Dmitri ♣ I need help.

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« Mais c'est pas vrai ! » maugréa-t-elle en chiffonnant le papier sur lequel elle dessinait depuis des heures désormais. C'était une catastrophe. Garance ne comprenait pas ce qui se passait. La seule chose qu'elle savait c'était que tout ce qu'elle dessinait était immonde. Rien ne lui plaisait. Les traits étaient soit trop épais, soit trop peu harmonieux, les formes trop rigides ou trop volubiles. Même ce qu'elle dessinait n'avait aucun intérêt. C'était comme si elle avait perdu sa flamme intérieure. C'était tout bonnement invraisemblable. Depuis son plus jeune âge elle dessinait, gribouillait sur des feuilles, coloriait des pages. Elle passait son temps à ça – quand elle n'étudiait pas – et pouvait le faire les yeux fermés. Pourtant, à cet instant, dans la salle inoccupée où elle s'était installée, rien ne prenait forme comme elle le désirait. White donna un violent coup de pied dans une chaise qui trainait par là et finit par récupérer toutes ses affaires qu'elle mit dans son sac puis quitta la pièce.

En entrant dans la salle commune, ses camarades purent découvrir la mine déconfite et contrariée de la cinquième année. Personne n'osa lui adresser la parole, tous savaient que lorsqu'elle était dans cet état il valait mieux garder ses distances. Elle se rendit dans son dortoir, sans un mot, balança ses affaires dans sa malle et s'allongea sur son lit, son regard fixant le plafond. Il n'y avait rien de plus déprimant à ses yeux. Sans ses crayons, la jeune femme n'était rien. Elle avait beau se concentrer sur ses études et mettre toute son énergie pour exceller, il n'en restait pas moins qu'il n'y avait que lorsqu'elle dessinait qu'elle était parfaitement heureuse.

Au bout d'un certain temps, elle se redressa et se leva avec un objectif bien précis : Mettre la main sur Dmitri. Le serdaigle faisait partie de ces gens qui avaient tendance à l'agacer et à la crisper : trop bruyants, trop provocateurs, trop tête brûlée. Tout ce qu'elle n'aimait pas. Le garçon avait néanmoins une qualité qui balayait tous ses défauts : c'était un artiste, un vrai. Garance avait déjà eu l'occasion de le voir peindre et à chaque fois elle avait été éblouie par la flamboyance de ses œuvres. Elle n'avait jamais compris son secret pour peindre des peintures vivantes mais n'avait en réalité jamais vraiment cherché à comprendre. C'était son secret à lui et la jeune serpentarde n'avait aucune intention de l'embêter avec ça. Si elle voulait absolument le voir aujourd'hui c'était parce qu'elle avait besoin qu'il l'aide. Quelque chose coinçait et elle ne parvenait pas à mettre le doigt dessus.

Elle prit son carnet de croquis, sa palette de crayons et sortit. Un passage par la grande salle, par la bibliothèque, par la tour d'astronomie lui indiquèrent qu'ils n'étaient pas là. Elle allait abandonner mais elle croisa un élève de serdaigle qui lui indiqua qu'il était allé faire un tour vers le lac. Elle ne perdit pas une seconde de plus avant de s'y rendre.

L'air était doux et la brise légère. Quelques oiseaux – pour son plus grand malheur – voletaient à l'horizon. Après quelques minutes elle aperçut une silhouette non loin du lac. Elle n'eut pas besoin de s'approcher plus pour comprendre que c'était lui, il n'y avait que trop peu d'élèves qui s'installaient dehors afin de peindre devant une immense toile. Garance s'arrêta à quelques pas de lui et murmura : « Tu es difficile à trouver Van Aken ». Sa voix d'ordinaire froide était plutôt douce. Elle n'avait aucune envie de le brusquer ou de le faire sursauter alors qu'il avait un pinceau à la main. Lorsque le jeune homme se retourna, elle fit une petite moue gênée et demanda : « Je ne t'embête pas ? ». Elle s'en voulait presque de débarquer de la sorte. Elle détestait qu'on vienne l'importuner quand elle dessinait et voilà qu'elle agissait ainsi. Finalement elle marmonna : « J'ai un problème... » Et elle lui tendit son carnet afin qu'il voie de lui-même. Se faisait-elle des films ou ses derniers dessins étaient-ils véritablement tous ratés ?

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(#) Sujet: Re: Dmitri ♣ I need help. Dim 17 Mar 2024 - 15:36

Les journées comme celles-ci étaient rares en ce moment ; le soleil était le plus souvent aux abonnés absents et la pluie trop présente, mais aujourd’hui la nature semblait s’être décidée à être un poil plus accueillante. Une brise légère soufflait certes mais le ciel était d’un bleu pâle dénué de nuages et l’air plutôt agréable. Cette accalmie dans la météo ravissait Dmitri au plus haut point : il n’avait pas eu l’occasion de peindre en extérieur depuis longtemps et à une époque où il peinait à mettre la main à la peinture, pouvoir changer d’environnement représentait une aide non négligeable. Et c’était Silas qui allait être content d’avoir le dortoir pour lui tout seul pendant les prochaines heures. Ni une, ni deux, sitôt ses devoirs terminés, il avait empaqueté ses affaires – ou plutôt ordonné à l’elfe de maison de le faire – et quitté la salle commune sans un regard en arrière.

Il n’était pas le seul élève à avoir eu l’idée de profiter du beau temps pour se poser à côté du lac noir, aussi dut-il choisir un endroit légèrement plus isolé, en retrait par rapport au château, mais suffisamment proche pour en avoir une belle vision d’où il était. Un groupe de troisième année avait élu domicile à l’ombre d’un arbre, mais le Tchèque opta pour sa part pour le soleil, seule réelle source de chaleur pour sa peau à nue : il ne pouvait décemment pas peindre avec des gants et ses doigts laissés à l’air écossais s’engourdissaient facilement après quelques minutes à s’affairer sur la toile. Ça n’était jamais agréable mais le jeu en valait la chandelle.

Installé là depuis un certain temps, la peinture posée à côté de lui et son chevalet recouvert d’une petite toile – loin d’être suffisamment grande pour peindre un véritable portrait – il avait commencé à coucher sur le tableau les principaux traits du château en arrière-plan. Son ambition était simple : Poudlard, vu du lac, et les quelques habitants de l’école qui vaquaient à leurs occupations. Rien qui n’exige un travail particulièrement exigeant de peinture vivante mais juste de quoi s’entraîner sur quelques détails et perfectionner sa technique. Il était si absorbé par son œuvre qu’il ignora tout bonnement les pas qui s’approchaient de lui jusqu’à ce qu’ils se transforment en une voix féminine à peine audible. Un murmure, comme motivé par la crainte de gêner le calme paisible qui l’entourait. Dmitri posa sa baguette – dont le bout était transformé en pinceau – sur la palette qui reposait sur ses genoux et pivota vers l’origine du bruit, le petit tabouret qu’il s’était installé tournant avec lui.

- White, la salua-t-il par habitude plutôt que par désir de politesse. Avec un nom pareil, il ne devrait pas être trop étonné qu’il vienne lui parler pendant qu’il peignait. « Que puis-je pour toi ? » lui demanda-t-il sans prendre le temps de répondre à sa question qui était finalement assez rhétorique. Si elle la lui posait, c’était bien qu’elle avait conscience de l’interrompre.

Pour seule réponse, il eut un marmonnement et un carnet tendu qui le fit soulever un sourcil inquisiteur. L’aiglon prit son temps avant de se saisir de l’objet, déposant d’abord sa palette au pied de son chevalet. Sans un mot, il ouvrit le livret découvrant une succession de dessins.

- Je n’avais pas réalisé que tu dessinais...

À vrai dire, il n’y avait guère fait attention ; ils n’avaient que de rares cours en commun et ne se fréquentaient pas en dehors de ceux-ci.

- Qu’attends-tu de moi ? Des commentaires ?

Il tourna une page pour voir un croquis un peu plus ancien. À moins qu’elle ne s’ait soudainement découvert un talent inné dans la discipline, elle devait s’adonner au dessin depuis longtemps. Sûrement depuis toujours, comme lui.