The end has no end

The end has no end | ft. Timéo L. Whitemore

“Et pour notre cinquième binôme… Timéo Whitemore… Avec… Hmmmm… Bluebell Sherwin ! Le sixième duo en revanche…”
Bluebell se souvenait encore de la longueur du soupir qu’elle avait poussé à cet instant. Ben voyons. Whitemore, un parfait inconnu qu’elle n’était même pas certaine de reconnaître parmi les autres stupides élèves de sa classe. Et pourquoi pas son frère ? Ou Misha ? Même un hibou, tiens. Et pourquoi pas toute seule ? Après tout, Bluebell n’était pas franchement douée dans les travaux de groupe. La solitude et l’autonomie, elle maîtrisait ; la coordination, la communication, un peu moins. Et puis, cela signifiait écouter les idées de l’autre, faire semblant de s’y intéresser, hocher la tête, prendre des notes sur ce qu’il avançait et ajouter ce tas de bêtises sur un parchemin qui aurait pu être parfait sans l’autre. Saccager son indépendance et sa propre intelligence, somme toute.
Quel gâchis, quelle perte de temps, quelle humiliation !
Le cours s’était achevé sur ce long soupir et la Serpentard s’était empressée de ramasser ses affaires et de quitter cette salle pitoyable, où ses crétins de camarades s’attardaient encore. Son sac nonchalamment rejeté sur son épaule et le reste de ses affaires entre ses bras, elle était partie à grandes foulées en direction de la salle commune, sa cape voltigeant derrière ses pieds dont les talons claquaient sur le sol froid de ce mois de novembre. On n’aurait même pas su dire qui était le plus arrogant et méprisant ; son air impérieux qu’elle avait pris en quittant ces lieux, ou ce son sec et froid des talons de ses bottines, impétueux, qui résonnaient entre les murs des couloirs encore vides.

Elle se souvenait également parfaitement du lendemain, quand un hibou lui avait apporté un morceau de parchemin l’invitant à rejoindre un certain Timéo à la bibliothèque le vendredi suivant. Timéo… Elle avait longuement froncé les sourcils. Timéo Whitewood, ou Whitemood, ou quelque chose comme ça. Son camarade attitré. Ses yeux avaient roulé dans leurs orbites dans une nouvelle expression désabusée. Ce devoir d’histoire de la magie aurait raison de sa santé mentale. Mais puisqu’il fallait y passer, autant en finir au plus vite et être débarrassée de ce travail - et de cet idiot de Timéo. Elle avait accepté son offre avec un simple “d’accord”, ce qu’elle trouvait déjà extrêmement poli de sa part - après tout, une Sherwin ne prend pas toujours le temps de répondre.

Et puis, le vendredi était arrivé - et Bluebell se rappelait d’avoir eu une heure de retard, sans même une excuse valable. Un gamin blond lui avait fait un signe de la main depuis une table ; c’était lui, le Timéo ? Elle n’était même pas certaine de l’avoir déjà réellement vu. Elle s’était laissée tomber sur la chaise face à ce garçon et sans aucune formule de politesse, avant de sortir un parchemin sur lequel elle avait annoté toutes ses idées. “Voilà ce qu’on va faire”, avait-elle simplement mentionné en encerclant son sac à dos de ses bras, posé sur ses genoux. “Je m’occupe de la partie I, et toi, de la parie II. On se retrouve, même heure, même endroit, la semaine prochaine.” Puis elle était partie sans rien ajouter, sans même un regard, aussi méprisante que d’ordinaire.

Il n’était donc absolument pas étonnant qu’en ce vendredi de mi-novembre, Bluebell se présente à nouveau avec une heure de retard, les cheveux encore trempés. Elle s’était entraînée toute la matinée au Quidditch avec Rhys, comme à leur habitude, et le temps pluvieux avait eu raison de sa chevelure. Elle avait tout juste pris le temps de se changer, songeant que de toute façon, elle n’accorderait pas un très long entretien à ce Whitewood, ou Whitemood, peu importe - elle comptait se défiler aussi rapidement que la semaine précédente.
Jetant son sac à dos au pied de la table où l’attendait Timéo, elle se laissa tomber sur la chaise en soupirant. Elle releva alors ses cheveux sur son crâne, essayant de les nouer en un chignon pour éviter qu’ils détrempent le long de son dos, puis posa ses yeux de glace sur son camarade. “Je sais, je suis en retard, j’étais occupée, mais ne nous éternisons pas sur le sujet et allons droit au but si tu veux bien. J’ai fait ma partie, tu as fait la tienne ?” mais, sans lui laisser le temps de répondre, elle reprit, non sans une grimace au contact d’un nœud tenace entre ses doigts “Donc, il ne nous reste plus qu’à faire une conclusion. On a presque terminé, on va enfin pouvoir rendre ce maudit devoir et se dire au revoir à jamais ! Merveilleux n'est-ce pas ?” Elle agrémenta cette annonce d'un sourire faussement cordial et terriblement conventionnel, figeant ses traits sur cet air impersonnel et faux qu'elle savait si bien imiter. Elle termina son laborieux chignon et posa les mains sèchement sur la table, dans un claquement qui rappelait l'annonce de la fin d'une séance de jugement.
Difficile de savoir si elle était ironique ou seulement terriblement franche ; à vrai dire, elle n’avait simplement pas la tête à ces échanges hypocrites. Elle voulait seulement finir ce stupide travail avec ce stupide compère et retourner à ses stupides pensées. Dans le fond, ce travail ne comptait en rien pour elle ; elle avait bien d’autres façons d’utiliser son cerveau ces temps-ci, surtout en ce qui concernait ses affaires personnelles. Après tout, à quoi servait l’histoire de la magie ? L’histoire était derrière elle, et comme tout ce qui se trouvait derrière son dos, mieux valait l’enterrer sous les décombres du temps.
C’était finalement la seule solution qu’elle avait trouvée pour éviter le malheur sourd qui pesait sur elle. Et puis, de toute façon, ce travail avec ce Timéo prendrait bientôt fin ; et elle n’aurait plus jamais à perdre son temps avec lui, n'est-ce pas ?

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the end has no end | ft. bluebell e. sherwin.Peut-être qu’il irait faire un tour du côté de Pré-au-Lard quand le cours serait terminé ? Oui, ça pourrait être une bonne idée !
« Et pour notre cinquième binôme… Timéo Whitemore… avec, hum… Bluebell Sherwin ! », le jeune sorcier sursauta. Il n’avait suivi une minute du cours; l’Histoire de la Magie n’était vraiment pas son cours de prédilection. Il avait hâte d’en terminer avec ce dernier.
Timéo n’avait aucune idée du travail qu’il devait réaliser. Il soupira, pourquoi n’arrivait-il pas à rester concentrer dans les moments importants ? Il chercha du regard sa future binôme, Bluebell Sherwin; elle était assise à deux rangées de lui. Pas de chance ! Elle ne se retournait pas vers lui, il allait devoir aller lui parler à la fin du cours pour qu’elle lui explique ce qu’ils étaient censés faire.
Timéo prit quelques secondes pour réfléchir, réfléchir s’il avait déjà été amené à discuter avec Bluebell, et à-priori, la réponse était négative. Il avait certes déjà entendu parler d’elle, mais pas de quoi émettre un quelconque jugement envers elle. Comment était-elle ? Timéo était toujours ravi à l’idée de rencontrer de nouvelles personnes, ce travail pourrait donc peut-être lui permettre de discuter avec elle.

Son voisin lui donna un coup de coude dans son bras gauche: « Argh, t’as vu comment elle a soufflé quand elle a entendu qu’elle travaillerait avec toi ? ». Le jeune Gryffondor le dévisagea. Pourquoi aurait-elle fait ça ? Ils ne se connaissaient même pas. Lui, n’avait pas vu la jeune fille souffler, peut-être que son camarade l'avait imaginé ? Ou était-il en train d’essayer de se convaincre ?
À la fin du cours, Timéo prit ses cahiers et parchemins sous son bras et se dirigea vers le bureau de sa camarade. « Salut, je… », il n’eut pas même pas le temps de terminer sa phrase qu’elle avait déjà quitté les lieux. L’adolescent la suivit du regard, puis elle disparu dans les couloirs.
Timéo resta bouche-bée pendant quelques secondes, puis il regarda autour de lui, espérant que personne n’avait assisté à cette scène. La honte quand même ! Il n’était pas du style à être embarrassé, mais quand même. Et imaginons qu’en plus elle ait réellement soupirer ?
Heureusement, le sorcier passa rapidement à autre chose; peut-être avait-elle une urgence. Oui, c’était surement ça. Parce qui partait sans même se présenter à son partenaire ? Il lui enverrait une lettre pour lui demander de le rejoindre à la bibliothèque, pour qu’ils puissent se présenter convenablement et travailler sur le projet /dont il ignorait tout de ce qu’ils avaient à faire/.

***

03:45pm. Timéo choisit une table libre dans un coin de la bibliothèque, Bluebell ne devant pas tarder. Elle lui avait répondu la veille qu’elle viendrait, enfin pas exactement mais Timéo l’avait interprété comme cela.
En attendant, il ouvrit son cahier, essayant de deviner sur quoi ils pourrait bien avoir à travailler. « C’est fini les rêveries en cours, pour qui je vais passer quand je vais lui dire que je ne sais pas quoi faire ? » pensa le jeune garçon. Il était un peu embarrassé parce qu’il n’avait pas préparé le sujet, mais la jeune fille serait sans doute compréhensive (et comment puvait-il se dire cela, ne connaissant pas le caractère de cette dernière ?). Et puis, ils avaient du temps pour réaliser le projet. Plusieurs semaines; il n’y avait pas de quoi se presser.
Timéo n’était pas un mauvaise élève, mais il n’était pas le plus studieux de Poudlard dirons-nous. Il aimait aller en cours, mais il ne paniquait pas si jamais il se retrouvait à avoir une mauvaise note, de temps en temps. Timéo avait assez confiance en lui, il savait qu’il pouvait rattraper son retard en cours s’il s’en donnait les moyens.

Timéo avait l’impression d’attendre depuis bien plus longtemps que ce qu’il n’avait prévu. Quelle heure était-il ? Il demanda à la bibliothécaire, qui n’avait pas l’air ravie d’être dérangée dans ce qu’elle faisait. 04:23pm. Génial ! Le jeune sorcier se demanda si sa camarade allait vraiment le rejoindre. Son enthousiasme totalement disparu, il maudissait Bluebell Sherwin. Qui était-il pour attendre quelqu’un comme cela ?
Les minutes s’écoulèrent et Timéo resta, juste au cas où. De toute façon, il n’avait rien d’autre à faire. Il sortit un parchemin, peut-être pouvait-il commencer son devoir de métamorphose en attendant ? Puis, comme ça, si Bluebell ne se présentait pas, il n’aurait pas perdu son temps non plus.

Puis, elle arriva, finalement. Timéo la regarda, et lui fit signe de la main. Enfin ! Au loin, la jeune fille lui lança un regard méprisant. « Pourquoi faut-il que ça m’arrive à moi ? » murmura le sorcier.
Le jeune garçon la salua, le plus gaiement possible. /spoiler: il n’aurait pas du/. Elle le snoba complément, et sans demander l’avis de son binôme, elle lui indiqua (~~ordonna~~) quoi faire. Cependant, elle ne savait pas qu’il n’avait toujours pas idée de ce qu’ils devaient faire. Est-ce qu’il lui en fit part ? La réponse est non. Pourquoi ? Parce qu’aussitôt avoir donné ses ordres, la Serpentard quitta la bibliothèque.
Le jeune garçon regarda, de nouveau, la jeune fille partir. Dépité, il posa la tête contre la table en bois, et s’il n’avait pas été entouré d’autres élèves, il l’aurait surement cogné contre.

***

Que faire ? Timéo redoutait sa rencontre avec la jeune fille. Allait-elle lui adresser la parole aujourd’hui ? C’était un gentil garçon, mais tout de même, il n’allait quand même pas se laisser faire.
En entrant dans la bibliothèque, le jeune garçon prit une grande inspiration. Il n’avait pas le choix de lui parler, sinon il était évident que le travail qu’ils devaient faire n’allait pas avancer, ou alors elle allait devoir le faire seule. Il avait ‘hâte’ de lui dire qu’il n’avait rien fait de la semaine, elle allait être ravie, Timéo en était sûr. C’était de sa faute, non ? Elle n’avait pas à lui faire subir ça.

Il ne fut pas surpris quand elle arriva une heure en retard, était-ce normal de ne pas être surpris ?
« Je sais, je suis en retard, j’étais occupée, mais ne nous éternisons pas sur le sujet et allons droit au but si tu veux bien. J’ai fait ma partie, tu as fait la tienne ? »; puis elle enchaina sans reprendre sa respiration « Donc, il ne nous reste plus qu’à faire une conclusion. Merveilleux, nous avons presque terminé. On va enfin pourvoir terminer ce devoir et se dire au revoir », et elle s’asseya devant lui. Timéo sourit à le jeune fille et se leva. Il prit ses affaires, fit un demi tour sur lui-même et revint à la table « Non, pas cette fois. Je veux être celui qui arrive en retard. Donc, là on prétend que je viens d’arriver, OK ? /il marqua une petite pause, plus très sûr de ce qu’il était en train de faire/. Salut, désolé pour le retard. Comment tu vas ? Prête à travailler ? », lui dit-il tout en lui faisant un clin d’oeil. Et il s’assit. Pour être honnête, ce fut un moment extrêmement gênant. « Pourquoi ai-je fait ça ? » se dit-il à lui-même; ça n’avait aucun sens.
Il voulait juste essayer de détendre l’atmosphère mais il venait surement de faire le contraire. Top Timmy, continue comme ça !

Après quelques minutes de silence, Timéo regarda Bluebell, il n’avait pas envie de parler mais il fallait bien que quelqu’un le fasse. « Hum, oui donc il faut que je te dise quelque chose… /il toussa, pour gagner un peu de temps/. On va dire que je n’ai pas vraiment travaillé cette semaine, voir pas du tout ? », pourquoi disait-il cela comme une question ? En était-ce une ?
« Tu ne m’as pas laissé l’occasion de te dire que je n’avais aucune idée de ce qu’on devait faire… », et là, quelque chose frappa Timéo. Pourquoi n’avait-il pas demandé à quelqu’un de sa classe ce qu’il était censé faire ? Il leva les yeux au ciel, exaspéré de lui même. Pour qui était-il en train de passer ? Et pourquoi réagissait-il comme cela ? Le jeune adolescent n’était pas du genre à se laisser impressionner par les autres, il ne pouvait pas continuer ainsi avec Bluebell.
« Ce qu'on va faire maintenant, c'est essayer de repartir sur de bonnes bases, ça marche ? Tu vas rester ici, et on va travailler ensemble. » déclara-il d’une voix faussement assurée. Et pour ne pas avoir à affronter sa réponse immédiatement, il fit tomber son stylo au sol, volontairement. Malheureusement, celui-ci ne tomba pas bien loin. Grand esprit qu’il était, Timéo donna un coup de pied /pas discret du tout/ dedans, et cette fois, il fut éjecter peut-être un peu trop loin, beaucoup trop loin.
Maintenant, il fallait aller le chercher et en faisant cela, il sentit le regard de la Serpentard peser sur son dos. Allait-il oser se retourner ou devait-il s'enfuir en courant ?copyright:️ 2981 12289 0

The end has no end | ft. Timéo L. Whitemore

Bluebell en avait affronté, des types pas nets et idiots. Cameron et son obsession de sa personne, qui était prêt à n’importe quoi pour attirer son attention. Damian, avec qui elle avait eu le malheur de partager une aventure qui avait mal tourné parce qu’il était maladroit et gauche. Misha avait également un côté étrange, une violence souterraine qui semblait prête à ressortir à la moindre occasion. Elle n’allait même pas songer à Finnbjörn et son excuse stupide de perte de mémoire pour se proclamer innocent et pur.
Mais là, Bluebell sentit qu’elle avait touché le fond. Un crétin fini, qui non seulement venait d’imiter un retard pour la simple et bonne raison qu’il ne voulait pas lui laisser ce privilège, mais qui en plus, n’avait pas travaillé pendant deux semaines entières, et venait maintenant de faire semblant de renverser son stylo pour ne pas affronter ses yeux prêts à lancer des pics de glace aiguisés et tranchants.
Elle l’observa sans dire un mot, tandis qu’il se dépatouillait tant bien que mal avec des excuses préconçues et des phrases bateau d’enfant naïf et intimidé. « Ce qu'on va faire maintenant, c'est essayer de repartir sur de bonnes bases, ça marche ? Tu vas rester ici, et on va travailler ensemble. » Il se leva, partit chercher son stylo, et Bluebell était encore si stupéfaite d’une telle prestation de ridicule qu’elle garda encore le silence, le suivant des yeux, incapable de décider entre un profond accablement et un fou-rire nerveux ; toucher le fond du gouffre avait toujours ce côté exaltant et désespérant.
Néanmoins, tandis qu’il revenait vers elle avec le précieux stylo, elle devait, parmi ce fouillis de défauts et de bizarreries, lui reconnaître une qualité précieuse : de l’audace exacerbée et assumée. Pas étonnant que ce gamin ait été assigné chez Gryffondor au vu des couleurs de son uniforme. Il était le digne représentant de ses camarades : un idiot qui n’avait pour se sortir de ses terribles situations que sa témérité. Et puis, au moins n’était-il pas transparent et ne s’écrasait-il pas face à elle contrairement à d’autres fantômes sans caractère. Cela aussi, elle devait le lui concéder : il était peut-être terriblement maladroit, mal à l’aise à en crever, et ridicule, mais au moins essayait-il de lui tenir un minimum tête même sous pression.

Elle attendit qu’il se rassoit face à elle pour pousser un long soupir de fatigue, songeant à la longue tâche qui l’attendait. Elle qui pensait pouvoir rapidement se défiler de cette entrevue réalisait qu’il leur faudrait au moins une heure pour rattraper le retard de ce clown. Elle posa alors son regard sur lui, le détaillant quelques instants, ne sachant même pas par où commencer ses reproches et l’expression de son désappointement. “Non, Whitemood, ou Whitewood, enfin, qui que tu sois, non, on ne repartira pas sur de bonnes bases parce que, vois-tu, je ne compte rien construire du tout avec ta personne, ni même défraîchir un terrain en prévision de quelque chose, en fait, je ne conçois rien qu’un immense désert entre nous, et vois-tu, on ne peut partir de rien sur un sol aride et stérile.” Elle reprit son souffle, sentant qu’elle était à deux doigts de s’emporter. Elle ferma les yeux, pinça son arrêt de nez du bout de doigts, essayant de calmer la colère qui montait. Cet idiot lui faisait perdre son temps de toute évidence. Mais bon sang, qui lui avait flanqué un partenaire pareil ! “Tu noteras au préalable dans ce désert vierge qui s’étend entre nous que tu nous me donneras jamais plus aucun ordre, je resterai ici seulement parce qu’il faut qu’on rattrape ta stupidité et tes lacunes pour avoir une bonne note en histoire de la magie, pas parce que sa seigneurie-crétine me l’a expressément demandée, d’accord ?” Elle rouvrit les yeux et croisa le regard bleu de Timéo, essayant par la même occasion de lui envoyer toutes ses ondes de colère afin qu’il comprenne qu’elle bouillonnait réellement de l’intérieur, mais qu’elle s’empêchait de cracher plus de venin pour mieux préserver sa victime pendant l’heure qui suivrait. Après tout, elle aurait besoin de sa coopération pour que ce devoir se finisse au plus vite. Elle secoua la tête dans un air de désolation absolue avant de se lever sèchement. “Attends-moi ici”, ordonna-t-elle en partant plus loin avant de disparaître entre deux étalages poussiéreux.

C’est vraiment le pompon, songea-t-elle en plissant des yeux pour chercher l’ouvrage qu’elle voulait. Elle détestait l’idiotie, les maladroits, et la poussière ; et la voilà coincée dans ce gouffre sans fond. Au moins avait-elle trouvé ce qu’elle cherchait ; elle revint cinq minutes plus tard avec un épais ouvrage bordeaux et scellé. Jetant le vieux livre sur la table entre eux, ce qui résonna dans un bruit sourd en envoyant dans l’air d’innombrables particules de poussière, Bluebell s’assit sur sa chaise en posant ses mains et avant-bras sur la table. Elle n’avait pas remarqué que quelques mèches encore mouillées s’étaient libérées de son chignon dans son empressement, encadrant son visage de désinvolture et paradoxalement, lui conférant un air un peu plus doux que toutes ses manières le laissaient paraître. Si elle n’était pas aussi acide dans ses dires, on aurait presque pu la prendre pour une gentille fille studieuse et suave. Puis ses manières reprirent le dessus et elle désigna d’un coup de menton l’ouvrage entre eux. Les cinquante meilleures postures d’un sorcier en duel, ou comment briller en société quand on ignore tout de la bienséance magique. “Voilà notre sujet”, reprit-elle avec une voix vraisemblablement plus calme, comme si elle s’était finalement résignée à sa condamnation. “La partie I n’est qu’une vaste introduction au sujet, la partie II en revanche se doit d’être un résumé concis et clair des règles fondamentales qu’on devait adopter en duel au XVIIIe siècle pour vaincre son adversaire. Car oui, les sortilèges permettent de vaincre, mais les juges faisaient également attention aux postures car finalement, tout n’était qu’apparence et superficialité”, résuma-t-elle en observant tranquillement la couverture vieillotte du livre où le titre était inscrit en lettres d’or. Un dessin montrait un sorcier en costume d'apparat tenant sa baguette avec droiture et fierté. Si seulement Timéo pouvait apprendre de ce dessin pour se conduire un peu mieux qu’en abruti hagard !

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the end has no end | ft. bluebell e. sherwin.Timéo prit une grande inspiration, il n’avait pas d’autres choix que de revenir sur ses pas. Avant de se retourner, il se força à sourire /tout en essayant de le garder le plus naturel possible/. Peut-être que cela permettra de détendre un peu sa camarade. Il n’avait pas envie de se chamailler avec elle, il était donc prêt à faire tous les efforts possibles pour aller dans ce sens.
Le stylo à la main, il s’avança vers la table où la jeune fille l’attendait; et contrairement à Timéo, elle ne saurait pas. Quelle surprise !
La jeune fille ne tarda pas à lui faire part de son agacement. Et elle n’était pas la seule à être agacer, mais peut-être ne s’en rendait-elle pas compte ? Pour couronner le tout, elle se trompait /volontairement ou pas/ sur son nom de famille. « Whitemood ou Whitewood » qu’elle disait; son nom n’était pas si difficile à retenir. Le jeune garçon la fixa droit dans les yeux, toujours aussi souriant « Blackblue c’est bien ça ? /sachant pertinemment que ce n’était pas le cas/ . Avant de me dire quoique ce soit, essaye d’apprendre mon véritable nom de famille. Et puis, je t’avoue que je préfère même que tu m’appelles Timéo; je te dirais bien de m’appeler Timmy mais tu ne l’as pas encore mérité » plaisanta-t-il.

Elle ne prit pas la peine de relever sa remarque. Bluebell n’était pas du genre à se laisser distraire, il devait bien lui reconnaitre ça. Timéo continua d’écouter le monologue de la jeune sorcière, elle n’avait pas encore terminé de lui de faire des reproches. Assis face à elle, le jeune garçon la regarda fermer les yeux et se pincer l’arrête de son nez, que de manières ! Elle était dans son personnage, et il fallait avouer que s’il n’était pas le principal déclencheur de son énervement, cela le ferait certainement rire. Cette Serpentard était un spectacle à elle toute seule, c’en était fascinant. « Tu noteras au préalable dans ce désert vierge qui s’étend entre nous », le sorcier resta bloquer sur cette phrase, essayant /difficilement/ de ne pas rire. « Il est où le désert Bluebell ? Il y a juste une table entre nous /désignant cette dernière en agitant ses mains devant lui/ » .
Après avoir terminé de dire ce qu’elle avait à dire, elle regarda intensément Timéo dans les yeux. Lui, se demanda pourquoi elle le regardait ainsi, voulait-elle lui faire passer un message ? Parce que ça ne fonctionnait pas, il allait falloir qu’elle parle si elle souhaitait communiquer avec lui. Par pure provocation (il voulait certes éviter de se chamailler avec elle, mais elle lui rendait la tâche plutôt difficile), il lui lança un regard perplexe « Tu as mal à la tête ou quelque chose comme ça ? ».
C’était enfantin, il en avait bien conscience mais il était désormais déterminé à lui tenir tête. Il se sourit à lui-même, pas peu fier de sa question. S’il fallait subir cette heure de travail en sa compagnie, autant s’amuser un petit peu.

Peu de temps après, elle lui expliqua ce qu’il était attendu de leur travail en s’appuyant sur un livre qu’elle était allée chercher dans une des étagères de la bibliothèque. C’était déjà plus clair pour le jeune garçon. Timéo remarqua que sa binôme avait l’air plus calme, et malgré le fait qu’elle ai mouillé un de ses parchemins avec ses cheveux, il se surprit à penser qu’elle avait quelque chose en elle d’appréciable. Est-ce qu’elle ne vaudrait-elle pas le coup de faire un effort après tout ? Timéo profita de ce moment de répit pour s’excuser, il ne l’avait pas encore fait avant. Et il était responsable de cela, peut-être la situation ne se serait pas envenimer si vite s’il avait été attentif en cours dans un premier temps.
La jeune fille était plongée dans la rédaction d’un paragraphe. Elle faisait des allers-retours oculaires entre son parchemin et l’ouvrage qu’elle avait trouvé. « Bluebell ? /il attendit qu’elle relève la tête/. Je voulais m’excuser de ne pas avoir travaillé ces précédentes semaines. Ce n'était pas correct envers toi », et il reprit ce qu’il était en train de faire. Peut-être que cela allait rendre les choses un peu plus simples, tout du moins, il l’espérait.

La bibliothèque!que était désormais presque vide, les autres élèves avaient désertés les uns après les autres. Il se faisait tard, cela faisait bien deux heures que les deux partenaires travaillaient. Ils avaient bien avancé, et c’était plutôt étonnant au vu de ce qu’il s’était passé précédemment.
Timéo se leva et marcha quelques mètres, essayant de se dégourdir un peu les jambes. Il n’était pas vraiment contre le fait de prendre une pause, parce que l’Histoire de la Magie, c’est intéressant mais en réalité, pas tellement. Pas au point de se plonger dedans pendant des heures et des heures. Il songea à proposer à Bluebell de s’arrêter quelques instants, mais comment allait-elle réagir ? Le jeune garçon voulait éviter de briser ce semblant de paix. Cependant, il savait que là, il n’allait plus être très efficace, ça n’avait pas vraiment de sens pour lui de continuer.
Timéo revint s’asseoir et posa ses mains sur la table, puis les enleva et les passa dans ses cheveux. Que faire de ses mains quand on est si conscient qu’elles sont là ? « Est-ce que ça te dirait de prendre une petite pause ? /et il s’empressa d’ajouter/. Enfin, on n’est pas obligé, j’en ai pas si envie que ça après tout ». En son for intérieur, il espérait vraiment qu’elle dise oui. « On pourrait aller manger, qu’est-ce que tu en dis ? /et sans savoir pourquoi, il ajouta/. Ensemble ? », il était tard et il était peu probable que ses amis soient encore en train de l’attendre. Et Timéo n’avait pas envie de manger seul, il supportait mal la solitude.
Il n’attendit pas de réponses, parfois il fallait prendre des décisions par soi-même. « Tu sais quoi ? Reste là, je reviens tout de suite. Je vais nous chercher quelque chose à manger comme ça on peut rester ici ! ». Puis, il partit en direction de la Grande Salle en quête de nourriture. « Qu’est-ce qu’elle pourrait bien aimer ? » se dit-il.

Timéo fût de retour à la bibliothèque assez rapidement, les bras chargés de nourriture. En entrant, il se demanda s’il pouvait entrer à l’intérieur avec. Que faire ?
Au loin, il pouvait voir la Serpentard penchée sur son document. Il avait une idée, le génie qu’il était /enfin, c’est lui qui pensait cela/. « Bluebell ! », et il répéta son nom jusqu’a ce qu’elle lève sa tête; ce fût un peu long, surtout qu’il ne pouvait pas crier s’il ne voulait pas attirer l’attention. Bluebell le regardait, et il était dur de déchiffrer son regard. Le jeune garçon en profita pour lui faire signe de venir, et sans se dépêcher, elle finit par le rejoindre à l’entrée en ouvrant grand les yeux à la vue de tout ce qu’il avait ramené. « Est-ce que tu peux me ramener mon sac à dos s’il te plait ? », et à sa grande surprise, elle s’exécuta.
Rapidement, Timéo mit toute la nourriture à l’intérieur de son sac et rejoignit leur table comme si de rien n’était. Fort heureusement, leur table était dans un coin de la bibliothèque, ils n’étaient donc pas exposé à la vue de tous. S’ils étaient assez discrets, ils devraient pouvoir manger tranquillement. copyright:️ 2981 12289 0

The end has no end | ft. Timéo

Je rêve ou ce type vient de s’excuser ?
Ce fut là sa principale pensée tandis que son camarade avait relevé la tête pour lui demander pardon quant à son absence de travail. C’était finalement la première fois que quelqu’un s’excusait auprès d’elle ; car d’ordinaire, sa véhémence et ses moqueries suscitaient bien plus d’insultes que de mots d’excuse. Elle en était restée bouche bée et avait continué de sonder le garçon à mesure qu’il avait repris le travail. Elle aurait aimé rétorquer qu’elle n’avait pas besoin de ses excuses et qu’il était préférable qu’il garde son énergie pour travailler et rattraper son retard, mais à vrai dire, elle n’avait pas le cœur à de tels propos. S’il l’avait raillée, elle l’aurait fait à cœur joie ; mais au vu de sa spontanéité et de sa vulnérabilité (après tout, il venait de lui présenter des excuses sincères sans l’ombre d’une moquerie), lui répondre quelque chose de sec aurait été un acte de méchanceté crue, et si Bluebell n’avait pas honte de sa cruauté, elle aurait néanmoins eu honte d’attaquer encore une fois ce camarade un peu hagard et naïf. Après tout, il était trop doux pour qu’elle lui fasse du mal ; un loup ne va pas attaquer un agneau malade et inoffensif, il n’en tirera aucune gloire.
Elle avait ainsi fini par reporter son attention sur son propre parchemin avec un sourire sur les lèvres. Si ce type n’avait rien appris jusque là pour leur devoir, il venait au moins de comprendre une chose essentielle : comment échapper aux foudres de Bluebell.

Timéo et elle n’avaient plus échangé un seul mot jusqu’à ce qu’il se lève, se promène et revienne, l’air penaud, pour lui proposer de manger. Elle n’avait même pas eu le temps de glisser un refus en bonne et due forme - il ne manquerait plus qu’elle s’affiche avec un gamin comme lui ! - qu’il partit chercher de la nourriture de son côté. Il avait à peine quitté la bibliothèque que Bluebell fut prise d’un rire incontrôlé, sans savoir si cela venait de la peine que lui suscitait le jeune homme qui semblait mal à l’aise, ou simplement de son caractère profondément maladroit et attentionné. C’est qu’ils formaient un sacré duo : on avait mis la pire peste de Poudlard avec un garçon gauche et attentionné ! Elle ne pouvait que rire du ridicule de la situation, mais aussi de l’audace désespérée de ce Gryffondor qui, entre deux taquineries en son égard pour se défendre, faisait preuve de gentillesse malgré tout. Il revint rapidement et lui demanda son sac, ce qu’elle fit afin qu’il se hâte de la rejoindre ; elle ne comptait pas terminer ce devoir toute seule ! Il avait peut-être besoin de faire une pause mais ce n’était pas dans la nature de Bluebell de s’interrompre avant d’en avoir terminé avec sa tâche. Elle revint s’installer sans un mot, puis Timéo la rejoignit et, avec une drôle d’expression sur le visage, elle le vit sortir de son sac un sandwich. Du beurre de cacahuète ? songea-t-elle alors qu’une délicieuse odeur s’émanait des tranches de pain de mie. Elle loucha sur la nourriture. “Tu as vraiment ramené de la nourriture dans la bibliothèque ? Tu es encore plus stupide que je ne le croyais”, fit-elle en guise de remerciement. Elle reporta son attention sur son parchemin, mais son ventre se mit à gargouiller. Et si, en réalité, elle avait vraiment faim ? Elle leva à nouveau ses yeux sur Timéo, et finit par lâcher sa plume. Après tout, ils avaient tellement travaillé que ses cheveux avaient presque eu le temps de sécher complètement ! Elle méritait bien une pause, elle aussi. “Bon, puisque tu t’es sacrifié pour aller jusqu’à la Grande Salle, je peux bien te rendre honneur et te prendre un morceau, je suppose”, fit-elle en guise de demande pour avoir un bout du précieux sandwich. Mais sans outre mesure, elle attrapa la nourriture des mains de Timéo, le prenant pas surprise, et mordit avidement dedans. Elle ferma les yeux et un sourire de plaisir se dessina sur ses lèvres sans qu’elle le contrôle. “A défaut d’être doué en histoire de la magie, tu as un talent certain dans la réalisation de sandwich au beurre de cacahuète”, annonça-t-elle finalement en rouvrant ses yeux et en posant son regard sur le Gryffondor. Et, contre toute attente, elle éclata de rire ; et sous les résonances moqueuses de ce rire se nuançait une certaine spontanéité et gaieté. Après tout, ils avaient presque fini de travailler, et ce sandwich était vraiment bon.

Une mèche de ses cheveux vint s’immiscer dans sa bouche alors qu’elle mangeait ; elle s’aperçut alors que sa masse de cheveux séchés devait en réalité former une choucroute plus qu’un chignon. Elle posa le sandwich et entreprit de défaire sa tignasse, qui tomba en une cascade bouclée sur son dos grâce aux plis du chignon. N’importe qui la connaissant aurait été surpris de croiser Bluebell en ces conditions : la peste imbue de sa personne, égoïste, méprisante et acide avait un tout autre aspect à mesure qu’elle mangeait, installée contre le dossier de sa chaise. Les traits détendus, les cheveux un peu emmêlés mais naturels, le visage profondément tranquille, sans son masque de cruauté, on aurait dit une adolescente comme les autres, innocente et gentille, joyeuse et douce. Un air naturel qui l’embellissait nettement. Lorsqu’elle finit son repas, elle poussa un soupir de soulagement et donna une pichenette sur une miette qui s’était posée sur son devoir. “C’était une bonne idée, cette pause déjeuner”, conclut-elle en relevant son regard sur Timéo. Même ses yeux de glace n’étaient plus froids ; au contraire, ils prirent plutôt la teinte d’une rivière tranquille. Rares étaient ceux capables d’assister à un tel spectacle ! “Je ne te dirai pas merci, car j’estime les remerciements superflus et condescendants.” Elle se redressa et se pencha en avant pour être plus près de Timéo, et ainsi murmurer : “Néanmoins, est-ce que je peux en reprendre un ? Tu auras alors ma gratitude implicite, ce qui vaut mieux que mon mépris explicite”, ironisa-t-elle en souriant d’une manière spontanée. “Allez, tu ne peux qu’accepter ce deal, mon cher Whitemore !”

Elle s’était même souvenue de son nom. C’est que ce type, au-delà de ses airs un peu niais, avait un réel pouvoir - dommage qu’il soit mauvais en histoire de la magie, cependant ! Mais que valaient des aptitudes en histoire de la magie face à la capacité quasi miraculeuse de dompter le monstre qu'elle était ?

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the end has no end | ft. bluebell e. sherwin.Timéo ne pouvait pas en croire ses yeux ; il avait fit mine d’ignorer la jeune fille lorsqu’il avait commencé à /~~engloutir~~/ manger son sandwich, mais personne n’était dupe. Qu’allait-elle faire ? Le jeune garçon avait vraiment envie qu’elle prenne quelque chose à manger ; il ne l’avait pas fait pour rien après tout.
Bluebell, au grand désespoir de Timéo, n’avait pas l’air très enclin à prêter attention ou à toucher à la nourriture qu’il avait introduit dans la bibliothèque. Quelle déception ! Puis, à sa plus grande surprise /mais également à son plus grand bonheur/, la jeune fille se saisit du sandwich que Timéo était en train de manger. Dans d’autres circonstances, il aurait été pour le moins embêté d’être privé de manger (parce la nourriture, c'était sacré); mais à ce moment-là, il fut pris d’une sensation de bonheur. L’acte qu’elle venait de faire lui mit du baume au cœur.
Le jeune sorcier était un garçon du genre sentimental, très sentimental. Il n’était pas difficile de lui donner le sourire /et actuellement, il était en train de présenter son plus beau sourire, de façon incontrôlée/. Il devait avoir l’air stupide mais peu importe, il était content que la jeune fille présente de l’intérêt pour quelque chose que Timéo avait fait.
« Euh, de rien ? » dit-il, pas conscient qu’il avait encore la bouche pleine. Et quand il le réalisa, il devint très conscient de lui-même, plutôt honteux d’avoir fait cela. Il avala la dernière bouchée et reprit « Excuse-moi d’avoir parlé la bouche pleine » ajouta-t-il en rigolant à moitié.
Il reprit un sandwich dans son sac, tout en continuant à sourire à Bluebell. Pourquoi n’arrivait-il pas à arrêter de sourire ? Ce n’était pourtant pas grand-chose ; il avait l’habitude de ramener de la nourriture pour ses amis, et avoir de la reconnaissance pour cela, mais avec la Serpentard, c’était différent. C’était différent parce que contrairement aux autres ; il y avait une certaine animosité entre les deux. Timéo se surprit à penser qu’il pouvait peut-être franchir cette barrière de glace qu’elle mettait entre eux ; parce que, malheureusement ou pas, il était important pour le jeune garçon d’être apprécié par ses pairs.
L’adolescent croqua une nouvelle fois dans son sandwich quand sa camarade de classe lui fit un compliment. Timéo, d’humeur taquine, fit mine de se frotter les oreilles et son expression du visage se modifia, laissant place à un grand étonnement. « Ai-je bien entendu ? Es-tu réellement en train de me complimenter ? /il se pinça l’avant-bras/. Tu peux me répéter ça, s’il-te-plait ? /ajouta-t-il en lui faisant des yeux doux, tout comme l’agneau qu’il était/ ».

Un silence s’installa entre eux, mais ce n’était pas pesant, bien au contraire. C’était un silence de deux jeunes adolescents qui étaient en train de manger, et qui étaient en train de savourer leur repas.
Timéo profita de ce silence pour observer la jeune fille remettre son chignon en place. Elle n’avait pas l’air si méchante, peut-être se cachait-elle derrière toute cette mesquinerie ? Beaucoup de personnes étaient dans ce cas. Le jeune garçon secoua la tête. « Non », « Non, non, non, Timmy, ce n’est pas une bonne idée ! », mais il était déjà trop tard. Quand il avait une idée en tête, il était impossible de l’en dissuader. Juste comme cela, il venait de se donner comme mission d’aider cette jeune fille, qu’il connaissait à peine, à sortir de sa carapace. Il ne savait pas si ça en valait la peine, ni si elle avait besoin de lui, mais il avait besoin d’essayer, le devoir d’essayer.
Le jeune garçon avait vécu trop de traumatismes dans sa vie (lorsqu’il avait été enfermé dans les cachots à cause de ses origines moldus), et lui on l’avait aidé lorsqu’il n’allait pas bien. Et depuis ce jour, il avait décidé de croquer la vie à pleine dents et se promis d’aider ceux qui en avaient besoin. Cependant, est-ce que Bluebell avait réellement besoin d’aide ? Peut-être était-elle naturellement comme cela ? Seul l’avenir le lui dirait.
« Effectivement, je trouve aussi que c’était une bonne idée. Peut-être qu’on pourrait remettre cela, un de ses jours ? » demanda-t-il.

Elle finit par lui donner un semblant de remerciements. « Je me satisferait de ça ! » lui répondit-il en lui faisant un clin d’œil par la même occasion. Parce que oui, les clins d’œil était le truc du jeune garçon. Bluebell demanda ensuite si elle pouvait prendre le dernier sandwich ; le Gryffondor fit mine d’hésiter, et de réfléchir.
Puis, après le petit duel de regard qu’ils avaient décidé inconsciemment de faire, Timéo se baissa pour l’attraper dans son sac et lui donna ; et il le fit de bon cœur, trop content d’avoir pris la décision de proposer cette pause. Quelle soirée pleine de rebondissements !
Le ventre du jeune garçon gargouilla, il avait encore faim, mais il ne l’avouerait jamais /il espérait aussi que son binôme n’avait rien entendu/. Il irait grignoter quelque chose après la fin de leur session de travail.

Lorsque les deux étudiants se remirent au travail, Timéo était beaucoup plus serein, moins angoissé à l’idée de se retrouver seul avec la Serpentard.
En voulant lire un chapitre du manuel, le jeune garçon réalisa qu’il y avait un problème. Les lignes et les lettres étaient flous, que se passait-il ? Puis, il comprit : il n’avait pas remis ses lunettes. Il commença à les chercher mais ne les trouva pas, où les avait-il mises ? « Blackblue ? /il ricana/. Est-ce que tu as vu mes lunettes ? ». Timéo pouvait voir sans, enfin pouvait été un bien grand mot, mais lorsqu’il s’agissait de lire sur un manuscrit/livre/manuel (où c’était un peu trop petit), il n’y voyait rien.
Les deux camarades se mirent à la recherche des fameuses lunettes ; ils regardèrent sur la table, sous la table, à côté de la table ; et rien n’y faisait, elles étaient introuvables. Le jeune garçon soupira et s’apprêtait à s’asseoir dos à une des étagères de la bibliothèque. Il en avait marre de chercher /à savoir que la recherche avait duré à peu près deux minutes top chrono/.
En s’asseyant, il entendit un bruit et sentit quelque chose sous son postérieur ; et il ne mit pas longtemps à comprendre ce qu’il venait de se passer. L’adolescente grimaça et attrapa ses lunettes, brisées, sous lui. Il leva les yeux au plafond « Génial ! Je suis fichue là en fait, je peux me désinscrire de Poudlard même, je ne pourrais plus lire les cours, ni les apprendre d'ailleurs /effectivement Timéo exagérait, c’était plus fort que lui/ ». Il ne se souvenait plus qu’il était un sorcier et qu’il pouvait réparer ses lunettes avec un simple sort, mais que voulez-vous ? Dans sa tête, il allait devoir aller chez l’opticien /moldu/ pour faire réparer ses lunettes.
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The end has no end | ft. Timéo

Bluebell avait vraiment sous-estimé son partenaire : certes, elle avait rapidement compris qu’il s’agissait d’un téméraire un peu borné et qui n’avait pas peur du ridicule. Mais de là à lui proposer de réitérer ces rendez-vous ? Manger avec lui, publiquement, en-dehors du cadre de ce devoir ? C’était carrément de l’audace suicidaire. Qui oserait s’afficher en public avec Bluebell, pour partager un simple repas ? On ne se montrait avec elle que pour parler affaire, ou échanges de bons procédés. Pas par sympathie. Cette seule pensée lui arracha un sourire amusé. Par sympathie, s’afficher avec cette Sherwin ? Dont la réputation de peste était avérée ?
Phoenix aurait été terriblement fière d’elle. Elle était visiblement sur le point de tapir sa vieille image de raciste méprisable sous une nouvelle version plus tolérante et à la meilleure réputation. Une aubaine : c’était ainsi qu’elle pourrait avancer dans ce château sans pitié.
Elle ne répondit pas à Timéo, d’abord parce qu’elle allait refuser ; ensuite parce qu’après réflexion, elle allait accepter. Et ce changement d’idée ne se traduisit que par ce silence, tourmentée à l’idée d’accepter réellement une telle offre. S’afficher avec lui ? Quel sang avait-il ? Bluebell fit la moue. Si elle voulait que son image change, elle ne devait surtout pas poser cette question. Allez, Phoenix, aide-la à arrondir ses angles, et à se construire cette nouvelle image, synonyme de nouveau départ - et surtout d’un parcours plus stable et d’une ascension sociale en flèche.
Elle avait tellement réfléchi sur la question qu’elle avait cessé d’écrire et qu’elle n’avait toujours pas répondu à Timéo. Elle finit alors par poser sa plume et, passant une main un peu nerveuse dans sa chevelure bouclée qui s’emmêla entre ses doigts, elle prit le risque de croiser le regard innocent de son camarade. “Oui, pourquoi.” Puis, réalisant qu’elle avait trop tardé et qu’il n’avait certainement pas suivi son raisonnement (à moins qu’il lise dans ses pensées, ce qui était invraisemblable - et franchement angoissant), elle reprit “Oui, on pourrait se refaire ça, à l’occasion.” Elle avait fait du mieux qu’elle avait pu pour aborder un ton à peu près cordial, mais dans sa bouche, cela sonnait presque faux. C’est que ça s’apprenait, la politesse !
Et elle replongea sans autre annonce se réfugier dans son travail. Ce n’était pas de la sympathie, puisqu’elle n’en éprouvait pour ainsi dire jamais. Ce n’était qu’un travail politique pour que son pourcentage d’avis favorables augmente. De la politique, pas de l’amitié, se répétait-elle en boucle, et elle finit d’écrire la conclusion de ce devoir sur cette pensée de bon-sens.

Timéo la sortit de sa concentration à nouveau - c’était quoi, cette manie de les interrompre ? - en l’appelant à nouveau Blackblue. La jeune fille poussa un soupir et, roulant ses yeux dans leurs orbites, posa sa plume. “Je t’écoute, Whitemood”, rétorqua-t-elle en plongeant ses yeux dans les siens. Il y avait vraiment quelque chose d'inoffensif, vulnérable, spontané, sincère qui se dégageait de lui. Bluebell ne devait vraiment que s’entourer de personnages hauts en couleur, manipulateurs, égoïstes et calculateurs pour trouver le tempérament de Timéo très étonnant. Y avait-il vraiment d’autres personnes comme lui en ce bas monde ? Des gens naïfs et gentils, qui n’avaient pas la moindre arrière-pensée lorsqu’ils échangeaient avec quelqu’un ? Des gens qui proposaient de manger un morceau par sympathie, et pas par politique ? Ce Timéo en avait vraiment tout l’air ; ses cheveux blonds comme le blé, ses yeux bleus comme l’océan - et loin de la glace qu’abordaient les siens -, sa petite moue penaud et ses réflexions innocentes lui donnaient à la fois un air juvénil et bienveillant. C’était donc ça, la bienveillance ? Bluebell l’observa chercher autour de lui ses précieuses lunettes. Allons bon, son unique souci à lui, c’était de retrouver ces lunettes ? Quand son propre esprit ne comptait que des coups d’avance à porter à ses ennemis ? Mais que sa vie devait être tranquille. Manger des sandwichs avec des amis.
C’était quoi, en fait, exactement, l’amitié ?
A cette exacte pensée, Timéo posa ses lunettes brisées sur la table entre eux, concluant sur sa prochaine expulsion de l’école. Ce type était un spectacle à lui tout seul, et franchement, si cela n’avait pas été impoli, Bluebell aurait volontiers applaudi face à un tel show.

Sans rien dire, elle attrapa les lunettes du garçon pour les poser sur le parchemin qu’elle venait de finir de rédiger. Elle se pencha à la recherche de sa baguette dans son sac à dos, et quand elle refit surface, elle croisa le regard de Timéo en levant un sourcil, l’air désabusée : sérieusement Whitemood, tu n’y avais pas pensé plus tôt ? Quel garçon dégourdi tu es, décidément. Mais, gardant le silence, elle reporta son attention sur le cadavre des lunettes avant de les tapoter du bout de sa baguette. “Reparo”, murmura-t-elle d’une voix étonnamment douce par rapport à la dureté de ses pensées, ce qui, à nouveau, détendit ses traits dans un air qui ne lui était pas familier.

1 - 2 - 3 - 4 : Le sort est une parfaite réussite, les lunettes se reconstituent à l’identique. Bluebell, sans autre formule, pousse délicatement les lunettes vers Timéo dans un sourire. Ce n’était pas si compliqué, finalement, de paraître sympathique.

5 - 6 : Le sort réussit partiellement. Les verres se reconstituent, mais la monture reste légèrement tordue. Bon, au moins pourra-t-il encore les poser sur son nez et décrypter ce qu’il lit, ce qui assure une poursuite à sa scolarité. Et puis, cela était prévisible : la gentillesse ne peut pas réussir du premier coup, surtout quand on s’appelle Bluebell Sherwin et qu’on ignore tout des codes de la gentillesses !

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Dernière édition par Bluebell E. Sherwin le Mar 26 Nov - 14:02, édité 1 fois

Le membre 'Bluebell E. Sherwin' a effectué l'action suivante : Le Hasard

'Le Hasard' : 5

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the end has no end | ft. bluebell e. sherwin.Bluebell était une jeune fille aussi intéressante qu’intrigante. Elle venait d’accepter de revoir le garçon au détour d’un déjeuner/dîner, surprenant n’est-ce pas ? Après, allait-elle vraiment venir s’il lui proposer quelque chose de ce type-là ? Il n’en était pas certain, mais elle n’avait pas refusé pour autant, ce qui était déjà plutôt incroyable ; surtout après leur début de relation.
Timéo posa sa tête dans ses mains, coudes appuyés sur la table et analysa la jeune fille. Pas très discrètement ; c’était même plutôt étrange de la regarder ainsi, mais il le faisait exprès ; espérant la rendre un tout petit peu mal à l’aise et la pousser à s’expliquer sur ce qu’elle venait de faire. Le sorcier était certes, celui qui avait proposé qu’ils se revoient, et il avait également espéré recevoir une réponse positive, mais à obtenir ce qu’il avait voulu était assez inattendue venant de la part de sa camarade. « Est-ce tu vas me tendre un piège si on se revoit ? » lui demanda-t-il, toujours dans la même position, tentant, dans le même temps, de lui lancer un regard interrogateur profond, comme le faisaient les enquêteurs d’une série policière bien connue dans le monde moldu.
Pour la première fois depuis longtemps, Timéo se demanda s’il n’était pas un peu trop crédule. Bluebell n’avait pas été très sympathique envers sa personne, et lui n’avait rien trouvé de mieux à faire que de l’inviter à se revoir. Cependant, il chassa cette mauvaise pensée de son esprit ; les gens n’étaient pas tous mauvais, et la Serpentard ne l’était pas ; il en était convaincu. Le problème étant qu’il n’avait aucun moyen de le savoir, à moins d’utiliser un sortilège pour entrer dans sa tête. Ce qu’il ne ferait, bien entendu, jamais.
Et malgré le fait qu’il était impossible que la jeune fille sache ce qu’il était en train de penser, il s’excusa ; se sentant coupable d’avoir douté de la nouvelle façade amicale qu’elle lui présentait actuellement. Et, sans perdre de temps, il se remit au travail.

C’est quelques minutes plus tard qu’il avait cassé ses lunettes, et honnêtement, il se serait bien passé de ça. Surtout que c’était un peu gênant d’être aussi maladroit en présence de quelqu’un d’autre ; qui plus est, quelqu’un qu’il essayait d’impressionner. Pourquoi voulait-il impressionner la sorcière ? Difficile à expliquer, lui-même ne le savait pas ; peut-être s’agissait-il de lui prouver qu’il n’était pas si inutile que cela ?
Timéo, lui, était toujours aussi abattu lorsque sa partenaire lui saisit ses lunettes des mains pour lancer un sort de réparation dessus. Évidemment ! Pourquoi n’y avait-il pas pensé plus tôt ? Il était un sorcier, et ce sort était loin d’être le plus compliqué de tous. C’était également pour cette raison qu’il ne put s’empêcher de rire /sans méchanceté aucune/ lorsque le sort de la fière jeune fille ne fonctionna pas totalement. « Excuse-moi, je ne me moque pas /il était tout de même, un tout petit peu, en train de le faire/. Merci en tout cas, tu es plutôt douée ! » dit-il, reconnaissant, en remettant les lunettes sur le bout de son nez. Il voyait correctement désormais, c’était le principal ; cependant, étant encore peu tordue, il était difficile de les faire tenir correctement. Pas grave ! Il essayerait de réparer ça lui-même lorsqu’il serait de retour dans sa chambre. Timéo ne voulait pas lancer de Reparo devant Bluebell, au cas où il réussirait justement. Il n’avait pas envie de la vexer, si jamais elle était de ce style-là. Le Gryffondor faisait toujours en sorte de valoriser les autres, toujours prêt à se mettre en retrait pour le bien de tous. Il n’avait pas besoin de lui prouver qu’il était meilleur qu’elle concernant ce sortilège de réparation (et puis, ce n’était même pas certain qu’il réussirait le sort, lui non plus). Cependant, peut-être que s’il l’avait réussi correctement, elle l’aurait mal pris, par gêne, et une atmosphère peu agréable aurait pu se mettre en place autour d’eux.

L’adolescent s’assit sur le bord de la table, les pieds dans le vide. « Tu dois probablement te demander pourquoi je n’avais pas pensé à lancer un sort /peu de chances qu’elle se posait effectivement la question/. En fait, c’est parce que… » et il s’arrêta brusquement ; pas très sûr de vouloir dire ce qu’il s’appétait à dire. Il voulait lui parler de son passé de moldu et de comment, parfois, il oubliait qu’il était lui aussi un sorcier, mais ce n’était pas forcément la bonne chose à faire. Pas avec elle, pas avec des personnes inconnues.
Timéo avait appris à s’abstenir de parler de l’origine de son sang en présence de personnes dont il ne connaissait pas grand-chose ; parce qu’ils étaient peut-être liés à une organisation contre les nés-moldus. Il n’avait pas honte d’être un né-moldu, bien au contraire, et il n’avait pas peur d’affronter ceux qui s’opposaient à cela, mais il ne disait rien par pure protection. Il s’était passé trop de choses à Poudlard pour être assez fou pour prendre un tel risque. Peut-être que Bluebell était déjà au courant pour lui, ce qui était le plus probable, et qu’elle s’en fichait ; mais peut-être aussi qu’elle ne savait rien. Il n’avait pas envie de le savoir, au cas où.
Timéo se reprit rapidement, pour éviter d’éveiller tout soupçon. Il prétendit avoir avalé de travers, il but donc une gorgée d’eau pour faire ‘glisser’ ce qui avait du mal à passer. « Wow, j’ai bien failli m’étouffer /bien sûr/. Donc je disais que je n’avais pas lancé le sort juste pour pouvoir voir si tu savais lequel il fallait utiliser » s’exclama-t-il, essayant d’être le plus convaincant possible. Il espérait qu’elle allait tomber dans le piège parce que comment expliquer à quelqu’un qu’il s’était ravisé et que finalement, il n’avait plus envie de dire ce qu’il allait dire ?
Le jeune Gryffondor remit ses pieds au sol, ce qui fit trembler légèrement la table, et se rassit à sa place. Ils devraient bientôt avoir terminé la rédaction de leur parchemin. Ils avaient été plutôt efficace, rappelons tout de même qu’ils avaient réussi à rattraper deux semaines de retard en à peine quelques heures de travail.
Maintenant, qu’allaient-ils faire ? S’ils terminaient tout de suite, il ne savait pas quand il allait revoir la jeune fille ; et il n’avait pas encore envie de la quitter. Il avait encore quelques petites choses à découvrir sur elle. Et puis, il n’était pas fatigué, il n’avait pas envie de dormir maintenant, et sa compagnie était plutôt agréable. « Tu ne penses pas que l’on pourrait ajouter une troisième partie ? /il fronça les sourcils/. Je sais que notre professeur ne nous l’a pas demandé, mais ça pourrait être un bon point, non ? Qu’on propose quelque chose d’un peu plus poussé ? » proposa-t-il. Et oui, tous les moyens étaient bons pour rallonger le temps qu’ils devaient passer à la bibliothèque.
Le seul petit problème était que Timéo n’avait pas non plus très envie de continuer à travailler, ce n’était peut-être pas la meilleure idée après tout. Comment faire rester la jeune fille tout en trouvant un prétexte crédible ?

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The end has no end | ft. Timéo

“Est-ce tu vas me tendre un piège si on se revoit ?”
Cette question était en réalité bien plus pertinente qu’elle ne put paraître. C’est vrai ça, Bluebell Eurydice Sherwin, allais-tu donc tendre un piège à ce garçon niais et innocent, vulnérable et sensible ? Est-ce que s’afficher en sa compagnie pour dorer son image de gentille puriste sage était considéré comme un piège ?
Cette question méritait une considération et une réflexion auxquelles Bluebell ne voulut pas se consacrer. De ce fait, elle chassa cette pensée comme une mouche d’un geste désinvolte de la main. Elle avait bien d’autres priorités, comme par exemple, réfléchir à un moyen de se rapprocher de Cameron pour donner l’impression d’être devenue tolérante, faire une liste des insultes idéales à cracher à la tête de Finnbjörn à sa réception de fin d’année, et acheter par la même occasion la robe qu’il trouverait la plus déplacée et provocante. Bien sûr, au-delà de ça, elle avait toujours ses recherches à mener avec Maxton sur leur passé tout en supportant la présence d’Alexis sous le même toit. Savoir si elle jouait de ce garçon qu’elle venait de rencontrer n’était donc clairement pas une priorité dans sa liste de Noël.

Mais entre temps, il lui fit une remarque concernant le sort qu’elle venait de lancer. Ah, le petit ingrat ! Il n’était donc pas aussi innocent qu’il le laissait paraître, il avait lui aussi un côté mordant ? Et bien, dans ce cas, elle n’allait pas se retenir de l’être. “Quand on n’a pas envie de lancer un sortilège, c’est normal que sa baguette ne réagisse pas correctement. J’ai déjà fait suffisamment preuve d’humanité en t’accordant mon aide, tu ne croyais quand même pas que j’allais sauver ta précieuse monture ?” Elle esquissa un sourire sournois et se pencha en avant, pour ajouter en chuchotant “Je m’appelle Bluebell Sherwin, tu n’as pas l’air de comprendre ce que cela implique.” Ces derniers dires avaient tout l’air d’une menace, après tout, il devait comprendre qu’elle n’était pas une fleur mais bien un cactus, ou tout du moins, une plante carnivore. Elle avait peut-être des apparences douces, elle n’en cachait pas moins une malveillance profonde. Et réparer les lunettes d’un inconnu, c’était au-delà de ses capacités morales.

Puis cet idiot lui lança un nouveau pic. Allons bon, tester ses aptitudes à elle ? Elle haussa ses sourcils, de plus en plus étonnée que cet inconnu se permette autant de remarques en ignorant tout de son caractère explosif. “Mais mon cher Timéo, tu testes mes qualités en sortilège quand tu n’es même pas fichu de boire correctement de l’eau ?” remarqua-t-elle sans la moindre ironie afin de souligner la véracité de ses dires. Après tout, il la taquinait alors que lui-même n’était franchement pas dégourdi. Ce type était vraiment surprenant, et Bluebell se sentait réellement piquée de curiosité, comme face à un nouveau spécimen inconnu. Qui dans ce château ignorait qui elle était, elle et ses réflexions racistes, elle et sa véhémence, elle et la noirceur de son passé ? Visiblement Timéo. C’était là même le fondement de sa présence dans cette bibliothèque depuis ces dernières heures : elle se plaisait à échanger avec ce niais qui ignorait tout d’elle. C’était l’opportunité rêvée de changer son image, et de jouer, dans un sens, aussi. C’était peut-être réellement un piège alors.

Lorsqu’il lui proposa une troisième partie, Bluebell poussa un lourd soupir. Point pour lui : cela serait certainement une valeur ajoutée à ce travail. Elle leva les bras pour s’étirer avant de faire craquer sa nuque. “Bon. Va pour une troisième partie, au point où nous en sommes.” Mais elle garda le silence en continuant de regarder son interlocuteur, l’air pensive. Qui étais-tu donc, Timéo Whitemore, qui ne savait rien d’elle ? Elle songea à espionner son passé afin de mieux cerner cet audacieux penaud. Oui, elle mènerait sa petite enquête ; était-il un puriste, lui aussi, sous ses airs enfantins ? Et s’il n’était qu’un né-moldu… Venait-elle vraiment de passer tant d’heures avec un sang-de-bourbe ? Elle secoua la tête pour chasser cette idée. Elle aurait pu lui poser directement la question, néanmoins, si la réponse était positive, elle n’était pas certaine que son égo s’en remette tout de suite. Et puis, ils avaient encore une troisième partie à rédiger : si elle devait apprendre une mauvaise nouvelle maintenant, elle n’était pas sûre de trouver l’énergie pour cette ultime rédaction. “Attends-moi là, j’ai une idée d’ouvrage pour la dernière partie.” Elle se leva, un peu trop sèchement, et partit en direction d’étalages poussiéreux, à nouveau. La seule bonne nouvelle, dans toutes ces interrogations, c’était que Phoenix aurait été très fière d’elle. Néanmoins, Bluebell n’aurait jamais songé que sociabiliser avec des inconnus lui prenne autant d’énergie et de patience. Le monstre qu’elle était saurait-il vraiment se retenir de cracher du feu en présence des moindres inconnus ? Elle revint à la table où ils étaient installés en jetant le livre sur la table. “Le chapitre 3 et 6 sont pertinents avec notre sujet”, annonça-t-elle en se laissant tombant sur sa chaise. Pourvu que ce devoir se termine bientôt ; elle avait une enquête à commencer.

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the end has no end | ft. bluebell e. sherwin.« J’ai déjà fait suffisamment preuve d’humanité en t’accordant mon aide, tu ne croyais quand même pas que j’allais sauver ta précieuse monture ? ». Le jeune garçon fut pris de court de cette réponse cinglante ; il avait effectivement oublié qu’il était en compagnie de Bluebell Sherwin, mais d’où venait cette soudaine froideur ? Lui qui pensait que l’atmosphère s’était détendue entre eux. C’était une forte déception pour Timéo ; il prit cette remarque à cœur, un peu trop même. Il était juste déçu, déçu parce qu’il voulait juste plaisanter avec la jeune fille, il n’avait pas essayé de la provoquer ou quoique ce soit. Il baissa la tête, ne sachant pas très bien quoi répondre à sa camarade.
Puis, le Gryffondor se redressa sur sa chaise « Je n’ai pas besoin de comprendre ce que ça implique Bluebell, parce que ça m’est égal. Tu es plus que juste un nom. ». Elle non plus n’avait pas l’air de comprendre qui lui était vraiment. Il n’était pas du style à se laisser intimider par les autres, surtout lorsque ces derniers essayaient de le faire. Timéo avait été piqué de plein fouet par la menace cachée de sa partenaire, et ça ne lui plaisait pas. Il s’était senti obligé de rétorquer quelque chose.

L’air de la bibliothèque était devenu plus froid, d’un seul coup ; ou Timéo était-il le seul à sentir cela ? Comment avaient-ils pu en venir là ? N’avaient-ils vraiment rien créer ? Le jeune sorcier avait vraiment cru qu’il était en train de se passer quelque chose entre eux, amicalement parlant. S’était-il trompé ? Timéo était-il si naïf que cela ? Tant de questions pour si peu de réponses…
Il ne savait plus si elle le taquinait ou si elle souhaitait vraiment être piquante avec lui. Ce n’était pas facile à dire, et son ton de voix était plutôt étrange, dénué d’expression.
En l’espace de quelques minutes, son binôme avait changé de comportement envers lui. Avait-il fait quelque chose de mal ? Il avait beau réfléchir sur le sujet mais il n’arrivait pas à comprendre ; peut-être que sa plaisanterie ne lui avait pas plu ? C’était fort dommage parce que Timéo était un adolescent assez taquin, et il serait dur pour Bluebell de le supporter si elle n’arrivait pas à accepter le fait d’être prise pour cible pour une de ses blagues.
Cependant, le jeune sorcier décida, encore une fois, de prendre le parti de rester agréable avec la Serpentard. « Tu sais que c’était une blague quand je te disais que je testais ta capacité à lancer des sortilèges ? », il avait conscience qu’elle devait être une sacrée bonne enchanteresse, il n’en avait aucun doute même. Pourquoi pensait-elle qu’il en doutait ? Avait-elle si peu confiance en elle pour réagir comme cela ? C’était peut-être pour cette raison ce changement soudain ? « Je ne voulais pas te vexer, tu le sais ça ? Je t’ai pourtant dit que tu étais douée » finit-il par ajouter, pour essayer de combler le blanc /cette fois dérangeant/ qui s’était installé entre eux. Il jouait avec ses pouces, comme le font les personnes ne sachant pas quoi faire de leurs mains quand ils vivent un moment relativement gênant.

Lorsqu’elle accepta de rédiger une dernière partie, Timéo se détendit un petit peu ; il espérait cependant que la jeune fille redeviendrait aussi agréable qu’elle l’avait été après le repas qu’ils avaient partagés quelques minutes auparavant. Un problème cependant, il ne savait pas comment l’appréhender, effectivement il ne connaissait pas sa camarade. Il avait mal analyser la situation, et s’était laissé amadouer par son calme soudain. « On peut le faire une autre fois si tu n’as pas envie de travailler maintenant » proposa-t-il ; parce que peut-être que la jeune fille était épuisée et qu’elle n’avait plus envie d’être là. Timéo préférait la laisser partir plutôt que de la forcer à rester avec lui.
Cependant, elle souhaitait apparemment elle aussi continuer puisqu'elle alla chercher un nouvel ouvrage ; en concordance avec le sujet sur lequel ils étaient en train de travailler. « Tu ne veux pas venir t’asseoir à côté de moi ? Pour qu’on puisse regarder le livre en même temps ? » lui demanda-t-il. Cela serait effectivement plus efficace de travailler ainsi ; même si être assis à côté de Bluebell avait un côté un peu effrayant pour le Gryffondor. Il se décala afin de lui laisser de la place au cas où elle décidait de venir. Le bruit de la chaise tirée sur le sol de la bibliothèque fit un peu trop de bruit. « Silence ! » pouvait-on entendre au loin. Timéo secoua sa tête, un peu exaspéré du manque de patience des autres, mais se tut. Pas la peine de se faire remarquer.

Pendant leur temps passé à la bibliothèque, la nuit était tombée sur le château et la pluie frappait sur les vitres. C’était agréable à écouter, et Timéo se laissa bercer un moment, pensant à la journée qui s’était écoulée. Elle fut riche en émotion, et il avait tout de même assez hâte de se poser dans les draps confortables de son lit à baldaquins. « Tu aimes le bruit de la pluie ? » demanda-t-il, l'air pensif, à Bluebell, ne sachant pas très bien l’intérêt pour lui de connaître la réponse à sa question. En fait, si il le savait. Il voulait amener un autre sujet entre eux, et c'était la façon pour lui de commencer la conversation. « Tu sais, je n’ai pas vraiment envie de faire semblant /ce n’était pas qui il était/, du coup j’aimerais te parler de quelque chose… » et il s’arrêta de parler, réfléchissant à la suite de son monologue. Était-ce vraiment nécessaire d’avoir cette conversation ? Puis, il reprit « Pour être honnête, je n’ai pas vraiment compris ta réaction tout à l’heure, et je t’avoue que ça m’a un peu blessé. ». Voilà, c’était dit ; compliqué à faire mais au moins c’était fait, il n’allait pas avoir à recommencer.
On avait appris à Timéo à exprimer les sentiments qu’il ressentait, et ça tout le monde ne le comprenait pas. Certains, la plupart même, avait tendance à ne pas dire les choses ; ce qui pouvait finir par provoquer des malentendus, ou pire. Et Timéo n’avait pas envie de se retrouver dans cette situation avec Bluebell, ni avec personne d’ailleurs. Il pouvait bien passer pour un garçon étrange, cela lui était égal. Avouer ce qu'il ressentait était une part importante de sa personnalité.

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The end has no end | ft. Timéo

Bon, c’était quoi, le problème de ce garçon ? Il était gentil, soit. Elle l’avait un peu mordu, il avait répondu, et maintenant qu’elle l’avait encore un peu plus piqué, voilà qu’il avouait avoir été blessé. Ce n’était pas comme ça, que c’était censé marcher : piquer, mordre, attaquer, saigner, et continuer à se chercher, c’était comme ça que les choses se déroulaient la plupart du temps avec Bluebell. Ceux qui venaient geindre d’avoir été touché trop fort s’éloignaient et la traitaient de peste ; mais jamais ils ne venaient se plaindre. Et voilà que ce Gryffondor joue aux blessés de guerre, et veulent en plus un jugement ?
Et si c’était elle, le problème ? Cette pensée effleura la jeune fille alors qu’elle le regardait de biais, maintenant qu’il lui avouait avoir été blessé. Après tout, aussi solide soit son estime de soi, elle devait admettre avoir été élevée à la dure, et ne s’être jamais entourée que de personnes au moins aussi bornées qu’elle. Les Sorensen, Alexis, sans compter Maxton, bien évidemment. Misha, également, maintenant qu’ils se côtoyaient en cours. Allons, elle avait tout de même fourni un effort incommensurable : elle s’était rassise à côté de Timéo, comme il le lui avait demandé, certainement pour une trêve silencieuse.

C’était déjà bien assez, comme preuve de coopération. Après tout, ils avaient un devoir à terminer, ils n’avaient pas le temps pour des considérations d’égo. Mais non, il fallait que Timéo crève l’abcès. Soit. Elle allait être aussi franche qu’il venait de l’être, puisqu’il insistait pour en parler. Bluebell posa sa plume, se redressa et tourna son visage vers son camarade, le sondant quelques instants avant de répondre - afin de contrôler a minima sa langue qui aurait pu laisser échapper quelques insultes (c’était dans sa nature, difficile de se retenir !). “De quelle remarque tu parles ? De celle où j’ai à juste titre souligné le fait que tu n’étais pas capable de boire, ou celle où je t’ai rappelé comment je m’appelais ?” Elle poussa un soupir, observa son parchemin griffonné devant elle, avant de relever à nouveau les yeux sur le blondinet. Quel drôle de spécimen. Un naïf heureux et sympathique, franc, et certainement très juste, comme on n’en faisait plus depuis les années Blackman. D’ailleurs, s’il se tenait ainsi devant elle, c’était certainement que c’était un sang-pur ; après tout, il n’aurait jamais survécu aux conditions du cachot, ou alors, il n’en serait pas ressorti aussi pur et indemne. Cette idée la consola, dans un sens, c’était très certainement un garçon de bonne famille, comme elle. Il était juste un peu trop niais - mais qui pouvait lui en vouloir, certaines familles vivaient dans des cocons, et cela lui aurait certainement arrivé si elle… Enfin, si ses parents… N’avaient pas disparu dans des conditions floues. Son visage se détendit un peu à l’idée que son interlocuteur soit vraisemblablement un sang-pur aussi ; elle n’avait pas à témoigner plus de ressentiment inutilement. “Ecoute. Tu dis que mon nom ne change en rien celle que je suis, que ce n’est qu’un nom. Mais cela sert également à te donner une identité, et à te décrire. Et quand on t’a parlé de moi - car je suis sûre qu’on t’a parlé de moi à l’issue de la répartition du devoir - ne va pas me faire croire qu’on ne t’a pas averti sur ma personne. Ce n’est pas pour rien, Whitemore. Je suis comme ça, une peste, et j’aime piquer les gens, et être ironique. Ne va pas te vexer pour quelques blagues, quand certains ont droit à des remarques plus…” Elle se souvint de ses propos envers Finnbjörn, où elle l’avait clairement incité au suicide. Il était vrai qu’elle exagérait un peu, parfois. “Plus acides”, reprit-elle en détournant le regard sur un livre au loin, coincé dans une étagère, à la couverture pourpre. Elle réalisa alors le poids de ses dires. Avait-elle vraiment été jusqu'à une telle remarque ? Sa propre méchanceté l'étonnait, parfois.

La pluie battait son fort, dehors. Quelle journée pourrie. Coincée ici à écrire un parchemin ridicule avec un inconnu, un devoir qui semblait n’en plus finir, et en plus, elle devait se justifier d’être acerbe…. Se justifiait-on jamais d’être qui l’on était ? Cela n’avait pas de sens. “Et puis, je suis comme je suis, il va falloir que tu fasses avec, ou non. Je ne t’ai jamais demandé d’être sympathique envers moi”, conclut-elle alors en reprenant sa plume. Après tout, qu’est-ce que ça pouvait lui faire, qu’elle soit blessante ? Elle ne demandait pas à être appréciée, loin de là. De toute façon, elle avait bien grandi sans être appréciée par personne en dehors de son frère ; elle n’était même pas certaine d’apprécier la sympathie d’autrui tant cela était une conception en dehors de ses propres fondations. Un monstre prend l’habitude d’être un monstre.

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the end has no end | ft. bluebell e. sherwin.Timéo se surprit à se dire qu’il avait peut-être trop vite réagi ; il était certes important d’exposer ses sentiments à autrui et de discuter lorsqu’une situation était déplaisante mais avec une parfaite inconnue, parce que c’était encore ce que Bluebell était pour le moment, c’était différent. Il fallait peut-être faire preuve de plus de subtilité, et engager ce style de conversation avec la jeune sorcière n’était certainement pas la bonne chose à faire. Parfois, il fallait être plus discret par rapport aux émotions ressenties ; ce que le jeune garçon avait beaucoup de mal à faire.
Une angoisse soudaine s’installa dans le cœur de Timéo ; il ne voulait pas passer pour un garçon hypersensible auprès des autres /même si, effectivement, il était une personne hypersensible/. C’était un défaut que les autres pouvaient utiliser contre lui, et qui savait si Bluebell n’était pas ce genre de personne ? Il était vrai, après tout, que le Gryffondor ignorait tout d’elle. Et ça, il ne s’en était rendu compte que trop tard.

L’adolescent voyait bien que sa camarade était relativement blasée de la remarque qu’il venait de faire. Il était évident qu’elle n’avait pas de temps à perdre avec ce genre de comportement. Ils n’étaient pas des amis, ils étaient juste binôme de travail ; pas besoin de dramatiser puisqu’ils avaient presque terminé de travailler. Pourquoi est-ce ça tenait tant à cœur à Timéo de devenir ami avec la sorcière ? C’était plutôt ridicule ; ils n’avaient à-priori, rien en commun et la jeune fille ne cessait de lui faire comprendre qu’elle n’était pas intéressée, elle, à devenir son amie. Peut-être devrait-il lâcher l’affaire ? Finir le devoir, rentrer dans son dortoir et en rester là ? Tout le monde n’était pas fait pour créer une relation, il était inutile de forcer le destin ; et pourtant, c’était exactement ce que l’adolescent s’entêter à faire depuis une semaine. Lui-même ne pouvait pas expliquer sa réaction.

Peut-être que si elle s’était excusée, il aurait vu les choses différemment mais là, ses réponses ne lui convenaient pas. Il se sentait humilié, et comme un petit enfant qui devait affronter quelqu’un de plus grand que lui. Timéo n’aimait pas se sentir inférieur à un autre ; personne n’aime ça d’ailleurs ; et pourtant, à ce moment même, c’était exactement comme cela qu’il se sentait. Inférieur à Bluebell. Était-elle tout simplement maladroite dans ses dires ou bien, savait-elle exactement ce qu’elle faisait ? Il n’en avait aucune idée, et pour la première fois dans sa vie, il se referma sur lui-même ; ne voulant plus faire d’efforts avec la Serpentard. Lui, qui était toujours prêt à en faire, était venu à un point de non-retour. Il était trop difficile de persister quand il n’y avait aucun retour chez l’autre personne ; en l’occurrence Bluebell.

« Tu sais quoi ? Laisse tomber ! » répondit-il sèchement à la jeune fille /plus qu’étrange de le voir parler ainsi/. Et il se remit à parcourir son parchemin, cherchant tant bien que mal (pour cause de non-concentration) à trouver des erreurs qu’il aurait pu faire. Puis, releva la tête de nouveau. Il n’avait pas terminé de dire ce qu’il avait sur le cœur : « Tu sais que tu ne peux pas tirer de fierté en étant une peste comme tu dis. Ni dire que tu aimes piquer les gens, rien n’est bienveillant dans cela. J’espère que tu t’en rends bien compte ». Il prit une gorgée d’eau dans la bouteille qui se trouvait à côté du bras de Bluebell et en la reposant, celle-ci lui glissa des mains et se répandit sur les parchemins sur lesquelles ils avaient travaillé pendant des heures durant. C’en était trop ! Il aurait pu se mettre à pleurer s’il avait eu la quantité de larmes nécessaires dans ses yeux. « Et puis, c’est exact ! Tu ne m’as pas demandé d’être sympathique envers toi, c’est moi qui ai choisi de le faire. Ai-je bien fait ? Je n’en suis plus si sûr » lâcha-t-il ; chose qu’il regretta immédiatement avoir dites. ‘Ai-je bien fait ? Je n’en suis plus si sûr’ qu’il avait dit ; ça ne lui ressemblait pas. Qu’est-ce qu’il lui arrivait ? Devait-il s’excuser ? C’était impossible; il n’aurait plus aucune crédibilité envers la jeune fille.

Il finit par se calmer, et entreprit d’essuyer l’eau qui s’était répondu sur toute la table, et qui coulait de tous les bords. Qu’avait-il fait ? Est-ce que les parchemins étaient encore lisibles ? Il n’avait pas le courage de tout recommencer.
Puis contre toute attente, il s’excusa /on ne parlait pas de crédibilité il y a à peine deux secondes ?/. Il enleva ses lunettes et posa ses bras contre les accoudoirs de sa chaise. « Excuse-moi Bluebell, pour les parchemins et pour ce que je viens de dire, je ne le pensais pas » et aussi étrange que cela puisse paraître, ses excuses étaient sincères ; il ne pensait pas ce qu’il avait dit parce que bizarrement, il éprouvait une sympathie inexplicable envers la jeune fille…
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The end has no end | ft. Timéo

Ce type était un hypersensible, susceptible, naïf enfant. Venait s’ajouter à cette dores et déjà longue liste de défauts un nouveau trait de caractère qui n’avait rien de bien attendrissant ou susceptible d’arracher un sourire moqueur à Bluebell : une impulsivité qui venait de ruiner une après-midi entière de travail.
La jeune fille avait arqué un sourcil à mesure qu’il s’engageait dans cette piste glissante d’accès de colère. Rien de bienveillant, c’était là une bien drôle d’insulte. Peut-être que cela aurait dû la faire tiquer, mais la bienveillance n’était pas son fort, elle le savait et à dire vrai, n’essayait en rien d’améliorer cette situation. Sa bienveillance, son humanité, elle l’avait enterrée il y avait déjà des années de cela, et elle ne se permettait de la ressortir que pour Maxton. Il y avait bien eu Finnbjörn qui en avait bénéficié, contre son grès ; mais ce camarade de classe inconnu, Timéo ? Il était ambitieux, ou fou. Il semblait évident qu’il ne connaissait rien de Bluebell, ce qui n’était pas étonnant, dans le fond. Un utopiste dans son genre n’avait rien à faire dans son univers. “Tu as raison, je n’ai rien de bienveillant, et tu n’as pas bien faire d’être sympathique avec moi”, reprit-elle posément en cherchant sa baguette qu’elle avait rangée dans son sac. Sans un regard pour Timéo, elle n’entreprit même pas de répondre à ses excuses. Pourquoi présenter ses excuses pour avoir dit la vérité ? Elle attrapa finalement sa baguette et se redressa en croisant le regard du jeune homme. “Tu peux penser ce que tu veux sans t’en excuser. Ce ne sont pas tes piètres insultes qui vont m’affecter, j’ai connu plus douloureux”, commença-t-elle dans un sourire amusé. Même dans le revers mauvais de son tempérament, il faisait preuve de gentillesse.

C’était quand même navrant. Bluebell prit son inspiration avant de refermer sa bouche, avant de reprendre à nouveau son inspiration et d’attendre un long moment sans rien dire. Enfin, elle parvint à s’exprimer en s’avançant légèrement : “Tu devrais apprendre à te construire une armure contre ce monde, Timéo. Tu ne peux pas prendre à cœur la moindre remarque, surtout venant d’inconnue comme moi. La douceur et la sympathie sont du siècle dernier, il va falloir t’y faire. Et, si tu veux”, reprit-elle avec un sourire de malice, “je peux t’être très utile pour parfaire ta maîtrise dans cet art. Sans vouloir me vanter, j’ai d’excellentes aptitudes en attaques verbales”, fit-elle finalement dans un rire. Puis elle s’éclaircit la gorge, passa une main dans sa tignasse sombre et prit un air concentré. Il y avait, pour l’heure, plus urgent que cette mauvaise blague : il était temps de sauver leur travail. “Impervius”, conclut-elle dans un murmure en approchant sa baguette des parchemins trempés.

1 - 2 - 3 : l’eau des parchemins s’échappe en un filet qui s’enroule autour de sa baguette avant de s’évaporer lentement. Leur travail est sain et sauf, ce qui n’est pas sans soulager la Serpentard.

4 - 5 - 6 : seule une partie de l’eau qui engorge leur devoir s’évapore ; les parchemins sont empreints ça et là de quelques taches d’eau qui a un peu fait couler l’encre. Bluebell pousse un soupir en posant sa baguette. Ils n’auront pas le choix, il va leur falloir récrire quelques passages.

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Dernière édition par Bluebell E. Sherwin le Mar 11 Fév - 13:56, édité 1 fois

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