Pour comprendre complètement qui est Charlie Campbell il faudrait au minimum avoir un BAC +12 et une licence en psychologie. A vrai dire, ça ne serait peut-être même pas encore suffisant. A lui seul, il totalise pas moins de six personnalités différentes réparties sur à peine 18 ans de vie. Comprenez moi bien, j'adore ce garçon, vraiment, mais parler de lui me demande des heures à taper sur un clavier que je préférerais passer à vous raconter ses aventures à Poudlard. Mais puisqu’il est nécessaire qu’on se penche un peu sur son cas, asseyez vous, buvez un thé et soyez conciliants, n’oubliez pas qu’on ne fait pas d’omelette sans casser quelques œufs.

Charlie vient de Brooklyn à New York, il y est né et y a passé les premières années de sa vie avec sa mère et son père. Il n'y a pas grand chose à dire sur sa petite enfance si ce n'est que c'était un garçon solitaire, un peu triste, il avait énormément de mal à s'intégrer et ça ne s’est pas arrangé avec le temps. De ses quatre à sept ans, Charlie ne parlait pas beaucoup, c’était un grand timide. Son caractère réservé cachait une sensibilité et une intelligence que personne n’avait pris la peine de considérer, on se préoccupe rarement de ce que ressentent vraiment les enfants en société et selon moi, c’est une énorme erreure. Charlie en est l’exemple même puisque son incapacité à s’intégrer, en plus de le rendre silencieux, lui a value plusieurs années de harcèlement. A six ans, il a développé une phobie scolaire soignée à coup de médicaments assistés par une thérapie inutilement compliqué. Ce passage de sa vie aurait pu le démolir complètement pourtant, à l’inverse, Charlie est entré dans sa deuxième phase existentielle : la colère.

Décidés à le sortir de l’environnement oppressif dans lequel il se ternissait de plus en plus, Kathrina et Tyler Campbell ont retiré leur fils de l'école de Brooklyn où il se trouvait pour l’inscrire dans un autre arrondissement de New York : Manhattan. L’initiative aurait pu fonctionner si Charlie n’était pas déjà passé du côté obscur de la force. L’un comme l’autre savaient que ce ne serait que provisoire, qu’il rentrerait à Ilvermorny quatre ans après et que dès lors, le petit garçon pourrait commencer une nouvelle vie. Ils n’avaient absolument pas prévu qu’il leur ferait une magnifique crise d’adolescence précoce. C’est ainsi que le gentil et sensible Charlie Campbell devint un gamin rebelle et bagarreur incontrôlable. Lorsqu’il ne se battait dans la cour de récré, ne répondait pas aux professeurs et ne s’enterrait pas en salle de retenue, il disparaissait de la circulation le temps d’une journée puis revenait recouvert d’hématomes. Je pense pour ma part que tout ceci était la cause d’un burn out nourrit à l’indifférence, Charlie combattait ses démons comme il le pouvait. La crise s’instaura également dans le couple Campbell, amplifiant encore un peu plus la colère de l’enfant, des petites bêtises sont nées les plus grandes, jusqu’au jour fatidique où Charlie a dû faire face à la justice. Le mariage de ses parents n’y a pas survécu et son père a disparu de la circulation. Kathrina s’est noyée dans l’alcool, laissant son fils livré à lui-même et le contraignant à entrer dans une toute nouvelle phase : la prise de maturité anticipée.

Du haut de ses 9 ans, Charlie est devenu le maître de maison. Il s’occupait de tout, motivé par la culpabilité qui le rongeait de l’intérieur, il devait se racheter par tous les moyens. Les courses, le ménage, la lessive et bientôt la cuisine, le médecin, il fallait qu’il soit capable de tout faire et on remercie YouTube d’avoir été là quand tout le monde a abandonné le navire. Charlie ne s’attirait plus de problèmes, il se tenait à carreau, n’était pas particulièrement bon élève mais pas trop mauvais non plus. Un an après ces mésaventures, Kathrina a commencé à redresser la barre, délestant Charlie de la montagne de responsabilités qu’il avait appris à gérer tout seul. Seulement voilà, trop occupé il n’avait absolument pas pris le temps de faire des choses pour lui alors maintenant qu’il pouvait commencer à se pencher sur la question de son existence et sur ses problèmes, un gigantesque gouffre d’appréhension menaçait de l’engloutir. Inévitablement, il s’est complètement renfermé sur lui-même (une nouvelle fois) et est entré dans la phase de la dépression.

Rien n’avait de sens, tout l’indifférait, il ne prenait même plus la peine de faire des efforts en cours, ses résultats ont dégringolés, il ne parlait plus beaucoup et bien que ce passage ait un arrière goût de déjà vu, il y avait une grosse différence dans son caractère : le sarcasme. Charlie enfonçait quiconque le provoquait à coup de verbe tranchant, il lisait énormément et développait ses compétences en matière de répartie. D’harcelé auparavant, il est alors passé au garçon craint par la majorité de ses camarades, celui qu’il ne vallait mieux pas approcher au risque de se faire démolir psychologiquement. Sans compter qu'il lui arrivait d'avoir des petits accidents d'ordre magique, c'est surtout à cette période que ses pouvoirs ont vraiment commencés à se révéler. Kathrina ne supportait plus tellement leur vie à New York non plus, il fallait changer d’air à tout prix, partir le plus loin possible et se reconstruire ailleurs. C’est ainsi que la famille Campbell (ou en tous cas ce qu’il en restait) s’est installé à Londres en Angleterre. Là, la réputation de Charlie a fait un bond vertigineux. Dans sa nouvelle école, ses camarades le trouvait incroyable. Sa confiance en lui surprenait tout le monde, des parents aux jeunes adolescents, la vie commençait sincèrement à prendre une toute nouvelle allure, très agréable. Le garçon isolé devint populaire, la mère éplorée s’épanouit enfin, peu de choses auraient pu ternir ce nouveau train de vie. Pourtant il en existait bien une et Charlie allait y faire face : l’entrée dans l’univers de la sorcellerie.

Avec tout ça, ils en avaient presque oublié sa véritable nature, après tout le seul sorcier de la famille s'était tiré avant même de se pencher sur la question. Ils n’y connaissaient rien, n’avaient aucune idée de la manière dont ils devaient appréhender la rentrée à Poudlard et par dessus tout : Charlie ne voulait pas y aller. Il aimait Londres, pourquoi est-ce qu’il aurait voulu aller s’enterrer en Ecosse dans un vieux château peuplé d’une partie de la population qu’il n’avait jamais côtoyé et qui l’agaçait déjà prodigieusement ? Alors certes il ne pouvait pas l’éviter parce que sa mère avait décidé qu'il devait y aller, mais il ne comptait pas se laisser faire sans rien dire. Apparut ainsi le Charlie révolté, insolent avec ses professeurs, je m'en foutiste absolu, sarcastique, provocateur et manipulateur. Ce qui lui valut de redoubler 2 fois : sa première et sa troisième année. Il n'était pas stupide bien loin de là, il se sentait juste au dessus de cette école de “conte de fée”. Pour lui rien de ce qui était enseigné à Poudlard ne lui servirait dans sa vie future, de ce fait il n’avait aucune raison de faire des efforts. Cette politique de l’Autruche à duré jusqu’à ce que commence le règne de Menesis Blackman. Il avait entendu que des évènements étranges se produisaient un peu partout du côté magique de la société et également à Poudlard, dont un d'ailleurs qui avait valu la disparition de la directrice, mais il ne se posait pas tellement de questions avant que le diable en personne ne prenne la tête de l’école. Il est bon de savoir que Charlie n'a jusqu'ici jamais participé à un seul voyage scolaire. Il ne s’intéressait certes pas beaucoup aux discours de ses professeurs ou de la directrice en règle général mais la radicalisation des pensées majoritaires le frappa de plein fouet. Charlie est peut-être un peu nombriliste sur les bords, cependant, il porte un intérêt tout particulier à la justice. Ce revirement de situation lui a très rapidement déplu, il connaissait des nés moldus, lui-même nourrissait plus son côté moldu que sorcier, pour ça il se sentait personnellement attaqué, quand bien même on ne lui ait pas gravé les initiales “NM” sur le dos de la main. Alors il a rejoint la “résistance”, une minorité d’élèves qui tout comme lui ne comptaient pas laisser la situation s’installer définitivement. Charlie a dû rattraper en l’espace de six mois tout le retard qu’il avait emmagasiné pendant trois ans (du moins deux années scolaires), certaines matières mises de côtés. Il s’est d’ailleurs trouvé un vrai don pour les sortilèges et la botanique, comme quoi chassez le naturel et il revient au galop.

McGonagall a fait son grand retour, marquant une victoire bien mérité pour les bons. Charlie a profité de l’accalmie provisoire pour se mettre au quidditch et est devenu un très très bon batteur. Si vous voulez mon avis, frapper les cognards et les envoyer heurter d’autres élèves à un effet cathartique certain. Tout se passait bien pour l’adolescent, il s’épanouissait peu à peu et se libérait de ses préjugés. La situation s'est de nouveau gâtée comme vous le savez avec l’événement de la fête foraine, Charlie y était, il a même sauvé la vie d’une Serdaigle avec qui il est par la suite sorti pendant quelques mois. S’en est suivie une année de calme avant l’événement le plus traumatisant qu’il n’ait jamais eu à affronter : l’attaque des Néo Mangemorts et l'assassinat de la directrice McGonagall. Personne ne s’y attendait et surtout pas Charlie, tout allait plutôt bien avant ça, il n’y avait aucun signes annonciateurs. Bien heureusement, il était déjà très réactif à cette époque et a donc prit part au combat pour protéger les plus jeunes de sa maison. L’emprisonnement des nés moldus dans les cachots l’a profondément choqué, il n’imaginait pas qu’il puisse y avoir tant de cruauté dans une école. Charlie a plus d’une fois tenté de leur venir en aide, encaissant les doloris et les châtiments corporels sans perdre de sa superbe. Bien entendu, il a rejoint la rébellion dès qu’elle s’est formée, a combattu aux côtés d’amis qu’il a vu mourir sous ses yeux, cette expérience l’a fait grandir d’un seul coup. Il s’est encore endurcit après ça.

Les choses se sont à nouveau tassées l'année suivante, il a passé ses Buses à dix-huit ans, obtenant de très bonnes notes dans les matières qui l’intéressaient principalement. Le décor de Poudlard devenait oppressant, trop de souvenirs, trop de tensions, pas assez de naïveté, le nouveau directeur Neville Londubat n'arrangeait d'ailleurs pas les choses. Entre Halloween et Noël, Charlie avait de quoi nourrir son traumatisme. Quoique la saint valentin ne fut pas mal non plus lorsqu’une jeune femme de sa maison, sous l’effet de l’Amortensia, lui a littéralement sauté dessus. Mais comparé au reste, ce passage là était plutôt amusant.

A 19 ans, en entrant en sixième année, il était et demeure toujours le doyens de sa classe. Ça ne le dérangeait pas tant que ça, même si il était parfaitement conscient du fait qu’il aurait déjà dû être à l’université. À ce moment là il n'était plus si ignorant bien au contraire, il était très en avance sur le programme scolaire et capable de converser sur n’importe quel sujet si tant est qu’il soit intéressant. Toujours batteur bien qu'il ne fasse partie d'aucune équipe, il adorait le quidditch et continuait de postuler tous les ans pour pouvoir obtenir la place qu'il convoitait, espèrant que la 7ème serait la bonne. Disons que sa mauvaise réputation ne l'aidait pas à entrer dans l'équipe. Charlie est à lui seul un cristal à plusieurs facettes : attirant, surprenant, pas toujours très constant mais fascinant et par dessus tout, d’une résistance à toute épreuve. Cette dernière qualité lui sera encore très utile, je le crains, dans le futur. Dernièrement il s’est produit certains événements qui remettent une fois de plus la communauté magique en danger. Il y a l’émergence d’une nouvelle secte bizarre qui exhibe des badges en forme de gouttes de sang. Charlie n’est pas encore tout à fait certain de leur signification mais ce qu’ils représentent est amplement suffisant pour supposer que la “qualité” du sang entre en jeu. Ce n’est encore qu’une possibilité dans l’état actuel de la situation, mais si il s’avère que c’est bien le cas, quelques élèves ont visiblement un petit soucis avec l’appropriation du terme “retenir la leçon”. Si il n’y avait eu que ça encore, mais quelques jours après Halloween dernier, Bonnie Elsing a écrit en gros dans le Hall “Elle traque l'odeur du sang jusque dans les profondeurs. Méfiez-vous !” et peu de temps après deux agressions se sont produites, mettant en scène une créature si dangereuse que Poudlard a vite dû été protégé par des aurors incompétents au vu du temps qu'ils ont mit à agir pendant l'attaque dans la salle de duel. La dernière, ainsi que la plus violente. Charlie en a subit les conséquences : morsures, hémorragie et perte de connaissance. Après ce funeste épisode, il y a eu le feu dans lequel encore une fois, le Serpentard a failli perdre la vie. Les tragédies se sont succédées jusqu'à la fin de cette sixième année. Commence désormais la septième et Charlie est parfaitement conscient du fait que ces derniers événements ne sont que les prémices de quelque chose de plus grand. Jusqu’ici il a échappé au mauvais sort, mais tout le monde sait désormais que la chance n’est pas une de ses caractéristiques principales.

Il est plutôt rapide de faire le tour de la famille Campbell, Charlie a perdu ses grands parents, il est fils unique et son père est parti quand l était tout jeune. Il vit avec sa mère à Londres quand il n'est pas à Poudlard, la famille est un mot abstrait pour lui. Au sujet de ses fréquentations, Charlie n'a pas vraiment d'amis très proche, il n'est pas contre l'idée au contraire mais pour ça il faudrait qu'il trouve des gens avec qui il se sentirait bien. En revanche il est assez sociable, toujours sarcastique, provocateur et délibérément taquin, il s'entend bien avec les gens qui ont du caractère.
J'aimerais pouvoir en dire plus mais ce serait surtout pour faire du remplissage, il y a des gens qui n'ont pas la chance d'être beaucoup entourés, Charlie en fait partie. Il s'y est habitué.

04 Septembre 2017

“Tu as peur Charlie ?

-La peur n’évite pas le danger Maman…

-Tout le monde à peur un jour ou l’autre, ça ne fait pas de toi quelqu’un de faible, tu sais ?

-Je sais.”

Une conversation courte, comme d’habitude. Charlie et Kathrina ne se parle généralement pas beaucoup, héritage d’un passé houleux. Nous sommes le 04 Septembre 2017, quai de la gare de King’s Cross à Londres, jour de la rentrée à Poudlard. Il fait plutôt beau, c’est une chance, le temps est clément aujourd’hui. Charlie n’aura donc pas à se coltiner la pluie en plus du voyage. Il lui a fallu une bonne demi-heure pour trouver la voie 9¾, sûrement parce qu'il ne cherchait pas au bon endroit, aggravant sa mauvaise humeur déjà bien entamée depuis son départ de la maison. Il n’a pas réussi à convaincre sa mère de ne pas l’envoyer à l’école de Sorcellerie, selon l’assistant social chargé par le ministère de les aider dans l'acquisition des fournitures nécessaire à l'école de sorcellerie, aucun sorcier ne peut déroger à la règle des sept ans d’étude de la magie. La raison échappe à Charlie, il ne comprend pas en quoi apprendre à se servir d’une baguette pourra lui être utile dans sa vie future.
Kathrina le tire de ses pensées en posant ses mains à plat sur ses joues, comme n’importe quelle mère le ferait pour son fils. Pourtant, le garçon n’a pas l’habitude de ces élans d’affections venant de la sienne, depuis le départ de son père, elle ne lui a pas donné beaucoup d’amour. Il a un mouvement de recule, tout ça le met franchement mal à l’aise. Il attrape les poignets de Kathrina et les repousses doucement, loin de lui l’idée de vexer la seule femme qui a le courage de s’occuper de lui. Un homme cri une litanie de mots incompréhensibles sur le quai, Charlie devine qu’il est temps de partir. Il ramasse sa valise et prend la direction du train sans un mot de plus.

“Attend ! Charlie !”

Kathrina le rattrape en deux enjambées, il se retourne pour lui faire face impassible. Elle plonge ses mains dans son sac prudemment et en sort une espèce de boule de poils blanche piquée d’une longue queue.

“Je sais que la solitude ne te fait pas peur, je n’y suis pas pour rien j’en suis consciente, mais je voudrais t’offrir quelque chose pour que le temps te paraisse moins long… Explique t-elle en posant le dit cadeau entre ses paumes ouvertes.”

Charlie examine le petit être effrayé que sa mère a jugé bon d’acheter, surpris de voir qu’il porte les mêmes yeux saphirs que lui.

“Un rat. Constate t-il placidement.

-Je l’ai acheté avec Fabian sur le chemin de traverse, c’est lui qui m’a conseillé de le faire.

-Quelle âme charitable, crache le garçon sarcastiquement.

-Ne sois pas trop méchant avec lui, il nous a beaucoup aidés...

-Je ne suis pas assez stupide pour croire qu’il l’a fait pour moi, j’adore savoir que ma mère se tape un nouveau sorcier, ça aurait dû te servir de leçon la première fois pourtant !”

Kathrina ouvre de grands yeux effarés, elle a l’habitude de faire face à l'agressivité de son fils mais en temps normal, il ne fait jamais référence à son père. Son visage se tord de douleur.

“Charlie… Gémit-elle comme pour le supplier.

-Il n’y a que la vérité qui blesse Maman, si tu ne voulais pas l’entendre il ne fallait pas en parler.”

Il lui tourne le dos.

“Je dois y aller… On se verra pendant les vacances.”

Et sur ces mots, Charlie disparaît dans la foule d’élèves agglutinés devant les portes des wagons. Une fois à l’intérieur du train, il s’installe à l’écart dans un compartiment vide, il ne veut parler à personne et encore moins à un sorcier ou à une sorcière. Le moindre symbole de Magie qu’il croise sur son chemin lui donne la nausée, tous ces gugus en toge le dégoûte profondément. Il s’assoit sur une banquette et alors seulement il s’autorise à donner un peu d’attention au rat qui n’a pas bougé d’entre ses mains. Charlie hausse un sourcil tandis que l’animal se dresse sur ses pattes arrières pour observer son environnement. Il n’est vraiment pas commun celui là, blanc aux yeux bleus, il y a un petit air de ressemblance avec son nouveau maître. Celui-ci n’est pas du genre affectueux en temps normal mais après tout, ce rat est dans la même situation que lui. Charlie pose son pouce sur sa tête et la caresse doucement. Le rongeur lève les yeux sur lui.

“On est dans le même bateau mon vieux… Il faut que je te donne un nom c’est ça ?”

Il soupire, c’est déjà trop de problèmes pour lui. Le train démarre, il jette un coup d’oeil à l’extérieur pour voir Londres s’éloigner progressivement. Il aimait sincèrement cette ville, il s’y était même fait quelques amis. Cela dit, il n’a jamais eu beaucoup de chance, ç’aurait été surprenant que son bonheur dure plus de quelques mois. La porte du compartiment s’ouvre sur trois élèves euphoriques. Charlie ne bouge pas d’un poil. Comme si il avait envie de se sociabiliser avec qui que ce soit ici... Il préférerait encore parler à sa valise. Malheureusement pour lui, ce n’est pas le cas de tout le monde. Un garçon s’installe sur la banquette en face de la sienne, il pose son sac à ses pieds et se penche vers lui.

“Hey tu es nouveau toi non ? je ne t’ai jamais vu ici avant !”

Ils ne pouvaient pas juste lui foutre la paix ? Charlie reste silencieux, le regard fixé sur le paysage qui défile. Du coin de l’oeil il voit l’adolescent gigoter nerveusement.

“Tu m’as pas l’air très bavard… Dit-il finalement.”

Mieux vaut enrayer la crise avant que ces imbéciles ne pensent qu’ils peuvent lui faire la conversation. Le Londonien daigne enfin accorder un regard à son vis à vis, il le détaille de la tête aux pieds avec une froideur digne de l’iceberg dans Titanic. Le rat sur ses genoux fait de même, ce qui donne un ensemble particulièrement effrayant. Charlie pose lentement son avant bras sur le rebord de la vitre contre laquelle il est appuyé tout en faisant tourner la chevalière qu’il porte autour de son annulaire avec son pouce. Venant d’un enfant d’à peine onze ans, cette vision est particulièrement dérangeante.

“Je déteste les conversations inutiles… Répond t-il finalement inamicale.”

Le brun enveloppé dans une robe marquée du blason de Gryffondor déglutit, il jette un regard entendu aux deux autres rouges et ors près de lui et d’un commun accord, ils quittent le compartiment laissant Charlie seul se replonger dans la contemplation de la campagne Anglaise. Ce n’était pas très gentil certes, mais les derniers événements ne lui ont pas du tout donné envie de faire un effort. Il caresse machinalement le rat qui s’est roulé en boule sur sa cuisse, perdu dans ses pensées.
Le trajet dure près de huit heures et croyez moi quand on est assis dans un train, huit heures c’est terriblement long. Charlie en aurait presque gémit de soulagement quand il sent le Poudlard Express ralentir enfin. Entre temps son nouvel animal de compagnie s’est habitué à lui suffisamment pour qu’il puisse le poser sur son épaule. Il reste en retrait, à bonne distance du groupe conséquent d’élèves qui se précipite joyeusement à l’extérieur… Ecoeurant. Charlie pose un pied sur le quai de ce que tout le monde ici appel la gare de Pré-au-Lard. Encore un nom à coucher dehors. Les élèves grimpent dans des barques qui n'ont vivement besoin d'aucune rames pour avancer. L’ex Newyorkais ne laisse rien paraître de sa surprise, ne surtout pas donner l’occasion aux autres de le penser vulnérable. Il s’assoit avec un groupe , ignorant superbement les questions qu’ils lui posent. Il déteste qu’on le traite comme un enfant, il ne l’est plus depuis très longtemps. Le chemin se fait donc en silence sur un immense lac, en pleine nuit, très rassurant... Est-ce qu’il y a des assurances scolaires ici ?

La première chose qui frappe Charlie est l’immense Château Moyenâgeux qui se dresse devant eux lorsqu’ils en passe le portail. La seconde est la présence d’un homme anormalement grand vêtu de guenilles et d’un long manteau marron salis devant son entrée qui visiblement, attend les nouveaux élèves. On se croirait perdus au beau milieu d’un conte de fée… Version écrite par les frères Grimms. Charlie suit le mouvement sans se départir de sa méfiance, il n’aime pas perdre le contrôle d’une situation. Ils entrent dans le château qu’il devine être Poudlard, montent une première volée de marche jusqu’à s’arrêter devant deux grandes portes. Le géant fait place à une femme âgée à l’air sévère, coiffée d’un chapeau pointu. Elle se présente comme étant la Directrice : Le Professeur McGonagall. Charlie s’appuie contre la rambarde en pierre de l’escalier pour écouter le discours bien pensant qu’elle s’apprête à leur servir.

“Bienvenue à Poudlard, dit-elle. Le banquet de début d’année va bientôt commencer mais avant que vous preniez place dans la Grande Salle, vous allez être répartis dans les différentes maisons. Cette répartition constitue une cérémonie très importante. Vous devez savoir, en effet, que tout au long de votre séjour à l’école, votre maison sera pour vous comme une seconde famille. Vous y suivrez les mêmes cours, vous y dormirez dans le même dortoir et vous passerez votre temps libre dans la même salle commune. Les maisons sont au nombre de quatre. Elles ont pour nom Gryffondor, Poufsouffle, Serdaigle et Serpentard. Chaque maison a sa propre histoire, sa propre noblesse, et chacune d’elles a formé au cours des ans des sorciers et des sorcières de premier plan. Pendant votre année à Poudlard, chaque fois que vous obtiendrez de bons résultats, vous rapporterez des points à votre maison, mais chaque fois que vous enfreindrez les règles communes, votre maison perdra des points. À la fin de l’année scolaire, la maison qui aura obtenu le plus de points gagnera la coupe des Quatre Maisons, ce qui constitue un très grand honneur. J’espère que chacun et chacune d’entre vous aura coeur de bien servir sa maison, quelle qu’elle soit. Je vous conseille de profiter du temps qui vous reste avant le début de cette cérémonie pour soigner votre tenue.”

Charlie a entendu parler de cette histoire de Maisons, il n’en sait pas grand chose si ce n’est qu’il est plus proche du Serpentard que du Poufsouffle. Il plaint celle qui devra le supporter dans tous les cas, gagner des points n’est certainement pas dans ses objectifs. L’idée de séparer les élèves et de les mettres en compétition le révolte… De pire en pire cette école. Pas qu’il n’ait connu que de bons établissements mais sur ce coup là, le danger semble être coutumier. Charlie ne fait aucun commentaires bien qu’il aurait eu beaucoup de choses à dire à ce sujet. Il enfile la robe obligatoire pour les nouveau venus comme tous les autres élèves puis il suit le Professeur McGonagall jusqu’à une immense salle de banquet où près de 300 ou 400 élèves plus vieux sont déjà installés. Ils offrent à leurs cadets de gentils sourires rassurants et chaleureux, dix contre un que ceux là sont de Gryffondor et de Poufsouffle. Charlie lève les yeux au ciel, quel ennui. Son attention se porte sur une table proche du mur où les élèves n’ont pas mais alors pas du tout le même comportement. Eux les observes passer avec indifférence voir carrément avec dégoût, des gens normaux donc ! Ça commençait à manquer. Notre petit Londonien cherche leur couleur, l’un d’eux croise son regard et le fixe d’un air narquois. Charlie le lui rend en levant le menton le nez légèrement retroussé. L’autre semble surpris, il hausse un sourcil amusé et lève son verre dans sa direction. Sympathique.

Les première années s’arrêtent devant un tabouret où repose un vieux chapeau en cuir, McGonagall attrape un parchemin et lance un premier nom comme si c’était parfaitement naturel. Une fille visiblement terrorisée quitte le groupe, elle grimpe les marches et s’assoit sur le tabouret. La directrice pose le chapeau sur sa tête et soudain, il s’anime. Charlie grimace. C’est pas vrai, il va y en avoir encore beaucoup des surprises comme ça ? Il plonge sa main dans sa poche et en sort son portable pour vérifier qu’il n’a reçu aucun message depuis son départ. Pas de réseau. C’est le bouquet.

“Charlie Campbell.”

L’ex Newyorkais lève la tête, range son téléphone et gravit à son tour les marches du podium. Fidèle à sa réputation, il ne montre aucun signe d’émotion particulière bien que beaucoup de pensées se bousculent à l’intérieur de sa tête. Il entend très clairement le garçon du train lancer un “Cinq Gallions qu’il finit à Serpentard celui là…”. Charlie sourit en coin, son animosité l’amuse beaucoup. Il prend place sur le tabouret et retire le rat de son épaule histoire qu’il ne se prenne pas un coup de sangle malencontreux. Au moment même où le chapeau effleure ses cheveux, il pousse un profond “Mmmmmh”, indice de réflexion intense. “Bonne chance mon vieux…” Songe Charlie tout en sondant l’opinion froidement. “Je sais déjà quelle maison je préfère.”