle la transportait toujours avec elle et lui parla de l’infirmière de l’école. Kathleen devait justement entrer en contact avec elle prochainement pour trvailler de temps en temps à l’infirmerie afin de compléter son apprentissage. Elle avait bien l’intention de mettre toutes les chances de son côté pour devenir la meilleure guérisseuse possible, digne de sa famille.

« J’ai toujours des positions pour les petits bobos et les bleus sur moi, mais ça s’arrête là. La plupart de mes potions restent dans une valise sécurisée dans mon dortoir, c’est pour ça que j’au dû y retourner pour toi. »

Elle acheva son soin avant de poursuivre son explication. Le problème de Kathleen, quand elle était lancée, c’est qu’elle avait du mal à s’arrêter. Elle avait tendance à tout détailler. Elle ferait un bien mauvais espion et il serait facile de lui extorquer des informations.

« Certaines de ses potions peuvent être dangereuses si elles ne sont pas prises correctement. Je ne peux les laisser à la vue de tous. Si un autre première année s’amusait avec et en avalait par mégarde… enfin, du coup, j’ai un verrou protégé qui ne s’ouvre que pour moi ou pour ma mère. Il doit être ouvrable par Alicia, ma petite sœur, mais comme elle n’est pas à Poudlard, ça ne risque rien. »

Kathleen ne répondit pas quand Carla lui affirma que son malaise ne reviendrait pas. En premier lieu, elle sentait que cette idée la mettait mal à l’aide et la jeune guérisseuse ne souhaitait pas le faire. En second lieu, sa remarque était purement informative. Elle tenait juste à ce que Carla sache ce qu’elle pouvait faire ou ne pas faire avec la potion pour ne prendre aucun risque. Encore une fois, on ne laissait pas ce genre de potion à quelqu’un sans lui expliquer comment s’en servir. Kathleen laissa donc Carla prendre la potion jaune et sourit quand la jeune fille la complimenta.

« Non, je ne suis pas encore capable de préparer une potion anxiolytique. C’est du très haut niveau de potion. Globalement, les soins que j’ai apportés cette année, c’était principalement avec les potions préparées par ma mère. Mais c’est une excellente guérisseuse et puis… je vais t’avouer, on des secrets de famille qui donnent plus d’efficacité à nos potions. Donc en général, c’est plus efficace. »

Carla refusa qu’elle la raccompagne, mais par contre, elle lui affirma qu’elle avait une dette envers elle. Mais Kathleen secoua la tête.

« Tu n’as pas de dette envers moi, Carla, je suis une guérisseuse. C’est ma mission de soigner les autres. En revanche, quand tu en auras envie, on pourrait faire plus ample connaissance. Après tout, il se peut qu’on se retrouve dans des soirées mondaines, ça peut être bien de se connaître un peu mieux. »

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Sans même s’en rendre compte, Carla nota que la jeune fille conservait des potions qui avaient l’air suffisamment dangereuses pour qu’elle décide de les mettre sous clé. Cette information en elle-même n’avait pas énormément d’intérêt, puisque Carla n’avait pas accès à la salle commune, mais elle avait appris que la connaissance donne une forme de pouvoir. Le fait de détenir cet élément pourrait toujours lui servir à l’avenir.

- J’en déduis donc qu’il faut être de ta famille pour ouvrir ce verrou ?

Seules sa mère et sa sœur en étaient capables, c’était la conclusion la plus évidente. Néanmoins avec la magie, il était toujours possible de louper quelque chose. En tout cas, il fallait admettre que la petite fille se débrouillait très bien pour son âge, et qu’elle avait réellement l’air de s’y connaître. Aussi quand Carla la complimenta, c’était avec une sincérité non feinte. Cela semblait d’ailleurs faire plaisir à Kathleen.

- Ta mère doit être très talentueuse.

Encore une fois, elle ne disait pas cela dans l’optique de la flatter, mais parce qu’elle le pensait sincèrement. Carla n’était pas l’élève la plus douée du monde en potion. Elle se débrouillait parce qu’elle travaillait, mais elle n’y avait aucune aptitude naturelle. Alors à ses yeux, toute personne qui maîtrisait un minimum cet art difficile était impressionnante. Elle trouvait cela fascinant d’arriver avec quelques ingrédients à créer un breuvage avec des propriétés aussi puissantes. Elle esquissa un sourire quand la petite fille admit que sa mère avait des secrets de famille afin de rendre ses décoctions encore plus fortes. Cela ne l’étonnait pas, quand on atteignait un certain niveau dans une discipline, le but n’était plus seulement de réussir, mais aussi d’améliorer ses résultats.

- Trop chouette. Tu vas pouvoir impressionner van Aken en cours de potions, je suis sûre que tu dois te débrouiller mieux que moi.

Puisque son état semblait continuer à s’améliorer, elle se décida enfin à tenter de quitter le banc et de se lever. On ne pouvait pas dire qu’elle avait l’air réellement assurée, mais elle n’allait pas rester assise là éternellement et elle n’avait pas envie d’attendre que l’effet de la potion s’estompe. Une fois debout, elle eut le plaisir de constater qu’elle tenait parfaitement sur ses deux jambes et qu’elle avait l’air d’aller bien. Oh le soulagement. Elle mourait d’envie d’aller se rouler en boule dans son lit maintenant. Pas besoin de potion pour dormir, quelque chose lui disait qu’elle allait rapidement s’écrouler endormie de fatigue une fois la tête sur son oreiller. Elle eut un petit rire quand la jeune fille lui dit qu’elle ne lui devait aucune faveur. Cette enfant était charmante. Adorablement naïve. Dans les grandes familles, tout fonctionnait à grands coups de services rendus et de services dus. Refuser qu’elle ait une dette envers elle n’avait pas de sens, même si elle ne s’en servait jamais. Avoir des « amis » qui vous doivent des services, c’est toujours excessivement utile.

- Toi, tu n’as pas encore fait beaucoup de soirées mondaines, sinon tu saurais que rendre des services et en devoir est un grand jeu chez les familles sang purs. Donc si, je te dois une faveur. Libre à toi de ne pas l’utiliser.

Elle lui sourit et accepta de bon cœur

- Ca me va, on fera connaissance à l’occasion. Si le cœur t’en dit, tu n’as qu’à venir manger avec moi un de ces jours, ça me ferait plaisir. Je te promets que nous sommes des personnes très fréquentables les Serpentards !

Après tout, Kathleen l’avait tirée d’un mauvais pas, donc elle pouvait bien prendre le temps de sympathiser, même s’il fallait avouer qu’habituellement, elle s’intéressait relativement peu aux premières années, en dehors de Lunox. Mais la poufsouffle était sympathique, visiblement pas trop prise de tête et d’une grande famille. Que demander de plus ? Maintenant qu’elle se sentait mieux, elle était nettement plus chaleureuse avec son interlocutrice, preuve que quand elle était en bon état, elle pouvait se montrer sympathique. Lui faisant un niveau sourire, elle ajouta, d’une voix désolée

- Je ne veux absolument pas être désagréable, mais je vais filer dans mon dortoir tant que mes jambes coopèrent. Merci encore Kathleen. Je persiste que je te dois une très fière chandelle.

Codage par Libella sur Graphiorum

Carla était intelligente. Elle avait compris le secret de ce verrou, et effectivement, il était à portée familiale. En réalité, il était destiné aux guérisseuses de la famille de Mary et ne s’ouvrait que pour celles qui avait cet héritage génétique. Cela permettait que les potions familiales ne soient pas accessibles à n’importe qui. Ce n’était pas vraiment des potions qu’on devait mettre dans toutes les mains et la fillette avait appris très tôt qu’elle devait être vigilante sur ce qu’elle acceptait de sortir de la malle. L’apprentissage des femmes de sa famille avait ceci de positif qu’elle apprenait très jeune la notion de responsabilité et de prudence.

« C’est une malle magique qui se trouve dans ma famille depuis plusieurs générations. Elle ne s’ouvre que pour les guérisseuses de notre famille. Alicia n’est pas encore officiellement guérisseuse, elle n’a que quatre ans et on ne commence sa formation qu’à sept ans, mais elle est destinée à suivre cet apprentissage comme je l’ai fait. »

Elle sourit au compliment de Carla concernant sa mère. Kathleen adorait sa mère qui était la personne qu’elle admirait le plus. Et il ne lui serait jamais venue à l’idée que Carla pût essayer de la flatter. Elle avait toujours vécu dans l’honnêteté et la franchise et elle était n’avait pas l’habitude de présenter un intérêt auprès de quiconque au point de se faire flatter.

« C’est une femme formidable ! » fit Kathleen dont les yeux brillaient. »Elle est très douée et elle sait tout un tas de choses. Et elle s’occupe vraiment bien des blessés ! Je l’adore ! »

Il était vrai que la fillette avait un peu d’avance en potions. Et surtout, elle avait des connaissances et des compétences sur la façon dont une potion doit être faite, ce qui était un atout important dans le cours du Professeur. Par ailleurs, sa position et celle de sa mère dans la société avait fait qu’elle avait des atouts auprès du professeur que d’autres élèves n’avaient pas. Mais Carla, elle, devait les avoir sinon elle ne se serait pas rendue à la fête de l’enseignant qui était réservée à l’élite, selon les critères du professeur de potions lui-même, évidemment.

« En fait, vu que ma mère est très connue dans le milieu, surtout parmi les potionistes, je pense que le professeur en attendait beaucoup de moi. Mais vu qu’il m’a accordé quelques compliments, je pense que je n’ai pas démérité, alors ça va », acheva-t-elle en riant.

La jeune fille rougit néanmoins quand Carla lui fit prendre conscience qu’elle ne jouait pas le jeu des mondains qui impliquaient un échange de services et de devoirs. Kathleen connaissait ce fonctionnement et sa mère et elle en avaient souvent parlé, mais Mary lui avait fait promettre de ne jamais utiliser ses compétences pour demander des faveurs, même si, en pratique, toute personne qu’on sauvait se sentait généralement au moins un peu redevable. Mais elle tenait à ne pas en profiter.

« Ma mère et moi refusons d’exiger quoi que ce soit des personnes en échanges de soins, à moins de devenir guérisseuses professionnellement parlant évidemment, nous pensons qu’il ne devrait pas dépendre de ce qu’est une personne et de ce qu’elle peut nous apporter pour nous lui apporter notre aide. Mais je retiendrai que je peux compter sur toi, je t’avoue que cela me fait plaisir d’avoir cette opportunité. Et je serais ravie de déjeuner avec toi, quand tu voudras. »

Quand Carla déclara qu’elle allait retourner à son dortoir, Kathleen ne put qu’approuver cette sage résolution. La jeune fille se sentait peut-être moins angoissée après avoir avalé la potion, mais elle n’en était pas moins encore faible et en tant que guérisseuse, la fillette ne pouvait que lui conseiller de se reposer.

« Tu as bien raison, repose-toi, nous nous reverrons une autre fois. »

À SAVOIR Arrivé(e) le : 04/04/2020 Parchemins rédigés : 1168 Points : 9

Let the healing be easier than the hurting

Carla ne savait pas comment se positionner face aux déclarations de la jeune fille. À la fois, elle trouvait cela formidable d’apprendre à soigner les gens. En tout cas, c’était un métier tout à fait honorable. Et à la fois, elle trouvait cela particulièrement étonnant de commencer son apprentissage aussi jeune. Et si plus tard, les filles n’avaient pas envie de faire ça ? Est-ce qu’elles avaient vraiment le choix de leur avenir ? Elle se sentait déjà elle-même suffisamment étouffée par les croyances familiales pour trouver que si on lui avait imposé un métier, elle l’aurait mal vécu. Puis, elles commençaient si jeunes, qu’il était difficile de dire si elles n’étaient pas totalement influencées pour le reste de leur vie. Sept ans c’était quand même très petit d’ailleurs. Est-ce qu’il n’y avait pas une loi quelconque contre le travail des enfants ? Bref, elle était partagée. Mais puisque la jeune fille en face d’elle semblait tellement enthousiaste, elle n’allait pas lui faire part de ses réflexions. Cela aurait été bien ingrat de remettre en cause le fonctionnement de sa famille alors qu’elle venait de l’aider.

- C’est chouette de bien s’entendre avec sa famille.

Quand elle parlait de sa mère, elle s’était tellement illuminée, qu’il aurait fallu être particulièrement aveugle pour ne pas comprendre à quel point elle l’admirait. Cela fit sourire Carla. C’était mignon à voir. Surtout qu’elle-même n’avait pas des relations particulièrement chaleureuses avec sa famille. Ou pour être exacte, il existait une froideur quasi polaire entre son père et elle, et, si sa mère était plus tendre, elle ne pouvait pas réellement dire qu’elle l’admirait. Elleavait même tendance à la juger plutôt sévèrement. Cela datait de bien avant son adolescence, il n’était donc même pas possible de mettre cela sur le compte d’une intransigeance liée à son âge. Carla devait admettre et que si la mère de Kat était connue, elle ne le savait pas. Les potions n’étaient pas un milieu auquel elle s’intéressait suffisamment pour prétendre être au courant de quoi que ce soit. Mais elle avait tendance à la croire, puisque le professeur lui avait effectivement manifesté un intérêt tout particulier.

- Non, je te confirme tu as dû faire plutôt bonne impression pour avoir des compliments ! Il n’en donne pas facilement.

Quand la petite fille lui exposa la philosophie de sa mère, Carla comprit pourquoi est-ce qu’elle n’avait pas réellement entendu parler de la famille de la petite fille. Il était évident que cette philosophie ne correspondait absolument pas à l’idéologie habituelle des grandes familles. Si sa mère était puissante, ce dont elle ne doutait pas, elle devait néanmoins être assez peu intégrée au réseau habituel. Cela expliquait aussi que les deux jeunes filles ne s’étaient jamais rencontrées avant. Cela me mit la puce à l’oreille de Carla. Est-ce qu’il y avait d’autres choses qu’elle ignorait sur cette famille ? L’avantage, c’est qu’après avoir proposé de déjeuner ou de dîner ensemble à l’occasion, elle aurait l’opportunité d’en apprendre plus.

- On se contacte par hibou et on s’organise ça. Je suis désolée de filer si vite, mais merci encore.

Elle gratifia son interlocutrice d’un joli sourire, et après un signe de la main, elle se dirigea dans pas mesuré vers sa salle commune. D’accord elle se sentait mieux, mais elle n’avait pas récupéré l’énergie dépensée pendant le duel. Elle était donc passablement épuisée, et elle n’avait aucune envie de courir. Les fioles de potions à la main, elle regagna sagement son dortoir et s’écroula sur son lit. Demain serait un autre jour et aujourd’hui avait déjà été bien trop fatigant.

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