Compagnons d'infortune

À SAVOIR Arrivé(e) le : 04/04/2020 Parchemins rédigés : 1181 Points : 10

Carla n’avait pas décroché un seul mot du dîner, manifestement contrariée. Elle avait chipoté sa nourriture, poussée des soupirs à fendre l’âme … Bref, il aurait fallu être particulièrement peu attentif pour ne pas comprendre qu’elle était d’une humeur exécrable. Dix minutes avant huit heures, elle quitta la table en traînant des pieds pour se diriger vers le sixième étage. Le mot qu’elle avait reçu lui donnait rendez-vous dans la salle des trophées.

Il ne fallait pas se tromper sur le planning de la soirée. Un rendez vous dans Poudlard, de nuit, aurait pu être agréable. Mais Carla ne se rendait pas à rencard mais à une retenue. Et ça, ça la mettait dans tous ses états. Pourtant, elle avait mérité sa punition, menacer de mort l’un de ses petits camarades n’était pas une conduite appropriée. Mais bon, c’était cet idiot qui l’avait poussée à bout en débitant les bêtises que Maxwell colportait à son sujet. Elle ne pouvait pas décemment rester sans réagir, c’était son honneur qui était en jeu.

Ce qui la vexait vraiment, c’était de s’être faite prendre. Normalement, elle était plus maligne que ça. Mais là, elle n’avait pas entendu le professeur arriver dans son dos et elle avait donc proféré toutes sortes de menaces très imagées avant de se rendre compte qu’elle avait un auditoire. Puis, elle trouvait également la punition disproportionnée. L’autre élève était toujours bien en vie, donc il n’y avait pas de quoi se plaindre. Puis elle ne l’aurait pas réellement tué. Un meurtre, c’est bien trop salissant.

Tandis qu’elle ruminait toujours, elle arriva dans la salle des trophées. A partir de cette étape, le parchemin qu’elle avait reçu lui indiquait qu’elle devait tout nettoyer jusqu’à ce que chaque trophée soit étincelant. Et à la vision de chiffon qu’on avait laissé à son intention, il était manifestement question de s’y prendre à la méthode moldue. Elle saisit le bout de tissu entre deux doigts d’un air dégoûtée et le laissa tomber par terre. Hors de question qu’elle fasse. C’était pas un elfe de maison non plus.

Regardant discrètement à gauche puis à droite, elle décida d’utiliser la magie. Après tout elle était seule dans la pièce et ça irait quand même bien plus vite comme cela. A quoi bon être une sorcière si on ne peut pas se servir de sa baguette ? Elle avait à peine nettoyé deux trophées qu’elle entendit des bruits des pas avancer vers elle. Pas forcément rassurée d’être seule dans une salle déserte et sombre, elle se figea et regarda autour d’elle. Elle était tellement tendue que son cœur manqua un battement quand un garçon ouvrit la porte.

- Bonsoir ?

Elle l’observa quelques instants sans comprendre ce qu’il venait faire ici. Puis elle remarqua qu’il tenait lui aussi un bout de parchemin similaire au sien entre ses mains. Elle se détendit aussitôt. Il était juste en retenue lui aussi. Pas de quoi s’inquiéter. Maintenant qu’elle n’était plus sur ses gardes, elle prit le temps de le détailler un peu plus. Vu son uniforme, il était à Serdaigle et semblait un peu plus jeune qu’elle. Carla espérait juste qu’il ne soit pas trop bêcheur et qu’il accepterait de tricher en utilisant la magie. Sinon ils y étaient encore dans 6 jours.

- Toi aussi tu es collé ? Je compatis. Je suis Carla, au fait. Et tu es … ?

Même si elle n’était pas une grande chaleureuse, elle le gratifia d’un sourire. Une part d’elle était contente d’avoir de la compagnie. Depuis les événements de l’année 2025, rester seule dans un endroit reculé du château n’était pas ce qu’elle préférait. Puis si l’autre élève y mettait du sien, peut-être que le temps pourrait passer plus vite.

- Si tu veux, prends le côté gauche et moi je prends le droit. Plus vite on a terminé, plus vite on pourra aller dormir !

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Torchons et serviettes...
Avec la participation de @Carla P. Yaxley dans le rôle de : la ménagère. •••

Putain de foutu garde-chasse, tout ça, c'était de sa faute et uniquement la sienne ! Après tout, c'était lui qui avait ouvert les hostilités avec son comportement immature et indigne d'un membre du personnel de Poudlard. Blaze, lui, il avait le droit de se comporter comme un gamin, mais si les adultes commençaient à faire de même, on était pas rendu... Du coup, toute la responsabilité leur retombait sur les épaules, c'était aussi simple que ça.

Pour la cinquième ou sixième fois depuis ce qui lui semblait maintenant une éternité, le jeune homme avait pris le chemin de la salle des trophées à la fin de son cours de métamorphose, alors que le reste de ses camarades, eux, se dirigeaient vers la grande salle pour dîner. On l'avait collé "à durée indéterminée", c'était ce qui était marqué sur le papier qu'il avait reçu un mois plus tôt, "le temps de faire la lumière sur l'étendue de vos méfaits". Mouais. Autant dire que ça aussi, ça pouvait prendre une éternité... de toute façon, ils n'avaient pas vraiment de preuves, le garçon essayait de s'en convaincre, et les charges contre lui finiraient bien par être abandonnées un jour ou l'autre. Bon, sauf pour la porte transformée en pierre et le sortilège d'amplificatum sur les limaces, là, on l'avait pris la main dans le sac. Eh ! C'était le jeu.

Blaze poussa la porte de la salle des trophées, la mine sombre. Encore quelques séances et il serait capable de citer par cœur chacun des élèves primés de Poudlard sur les cinquante dernières années... Et pourquoi donc avait-on besoin de les épousseter une fois par semaine, ces trophées ? Le garçon soupçonnait fortement le concierge, ou le garde-chasse - encore lui ! de venir remettre régulièrement de la poussière sur les coupes et les médailles, histoire de donner du travail aux étudiants.

Il n'avait fait qu'un pas dans la salle lorsqu'une voix féminine placé dans son angle mort, le tira soudain de ses pensées. D'abord surpris, il découvrit qui en était à l'origine : Carla quelque chose, une fille de Serpentard qu'il ne connaissait que de nom et de loin. En général, les élèves plus âges s'intéressaient moins aux plus jeunes que le contraire, aussi, il hocha la tête d'un air entendu quand elle se présenta poliment, un sourire sans entrain aux lèvres. Blaze la comprenait, personne n'était jamais très heureux de se retrouver dans la salle des trophées, à part une fois l'an le soir de la finale de quidditch.

- Blaze Mansfield, enchanté !

Répondit-il sur le même ton poli, quoique un peu plus enjoué. Mais lorsque sa camarade lui proposa sa répartition des tâches, il soupira d'un air désolé et secoua la tête.

- Malheureusement, c'est pas comme ça que ça fonctionne... on est pas collé à la salle, mais au trophée. Il désigna la porte derrière eux d'un geste vif. Elle se réouvrira que quand on aura passé un coup de chiffon sur chaque objet de la pièce, pas moins. Et à la main, sinon ça compte pas...

Ça, il n'avait pas été très lent à essayer de frauder sur sa punition. Dès sa première heure de colle, constatant qu'aucun adulte n'avait été désigné pour le surveiller, Blaze s'était empressé de tester l'enchantement du récurvite qu'il avait vu exécuter par sa mère toute son enfance. A sa grande satisfaction, la pièce était devenue impeccable en à peine quelques minutes, mais la porte, elle, restait close.

Il haussa les épaules et avança plus dans la pièce, l'embrassant d'un coup d’œil résigné.

- Pour le moment, j'ai pas encore trouvé moyen de frauder, malheureusement...

Mais comme pour venir contraster avec son air abattu, il plongea soudain sa main dans la poche de son uniforme et en tira une petite fiole emplie d'un liquide de couleur rougeâtre et qui semblait s'agiter à l'intérieur, comme une mer déchaînée.

- Mais bon... même s'ils ont bien bloqué les sorties, du coup ils ont négligé les entrées. dit-il d'un ton beaucoup plus malicieux, alors qu'un sourire naissait sur ses lèvres. Rhum de courage, c'est beaucoup plus sympas de travailler avec ça, crois moi...

En vérité, le rhum de courage était simplement le nom profane d'une variante plus intense de l'élixir d'Euphorie, et connue sous le nom de potion d'allegria. Il s'agissait d'une décoction assez célèbre chez les sorciers pour procurer un était d'entrain, de joie et de bien-être momentané, en plus de donner un sérieux coup de booste. Les effets ne duraient pas très longtemps, et ponctuellement, n'avaient pas d'effets secondaires, mais la commercialisation du rhum était tout de même illégale aux mineurs qui ne se privaient pourtant pas d'en faire forte consommation, en douce. Sorte de joint sorcier, il en circulait toujours un peu à Poudlard, pour les grandes occasions.

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Compagnons d'infortune

Carla se dérida un peu en voyant que son compagnon d’infortune était visiblement une personne plutôt enjouée et lui offrit un sourire après qu’il se soit présenté. Finalement, sa soirée serait peut-être un peu sympathique que ce qu’elle avait prévu. La compagnie d’un garçon plutôt mignon et aimable y était pour beaucoup.

Elle était presque de bonne humeur quand Blaze lui indiqua que ça ne servait à rien d’essayer de tricher, qu’il avait déjà essayé sans succès. Pire encore, ils étaient réellement condamnés à astiquer chacun de ces foutus trophées un par un à la main. Mais à quoi diable ça pouvait bien servir de nettoyer des trophées qu’aucun élève en regardait jamais ? En plus, elle aurait mis sa main à couper que certains d’entre eux étaient du toc. Zéro valeur financière et zéro valeur culturelle en résumé. Elle abaissa sa baguette en gémissant

- Mais ça va mettre un temps fou ! Il est hors de question je meurs d’épuisement dans cette salle poussiéreuse.

Elle jeta un regard dégoûté autour d’elle avant de se reprendre.

- Enfin, j’imagine que la mort d’ennui nous fauchera bien avant la fatigue

Surtout qu'elle n'avait jamais rien nettoyé de Savoie, elle qui menait habituellement une vie de petite princesse. Son efficacité était donc sujette à caution. Elle s’avança pour aller récupérer le chiffon qu’elle avait naïvement abandonné en entrant dans la salle avant de se rendre compte de ce que signifiait l’information que venait de lui donner le garçon.

- Mais attends … Tu nettoies cette pièce depuis combien de temps au juste pour savoir tout ça ?

Carla n’avait rien contre quelques petites entorses au règlement. La fin justifiait les moyens. Par contre si ce Blaze passait toutes ses soirées dans cette pièce, ce n’était plus une transgression. Il avait fait quoi pour mériter ça ? Est-ce que c’était une sorte de psychopathe dangereux ? Parce qu’à première vue, il faisait plus chaleureux que délinquant récidiviste, mais elle voulait bien être au courant si elle devait passer la soirée enfermée avec un grand malade.

- T’as torturé quelqu’un pour mériter ça ? Parce que si c’est le cas, je pense que c’est une information que je devrais avoir

L’ironie dans l’histoire, c’est qu’en réalité c’était plutôt elle qui avait menacé de torturer quelqu’un pour se retrouver ici. Mais l’autre le méritait. Puis c’était plutôt une stratégie de dissuasion qu’une menace. Une défense avant l’attaque en somme.

Une chose était sûre, il était assez peu concerné par le règlement puisqu’il ne mit pas plus de trois minutes à sortir une fiole de rhum de courage. Il devait donc allégrement se tamponner de se faire attraper pour en parler devant elle, sans même savoir si elle n’était pas une sale balance. Carla n’était pas forcément une fan de ce type de boisson, parce qu’elle aimait garder le contrôle des situations pour être certaine qu’elle soit toujours à son avantage. D’un autre côté, la nuit promettait d’être mortellement ennuyeuse et ils allaient avoir besoin d’un remontant. Son dilemme intérieur fut donc tranché en moins d’un quart de seconde et elle sourit cette fois bien plus franchement, les yeux pétillants

- Brillante idée ! Tu viens d’illuminer ma soirée.

Est-ce que commettre une nouvelle infraction alors qu’on n’avait même pas commencé la peine pour la première était une bonne idée ? Assurément non. Mais elle avait eu une journée fort contrariante et décompresser ne pourra pas lui faire de mal. Puis ils étaient seuls dans cette salle et Blaze n’irait pas la dénoncer alors que c’est lui qui détenait la fiole. Quitte à être en retenue, autant faire les choses bien et continuer à piétiner le règlement, non ? De toute façon, avec ça, ses questionnements ne seraient plus d’actualité dans peu de temps, elle serait trop euphorique pour s’en inquiéter réellement.

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Blaze perçu et comprit assez clairement la détresse de sa camarade quand il du lui annoncer qu'ils ne pourraient pas resquiller sur leur punition. Il avait ressenti l'exacte même frustration lorsque la porte avait refusé de le laisser sortir, la première fois, après qu'il ait nettoyé toute la salle à la baguette. Il se contenta d'opiner du chef en écoutant sa camarade d'infortune râler sur leur sort, les bras croisé, d'un mouvement de tête déjà un peu las, alors même qu'ils n'avaient encore rien commencé du tout.

- Bon espérons que si on meurt d'épuisement, au moins ce sera un peu moins poussiéreux, sinon c'est vraiment qu'on est des branques...

Il suivit des yeux sa camarade, laissant malgré lui trainer un peu son regard sur son profil plutôt plaisant, il n'avait pas quinze ans sans conséquences, avant de se faire surprendre par sa question. Torturer quelqu'un ? Lui ? Pas son genre, fallait plutôt demander à Erin, pour ça. Quoique, à force de trainer dans ses pattes, peut-être qu'elle finissait pas déteindre sur lui ? Est-ce que ça lui donnait l'air d'un bad boy ? Est-ce qu'il avait l'air un peu dangereux ? Est-ce que ça le rendait cool ? Un instant il se demanda si Carla était sérieuse mais ne sachant pas si c'était véritablement le cas, il botta en touche malicieusement.

- Pourquoi ? J'ai une tête de mec dangereux ?

L'espace d'un instant, le garçon se laissa aller à caresser cette idée avec plaisir. L'espace d'un instant seulement, il n'était pas complètement idiot et avec sa tête de premier de la classe, il était très loin d'avoir un de ces profils de petite brute comme on pouvait en croiser ailleurs à Poudlard. D'ailleurs, avait-on déjà vu un Serdaigle faire peur à qui que ce soit ? Maison d'intellos aux muscles atrophiés, pas étonnant qu'ils perdent tous leur match de quidditch avec la moitié de l'équipe plongé dans ses bouquins les trois quarts du temps. Heureusement qu'il remontait un peu le niveau...

De toute façon, ça lui allait très bien, à Blaze, de ne pas payer de mine. On se méfiait moins, on lui faisait plus facilement confiance. Comme cette fille d'ailleurs ? Il ne la connaissait que de loin, mais à en juger son uniforme, elle était à Serpentard, et plutôt jolie, mouais, il avait intérêt à se méfier. C'était quand même la maison des manipulateurs et des ambitieux, après tout, et il se connaissait suffisament pour savoir que quelques sourires pouvaient facilement émousser sa méfiance. Mais pas cette fois, quitte à passer une poignée d'heures enfermé à deux, il comptait bien faire à son idée, sans se préoccuper de ce que pourrait penser cette nouvelle venue dans sa routine.

D'où cette proposition d'échanger un verre de rhum, d'ailleurs. Au moins, avec un coup dans le nez, tout le monde se retrouvait plus ou moins à égalité. Mais avant cela, il lui fallait encore régler cette histoire de punition.

- En vrai, c'est une histoire passionante avec plein de rebondissements, qui m'a emmené en retenue. Si tu veux je te la raconte, mais à deux conditions. Il laissa passer un silence avant de reprendre en souriant. Toi, tu m'expliques pourquoi t'es là, et on trinque avant.

Visiblement, Carla n'avait rien contre échanger une gorgée, aussi en avala-t-il lui même une lampée, avant de passer le reste de la fiole à sa camarade. La dose n'était pas énorme, mais elle suffisait largement pour le moment et puis, au pire, ses poches n'étaient pas encore vides...

- Santé ! Mort aux tyrans et guerre à toute forme d'autorité !

Dit-il d'un ton joyeux et légèrement provocateur. Le liquide tiède lui coula dans la gorge, procurant quasiment instantanément un effet de bien être profond et une sorte de dynamisme commença à gagner tous les muscles de son corps. Il se sentait délicieusement en forme et avait soudain une forte envie de rire. S'incliant un peu benoitement devant la jeune fille, il l'invita à entammer son histoire.

- Honneur aux dames...

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Compagnons d'infortune

Quand il lui demanda s’il avait l’air dangereux, elle se permit de le regarder un plus en détails avant de formuler sa réponse. Il fallait admettre qu’il n’était pas particulièrement effrayant. Et comme Carla n’était pas du genre à mentir pour faire plaisir, elle admit volontiers

- Pas trop. Tu fais plutôt bon élève.

Puis se rendant compte que c’était peut-être un chouïa abrupt, elle affina son propos

- Un bon élève cool hein !

Et elle le pensait vraiment. Elle était elle-même plutôt bon élève, et elle se considérait comme cool. Pour elle les deux n’étaient exclusifs l’un de l’autre. Et elle préférait largement son sourire sympa que de se retrouver avec une sorte de petit caïd de la cour de récré. Le côté faussement bad boy, elle avait donné avec Max et comme quoi, c’était très surcoté. Quand Blaze lui promit une histoire passionnante, son regard s’illumina. Elle aimait lire, elle aimait les histoires. Alors certes, il n’y aurait pas de livre, mais elle n’avait rien contre les bonnes intrigues. Ses conditions lui paraissaient convenables et elle acquiesça.

- Vendu. Le deal m’a l’air honnête.

Elle lui adressa un sourire de remerciement quand il lui passa la fiole et en prit également une gorgée.

- Santé !

Le rhum de courage commençait déjà faire son effet puisqu’elle laissa échapper un gloussement en le voyant s’incliner

- Quelle galanterie !

Elle s’assit gracieusement sur le bord de l’une des tables et commença à passer un vague coup de chiffon sur un trophée à côté d’elle pour se donner bonne conscience.

- Je ne pense pas que mon histoire sera aussi palpitante que la tienne, mais pour repartir du début, l’an dernier je suis sortie avec un garçon quelques mois. Peut-être que tu le connais d’ailleurs, c’est Maxwell.

Elle ne put retenir une grimace. Comment justifier être sortie avec un garçon comme Max ? En vrai, il avait des qualités ce garçon. C’est juste qu’il fallait tellement chercher pour les trouver que ça en devenait de l’archéologie …

- Une erreur de jeunesse sans aucun doute. Si tu ne connais pas le personnage, il se prend pour un tombeur, mais c’est plutôt un Don Juan des bacs à sable. Depuis il a manifestement décidé que mon châtiment pour l’avoir larguée serait de finir nonne. Depuis il s’est amusé à répandre de rumeurs plutôt … déplaisantes. Du genre, personnelles et humiliantes. Pas besoin que je te fasse un dessin.

De toute façon il y avait trop pour toutes les lister. La plus célèbre c’était la MST, mais elle avait cru entendre une histoire de frigide. Et d’autres trucs du même acabit. Il était clairement hors de questions qu’elle les détaille à haute voix. C’était déjà suffisamment infamant comme ça. Agacée, elle continua elle frotta vigoureusement un trophée, comme si elle allait tenter de passer un travers.

- Et aujourd’hui, un petit abruti est venu débiter directement devant moi ce tissu de mensonges. Comme si j'allais bien réagir ! Alors je l’ai peut-être un peu menacé …

Elle laissa échapper un rire un joyeux au souvenir du regard terrorisé du pauvre garçon. Voir le grand dadais flipper devant les menaces d’une petite blondinette, ça valait son pesant de gallions.

- Bon ok, je l’ai peut-être beaucoup menacé de l’envoyer six pieds sous terre. Mais j’ai été hyper cool, je lui laissais choisir sa mort. Je lui en ai juste expliqué certaines avec force de détails, pour qu’il puisse choisir en connaissance de cause. Mais la prof m’a entendue

Elle lui offrit un sourire machiavélique, avant de rire à nouveau sous le coup du rhum de courage.

- Le plus pathétique dans cette histoire, c’est qu’il y a cru. Comme si j’étais réellement assez bête pour le faire réellement et gâcher ma vie pour cet imbécile. Mais bon, la dissuasion est une arme comme une autre et il est pas près de recommencer !

Comme quoi, des deux, c’était plutôt elle qui passait pour une psychopathe. Mais elle assumait totalement son acte qu’elle considérait comme une forme de défense. Elle n’avait attaqué personne pour le plaisir après tout, juste pour défendre son honneur. Et quand on venait d’une aussi grande et ancienne famille que la sienne, l’honneur était une valeur essentielle.

- Par contre, j’exclus pas totalement d’abîmer un peu Maxwell s’il refuse de comprendre qu’il est très désagréable. Si quelqu’un ne s’en charge pas avant moi d’ailleurs, il commence à avoir pas mal d’ennemis.

Elle était persuadée qu’une ancienne conquête désespérée ou qu’un petit ami jaloux lui casserait la figure avant elle. Puis en réalité, elle n’était pas certaine d’être capable de trop l’amocher. Quand il s’agissait de lui, elle avait la fâcheuse tendance d’être un peu sentimentale.

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Même s'il s'attendait à la réponse, Blaze ne pu s'empêcher d'afficher sa déception quand la jeune fille lui répondit que, non, il avait plutôt une tête de bon élève. Et qu'elle rajoute qu'il avait l'air cool quand même n'était qu'une piètre consolation. Bon. Tant pis. Il devrait se résoudre à ne terroriser que des premières années jusqu'à la fin de sa scolarité.
Le garçon se contenta donc de hausser les épaules avec un sourire résigné et de lui tendre son flacon de rhum avant de prendre une lampée du sien. Commençant à avoir l'habitude de la procédure à suivre, il attrapa son chiffon d'une main et se dirigea vers une vitrine pleine de médailles, qui étaient beaucoup plus simples à nettoyer que les coupes.

C'était effectivement bien plus amusant de travailler ainsi. En fait, tout devenait plus amusant. Les trophées étaient amusants, la poussière était amusante, Carla était amusante et son histoire était très amusante. Quoique, assez rapidement, elle devint également intéressante. S'il avait au départ écouté d'une oreille polie ses mésaventures somme toute un peu classiques, un nom, prononcé au détour d'une des phrases de la jeune fille, avait résonné comme une alarme à son oreille.

Alors comme ça cette fille connaissait Maxwell ? Blaze réalisa soudainement qu'il n'avait aucune idée de qui formait l'entourage du jeune homme. En fait, il ne s'était intéressé à lui que très récemment et s'était contenté de multiplier les tours de magie pour lui pourrir un peu le quotidien, sans vraiment aller dans la finesse, il fallait bien l'avouer. Il se retint toutefois de faire le moindre commentaire et afficha son habituel sourire en coin et un peu rêveur qu'il arborait lorsqu'il réfléchissait. Mieux valait entendre l'histoire jusqu'au bout, au moins il saurait complètement à quoi s'en tenir et éviterait les faux pas.

Néanmoins, ce plan raisonnable était un peu contrarié par cette sourde envie de ricaner à la moindre des anecdotes de la jeune fille et la légère sensation d'euphorie que lui procurait la boisson. S'il avait su qu'il aurait besoin de se concentrer, il aurait fait semblant de boire. Ou avalé un peu moins d'un coup.

Également, il ne pouvait s'empêcher de hocher vigoureusement la tête à chaque fois que Carla critiquait Max. Il était parfaitement d'accord avec elle, ce mec était un loser qui manquait de classe, totalement indigne de trainer autour de Sasha. En plus, de ce qu'elle lui racontait, il avait l'air de mal traiter ses ex, ce qui faisait craindre à Blaze pour la suite de son histoire avec l'italienne. Décidément, il fallait vraiment qu'il intervienne pour la protéger ou toute cette affaire finirait mal.

Le jeune homme se sentait désormais des élans chevaleresques un peu trop enthousiastes et réalisa qu'il frottait coupes et médailles avec une énergie clairement excessive, comme s'il était en réalité en train de gratter le sommet du crâne de Maxwell, pour lui faire comprendre qu'il fallait qu'il mette fin à ses prétentions sur sa blonde.

Quand finalement la jeune fille acheva son histoire, Blaze était pensif. Pensif et énervé. Et pensif et joyeux aussi. Bref, il avait les idées un peu confuses, mais débordait d'excitation. Il se tourna vivement vers elle, toujours souriant.

- Sacrée histoire ! Enfin, en vrai, pas tant que ça, c'est plutôt banal ces trucs d'ex qui se vengent, et tout, je crois...

En fait il n'en avait pas grande idée, parmi ses camarades, très peu étaient en couple, et la seule expérience qu'il avait vraiment provenait des échos des histoires des élèves plus âgés, ou de son frère qui, en son temps, avait enchaîné les râteaux comme on collectionne les cartes de chocogrenouilles. Sa sœur, elle, était également célibataire, mais lui avait appris quelques rudiments de féminisme pour être un vrai gentleman pendant les vacance d'été, aussi décréta-t-il d'un ton un peu outré mais sans pouvoir s'empêcher de rigoler à moitié quand même - la faute au rhum :

- En tout cas, c'est clair qu'on ne peut pas tolérer ce genre de comportement... puis il ajouta, plus malicieusement : Tu dis qu'il a beaucoup d'ennemis... tu sais qui c'est ?

S'il Blaze pouvait récupérer quelques noms au passage, il n'était pas contre. Après tout, former une ligue de justiciers pour pourfendre le fourbe Maxwell lui semblait présentement une idée parfaitement raisonnable.

- Oh, tu sais... c'est clair qu'il risque pas de finir l'année en très bon état... crois moi.

En révélait-il trop ? En temps normal, jamais Blaze n'aurait laissé entendre qu'il était impliqué dans quelque coup bas, surtout devant quelqu'un qu'il ne connaissait pas du tout. Pourtant, la chaleur de la boisson aidant, il se sentait terriblement confiant en lui et n'avait qu'une envie : se venter de ses dernières prouesses. Après tout, le PQ maudit, c'était quand même bien trouvé ! Il fixa un moment Carla, les yeux pétillant, comme s'il était sur le point de dire une connerie... ce qui ne manqua pas.

- Moi je dis, à force de pas vous respecter, Sasha et toi, il va finir par s'attirer la colère d'un type, vraiment dangereux, tu vois...?

Encore cette histoire de dangerosité ? Décidément il faisait une fixette...

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Carla trouvait que Blaze était un public de qualité. Il hochait vigoureusement la tête dès qu’elle disait du mal de son ex, ce qui lui mettait du baume au cœur dans cette journée déjà beaucoup trop longue. Ce n’était sûrement qu’un effet de ce qu’il avait bu, mais parler à quelqu’un est concerné, même si c’est pour faire semblant, c’était toujours un plaisir.

- Sacrée histoire ! Enfin, en vrai, pas tant que ça, c'est plutôt banal ces trucs d'ex qui se vengent, et tout, je crois...

Carla haussa les épaules et admit avec une légèreté due au rhum de courage.

- Ca, je sais pas. Habituellement, mes relations sont plus éphémères. Maxwell est le seul garçon avec lequel je suis sortie officiellement.

Clairement, ce rhum de courage déliait les langues. En temps normal, elle n’aurait avoué ni l’une ni l’autre des deux informations. Ca aurait dû l’inquiéter, ou au moins la contrarier, de donner des informations sur elle à une personne qu’elle ne connaissait pas et qui aurait tout le loisir d’en reparler par la suite. Mais elle n’arrivait pas à ressentir une émotion négative pour l’instant. Juste un sentiment profond d’euphorie. Elle sauta sur ses pieds pour aller nettoyer une nouvelle vitrine et continua à parler sans s’arrêter

- Tu dis qu'il a beaucoup d'ennemis... tu sais qui c'est ?

- Mmh, je dirais moi pour commencer. Je voulais pas l’être mais il m’en laisse pas trop le choix. Puis toutes les filles qu’il a jetées. Et bien pire, les admirateurs secrets des filles qu’il a jetées. Quelques professeurs dont il a pourri les cours aussi. Quand tu recoupes, à ça doit faire 60% de la population de Poudlard.

Quand il dit que Maxwell n’allait pas finir l’année en très bon état et qu’elle pouvait le croire, elle fronça les sourcils, comme si elle essayait désespérément de se rappeler quelque chose qu’elle avait oublié, alors que la potion essayait de la ramener à son état d’insouciance initial.

- Que je te crois … ? Pourquoi, tu sais un truc ?

- Moi je dis, à force de pas vous respecter, Sasha et toi, il va finir par s'attirer la colère d'un type, vraiment dangereux, tu vois...?

Elle secoua la tête, c’était Poudlard, pas l’allée des embrumes. Tout le monde n’était pas gentil, loin de là, mais de là à dire dangereux, il y avait de la marge.

- M’étonnerait que ça aille plus loin qu’un petit coup de poing. Mais ça me ferait déjà plaisir.

Elle frotta encore un trophée, avant de percuter que dans sa phrase, il y avait une information supplémentaire.

- C’est qui Sasha ?

Elle s’arrête pour observer le garçon, cette fois-ci trop dominée par une curiosité, certes joyeuse, pour oublier ce à quoi elle pensait. Pourquoi est-ce qu’il parlait d’une autre fille ? Maxwell avait une nouvelle petite-amie. Aïe, ça faisait du mal à l’ego. Après leur rupture, tant qu’il continuait à s’amuser pour des relations d’une nuit ou presque, elle avait eu l’impression qu’elle gardait la main en restant la seule et l’unique petite amie qu’il n’avait jamais eue. Si maintenant elle était remplacée, elle en serait fort contrariée. Elle aimait l’idée d’être unique. Elle voulait même être unique. En tout cas, pour en parler, c’est qu’il la connaissait. Et s’il n’aimait pas Maxwell, c’est qu’elle devait être important pour lui.

- Ta sœur peut-être ?

C’était plausible. Les fratries avaient l’air d’être solidaires et de se soucier les uns des autres de ce qu’elle en savait. Elle trouvait d’ailleurs ça fascinant. Trop habituée à être enfant unique, elle n’était pas certaine, qu’elle aurait capable de partager quoi que ce soit avec qui ce soit. La relation fraternelle aurait sans doute tournée au cauchemar tellement elle aurait été dans la rivalité plus que dans la protection.

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Décidément, cette Carla se révélait une vraie mine d'information. C'en était presque trop beau une telle coincidence. Ainsi elle avait été l'ex-petite amie de Maxwell, visiblement sa relation la plus sérieuse également. Blaze ne fit aucun commentaire sur ce qui pouvait bien pousser une fille comme elle, visiblement plutôt sympathique et maligne, à aller se foutre dans les pattes d'un mec comme lui, qui tenait quand même plus du sanglier que du gentleman. Après tout, lui était bien tombé sous le charme d'une italienne en béton et appréciait trainer avec des russes fou et une sang-pure psychopathe.

Comme on griffonnerait dans un calepin mentale, Blaze avait complètement délaissé l'objet de leur colle, c'est à dire les trophées, et bataillait furieusement contre les effets du rhum pour ne pas se laisser distraire. C'était toujours assez compliqué de parvenir à se concentrer avec ce genre de boisson dans le pif, et il lui semblait parfois que les mots de sa camarade de retenue lui coulait dessus comme l'eau de sa douche. Enfin, il comprenait tout de même l'essentiel. C'était du côté de ses ex qu'il fallait chercher du renfort... et ça tombait bien, il en avait une juste sous les yeux.

S'il avait bu juste un peu plus de rhum, certainement que Blaze n'aurait pas attendu bien longtemps pour tout déballer et lui proposer d'ourdir un formidable complot aux proportions dantesque. Déjà que d'une manière générale, même sobre, il n'était pas le dernier pour ce genre d'initiative, toutefois, il savait également qu'il risquait gros. Pour le moment, Maxwell n'avait vraiment aucun moyen de savoir que c'était lui qui était impliqué dans ses récentes mésaventures et tant que le serdaigle garderait l'anonymat, il aurait l'avantage. S'il commençait à parler à tort et à travers, toutefois... sa couverture ne serait plus aussi solide que cela.

Il tenta donc une première approche, sans trop s'engager.

- 60% ? Il y a moyen de fonder une asso à ce niveau là, non ?

Toutefois, sa prudence arrivait un peu tard. Le rhum lui déliait terriblement la langue et il avait des bouffées d'énergie qui ne demandaient qu'à s'exprimer, là, maintenant, dans quelque projet farfelu et ambitieux. Aussi se rendit-il compte avec un peu de retard qu'il venait de gaffer. Il ne pouvait à la fois continuer à prétendre n'avoir jamais entendu parler de Maxwell, et inclure Sasha dans la discussion. Leur lien était trop évident, Carla n'avait pas l'air d'être la dernière des cruches, elle comprendrait rapidement le fond du problème.

Il essaya vaguement de camoufler son embarra avec une toux fort peu subtile tout en feignant de s'intéresser soudainement avec beaucoup plus d'attention à la médaille qu'il tenait entre les mains et époustaient depuis tout à l'heure. A force de la frotter machinalement, il allait finir par en effacer le nom gravé dessus...

- Heu non, c'est...

C'était qui d'ailleurs ? A ce stade, Blaze n'en savait foutrement rien, déjà qu'il nageait dans le brouillard quand il était en pleine possession de ses moyens, parvenir à mettre des mots sur une relation aussi étrange dans cet état était mission impossible. Aussi se contenta-t-il de botter en touche, un peu maladroitement.

- ... c'est une fille que je protège. Des mecs comme lui, tu vois ?

Dans la tête de Blaze, le côté chevalier servant, c'était vraiment le summum de la classe. Il s'en fichait qu'on lui dise que ce genre de modèle était un peu dépassé, lui jurait par la chevalerie, et la classe britannique depuis qu'il avait lu la légende arthurienne, pour s'endormir le soir, puis s'était enfilé tous les James Bond avec son frère lorsqu'ils étaient petits. Sans doute que le mélange n'était pas très sain, mais il ne s'était encore trouvé personne pour le lui expliquer, alors il s'y tenait farouchement.

Une chose était certaine néanmoins, il n'avait pas trop envie, ou du moins ne se sentait pas en état de se lancer sur le sujet. C'était trop... complexe pour le moment, et surtout pour partager ça avec une totale étrangère. Aussi s'empressa-t-il de demander, pour éviter de continuer dans cette voie.

- Bon heu, du coup, ton Max là, t'as un plan ou un truc comme ça pour lui foutre la misère ? C'est pas un coup tordu de fille pour attirer encore son attention hein ? C'est juste de la bonne vieille haine bien pure et dure, rassure moi ? Y a plus rien entre vous ?

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Compagnons d'infortune

L’esprit toujours un peu plus embrumé par la fameuse potion, la jeune fille ne prêta pas la moindre attention au fait que Blaze ne nettoyait plus aucun trophée pour se concentrer sur ce qu’elle disait. Et même si elle l’avait remarqué, elle aurait sans doute pensé qu’il était décidément un formidable interlocuteur. Carla continua de son côté à tenter de faire briller ces nids à poussière, tout en chantonnant. On ne pouvait pas réellement dire qu’elle était douée pour le ménage, mais elle y mettait au moins de la bonne volonté. Carla éclata de rire quand il proposa de monter une association.

- Uniquement si je peux en prendre la présidence ! Plus sérieusement, je suis sûre que tout le monde n’oserait pas adhérer. Il faudrait avoir soit le courage d’admettre que tu as un jour succombé à son charme ou qu’au contraire tu es sous le charme de l’une de ses conquêtes.

Elle haussa les épaules quand il lui dit que la Sasha était une fille qu’il protégeait. Il la prenait pour une imbécile. De sa courte expérience, les garçons adoraient joué les chevaliers servants pour trois catégories de fille : leur mère, leur sœur ou une fille pour laquelle ils avaient un petit faible. Sasha ne pouvait pas être sa mère et Maxwell ne donnait que dans les filles de sa tranche d’âge. Du moins elle l’espérait fortement. Il ne lui avait pas confirmé que c’était sa sœur, c’était donc une fille qu’il appréciait vraiment beaucoup. Pauvre garçon, si elle était la cible de Maxwell, il n’avait pas fini de se faire des cheveux blancs. Malicieuse, elle lui fit remarquer

- C’est très noble de ta part. Tu dois vraiment l’apprécier cette fille.

Il aurait dû se déclarer avant Maxwell pour lui couper l’herbe sous les pieds. Après tout, il avait peut-être ses chances, si Sasha aimait les gentils garçons. Toutes les filles ne pouvaient pas être aussi bête qu’elle à préférer les bad boys charmeurs. Le charme de la gentillesse était trop sous estimé, alors que sincèrement, que demander de plus qu’un joli garçon, gentil, protecteur et drôle ? Elle devrait d’ailleurs méditer cette pensée pour elle-même. Blaze changea presque aussitôt de sujet et Carla oublia cette Sasha en un battement de cils. Après tout, ce n’était pas réellement son problème.

- Y a plus rien du tout et non toutes les filles ne fomentent pas des plans tordus pour leurs ex tu sais. J’ai pas d’idée pour lui foutre la misère pour l’instant, j’ai bêtement essayé de parler en adulte avec lui et je pense que cette volonté de maturité de ma part est totalement vouée à l’échec. Et j’ai pas de plan. D’habitude, les gens me craignent assez pour ne pas que j’en arrive jusque là.

La craindre elle, c’était peut-être un bien grand mot, mais elle n’avait pas la réputation d’être particulièrement magnanime. La réputation et l’aura de sa famille se chargeaient du reste.

- Pourquoi, sous tes airs de bon élève, tu es un génie du mal ?

Quant à la question de la haine, elle était bien en peine de répondre. Elle était certaine de ressentir une intense colère. Mais de la haine, le mot était trop fort. Elle aurait dû certainement, mais elle n’en était pas entièrement capable. Est-ce qu’on pouvait réellement ressentir de la haine pure sans remord, regret ou tristesse à l’encontre d’une personne qui avait sincèrement compté ?

- Je suis triste, en colère et je me sens humiliée. J’arrivais peut-être à le haïr un jour.

Son aveu la fit en partie redescendre et elle plaqua la main sur sa bouche, assez peu ravie à l’idée de dévoiler ses états d’âme à une personne qu’elle ne connaissait pas. Elle n’était pas aussi bavarde habituellement. Elle fronça les sourcils, agacée par son comportement.

- Je n’aurais jamais dû dire ça. Foutu rhum.

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Torchons et serviettes...
Avec la participation de @Carla P. Yaxley dans le rôle de : la ménagère. •••

Les mots de Carla résonnaient au fond de sa tête comme des échos. Ils provoquaient des petites avalanches d'idées et rebondissaient contre les parois de son crâne à n'en plus finir. Blaze avait l'impression d'être submergé de possibilités et qu'il allait les réaliser toutes à la fois ce soir même, à la force de sa simple bonne volonté. Pourtant, une espèce de fond de bon sens que sa potion n'avait pas complètement réussi à noyer ne pouvait s'empêcher de lui intimer de se retenir de tout balancer trop vite dans l'espoir de former quelque alliance de comploteurs. Une chose était certaine, sa camarade de serpentard avait des comptes à régler avec ce sale type.

Simplement, Blaze n'était pas encore tout à fait certain de la forme que pouvait prendre cette rancœur, et si les deux leurs étaient compatibles. Après tout, Maxwell ne lui avait rien fait en soit, il ne cherchait pas à le détruire ou se venger mais plutôt à prouver s avaleur devant Sasha. Carla, elle, possédait un passif très différent. Il n'avait pas pour habitude de se lancer dans une collaboration autant à l'aveuglette sans l'avoir sondée un peu avant, par curiosité et afin de s'assurer que leurs intérêts mutuels convergeaient bien. Généralement c'était lui qui provocait les opportunités, pas l'inverse.

Néanmoins, concernant cette histoire d'association, il lui sembla que c'était moins l'hésitation que la prudence qui motivait ses précautions. Lui aurait foncé tête baissée contre Carter, saboter son balais ou le provoquer en duel pour l'humilier en public, mais il comprenait également qu'on puisse nourrir quelques réticenses à l'idée d'employer pareilles méthodes. Il haussa simplement les épaules et avant de répondre, plus maussade.

- Mouais... peut-être en faisant ça anonymement...?

Après tout, poster une petite annonce dans le hall, ça s'était déjà fait. Il y avait peut-être là quelque chose à penser. Si Sasha voyait à quel point il était capable de monter une armée à lui tout pour ses beaux yeux, elle serait forcée de reconnaitre qu'il valait mieux que ce lourdaud.

Au ton de confidence qu'avait pris leur discussion, grandement aidée par ce fichu rhum qui lui brouillait la tête et lui enflammait les tripes, Blaze se sentait partagée entre un certain malaise à l'idée de parler de Sasha avec une inconnue et une sorte de désir sourd, comme un besoin qu'il aurait enfouie depuis un bon moment et qui soudain menaçait d'entrer en éruption. Il fallait dire qu'il ne s'était jamais confié à propos de ce sujet, même pas à Misha, bien qu'ils aient abordé le sujet à quelques occasions, mais plus pour en rire qu'autre chose.

Il préféra néanmoins hausser les épaules, ajouter d'un ton plus boudeur qu'il ne l'aurait voulu :

- Et qu'est-ce que t'en sais ? C'est pas parce qu'on veut empêcher quelqu'un d'avoir des ennuis qu'on veut forcément... enfin voila quoi.

Le rhum exacerbait toutes ses humeurs et la mauvaise également. Si Blaze n'était pas coutumier de la colère, il avait toutefois de la rancoeur à revendre et à présent elle menaçait, elle aussi, de s'échapper. Toutefois, Carla ne semblait pas vraiment l'avoir remarqué puisque sa remarque sur son supposé génie le coupa dans son élan. Un instant surpris, il acquieça avec modestie.

- Oh, ma foi... J'imagine qu'on est d'autant plus efficace dans ce qu'on fait quand on n'en a pas l'air, non ? Au moins on ne vous voit pas venir.

Puis il ajouta, devant l'étrange détresse qui semblait avoir gagné sa camarade.

- Ecoute... je vais pas te faire un calin pour te réconforter, mais par contre j'adore concevoir des plans tordus. Et... il hésita. ... visiblement on a des intérêts communs, alors si tu veux organiser quelque chose contre Carter... j'en suis.

Ses émotions semblaient aller et venir sur un fil, penchant d'un côté puis de l'autre avec une dangereuse rapidité. Un instant agacé, l'autre compatissant, soudain il se sentait surtout mal à l'aise. Il n'avait jamais su comment gérer les états d'âmes des autres et surtout n'en avait jamais eu l'occasion. De toute manière, la situation n'était pas appropriée pour ça, ils ne se connaissaient même pas.

- Quitte à devoir récurer cette salle en entier, autant rendre tout ça un peu plus productif, non ?

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Compagnons d'infortune

Carla éclata de rire à l’idée d’un club anonyme. Ce n’était vraiment réalisable, mais c’était amusant. Comment cela aurait bien pu s’appeler. Le Maxwell enemies club ?

Quand une moue boudeuse s’afficha sur le visage de Blaze, elle leva les mains en signe de reddition, tout sourire. Elle n’allait pas se disputer avec lui pour si peu. S’il n’avait pas envie de se rendre compte qu’il aimait bien Sasha, ce n’était pas à elle de lui apprendre.

- Tu as raison, j’en sais rien. Simple supposition basée sur une expérience personnelle.

Elle plissa les yeux quand il lui confirma être potentiellement doué dans les mauvais tours. Carla avait commencé à s’en douter quand il avait sorti du rhum de courage de sa poche. Sous ses airs plutôt angéliques, elle commençait à penser qu’il était bien fauteur de troubles qu’il ne voulait bien le laisser paraître. Il y avait fort à parier que certains mauvais tours qui arrivaient aux élèves soient en réalité son œuvre. Carla commença se dire que dans la vie à Poudlard, Blaze était une personne à avoir avec soi plutôt que contre soi.

- La stratégie est bonne. Tu es bon manipulateur.

Le ton était appréciateur. Elle-même n’avait rien contre un peu de stratégie de temps à autre. Elle n’avait que modérément de scrupules à manipuler les gens qui l’entouraient. Après tout, elle ne les forçait pas à la croire, ils étaient victimes de leur crédulité et elle se servait juste de son intelligence. Rien de bien méchant donc. Quand elle se laissa à aller à toute son émotivité intempestive, il eut la délicatesse de ne pas lui faire remarquer que pour une serpentard, elle commençait à vachement se ramollir. Au lieu de ça, il lui proposa même son aide manière plutôt mignonne et maladroite. Elle se redressa et tenta de se recomposer un visage un peu moins expressif

- Effectivement, évitons les câlins. Le rhum me rend guimauve, mais pas à ce point.

Elle observa son interlocuteur, partagée. Elle ne le connaissait pas et son intérêt à l’aider était modéré. Ils n’étaient pas de la même maison, n’étaient pas amis … Elle ne savait même pas si la fameuse Sasha existait. Ca pouvait très bien être un autre coup tordu de Maxwell. Il n’était plus à ça près. Et elle ne savait pas non plus jusqu’où elle était prête à aller pour se venger.

- Tu m’intrigues Blaze et ta proposition aussi. Es-tu aussi chevaleresque avec toutes les personnes que tu croises ?

Après tout, ce qui était vrai pour elle l’était pour lui. Il ne la connaissait pas et ne savait si elle était une personne fiable. Mais juste pour lui remonter le moral, il lui avait offert son aide. C’était gentil. Elle lui offrit un sourire

- Mais je n’ai rien contre le fait de rendre cette soirée plus productive, alors pourquoi pas ? Je ne suis aussi imaginative que toi de ce que tu m’en dis. Alors que ferais-tu à ma place ? D’ailleurs tu ne m’as toujours pas raconté l’histoire de ta retenue ! Il y a peut-être de bonnes idées à réutiliser !

S’il était adepte des mauvais coups, cela pourrait lui fournir de l’inspiration. De toute façon, le rhum reprenait déjà le dessus et elle se sentait déjà bien plus audacieuse que quelques minutes auparavant. Une vengeance était un plan sympathique. Amusant. Il fallait juste trouver le bon.

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Blaze connut une certaine satisfaction en constatant que, au moins, il était capable de la faire rire, oubliant un peu par la même occasion que le rhum devait certainement y être pour quelque chose. En plus, la jeune fille avait eu le bon goût de ne pas insister sur les sujets sensibles et il lui en fut reconnaissant, ce qui contribua à améliorer grandement son humeur. Pour couronner le tout, elle le complimenta sur ses talents de manipulateur et sa capacité à ne pas payer de mine ce qui, dans d'autres circonstances, aurait clairement pu être interprété comme le signe qu'il n'était pas si bon que cela, puisque visiblement il était prêt à dévoiler le pot-aux-roses à la première venue, mais qui sur le coup lui tira un franc sourire. A ce stade, il était de nouveau complètement prêt à faire exploser un ou deux ex maléfiques de Carla si cela poussait cette dernière à le complimenter de nouveau. Blaze n'était pas quelqu'un de très difficile à satisfaire.

D'un air faussement humble, il se passa une main dans le dos avec un léger sourire.

- Avec tout le monde ? Non, seulement quand ça a l'air de valoir le coup... et que les gens sont prêts à se donner à fond !

C'était peut-être son unique condition : ne pas faire tout ça pour rien. S'engager avec lui demandait un minimum certain de bonne volonté et c'est pourquoi la plupart du temps il ne se lançait pas dans des projets de grande envergure avec n'importe qui. Le hasard avait permis à Carla de passer ces barrières, et sans doute que son joli minois n'y était pas pour rien non plus, mais ça n'empêchait pas Blaze d'avoir certaines exigences.

- Alors c'est parti ! lança-t-il avec un sourire qui aurait pu être machiavélique s'il avait été supporté par un visage un peu plus effrayant.

Puisque manifestement, leur association venait d'être plus ou moins convenue, et bien qu'il aurait été prêt à faire signer un contrat dans le sang ou un truc un peu cool dans ce genre là, Blaze lâcha finalement la médaille qui n'avait sans doute jamais été aussi propre même au jour de sa confection, et s'empara d'un autre objet qu'il se mit à nettoyer tout aussi machinalement, en réfléchissant.

- Il y a plein de moyens de te venger de ton mec. Il avait vu ce genre de scénarios dans un nombre incommensurable de séries et films à la con. Mais moi je dis, pour être sûre de marquer les esprits, il faut viser grand et décisif !

Il avait tapé du poing dans sa main pour appuyer la virulence du propos et manqué de laisser tomber la coupe de quidditch de 1996 qu'il rattrapa maladroitement. Comme si ce presque-accident l'avait un peu ramené à la raison, il fonça les sourcils d'un air soudain plus soucieux.

- En vérité, avant de te faire des propositions, faudrait que tu me dises ce qui, toi, te ferait kiffer. Tu veux de l'humiliation, le détruire psychologiquement... sans doute exagérait-il peu. ... juste lui donner une bonne leçon ? L'idée c'est qu'il te foute définitivement la paix, qu'il ose plus te parler ? Ou alors juste rigoler un bon coup avec tes copines de ses mésaventures ?

Blaze avait des airs de commerçants dans ces moments là, comme s'il énumérait mentalement les différentes farces possibles et réalisables, se tâtant et réfléchissant à celle qui pourrait le mieux convenir à la situation et au caractère de leurs protagonistes.

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Compagnons d'infortune

Carla gloussa bêtement sous l’effet du rhum quand il dit qu’il ne faisait pas cela pour tout le monde. Carla était fille unique et adorait être au centre de l’attention. Toute personne qui la traitait comme si elle était spéciale entrait immédiatement dans ses bonnes grâces. Cet orgueil légèrement démesuré était clairement l’un de ses points faibles puisqu’elle avait tendance à réagir sous le coup de l’émotion et de l’impulsivité quand elle avait l’impression de ne plus être le centre du monde. Elle regrettait souvent d’ailleurs, mais elle n’avait jamais réussi à éradiquer ce défaut.

- Très bien, je te promets que le temps de notre blague, je serai ta meilleure alliée !

Blaze lui lança un sourire qui se voulait certainement carnassier mais qui ne réussit qu’à souligner l’aspect malicieux de ses traits. Heureusement qu’il n’opérait pas à visage découvert, il aurait perdu de son pouvoir de dissuasion avec son visage plus gentil qu’effrayant. Et à la fois, c’est ce qui faisait son charme, cet air de petit diablotin. Là, Blaze commença à lui énumérer toutes les possibilités qui s’offraient à elle, et Carla se sentit un peu perdue face à tant de choix, comme si elle était dans un magasin de bonbons et qu’elle ne pouvait sélectionner qu’une seule friandise. Néanmoins, le rhum commençait doucement à s’estomper, ce qui la rendait un peu plus concentrée et surtout un peu réaliste.

- Le détruire psychologiquement serait peut-être légèrement disproportionné.

Elle avait des envies de vengeance, pas de meurtre. Puis dans un accès de réalisme, il fallait admettre qu’elle n’était tout simplement pas certaine de pouvoir le détruire psychologiquement. Pour réellement briser quelqu’un, il faut avoir une emprise psychologique sur lui. A ce jour, il se conduisait comme si elle était son jouet, pas un objet précieux. Il y avait donc des chances que cette idée échoue et il était hors de question de se diriger vers un échec. Elle était trop orgueilleuse pour ça. Elle avait également peur qu’en tapant trop fort Maxwell puisse se faire un devoir de lui rendre chaque coup au centuple. Avant, elle aurait dit qu’il n’était pas capable de taper pour blesser et que tous ses actes n’étaient que de la bêtise. Depuis qu’elle avait parlé avec lui, elle avait plus de doute sur l’apparente naïveté qu’elle lui prêtait. Sous ses airs de gros dragueur lourdingue et sans cervelle, il pouvait se montrer plus fin que ce qu’on imaginait de lui.

- Commençons par rigoler un bon coup.

Sachant Blaze déterminé à se comporter plus comme un petit démon que comme un élève lambda, elle justifia son choix.

- Démarrer doucement permet toujours de gagner en puissance si le besoin s’en fait sentir. Puis avant d’attaquer frontalement, ça permettra de savoir de quoi Maxwell est capable s’il lui prend l’envie de répliquer.

La Serpentard avait certes la fâcheuse tendance à s’adoucir en ce moment, mais elle gardait des réflexes stratégiques. Elle n’allait pas attaquer quelqu’un aveuglément sans savoir à quoi elle s’exposait. D’abord, elle allait tester le terrain. En. Fonction, elle choisirait ou non d’avancer ses pions. Peut-être que si cela avait été un autre élève, elle aurait tapé plus fort en première intention. Mais là, elle savait trop hésitante pour des actions de grande envergure. Rire à ses dépens lui ferait un bien fou et ce serait suffisant.

- Quelle est l’idée ? Je suis sûre que si on fouille dans ses affaires, il doit avoir des photos ridicules à placarder sur le tableau d’affichage. Ou un mauvais tour ? Comme une crème canari ? Ca fait toujours son effet.

Voir Maxwell se transformer en énorme canari jaune avait quelque chose de délicieusement jouissif. Néanmoins, tous les tours énumérés restaient très classiques. Elle n’avait pas une imagination débordante quand il s’agissait d’être facétieuse. Elle était plutôt frontale habituellement. Mais avec Maxwell, une explication en face ne donnait rien. Elle était bien placée pour le savoir, elle avait tenté. Une mauvaise blague qui l’empêcherait de parler ou qui répandrait des rumeurs comme il en répandait sur elle aurait le mérite de lui faire comprendre qu’il commençait à avoir beaucoup de gens dans cette école qui avaient du mal à l’encadrer.

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Avec le temps, va, tout s'en va, et comme toutes les bonnes choses, le rhum ne faisait pas exception. Petit à petit, Blaze retrouvait sa lucidité, sa joie était moindre et frotter les coupes et les médailles redevenait aussi chiant que c'était supposé l'être. Après tout, ils n'étaient pas vraiment censé s'amuser pendant les colles.

- Un truc un peu potache, hm ? Ok, ça me va...

Manifestement, Carla avait l'air gentille. Peut-être un tout petit peu trop pour ce qui se préparait à présent dans la tête de Blaze. Maxwell avait déjà fait l'objet de sa colère et ce à plusieurs reprises maintenant, mais si en plus il pouvait désormais compter sur une alliée au plus proche de lui... ça allait devenir détonnant !

- T'es son ex, donc, tu dois savoir des trucs. Son gâteau préféré, le boulot de ses parents, s'il a des frères et sœurs, ce genre de choses ? Faudrait que tu m'envoies un peu tout ça, genre, ce dont tu te souviens, on sait jamais, ça peut être utile.

Réfléchissant tout ça, il agitait sa baguette, pensif, vers les vitrines. Peut-être que l'une d'entre elle ne serait pas ensorcelée...?

- Recurvite...

Non, il ne se passait décidément rien. En soupirant, il récupéra son torchon et se remit à astiquer toute une vitrine de médailles alignées, d'un seul grand geste vigoureux.

- Si on veut lui donner une petite leçon, alors il faut y ajouter une petite touche de morale. Un truc qui ait du poids symboliquement, tu vois ?

N'étant pas certain d'être très clair, il cru bon de préciser.

- Par exemple quelqu'un qui est trop vulgaire, tu lui fais tatouer une bi... un phalus sur le front.

Quelque chose lui disait que Carla avait peut-être un peu trop de classe pour causer librement de choses aussi grivoises. Visiblement c'était le goût de Maxwell pour ce genre de beaufitudes qui l'avait agacé, à la longue, aussi Blaze se dépêcha de trouver un autre exemple.

- Ou... je sais pas, un gars trop gourmand tu mets des pastilles de gerbe dans son plat. Faut que ça pointe du doigt des trucs un peu sensibles, sinon c'est juste une blague entre pote, l'autre s'en fout ou il va juste rigoler... Au fait, t'as vu Seven ? Le film ?

Ayant grandi à moitié chez les moldus, sont père en était un, Blaze était familier de loin avec leur technologie, et il avait eu le plaisir de posséder un ordinateur dans sa chambre, de surfer sur le net et également d'y regarder un grand nombre de films moldus que son père appréciait visionner en famille. Celui-ci l'avait d'ailleurs un peu traumatisé, étant petit, pour certaines scènes assez graphiques.

- Je suis pas en train de dire qu'on doit le zigouiller, mais si tu veux que l'école en parle, je pense qu'on doit trouver sa faille.

Reposant finalement son torchon, il fixa Carla avec une certaine intensité.

- T'aurais une idée comme ça ?

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Compagnons d'infortune

Carla frottait ces foutus trophées avec bien moins d’entrain que précédemment. Elle commençait à retrouver toute sa tête et elle était très partagée sur toutes les informations qu’elle avait révélées et ce que cela signifiait d’elle. Au lieu de se montrer distante, elle avait livré sans aucun filtre ses états d’âme et avait juste réussi à démontrer que derrière ses airs de princesse, elle avait le cœur un peu trop tendre. Ca n’était pas bon du tout. D’abord, parce qu’elle n’aimait pas cette facette de sa personnalité. Feindre l’indifférence et agir comme si elle était la pire des sales gosses était plus simple et plus sûr. Si elle apparaissait comme fragile, alors personne ne se gênerait pour lui faire sentir et profiter. C’était une faiblesse qui pouvait lui coûter cher et qu’elle aurait pu éviter. Et si elle n’était pas capable d’éradiquer ce trait de caractère, elle aurait au moins pu mieux le cacher. Blaze avait certes obtenu des informations d’elle sur Maxwell, mais aussi sur elle. A tout moment, il pouvait s’en servir. Néanmoins, maintenant qu’elle était dans la panade, elle ne pouvait pas faire autrement que de poursuivre. Elle réfléchit quelques instants et lui déballa tout ce qu’elle savait de Maxwell, espérant que cela serait assez précis pour une blague et surtout assez détaillé pour que son attention ne soit centrée que sur le Poufsouffle.

- Il a deux petits frères, une mère hyper collante et qui est persuadée qu’il est la huitième merveille du monde. Je suis sûre que si tu fouilles son dortoir, sa mère est capable de lui avoir glissé un ours en peluche ou un truc comme ça. Il aime à peu près tout en nourriture, de toute façon, il mange perpétuellement comme si personne ne l’avait nourri depuis trois jours. Il renonce jamais à un défi, fait attention à son apparence, est pas ultra bon en cours sauf en potions et en botanique. Les profs l’aiment rarement, il est trop tête à claque. Ca te convient comme informations ?

Là, elle lui avait dit en un minimum de temps toutes les informations qu’elle pouvait. Si avec ça, il n’avait pas une idée diabolique, elle ne savait plus quoi lui raconter. Quand elle l’écouta parler de symbolique, elle acquiesça vivement.

- Dans ce cas, il faut que ça ait une symbolique pour son côté coureurs de jupon.

Le sourire mauvais, elle ajouta

- J’ai rien contre les tatouages.

Elle plissa les yeux, en cherchant pourquoi est ce que Blaze lui parlait du chiffre sept. Seven … C’était un code secret. Un truc qu’elle aurait dû décrypter ? Heureusement, il lui indiqua que c’était un film. Carla ne regardait pas ce genre de choses. Dans sa famille tout ce qui touchait de près ou de loin aux moldus était banni. Ca ne la gênait pas, elle ne voyait pas très bien l’intérêt d’une suite d’images avec lesquelles on ne peut pas interagir. Au moins, les tableaux pouvaient parler. Plutôt que de lui dire que sa famille détestait les né moldus, elle opta pour une réponse plus diplomatique

- Ma famille n’est pas très branchée films. Ca parle de quoi ?

Elle réfléchit et finit par dire.

- Son ego de séducteur ou la nourriture. Ce sont ces deux faiblesses, je dirais. La nourriture a l'avantage d'ouvrir une foule de possibilités pas trop difficiles à mettre en oeuvre j'imagine. L'ego de séducteur est ce qui fera le plus mal.

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Tout en travaillant, Blaze s'efforça de noter un maximum d'informations dans un coin de sa tête, alors qu'en même temps il moulinait déjà pour trier le pertinent du dispensable. C'était un travail plus subtile qu'il n'y paraissait et après de longues années passées comme fauteur de trouble professionnel, le jeune homme savait à quel point certains détails qui pouvaient paraître particulièrement anodins recelaient, en vérité, un potentiel de plaisanteries et de crasses tout à fait colossal.

Qu'elle en soit consciente ou non, Carla avait en quelque sorte mis sur les rails une espèce de machine à problème qui se ferait un plaisir d'exploiter dorénavant chaque parcelle d'information qu'elle lui donnerait. Non pas tant que Maxwell méritait un tel traitement, au fond sa faute était plutôt dérisoire, mais parce qu'à présent, cela amusait Blaze de le prendre comme nouveau souffre-douleur. Pire, cela le motivait et le stimulait. La dernière fois qu'il avait été pris d'une telle frénésie, c'était face à Duncan, et l'expérience c'était très mal terminée.

- C'est parfait ! conclu-t-il avec un entrain sincère.

Puis il hocha la tête à la proposition de la jeune fille. Une idée qui devait lui tenir à cœur si Max était son ex-petit ami. Blaze n'avait lui-même jamais été en couple, mais il avait lu et vu de nombreuses situations où, après une rupture, la relation prenait une tournure beaucoup plus amusante en passant de l'amour à la vengeance. Il était de fait assez curieux de voir jusqu'où Carla était prête à aller.

En vérité, tout cela formait indubitablement un terreau intéressant pour lui. Non pas seulement ce que sa camarade de colle lui disait, mais ce que cela disait aussi d'eux, ou du moins de l'opinion qu'elle s'était forgé sur ce jeune homme. Tout le monde ne s'agaçait pas des mêmes choses et ce qui pouvait être humiliant ou tout simplement notable pour Carla ne l'était peut-être pas pour Maxwell. De fait, il s'agissait de se positionner, faire un choix : devait-il chercher l'idée la plus désagréable ou humiliante pour ce garçon, ou alors trouver simplement celle qui, Carla et lui-même, les ferait le plus rire.

Soudain pris d'une réflexion amusante, il abandonna une fois de plus son chiffon pour se tourner vers elle, l’œil brillant.

- T'occupe de Seven, je viens d'avoir une idée géniale... mais, refusant d'en dire trop, il se contenta d'un clin d’œil. Je te laisse la surprise, mais tu pourras pas la manquer...

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À SAVOIR Arrivé(e) le : 04/04/2020 Parchemins rédigés : 1181 Points : 10

Compagnons d'infortune

L’effet de l’alcool s’étant enfin dissipé de manière pérenne, si bien qu’elle se remit à nettoyer un peu plus normalement ces fichus trophées, désespérée par le nombre. Elle avait l’impression qu’ils n’en viendraient jamais à bout et maintenant que l’euphorie était passée, la tâche était nettement moins sympathique. Emportée par son élan, elle avait commencé à donner beaucoup de détails sur la vie de son ex petit ami. Elle n’avait pas l’impression de le faire méchamment dans le sens où elle n’avait rien révélé qui lui semblait relever du domaine de l’intime. Elle détenait évidemment des détails plus privés, mais elle avait une vague conscience qui l’empêchait de sombrer dans ce genre de vengeance malsaine. Par contre, elle n’avait rien contre le fait de rire un peu. Elle n’avait pas non plus compris qu’offrir à Blaze la possibilité de faire une plaisanterie à Maxwell était le meilleur moyen de lui donner un sentiment d’impunité et de faire de son ancien petit ami une victime de choix. Au contraire, totalement inconsciente de ce qui pouvait se tramer dans la tête de son camarade, elle réagit avec entrain quand il lui dit que c’était parfait.

- Cool, contente d’être utile !

Une part d’elle-même se demandait comment la soirée avait pu commencer avec une retenue et se terminer sur des plans machiavéliques. Mais elle devait admettre que ce n’était pas désagréable, et surtout que ça avait eu le mérite de lui remonter le moral. Elle était arrivée avec une sorte de tristesse diffuse et Blaze avait réussi à lui illuminer sa soirée. Rien pour cela, elle le trouvait très sympathique ce garçon. Il avait un petit côté chevalier servant un peu désuet qui était des plus charmants. La fille qui tomberait sur lui ne serait clairement pas la moins bien lotie du château. Sous ses airs de farceurs, il était attentionné et avait quand même passé la soirée à l’écouter parler d’une stupide peine de cœur, là où il aurait tout simplement pu l’ignorer.

Puis brusquement, son acolyte abandonna son chiffon pour la regarder avec de grands yeux ravis. Bon, elle ne saurait visiblement jamais ce qu’était le film Seven, par contre, il avait clairement une idée diabolique. Elle pouvait presque entendre les rouages de son cerveau fonctionner à plein de régime de là où elle était. Elle rit et acquiesça

- Je fais confiance, j’ai hâte de découvrir ça !

Elle n’avait pas plutôt dit ça que 22H sonna et la porte de la salle des trophées émit un déclic. Carla jeta un coup d’œil incrédule à Blaze avant de se précipiter pour essayer d’ouvrir la porte. Celle-ci coulissa comme si elle n’avait jamais été fermée à clé. Carla en fit presque un bond de joie

- On est libres ! C’est le moment de fuir Blaze !

Elle rêvait de retrouver son lit moelleux. Elle aurait même sérieusement tué pour ça. Elle se retourna vers Blaze pour lui offrir son plus beau sourire.

- Merci pour ce soir Blaze. C’était un plaisir de te rencontrer et ta compagnie a rendu cette retenue nettement plus agréable. Ecris moi un hibou à l’occasion. Ca me fera plaisir.

Elle le gratifia d’un petit signe de la main chaleureux avant de filer vers sa salle commune.

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