Les choses auraient été bien différentes si la dictature de Blackman n’avait jamais eu lieu. C’était une évidence, bien entendu. En longeant les couloirs du premier étage, Lena rêvassait à la tournure qu’avait prise sa vie en conséquence de cette année scolaire, enfermée dans les sales cachots de l'école. La saveur était moins désagréable en bouche, mais la pilule avait tout de même encore du mal à passer. Si Poudlard n’avait pas été attaqué, elle serait sur les bancs de la cinquième année, avec Prudence et Ariel à ses côtés. Mais non, au lieu de cela, Lena devait subir l’année de retard par rapport à ses anciens camarades. Heureusement, il y en avait certains qui étaient dans le même cas qu’elle. Elle savait qu’elle n’était pas seule quand elle apercevait le visage d’un autre né-moldu. C’était donc la boule au ventre et le regard fermé que la Serdaigle s’engouffrait ainsi que ses camarades de quatrième année dans la salle de classe de Défense contre les forces du mal. La matière était robuste, mais indispensable. Lena le savait, en particulier si elle était une née-moldue, elle devait se préparer au pire.
Le professeur Mandrake se tenait debout face au groupe d’élèves silencieux en pénétrant dans l’univers sombre du cours. Rapidement, l’ambiance qu’avait installée le professeur fit son effet. Les étudiants analysèrent d’un air perplexe les bougies, seules source de lumière dans la pièce. En son centre, se trouvait un projecteur d’images paré à fonctionner. Lena choisit une place dans le fond de la classe, ne voulant ni participer ni être dérangée. Tout comme l’année précédente, elle démarrait de mauvaise foi, imaginant ses amies dans un cours nettement plus intéressant que celui là. Elle pensait aux professeurs des cinquième année, introduisant leurs élèves aux BUSE, alors qu’elle, était encore coincée dans l’année inférieure.
Lena tenta de chasser ces mauvaises pensées de son esprit. Manque de chance, ce fut au tour de désagréables souvenirs de refaire surface, ceux de son tout premier cours enseigné par Mandrake. Elle secoua la tête et reprit son air sévère, espérant que personne ne lui pose de question pour l’heure à venir. D’ailleurs, la leçon qu’ils abordèrent ce jour-là était le vampirisme et la lycanthropie, un sujet auquel Lena n’était absolument pas familière. Lassée sur son pupitre et les bras supportant son menton, la Serdaigle qui était de nature investie se contenterait d’écouter ce que le professeur et ses camarades avaient à dire. Elle n’était pas vraiment experte en la matière. Tout ce qu’elle savait, était qu’il existait des plantes magiques pouvant atténuer la violence de la transformation chez les loups garous, et la soif de sang chez les vampires.
L’intervention de Fiinbjörn ne surprit pas Lena. Ce point de vue semblait certes extrémiste, mais il n’était pas connu pour être le plus tolérant à Poudlard. Elle n’avait pas la moindre envie de débattre, et resta à moitié allongée sur sa table. Lena se redressa cependant à la remarque de Phoenix. Elle l’avait déjà lu quelque part. L’aconit était la plante utilisée pour la potion tue-loup. Elle ignorait si le sujet se transformait, mais il était pour sûr totalement inoffensif. La Serdaigle ne réagit pas. Elle ignorait même si elle donnerait la réponse, si personne ne l'avait. Elle ne ferait pas ce privilège à Mandrake, même par simple bonté.

Spoiler:

Lena avait eu bien du mal à suivre depuis le début du cours. Elle s'était légèrement assoupie à peine quelques minutes après que Mandrake n'ait commencé à parler. Et lorsqu'elle avait repris de l'attention, la discussion avait prit un tournant plutôt original. La Serdaigle aurait juré avoir entendu quelqu'un parler de l'Allemagne nazie. Elle resta un instant silencieuse, complètement perdue et tentant de rattraper les informations qu'elle avait perdues. Apparemment, le gouvernement ne prenait pas assez bien en charge la question des loups-garous, ce qui pouvait s'avérer très dangereux. Les techniques utilisées par les moldus semblait être leur seul point d'appui, ce qui était complètement insensé. La plupart des moldus ne croient pas à l'existence des loups-garous alors comment leurs défenses seraient-elles plus efficaces que celles des sorciers ? Lena avait déjà entendu parler de répulsifs contre les loups-garous, comme l'argent, sûrement dans un film ou dans des contes, mais ça s'arrêtait là. Aucune étude n'avait prouvé côté moldu l'existence de ces créatures qui étaient différents dans le folklore de chaque pays. La née-moldue n'osa pas se prononcer. Déjà parce qu'elle avait manqué la moitié du cours jusqu'à présent et avait peur de dire une bourde, mais aussi parce qu'elle savait très bien que l'un des Sorensen ferait une remarque sur le fait qu'elle n'y connaisse rien. Et pour une fois ils n'auraient pas tort.
C'est alors que le professeur évoqua ce que Lena considérait jusqu'alors comme universel: la science. Penser que ce domaine n'existe pas là où elle étudiait actuellement lui fit un léger pincement au cœur. Y avait-il autant de différence entre les sorciers et les moldus ? Elle était bien d'accord qu'il fallait garder le secret de la magie du côté sorcier afin d'éviter quelconque représailles, mais le refus d'en savoir plus sur la science moldue était un réel gâchis. Pourquoi les sorciers ne voudraient-ils pas également apprendre les méthodes scientifiques des moldus ? Apparemment ça leur serait bénéfique en ce qui concerne les loups-garous. Marier science et magie leur ouvrirait sans aucun doute des horizons bien plus vastes. La querelle moldus-sorciers ne cesserait-elle donc jamais ?
La discussion dériva sur le sujet des Vampires. Ces créatures-là terrifiaient Lena qui souhaitait pour rien au monde en devenir une, ni même se retrouver face à l'un d'entre eux. Elle fut parcourue de frissons lorsque son ami Ollie lui fit une remarque, peut-être pour la détendre un peu. Elle fronça les sourcils, se demandant si il parlait directement d'elle ou si il avait mal capté un truc. Ce à quoi elle répondit:
– Euhh... oui, mais je ne suis pas moldue, moi. Mes parents, à la rigueur on peut se réjouir qu'on ne les retrouvera sûrement pas vidés de leur sang avec une morsure sur leur coup.
Lena s'entendit prononcer ces paroles et eut du mal à masquer un air de dégoût. Elle se tourna vers Ollie et lâcha un petit rire afin de ne pas trop le traumatiser. Elle tendit ensuite l'oreille vers le cours et essaya de ne plus perdre trop d'informations. Encore une fois, elle n'avait pas grand chose à dire sur le sujet, jusqu'à ce qu'Alexis fasse une remarque qui lui rappela un livre qu'elle avait lu.
– Pour répondre à Alexis, ce mythe — si c'en est un — vient du récit de Bram Stocker : Dracula. Dans ce roman, qui a presque fondé le mythe du Vampire chez les moldus, les Hommes qui ont été mordus ne deviennent des vampires qu'après leur mort. Après, je ne sais pas si c'est inventé...