Are you an artist ?

 @Professeur C. Bevans   ft. Garance White

Qu'était-elle en train de faire ? Garance n'avait de cesse de se poser la question. Elle se déplaçait d'un pas assuré dans les couloirs du château alors que son cerveau lui intimait de faire demi-tour. Elle était certes impulsive mais la décision qu'elle venait de prendre allait à l'encontre de toutes celles qu'elle avait pu prendre par le passé. Son cœur battant un peu plus vite dans sa poitrine, elle poussa les lourdes portes du château qui menaient vers l'extérieur. D'un pas qui se voulait déterminé, la demoiselle traversa la cour, s'approchant pas à pas du parc. Il ne devait pas être loin, c'était impossible qu'il ait pu disparaître aussi vite. Celui qu'elle cherchait avec tant d'empressement était son professeur de potions. Elle l'avait aperçu par la fenêtre du deuxième étage alors qu'elle observait l'horizon. Garance n'aurait su expliquer pourquoi mais dès qu'elle avait vu sa silhouette se déplacer à l'extérieur, elle avait su que c'était le bon moment.

Depuis qu'elle avait découvert qui il était réellement, du moins qui il avait été par le passé, la jeune sorcière ne parvenait à s'enlever cette idée de la tête : elle devait lui parler, devait lui poser des questions, elle devait en avoir le cœur d'elle. Contre sa poitrine, la serpentard serrait un livre pour enfant. Des contes, voilà ce qu'il contenait, mais plus que les histoires, c'était les illustrations qui lui importaient. Elles avaient bercé son enfance. Combien de fois Garance les avait-elle observées ? Détaillées ? Reproduites ? Trop pour qu'elle ne puisse en avoir le décompte total. Celui qui avait fait ça avait un don et lui avait permis de rêver, de s'évader là où ses journées chez ses grand-parents lui paraissaient interminables.

Lorsqu'elle avait entendu le nom de son enseignant, il avait résonné en elle sans qu'elle ne sache véritablement pourquoi. Cela lui avait trotté dans la tête des semaines, des mois, avant qu'elle ne finisse par abandonner. Ce n'était qu'en début de semaine, lorsqu'elle avait fouillé dans ses affaires et qu'elle était retombée sur son livre que la vérité l'avait percutée de plein fouet : Il était l'illustrateur qu'elle avait tant admiré petite. Son cœur s'était mis à battre plus vite et cet homme qu'elle ne voyait que comme un enseignant avait pris une toute autre dimension. Elle avait gardé ça pour elle, mais bientôt l'envie d'en apprendre plus avait commencé à la ronger de l'intérieur. Signe du destin ou pas, lorsqu'elle l'avait aperçu par la fenêtre, Garance avait décidé que c'était maintenant ou jamais.

Elle continua à marcher et soudain elle l'aperçut un peu plus loin dans le parc. Elle inspira profondément, hésita quelques secondes et puis finalement alla à sa rencontre. Ce n'était pas dans ses habitudes d'importuner ses enseignants, encore moins en-dehors des cours, mais cette fois-ci c'était différent. « Professeur ? » l'interpella-t-elle afin qu'il se retourne. Lorsqu'il lui fit face, elle fit les quelques pas qui la séparaient de lui et sans perdre une seconde elle lui montra le livre : « C'est vous n'est-ce pas ? » Devant les sourcils qu'il fronçait, elle comprit qu'elle n'était pas des plus claire alors elle précisa : « Le dessinateur je veux dire... ». Elle se sentait soudainement ridicule. Et si elle faisait erreur sur toute la ligne ? Pour qui allait-il la prendre ? Ses joues s'empourprèrent quelque peu alors que pendue à ses lèvres elle attendait une confirmation de sa part. Elle ne savait pas pourquoi mais Garance avait besoin que ce soit lui. Et cette fois-ci ce n'était pas une histoire d'avoir raison, de ne jamais se tromper, quelque chose dans ses tripes la bousculait assez pour qu'elle ait une l'audace de le déranger pendant sa promenade, et pire, pour qu'elle ne s'excuse pas de l'avoir fait.

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