Common mistakes || Senna Clerc-Griffith

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Le cours de l’année suivait son rythme tandis que Bevans commençait doucement mais sûrement à trouver ses marques au sein de Poudlard. Il était bien trop tôt pour dire qu’il commençait à s’y plaire (et cela n’arriverait certainement jamais par ailleurs) mais les murs du château lui paraissaient moins insoutenables, moins étouffants. La plupart des cours se passaient calmement, sans trop d’accroc majeur à noter. Il commençait de mieux en mieux à cerner ses élèves, comprendre chacun, à distinguer leurs habitudes, leurs forces et leurs faiblesses. Il était parvenu à aider certains, les plus motivés surtout mais il savait qu’il ne pourrait pas intéresser tout le monde à sa matière. Quelques élèves étaient tout simplement destinés à autre chose, malgré toute la bonne volonté du monde d’un côté comme de l’autre. Mais une élève avait retenu son attention ce jour-là. Une élève de Serdaigle qui avait tendance à s’éparpiller lorsqu’il fallait simplement attendre que la potion bout, agisse ou se repose. Mauvais sens du timing ou déconcentration totale, il y avait quelque chose à corriger et autant le faire maintenant. Tandis que les troisièmes années rangeaient leurs affaires à la fin du cours et se préparaient à sortir, le professeur de potions dit alors :

— Senna, tu peux rester quelques minutes s’il te plaît. J’aimerais te parler.

Il eut un sourire, visant à rassurer l’adolescente. Il n’avait absolument rien à lui reprocher, seulement à comprendre et tenter de trouver une explication à son petit problème d’attention. Il savait également qui était la jeune Serdaigle et surtout qui était sa mère. Il n’était donc pas étonnant aux yeux de Caerwyn que la légère anxiété qu’il sentait poindre en lui se manifeste. Il savait que les rapports familiaux entre les deux Griffith étaient compliqués, même s’il en ignorait les détails. Quand Jack s’était vaguement confiée, il ne s’était pas senti de creuser davantage. En effet, avec la Valkyrie de Poufsouffle, il valait mieux se montrer prudent. Il espérait seulement que sa fille ne se vexe pas d’être pris à part à la fin du cours pour tenter d’améliorer ses capacités en cours de potions et n’aille s’en plaindre à sa mère. Même si ce scénario paraissait tout à fait improbable, s’il venait à se réaliser, il en perdrait certainement sa tête. À force de marcher sur des œufs avec chaque âme de Poudlard, il commençait à avoir un pas des plus légers. C’était pour cela qu’il n’aborderait jamais le sujet de Jack avec Senna et ne ferait aucun commentaire sur le lien qui reliait la Serdaigle à la directrice de Poufsouffle. L’adolescente resterait son élève avant tout et serait traitée comme tel.

— Fais pas cette tête, je vais pas t’engueuler.

Il continua de sourire, prouvant qu’il n’était nullement fâché à son égard. En réalité, il n’avait même strictement rien à lui reprocher en terme de discipline stricte.

— Juste, j’ai constaté ces derniers temps que tes potions perdaient en qualité à certains moments précis du processus.

Il regarda les annotations qu’il avait faites sur le dernier exercice noté.

— J’ai l’impression que tu perds un peu la notion du temps quand il s’agit de laisser reposer ta potion. Soit tu reprends le processus trop tôt, soit bien trop tard. Pour l’instant, les préparations sont plutôt simples à réaliser mais d’ici l’année prochaine, voire dans quelques mois, la difficulté va augmenter un peu et cela risque de te porter rapidement préjudice.

Il eut une moue désolée et reporta son attention sur la jeune fille.

— C’est pas bien méchant, le reste est impeccable mais je voulais savoir ce qu’il se passe à ce moment-là afin que l’on corrige ensemble ceci. Si tu veux bien me le dire, évidemment.

Il recouvra son sourire. Il ne voulait la forcer à rien. Après tout, certains élèves préféraient continuer de s’enliser dans leurs défauts et n’avaient aucune envie de se corriger ou de progresser. Il ne pourrait pas la forcer si elle n’en avait pas envie et quelque part, il avait l’impression qu’il n’en avait étrangement pas l’autorité.

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feat @Professeur C. Bevans 

Encore une fois, le cours de potions touchait à sa fin, et Senna regardait son chaudron avec une mine déconfite. Ce n'est pas qu'elle avait totalement raté sa préparation, jamais. Elle suivait assez les consignes pour que le contenu n'explose pas, et garde la texture qu'il était censé avoir. Mais si elle comparait ses résultats à ceux de ses camarades, ses breuvages n'étaient jamais parfaits. La couleur n'était pas exactement la bonne, et les bulles ne s'échappaient jamais à la bonne vitesse. Senna savait pourtant suivre les consignes, mais elle savait que son esprit se concentrait toujours sur autre chose, quand il fallait surveiller le chaudron, et elle finissait toujours par rater le timing. C'était presque frustrant. Car contrairement aux matières qui demandaient aussi de l'observation, comme la botanique ou les soins aux créatures magiques, elle avait un certain intérêt pour les potions, car cela avait une vraie utilité. Mais c'était comme la cuisine, ou les travaux manuels, elle n'arrivait jamais vraiment à arriver au bout des consignes. Elle s'impatientait avant la fin, ou oubliait carrément les étapes. Elle soupire, alors qu'elle range ses affaires, et c'est là que le professeur l'interpelle. Senna lève la tête vers son directeur de maison, d'un air intrigué. Et quand il demande à ce qu'elle reste après les cours, elle s'inquiète légèrement. Elle suppose que lui aussi a remarqué qu'elle n'était pas douée, et elle échange un bref regard avec ses camarades, avant de hocher la tête lentement et faire son chemin vers le bureau du professeur Bevans.

Malgré l'anxiété qui pointait le bout de son nez chez Senna, elle n'avait pas si peur que ça. Elle avait appris à connaître le professeur, depuis qu'il était à Poudlard, et elle le connaissait peut être d'une façon un peu plus amicale, vu qu'il dirigeait Serdaigle. Son sourire était rassurant, et bienveillant, alors elle s'arrêta devant son bureau, et laissa échapper un petit souffle du nez, accompagné d'un sourire rassuré, quand il assura d'un ton si familier qu'il n'allait pas lui faire de remontrances. Et il avait tenu ses mots. Les remarques qu'il formulait étaient tout à fait recevables, justes, et pacifiques. Mais cela inquiétait quand même Senna. Elle serra les dents alors qu'elle hochait la tête simplement. Et quand le silence indiqua qu'elle devait répondre, elle prit quelques secondes pour chercher ses mots. Au moins, avec le professeur Bevans, elle avait l'impression qu'elle pouvait être honnête, qu'il l'accepterait. "Je suis désolée. Mais j'avoue que je n'arrive jamais à me concentrer. Je ne saurais pas expliquer pourquoi... Dès qu'il faut attendre, ça m'ennuie." Dit-elle d'une simple explication, peut être un peu trop brute. En tous cas cela justifiait pourquoi elle s'impatientait, ou pourquoi elle se mettait à faire autre chose, comme discuter avec ses voisins ou lire les pages plus avancées du manuel. "C'est juste... trop long. Alors si vous voulez me donner une mauvaise note, d'accord." Senna dit d'un haussement d'épaule, comme si ça ne l'affectait pas. Bien sûr, ça l'affectait, mais elle savait qu'elle ne pouvait pas faire mieux. Ou alors elle était convaincue qu'elle ne pourrait faire mieux. Elle offre un sourire innocent au professeur, et encore une fois, peine à vraiment se concentrer sur lui, alors elle laisse traîner ses yeux autour d'eux et de son bureau, et arrête son regard sur ses notes. Ce n'est pas les commentaires qu'elle lit, mais les esquisses qui semblent être camouflées en dessous.

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.feat @Senna Clerc-Griffith

Bevans avait bien vu que retenir Senna avait quelque peu inquiété celle-ci. Et c’était tout naturel. Malgré son attitude peu sévère, il n’en demeurait pas moins la figure d’autorité dans cette salle. C’était pour cela qu’il avait souri (ce qu’il faisait régulièrement cela dit) visant à apaiser ce stress justifié qu’il avait dû involontairement faire naître chez l’adolescente. Cette dernière sembla se détendre lorsqu’il usa d’un langage familier. Cela lui permettait d’annoncer la couleur de la discussion à venir : rien à prendre vraiment au sérieux, rien de dramatique ou de grave. Satisfait de la voir plus détendue, il commença à exposer son propos et la jeune fille l’écouta respectueusement, sans rien ajouter, ne l’interrompant pas non plus. Elle se concilia même à répondre, s’excusant même, de quoi, il l’ignorait, mais elle poursuivit, et poursuivit avec une sincérité qui paraissait honnête. Cela ne faisait que deux mois que Bevans était professeur mais il savait déjà que les élèves n’hésitaient pas à lui mentir ouvertement pour déformer légèrement une vérité honteuse. Cela n’était rien de bien méchant, les adultes tendaient même à continuer à utiliser cette stratégie, bien qu’avec plus de nuances. Il était plus difficile de déceler un mensonge chez un étudiant pas très sûr de ce qu’il faisait.

Tandis qu’elle poursuivait ses aveux, son regard demeurait fuyant, s’attardant sur le sol, son bureau. Elle déclara que ne rien faire pendant que la potion bouillait l’ennuyait rapidement, qu’elle se déconcentrait mais qu’elle ne saurait expliquer pourquoi. Puis, dans un haussement d’épaules nonchalant, elle déclara qu’il pouvait lui attribuer une mauvaise note si cela lui chantait. Il haussa les sourcils, surpris à moitié d’une telle franchise. Elle lui offrit alors un timide sourire avant que son regard ne l’esquiva à nouveau. Bevans, quant à lui, prit quelques secondes de réflexion, cherchant une solution à ce petit problème qui n’avait rien de bien méchant en soi. La concentration en potions était primordiale, n’en déplaise à Dmitri van Aken qui ne manquerait pas de rappeler à ses camarades qu’ils étaient censés la maîtriser dès la première année. Si elle avait l’esprit qui divaguait rapidement, il fallait certainement quelque chose pour la canaliser. Songeur il passa sa main dans sa barbe, laissant involontairement planer un lourd silence dans le cachot. Ne se résignant à la laisser plus longtemps dans l’incertitude, il soupira légèrement et finalement, lui offrit à un nouveau un sourire et lui dit d’un ton doux :

— Pourquoi je te mettrai de mauvaises notes ? Mon but n’est pas de sacquer les élèves. C’est que vous réussissiez.

Il ne pouvait pas travailler à la place des étudiants mais il était là pour leur donner les clefs pour réussir. Pour Senna, c’était la canalisation de sa concentration. Il essayerait de lui proposer une solution, elle était libre d’en faire ce qu’elle voulait après.

— Tu te déconcentres facilement alors ?

Il avait parlé plus pour lui que pour elle, exprimant à voix haute sa réflexion. Il réfléchit alors à son propre cas. La musique était quelque chose qui permettait de se canaliser, lui faisant oublier la notion du temps et pourtant le réglant comme une horloge et lui faisait avoir des gestes d’un automatisme d’une grande précision. Mais là, il s’agissait d’un cas où il maîtrisait son sujet, où il n’avait plus besoin de se concentrer dessus, laissant ses mains faire ce qu’elles avaient à faire. Il essaya de se projeter à l’époque où il était lui-même étudiant, durant le cours de Slughorn. Élève discret, plutôt bon, surtout en potions, il lui arrivait souvent de dessiner durant cette étape fastidieuse du mijotage. Encore aujourd’hui, cela lui permettait de passer le temps, tout en gardant de temps en temps un œil sur le chaudron ou sa montre posée à côté. Il reprit alors :

— Il y a quelque chose que tu aimes bien faire en dehors des cours ? Lire, écrire, dessiner, quelque chose comme ça ?

Il eut un sourire amusé.

— Quelque chose de calme évidemment. Si tu me dis que c’est le Quidditch, je crains que cela ne soit incompatible avec notre problème.

Personne n’aurait l’idée de ramener un balai volant dans les cachots. Le plafond était bien trop bas, ce serait bien plus dangereux qu’autre chose. Il se doutait pourtant que ce genre d’idioties avait déjà dû traverser l’esprit de certains trublions et il espéra ne jamais à voir ceci.

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feat @Professeur C. Bevans 

Le silence dans le cachot était lourd, certes, mais pas forcément inconfortable. C'était toujours étrange d'être seule avec un professeur dans une pièce fermée. Stressant, même. Mais le professeur Bevans avait cette aura rassurante, presque familière, ce qui rassurait toujours Senna. Elle était ravie qu'il soit le directeur de Serdaigle, car il rendait la vie plus facile. Il n'était pas là depuis longtemps, et la jeune fille n'avait pas vraiment eu besoin d'aller lui parler personnellement avant cela; mais elle avait toujours eu le sentiment qu'elle aurait pu venir lui parler de n'importe quoi, sans qu'il ne s'en offusque. De là à dire qu'il était aussi prévenant et bienveillant que son oncle, jamais, personne n'arriverait à la cheville de son oncle, mais il dégageait quelque chose de rassurant. Et peut être qu'au fur et à mesure du temps, il instaurerait une vraie atmosphère familiale avec ses élèves et sa maison. En tous cas, Senna en aurait bien besoin. C'est pour ça qu'elle était tout de suite plus détendue, même après qu'il ait pointé un de ses défauts. La blonde esquissa un autre sourire une fois qu'il ait dit qu'il ne lui mettrait pas de mauvaise note. Du moins pas tout de suite, pensa Senna. Mais il semblait vouloir vraiment l'aider, ce qu'elle appréciait.

Sans comprendre qu'il parlait à voix haute pour réfléchir, Senna s'intrigua de sa question. Elle était encore trop jeune pour se sur-analyser. On ne lui avait jamais parlé de problème d'attention, ou d'hyperactivité, et peut être que c'était ce qu'elle avait. Mais elle n'en était pas sûre, et ne se l'était jamais demandé. "Je... suppose?" Répondit-elle donc avec hésitation, sans savoir qu'elle n'avait pas forcément besoin de donner réponse à la question. Mais c'était vrai qu'elle se déconcentrait facilement. Ce n'était pas vraiment sa faute, elle aimait bouger, elle aimait avoir un objectif, se dépasser. Et attendre qu'une potion veule chauffer, c'était juste... sans intérêt. Quand Bevans continua avec des questions plus faciles à répondre, les yeux de Senna justement s'accompagnèrent de lumière dans les yeux. Elle ouvrit la bouche avec un grand sourire plein d'enthousiasme. Ah, voilà. Elle allait enfin pouvoir dire qu'elle aimait voler à toute vitesse sur son balais, qu'elle aimait lancer des sortilèges, partir à l'aventure et jouer à toutes sortes de sport. Mais elle referma bien vite sa bouche. Evidemment, il fallait s'en douter, ce n'était pas le genre de réponse qu'il attendait. "Oh. Oui, j'aime beaucoup lire." Dit-elle avec moins d'enthousiasme, même si c'était vrai. "Et dessiner... je ne le fais jamais... enfin... peut-être pendant les cours d'histoire de la magie, j'avoue." Senna ajouta d'un petit rire nerveux. "Pourquoi?" Elle ne voyait pas en quoi cela pourrait aider. Elle doutait fortement qu'elle serait autorisée à lire en cours. Même un professeur sympathique et compréhensif comme Bevans ne voudrait pas ça, c'était justement la discussion qu'ils étaient en train d'avoir, il souhaitait de la concentration.

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.feat @Senna Clerc-Griffith

Perdu dans ses pensées, Bevans ne fit pas attention à la remarque de Senna qui semblait avoir été déstabilisée par sa petite question rhétorique. Il essayait de brasser ses observations faites en classe, d’analyser les bribes de son comportement qu’il avait pu apercevoir. Si la jeune fille ne semblait pas avoir un irrépressible besoin de bouger, il avait bien vu qu’être assise trop longtemps derrière un bureau ou une paillasse n’était absolument pas sa tasse de thé. Malheureusement, sa matière ne lui permettrait jamais de s’agiter dans tous les sens pour évacuer cette énergie brûlante. La fougue de la jeunesse comme certains aimaient bien l’appeler. Tandis qu’il continuait à essayer de trouver une solution et qu’il lui demanda ses centres d’intérêt, il vit le sourire enthousiaste qui s’était dessiné sur les lèvres de l’adolescente. Peut-être tenait-il quelque chose. Néanmoins, alors qu’elle s’apprêtait à lui répondre, cet éclat jovial disparut aussi sec et le visage juvénile de la Serdaigle recouvra une expression plus grave. Il eut une moue intriguée. Est-ce que ce qu’elle appréciait était quelque chose de répréhensible ? Escalader le mur du château, explorer la Forêt Interdite, dégrader les murs de l’école par des signatures à la qualité douteuse ?

Plus timorée, elle lui raconta alors qu’elle aimait bien lire et dessiner. Elle semblait presque timide de ce dernier, avouant le faire quasiment jamais et de temps en temps en cours d’Histoire de la Magie. Il eut un sourire amusé. Cette pauvre génération ne savait pas la chance qu’elle avait d’avoir un professeur comme la professeure Grant plutôt que le fantomatique Binns. C’était d’ailleurs durant les cours de l’ectoplasme que Caerwyn, à l’instar de son élève, avait perfectionné son trait. Toutes ces heures à écouter d’une oreille les leçons soporifiques du spectre l’avaient fortement entraîner à avoir une main précise. Cela ne l’avait pas empêché d’avoir ses BUSE en Histoire de la Magie. Un petit Acceptable qui avait fait le travail, compte tenu, qui plus est, de son intérêt pour la matière. Dessiner l’avait même empêché de s’ennuyer profondément et de laisser son esprit divaguer. Occuper ses doigts avaient laissé le champ libre à ses oreilles pour écouter Binns. Le contexte serait différent pour Senna, mais cela pouvait peut-être l’aider à canaliser et recentrer son esprit. Cela ne coûtait rien d’essayer pour le prochain cours. Il savait que ses méthodes n’étaient certainement pas très académiques en règle générale pour aider ses élèves, mais il était assez partisan de l’adage « la fin justifie les moyens ».

— Soyons honnêtes, tout le monde a dessiné durant l’Histoire de la Magie.

Il eut un sourire complice, visant à essayer de détendre l’adolescente qui ne semblait pas des plus joviales à ce moment-là. Peut-être s’inquiétait-elle seulement pour son avenir. Caerwyn s’imagina alors qu’avoir un parent en tant que professeur devait également mettre une pression supplémentaire sur ses épaules. Il ignorait si Jack aurait été du genre à exiger de Senna d’excellents résultats scolaires. Mais quel géniteur ne voulait pas que son enfant réussisse à l’école ? Il pensa brièvement à ses propres gosses dont il surveillait de loin la scolarité, ces deux derniers ne lui adressant toujours pas un mot depuis qu’il était arrivé. Il chassa bien rapidement cette pensée qui allait le rendre morose et se reconcentra rapidement sur son problème actuel.

— Si je te donnais l’autorisation de dessiner durant le prochain cours, pendant les phases de mijotage, ça t’irait ? Dans mon cas, ça fonctionne : cela me permet de me chronométrer, presque. Après c’est très personnel mais rien n’empêche d’essayer, qu’en dis-tu ?

Il imaginait mal la progéniture de Jack Griffith s’adonner à une activité aussi calme que le dessin. Mais s’il était juré de ne pas les comparer, il ne pouvait s’amuser de trouver cette anecdote amusante. Il eut à nouveau un sourire.

— Bien évidemment, n’essaye pas cela dans les autres cours pour l’instant, je ne suis pas certain que mes collègues apprécient.

Lui faire avoir des ennuis n’était vraiment pas son objectif. Et puis, cette esquisse de solution était encore expérimentale. Il savait qu’il avait une façon particulière de se concentrer (et que cette dernière était parfois très friable), mais si cela fonctionnait pour un individu, cela pouvait également être le cas pour d’autres non ?

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feat @Professeur C. Bevans 

Un sourire retrouva les lèvres de Senna, à la petite remarque que le professeur avait faite sur le cours d'histoire de la magie. C'était ça qui était si chouette avec lui; un exemple qui se dessinait sous ses yeux. Elle venait d'admettre à un prof, et son directeur de maison qui plus est, qu'elle n'était pas très attentive en histoire de la magie, et il n'avait rien dit. Pire, même, il avait souri d'un air complice, comme s'il comprenait. Et il comprenait surement d'ailleurs. Même si en effet, Senna ne se rendait pas compte de la chance qu'elle avait de ne pas faire cours avec le professeur Binns. Mais comme elle ne sait pas à quel point c'était soporifique avec lui, elle ne connait que son différentiel à elle. Et un cours d'histoire, reste un cours d'histoire. Beaucoup plus détendue maintenant, car absolument certaine que cet entretien privé soit complètement bienveillant, Senna avait un langage corporel reposé. Ses épaules était relaxées, et son visage lumineux. Elle aurait préféré pouvoir parler de vitesse, du fait qu'elle adorait faire des sprints sur le terrain de quidditch, ou alors dire qu'elle aimait grimper sur les arbres en lisière de forêt, courser les fantômes à travers le château ou faire semblant de se battre avec les armures, mais elle se contenta de parler de sa facette plus calme. Car quand elle ne bougeait pas physiquement, elle se baladait dans la lecture. Au lieu de se perdre dans les couloirs du château, elle se perdait dans les aventures littéraires. Mais encore une fois, elle ne voyait pas en quoi cela aiderait sa situation.

Finalement, le professeur fait une proposition, et Senna n'est toujours pas sûre de comprendre. Elle lève les yeux vers lui, les sourcils un peu froncés dans le doute. Elle est détendue, mais elle n'est pas certaine de ce qu'il lui demande. "Vous me demandez... de me déconcentrer pendant votre cours, pour mieux me concentrer pendant votre cours?" Senna réorganisa les mots à sa façon, pour être sûre d'être sur la même longueur d'onde que lui. Elle était peut être trop premier degré, ou pas assez visionnaire, mais elle ne voyait pas en quoi cela pouvait l'aider de dessiner. Même si c'était logique. Elle aurait le nez quand même au dessus de sa potion, et même de sa montre si elle voulait, alors ça la garderait dans l'action. Mais elle n'y a tellement jamais pensé, et puis elle n'a jamais considéré qu'elle pouvait dessiner comme hobby, que ça lui semble absurde. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, elle ne ressentait pas vraiment de pression parentale pour ses études. Ses parents étaient exigeants et voulaient qu'elle se donne à fond, oui, mais ils la laissaient libre de ses choix, et ne s'attendaient pas à ce qu'elle soit parfaite partout. Mais Senna ne se rendait pas compte que c'était difficile à croire. C'est peut être pour ça qu'elle se dispersait quand les sujets avaient du mal à l'intriguer, finalement. "Je dois dessiner des potions et des ingrédients?" Demanda-t-elle encore, car c'était peut être ça qu'il envisageait. Elle n'avait pas envie de faire n'importe quoi.

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.feat @Senna Clerc-Griffith

Senna sembla se détendre au fur et à mesure de leur discussion. Tant mieux, pensa Caerwyn. Elle comprendrait certainement qu’il n’était nullement belliqueux à son égard et qu’il ne voulait que ses progrès. Et inconsciemment, que la fille de Jack se sente à l’aise dans son cours le rassurait également. Au moins, le dragon de Poufsouffle ne viendrait pas faire sonner ses cloches. Il espérait que la lionne Griffith ne s’immisce pas trop dans la scolarité de sa fille, il savait que cela pouvait vite devenir étouffant pour la progéniture et il ne manquerait plus qu’elle vienne tirer les oreilles à ses collègues. À cela, il n’était pas sûr de survivre. S’il s’était promis de ne jamais traiter Senna comme étant la fille de Jack en face d’elle, le lien de parenté demeurait bien présent tout de même. De plus, l’adolescente se trouvait dans la maison sous la responsabilité de Caerwyn, ce qui renforçait cette volonté de bien faire auprès de la jeune fille. Inconsciemment, il se disait que s’attirer les bonnes grâces de Senna apporterait celles de Jack, lui prodiguant peut-être une certaine « immunité ». La directrice de Poufsouffle avait un caractère explosif et imprévisible que Caerwyn essayait de s’épargner le plus possible.

Elle essaya de reformuler sa proposition avec ses mots et Bevans eut un moment d’arrêt. Il était vrai que ce qu’il venait de proposer était totalement absurde. Cela n’avait même pas beaucoup de sens et pourtant. Il savait que cela fonctionnait avec lui. Que dessiner lui permettait de passer le temps sans pour autant en perdre totalement la notion. Cela ne fonctionnerait peut-être pas avec elle mais ça valait le coup d’essayer. Au pire, ce ne sera pas concluant et alors ? Il ne la pénaliserait pas pour avoir tenter de l’écouter. Ses camarades risquaient de se poser des questions mais sa souplesse avec les adolescents commençait à être de notoriété publique. Pour l’instant, personne n’avait tenté d’en abuser, c’était un bon point, se félicita-t-il. Elle demanda alors ce qu’elle devrait dessiner pendant les fameuses phases de mijotage et proposa des éléments propres à la matière. Il eut un sourire et secoua négativement la tête. À moins qu’elle ne souhaite illustrer un futur manuel pour les potions, elle n’avait pas à se forcer à trouver un sujet dans le thème. Quelque peu amusé par la réponse doucement naïvement de l’adolescente, un sourire aux lèvres, il dit d’un ton doux :

— Non, non, tu dessineras ce que tu voudras.

Il marqua une pause avant de reprendre :

— Ce n’est pas une punition, tu sais. Je sais que ça peut paraître bizarre comme solution mais, personnellement, elle m’aide.

Son sourire se fit un peu plus large, tandis que son regard devint plus complice :

— Pour tout te dire, à ton âge, je n’étais pas le plus concentré des élèves.

Inutile de préciser que la Deuxième guerre des sorciers y était certainement pour quelque chose. Ainsi que son désintérêt total et colérique pour Poudlard et le monde sorcier. Cela, elle n’était clairement pas obligé de le savoir.

— Je dessinais beaucoup en cours, pas qu’en Histoire de la Magie, mais étrangement, c’est quand j’arrêtais de le faire que je cessais d’écouter.

Discret, sage et souvent au fond de la salle, il n’avait jamais eu trop d’ennuis. Il ne perturbait pas le cours et malgré la distraction de ses mains, parvenait à rester assidu.

— Alors, peut-être que tu es dans le même cas que moi. Certains ont besoin d’avoir les mains occupées pour se concentrer, ça vaut le coup d’essayer non ?

Il rajouta alors, toujours affublé de son sourire :

— Oh et tu ne seras pas obligée de me montrer ce que tu dessines, donc pas de pression pour ça. Essaye juste de faire le parallèle entre le dessin et ton chaudron. Mais normalement, tes mains auront d’elles-mêmes le bon timing.

Il y avait aussi le facteur inverse : plutôt que de miser sur une synchronisation parfaite des mains, des yeux et du temps de cuisson, il y a pouvait y avoir également la peur de rater le timing. C’était une approche différente de la solution mais qui fonctionnait aussi. Puisque les mains étaient occupées, le cerveau était deux fois plus vigilent à la potion, de crainte de louper le coche. Peu importe ce qu’elle ressentirait le moment venu, il gardera sa progression à l’œil.

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feat @Professeur C. Bevans 

Naïve, Senna l'était peut-être un peu. Mais en même temps, c'était bien la première fois qu'un professeur (en dehors de ses deux parents) lui prêtait une attention particulière. Elle avait déjà eu des appréciations bien sûr, la quasi totalité du temps, c'était positif, et c'était accompagné selon les matières de "un peu dissipée." Et c'était bien la première fois que quelqu'un semblait s'inquiéter du problème. A la défense de ses parents, justement, les cours de métamorphoses à Beauxbâtons et à Poudlard étaient axés sur la pratique et intéressaient suffisamment Senna pour que son père n'ait rien remarqué. Et en ce qui concernait la botanique, Senna n'y prêtait aucun intérêt, et ce n'était pas qu'à cause de son besoin constant de bouger. Appréciative de l'attention de son directeur de maison, Senna était donc totalement ouverte à son idée, et commençait à la comprendre. C'est donc avec un sourire grand et sincère qu'elle hocha la tête.

Ses yeux dans ceux du professeur Bevans, Senna voyait la complicité qu'il tentait de lui faire passer, et elle appréciait. Entre les anecdotes qu'il lui racontait, et la compréhension qu'il lui témoignait, il était en train de devenir son professeur préféré. "J'ai l'impression que vous avez raison. J'ai toujours besoin de faire quelque chose de mes mains..." Dit-elle, comprenant enfin où il voulait en venir. La blonde hocha la tête encore une fois, il fallait avouer qu'elle était rassurée qu'il ne veuille pas voir le résultat de ses croquis. Elle n'avait aucune idée du niveau qu'elle pourrait avoir, étant donné qu'elle n'avait jamais rien tenté d'artistique. Elle aimait lire, elle aimait parler, elle aimait voler sur son balais, et se balader un peu partout. Et son esprit, toujours distrait, se mettait déjà à imaginer ce qu'elle pourrait bien dessiner. La première pensée qui lui vint était des fleurs, et elle chassa vite cette idée d'un faible froncement de sourcils. "Très bien, je dessinerai à côté de mon chaudron en gardant ma montre entre les deux..." Senna regarda le professeur quelques instants. Elle comprenait ce qu'il voulait dire, et la méthode qu'il voulait qu'elle adapte. Mais elle n'était toujours pas convaincue que ça l'aiderait beaucoup. "J'espère que ça suffira. Même sans envisager de continuer à étudier les potions après mes BUSEs, je n'ai pas envie de les rater." Se confia-t-elle, un peu inquiétée du niveau des futures potions en quatrième et cinquième année. Si elle ne s'améliorait pas avec cette tentative de mieux se concentrer sur le timing, elle ne savait vraiment pas comment elle allait faire dans le futur. Le professeur avait raison, elle n'était qu'en troisième année. Si le niveau intermédiaire des potions actuelles la mettait déjà en difficulté, elle ne saurait pas gérer les plus compliquée. Et Senna n'était pas très sûre que sa mère continuerait d'être clémente avec son attitude si elle ratait ses BUSEs... Remettant une mèche de cheveux derrière son oreille, elle demanda. "Est-ce que c'était tout ou aviez-vous besoin de me dire autre chose?" Elle ressentait maintenant comme un besoin d'aller faire un tour dans le parc, ou d'aller voir si le terrain de Quidditch était libre pour qu'elle puisse y faire quelques tours de vitesse. N'importe quoi, mais sortir dehors, pour respirer le grand air, hors de ces cachots lugubres.

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.feat @Senna Clerc-Griffith

Au fur et à mesure qu’avançait leur conversation, Bevans voyait bien que la perplexité de Senna disparaissait progressivement. La gamine semblait intelligente et il était appréciable de voir qu’elle comprenait où il venait en venir. Au moins, si elle saisissait sa stratégie, peut-être qu’elle se montrerait efficace. Aussi atypique était la cervelle de Bevans, il ne s’était jamais considéré comme unique ou original. Il paraissait donc improbable que sa technique d’occuper les mains pour mieux se concentrer fonctionne uniquement sur lui. Néanmoins, il était désormais curieux de voir si cela allait correspondre à Senna. S’il parvenait à reconcentrer un élève avec une méthode si peu académique, son petit ego en dents de scie serait indubitablement flatté. Souvent prompt à l’autoflagellation, une petite victoire ne pourrait que flatter sa confiance en lui et lui faire relever fièrement le menton. Si son estime de lui en tant que professeur était devenu moins catastrophique au fur et à mesure du nombre d’heures de cours passées à donner, il n’en était pas moins toujours critique sur sa pédagogie. Néanmoins, il avait tout de même le sentiment objectif qu’il ne se débrouillait pas si mal. Et au moins, ne doutait-il pas de rien, comme certains de ses collègues. Ou une en particulier.

Senna accepta donc sa proposition, confirmant que ses mains avaient besoin d’être distraites. Bevans eut un sourire satisfait. Peut-être qu’il avait visé juste du premier coup. Le prochain cours le lui dira. Cependant, elle émit un commentaire sur les BUSE et le potentiel fait de ne pas continuer les potions après la cinquième année. Il pencha légèrement la tête sur le côté. Elle se préoccupait déjà de ses examens ? Était-ce ses parents qui lui mettaient une pression pareille ? Elle était bien jeune pour s’en soucier déjà. Normalement, les professeurs commençaient à mettre un peu plus de pression sur les étudiants à partir de la quatrième année. Piqué dans sa curiosité, il se demanda de qui venait la faute. Ce n’était peut-être pas Jack ou son ex-mari qui avaient de telles attentes concernant leur fille. Peut-être était-ce seulement l’éducation de Beauxbâtons qui pouvait être plus stricte que Poudlard. De Durmstrang, il n’aurait pas été étonné, mais il connaissait moins bien l’école française. Il n’y avait qu’une seule façon de le savoir. La jeune fille était détenue, il n’y avait pas mal à engager une petite conversation anodine. Et puis, si elle était stressée par rapport à ses études, cela pouvait également jouer sur sa concentration en cours.

— Pourquoi te soucies-tu déjà de tes BUSE ? C’est dans deux ans, tu as le temps ? Tu es anxieuse par rapport à ça ?

Nul besoin d’évoquer les géniteurs pour le moment. Il savait déjà la relation tendue qu’elle avait avec sa mère, par la bouche de cette dernière par ailleurs. « Ma fille me déteste » que Jack lui avait avoué. Et il n’avait vraiment pas eu l’impression qu’elle avait exagéré sur le moment. Il pourrait toujours creuser plus tard, cependant. Il ne voulait pas vraiment se mêler de ce qu’il ne le regardait pas, mais étant dans une situation similaire à celle de sa collègue concernant sa progéniture, il ne pouvait évidemment pas s’empêcher de compatir. S’il pouvait aider à ce que la relation des deux Griffith s’améliore, alors il essayerait de le faire de bon cœur.

— Non, c’est tout, à moins que tu aies quelque chose à me dire toi ?

Il n’allait pas la retenir plus longtemps. Elle n’avait peut-être pas spécialement envie d’être retenue dans les cachots et avait peut-être prévu des choses pour la fin de journée. Elle n’était pas en retenue et il n’allait certainement pas gaspiller son temps plus longtemps.

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feat @Professeur C. Bevans 

Une autre aventure s'ouvrait à Senna, ou du moins, c'était comme ça qu'elle allait interprêter cette technique que le professeur Bevans lui sommait d'appliquer. Quelque chose de nouveau à tester. Et rien que cela, déjà, la motivait d'assez de curiosité pour avoir hâte d'assister au prochain cours. Elle n'avait aucune idée de si cette méthode peu orthodoxe pouvait fonctionner avec elle, mais c'était ça qui était excitant d'une certaine manière. Est ce que Senna allait se révéler un don pour le dessin? Est ce qu'elle avait effectivement simplement besoin de s'occuper les mains pendant qu'elle attendait? Son sens de la découverte et sa curiosité l'avaient probablement ramené chez Serdaigle (ou alors sa fervente volonté de ne pas se retrouver dans la même maison que sa mère.) Dans tous les cas, elle faisait partie de ces gens qui voulaient obtenir des résultats personnels. Et la gentillesse du professeur Bevans faisait qu'elle voulait aussi lui prouver à lui qu'elle pouvait s'améliorer et qu'elle était prête à tout essayer. Ce n'était pas pour ses résultats scolaires, ni pour ses parents qu'elle se mettait ces objectifs. C'était simplement pour elle. Quand elle voyait des résultats moyens, elle voulait faire mieux; aller toujours plus loin, toujours plus vite.

La mention des BUSEs était peut-être le résultat de ça. Ces examens étaient encore lointain, ils n'auraient lieu pour elle que dans deux ans. Et en deux ans, elle aurait encore l'occasion de changer, et de porter intérêt à des choses ou des matières pour lesquelles elle n'avait pour l'instant aucun intérêt. Les changements qui s'opéraient en elle depuis quelque temps (depuis le déménagement, et surtout depuis qu'elle avait entamé sa puberté) en étaient la preuve. Elle se transformait, elle évoluait en une autre femme, et qui sait ce dont elle aurait envie, le moment venu? Alors pourquoi s'en inquiéter maintenant? Ce n'était pas de l'anxiété, parce qu'elle n'y pensait pas avec peur. Mais il fallait avouer qu'elle ne savait pas vraiment ce que c'était non plus. La question la laissa silencieuse quelques instants, alors qu'elle regardait son directeur de maison. "Non, mais vous savez, dans la salle commune j'ai l'impression que tous les élèves ne parlent que de ça. Alors forcément, ça reste dans un coin de ma tête..." Le serdaigles, studieux (sauf certains) qui passaient leur temps à réviser dans les canapés de la salle commune. Cela mettait une pression inconsciente. Senna se sentait souvent coupable de préférer se promener dehors que de rester à côté de ses camarades à préparer des parchemins de révision. Mais la raison principale n'était pas loin. "Et puis... c'est aussi parce que j'ai hâte de me débarrasser de certaines matières..." Senna avoua, en tournant les yeux vers le sol à sa droite. Comme tous les adolescents, bien sûr, elle en avait marre de certaines choses et prétendait avoir hâte de terminer les cours. Et c'était vrai, mais il y avait aussi certaines matières qu'elle n'aimait pas du tout. Du moins une, qu'elle avait bien en tête. C'était ennuyeux à mourir et ça se passait dans les serres qu'elle essayait d'éviter comme la peste. Elle restait cryptique, se croyant maligne à ne pas faire référence directement à sa mère. Mais pour n'importe qui qui connaitrait un peu son histoire, il serait évident que la jeune femme évoquait sa mère. C'était plutôt flagrant, qu'elle tentait au maximum de l'éviter. Et si Senna ignorait les appréciations que sa mère notait d'elle pour les autres professeurs, son désintérêt pour la botanique pouvait facilement se deviner.

Sa précédente question aurait pu être insolente. Senna n'avait pas vraiment le droit de demander de telle façon si le professeur avait dit tout ce qu'il avait à lui dire. Ce n'était pas elle qui avait demandé l'entretien après tout, donc c'était à lui de déclarer l'entretien terminé. Mais bon, Bevans n'avait pas eu l'air de s'en offusquer, ce qui était plutôt rassurant. "Non. Je n'ai rien à dire." Répondit-elle avec un sourire un peu gêné. En réalité, Senna avait beaucoup de choses à dire. Elle avait beaucoup de colère à exprimer. Mais elle n'avait pas grand monde à qui se confier. Personne ne pouvait vraiment comprendre, et elle avait perdu son vrai confident. Alors tant pis, elle garderait ses tribulations pour elle, et laisserait cette frustration mijoter au fond d'elle, ce qui ne faisait qu'attisait le ressentiment qui la rongeait. Et dont le seul moyen qu'elle avait trouvé pour le supporter était de le concentrer envers sa mère. Mais personne n'avait besoin de savoir ça. "A part merci." D'avoir pris le temps pour elle. Il n'était pas obligé de le faire, et elle appréciait sincèrement.

PRETTYGIRL

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Il était tout naturel pour un élève à peu près studieux et sérieux de se préoccuper de son avenir et de ses examens. Cependant, il était peut-être encore un peu tôt dans le cas de Senna. Bevans n’aimait pas spécialement cette pédagogie de toujours infligé de la pression aux étudiants, de leur rappeler qu’ils seraient des échecs si jamais ils n’avaient pas de notes décentes et qu’ils étaient des incapables. Tous avaient des facilités, des difficultés. Il fallait juste se donner la peine de les encourager dans le bon sens. C’était une vision que Caerwyn ne partageait pas avec tous ses collègues. Néanmoins, si tous étaient globalement bienveillants, il savait que cela n’avait pas été le cas dans cette école. Il n’avait jamais eu Rogue en tant que professeur de potions, seulement une année en tant qu’enseignant de Défense Contre les Forces du Mal. Et il pouvait dire sans trembler que le lugubre ancien directeur de Serpentard n’aurait jamais proposé à Senna de dessiner pendant le cours pour l’aider à se concentrer. Il aurait certainement pris un malin plaisir à retirer une quantité disproportionnée de points à Serdaigle pour cet affront. Et l’adolescente étant fille de professeur, cela aurait certainement encore plus encouragé Rogue à être exécrable avec elle.

Senna raconta alors l’ambiance dans la salle commune des bleus et bronze et cela arracha un sourire amusé à Bevans. Oui, la maison des érudits n’avait pas beaucoup changé depuis le temps où il y était. Il n’avait jamais fait partie des plus studieux, préférant se mettre contre la fenêtre pour apprécier la chaleur du soleil en dessinant (chaleur qui lui manquait cruellement dans ses geôles). Il laissait les autres réviser, s’inquiéter, s’angoisser pour leurs études. Lui n’avait jamais eu quelque chose à faire. Il avait été bon, il aurait certainement pu être très bon, mais il n’avait clairement pas eu l’ambition ni la motivation nécessaire pour faire les efforts attendus. La seule matière qui avait daigné son attention avait été les potions. Non seulement parce qu’il les aimait bien mais qu’il y avait un côté vraiment pratique et facilement applicable dans le monde Moldu où il avait décidé d’y retourner très tôt. À quoi bon savoir transformer un animal en verre à pied (qu’advenait-il de l’animal qui plus est ? Ce cours l’avait figé sur place d’effroi) lorsque sa seule aspiration était dessiner ou faire de la musique, loin de toute fioriture magique ? Avec un léger rire, il répondit :

— Oui, les Serdaigles sont parfois chiants comme la pluie, je veux bien l’entendre. C’est pas pour ça qu’il ne faut pas les écouter.

Toujours avec son sourire bienveillant, il laissa alors son élève poursuivre. Et cette dernière ne tarda pas à avouer qu’il y avait des matières qui l’intéressaient bien moins que d’autres. Amusé, il se doutait déjà desquelles. Bon, concernant les potions, ils allaient tenter de trouver une solution pour qu’elle ne perde pas espoir. Elle serait cependant toujours aussi libre d’abandonner la matière si elle le souhaitait après ses BUSE. Mais il avait une idée bien précise d’une deuxième discipline où Senna n’avait pas envie de s’attarder. Un sourire malicieux aux lèvres, lui faisant comprendre qu’il savait déjà de quoi il s’agissait, il dit :

— Ah oui et lesquelles ?

Ce n’était pas un interrogatoire mais la Serdaigle semblait suffisamment en confiance pour que sa langue se délit. Et il n’allait clairement pas la réprimander parce qu’elle ne souhaitait pas s’investir dans la matière qu’enseignait sa mère avec qui les rapports étaient tendus. Il le voyait avec sa propre marmaille. Ni son fils, ni sa fille n’avaient envie de s’appliquer en potions, refusant toujours catégoriquement d’adresser le moindre mot, le moindre regard à leur géniteur. Et cela se ressentait fortement dans leurs notes dans cette matière. Et Caerwyn les laissait faire, n’ayant pas encore trouvé le courage de les prendre à part pour leur parler, ne serait-ce qu’en tant que professeur, comme il était en train de le faire à présent avec la fille de sa collègue qui se trouvait dans une situation similaire à la sienne. Avant qu’elle n’eut le temps de répondre cependant, il ajouta :

— J’aime pas la botanique non plus. J’étais même pas très bon, je me suis juste forcé à la garder après mes BUSE parce que c’était utile pour les potions. Je déteste la sensation de terre sous les ongles.

Toujours avec ce sourire complique qui ne disparaissait pas, elle le remercia de sa sollicitude après avoué qu’elle n’avait rien à lui dire. Il ne la croyait pas, appuyant son regard dans le sien pour lui signifier qu’il n’était pas dupe. Mais il ne la forcerait pas à parler si elle ne le souhaitait pas. Il haussa alors les épaules avec nonchalance.

— Ne me remercie pas pour ça, voyons, c’est mon job de vous aider.

Il continua de lui sourire. Son but n’était pas seulement de transmettre son savoir ou de réciter un programme pondu par le Ministère. C’était que les élèves comprennent ce qu’ils faisaient. Qu’ils aient toutes les clefs en mains pour réussir leurs examens. Il se moquait bien de la façon dont ils y parvenaient (hors triche bien évidemment), tant que leurs cerveaux retenaient les informations.

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feat @Professeur C. Bevans 

Outre le fait d'appartenir à la maison des élèves les plus studieux, et de subir inconsciemment la pression des révisions autour d'elle. Et outre la simple attitude adolescente rebelle de vouloir en finir le plus vite possible avec les études jugées ennuyeuses, il y avait aussi une autre raison pour laquelle Senna pensait à son avenir, un peu trop tôt. C'est qu'elle n'était pas sûre de savoir où elle voulait aller, ou même où elle appartenait vraiment. Elle était sorcière, elle le savait depuis le début, même si elle avait développé ses pouvoirs magiques relativement tard, elle avait toujours grandi dans ce monde. Après tout, ses deux parents, eux aussi sorciers, étaient tous les deux professeurs de matières magique. La botanique, c'était polyvalent, mais Jack étudiait les plantes aux propriétés particulières à lier dans le monde de la magie. Donc Senna n'a jamais été trahie par la nature magique de son sang. Et elle a toujours grandi dans ce monde là. Mais elle a quand même été dans une école moldue jusque ses dix ans, comme beaucoup de ses collègues. Et ce qui l'intriguait, c'était qu'on s'attendait à ce qu'ils oublient tout ça une fois entrés dans les collèges magiques. Senna n'était pas très sûre d'aimer cela. Elle aimait beaucoup la magie, c'était certain, et elle était heureuse d'être sorcière. Elle aimait Poudlard aussi, et apprendre à contrôler ses pouvoirs. Mais avoir ces pouvoirs, ça l'obligeait forcément à quitter le monde moldu, selon les traditions, et elle n'était pas sûre de le souhaiter. Il y avait beaucoup de choses dans le monde des moldus qu'elle aimait. Son oncle l'avait beaucoup aidé à s'en rendre compte. Senna aimait beaucoup les matières littéraires, elle avait adoré les cours d'anglais qu'elle avait suivi en France, même si elle parlait déjà la langue à l'époque, et elle avait aimé les cours de français qui analysaient des livres, même si ce n'était pas encore d'un grand niveau à son âge. Elle aurait voulu que les cours de sport moldus soient plus longs. Et même les mathématiques étaient intéressantes d'un certain point de vue. Et d'un coup presque brutal, on laissait tout tomber? Elle qui ne lisait quasiment que des livres moldus, et qui était secrètement passionnée par les parcs d'attraction... Ce n'est pas qu'elle rejetait le monde sorcier, car ce n'était pas le cas. Mais elle se posait beaucoup de questions. Elle n'était pas sûre de vouloir travailler dans le monde sorcier, d'abandonner toutes ses autres passions parce qu'elle avait des pouvoirs magiques et que par conséquent, elle devait travailler dans les ministères, être auror ou médicomage. Bien sûr, elle était encore très jeune pour s'en inquiéter. Mais le fait qu'on la pousse vers un avenir auquel elle n'était pas vraiment sûre de se conformer, créait en effet des anxiétés insoupçonnées. Senna ignorait bien qu'elle parlait à un né moldu qui comprendrait tout de ces interrogations. Ce qu'elle choisissait par contre d'ignorer volontairement, c'était que sa mère pourrait comprendre ces angoisses, et qu'elle saurait la rassurer. Car Senna n'avait pas envie d'en parler avec elle. Après tout, c'était de la faute de sa mère si elle avait déjà dû quitter son pays natal et son père pour être ici. Et c'était de la faute de sa mère si elle n'avait pas eu assez de temps pour discuter de tout cela plus longtemps avec son oncle. Senna esquissa un sourire malgré les souvenirs à entendre son directeur de maison dénigrer ses camarades. "Je ne dirais pas qu'ils sont chiants. Un peu ennuyeux parfois, peut être. Mais ils restent accessibles, et intelligents." Elle répondit avec un grand sourire. Senna était très fière d'être à Serdaigle. "Et puis je préfère rester à côté d'un Serdaigle qui me fait la morale que n'importe quel Poufsouffle. Ils sont bêtes et immatures." Senna avait marmonné cela en levant les yeux au ciel, avec ses mots d'adolescente blasée. Ce n'était pas vraiment contre les Poufsouffles, il y en avait certains que Senna admiraient, mais c'était leur faute d'être sous la supervision de sa mère. Si Jack avait été Griffondor, elle aurait dit cela des rouges plutôt que des jaunes. Dans tous les cas, ça l'arrangerait que le professeur Bevans n'entende pas.

Pour revenir aux matières dont elle aimerait se débarrasser, elle vit dans les yeux du professeur encore un éclair de complicité. Et elle ne savait pas comment l'interpréter. Pensait-il qu'elle parlait des potions, ou alors pensait-il directement à la botanique? Cela voudrait peut être dire qu'il avait discuté d'elle avec sa mère, et Senna n'aimait pas vraiment l'idée, même si cela ne serait pas étonnant. Une partie d'elle était curieuse de savoir ce que sa mère pensait, et l'autre en voulait déjà au professeur. Elle qui commençait à l'apprécier, il perdrait des points s'il s'avérait qu'il s'entendait bien avec sa compère de Poufsouffle. "Histoire de la magie ou... botanique." La blonde répondit donc. Histoire de la magie, c'était une exagération, un exemple apporté parce que Senna ne voulait pas isoler spécifiquement la botanique. Mais c'était surtout de ça dont elle avait hâte d'être débarrassée. Elle écouta le professeur Bevans lui parler de son propre manque d'affection pour l'étude des plantes, et elle sourit un peu. Cela ne lui garantissait pas qu'il n'allait pas raconter toute cette conversation à sa mère, mais au moins ça la rassurait d'un côté. "Je comprends. Mais moi c'est juste parce que je déteste les plantes." Ou était-ce autre chose qu'elle pensait détester à travers les plantes..? "Elles demandent trop d'attention pour pas grand chose. Alors qu'on peut toujours trouver un sortilège pour nous aider plus rapidement." Peut-être qu'à l'avenir elle appréciera l'utilité des plantes, quand elle aura des cours plus avancés. Mais elle était trop fermée sur le sujet pour l'instant.

Un sourire vite retrouvé sur le visage, Senna répondait silencieusement à son professeur. Elle ne dirait rien de ce qu'elle ressentait. Même si elle appréciait sincèrement ce que Bevans venait de faire pour elle, ou essayait du moins, elle n'était pas assez en confiance pour lui parler. Elle ne le sera probablement jamais, surtout s'il était proche de sa mère. Et elle n'avait aucune envie de savoir s'il était proche de sa mère ou non, c'est juste qu'elle préfèrerait le contraire. "Je voulais quand même dire merci. J'espère que je pourrais vous remercier en mettant votre technique à profit."

PRETTYGIRL

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.feat @Senna Clerc-Griffith

Caerwyn s’amusa de la loyauté que Senna portait à sa maison. Lui qui venait gentiment de tacler les élèves dont il avait la responsabilité, la Serdaigle préféra plutôt en dépeindre un portrait plus positif. Intelligents, les bleus et bronzes l’étaient certainement. Accessibles, cela dépendait fortement des individus. Ceux portant l’emblème de l’aigle n’étaient pas les plus altruistes ni les plus avenants. Bevans se souvenait de ses longues soirées dans la salle commune où peu se parlaient, où peu de rires étaient échangés. Seulement des individualités studieuses et taciturnes plutôt que des groupes extravertis, bavards et joyeux. Mais peut-être que les temps avaient changé. Après tout, l’une des têtes les plus dures de Poudlard se trouvait dans sa maison, même si l’arrogance et le dédain des règles de Dmitri lui auraient assuré une place confortable à Serpentard, voire peut-être Gryffondor. Les Serdaigles n’étaient pas des habitués de l’indiscipline mais visiblement, la quiétude d’une paix durable visait à redistribuer les cartes. Néanmoins, il était satisfait que Senna se sente à l’aise dans sa maison. Il savait qu’elle avait changé d’école quelques temps auparavant et l’adaptation pouvait en dérouter certains. Mais elle semblait s’être fait à Poudlard. Qu’elle y soit confortable était rassurant et encourageant.

La petite pique envoyée aux Poufsouffles lui arracha évidemment un sourire amusé. Si Caerwyn n’était pas d’une nature belliqueuse ni conflictuelle, il appréciait ce sentiment de rivalité entre les deux maisons. Pour preuve, il avait bien écrit un chant exprès destiné à titiller l’orgueil des blaireaux durant le match de Quidditch et toute la maison semblait s’être prise au jeu avec plaisir. Même si le match avait été plus que rude que palpitant, il avait bien symbolisé cette rivalité qu’il trouvait stimulante entre les deux maisons. Et il ne manquerait pas non plus d’aller déranger l’ego de l’impératrice de Poufsouffle. De cette subite implication du directeur de la maison des sages, de cela, elle ne s’y était clairement pas attendu, il en était convaincu. Mais que Senna qualifie les jaunes et noirs d’immatures et stupides ne le surprit guère non plus. Évidemment, cela devait avoir un lien avec la directrice car il était impossible de ne pas noter que la jeune Serdaigle avait pourtant nombres de qualités appartenant à Poufsouffle. Et Caerwyn ne les trouvait pas bêtes et immatures pour autant. Non, s’il s’amusait à taquiner la maison des bons, c’était par pure compétitivité innocente. Une rivalité inoffensive qui ne visait qu’à tenter de stimuler les élèves.

L’aveu des matières qu’elle n’aimait pas ne l’étonna guère non plus. Des disciplines qui demandaient à rester globalement inactif, passif. Si Senna avait la bougeotte, il était logique que ces matières-là ne l’intéressent pas. Elle justifia alors son mépris de la botanique par juste une impatience vis-à-vis des plantes. Caerwyn n’était pas dupe. Même si son excuse était sûrement vrai, il savait qu’il y avait un autre paramètre à prendre en compte. Sinon, ses propres gosses à lui adoreraient certainement les potions non ? Un souvenir aussi agréable que douloureusement pénible lui revint en mémoire. Il n’avait pas beaucoup touché à la magie durant son exil volontaire et qu’il avait pensé définitif chez les Moldus. Parfois, pourtant, il s’était retrouvé à devoir faire quelques potions, des antidotes surtout, lorsque son fils était tombé dans les orties ou qu’il s’était brûlé. Quelque chose de plus efficace que les médicaments des non-magiques. Il se revit faire quelques préparations avec son bambin à côté, enthousiaste et curieux, indiquant souhaiter faire comme son paternel quand il serait grand. Caerwyn chassa rapidement cette réminiscence douloureusement nostalgique de son esprit. Senna n’était pas là pour être le reflet malgré elle de ses propres échecs. Son sourire se fit alors plus tiède mais reporta son attention sur la jeune fille.

— Je suis bien d’accord avec toi. Après, tu sais, je vais te décevoir, mais il y a des potions compliquées qui demandent autant de temps qu’une plante. Le Felix Felicis par exemple. Elle met six mois avant d’être prête.

Si Senna n’avait pas envie de s’épancher sur ses problèmes familiaux, il pouvait comprendre. Autant partir sur quelque chose de plus trivial, même si la Serdaigle n’avait certainement pas envie de tailler la bavette avec son professeur de potions. Il haussa alors les épaules suite à ses remerciements.

— Vraiment, ne t’en fais pas. Si cela ne fonctionne pas, on essayera de trouver autre chose, si tu veux bien.

Son sourire retrouva un peu de couleurs et il rajouta innocemment :

— Ah et ne sois pas si dure avec les Poufsouffles, ils ne sont pas si horribles qu’on le pense. Même si on vaut évidemment mieux qu’eux.

Le regard complice, il essayait tant bien que mal de se changer les idées comme il pouvait mais ce satané souvenir avait jeté une ombre sur son humeur pourtant joviale jusque-là. D’un geste de la main, il lança pourtant :

— Mais je ne veux pas te retenir plus longtemps. Tu as sûrement d’autres trucs à faire, file donc.

Du menton, il désigna avec un sourire la porte. Elle n’était pas en retenue, elle était libre de partir quand elle le voulait.

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feat @Professeur C. Bevans 

A l'âge de Senna, chaque problème semblait énorme et insurmontable. Alors c'était normal, pour elle, d'avoir complètement rayé de ses intentions les matières qu'elle n'aimait pas, les gens qu'elle n'aimait pas, et les situations qu'elle n'aimait pas. Il ne fallait pas trop en vouloir à la fleur de l'âge. C'est vrai que cela pouvait sembler impitoyable, et Senna elle-même pouvait sembler impitoyable quand elle parlait de sa mère et d'à quel point elle lui en voulait. Mais il y avait bien de l'amour, en dessous, c'était justement l'amour obstrué par la frustration et le sentiment d'impuissance qui avait formé cette colère dont elle ne semblait pas pouvoir se débarrasser pour l'instant. Un jour, surement, avec un peu plus de recul, avec peut être plus d'informations sur sa mère, elle se rendra compte qu'elle était dure. Mais cela n'était pas prêt d'arriver pour l'instant. Pas quand le sentiment d'abandon était trop frais dans ses entrailles. Pas quand Senna passait le plus clair de son temps avec un autre enfant de professeur -celui d'à qui elle parlait actuellement- et qu'ils entretenaient leur haine envers leur parent comme un moyen de se rapprocher. La blonde se demandait justement ce qu'Iwan penserait s'il savait qu'elle venait d'avoir un petit entretien avec son père. Elle ne connaissait pas les détails de leur vie de famille, elle savait juste que le garçon refusait absolument d'avoir un contact avec son paternel. Mais c'était la règle entre eux, ils ne posaient pas de questions sur ce sujet s'ils ne voulaient pas en parler. Cela rendait Senna curieuse, car, pour la première fois qu'elle avait une discussion personnelle avec le professeur Bevans, il lui semblait tout à fait gentil et paternel. Elle se garderait bien de le raconter à son ami. Senna se reconcentra sur le professeur, une mine un peu déçue sur le visage. Elle savait bien que les choses plus compliquées prendrait du temps, et ça la blasait un peu. Elle avait entendu beaucoup sur le felix felicis, et se mettait déjà en tête que si elle en voulait un jour, il faudrait qu'elle apprenne à être patiente, ou qu'elle devienne assez riche pour s'en acheter. Elle ne savait pas quelle solution serait la plus probable.

Quand même motivée par les encouragements et la bienveillance de son professeur, Senna se sentait reboostée par rapport à ce cours de potions qu'elle aurait sinon quitté déçue d'elle même. Elle esquisse un autre sourire un peu malicieux, à la remarque du professeur. "On vaut beaucoup mieux qu'eux." Tient-elle quand même à insister. Ce n'est pas aujourd'hui qu'elle changera de regard sur la maison jaune et noire. Malheureusement, la colère de Senna envers sa mère modifiait son point de vue sur bien des choses. Et s'il y avait des élèves de Poufsouffle qui retenaient son attention positivement, comme la jeune Von Meissen, la plupart des autres lui paraissaient juste idiots et sans intérêt. "D'accord." Senna acquiesca d'un signe de tête. Il est vrai que ses amis allaient s'impatienter, ou se demandait ce qui l'aurait retenue trop longtemps. Et Senna n'avait aucune envie de dévoiler qu'elle avait sympathisé avec le professeur. Elle n'avait ni envie qu'on la prenne pour une fayotte, ni envie que cela ne revienne aux oreilles de sa mère ou d'Iwan. "Merci professeur." La blonde offrit un dernier sourire, et attrapa ses affaires avant de quitter la salle des potions, à la fois remotivée et pleine de nouvelles interrogations.

PRETTYGIRL

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