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No time to die ♦ Erin & Finn
Agatha Kline

Agatha Kline



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Patronus: Une chauve-souris
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Message(#) Sujet: No time to die ♦ Erin & Finn No time to die ♦ Erin & Finn EmptyVen 21 Fév - 20:07


No time to die
Erin & Finn dans leur Norvège natale

Je pousse la porte et la referme précautionneusement après m’être introduit à l’intérieur, avec la légèreté d’un fantôme. J’ignore ce que font Hannibal et Judith, je ne leur ai pas parlé de cette entrevue : si je veux parler à Erin, je préfère le faire à l’écart, au sein d’un endroit qui n’appartient qu’à nous. Je fais quelques pas dans la pièce, éclairée par une forte lumière blanche : c’est le reflet de la neige. En Norvège, l’hiver s’étend, et même si les températures glaciales ne se font pas ressentir au sein du balcon du monde, j’ai la chair de poule rien qu’à imaginer ce froid que je ne connais plus. Peut-être que l’avoir oublié m’y rendrait plus sensible… je n’en sais rien. Depuis ma perte de mémoire, je suis revenu plusieurs fois dans cette réplique de Kristiansand pour voir la maison, en attendant de pouvoir y retourner cet été. Les mains dans les poches de ma robe de sorcier, je cherche ma soeur : nous ne serions pas immergés dans ce décor nordique si je ne savais pas déjà qu’elle était là. Sûrement à l’intérieur… Je suis très souvent déçu par les formes de magie proposées par cette école, mais le balcon du monde n’en fait pas partie : l’illusion est suffisamment forte pour me donner l’impression que tout ceci est réel, alors je joue le jeu. Le temps d’un instant, je fais comme si j’étais vraiment sur le chemin pour rentrer, comme si je m’attendais réellement à trouver mes parents et un bon feu de cheminée… Sans surprise, ça n’arrive pas. La reconstitution fictive est très réaliste, mais pas suffisamment pour me faire oublier que je me trouve à des milliers de kilomètres de chez moi, et que je parcours simplement une pièce de quelques mètres carrés avec l’impression de me trouver dans une maison. Passé la porte, je traverse le vestibule, puis le hall, et enfin le long couloir aux murs de velours rouges recouverts des portraits de nos ancêtres pour gagner le salon. Comme je m’y attendais, je suis seul, alors j’imagine qu’Erin est à l’étage… Instinctivement, je prends l’escalier en colimaçon en examinant chaque détail : c’est peut-être la troisième ou quatrième fois que je viens, mais j’ai l’impression d’en découvrir toujours plus sur ma propre maison. Je connais les chambres, j’ai passé un moment dans chacune d’elle la dernière fois que je suis venu avec Hannibal. Je tourne la poignée de celle d’Erin, et l’y trouve, sans surprise… « Tu es là. » constaté-je placidement. L’architecture de cette pièce parvient à me faire oublier que nous nous tenons sans doute à quelques mètres l’un de l’autre depuis mon arrivée… « Bon rrretourrr à la maison. » ajouté-je en m’asseyant sur son lit, avant de reposer mes yeux sur elle. Ce n’est pas la confrontation que je lui avais promis, mais c’est le bon moment pour parler, et aborder certains sujets qui ont exigé ma discrétion ces derniers temps. Je n’ai toujours rien dit concernant mon apprentissage de la légilimancie, je le ferais lorsque j’estimerais que le moment est bien choisi, et ce n’est pas le cas. « Nous devrrrions êtrrre tranquilles. Et cela t’éparrrgnerrra de menacer des élèves dans les couloirrrs, ou de lancer un esclandrrre en public. » la provoqué-je, un sourire naissant aux lèvres. Clin d’oeil à cette soirée chez nous, dans l’appartement londonien de Grand-Père, où elle a pris plaisir à me ridiculiser. Certes, je suis rentré dans son jeu et lui ai rendu la monnaie de sa pièce, mais mademoiselle nous a fait du grand Erin ce soir-là, et je ne suis pas prêt de l’oublier.

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Message(#) Sujet: Re: No time to die ♦ Erin & Finn No time to die ♦ Erin & Finn EmptyDim 23 Fév - 22:35

no time to die
finnbjörn & erin


J’enroule mes doigts autour de la poignée que j’actionne. Mes yeux clos s’ouvrent alors que je referme le battant dans mon dos. Quelques pas de plus et je ne suis plus à Poudlard mais de retour en Norvège. Devant moi se déploie tout la noblesse de notre demeure natale et la pure magnificence de la neige qui l’encadre de toute part. Mes pas laissent des traces qui semblent plus que réelles dans cette blanche poudreuse qui n’est que le fruit de la magie régnant dans cette pièce. La médiocrité de Poudlard ne m’étonne plus après toutes ces années ; néanmoins quelques lieux font encore figure d’exception et le balcon du monde en faisait partie. J’oublie pendant quelques minutes ce qui m’amène ici et parcours les alentours d’un regard enthousiaste. Je contourne le manoir et m’avance dans ce qui constitue le début de notre jardin. Il est recouvert d’une neige qui s’étend à perte de vue. Je reste ainsi quelques secondes à contempler la beauté des paysages norvégiens qui parviennent sans mal à me faire oublier que je me trouve en réalité dans une pièce que je n’avais jamais vu nue. L’hiver n’a rien de comparable là-bas ; nous le savions bien. Je finis par me détourner de ce tableau pour pénétrer à l’intérieur. L’immense demeure est bien évidemment vide et c’est les traits empreints de nostalgie que je passe outre le salon pour grimper l’escalier en colimaçon qui m’entraîne dans les étages. J'entrouvre les portes à ma droite unes à unes, machinalement, sans même y jeter un coup d’oeil. Chaque battant qui coulisse sans un bruit est un souvenir qui remonte à la surface. La bibliothèque familiale et ses ouvrages par centaines, un de nos nombreux salons où trône le vase le plus affreux que j’avais jamais vu, la chambre de mon aîné, un bureau… Je ne m’arrête que lorsque c’est la chambre de Finnbjörn que je dévoile. Appuyée dans l'embrasure de la porte, mes pupilles claires fouillent les lieux. La pièce est à son image : chaque chose à sa place, rien qui ne dépasse, une surface lisse où l’on ne pouvait rien déceler.

Un petit soupir agacé vient rompre le silence presque sacré qui m’enveloppait jusque là et une ombre vient troubler mes traits. C’est presque inimaginable que je sois la première arrivée à un rendez-vous fixé par mon jumeau adoré, mais je n’avais pas envie de le retrouver, siégeant tel un roi dans un coin de la maison qu’il aurait choisi. Finnbjörn avait le don de m’agacer plus rapidement que n’importe qui, et, dernièrement, je recherchais sa présence autant que je la fuyais. Je n’aimais pas cette impression constante qu’il me cachait des choses. J’avais parfois la sensation que mon frère n’était plus qu’un vague souvenir remplacé par un inconnu amnésique. Oh, il avait toujours été très secret. Ne rien dévoiler sans que cela ne serve ses intérêts était une loi toute Finnbjörnienne. J’aurais pu me montrer rassurée de voir que son amnésie ne l’avait pas foncièrement changé. N’ayant pas cette inquiétude là, j’avais plutôt tout le loisir de lui en vouloir de me tenir à l’écart. De quoi, je ne savais pas. Mais mon instinct me le soufflait, brûlant. Ma propension naturelle à tout exagérer si tôt que cela ne me plaisait pas n’entrait évidemment pas en jeu. C’était tout simplement que je me coltinais le jumeau le plus ingrat du monde sorcier. Non content de fréquenter n’importe qui, de se montrer plus secret que jamais, de fricoter avec Sherwin ou d’adopter un air bien trop mécontent chaque fois qu’il me voyait, il ne m’avait toujours pas honorée de nos duels promis. Si j’avais escompté un instant que cette entrevue aurait pour but de nous mesurer à nouveau, force était de constater que je pouvais oublier cette idée tout de suite. Nous n’étions pas chez nous pour nous battre et je pressentais que ce pour quoi nous nous retrouvions ici n’allait pas me plaire très longtemps. S’il voulait jouer sur les souvenirs et l’aspect familial pour me rendre plus malléable, c’était qu’il avait perdu de sa jugeote en plus de sa mémoire. Je ne lui faisais pas réellement l’affront de le sous-estimer à ce point : quoiqu’il ait derrière la tête, c’était parfaitement mesuré.

Je referme la porte dans un claquement sec et me dirige sans plus attendre vers le seul lieu de cette maison qui me convienne parfaitement : ma chambre. Je retrouve avec une joie presque enfantine mon antre le plus intime. Un sourire fauve tandis que je passe un doigt aérien sur quelques photos puis que je me laisse tomber sur mon lit. Il ne faisait jamais aussi bon que chez soit. Mes mains jouent quelques instants avec la douceur de mes draps tandis que mes yeux se perdent dans les détails du plafond, pensifs, vagabondant d’une idée à une autre sans logique aucune. Je me redresse lorsque le bruit de pas dans le couloir m’alertent sur l’arrivée prochaine de Finnbjörn. Il n’aura pas mis très longtemps à me trouver et la moue déçue qu’il n’ait pas tourné plus longtemps que ça à ma recherche le dispute au sourire satisfait de se rendre compte qu’il n’a pas tout oublié. La silhouette de mon frère se découpe dans l’entrée de la pièce, son visage n’exprimant rien. Vrrraiment ? Es-tu sûrrr de toi, Finn ? le raillé-je avec une ironie mordante. Ta perrrspicacité est inquiétante. Mon sourire moqueur appuie mes quelques mots de bienvenue et mes prunelles opalines le suivent tandis qu’il s’approche de mon lit et qu’il s’y assoit. Nos regards se bravent en silence puis vient la première provocation, la première d’une longue liste à n’en pas douter. C’est mal me connaîtrrre répliqué-je avec une mauvaise foi assumée. Mais voyons plutôt de quoi tu veux me parrrler de si brrrûlant que cela nécessite que nous nous isolions loin de tout continué-je, le ton et le sourire lourds de sarcasme. S’il craignait mes coups d’éclat, c’est qu’il savait bien avant de le dire que ses propos ne me feraient pas plaisir. Au fond, j’étais dépitée de découvrir les desseins de mon jumeau, mais guère étonnée. Un plus un égal une impatience fâchée qui pouvait exploser à tout moment, bien que pour l’instant mon sourire fasse écho au sien, un tantinet moins subtil, un tantinet plus brutal.
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Message(#) Sujet: Re: No time to die ♦ Erin & Finn No time to die ♦ Erin & Finn EmptyLun 2 Mar - 22:53


No time to die
Erin & Finn dans leur Norvège natale

Ça fait… bizarre. De se retrouver à la maison, mais sans reconnaître la maison. J’ai commencé à me refamiliariser avec ma soeur, étrangement ce lien qui nous unit rend mes souvenirs oubliés la concernant obsolètes. Je commence à m’habituer à tout d’elle, à ses sarcasmes, ses excès d’humeur, ses colère… Et là, en me retrouvant avec elle dans sa chambre, je prends conscience que c’est comme si nous n’avions jamais quitté les lieux… Et pourtant, nous avons bien grandi, depuis que nous avons quitté Kristiansand pour nous établir à Londres, puis à Poudlard. Mais il fallait absolument que nous revenions… Je ne vois pas, dans le périmètre de ce château, d’endroit plus adaptée pour cette conversation que j’aimerais avoir avec elle, à l’abri des oreilles à rallonge… Je m’accroupis près de son lit, ma main traînant distraitement sur le couvre-lit. « Oh, j’ai tant de choses à dirrre. Je pourrrais parrr exemple commencer parrr évoquer ton scandale au dîner avec Bluebell Sherrrwin et ta clairrre intention de me narrrguer, ou bien ta manie à mettrrre le feu à tout ce que tu touches, notamment les tables de fêtes. Mais aussi tes frrréquentations douteuses, notamment ton amitié avec Brrradford… grrrâce auquel je souffrrre d’éclabouille cérrrébrrrume, parrrait-il. Dois-je continuer… ? » lancé-je, d’un ton passablement ironique. Evidemment, quelques reproches sont perceptibles dans ma voix, mais au fond, je sais moi-même que l’essence du problème est ailleurs. Même si elle peut mettre mes nerfs à rude épreuve, je n’en voudrais jamais à ma soeur d’être ce qu’elle est ; même en condamnant moi-même ses actes, je la défendrais jusqu’à ce qu’on nous jette en prison, ou que nos coeurs nous lâchent. Malheureusement, il peut nous arriver l’un ou l’autre, je ne peux le nier.

Je n’en ai pas terminé : nous ne pouvons quitter cet endroit tant que je n’ai pas parlé du plus important, du motif principal qui m’a poussé à lui donner ce rendez-vous. La question a peut-être été abordée avec Hannibal et Judith, mais Erin… la réaction d’Erin est imprévisible, et je crains de ne pouvoir prendre le risque qu’elle le découvre plus tard. Je dois lui dire ce que je sais, et savoir ce qu’elle sait… « Ou bien, je pourrrais aussi évoquer le fait que que nous soyons des meurrrtrrriers potentiels. » Je lâche ça comme une bombe, comme si j’ignorais les dommages qu’elle pouvait causer sur son passage. Il y a de fortes chances qu’Erin n’ait pas connaissance de la situation si ce que m’a dit Phoenix est vrai, et je ne doute pas qu’aussi insensible puisse-t-elle se montrer, une telle annonce la choquera forcément. J’ai moi-même été relativement affecté par cette information lorsque j’en ai pris connaissance, et je ne pense pas qu’il existe le moindre être humain qui puisse avaler ce que je m’apprête à dire, sans se retrouver bien perturbé. Je fais quelques pas dans la pièce, les mains dans le dos, pour me réapproprier ces lieux que je ne connais plus : j’ai juré que lorsque je rentrerais à la maison, pour de bon cette fois, et non pas au sein d’une illuston mentale, ce serait comme si je n’en étais jamais parti, comme si mes souvenirs ne m’avaient jamais quitté. J’examine quelques portraits, accrochés de part et d’autre dans la pièce : rien à voir avec ces selfies d’adolescents puérils, chacune des photographie qui nous met en scène nous fait apparaître sous notre meilleur jour : sérieux, dignes, un peu hautains au vu de l’inclinaison du menton, et débordants de prestance. Je m’arrête devant celle d’un jeune garçon et d’une jeune fille, très bruns, au regard noir, indissociables ; ils ne sourient pas, et n’ont certainement pas l’air malheureux pour autant. « Amusant, c’est nous surrr cette photo ? » la questionné-je comme si de rien n’était, et que nous parlions seulement de la pluie et du beau temps. Que nous soyons ou non les auteurs de ces meurtres, chantages, attaques et tentatives d’intimidation ne change rien au fait que je ne les ai pas vécues. Et quand bien même m’en souviendrais-je, cela m’affecterait-il ? Sincèrement, j’ai quelques doutes, c’est comme si ma capacité à compatir pour autrui avait fondu comme de la neige au soleil, et ne se limitait qu’à la sphère très privée de ma famille.

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Message(#) Sujet: Re: No time to die ♦ Erin & Finn No time to die ♦ Erin & Finn EmptyJeu 5 Mar - 22:27

no time to die
finnbjörn & erin


L’incapacité de Finnbjörn à saisir l’ironie quand elle était pourtant aussi évidente qu’un nez au milieu d’un visage était exaspérante. Face à mon jumeau, mon arme la plus acérée était aussi émoussée qu’une petite cuillère. Heureusement que j’en avais d’autres. Redressée sur un coude à son entrée dans ma chambre, je me glisse sur le ventre, mon menton reposant négligemment sur le pont que formaient mes doigts entrelacés les uns aux autres. Mon sourire brutal et mes mots sarcastiques l’interrogent : je n’avais pas le temps de me montrer patiente et d’attendre qu’il daigne m’expliquer le pourquoi de cette brusque invitation. Mes nerfs étaient trop profondément mis à l’épreuve depuis quelques jours. La faute à un Serpentard dont l’abandon maussade me rendait de bien méchante humeur. Évidemment, ses paroles me font lever les yeux au ciel. J’avais trouvé étrange qu’il ne soit pas venue me confronter plus tôt que cela quant au bal de Noël et à notre réception. Cela m’avait irritée : je n’avais pas fait tout ça pour rien. Et son manque d’implication me renvoyait cette attitude fuyant qui me paraissait être la sienne depuis trop longtemps. Je pourrrais donc parrr exemple rrrétorrrquer que ton inquiétude au sujet de cette vipèrrre est écoeurrrante, ou bien que ce feu de fête était une errreurrr d’interrrprrrétation et que perrrsonne - bien malheurrreusement - n’en est morrrt. Mais aussi que mes frrréquentations douteuses ne le sont pas plus que les tiennes et que Brrradforrrd n’aurrrait jamais pondu de telles inepties si tu n’avais pas tenté d’inventer un plan qui n’avait pas lieu d’êtrrre. L’évocation de Sherwin suffisait à ombrager mon regard. Je n’avais toujours pas résolu mon grand questionnement au sujet de la conversation que j’avais surprise à notre réception hivernale. Comment utiliser ses sentiments pour qu’elle n’approche plus jamais mon frère ? La voir morte serait une des plus grandes joies de mon existence mais ce n’était malheureusement pas envisageable. Pour l’instant. Il me fallait également éclaircir un doute bien sombre : était-il celui qui lui avait offert cette bague ? C’était bien le style de Finnbjörn mais l’idée qu’il puisse être suffisamment proche de cette fille pour lui faire un tel présent me donnait la nausée. Mais tu peux poursuivrrre, je t’en prrrie, ta voix m’est si douce ironisé-je. Il allait continuer, c’était certain. Toutes ces reproches n’en étaient pas vraiment, je le connaissais trop bien pour savoir cela. Il sacrifiait quelques pièces pour mieux avancer celle qu’il souhaitait faire bouger depuis le début. S’il ne me tenait pas vraiment rigueur de mon petit jeu au dîner donné dans l’appartement londonien de Grand-Père, si le fait que je côtoie Misha ne faisait que l’irriter, et s’il ne comptait pas me blâmer pour le feu de Noël, quelles étaient ses intentions ? Il souhaitait peut-être m’entretenir de son rendez-vous dans le bureau de la directrice et m’annoncer que j’allais prochainement être convoquée à mon tour. Il avait bien impliqué Junior dans cette affaire, après tout. Mais Junior ne possédait pas des souvenirs qui pourraient être compromettants, bien que je doute qu’ils aillent jusque lire dans nos esprits pour obtenir le fin mot de l’histoire. Ceci dit, Appleton était bien déterminée à faire régner sa répugnante tolérance : à n’importe quel prix ? Si cela s’avérait être le cas, il suffirait tout simplement de m’effacer ces quelques souvenirs. Hannibal ferait ça très bien. J’en serais déçue cependant : ne plus pouvoir profiter de ces images serait bien dommage. Plongée dans des considérations silencieuses qui se déroulent à toute vitesse, je pose deux prunelles distraites sur mon jumeau qui caresse toujours le couvre-lit d’un air absent. Et soudainement, je me fige, mes muscles tendus par la supposition qui s’impose à moi.

Je me relève, à genoux sur mon lit, un regard ardent cherchant celui de Finn. Il est à mille lieues des idées désordonnées qui m’agitent. Ses mots m’atteignent avec une petite seconde de retard et il est déjà entrain de faire quelques pas dans la pièce quand je prends la mesure de ce qu’il vient de dire. Mes sourcils se froncent et une moue mécontente voile mes traits. Phoenix t’as donc parrrlé ? Je hausse les épaules, complètement indifférente. Il exagérait. Nous n’avions rien de potentiels meurtriers, nous ne faisions que planifier un futur meilleur pour l’une de nos amies les plus proches. Peut-être même la seule en ce qui concernait mon frère adoré. Moi qui pensais qu’elle ne le ferrrait peut-êtrrre pas et que nous pourrrions mener ça à bien à deux uniquement. Mon soupir désenchanté disparaît rapidement pour un sourire ardent. Au fond, peu importe que la Gryffondor soit allée trouver Finnbjörn. Tant que celui-ci choisit notre camp et ne décide pas de nous noyer sous des mises en garde insipides. S’il se décidait à nous aider, je ne doutais pas que nous parvenions à nos fins. Seuls, nous étions terrifiants. Ensemble, rien ne pouvait nous résister. Mais enfin tu exagèrrres. Perrrsonne n’a encorrre tué qui que ce soit. Et même si cela s’avérait être le cas ? Ce n’était pas comme s’il s’agissait de personnes méritant notre empathie et notre considération. Ils n’étaient qu’une épine dans le pied de Phoenix et nous ne laissions pas les épines nous pourrir la vie.

Ses déambulations le conduisent de portrait en portrait. Je me décide à me lever pour le rejoindre face à la photographie devant laquelle il s’est arrêté. Doux souvenir d’une enfance royale. Je n’ai pas le sentiment que nous ayons tant changés depuis que cet instant a été capturé. Nous sommes toujours aussi nobles dans nos traits et notre posture, dignes et d’un brun identique. J’observe les pupilles lointaines de ce moi du passé. Quel sérieux avais-je été capable d’affecter pour le cliché. Un sourire narquois étire mes lèvres et vient allumer mes yeux d’une lueur amusée. Que je perds bien vite en me penchant sur les traits de mon jumeau. Était-il réellement incapable d’identifier les photos qui nous représentaient ou faisait-il la conversation comme si de rien n’était pour mieux se montrer incisif sur le sujet qui l’amenait auprès de moi aujourd’hui ? Je ne conservais pas de nombreux souvenirs capable de voiler mon regard opalin de chagrin ou de sentiments proches. Mais la blessure vive ressentie lors de son réveil amnésique et de ce regard vide qu’il avait posé sur moi à ce moment-là ne m’avait toujours pas quittée. Qui d’autrrre pourrrait dégager autant de prrrestance fais-je avec suffisance. Mes yeux clairs glissent sur son visage, celui du présent, puis sur ses mains, me ramenant à ce qui ornait celle de Sherwin. Mes doigts s’emparent de sa paume et s’attardent sur la phalange correspondante. Tu as offerrrt une bague à Sherrrwin. L’intonation ne sonne pas comme une question. C’est bien plus une constatation qui demande une explication. Le bijou pouvait être un cadeau de Maxton ou de leurs parents. C’était possible. Mais il portait trop bien la marque des Sørensen et la patte de Finnbjörn pour que je ne sois pas certaine de ce que j’avançais.
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Dernière édition par Erin B. Sørensen le Lun 23 Mar - 16:47, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: No time to die ♦ Erin & Finn No time to die ♦ Erin & Finn EmptySam 21 Mar - 15:31


No time to die
Erin & Finn dans leur Norvège natale

Nous ne tomberons pas d'accord, c'est un fait ; en fait, cela n'a rien d'étonnant... Erin et moi nous ressemblons peut-être physiquement, mais nos caractères s'opposent drastiquement. Ma soeur jumelle aime obéir à ses passions folles, à ses instincts puissants, à ses colères, et elle met son intelligence à profit dans toutes ces réactions dignes d'un feu d'artifice. Je suis de nature bien plus calme, et avoir un peu de recul sur une situation est loin de me contrarier. Or, il se trouve que dans le temps que j'ai pris pour réfléchir, j'ai aussitôt vu Misha Bradford comme un opposant aux intérêts de notre famille. Je pense à notre communauté d'abord, et contrairement à ce que Junior peut affirmer, je ne me préoccupe que peu de son amitié avec Erin. Je vois plutôt ça comme un caprice de sa part, un petit jouet qu'elle a voulu s'approprier... Si l'on omet le fait que ce petit jouet est en train de s'attaquer à nous, désormais. « Ma plus grrrosse errrreur a sans doute été d’attendrrre la rrréaction d’un humain, j’avais prrresque oublié que cet idiot obéissait davantage aux rrrègles des bêtes sauvages. » réponds-je avec dédain. Je l'ai peut-être un peu cherché en contactant la directrice à son sujet, je l'admets... C'était une provocation risquée, et j'aurais du m'attendre à un retour de bâton, ce torchon fumant faisant office de presse écrite en a été la preuve.

Je ne m'attarde pas sur cet insecte : au vu des circonstances, il y a un sujet que nous devrions aborder en premier lieu... En début d'année, j'ai déjà un peu tâté le terrain auprès de Hannibal et Judith. Nous avons hésité à en parler à Erin, et nous l'avons tenue à l'écart un moment... Je ne sais pas toujours pas vraiment s'il s'agissait de la meilleure idée que nous ayons pu avoir, mais je me dis qu'aujourd'hui est venu le temps de lever le voile sur les non dits. Il est question de machination, de meurtres, de chantage, d'attaques dans l'enceinte de l'école, et il se pourrait bien que nous en soyons les responsables... « J’aurrrais été bien trrriste de ne pas aborrrder le sujet en famille, tu te doutes bien. » lancé-je l'air de rien, tandis que je me levais pour inspecter la propreté des meubles ; pas une poussière, pas de tâche, rien pour troubler la transparence des vitres et le reflet des miroirs. Notre personnel de ménage faisait réellement un excellent travail... « La gazette dit que des élèves et un membrrre du perrrsonnel sont morrrts l’an passé. Trrragique histoirrre. » commenté-je sans émotion. Ce n’est pas notre oeuvre peut-être ? Je doute que tout ceci soit un accident, au vu de tout ce qu’on me rapporte. Phoenix nous a désigné comme les responsables de tout ce qui est arrivé, selon elle nous étions pleinement conscients de ce que nous faisions en préparant ce plan... J'ai du mal à imaginer les motivations qui ont pu me pousser à mettre au point cette sinistre machination avec mes frères et soeurs, mais j'ai bien l'impression qu'une fois de plus, notre aïeul n'est pas étranger à tout ça.

Je garde une sérénité royale, et continue ma visite virtuelle de la chambre de ma soeur, résistant à l'appel de la mienne. Je crois que j'ai envie de rentrer... Ne serait-ce qu'un court séjour, pour me réapproprier les lieux, pour retrouver ce sentiment de "chez-moi" qui m'a quitté. Je souris en contemplant notre portrait ; c’est un fait, nous sommes absolument parfaits, et le commentaire de ma soeur à propos de notre prestance m'amuse quelque peu. Elle a raison, ce n'est pas chez le reste des cafards qui pullulent dans l'école que nous allons trouver autant de dignité, ils ont perdu la leur il y a déjà bien longtemps, à la naissance probablement. Néanmoins, mon sourire s'efface aussitôt, dès lors qu'elle revient au sujet que j'aurais préféré éviter : celui qui concerne Bluebell Sherwin. Comment sait-elle pour le bijou, lui aurait-elle dit ? Sans m'en formaliser, je réponds simplement : « Je trrrouve exagérrré d’appeler ça une bague. Une camelote rrridicule tout au plus. » Ce n'est pas exactement la vérité, mais je préfère me voiler derrière cette réalité-là, il est vrai que j'ai peut-être un peu trop dépensé pour ce présent idiot. Ce n'est pas une bague de fiançailles après tout ! « J’ai bien envoyé un cadeau pourrr Maxton, ne rrrien lui envoyer à elle aurrrait été de la purrre impolitesse. Sommes-nous des gens sans éducation, Errrin ? » Je ne comprends pas vraiment pourquoi tout le monde semble faire de ce cadeau une affaire d'état... ça ne représentait rien, et je ne vois pas pourquoi j'aurais du me sentir coupable d'être un être courtois et civilisé.
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Message(#) Sujet: Re: No time to die ♦ Erin & Finn No time to die ♦ Erin & Finn EmptyLun 23 Mar - 17:59

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finnbjörn & erin


L’observer évoluer dans ma chambre, c’est comme si nous n’en étions jamais partis. Comme si nous n’avions jamais quitté notre manoir ancestral et que nous continuions de faire tourner notre monde du bout de nos doigts pâles. Les deux facettes d’un même et unique gallion : un pile stratège et impénétrable ; une face ardente et impulsive. Lancez la pièce et tombez sur l’un des jumeaux, mais l’autre n’était cependant jamais bien loin. Mon sourire se fait moqueur alors que nous effleurons pour oublier aussi vite des préoccupations que je pensais plus importantes chez mon tendre frère. C’est qu’il ne me tiendrait presque pas rigueur de mon éclat durant notre réception, ni de toute le reste ! L’affront de Misha laisse un arrière-goût amer à ses paroles pleines de suffisances et je ponctue ses dires d’un petit rire, avant de hausser les épaules. Que veux-tu, on parrrle de Misha. J’étais bien la première à pouvoir témoigner de toute la brutalité dont il faisait preuve au quotidien. Nous ne nous étions pas exactement rencontrés de la manière la plus civilisée qui soit, d’ailleurs. Même si je suis convaincue que Mansfield a joué un rrrôle là-dedans, comme je te l’ai notifié. Loin de moi l’idée de déchaîner les foudres de mon jumeau adoré sur ce pauvre garçon mais aussitôt que ce dernier avait osé formuler des menaces à peine voilées à l’encontre de Finnbjörn, il m’était impensable de ne pas le tenir au courant. Je n’étais pas celle des deux qui avait le plus de secrets pour l’autre, de toute façon. J’avais beau détester cette prédisposition fraternelle à me tenir à l’écart d’à peu près tout, j’étais incapable de lui rendre la pareille. Nous ne jouions pas le même jeu, et ce, depuis notre plus tendre enfance. Sa patience et sa stratégie mettaient durement à l’épreuve ma fougue emportée. J’étais plutôt du genre à envoyer valser le plateau d’échecs qu’il s’efforçait de remettre tranquillement en place, impassible, habitué.

Néanmoins, je le sens : nous ne sommes pas ici réunis pour converser de mes amitiés qu’il juge épouvantables. Alors de quoi ? Il avait à peine effleuré le sujet de l’incendie d’Inverness et n’aurait pas attendu une semaine pour me convoquer si je devais être inquiétée par Appleton. À cette idée, mes pensées divaguent, élaborant des plans qu’elles n’ont pas l’habitude de formuler, préférant le goût de l’improvisation à celui des longues stratégies. J’étais bien trop sûre de moi pour douter pouvoir un jour tomber. Il existait toujours une branche à laquelle se rattraper. Dans le cas présent, un petit Oubliette et toute trace de mon implication dans la chute de cette chandelle salvatrice disparaîtrait. Je ne doutais pas des capacités de mon cher aîné à pouvoir réaliser une telle chose et cela m'attriste presque. Oublier cette joie sauvage ? Mon regard se détache du vide pour se poser, pensifs, sur le visage de mon tendre frère. Et, un à un, mes muscles se nouent tandis qu’une idée, toute à la fois flamboyante et enrageante se fait un malin plaisir à échauffer un sang déjà bouillonnant. Était-ce possible ? Mais pourquoi ? Finnbjörn, tout à sa déambulation concentrée, ne perçoit pas l’intuition qui fait brusquement flamboyer mes pupilles opalines. C’est quelque chose de bien flou, d’à peine tangible, mais qui a pris forme bien trop violemment pour que je puisse l’effacer comme si de rien n’était. Encore me fallait-il trouver le fil qui me permettrait de démêler ce que je ne percevais pas encore totalement.

Mon jumeau adoré me fait perdre le cours de mes pensées en nous dessinant tels des assassins. Je lève les yeux au ciel et ne retient pas un rire sarcastique. Une partie de moi aurait souhaité que Phoenix le tienne à l’écart de nos machinations ; l’autre était sauvagement réjouie de savoir qu’il avait accepté de plonger avec nous dans cette aventure. Phoenix n’est pas encorrre de la famille tout de même fais-je, l’air de rien, balayant de quelques paroles indifférentes son accusation de meurtre qu’il nous imputait. Nous n’avions rien fait d’autre qu’émettre des idées et étions encore bien loin d’en réaliser une seule : nous devions nous assurer avant tout que Phoenix ne courrait aucun risque d’être désignée coupable. Couvrir ses traces, faire attention. En cela, mon cher frère ne pouvait qu’être une aide précieuse. Et tout comme il m’avait fait perdre le fil de mes réflexions, Finnbjörn m’arracha celui des siennes. Pourquoi revenir sur l’année passée ? Nous étions pourtant entrain de parler de Phoenix et ses volontés d’éradications familiales. Et ? Quel rrrapporrrt avec les plans de notrrre amie ? Je me décide à me lever et le rejoindre devant les portraits qu’il contemple, me tournant le dos. Tout va bien, Finn ? Tes pensées m’ont l’airrr décousues le raillé-je écartant une courte mèche qui tombait sur son front, avant de me tourner en direction du portrait qui l’absorbait.

Ma remarque est rehaussée d’un sourire qui disparaît bien vite tandis que je pose mon regard féroce sur sa main, la mienne s’en emparant pour laisser mes doigts jouer sur ses phalanges. Le sourire absent de son visage me confirme mon intuition bien avant qu’il ne réponde d’un ton parfaitement égal. Comme si je venais de me brûler, je laisse retomber sa main et m’écarte de quelques pas, les traits ombragés, une lueur mauvaise dansant au fond de mes prunelles. Pas à moi, Finnbjörrrn. Une camelote ridicule ? Et puis quoi encore. Comme si ce satané jumeau était capable d’offrir des présents qui ne soient pas à la hauteur de notre nom et de notre ancestrale lignée. Il n’offrirait jamais rien qui ne soit pas d’une noblesse et d’une qualité supérieures. Tu aurrrais pu te contenter d’un corrrbeau morrrt pourrr cette harrrpie craché-je avec une haine qui faisait vibrer ma voix et alourdissait encore plus mon accent. Sans éducation, non, dénué de toute loyauté, il semblerrrait poursuis-je avec un ton mauvais. Pourquoi ne pouvait-il pas se détacher de cette peste qui n’avait jamais rien été d’autre qu’un poids désagréable dans nos existences ? Et qui n’avait jamais cessé de remettre en question une maladie pourtant bien réelle ? Elle était détestable, ne le voyait-il pas ? Et c’était ensuite de mes fréquentations qu’on venait s’offusquer. Peut-être que cette incroyable chieuse avait le sang pur, mais rien d’autre ne lui permettait de se prétendre digne d’une telle attention. J’ai peut-êtrrre eu torrrt de te défendrrre et te crrroirrre sain d’esprrrit, en fin de compte. L’éclabouille fait des rrravages. Sherwin était bien capable de profiter de l’amnésie de Finnbjörn pour se jouer de lui comme elle se jouait du monde entier. Une vipère visqueuse dont l’existence toute entière n’était vouée qu’à faire pourrir ce qu’elle touchait. Et je n’avais pas envie que cette fantastique particularité atteigne mon tendre frère.
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Message(#) Sujet: Re: No time to die ♦ Erin & Finn No time to die ♦ Erin & Finn EmptyMer 8 Avr - 18:24


No time to die
Erin & Finn dans leur Norvège natale

Le temps d'un instant, je me plais à imaginer que nous n'avons jamais quitté ce manoir. Même si développer nos compétences en tant que sorcier est primordial, il est évident que le contact des autres nous tire vers le bas. Plus le temps passe, plus il m'apparait que des gens comme nous devraient être élevés au dessus des autres, et privilégier d'un apprentissage sur mesure, adaptés à nos profils. A l'exception que quelques camarades de bonnes familles, en huit mois je n'ai croisé que des capricieux pleurnichards incapables de se montrer à la hauteur des quelques talents magiques dont ils ont hérité, probablement par accident. Nous méritons mieux que ça, et j'enrage que personne ne s'en rende compte. J'enrage que les postes directifs aient été confiés à des incapables qui promettent des utopies irréalisables, sans toutefois adopter de mesure concrète. J'enrage que des Bradford se baladent dans les couloirs tous les jours comme s'ils en étaient les rois alors qu'ils ont le quotient intellectuel d'un batracien. « Et je me demande toujourrrs ce que tu peux trrrouver à ce numérrro de cirrrque. » Pour l’instant, la seule explication logique que j’ai trouvée, c’était qu’il pouvait être un parfait faire-valoir, et la faire paraître plus intelligente encore en irradiant de bêtise cosmique autourrr de lui. Vous en rirez peut-être, mais je commence à sérieusement envisager cette possibilité, et bien que je ne pourrais lui en tenir rigueur, ce n'est cependant pas acceptable pour notre famille. Mais nos échanges de lettres récents me reviennent en tête, et je m'assieds sur le lit : « Si tu me parrrlais justement un peu de ce Mansfield : qui est-il ? Quel est son intérrrêt à s’en prrrendrrre à moi ? » Elle a évoqué son nom, qui pour moi est inconnu, et je souhaite en savoir plus. Evidemment, je n'ai pas l'intention d'aller faire connaissance avec cet usurpateur, mais j'aime connaître les points faibles de mes ennemis.

J'ai trouvé l'opportunité bonne, tandis que nous sommes seuls au milieu de nulle part, précisément chez nous, pour lui parler sans risque de ce que je sais. C'est délicat, mais retarder le moment d'aborder la chose ne nous rendra pas service : après en avoir touché un mot avec Hannibal et Judith, il est temps de mettre Erin au parfum. Mais sa réponse m'étonne... « Ses plans… ? » Ce n'est pas franchement ce que je pensais entendre, pour moi il n'était pas question de Phoenix. Nous avons parlé, elle et moi, mais selon ses dires son implication était limitée. M'aurait-elle menti ? Mes sourcils se froncent naturellement, tandis que je m'éclaircis la gorge. « Je crrrois qu’il y a un malentendu. Ce qu’elle m’a confié nous concerrrrne. Je veux dirrre, tous les quatrrre. De quoi parrrles-tu, toi ? » l'interrogé-je, suspicieux. Je n'aime pas spécialement savoir que ma soeur baigne dans des affaires de meurtre potentiel sans m'en avertir au préalable, quand bien même cela pourrait être en compagnie de ma meilleure amie. Plus soupçonneux, je laisse passer un instant, et m'explique sur le sujet qui nous intéresse. « Ce qui s’est passé l’an derrrnier. Le Selma, les lettrrres, l’incendie… C’est de cela dont il est question. Il y a autrrre chose ? » Evidemment qu'il y a autre chose, et je ne peux que difficilement fermer les yeux dessus maintenant qu'elle a commencé à lâcher quelques informations. Dans quoi Phoenix est-elle en train de l'entraîner ? Tout cela ne me dit rien qui vaille.

Je me lève pour aller contempler un instant la vue, depuis la fenêtre. Tout est recouvert d'un épais manteau blanc, rien à voir avec Poudlard... C'est agréablement dépaysant. Je reste ainsi immobile, tandis que ma soeur m'attaque sur les liens que je pourrais entretenir avec Bluebell. Oui, je joue la sourde oreille... Mais pour autant, je souhaite être en possession de toutes les informations qui peuvent la concerner. Je me retourne vers Erin, sceptique : « Pourrrquoi me parles-tu de loyauté ? T’a-t-elle causé du torrrt… ? » Si c'était le cas, je ne verrais aucun inconvénient à mettre fin à... je ne sais même pas ce que c'est. Force est de constater que notre relation est compliquée, explosive, basée sur de vieilles rancunes et presque toxique, et je peux le supporter... mais pas si elle s'en était prise à ma soeur, ou lui avait donné de bonnes raisons de se méfier d'elle. Après tout, je ne sais pas tant de choses à propos des Sherwin, simplement ce qu'elle, Maxton et Alexis ont bien voulu m'en dire... Quoi qu'il en soit, je n'aime pas la manière de faire de ma soeur, qui se plait à en rajouter avec cette histoire d'éclabouille. " Ne joue pas à ce petit jeu avec moi, Errrin. Ainsi donc, tu peux passer du bon temps avec Juniorrr, et je me fais rrréprrrimander pourrr une histoirrre de cadeau insignifiant... ? " lancé-je en levant les yeux au ciel. Au fond, je crois qu'elle n'a pas tort... mais ça n'a rien à voir. Si elle connaissait les rapports que j'entretenais avec Bluebell, elle saurait que cette dernière refuse de me pardonner, et ça ne risque certainement pas de changer.
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Message(#) Sujet: Re: No time to die ♦ Erin & Finn No time to die ♦ Erin & Finn EmptyJeu 9 Avr - 12:15

no time to die
finnbjörn & erin


Mes bras s’enroulent autour du pilier en bois de mon lit à baldaquins sur lequel je viens m’appuyer, ma chevelure brune se confondant avec les nervures sombres, mon regard ne quittant pas une seule seconde les traits parfaits de mon jumeau. Je le savais mécontent de mes fréquentations bien avant aujourd’hui : je crois en réalité qu’il n’a jamais pleinement été satisfait de la manière dont je construisais mon quotidien à Poudlard. Pas assez… Finnbjörnien pour lui, probablement. Qu’est-ce que l’on trrrouve à un numérrro de cirrrque ? De l’amusement fais-je en haussant les épaules, un sourire indéfinissable aux lèvres. Mélange de gaieté sauvage et de brutalité enjouée. Disons que les quelques qualités que je lui trrrouve te parrraîtrrront les pirrres défauts. Sa violence, sa vulgarité, son esprit frondeur et son manque de peur lorsqu’il s’agissait de foncer, il n’était pas l’un de ces pitoyables blaireaux qui se contentent de courber l’échine. Au moins, son répondant aiguisait mes sens et il n’avait pas peur des coups : les donnant et les rendant sans peine. C’était peut-être cet esprit nordique, au fond, qui manquait à la plupart des cafards qui pullulaient par ici. Cependant, lâcher son chien sur Finnbjörn, cela avait de quoi m’agacer, même si ce dernier était plus que apte à gérer ses affaires sans moi. Je ne pouvais dire comment, mais mon intuition me soufflait, brûlante, que Mansfield était derrière ce torchon que certains appelait journal. Ce n’était pas l’oeuvre de Misha mais c’était une offensive directe suite à l’accusation de mon tendre frère. Il n’y avait pas à réfléchir bien longtemps pour se douter que le Serdaigle était impliqué : ses menaces implicites qui avait échauffé mon sang au point que je lui lance un sortilège pour le faire taire n’avaient fait que confirmer cet instinct. Que te dirrre de plus. Il porrrterrrait à merrrveille la tenue de bouffon du rrroi. Il aime êtrrre au coeurrr de l’attention et est prrroche de Misha, Shepherrrd, de cette harrrpie aussi fais-je, référence directe à celle qui avait cru nous tromper, imaginant que nous ne découvririons jamais qu’elle n’était qu’une infecte créature venue des Enfers. Il m’apporrrte parrrfois quelques impurrrs surrr un plateau d’arrrgent. Mais il n’agit sans intérrrêt. Que ferait Finnbjörn de ces informations, lui seul le savait. Parler de Mansfield m’agaçait déjà, je ne l’appréciais pas assez pour que son portrait ne s’immisce dans un tête-à-tête avec mon frère sans en éprouver de l’impatience.

Heureusement, la conversation porte rapidement sur un tout autre sujet, bien plus intéressant. L’idée fugace mais violente d’un Oubliette résolvant bien des problèmes laisse pour l’instant la place à ces meurtres prémédités dans un piscine des Caraïbes. Je pensais que Phoenix garderait encore un peu pour elle cette volonté de tuer sa famille toute entière, mais force était de constater qu’elle avait impliqué mon jumeau adoré dans cette affaire. Je savais que cela arriverait et, qu’importe, j’avais été la première vers laquelle elle s’était tournée, ce qui suffisait à satisfaire ma fierté. Je n’étais pas sotte pour penser que l’aide de Finnbjörn ne nous serait pas précieuse, voire nécessaire. Son esprit stratégique surpassait largement le mien. Ses réponses à côté de la plaque me font froncer les sourcils. Enfin, de quoi parlait-il ? Je m’écarte du pilier en bois alors qu’il prononce le mot malentendu pour m’éloigner un petit peu. Oups. Nous n’étions pas entrain de parler de la même chose. Pas du tout. Phoenix allait m’assassiner. Plusieurs fois de suite. Non, rrrien, tu disais ? fais-je avec un sourire enjôleur, balayant sa question comme si de rien n’était, mon sourire contre son regard plein de suspicion et ce froncement de sourcils caractéristique que j’aimerais tant pouvoir effacer d’une simple caresse. Viennent alors quelques paroles qui ramènent sur le devant de mon esprit cette brève pensée qu’effacer la mémoire de quelqu’un pouvait être un remède miracle afin de ne jamais être accusé de quoi que ce soit. Figée, je pose un regard brûlant sur mon frère. Evidemment que non, je parrrlais de cela moi aussi. Il n’allait jamais croire mon mensonge, surtout pas alors que mon sourire innocent traduisait tout autre chose. Peu importe, ce qui occupait tout mon esprit, maintenant, c’était ce qu’il venait de dire. Le Selma, les lettrrres, l’incendie, qu’est-ce que tu sous-entends exactement parrr cela nous concerrrne tous les quatrrre ? Oh, j’avais bien compris ce qu’il voulait dire par-là. N’avait-il pas commencé en nous accusant de meurtriers ? Explique-moi, tout lui demandé-je, les traits soudain teintés d’un sérieux rare. Pourrrquoi Hannibal et Judith ne sont-ils pas ici, si cela les touche également ? Un doute porteur d’un mécontement volcanique pointait le bout de son nez, mais je préférais entendre ce que mon frère avait à me dire là-dessus.

Déambulations dans cette chambre qui me manque tant, je me rapproche de Finnbjörn, souris face à une photo, avant de perdre toute trace de gaieté lorsque Sherwin devient le centre de notre discussion. Il m’était facile, quand mon frère se tenait face à moi, fidèle à lui-même, d’oublier que son amnésie le tenait éloigné de bien des choses. Je fais quelques loin de lui, avant de me retourner pour lui faire face. Nos instants de complicité ne pouvaient jamais durer trop longtemps, émaillés de disputes et de conflits qui nous opposent immanquablement. Je lève les yeux au ciel, mouvement exagéré pour marquer mon agacement, et croise les bras, piquée au vif. La mention de Junior, amené sur le même plan que cette harpie, achève de faire tempêter une colère parfaitement justifié au fond de mes prunelles. Nous avions beau être dans une période aussi glaciale que l'hiver norvégien, je ne pouvais souffrir un tel affront. Si elle m’a fait du torrrt ? Un éclat de rire mauvais m’échappe. Assied-toi, Finn, cela rrrisque d’êtrrre long poursuis-je avec un ton qui n’a plus rien de chaleureux tandis que mes pas agacés me font aller et venir. Parrr où commencer… La fois où, il y a des années de cela, cette pathétique garrrce s’est perrrmise de se moquer de toi, de moi, de notrrre nom tout entier en nous insultant de feindrrrre notrrre maladie ? Tu sais, celle-la même qui rrrisquerrrait de nous tuer tous les deux. Il n’y avait pas besoin de grand chose, lorsque nous parlions de Bluebell Sherwin, pour attiser le feu de cette haine qui brûlait et grandissait depuis toutes ces années. Nous avons été en rrretenue toutes les deux il y a peu, le savais-tu ? Ma question suspendue, je m’arrête nette, les paroles assassines de cette chienne me revenant en mémoire. Je ne pourrrais compter le nombrrre de fois où son insupporrrtable voix a prrris la peine de te trrraiter de fou. C’est qu’elle te tient en trrrès haute estime, Finn. Tellement haute qu’elle n’a pas hésité à m’affirrrmer que tu lui courrrais aprrrès. Je ne te tiens pas rrrigueurrr d’un cadeau insignifiant. Mais d’une bague, de ton manteau de vison, d’une escapade dans la forrrêt interrrdite, de toi qui lui tiens la main. Elle semblait trrrouver un malin plaisirrr à me rrraconter à quel point tu es à ses pieds puis à t’insulter de fantôme amnésique la minute suivante. Sans oublier qu’elle considèrrre les hommes comme des chiens. Une belle histoirrre d’amourrr serrrait prrrometteuse en sa compagnie, tu ne trrrouves pas ? Mon ton échauffé par la colère s’interrompt quelques secondes, avant de reprendre, un grand en-dessous, un cran plus glacial, mais toujours aussi méprisant à l’égard de cette fille. Alorrrs ne vient pas me demander si elle m’a fait du torrrt. C’est à toute notrrre famille que cette vipèrrre en fait. Je crrrois que ses mots exacts étaient “étrrrangers imprrroprrres”. Le seul fait de me remémorer ses mots acides me donnait de nouveau envie de l’étrangler. Elle avait un don spécial pour mettre mes nerfs à vif. Je pouvais souffrir ses insultes, je ne lui accordais pas assez de crédit pour en prendre ombrage, mais je ne pouvais tolérer que quiconque, et encore moins cette importune, ne se moque des Sørensen. Ne comparrre pas Juniorrr à cette fille. Il a une éducation, un rrrespect et une amitié pourrr nous qui dépassent tout ce que cette grrrossièrrre pimbêche pourrra jamais éprrrouver enverrrs notrrre famille. Si elle était réellement amoureuse de mon frère, c’était une bien drôle manière de le montrer. Et si mon jumeau éprouvait des sentiments réciproques, c’était desservir les intérêts qu’il s’efforçait de me voir respecter.
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Message(#) Sujet: Re: No time to die ♦ Erin & Finn No time to die ♦ Erin & Finn EmptyVen 10 Avr - 23:40


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Bradford, Bradford... Décidément, je ne tombe que sur ses admiratrices, et ni ma soeur, ni Bluebell ne semblent faire exception. Le monde entier semble absolument vouloir me prouver qu'il est un individu hors normes doué d'un rare sens de l'humour, toujours est-il que je semble être le seul à le voir tel qu'il est : un petit parasite narcissique, trop imbu de sa personne pour se rendre compte de son ignorance crasse. « Et tu ne peux pas te contenter de jouer aux carrrtes ou aux échecs j’imagine, la présence d’un sinistrrre imbécile doit être forrrcément requise pourrr t’occuper. » commenté-je avec sarcasme. « Mais je t’en prrrie, vante-moi donc ces qualités, je meurrrs d’envie de les entendrrre. » Je souris bien faussement, comme si je m'attendais à ce qu'elle dévoile une palette de qualificatifs glorieux pour redorer le blason de notre cher Bradford à qui une injustice aurait été faite. Comme si on pouvait lui trouver quoi que ce soit ! Et de ce que j'en entends, ce fameux ami, qui pourrait bien être l'auteur que nous recherchons de ce "torchon croâsseur", semble être issu de la même portée. « De mieux en mieux, voilà la crrrème de la crrrème. Avec de telles frrréquentations nous avons sûrrrement affairrre à la haute caste. » les raillé-je en laissant échapper un sifflement admiratif. Peut-être Erin profite-elle de ce pathétique mouchard, toujours est-il que je reste fermement convaincu que c'est de la mauvaise graine. Et que fait-on pour empêcher ces graines de pourrir tout un terrain... ? Il suffit de couper le mal à la racine...

Je crois qu'il y a eu un quiproquo entre nous. Je parlais bien évidemment de cette sinistre affaire au sein de laquelle nous sommes tous les quatre plongés, mais il semblerait qu'elle avait autre chose en tête... Et je ne suis pas bien certain d'apprécier ce dont il était question. « Non non, je t’écoute, parrrle-moi donc de ces fameux plans impliquant potentiellement des meurrrtrrres, ça m’intérrresse. » Oui oui, pourquoi pas, après tout il arrive que je me sente concerné lorsque ma soeur jumelle et ma meilleure amie se sentent d’humeur à finir en prison pour meurtre. Sans rire, qu’est-ce qui leur est passé par la tête, à toutes les deux… ? Je ne peux décemment pas les laisser comploter dans l'ombre, et si elles persistent à ne rien vouloir me dire, je devrais aller récupérer cette information moi-même, ne leur en déplaise. Finalement, de mon côté l'aborde ce point qui concerne notre famille... Elle propose de joindre Hannibal et Judith à cette conversation, et mes lèvres se pincent. J'ai déjà eu l'occasion d'aborder le sujet avec eux, en début de l'année, mais pas de l'approfondir depuis que de nouveaux éléments nous sommes parvenus. Et je ne suis pas bien sûr qu'Erin tolère le fait d'avoir été laissée dans l'ignorance... « Nous aurrrons tout le temps de voirrr cela ensemble. Je ne suis pas sûrrr que nos rrrassemblements familiaux soient vus… d’un trrrès bon oeil en ce moment. » C'est tout ce que je trouve à répondre, mais c'est pourtant la vérité : lorsqu'elle était encore là, Alexis semblait sur le point de deviner certaines choses nous concernant... Quant à Avalon, elle n'a pas caché ses soupçons à mon sujet, et de ce fait, je la considère comme dangereuse. Lorsque notre nom sera moins sur les lèvres, nous pourrons en effet envisager de nous réunir, comme avant... « Il semblerrrait que nous soyons les rrresponsables. Tu le savais… ? » Je sais que cette phrase peut la déstabiliser violemment... Mais je ne mets pas de côté la possibilité selon laquelle elle sait tout, depuis le début. Phoenix dit que nous avons perdu la mémoire, que c'est nous-mêmes qui avions tenté de nous en débarrasser, ce fameux soir. Les autres n'ont subi qu'un sortilège d'amnésie partielle, concernant un moment précis sur le court terme, tandis que c'est toute ma mémoire à long terme qui s'est retrouvée impactée. Manque de chance, ou peut-être que ça aussi, c'était volontaire...

Je pensais avoir tout entendu au sujet de Bluebell, mais je n'ai manifestement pas fini d'être surpris : ma soeur se livre à un descriptif peu glorieux, avant d'aborder quelques points plus sensibles, qui me concernent... nous concernent. « Cela m’étonne peu, je dois t’avouer. » Après tout, dans la forêt, elle s'est aussi plue à tourner en dérision la maladie qui nous ronge, alors que pourtant j'ai éprouvé quelques difficultés respiratoires. Mais ce n'est pas ce détail qui me choque le plus. La main, la bague, le manteau... Tout autant de détails qui nous appartenaient, que je pensais bien à l'abri, juste entre elle et moi. Une fois de plus, on dirait que je l'ai sous-estimée... « Oh, c’est ce qu’elle t’a rrraconté ? » demandé-je l'air de rien, alors que je cachais ma profonde irritation. Les épines de la déception se sont plantées en moi, telles une gangrène ne nourrissant de mon désarroi. Je pensais ces choses-là privées. Je savais Bluebell capable d'en venir à bien des extrémités, mais il semble qu'elle a dépassé les bornes. Ainsi, je ne me suis peut-être pas trompé, le soir de Noël, lorsque je l'ai accusée de se moquer de moi. « La pauvrrre, je crrrois qu’elle confond mon extrrrême civilité et ma patience sans limite avec de l’intérrrêt amourrreux. » Mon visage n'exprime rien, je demeure apathique, comme à mon habitude. Pourtant, à l'intérieur, je bouillonne. « Et si elle ne rrrend pas mon manteau d’ici quelques semaines, je considèrrrerrrais cela comme du vol. Je m’en voudrrrais d’avoirrr à contacter son paterrrnel, mais si cela est nécessairrre… » Il n'était pas question d'en arriver là, mais cette histoire commence à tourner un peu trop à la revanche personnelle : elle a voulu jouer en révélant ces choses-là à ma soeur, alors briser quelques barrières de confidentialité entre nos deux familles ne me semble pas hors de propos. « Merrrci de m’avoirrr tenu inforrrmé. Cerrrtaines choses sont plus clairrres, désorrrmais. » déclaré-je en ne dissimulant que difficilement mon amertume. Dès que nous serons sortis de cette pièce, j'ai bien l'intention d'aller mettre les choses au clair avec la cadette Sherwin, par voie épistolaire. Il semblerait, en effet, que la mascarade ait suffisamment duré... Il est donc temps d'y mettre fin. Pour quelqu'un qui condamne toute forme de laxisme, j'ai peut-être fermé les yeux un peu trop longtemps sur le comportement de cette fille, sous prétexte que nous entretenions cette proximité dangereuse. « Je rrreconnais bien évidemment toute l’éducation et l’amitié de Juniorrr. Ne me fais pas passer pourrr un ingrrrat, je te prrrie. » réponds-je sereinement, avant de marquer une pause. « Même si tu sembles y avoirrr prrris parrrticulièrrrement goût. » Je ne crois ni être idiot, ni aveugle. Et j'ai encore bien en tête le baiser entre Phoenix et Hannibal, auquel j'ai assisté par la voie de la légilimancie. Alors il est évidemment logique que je me pose des questions sur mon autre ami, qui côtoie ma soeur d'un peu trop près... J'imagine que si je sondais maintenant l'esprit de ma soeur, j'y découvrirais des visions toutes aussi déplaisantes, impliquant notre ami de Serpentard. Par Merlin, est-ce que ma famille a décidé de sauter sur les seuls êtres que je peux compter parmi mes amis pour s'en faire des amants ?
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Message(#) Sujet: Re: No time to die ♦ Erin & Finn No time to die ♦ Erin & Finn EmptySam 11 Avr - 13:05

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Les sarcasmes de Finnbjörn me font lever les yeux au ciel. Son agacement contre mon impertinence, l’un exacerbant l’autre dans un éternel recommencement. Ce que je pensais être une formalité afin que mon cher frère m’explique à quel point mes fréquentations douteuses jetaient l’opprobre sur notre famille commençait doucement à s’éterniser. Jouer aux carrrtes ou aux échecs ? répété-je, mon ton lourd de dédain. Et puis quoi encore ? Il ne voudrait tout de même pas que je reste sagement assise dans un coin de ma salle commune à lire tranquillement un livre des heures durant pour ensuite aller boire le thé et papoter entre membres de la bonne société ? En fait, si, c’était probablement ce qu’il souhaiterait le plus s’il avait seulement l’espoir qu’un tel voeu puisse se réaliser. L’ennui pathétique de ce type d’activité ne m’intéressait pas le moins du monde, malheureusement pour lui. Sa prrrésence n’est pas rrrequise, je prrréfèrrre de loin passer du temps en ta délicieuse compagnie, ou bien avec notrrre entourrrage prrroche. Ma moquerie flatteuse m’arrache un sourire. C’était sincère, mais pas dénué d’ironie pour autant. Reproche à peine voilé du manque de considération que mon tendre jumeau avait eu à mon égard ces derniers temps. Ce n’était pas son absence qui me poussait à perdre du temps avec Bradford ; mais qui a dit que je devais me montrer de bonne foi en toute circonstance ? Si tu as tant envie de découvrrrirrr ses qualités je pourrrais toujourrrs te le prrrésenter fais-je dans un sourire narquois. La haute caste des minables, je ne te le fais pas dirrre. Est-ce que j’incluais Misha dans le lot ? Pour être parfaitement franche, je n’hésiterais pas un seul instant à le pousser dans un feu de forêt si cela devait servir nos intérêts. Jusque là, pourquoi me priver de sa compagnie ?

Mon sourire angélique et mon regard brillant d’innocence ne suffisent pas à convaincre mon tendre frère que je ne lui cache rien. J’abandonne aussitôt cet air qui ne me va pas au teint pour retrouver une suffisance colorée d’impertinence. Mais non, ce n’est rrrien d’intérrressant. Tu sais bien, une converrrsation entrrre amies, on commence à rrrefairrre le monde et d’un coup il nous apparrraît que tout serrrait plus simple en tuant quelques minables qui se trrrouvent surrr notrrre chemin. D’un geste de la main, j’achève de balayer le sujet, comme s’il ne s’agissait que de délires adolescents et pas d’une discussion bien plus sérieuse. Si j’étais certaine qu’inclure Finnbjörn dans ce projet que nous avions commencé à tisser avec ma meilleure amie serait bénéfique, je n’étais pas suicidaire au point de la devancer dans cette décision. La sulfureuse Gryffondor allait avoir envie de me tuer, plusieurs fois de suite, et plusieurs jours d’affilé, c’était une certitude. Mon lapsus n’entache pas complètement le fond du réel sujet : cette révélation que Finn dessine me fait froncer les sourcils. L’année dernière était encore dans tous les esprits ; pour ma part, il s’agissait d’un gigantesque gâchis. Cette histoire de badges rouges était des plus prometteuse, de même que les attaques à répétitions, et l’incendie, un spectacle grandiose ! Tout ça pour quoi ? Deux pauvres petits morts et une directrice née-moldue à la tête de cette pitoyable école. Et maintenant, il m’expliquait que nous étions derrière tout cela ? Nous. Hannibal, Judith, Finnbjörn et moi-même. Alors pourquoi n’en avais-je aucun souvenir ?

Je pose un regard cristallin d’un sérieux rare sur mon jumeau. Cette idée ténue que mon esprit avait rapidement brodée, puis qui s’était envolée, revenait sur le devant de la scène, plus précise que jamais. Si j’étais capable, spontanément, de me dire qu’un petit Oubliette me mettrait hors de cause pour une simple bougie renversée, c’était d’une évidence limpide que l’esprit stratège de Finn aurait pu en venir à une telle extrémité si nous étions effectivement derrière les événements de l’année passée. Puis mon sourire revient, faisant voler en éclat ce calme presque sage que j’arborais et un petit rire me secoue. Non, je ne le savais pas. Comment pourrrais-je êtrrre au courrrant de quelque chose que tu ignorrres ? Mais aprrrès tout, ce n’est pas impossible. Tu avais bien cet oeuf, offerrrt parrr Grrrand-Pèrrre et je t’imagine sans mal tirrrer les ficelles de tout le rrreste. Je hausse les épaules pour marquer cette évidence. De qui tiens-tu cela ? Ce n’était pas que cela me semblait inconcevable - bien au contraire, en réalité - mais qui lui avait fourni cette information ? Grrrand-Pèrrre ? Je trrrouve ça étrrrange que tu viennes m’en parrrler avant même de mettrrre Hannibal au courrrant... J’en étais flattée, moi qui me plaignais constamment que Finnbjörn ne m’accordait pas assez d’attention, mais suspicieuse malgré tout. Et puis l’ombre s’évanouit tandis que je me laisse tomber sur le bord de mon lit, agitée d’un millier de questions. Est-ce pourrr cela que tu as perrrdu la mémoirrre ? Si oui, avait-il également réfléchi à un plan pour la retrouver par la suite, une fois que toute enquête serait désuète ? Était-il entrain de parcourir le passé pour trouver cette solution ?

L’idée que nous soyons les grands chefs d’orchestre de l’année dernière échauffait bien moins esprit que de mentionner Bluebell Sherwin. La question de Finn achève de réveiller ma haine, plus brûlante que jamais, et je ne me prive pas de lui dépeindre un tableau précis de ce que je pensais de cette garce. Cracher ce feu ardent me laisse le souffle court, contraste violent avec le calme qui n’avait pas quitté les traits de mon frère adoré. Il ne faisait preuve d’aucun étonnement, c’était presque comme s’il s’était attendu à tout ce que j’allais dire. Malgré tout, derrière son visage impassible, telle une statue antique, j’étais certaine de déceler de l’amertume. Satisfaite de ce que j’entendais, apaisée par cette force tranquille qui se dégageait de ses propos, je laisse la pression s’évanouir et le feu se rendormir. Face à n’importe qui d’autre, la pleine satisfaction que ses propos m’inspiraient se serait inscrite sur mon visage ; mais pas cette fois-ci. C’était comme si l’on venait de jeter un seau de glace sur le volcan qui bouillonnait en moi, l’éteignant d’un coup d’une efficacité redoutable. Dans toute mon aigreur et ma haine à l’encontre de Sherwin, j’en avais visiblement oublié à quel point mon frère jumeau s’avérait être un pilier solide et dont les décisions ne me décevaient jamais dès lors qu’il avait les informations nécessaires entre les mains. Il parvenait presque à me faire culpabiliser de cette rancoeur que j’avais eue à son égard et des doutes moqueurs que j’avais émis quant à sa loyauté. Loin de moi la volonté de te fairrre passer pourrr un ingrrrat, min elskede bror (mon frère bien-aimé). Je revenais toujours au norvégien et à la pureté de ses sons, de ses mots, de ses intonations, lorsqu’il s’agissait de se montrer plus sincère que jamais. Husker det godt fordi jeg ikke ville si det en gang, men det kan være at jeg er lei meg for å ha hatt et lite øyeblikk så lite hensyn til din lojalitet og at min tillit til deg gikk tapt i min harme til denne tispen (retiens-le bien car je ne le dirais pas une seconde fois, mais il se pourrait que je sois navrée d’avoir eu, un instant, si peu de considération envers ta loyauté et que ma confiance à ton égard se soit perdue dans mon ressentiment envers cette garce). Belle façon détournée de lui donner raison, ce qui n’arrivait qu’une fois tous les solstices d’hiver lors des années impaires des siècles dont la somme des chiffres donnait un nombre pair. Revenant me planter devant lui, je plonge dans son regard cristallin, exact reflet du mien. C’est qu’il est compliqué de savoirrr avec exactitude ce qu’il se passe là-dedans depuis des mois.

Un sourire flamboyant et mon orgueil volcanique reprend ses droits. Dans le feu de ma description peu flatteuse de l’autre vipère, j’en étais venue à défendre ardemment Junior. L’envie de parler de lui était pourtant parfaitement absente, et je me renfrogne légèrement. Cela fait des années que c’est le cas, je ne vois pas ce qui pourrrait avoirrr changé. Excepté le fait que mon meilleur ami m’ignorait royalement depuis de nombreux jours, blessant et ma fierté, et mon orgueil, et tout le reste qui tourbillonnait autour de notre amitié unique. Unique et branlante, ces derniers temps.
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Message(#) Sujet: Re: No time to die ♦ Erin & Finn No time to die ♦ Erin & Finn EmptyDim 19 Avr - 18:09


No time to die
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Evidemment... N'importe qui qui aurait une connaissance relative d'Erin saurait que ma seule compagnie ne saurait lui suffire. Je ne le prends pas mal, loin de là, et s'il est nécessaire qu'elle s'entoure sagement pour être bien cadrée, j'y céderais bien volontiers. Seulement, cette équation-là se passe volontiers de la présence de Bradford et de son sous-fifre, alors j'aime autant qu'elle se garde loin de ceux-là... « Enfin tu deviens rrraisonnable, je suis rrravi de l’entendrrre. » Si la pratique voulait bien se joindre à la théorie, j’en serais même comblé ! Comme si ma soeur avait décidé de cesser d’obéir à ses sautes d’humeur… j’imagine que pour lui éviter d’être lassée, il est nécessaire qu’elle trouve un cas social duquel avec lequel passer du temps. Elle me propose de me le présenter, pour apprendre à le connaître, et je laisse échapper - presque involontairement - un rire jaune grinçant. « Non merrrci, sans façon. » Mon temps est précieux, et le passer auprès d'un pareil incapable serait un gâchis sans nom. Mais mes lèvres sourient en l'entendant les désigner comme des minables... « Au moins tu en es consciente, j’imagine que c’est déjà toujourrrs ça de prrris. » réponds-je en haussant les épaules. Je n’insisterais pas davantage pour qu’elle laisse tomber ce bon à rien. S'opposer à la volonté d'Erin revient à jeter de l'huile bouillante sur un feu ardent, et je ne m'y risquerais pas : elle pourrait bien se promener au bras de cet imbécile simplement pour me provoquer...

Je me demande d'ailleurs si elle ne cherche pas simplement à me sortir de mes gonds avec ses petites histoires de meurtres. A-t-elle réellement eu cette discussion avec Phoenix, ou n'aspire-t-elle à rien d'autre que de me rendre fou ? « Et tu m’assurrres que ce n’était qu’une petite converrrsation banale ? » demandé-je, suspicieux. Le temps d'un instant, je suis tenté d'aller chercher la réponse tout seul, en sondant son esprit... Mais finalement, je m'en empêche au dernier moment, alors que je tente d'établir un contact visuel. Lui faire confiance est un choix à faire, et pour l'instant, je ne me sens pas apte à prendre cette décision... « Parrrce que le moment est plutôt mal choisi pourrr rrrefairrre le monde au sens prrroprrre. Au cas où tu l’ignorrrerrrais, tout le monde semble vouloirrr orrrner un crrrucifix. » laissé-je échapper en me tournant à nouveau vers la fenêtre, mon regard perdu sur le manteau de neige blanche et épaisse qui recouvrait le paysage. J'ignore si mes seules paroles peuvent la convaincre, mais j'imagine que je n'ai rien à perdre à essayer... Mais elle n'a pas intérêt à me mentir. Si je devais découvrir, tôt ou tard, qu'elle se joue de moi et qu'elle a décidé de jouer dans mon dos avec la vie d'étrangers, je me verrais dans l'obligation d'intervenir et de contacter notre aïeul.

C'est extrêmement étrange d'avoir à relater les évènements de l'année dernière à partir de souvenirs factices, qui ne m'appartiennent même pas. J'apprends à reconstituer les vestiges de ma mémoire, en allant piocher dans l'esprit de n'importe qui : des camarades, des voisins de table, des élèves croisés dans la bibliothèque... Toutes les images mentales sont bonnes pour assembler un récit fluide de la tragédie que nous avons organisée. Je ressens la terreur, la colère, l'effroi de voir pareille situation se reproduire... Mais mes émotions sont absentes : elles ne m'appartiennent plus. « Nous avons tous les quatrrre perrrdu la mémoirrre, moi plus que vous. » D'après Phoenix, c'était ma propre volonté. Je fais une pause, constatant qu'elle ne semble pas plus effarée que moi par notre attitude criminelle. « Il y a encorrre quelques zones d’ombrrres, mais il semblerrrait que nous ayons tous joué un rrrôle. L’imperrrium, ma crrréature, les poisons, la marrrque des Ténèbrrres, l’incendie… m’imagines-tu rrréellement orrrchestrrrer cela seul ? » demandé-je, avec l'ombre d'un sourire. Même sans souvenirs, je reconnais bien là la signature de chacun, et ma soeur jumelle n'y est certainement pas étrangère.

Quant à ce qui concerne Bluebell Sherwin, je n'éprouve pas l'envie de m'étendre davantage sur le sujet. Je me sens trahi. J'ai l'impression qu'elle m'a volé quelque chose, quelque chose de nettement plus important qu'un manteau de fourrure. Mélange de ressentiment et de frustration, une boule s'est formée à l'intérieur de ma gorge, tandis que je balaie le sujet d'un revers de main. De toute façon, il va bientôt être l'heure de retourner à Poudlard, nous nous sommes absentés dans cette reproduction fictive de notre demeure un peu trop longtemps... « Considérrrons donc que cette situation est éclairrrcie, et qu’elle ne mérrrite plus que nous nous y attardions. » Quels que soient les sentiments qui m'animent, je n'ai pas envie de les partager avec ma soeur. Ni avec qui que ce soit d'autre, et encore moins avec la principale intéressée, par ailleurs. En revanche, un rire légèrement sarcastique s'échappe spontanément de ma bouche lorsqu'elle prétend que sa relation avec Junior n'a pas changé... Elle a peut-être raison, après tout, je ne m'en souviens pas, je ne pourrais en témoigner. Je me lève, l'air de rien, et traverse le couloir, tenant la porte à ma soeur pour qu'elle me suive. « Ne t’es-tu pas demandée si tu n’avais pas toi-même changé, Errrin ? » demandé-je depuis le couloir, circulant entre les portraits de nos ancêtres, le torse fier.
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Message(#) Sujet: Re: No time to die ♦ Erin & Finn No time to die ♦ Erin & Finn EmptyDim 19 Avr - 19:34

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Mon sourire fauve pour seule réponse s’accentue alors qu’il décline ma douce proposition. Je n’hausse même pas les épaules tant cela m’indiffère : ce n’était pas comme si elle avait été teintée d’une quelconque sincérité. Misha est un camarade dont la compagnie me plaît, je ne me priverais pas de l’affirmer à la face de mon tendre jumeau. Il n’était cependant pas à la hauteur des miens ou de nos ambitions. S’il fallait le sacrifier sur l’autel des Sørensen, je n’hésiterais pas un instant, aussi passer à autre chose me convient parfaitement. Je n’ai pas le temps d’en perdre à détailler ce que je lui trouve, pas plus qu’à écouter Finnbjörn condamner mes fréquentations. Nous savions tous deux que rien ne m’empêcherait de n’en faire qu’à ma tête.

Le quiproquo que nous tissons à quatre mains m’amène sur la pente glissante d’une confession que j’aurais préféré éviter. Surtout en découvrant qu’il n’avait aucune connaissance de mon échange avec notre meilleure amie. Je me mords les lèvres, tente de détourner son attention, assez peu certaine d’y parvenir. Sa question me laisse silencieuse et il comble mon mutisme d’une mise en garde, fidèle à lui-même. Dans un soupir je me sépare du pilier en bois contre lequel j’étais appuyée pour déambuler dans ma chambre, bras croisés. Trahir la confiance de Phoenix me laisserait un goût amer. Mais étais-je capable de regarder Finnbjörn droit dans les yeux et lui assurer que je ne lui mentais pas ? Assurément pas. Il n’y avait qu’une chose qui surpassait toutes les autres, et c’était notre nom. Pour celui-ci, je ne pouvais jurer dire la vérité alors que ce n’était pas le cas et trahir la foi d’un des miens. Encore moins à mon jumeau. Changer de sujet, ironiser, rester vague, cela ne me posait pas le moindre problème. Me jouer de lui, jouer contre lui, le rendre fou dans une joie folle, tant que cela n’était rien de bien grave, je m’en délectais. Mais pas mentir éhontément en soutenant ce regard aussi cristallin que le mien. Pourtant mon cher frère me tourne le dos, son attention perdue dans le paysage qui se dessine par-delà ma fenêtre. Cela ne change rien et je me rapproche de lui, laissant ma joue reposer sur son épaule, perdant mon regard dans la même direction que lui, un autre soupir franchissant mes lèvres. Non, ce n’était pas une petite converrrsation banale fais-je, maussade, comme une enfant prise en faute obligée d’avouer son erreur. D’erreur, il n’y avait pas, puisque ça avait été volontaire. Mais ma moue n’en restait pas moins similaire à un tel cas de figure. Phoenix a de grrrands prrrojets. Ce ne sont que des desseins pourrr l’instant. Alorrrs je te laisserrrai aller lui demander ses plans, c’est aussi ta meilleurrre amie aprrrès tout. On se parrrtagerrra son courrroux, comme ça conclus-je, retrouvant mon aplomb suffisant et sarcastique, me décollant de mon jumeau pour lui adresser un sourire flamboyant.

Le réel sujet me fait retrouver un sérieux grave, quelques secondes du moins, avant qu’il ne vole en éclat, secoué par un rire fauve. Qui disparaît à son tour, laissant place à mille interrogations. Nous avions tous les quatre perdus la mémoire ? Je fronce les sourcils, à la recherche de souvenirs que j’aurais pu oublier. Les détails qu’il liste m’arrachent un sourire réjoui, bien plus ardent que la pauvre ombre qui flotte sur ses lèvres à lui. Non, en effet, quelques points me parrraissent êtrrre de notrrre frrrèrrre, de Judith ou bien de moi. La marque et l’incendie, était-ce possible ? Je laissais les manipulations à Hannibal et les potions à notre cadette. Cela ne me semble pas impossible, au contrrrairrre conclus-je avec haussement d’épaules. Que comptes tu fairrre ? Continuer de reconstituer le fil de l’histoire, et ensuite ? Reprendre là où nous nous étions arrêtés ?

Offensée qu’il prête si peu attention à ce qui s’apparente à des excuses de ma part, je lui jette un regard noir de ressentiment et m’éloigne un peu plus de mon jumeau. Il avait décidément un don pour attiser mon tempérament volcanique. Je lui passe devant, menton dressé de suffisance, ignorant son rire sarcastique, tandis qu’il me tient la porte, signe qu’il mettait là fin à notre entrevue. Je n’allais même pas l’attendre, pour la peine. Dans mon dos, j’entends ses pas réguliers et sa question me cueille de plein fouet, me faisant ralentir jusqu’à ce qu’il revienne à mon niveau. Je ne suis pas celle de nous deux qui a le plus changé fais-je avec mauvaise humeur tandis que nous laissons derrière nous cette fidèle réplique de notre demeure familiale chérie.
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