Potiron ? Potiiiiron ? Depuis bientôt dix minutes, Percy était à la recherche de son chat adoré, cette magnifique boule de poils roux qui passait généralement son temps étalé sur son lit. Elle l'avait déjà cherché partout dans son dortoir, allant même jusqu'à fouiller les valises de ses camarades, chose que même elle ne se serait jamais permis de faire si ce n'était pas un cas d'extrême urgence. Les portes étaient fermées, aussi était-elle presque sûre que son animal n'avait pu quitter sa chambre. Sauf si quelqu'un l'avait laissé s'échapper, bien entendu. Quelqu'un qui se serait pris de pitié pour ce pauvre chaton miaulant à la mort ou quelqu'un qui aurait voulu s'en débarrasser et l'aurait tapé dehors exprès. Car c'était bien connu : tout le monde n'aimait pas les chats, certains leur vouaient même une haine digne de celle de Percy envers les hommes. Elle n'avait jamais compris ces gens d'ailleurs, trouvant que son chat était particulièrement adorable, inoffensif et câlin. Tout ce qu'il demandait était de pouvoir manger, boire et se faire caresser par des humains. Alors oui, il lui arrivait parfois de faire ses besoins à côté de sa litière, mais Percy s'en occupait relativement vite et un simple sortilège de sent-bon permettait de masquer l'odeur persistante, ce n'était donc pas une raison pour détester ce petit ange qu'était le sien.

Pour la Xième fois, elle releva sa couette pour s'assurer qu'il ne s'était pas glissé dessous, fit pareil avec les lits des autres filles puis se plaça à quatre pattes pour regarder dessous. Rien. Elle retourna dans la salle de bains, peut-être avait-elle mal regardé ? Elle défit les serviettes, ouvrit chaque douche, chaque tiroir, chaque armoire. Nada. Il était définitivement sorti de son dortoir, mais pour aller où ? Dans un autre ? Dans la salle commune ? Chez les garçons ? Dehors ? Et, surtout, qui lui avait ouvert la porte ?! Elle pensait pourtant que les autres avaient compris qu'il ne fallait jamais le laisser sortir quand elle n'était pas là pour le surveiller, elle y tenait beaucoup trop pour le perdre ou le voir se faire dévorer par une créatures suspectes du garde-chasse. Potiron était beaucoup trop naïf, il ne se méfiait de personne, s'approchait des hommes, des autres chats qui ne se gênaient pas pour le baffer. Non, il devait absolument rester dans le dortoir, où il avait ses croquettes, son eau et sa litière, Percy avait été très claire sur ce point.

Inquiète, elle poussa donc la porte en vue d'aller interroger ses camarades de Serpentard. Elle voulait retrouver son chat. Potiron était le premier animal qu'elle avait eu pour elle seul, la première petite chose fragile dont elle avait la responsabilité. Si jamais il lui arrivait quelque chose... elle ne savait pas de quoi elle serait capable. Surtout si c'était la faute de quelqu'un, il aurait à subir son courroux et finirait probablement dans le même état que le félin, quel qu'il soit. Car oui, en plus de se servir de ses mots comme un poison qui vous paralyse, Percy était également capable de jouer de ses poings à la perfection et savait lancer des sortilèges de façon spectaculaire. Elle n'avait malheureusement pas encore eu la possibilité d'user du Doloris, mais elle n'hésiterait pas à s'en servir s'il le fallait. Et elle ne culpabiliserait pas une seconde, si vous voyez ce que je veux dire...

La salle commune était presque déserte en cette belle journée de printemps et Percy en fut soulagée : moins de suspects, moins d'interrogatoires, moins de discussions avec des hommes. C'était déjà ça de pris, hein ? Elle commença par une jeune fille de deuxième année qui ne savait rien, ça se voyait dans la peur qu'exprimaient ses yeux ; si elle avait été au courant de quelque chose, les menaces de la rousse l'auraient fait parler sur le champ. La seconde personne fut un garçon de son année qu'elle ne connaissait pas très bien. Il lui sembla avoir aperçu un chat roux mais cet idiot ne savait pas par où il était parti. Abruti. La dernière personne dans la salle commune était le préfet, Edward Carter, qui était allergique aux poils de chat. Ce n'était certainement pas lui qui avait fait sortit Potiron, à moins qu'il ne soit réellement agacé par son allergie et ait ouvert la porte de loin pour le laisser filer.

Le préfet étant son dernier choix avant de devoir sortir, elle alla s'asseoir face à lui avec un sourire étrangement angélique. Salut Eddie ! Je cherche mon chat, Potiron, tu l'aurais pas senti par hasard ? Et elle pointa son propre nez pour faire comprendre à Edward qu'elle lui demandait s'il avait éternué récemment. Je sais que tu es très sensible aux poils de chats donc s'il y a bien quelqu'un qui pourrait m'aider à le trouver, c'est toi. Non ? Oui bon, elle se doutait bien qu'il refuserait, ce ne devait pas être très agréable de toujours éternuer dés qu'une de ces adorables boules de poils se frottait contre ses jambes. Mais bon, elle devait retrouver Potiron, sinon elle ne le supporterait pas et blâmerait quiconque se trouverait sur son chemin. En plus, l'après-midi était déjà bien avancée et elle ne voulait pas qu'il passe la nuit dehors et se fasse attaquer par elle-ne-savait quelle créature nocturne.

T'as donné ta langue au chat?

Percy & Edward

Le regard perdu sur la couleur émeraude du lac renvoyée par le vitrail le plus proche de moi, j’ai du mal à me remettre dans mes cours. Les ASPICs sont dans quelques jours, et pourtant je n’arrive pas à me concentrer. Je suis conscient que mon avenir est en jeu et que toute ma scolarité m’a amenée à ce moment précis, à ces examens qui détermineront ma carrière d’Auror mais pourtant rien n’y fait. Aujourd’hui, j’ai la tête ailleurs. Pourtant, c’est la dernière ligne droite. Pourtant, je ne devrai pas laisser des éléments extérieurs me déconcentrer. Ce qui est en jeu pour moi est bien trop important. Il me faut décrocher ces Efforts Exceptionnels aux ASPICs pour obtenir cette formation. Néanmoins, mes pensées ne cessent de me ramener à ce qu’il s’est passé ces derniers mois. A ces révélations depuis la Saint-Valentin. A cette trahison. A ces mensonges. La lettre de Cruz qui est toujours sans réponse est fourrée dans le premier tiroir de ma table de nuit et je n’ai pas trouvé le courage de lui renvoyer son hibou. Ces reproche, ces non-dits, ces paroles blessantes. C’était trop pour moi et je ne savais qu’en faire. Même après ces quelques mois, je ne comprends pas. Pourquoi est-ce qu’une fille qui prétend aimer un garçon va coucher avec son meilleur pote ? Ca me dépasse complètement, et ça me bouffe. Mais il n’y a pas grand-chose que je puisse faire, les chances sont passées et je ne vois pas du tout comment est-ce que l’on pourrait récupérer ce désastre. Pourtant, mes pensées ne cessent de ressasser tout ça et de penser à ces « et si ». Et c’est typiquement ce qu’elles sont en train de faire à cet instant, m’entraînant dans un monde aux multiples possibilités dans lequel j’aurai agi différemment, dans lequel ma situation serait toute autre, m’empêchant de me concentrer comme je le devrai sur mes études.

Tout entier dans mes pensées, je ne fais pas attention à ce qu’il se passe autour de moi dans la salle commune. Quand je me suis installé un peu plus tôt aujourd’hui, elle était calme. Avec l’approche de l’été, le temps est plus chaud et ensoleillé, ce qui pousse la majorité des élèves à se prélasser dehors plutôt que de rester enfermé. Cette ambiance paisible, propice aux études, me semblait parfaite pour avancer dans mes révisions, mais c’était sans compter la collaboration de mon cerveau. Toujours est-il que si j’avais vu la tornade rousse s’approcher, j’aurai peut-être trouvé un moyen de m’éclipser avant pour m’éviter des désagréments supplémentaires. Malheureusement, il est déjà trop tard pour moi lorsqu’elle s’assoit en face de moi. Comme si la chaise lui était destinée. « Salut Eddie ! Je cherche mon chat, Potiron, tu l'aurais pas senti par hasard ? » Je lève les yeux au ciel avant de daigner tourner la tête de son côté. Déjà elle me dérange, et elle le sait pertinemment, mais en plus elle utilise ce surnom débile que je déteste, et elle le sait pertinemment aussi. Cette fille est l’exemple même du Serpentard stupide et méprisable que je ne supporte pas. Pourtant, il m’a fallu vivre avec eux durant ces 7 années à Poudlard et je suis parvenu à arborer un détachement certain à leur égard. On fait ce qu’on peut quand on partage sa maison avec des idiots insupportables pareil. Mais bon, j’ai grandi avec un frangin encore plus insupportable alors je suis calé. « Non, je ne l’ai pas vu passer. » Je réponds le plus aimablement possible compte tenu de la personne qui se trouve en face de moi et en espérant que cette réponse lui suffira et qu’elle ira embêter quelqu’un d’autre pour trouver son matou. Malheureusement, elle ne semble pas vouloir me lâcher la grappe maintenant, à mon plus grand désespoir. Pourquoi faut-il que les gens viennent nous déranger quand on ne demande qu’à être tranquille, hein ?

« Je sais que tu es très sensible aux poils de chats donc s'il y a bien quelqu'un qui pourrait m'aider à le trouver, c'est toi. Non ? » Mon allergie peut effectivement s’avérer être assez handicapante dans ce monde où le chat est roi. Heureusement, les sorciers ont tendance à opter pour des hiboux ou des chouettes qui sont tout de même beaucoup plus utiles que ces boules de poils. Néanmoins, certaines personnes ont la mauvaise idée de les laisser se promener selon leur bon vouloir dans les espaces communs, ce qui me cause des crises d’éternuements assez violentes à chaque fois. Et ça, Percy l’a bien compris dès le jour où son chat a eu la bonne idée de rester un peu trop longtemps près de moi et de se frotter à mes jambes. Allez savoir pourquoi, quand on ne les aime pas et qu’on l’affiche ouvertement, ces bestioles stupides s’escriment encore plus à faire les beaux et à se coller à nous. De vrais petits démons. « Je suis occupé là, donc désolé mais je ne vais pas pouvoir mettre mes supers-pouvoirs à contribution. Ne t’en fais pas, je suis sûr qu’il reviendra vite. » Ca se voit quand même que je veux réviser, non ? La dizaine de parchemins et de manuels en sont la preuve il me semble. Comme pour marquer un terme à cette conversation, je détourne mon attention de la jeune rouquine pour m’intéresser au livre qui est ouvert devant moi.

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Déranger les gens était un concept que Percy connaissait bien. Elle adorait déranger les personnes qu'elle appréciait le moins et, sincèrement, se fichait pas mal de savoir s'ils étaient occupés ou non. S'ils ne voulaient pas lui parler, ils n'avaient qu'à l'ignorer et, à partir du moment où quelqu'un lui répondait, elle considérait qu'il n'était pas assez occupé qu'il le prétendait. C'est vrai, si tu es totalement plongé dans ton travail, livre, film, jeu, etc... tu n'as pas le temps de discuter avec quelqu'un, ne serait-ce que pour quelques secondes, n'est-ce pas ? C'était également ce que Percy pensait. Aussi, quand Edward lui répondit, même s'il paraissait agacé, elle considéra qu'il avait le temps de l'aider à trouver Potiron, qu'il le veuille ou non.

Oui, je sais déjà ce que vous allez me dire : omondieu, Percy veut travailler avec un homme ? Et bien oui, l'amour qu'elle portait à son chat était plus important que la haine qu'elle vouait aux hommes. Et encore, elle comptait s'associer avec un de ceux qui étaient les plus fréquentables, lui semblait-il. De ce qu'elle savait, Edward était du genre solitaire, bougon et peu bavard, là où d'autres étaient excentriques et insupportables à parler sans arrêt. Donc, en soi, elle avait choisi le moins pire des hommes. Et oui, son allergie aux poils de chat le rendait d'un coup beaucoup plus sympathique à ses yeux après avoir passé des années à l'embêter en libérant Potiron quand il était à proximité. Voir son chat se frotter contre ses jambes et l'entendre éternuer pendant de longues minutes était un divertissement dont elle ne se lassait pas... et qui lui manquerait probablement l'année suivante, si Edward réussissait ses examens.

Elle fit la moue quand le préfet lui annonça que non, il n'avait pas vu Potiron passer dans les environs. Tu m'étonnes ! Avec le nez plongé dans son bouquin, il n'aurait même pas vu un Hippogriffe passer devant lui... Mais bon, il aurait probablement eu une réaction si le chat était venu près de lui, d'autant qu'il appréciait tout particulièrement Edward et adorait essayer de lui grimper sur les genoux. Et oui... le paradoxe de la vie ! C'est toujours ce qu'on ne supportait pas qui venait tout le temps à nous, comme elle qui n'avait de cesse de devoir côtoyer des hommes et avait été forcée de faire un devoir de potions avec Anderson. Alors qu'elle détestait les potions et Anderson. Oui, le karma pouvait être horrible quand il s'y mettait et s'amusait à jouer de mauvais tours aux gens, même ceux qui avaient, comme Percy, déjà eu leur dose de souffrance par le passé.

Loin de se satisfaire de la réponse du préfet, Percy ne bougea pas de sa chaise et lui demanda implicitement de l'aider à retrouver Potiron. Visiblement agacé, il mit un instant avant de répondre qu'il était occupé et que son chat reviendrait vite. Qu'est-ce qu'il en savait, d'abord ? Avait-il jamais eu un chat dans sa vie ? Ces bestioles étaient intelligentes, certes, mais pouvaient être de vraies clenches quand il s'agissait de retourner à la maison et étaient capables de se perdre. Certains décidaient même qu'ils seraient mieux ailleurs et partaient de chez eux pour refaire leur vie chez d'autres personnes. Sans parler des nombreux accidents qui pouvaient leur arriver quand ils se promenaient dehors... Non, elle n'était pas rassurée à l'idée de le savoir possiblement dans le parc et ne serait sereine que quand elle reverrait son adorable pelage orangé.

Soupirant de façon dramatique, elle regarda autour d'elle puis posa les yeux sur le cours d'Edward. Il y avait tant de livres ouverts devant lui que ça prenait quasiment toute la place sur la table, dissuadant n'importe qui de venir étudier au même endroit que lui. Comment tu étudies tout ça en même temps ? Tu t'essayes à une nouvelle technique de multitâche ? Elle-même avait déjà du mal à étudier un seul cours, alors tout ça ? Non, elle ne pouvait même pas imaginer que ça soit possible ni même envisageable. Il devait être vraiment désespéré ou en retard. Ou dopé... Je sais ! Tu as créé une nouvelle potion qui te permet d'enregistrer plein d'infos en même temps et tu ne veux la partager avec personne. C'est pour ça que tu râles, avoue ? Ou alors c'était parce qu'elle le dérangeait, évidemment, mais elle préférait sa théorie à la seconde, plus fade et bien moins amusante.

En parlant de ça, elle retourna le livre posé le plus près d'elle et cru reconnaître une recette de potion. Elle ne la connaissait pas, bien entendu, ce cours appartenant à un septième année, mais une liste d'ingrédients et d'instructions lui avait mis la puce à l'oreille. En grimaçant, elle le replaça face à Edward. Le cours de potion était, avec celui d'Histoire, celui qu'elle aimait le moins. Elle ne voyait pas à quoi ça servait, n'envisageant pas de travailler enfermée dans une salle obscure pour touiller dans un chaudron. Elle ne savait pas ce qu'elle voulait faire comme métier, d'ailleurs, mais quelque chose en extérieur, où elle pourrait se promener, voir du pays et certainement pas rester assise derrière un bureau toute la journée.

T'as donné ta langue au chat?

Percy & Edward

En règle générale, les gens me laissent tranquille lorsque je me retourne vers mes livres en montrant clairement mon intention de travailler. Ils savent que je ne suis pas intéressé par leurs histoires et que je préfère très largement mes bouquins et mes cours. En règle générale, la majorité des étudiants préfèrent se tenir éloigné des parchemins lorsqu’il ne s’agit pas de leurs propres devoirs. Après tout, ils en ont assez des leurs. Mais visiblement, Percy ne fait pas partie de cette majorité-là, ni même de cette règle générale. Alors que je fais mine de me concentrer et de me désintéresser totalement de la rouquine, celle-ci ne bouge pas, restant très confortablement installée en face de moi comme si c’était la chose la plus normale du monde. Elle n’avait pas un chat à aller chercher ? Apparemment, elle a trouvé mieux à faire. Malheureusement, ça me concerne. J’essaie de ne pas prêter attention à elle, je ne regarde même pas dans sa direction, espérant que mon désintérêt la fatigue et la pousse à me laisser tranquille. C’est beau d’espérer. Encore une fois la rousse me prouve qu’elle est pire qu’un parasite. Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? Pourquoi est-ce qu’on ne peut pas me laisser tranquille ? J’aurai peut-être dû aller à la bibliothèque en fin de compte… J’avais sérieusement hésité mais en voyant la salle commune déserte, j’ai rapidement changé d’avis, estimant qu’il y avait moins de trajet à faire. Mais je suis présentement en train de le payer.

Le long soupire que pousse Percy ne m’annonce rien de bon mais je garde fixement les yeux braqués sur mes cours. Faites qu’elle s’en aille, faites qu’elle s’en aille … « Comment tu étudies tout ça en même temps ? Tu t'essayes à une nouvelle technique de multitâche ? » Je lui lance un regard par en dessous de mes cils sans redresser la tête qui signifie clairement ‘t’es con ou quoi ?’. Elle, ça m’étonnerait qu’elle passe des heures à étudier. Elle doit préférer tourmenter les élèves ou passer du temps dans sa salle de bain, à tous les coups. Je ne suis pas du genre à être capable de faire et de penser à plein de choses différentes en même temps. Après tout, je reste un homme ! Néanmoins, lorsqu’il s’agit d’apprentissage et de cours, je n’ai aucun problème. Mon cerveau met le turbo et tout s’assimile très facilement, peu importe le nombre de livres ou de parchemins que je peux avoir en face de moi. Ayant une mémoire visuelle, je me souviens parfaitement où j’ai vu quelle information et elle se classe très facilement, comme si un petit tiroir lui était attribué dans mon cerveau. Quand je suis concentré évidemment.

« Je sais ! Tu as créé une nouvelle potion qui te permet d'enregistrer plein d'infos en même temps et tu ne veux la partager avec personne. C'est pour ça que tu râles, avoue ? » Cette fois-ci, je redresse la tête. Juste pour m’assurer qu’elle déconne et qu’elle n’est pas sérieuse. Je la prendrais vraiment pour une idiote si elle pensait une seule seconde que j’étais capable de faire ça. J’attribue mes réussites au mérite et au travail, moi. Je ne suis pas Cooper Carter qui n’en a rien à foutre de rien et je ne suis certainement pas de ceux qui trichent pour réussir. En l’observant, je comprends sans mal qu’elle cherche juste à se divertir. Ca me rassure un peu mais en même temps ça m’exaspère encore plus. Je n’ai franchement pas de temps à perdre avec elle… « Non, j’organise et j’apprends, tout simplement. Tu devrais essayer un jour. » Je dis avec sarcasme, laissant clairement sous-entendre que je la suspecte de ne pas être une tête qui aime se plonger dans les livres. En même temps, elle est Serpentard, pas Serdaigle vous me direz mais tout de même. L’un n’empêche pas l’autre. Mais si ça pouvait au moins l’empêcher de raconter des conneries et de me faire perdre mon temps… Ce serait pas mal ! « En attendant j’ai des ASPICs à préparer et j’aurai bien besoin de calme. » Je dis en la regardant droit dans les yeux, lui faisant clairement comprendre que je n’attends qu’une chose : qu’elle disparaisse et qu’elle me laisse en tête à tête avec mes livres. Le seul tête à tête dont j’ai vraiment envie pour l’instant en réalité.

Le truc, c’est que j’ai l’impression que peu importe ce que je dirai, elle n’en fera qu’à sa tête. Et ça me désespère encore plus. De plus en plus agacé, je la regarde se saisir d’un de mes livres et en prendre connaissance. Déjà qu’elle investit mon espace vital, voilà en plus qu’elle se met à toucher à mes affaires ! Non mais elle est vraiment culotée celle-ci ! Et le respect, elle connaît ? Toutefois, je relève la mine dégoutée qu’elle esquisse quand elle lit quelques lignes du livre, reconnaissant sans doute une matière qu’elle n’apprécie guère. Pour le coup, je ne peux m’empêcher de m’en amuser et j’y vois là une bonne occasion de la chambrer. Si la gentillesse ne marche pas pour la faire partir, peut-être que le sarcasme si ? « Ca mords pas tu sais… » Je lâche, narquois, tandis qu’elle repousse du bout des doigts mon manuel. Peut-être que si je jette un sortilège qui lance à ses trousses tous les livres présent sur la table, je devrai être tranquille ! C’est franchement à considérer moi je dis !

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Clairement, Eddie n'était pas d'humeur à plaisanter, Percy le vit aisément au regard agacé qu'il lui lança par-dessous ses cils. Est-ce que ça arrêterait la rousse ? Pas le moins du monde. En fait, ça l'amusa tellement qu'elle n'hésita pas à en rajouter une couche en voyant qu'il ne répondait pas à ses questions dont la réponse pouvait juste être un simple "oui". Mais bon, les hommes étaient tous tellement mal élevés qu'elle ne s'en formalisa pas ; c'était inscrit dans ses gênes de mâle. En soi, elle avait eu autant de chance que de malchance en naissant fille. Elle avait été esclavagée par les hommes à cause de son sexe et en était écoeurée, certes, mais au moins elle avait la certitude qu'elle ne deviendrait jamais pareille qu'eux. Alors oui, vous allez me dire qu'elle n'était pas non plus une sainte, et je ne peux qu'être d'accord avec vous, mais n'oubliez pas ses gestes à la fin de l'année passée : elle avait aidé quelques nés moldus à accomplir leurs tâches. Demandez à Brooklyn, celui qu'elle avait le plus secondé, parfois même plusieurs fois par semaine. Clairement, on ne pouvait pas dire d'elle qu'elle avait un mauvais fond, elle ne savait juste pas que tous les hommes n'étaient pas comme son père et se comportait donc en vraie garce avec eux. Et avec certaines filles, aussi, mais ça, c'était un autre débat.

La petite pique que lui lança Eddie la fit hausser les sourcils d'étonnement. Alors il savait être narcissique et insultant, lui aussi ? Enfin, comprenez-moi, il était clair qu'il l'était - c'était un homme - mais elle ne pensait pas qu'il se lâcherait aussi rapidement et avec simplement deux phrases de Percy. D'autant qu'elle ne l'avait ni insulté ni bousculé, juste un peu dérangé. Quel susceptible il était... Contrairement à ce qu'on aurait attendu d'une fille qui venait de se faire dire qu'elle n'avait pas d'organisation, Percy sourit. Je connais, oui, sauf que je n'en ai pas besoin vu que, contrairement à certains, je ne m'y prends pas à la dernière seconde pour étudier. Eh bien oui, elle n'avait pas tort : voir quelqu'un étudier quarante cours en même temps voulait dire qu'il était à la bourre, désespéré et qu'il n'avait plus beaucoup de temps pour tout connaître... Et il osait lui parler d'organisation ?

Le ton agacé qu'il pris ensuite pour tenter de la congédier aurait bien fait lever au ciel les yeux de Percy, mais elle préféra les planter dans ceux d'Eddie avec un air angélique. Un léger sourire sur les lèvres, elle mima de se verrouiller la bouche et de jeter la clé par-dessus son épaule. Sans se lever de sa chaise, bien entendu. Après tout, il avait demandé du silence, pas de la solitude. Oui, je sais ce que vous allez me dire : que je chipote sur les mots, mais Percy était plutôt douée pour jouer avec le sens des paroles. En soi, même si elle avait clairement compris qu'il voulait qu'elle parte, il ne l'avait pas formulé ainsi alors elle pourrait jouer l'innocente quand il l'engueulerait. Un vrai petit ange, n'est-ce pas ?

S'ennuyant de plus en plus dans ce silence forcé, elle avait retourné un livre de son préfet pour voir de quoi il traitait. De potions, évidemment. Avec une grimace de dégoût, elle l'avait remis en place, ne s'étant pas rendue compte que le supposément concentré Eddie l'observait. C'est sa remarque qui le lui fit comprendre et elle haussa les épaules, peu affectée par sa moquerie. On ne sait jamais avec les livres... Tu ne connais pas le Monstrueux Livre des Monstres ? Un instant de distraction et il te bouffait un doigt. À ce qu'on m'a raconté, du moins. Depuis que Hagrid n'enseignait plus les soins aux créatures magiques, ce charmant bouquin avait heureusement été retiré de la liste des fournitures obligatoires et Percy n'avait jamais eu la chance d'en toucher un. Sa mère, pas contre, qui avait étudié de ce temps-là, y avait laissé sa robe préférée et une paire de chaussures. Une calamité, ce livre.

Poussant un énième soupir d'ennui, Percy repoussa ses cheveux derrière elle et se laissa retomber contre le dossier de sa chaise. Il n'y avait aucune animation, personne ne parlait, aucune bagarre de chat ne retentissait depuis les dortoirs... S'il n'y avait pas la décoration, elle se serait crue à la bibliothèque ou dans la salle commune des Serdaigle. Et elle n'aimait pas ça. Alors oui, elle aurait pu sortir à la recherche de son chat, mais où irait-elle ? Elle n'avait aucun indice sur l'endroit où il aurait pu aller se cacher alors que, avec l'aide d'Edward, elle pourrait trouver une piste ! Un éternuement serait le signe qu'ils sont sur la bonne voie. Mais ce coincé préférait rester là à étudier pour ses ASPICs...

Oui, elle aurait également pu aller étudier elle aussi ou bouquiner un peu, mais savoir que Potiron était loin d'elle et possiblement en danger l'empêcherait de se concentrer totalement. Tu voudrais pas faire une pause ? Je fournis patacitrouilles et chocogrenouilles si tu m'aides à trouver Potiron. Selon elle, c'était un marché équitable. Elle ne donnait jamais de friandises à personne alors, pour une fois, pour son chat, elle accepterait de se serrer la ceinture jusqu'à la prochaine sortie à Pré-Au-Lard. Encore fallait-il que son préfet accepte...