« Haloo ? Voinko auttaa sinua ? » (bonjour ? je peux vous aider ?) Vivian fronça les sourcils en avisant l'étrange bonne femme qui venait de sonner à sa porte. Habillée d'une longue robe verte émeraude et ses cheveux sombres ramenés en chignon disparaissant sous un drôle de chapeau pointu, la nouvelle venue fixait Vivian d'un regard assez stricte, caché par des lunettes à monture rectangulaire. Avec sa posture presque raide, il en fallait de peu pour que Vivian ne la prenne définitivement pour une folle échappée d'un asile. « Bonjour, répondit-elle d'une voix ferme. Je suppose que vous êtes Vivian ? » L'intéressée écarquilla les yeux en comprenant que son invité venait de lui parler anglais. Vivian était loin d'avoir un excellent niveau d'anglais. Après tout, de ses 6 ans à 9 ans, elle avait pris des cours à domiciles, qui n'étaient pas toujours aussi approfondis que ceux qu'elle aurait pu avoir en se rendant à l'école. Néanmoins, depuis août 2019, lorsque Ruuben et elle avaient appris leur condition de sorciers, Vivian était retournée à l'école. La véritable école, avec bien d'autres enfants, qui ne semblaient pas, d'ailleurs, très désireux de l'intégrer aux différents groupes déjà formés. Vivian s'en fichait pas mal, de se retrouver seule. Peut-être faisait-elle trop peur aux autres, avec son attitude un peu froide. Enfin, le seul fait de retrouver une éducation plus décente lui avait permis de se découvrir un goût prononcé pour les cultures étrangères, et elle avait plutôt bien progressé en anglais. Cela ne l'avait pas empêché, pourtant, de ne comprendre que la moitié de ce que la bonne femme venait de lui demander. En dehors de son nom et de "bonjour", le reste des mots avaient perdu leur sens avec la vitesse de prononciation. A l'expression déconfite de la brune, la femme, toujours plantée sur le palier, sembla comprendre que son interlocutrice n'avait rien compris. Elle reprit d'une voix légèrement agacée, mais plus lente. « Êtes-vous Vivian ? » Ce fut cette fois bien plus aisé pour Vivian de comprendre la question, aussi s'empressa-t-elle d'hocher la tête. « Vos parents sont-ils là ? » Vivian se mordit la lèvre. Elle avait bien entendu le mot "parents", mais la bonne femme avait repris son débit de paroles initial, et le reste de la phrase était trop flou pour que Vivian soit sûre d'avoir bien compris. Face à elle, la femme soupira. « Ruuben ? demanda-t-elle simplement. » Cette fois-ci, Vivian avait bien compris le nom de son frère. Néanmoins, elle ne voyait vraiment pas où voulait en venir la femme aux lunettes. Elle se contenta d'hausser les épaules, perdue. La voix de son père lui parvint alors, lui faisant tourner la tête au moment où l'autre se mettait à fouiller ses poches. « Vivian, kuka se on ? — En oikeasti tunne isää, hän puhuu vain englantia, répondit-elle. Hän on kuitenkin todella outo, ehkä meidän pitäisi soittaa poliisille..., ajouta-t-elle en ricanant. » (Vivian, qui est-ce ?) (je ne sais pas trop papa, elle ne parle que l'anglais. par contre, elle est vraiment bizarre, on devrait peut-être appeler la police...) Elle entendit son père râler dans son dos, comme quoi il lui fallait être plus respectueuse. Mais elle ne l'écoutait plus. Elle venait de se retourner vers le perron, où la bonne femme tenait désormais deux enveloppes dans sa main, ainsi qu'un long bout de bois, que Vivian aurait reconnu entre mille. Elle poussa une exclamation de joie, qui fit sursauter Minerva McGonagall. « Hän on noita ! Isä, hän on noita ! Ja hän puhuu englantia ! Voi luoja, jos niin on, voimme mennä Tylypesäpuolelle ! hurla-t-elle sans retenue. » (c'est une sorcière ! papa, c'est une sorcière ! et elle parle anglais ! oh mon dieu si ça se trouve on va pouvoir aller à poudlard !) Ces quelques mots avaient suffi à rameuter toute la maison sur le pas de la porte. Ruuben avait été le premier à apparaître au côté d'une Vivian complètement surexcitée qui sautillait sur place. Il avait fallu attendre l'arrivée de Tyko puis d'Anni pour que quelqu'un daigne enfin laisser entrer la directrice McGonagall, qui ne comprenait rien aux mystérieux échanges de Vivian et de Ruuben, discutant en finlandais à une vitesse ahurissante.




L'entretien avec Minerva McGonagall avait duré plusieurs heures. Vivian et Ruuben en étaient ressortis étourdis de nouvelles informations. La brune en avait appris plus sur elle-même en l'espace de trois heures avec la sorcière, qu'en l'espace de deux ans à l'école. Ruuben, lui, n'avait jamais autant connu ses parents biologiques. A vrai dire, il s'était mis à pleurer dès que la directrice avait avoué être ici car les parents du jeune garçon lui avaient remis une lettre avant de partir, et de mourir. Une lettre pour Ruuben. De savoir que le professeur McGonagall avait connu ses parents lorsqu'ils étaient plus jeunes l'avait bouleversé. De lire la lettre avait été chose plus compliquée. Ruuben sanglotait sur le papier, où l'écriture délicate de sa mère s'étalait sur des pages et des pages. Il avait mis plus d'une heure à tout lire. Puis, Minerva McGonagall avait pris le temps de rassurer Tyko et Anni, de leur expliquer tout ce qu'il y avait à savoir sur le monde des sorciers, sur Poudlard, sur l'avenir de leurs enfants. Vivian avait eu envie de relater toute la discussion sur un petit carnet qu'elle refusait d'appeler "journal intime", mais elle avait vite réalisé qu'elle n'aurait jamais la place de tout rapporter tant la discussion s'était éternisée sur des détails complètement incroyables. Lorsque finalement McGonagall prit le chemin du retour, il était près de sept heures du soir : elle était restée pendant presque six heures. Lorsque Vivian referma la porte d'entrée derrière la robe émeraude, elle se précipita vers le salon où Tyko et Anni semblaient plongés en pleine réflexion. Ruuben, lui, s'était endormi sur le fauteuil, la lettre de sa mère entre ses mains. « Mennään Tylypahkaan, eikö niin ? Voi sääli, kerro meille menemme ! supplia-t-elle avec enthousiasme. » (nous irons à poudlard, n'est-ce pas ? oh pitié, dites-moi que nous y allons !) Vivian s'était jetée aux pieds de ses parents, le regard implorant. Tyko soupira au moment où Anni leva les mains en signe d'impuissance. « Isäsi ei halua kuulla mitään..., s’excusa-t-elle. » (ton père ne veut rien entendre...) Vivian se tourna vers le principal intéressé, qui tenta de paraître plus ferme. « Pidän sitä mitä sanoin : et asu yksin Englannissa. » (je maintiens ce que j'avais dit : vous n'irez pas vivre seuls en angleterre) Vivian se releva d'un bond furieux. Son expression avait changé en un quart de seconde. « Miksi ? Emme ole enää vauvoja ! Kuulit opettajan : siellä on sisäoppilaitos, koulu on turvallinen... mitä muuta haluat ? Se on meille tärkeää ! Etkö ymmärrä sitä ? » (pourquoi ? nous ne sommes plus des bébés ! tu as entendu le professeur : il y a un internat, l'école est sécurisée... qu'est-ce que tu veux de plus ? c'est important pour nous ! tu ne comprends pas ça ?) Vivian n'avait jamais aimé hurler sur ses parents. Pourtant, elle n'avait pas pu se retenir. Son père ne comprenait rien à rien. Il ne voyait pas à quel point Vivian avait besoin de trouver sa place quelque part et de changer d'air. Il ne voyait pas à quel point Ruuben rêvait d'étudier et d'avancer sur les traces de ses parents. Tyko écarquilla les yeux face à la colère foudroyante de sa fille. Il se tourna vers sa femme, dans l'espoir d'obtenir un peu de soutien, mais cette dernière semblait plutôt se placer dans le camp de ses enfants. Ruuben se réveilla en sursaut en entendant la voix de sa sœur s'élever. Personne ne s'en rendit compte. « Vivian, kuuntele. Ymmärrät, että et voi hallita yksin siellä. Sinulla olisi oltava joku mukanasi, ja se ei ole mahdollista, tenta-t-il d’expliquer le plus calmement possible. » (Vivian, écoute. tu comprends que vous ne pouvez pas vous débrouiller seuls là-bas. il faudrait quelqu'un avec vous, et ce n'est pas possible.) Les poings de la brune se serrèrent alors que son regard se faisait plus froid encore. « Etsit vain tekosyitä ! » (tu te cherches simplement des excuses !) Anni se redressa soudainement, le visage éclairé. Un sourire étira ses lèvres alors qu'elle s'empressait de couper la parole à son mari. « Oikeastaan ​​he voisivat mennä. Olen varma, että hän toivottaa heidät tervetulleeksi ! ajouta-t-elle mystérieusement. » (à vrai dire, ils pourraient y aller. je suis sûre qu'il se ferait un plaisir de les accueillir !) Tyko tourna la tête vers sa femme, complètement perdu. Ruuben, lui, s'était redressé d'un seul coup. « Aaron-setä ! s’exclama-t-il alors. » (oncle Aaron !)




« Hitto, se on ollut ikuisesti siitä lähtien kun olen ollut täällä ! En tiennyt kuinka paljon kaipaan Suomea... » (bon sang ça faisait vraiment une éternité que je n’étais pas venu ! je n’avais pas réalisé à quel point la Finlande me manquait...) Aaron jeta un regard circulaire aux environs de la maison avant de se jeter dans les bras d’Anni. « Kaipasin sinua liian iso sisko ! » (toi aussi tu m’avais manqué grande soeur !) La principale intéressée laissa échapper un petit rire. « Toivon todella niin ! » (j’espère bien oui !) Ruuben dévala le perron de la maison pour se jeter dans les bras de son oncle. « Setä Aaron ! On hienoa nähdä teidät taas ! » (oncle Aaron ! c’est super de te revoir !) Aaron l’attrapa en plein vol pour le faire virevolter quelques instants. « Poikani, kuinka olet kasvanut ! Olen niin onnellinen voidessani toivottaa sinut taloni. » (mon bonhomme, comme tu as grandi ! je suis si content de pouvoir vous acceuillir chez moi.) Ruuben ricana et jeta un regard en arrière vers Vivian, qui sortait elle aussi de la maison pour venir saluer leur oncle franchement débarqué. « Meistä kahdesta Vivian on kärsimätön. » (de nous deux, c’est Vivian la plus impatiente.) La brune s’avança vers son oncle et le prit dans ses bras. « Se on totta, avoua-t-elle, pelkäsin etten koskaan löytäisi Tylypahkaa. — Ja minusta tuntuu siltä kuin hän haaveisi jättää meidät uskoakseen, että emme enää luota, grommela Tyko. — Isä..., se moqua Vivian, sanot mitään. Kaipaan sinua, mutta minun piti mennä sinne, tiedät. » (c’est vrai, j’avais peur de ne jamais pouvoir découvrir Poudlard.) (et moi j’ai l’impression qu’elle rêve de nous quitter, à croire qu’on ne compte plus.) (papa... tu dis n’importe quoi. vous allez me manquer, mais j’avais besoin d’aller là-bas, tu le sais.) Tyko se gratta l’arrière de la tête, gêné. A force d’avoir insisté, Vivian et Anni avaient réussi à faire craquer Tyko. Il avait eu du mal à s’imaginer voir ses deux plus jeunes s’envoler vers un pays si lointain à ses yeux, mais il avait réalisé à quel point c’était quelque chose qui leur tenait à coeur, et notamment pour Vivian. L’école n’était pas facile pour elle. Sa maladie l’avait tenue à l’écart de tous contacts avec les autres de son âge, et l’école, elle l’avait redécouverte depuis peu. Elle n’avait aucune idée de la manière dont elle devait agir avec les autres, de ce qu’elle devait dire et ne pas dire. Bon, elle avait vite appris à ses dépends qu’elle devait éviter d’affirmer qu’elle était une sorcière. Les jeunes de son école riaient tous quand elle passait depuis qu’elle avait eu le malheur de le dire à un gamin qui l’embêtait avec sa maladie. Depuis, elle préférait passer son temps seule. Surtout quand elle avait appris qu’elle se rendrait en Angleterre d’ici le mois de mars. A quoi bon se lier d’amitié ? Et puis, la maison l’étouffait un peu. Parfois, elle avait l’impression de revivre de vieux souvenirs, qui n’étaient pas toujours des plus agréables. « Älä huoli Tyko, minä huolehdin heistä, assura Aaron en souriant. » (ne t’inquiète pas Tyko, je prendrais soin d’eux.) Le père soupira et offrit une brève accolade à son beau-frère. « Tiedän että voin luottaa sinuun, Aaron, kiitos. » (je sais que je peux te faire confiance Aaron, merci.) Anni leva les yeux au ciel en riant. « Mitä voit joskus liioitella, s'amusa-t-elle. — Kuten, mutta Elias ei ole muuten siellä ? remarqua Aaron. — Mitä ? Kuinka voit ajatella että kaipaisin setäni saapumista, ja siskoni poistumista ? s'exclama dramatiquement une voix dans le dos d'Aaron. » (ce que tu peux exagérer parfois.) (tiens, mais Elias n’est pas là au fait ?) (quoi ? comment pouvez-vous penser que je manquerais l’arrivée de mon oncle, et le départ de ma fratrie ?) Vivian ricana avant de soupirer lorsque son frère aîné vint lui ébouriffer les cheveux. « Itse, asiassa melkein unohdin viedä junani kotiin tänä aamuna, rit-il. » (en réalité, j’ai bien failli oublier de prendre mon train pour rentrer ce matin.) Vivian lui donna un coup d’épaule. « Unohdit tulla ja sanoa hyvästit ? — Mutta ei, assura-t-il ironiquement. » (tu aurais oublié de venir nous dire au revoir ?) (mais non.) Vivian le fusilla du regard, un infime sourire aux lèvres. Elle était contente de revoir son frère. Ses études à Helsinki le tenaient éloigné de la maison pendant longtemps. Il voulait devenir pilote, et ce n’était pas de tout repos pour lui. Il revenait rarement, et son retour était toujours une joie pour sa famille. « Vaikka olisin voinut kieltää sinut : miltä näytän kahden velhon välillä ? se lamenta-t-il. » (quoique j’aurais pu vous renier : j’ai l’air de quoi moi, entre deux sorciers ?) Ruuben leva les yeux au ciel. « Jouduimme korvaamaan, déclara ce dernier, meillä on myös syytä häiritä sinua. — Olen samaa mieltä ! ajouta Vivian en donnant une petite claque derrière la tête de son frère aîné. — Voi sinä ! rugit-il, anteeksi pikkuinen ! » (il fallait bien compenser, on aura une raison de t’embêter nous aussi.) (je suis bien d’accord !) (oh toi ! tu vas le regretter petite !) Vivian eut à peine le temps de pousser un cri qu’Elias l’avait déjà basculée par-dessus son épaule pour courir jusqu’à la maison. Le hurlement de Vivian fut étouffé par la porte qui se referma à leur suite. « Oikaisu, maugréa Tyko : pidä niitä niin kauan kuin mahdollista ! » (rectification, maugréa Tyko : garde-les le plus longtemps possible !)




Aaron était resté deux jours, le temps que les dernières préparations se fassent. Vivian était à la fois paniquée et impatiente. Ruuben, lui, avait eu l’idée saugrenue de ne plus parler un seul mot de finnois jusqu’à leur arrivée en Angleterre. A dire vrai, il ne disait plus grand chose. Vivian avait eu plus de mal à partir qu’elle ne l’aurait imaginé. Elle n’avait pas pu s’empêcher de pleurer. Certes, elle allait découvrir une toute nouvelle partie d’elle-même, mais sans cette famille qui avait tout fait pour elle et qui avait toujours été là. C’était compliqué mais elle s’en sentait tout de même capable.
La petite maison d’Aaron se situait non loin du coeur de Londres. Elle était décorée avec beaucoup de goût, ce qui avait fait ricaner Ruuben qui s’était moqué de son oncle. Le premier soir avait été particulier. Les trois compères s’étaient baladés dans le parc non loin de là, s’étaient achetés des tacos et avaient mangé à l’arrache sur un banc. Vivian avait du mal à croire qu’elle était vraiment en Angleterre, et que d’ici quelques mois, elle serait à Poudlard. Lorsqu’elle s’était couchée dans son lit, Ruuben ronflait déjà près d’elle. Elle avait fixé le plafond pendant de longues minutes avant de sombrer dans les bras de Morphée.
Les 5 mois suivants s’étaient écoulés avec une lenteur absolue aux yeux de Vivian. Avec Ruuben, elle passait son temps à étudier et à travailler son anglais. C’était éreintant, compliqué, mais elle y mettait tout son coeur tant elle voulait être sûre de ne pas être refoulée aux portes de l’école de magie. Pendant ces 5 mois, elle avait presque eu l’impression d’avoir tout rêvé. Qu’en réalité, la magie n’était pas plus vrai que les licornes. Jusqu’à ce que Minerva McGonagall ne vienne toquer à leur porte pour donner à Vivian sa liste d’affaires à acheter, ainsi qu’une bourse dans laquelle s’entrechoquaient une cinquantaine de Gallions d’or. Vivian les avait précieusement rangés avec une intense fascination.
C’est ainsi que le 10 août, Vivian, Ruuben et Aaron faisaient leur entrée sur le Chemin de Traverse. La brune avait du mal à croire tout ce qu’elle voyait. Entre le magasin de balais, celui de baguettes ou encore celui de hiboux, elle ne savait plus où donner de la tête. « Bon il faut maintenant acheter tes euh… tes chaudrons, énonça Aaron, dans un anglais délibérément articulé. » Ils avaient tous les trois décidés, d’un commun accord, de parler anglais le plus souvent possible, forçant ainsi Vivian et Ruuben à utiliser cette langue-ci plutôt que leur langue maternelle, qui leur venait bien plus facilement. « Je n’ai pas la moindre idée de où il se trouve, marmonna Vivian. » Prenant les devants, Ruuben s’avança poliment vers un jeune de son âge pour le questionner. « Excusez-moi, pourriez-vous nous indiquer le magasin de chaudrons s’il vous plaît ? » Une grimace de profond dégoût étira les lèvres du garçon, qui s’écarta vivement en marmonnant quelques mots comme “Sang-de-Bourbe” ou même “invasion”. Ruuben n’y comprenait rien, jusqu’à ce qu’une jeune femme d’une trentaine d’années ne s’avance vers eux. « Ne prêtez pas attention à ce genre d’individus, ils sont invivables. — Qu’est-ce que veut dire “Sang-de-Bourbe” ? demanda Vivian en fronçant les sourcils, persuadée que ce n’était pas des mots doux. — C’est une insulte, avoua-t-elle, gênée, pour désigner les sorciers nés de parents moldus. Comme vous je suppose. C’est votre première fois sur le Chemin de Traverse ? demanda-t-elle avec un sourire. » Aaron se chargea de poursuivre la discussion dans un anglais bien plus rapide, alors que Ruuben se rapprochait de sa soeur pour calmer son regard noir. « Älä anna heidän provosoida sinua. Olen varma että Tylypahkassa on sellaisia ​​opiskelijoita. Sinun ei pitäisi reagoida, muuten saat itsesi vaikeuksiin. » (ne les laisse pas te provoquer. je suis sûr qu’il y aura des élèves comme ça à Poudlard. il ne faudra pas réagir, sinon tu pourrais t’attirer des ennuis.) Vivian grommela mais finit par hocher la tête. Le reste de leurs achats se passa sans le moindre accroc. La jeune sorcière, qui s’appelait Luise, les avait guidé dans leur tour, de la librairie jusqu’au magasin d’Ollivander, le vendeur de baguettes. Elle leur avait même offert un verre dans un petit café. Lorsqu’ils s’étaient séparés, Vivian était persuadée qu’Aaron lui avait demandé un moyen de la joindre, ce qui n’avait pas manqué de la faire sourire.
Vivian avait préféré ne pas prendre d’animal de compagnie pour le moment. Elle ne se sentait pas prête à découvrir une nouvelle manière de vivre tout en devant s’occuper d’une bestiole magique. Et puis, elle n’aimait pas l’idée de dépenser tout l’argent que le professeur McGonagall lui avait si gentiment offert. En réalité, Ruuben lui avait proposé de le lui offrir, ce nouveau compagnon : lors de sa dernière visite, McGonagall lui avait donné la clé du coffre de ses parents biologiques, à la banque sorcière qui se trouvait sur le Chemin de Traverse. On pouvait presque dire que Ruuben roulait sur l’or, mais il ne prenait pas la peine de se vanter. Il avait juste pris une poignée de pièces, pour leurs prochains achats scolaires. Mais de la même manière, Vivian avait refusé d’utiliser l’argent qui lui appartenait. En tout cas, pour le moment. Elle n’était pas si bête que ça : elle savait que l’année prochaine, ses affaires scolaires seraient achetées avec l’argent de son frère. Après tout, elle ne voyait pas comment elle pourrait en gagner elle-même.




Trouver le Poudlard Express n’avait pas été une mince affaire pour Vivian. Elle n’aurait jamais pensé qu’il lui aurait fallu littéralement traverser un mur. Mais après réflexion, tout ce qui touchait à Poudlard était loin d’être anodin. Après tout, elle était arrivée jusqu’au château en barque, avait rejoint sa maison sous les conseils d’un chapeau parlant, et devait subir quotidiennement les caprices des escaliers de l’école. Elle étudiait les sortilèges, la défense contre les forces du Mal, le vol sur un balais. Y avait-il plus étrange encore ? Elle n’en était pas certaine.
L’intégration n’était pas chose aisée pour la jeune femme. Elle avait tous les désavantages possibles : elle était une née-moldue, statut qui plaisait peu, elle était bien incapable de savoir comment aller vers les autres, et pour finir, son anglais était à la limite du raisonnable. Elle ne comptait plus le nombre de fois désormais où elle avait répondu en finnois à ses professeurs. Les mots lui échappaient si vite qu’elle avait bien du mal à se rappeler qu’elle devait vraiment se forcer à parler anglais.
Pourtant, l’année avait filé à la vitesse de la lumière. Vivian progressait, et se sentait plus que jamais à sa place. Elle avait profité des vacances de Noël pour revoir sa famille, et avait alors passé ses deux semaines à raconter les moindres détails de sa vie au château. Cela la fit rire devoir que son père prenait un soin particulier à lui poser des questions très précises sur sa qualité de vie, sur ses amis, sur ses professeurs, et sur la sécurité de l’école. Elle s’était presque sentie soulagée d’échapper à ses griffes en retournant à Poudlard. Et finalement les grandes vacances étaient arrivées bien plus vite qu’elle ne l’avait prévu. Elle avait hâte que Ruuben découvre ce monde lui aussi. Rien que de retourner sur le Chemin de Traverse pour leurs achats l’avait complètement surexcité, mais de traverser le mur jusqu’à la voie 9 ¾ avait été le summum de son bonheur.




« Vivian, ne me laisse pas seul, qu’est-ce que je dois faire ? paniqua Ruuben en voyant sa soeur s’éloigner à la sortie du train. » La brune ricana et le poussa vers les autres première année. « Suis le mouvement nigaud, comment crois-tu que j’ai fait l’année dernière lorsque j’étais seule ? — Logiquement, mon avantage c’est que je t’ai toi ! contra Ruuben en soupirant. — Pas pour le moment ! cria Vivian avant de disparaître en riant. » Elle laissa son frère en plan et se précipita vers les calèches avec les autres. Elle avait une telle hâte de commencer sa deuxième année, au côté de son petit frère, qu’il soit dans la même maison ou non. Au contraire, Vivian espérait qu’il soit envoyé autre part. Elle avait bien envie de pouvoir se moquer de lui si sa maison gagnait la Coupe. Ce serait bien plus drôle d’être adversaires pour une fois.

Les explosions semblaient venir de partout autour d’elle. Vivian ne savait plus où donner de la tête. Sa main droite était violemment crispée autour de sa baguette, dans l’espoir qu’elle puisse s’en servir, mais ce n’était que le mois d’octobre et Vivian ne connaissait que peu de sorts, comparé au septième année de sa maison qui s’afféraient pour calmer les plus jeunes. C’était peine perdue, et Vivian l’avait senti dès le début. Quelque chose se tramait, et en tant que née-moldue, elle avait bien peu de chances d’avoir une bonne place dans ce capharnaüm qui s’installait. Peu lui importait qu’on l’enferme aux cachots, comme cela semblait être le dessein de ces Mangemorts. Elle ne savait pas où était Ruuben, et c’est ce qui l’inquiétait. Elle avait entendu dire que certains étaient morts. McGonagall en était, et Vivian en avait pleuré. Elle appréciait tant la Directrice, qui était venue la sortir de sa Finlande natale pour l’inviter ici. Qui l’avait aidée, conseillée. Et elle n’était plus, et Vivian avait si peur que Ruuben ait connu le même sort qu’elle en tremblait de tout son corps. En tout cas, elle n’avait toujours pas aperçu son visage parmi les prisonniers des cachots. Elle tentait de se rassurer : après tout, Ruuben était un sang-pur lui. Peut-être avait-il été épargné ? Ce que Vivian redoutait, c’était qu’il refusât de faire profil bas. Elle le savait de sang-froid, sauf dans une situation bien précise : lorsque sa famille était en danger.

L’année avait été la plus longue de toute son existence. Vivian ne savait plus comment garder espoir. Elle avait passé sa vie à se battre. Et elle n’en pouvait plus, de se battre. Elle était fatiguée. Elle avait froid. Elle avait peur. Elle était inquiète. Comment allait Ruuben ? Comment allait Aaron, Elias, sa mère, son père ? Que pensaient-ils de tout ça ? Elle voyait déjà Tyko lui interdire de revenir ici. Enfin, si elle parvenait seulement à s’en réchapper. Elle n’en était pas sûre. Elle entendait bien quelques murmures d’une rébellion, mais elle n’était pas certaine de la voir aboutir, ou encore moins réussir. Elle ne s’était jamais sentie aussi défaitiste. Elle se revoyait, âgée de 6 ans, sa brosse dans une main, ses cheveux dans l’autre. Elle ressentait encore cette douleur sourde qui l’avait accablée. Elle haïssait sa vie à cet instant. Elle aurait préféré mourir plutôt que de perdre ses cheveux. A quoi pouvait-elle ressembler sans ses cheveux ? A rien. Elle était affreuse. Laide. Un monstre. Elle le savait, même si Ruuben lui disait qu’il l’a trouvait encore plus belle, ou qu’Elias lui racontait sans cesse que les cheveux avaient besoin d’être coupé pour renaître. Vivian n’avait pas la force de renaître. Pourtant, elle l’avait fait. Mais aujourd’hui, sur ce sol froid, derrière ces barreaux glacés, elle ne croyait plus en rien. La seule chose dont elle rêvait, c’était d’attraper son violon, et de jouer pendant des heures. Puis, de s’installer à son piano, et de jouer pendant des jours. Puis de chanter pendant des mois. Et enfin de pleurer pendant des années. C’était tout ce dont elle avait la force de rêver.
Sa libération n’était dans sa tête qu’un souvenir terriblement flou. Elle ne parvenait pas à se rappeler des visages, des sons, des images. Son cerveau ne lui offrait qu’un brouillon noir. Sa mémoire reprenait lorsqu’elle avait enfin croisé le regard de son petit frère. A cet instant, elle avait entendu son propre coeur se craqueler. Le son avait résonné en elle. Ruuben n’était plus que l’ombre de Ruuben. Un gamin recroquevillé sur lui-même, le regard vide, perdu dans la foule. Les bras ballants, la voix cassée, les jambes tremblantes. Ruuben n’était plus Ruuben.




Ruuben n’était plus Ruuben. Ruuben ne parlait presque plus. Ruuben se souriait plus. Ruuben n’avait plus ri. Vivian avait tout tenté. Les blagues, les discussions, les accolades, les balades. Ruuben n’avait jamais réagi. Et Vivian ne pouvait empêcher la propagation de cet affreux sentiment culpabilité au creux de son coeur.
Comme elle l’avait prévu, Tyko avait catégoriquement refusé que ses enfants retournent au château. Vivian avait pleuré, avait perdu patience, avait hurlé, et avait fini par s’enfermer dans sa chambre à Londres, bien déterminée à ne jamais en sortir. Ses parents avaient été obligé de faire eux-mêmes le déplacement pour prendre des nouvelles. Aaron leur avait expliqué tout ce qu’il s’avait. Ruuben n’avait toujours pas prononcé un seul mot. Il n’avait même pas sourcillé lorsque Anni était venue lui parler. Vivian, elle, avait refusé d’ouvrir la porte. « En poistu huoneestani ennen kuin olen varma että voin palata Tylypesähön. » (je ne sortirai pas de ma chambre tant que je n’aurais pas la certitude de pouvoir retourner à Poudlard.) Tyko avait vite perdu patience lui aussi. Il s’était énervé sur la porte, jusqu’à ce que Vivian intervienne, sans avoir à tourner le loquet. « Olen tyttäresi yhtä paljon kuin noita. Olen aina taistellut. Olen ehkä heikentynyt toisinaan, olen ehkä pudonnut. Mutta en koskaan tukenut. Enkä koskaan halua tehdä sitä. » (je suis votre fille tout autant que je suis une sorcière. je me suis toujours battue. j’ai peut-être faibli par moment, je suis peut-être tombée. mais je n’ai jamais reculé. et je ne veux jamais le faire.) Tyko avait été si médusé, qu’il avait dit oui sans plus de réflexion.
Vivian se fichait pas mal d’avoir réussi à convaincre son père. Ce qu’elle voulait faire, c’était convaincre son frère aussi. Le soigner de son mal. Alors elle avait fait la dernière chose qui lui passait par la tête. Aaron n’avait pas de piano, mais Vivian avait son violon. Elle était entrée dans la chambre de son frère sans même toquer. Et elle avait joué pendant près d’une heure sans jamais s’arrêter. A une vitesse ahurissante, comme elle ne l’avait jamais fait. Elle avait fermé les yeux, pour ne plus voir son frère. Et elle avait joué. Lorsqu’elle avait relevé l’archer, elle savait qu’elle devrait en acheter un autre. Mais en rien elle n’avait regretté son choix, lorsque Ruuben l’avait fixé quelques instants avant de se mettre à pleurer. C’était l’un des premiers signes de vie qu’il avait donné depuis bien longtemps.




Le trajet jusqu’au château avait été affreux pour Vivian. Déjà parce que Ruuben, s’il parlait un peu plus, ne le faisait jamais de plein gré. Et ensuite parce que tous les élèves semblaient affreusement marqué par l’année passée. Les traits tirés, les yeux apeurés. Vivian priait pour ne pas ressembler à ça. Elle avait bien fait quelques séances chez un psychologue, mais les horreurs qu’elle avait vécu étaient toujours là, elle le sentait. Elle ne cherchait pas à les ignorer. Elle essayait juste de rebondir dessus, repartir vers l’avant comme elle le pouvait.
L’année avait été plus dure que jamais. Redoubler n’était pas chose appréciable, bien que cela soit nécessaire. Vivian se sentait déstabilisée d’avoir certains cours en commun avec son frère, mais d’un côté, elle pouvait garder un oeil sur lui. Il paraissait complètement désintéressé de tout, mais Vivian le voyait prendre assidûment ses notes. Cela la rassurait de voir qu’au moins, il ne laissait pas tomber les cours.
Vivian, elle, était plus déterminée que jamais à ne plus se laisser faire. Elle était horrifiée de voir que les élèves pro-sang-pur étaient toujours bien présents au sein de l’enceinte de l’école, et que certains ne se gênaient pas pour se moquer ouvertement des né-moldus. Elle ne s’étaient jamais sentie autant en colère de toute sa vie.
Elle avait passé l’année ainsi. A osciller entre rage, mélancolie et inquiétude pour son frère. Ce n’était pas un mélange des plus agréables, mais cela avait le mérite de lui prouver qu’elle vivait toujours, et ce plus que jamais.




La rentrée de sa troisième année (en réalité, sa quatrième) s’était passée avec plus de calme. Une évolution s’était faite sentir chez Ruuben. Il ne semblait plus vraiment amorphe, mais plutôt incroyablement calme. Il semblait simplement avoir perdu sa joie de vivre. Il parlait un peu plus, mais du jeune garçon dynamique et souriant, il ne restait qu’un élève effacé et presque timide. Vivian continuait de le surveiller comme elle le pouvait, mais l’arrivée des lettres anonymes et des badges rouges lui accaparèrent bientôt toutes ses pensées. Il était certain qu’une fois encore, les pro-sang-pur tentaient d’étendre leur désespérante vision des choses à toute l’école. Vivian voyait les badges se multiplier comme des petits pains, et elle commençait à prendre peur en voyant des élèves le porter alors qu’elle les pensait digne de confiance.
L’année fut compliquée aussi pour Vivian. Elle ne savait plus à qui laisser sa confiance. Elle tentait de protéger son frère tout en se protégeant elle-même. Elle crut défaillir lorsqu’un jour elle vit Ruuben entrer dans la Grande Salle, le badge fièrement accroché à sa robe de sorcier. Elle avait pleuré toute la nuit suivante, et n’avait plus parlé à personne pendant une semaine entière. Lorsqu’elle avait finalement réussi à arracher les vers du nez à son frère, elle eut presque envie de le jeter dans le lac noir en apprenant qu’il cherchait juste à jouer aux espions. Elle avait attrapé le badge et l’avait jeté au feu. Ruuben ne lui avait plus parlé pendant une semaine.
La créature fut l’événement suivant. Si Vivian n’était pas particulièrement apeurée par la créature en elle-même, elle s’inquiétait bien plus des dégâts qu’elle pourrait engendrer. Elle avait même insisté pour rester à Noël, échappant ainsi aux éternels questionnements de sa famille. Vivian avait envie de faire quelque chose pour aider. Mais en tant que née-moldue, elle était mal placée pour jouer aux espionnes chez les sang-pur. Durant une fraction de secondes, elle en vint presque à regretter d’avoir brûlé le badge de son frère. Elle s’était maudit de cette pensée pendant deux jours. La brune avait presque l’impression de devenir folle. Dès que quelqu’un tentait de s’approcher d’elle, elle avait l’impression d’y voir une tentative de meurtre. Elle entendait la créature dans tous les tuyaux, et elle ne se sentit soulagée que lorsque cette dernière fut belle et bien annoncée morte.
Si Vivian avait espéré passer une fin d’année plus calme, elle s’était trompée sur toute la ligne. Quand elle pensait que tout allait désormais pour le mieux, le Feudeymon prit d’assaut l’école, avalant tout sur son passage. Une grosse partie du château partit en fumée. Des morts furent à déplorer. Et quand Vivian crut que cela ne pouvait pas être pire, elle finit par toucher le fond. 3 jours après son retard chez Aaron, la sentence était donnée : un brusque malaise l’avait conduite à l’hôpital, où on lui annonça qu’elle devait reprendre un traitement. La maladie menaçait de véritablement refaire surface, et il fallait la contrer au plus vite.

Ces vacances d’été ne lui avaient jamais paru aussi longues. Chaque matin, elle regardait sa boîte de médicaments avec désespoir. Elle ne bougeait pas de la maison : les médecins préféraient qu’elle ne soit pas trop exposée à la pollution pendant au moins un mois. Vivian passait son temps à jouer de la musique, ou même à chanter parfois. Ruuben la surprit un jour où elle laissait sa voix aller. C’était la première fois qu’elle revoyait ce regard admiratif sur son visage. Elle s’était soudainement sentie plus proche de lui que jamais. « Ruuben, älä hylkää minua, pyydän sinua, avait-elle soufflé sans savoir pourquoi. — Olisin toivonut niin paljon, avait-il répondu en pleurant, mutta olen jo tehnyt niin. » (Ruuben, ne m’abandonne pas je t’en supplie.) (j’aurais tellement aimé, mais je l’ai déjà fait.) Vivian avait cru sentir son cœur se briser à l'entende de ces mots. Elle ne savait pas comment cela était possible, mais elle ne l’avait plus recroisé des vacances.
Elle lisait beaucoup aussi. Elle n’avait pas grand chose d’autre à faire de son temps, et puis, elle se disait que ces lunettes qu’on lui avait données pour ne pas qu’elle se fatigue trop devaient bien servir à quelque chose.
Vivian avait envie de changement. Vivian avait envie de retourner à Poudlard, de retrouver cette vie qu’elle avait là-bas, qu’elle soit calme ou dangereuse. Elle n’en pouvait plus d’être enfermée, de passer son temps à faire les mêmes choses, ou d’appeler son père toutes les semaines pour vérifier qu’il n’avait pas changé d’avis et qu’il était toujours d’accord pour les renvoyer à Poudlard. Et sur un coup de tête, elle avait pris son argent, et elle était sortie.
Elle avait marché jusqu’au centre-ville de Londres. Elle voulait aller sur le Chemin de Traverse, mais son regard s’était arrêté sur une petite boutique de piercings. En entrant la pancarte “Interdit aux mineurs” l’avait faite soupirer. Elle s’apprêtait à partir lorsque l’un des gérants l’interpela. « Reviens avec un adulte, et ce sera bon. » Elle était sortie sans dire un mot et elle avait appelé Aaron. 10 minutes plus tard, il arrivait en courant, et une demie heure après, Vivian ressortait avec un piercing au nez. « Tes parents vont me tuer. — Mais non, souffla Vivian en riant. Tu diras que j’allais si mal que tu t’es dit que j’avais besoin de changement. — Et c’est le cas ? » Vivian avait poursuivi sa route jusqu’au Chemin de Traverse sans rien répondre, et Aaron avait abandonné l’idée de la suivre pour la questionner. 2 heures plus tard, Vivian revenait avec un chat dans les bras. « Je vous présente Lumi. C’est un sacré de Birmanie. »




Sa quatrième année n’avait pas si mal commencée. En dehors du fait que Ruuben était toujours aussi peu bavard, la nouvelle directrice avait fait une bonne impression à Vivian. Elle semblait déterminée à contrer les idéaux pro-sang-pur, et Vivian était séduite par son attitude respectueuse. Si Vivian avait bien compris que la fête de Noël avait été un fiasco total, auquel elle n’avait pas participé, elle n’était pas plus inquiétée que ça. Elle tentait de relativiser : Ruuben allait mieux, même si ce n’était pas toujours ça ; l’école ne se portait pas si mal, par rapport aux années précédentes ; ses médicaments semblaient faire effet, puisqu’elle n’avait toujours pas eu de problèmes ; Lumi était adorable, Vivian adorait son piercing, et elle commençait même à s’habituer à ses lunettes. Néanmoins, elle ne pouvait s’empêcher de se rappeler qu’elle était à Poudlard tout de même : pour quand serait la prochaine catastrophe ?