Teddy avait travaillé d’arrache-pied sur la chanson qu’elle devait offrir à Jocasta. Il ne s’agissait pas d’une simple chanson de remerciement, non, mais d’une commande. En échange du duo de bagues magiques, la jeune fille devait convaincre Diego, le crush de son amie, de faire un choix éclairé quant à leur relation. Mais le gus en question perdait de plus en plus la confiance de la poufsouffle. D’un point de vue purement intéressé, il était bien plus avantageux qu’il reste dans les environs de Jo et continue de la fournir en partition et en vinyle divers. Mais elle ne pouvait pas vraiment faire fi du point de vue de Silas sur la question : c’était quand même super chelou que Diego soit si content de lui faire plaisir à elle. Et il était vieux. Et ça rendait Jocasta triste, même si elle ne le disait pas. Maintenant Teddy le voyait. Elle n’avait pas envie que ce gros con la trouve trop cool à lui écrire des déclarations d’amour. Alors elle s’était un peu éloignée de la commande en espérant que Jocasta ne lui en veuille pas. C’était une déclaration de guerre. Elle aurait pu s’appeler « sort toi les doigts avant qu’on te les coupe », mais Teddy était restée polie et avait simplement enrobé son texte maladroit d’adolescente peu habituée à l’écriture dans un riff punk crado qu’affectionnerait sûrement l’étudiant. Ça lui avait pris tout le mois de janvier et le mois de février pour en arriver là.  Si la partie musicale ne lui déplaisait pas, le texte était améliorable, mais Jo n’avait pas toute la vie devant elle pour pécho Diego alors elle avait envoyé cette première version dès qu’elle était parvenue à utiliser l’enregistreur du téléphone.



Jocasta lui avait envoyé un texto outré et plein de smiley mort de rire, pour finalement concéder que c’était peut être mieux de se fier à l’artiste et de tenter de cette manière, foutu pour foutu. Elle avait reçu quelques jours plus tard deux anneaux translucides très fins, taillés dans une matière rappelant le verre mais ‘’incassable’’ d’après la créatrice. Ensorcelée, la bague s’ajuste automatiquement au doigt qui la porte et est presque totalement invisible. Jocasta est une vraie professionnelle, elle ne s’est pas défilée devant une consigne trop complexe. Teddy était impressionnée. Elle ne savait pas trop quand la donner à Selene sans que cela sonne comme une demande en mariage. Son cadeau de Saint Valentin était peut-être déjà un peu gênant. Alors elle avait gardé un anneau à son doigt et l’autre de côté jusqu’à trouver l’occasion qui ne serait pas trop bizarre.

Lorsque Selene lui rappela leur sortie prévue à Gaichiffon, elle se dit que ce serait sûrement l’occasion. Teddy n’avait jamais participé à ce genre de grandes ventes, ni acheté quoi que ce soit dans cette boutique. Elle y avait traîné comme toutes les adolescentes de Poudlard, mais elle ne faisait pas partie de celles qui avaient de l’argent de poche pour pouvoir craquer de temps à autre. Elle avait hâte et appréhendait en même temps.

D’un autre côté, passer l’aprem avec Selene était réjouissant, peu importe qu’elle trouve chaussure à son pied. Les deux jeunes filles n’avaient pas vraiment eu l’occasion de se voir en tête à tête depuis un moment, puisque Teddy avait eu la bonne idée de saboter la Saint Valentin de tout le château en compagnie de Silas. Mouvement dont elle n’était pas spécialement fière à bien y penser. Mais au moins, cela lui avait permis d’avoir une conversation plutôt éclairante avec le serdaigle. Bien sûr, il n’avait rien dit  - et c’est aussi pour cette fidélité à toute épreuve qu’elle l’appréciait - mais suffisamment pour qu’elle n’est pas l’impression d’être un humain de seconde zone à qu’il n’est pas grave de mettre de côté. Quant à elle, elle ne s’était pas vraiment rendue compte que la distance qu’elle avait involontairement mise entre le garçon et elle était difficile à encaisser. Elle n’avait aucunement l’intention de faire une croix sur l’amitié de Silas.

Quant à Selene et Teddy, elles avaient passé du temps ensemble comme l’avait promis la rousse. Elle lui avait fait une place à sa table pour les repas, ou révisé avec elle et Saige. Même qu’elle n’avait pas passé son temps à faire le pitre et à soupirer. Mais suffisamment quand même pour que ça ne ressemble pas à un morne après-midi de révision. Et s’il fallait vraiment l’avouer : bien sûr qu’il y avait eu une certaine amélioration dans ses devoirs lorsqu’elle procédait ainsi. Mais si elle était prête à sacrifier un peu de temps de guitare pour voir des amies, il ne fallait pas pousser plus.

La musicienne attendit la jolie blonde avec la foule d’élèves qui se rendait à Pré au Lard ce jour-là, et l’entraîna bras dessus bras dessous. « Coucou Selene, ça va t’es en forme ? » demanda la jeune fille. Teddy espérait sincèrement qu’elle dormait mieux ces temps-ci et qu’elle avait un peu oublié ses vacances horribles. Oublié était un bien grand mot, et pas forcément le meilleur à utiliser avec sa camarade de Serdaigle. Disons que Teddy espérait qu’elle avait rangé dans un tiroir cette histoire, le temps de profiter un peu de la vie à Poudlard. « Tu crois qu’il va y avoir beaucoup de monde ? J’ai jamais participé à ce genre de trucs ! » dit-elle avec une excitation perceptible dans la voix.« Merci encore pour l’invitation, ça va être trop cool ! » lança-t-elle en appuyant son épaule contre la sienne, en un câlin maladroit.

Un peu nerveuse, Teddy se blottit dans la présence familière de Selene. Il y avait quelque chose de terrible à se sentir si proche de quelqu’un parce qu’on partageait les mêmes blessures. Mais la pouffsoufle était quelque part soulagée d’avoir une personne à qui il n’était nécessaire ni de cacher, ni de dire les choses. La mère de Selene semblait aussi fantomatique que la sienne, son père était un connard fini. Teddy avait toute confiance en Saige et Silas, mais l’une devait veiller sur une mère oiseau et l’autre ne pouvait qu’espérait que sa mère se réveille de l’hôpital, Juniper était bien vivante à défaut d’être aimante et c’était déjà plus que ce que pouvait espérer ses amis pour l’instant. Quant à Kenneth… ses parents étaient chiants mais ils ne jouaient pas dans la même cour. Est-ce que Selene allait réellement bien ? Elle avait un peu meilleure mine qu’au début de l’année, certes, mais l’inquiétude ne semblait jamais vraiment quitter ses traits. Avec douceur, Teddy caressa ses cheveux avant d’acquiescer. Elle allait bien si on oubliait l’angoisse qui se logeait au creux de son ventre quand elle envisageait l’avenir. C’était perturbant, elle ne s’était jamais vraiment rendu compte qu’il y avait un certain confort à suivre les règles de coven et à se plier à ce qu’on lui demandait de faire en évitant les colères paternelles. Maintenant, il fallait qu’elle demande et qu’elle agisse, qu’elle se mesure à Griffith. Ça n’allait pas être simple. Mais personne ne pouvait plus rien pour elle, sauf elle-même. C’était étourdissant. « On va passer une bonne journée en tout cas. » se contenta-t-elle de dire, comme pour souligner que ni l’une ni l’autre n’était dupe.

Visiblement, Selene n’était pas plus habituée qu’elle au shopping intensif : « Au pire du pire, on pourra faire vite fait par-dessus nos vêtements… Je suis sûre que Silas et Maxi arriveront à nous ajuster deux trois centimètres si vraiment on n’arrive pas à atteindre les cabines. » Teddy n’aimait pas devoir compter sur les autres, mais force était de constater que parfois, il fallait bien demander un coup de main ou se contenter de ce qu’on avait. Mais il y avait aussi une autre alternative qui germa dans l’esprit de la jeune fille, moins consensuel cette fois : « Bon, sinon on peut aussi pousser tout le monde et fendre la foule, c’est nous que v’la. » La rouquine n’était pas vraiment timide et si besoin, ça ne la gênait pas vraiment de faire un peu le show et de s’imposer. C’était pour la bonne cause, celle de leur dressing. Arrivées sur place, la boutique avait de quoi donner le tournis : « oh la vache, ça dégueule de partout » dit-elle impressionnée sans savoir par quel bout commencer. Heureusement, Selene lui demanda ce dont elle avait besoin.
Et la jeune fille se souvint qu’elle avait pensé à un plan d’attaque. Il fallait juste qu’elle se détourne de tous les trésors sous yeux et dans lesquels elle avait envie de plonger pour rester méthodique.

« Euh. Attends, j’y ai grave réfléchit et tout, et là j’ai juste envie de nager dans les fringues. » dit-elle en riant. « Deux jeans, un noir, un bleu, une ou deux robes simples. Plutôt noires. Et s’il reste du temps des accessoires un peu fun ? ça fait plein te tenues comme ça. Enfin, je crois. » Maintenant, elle était moins sûre de sa stratégie, elle avait littéralement envie de tout essayer. « Et toi ? » dit-elle en s’approchant d’une étagère pour l’instant délaissée par les clients. « un objectif pour être la meuf la plus stylée du château ? »

Attirée par un tissus orangé, Teddy tire sur le cintre pour dévoiler une robe faite d'une succession de fronces bordées de paillettes. Elle ricane et s'amuse de sa trouvaille « Je passe mon tour, les gâteaux j'aime bien les faire, pas trop leur ressembler! » Sur ce coup là, elle passera son tour, et continue de fouiller.

1-2 : OMG c'est quoi ce truc moche
3-4: hey c'est plutôt cool ça, pas utile, mais cool
5-6 : ah ça j'en avais besoin

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'Le Hasard' : 1

Teddy gloussa quant à la remarque de Selene sur ses chaussures. Le bal lui semblait remonter à une éternité, le corps frêle de la serdaigle contre le sien, ses pieds sur ses bottines, à un rêve dans une autre vie. Un joli rêve. Elle n’avait qu’une seule paire de chaussures, aussi, ce n’était pas très difficile de répondre mais elle choisit l’humour plutôt que le pragmatisme : « Boh, c’est pas les chaussures qui comptent, mais l’attitude, et la mienne est mauvaise. T’en fais pas !» dit-elle en prenant son plus bel air de bad girl. Personne ne résisterait à Teddy le Bulldozer si elle avait décidé de faire place pour Selene, qu’on se le dise ! Ce n’était pas les profs qui la contrediraient. Après tout, elle avait déjà écopé de son lot de retenue.
Arrivée dans la boutique, la poufsouffle se sentit écrasée par la masse de vêtements présents. Comment serait-il possible de se retrouver dans tout ça ? Elle n’était pas habituée à un tel déferlement de choix, c’était un peu déstabilisant. Mais au moins, c’était impossible qu’elles repartent bredouilles, ce serait vraiment manquer de chance ou faire les difficiles. Et elle avaient tout l’après-midi pour ça. C’était une chose que de jouer les poupées mannequins pour Maximilianna mais une autre de se payer le luxe de choisir par soi-même. La jeune fille en était toute excitée, comme un enfant dans un magasin de jouet. « Printanier » murmura-t-elle en observant les vêtements autour d’elles. « Challenge accepté ». dit-elle avec un sourire. « On va te trouver ce qu’il faut pour être la plus belle fleur du coin. » Teddy était une mauvaise herbe, le lierre. Ivy in fire. Ça rimait avec wire. Le noir et les piquants pour la rousse, en une solide barrière pour laisser croître la fragile Selene, le temps qu’elle se rende compte qu’elle était suffisamment forte pour se passer d’une armure de mauvaise graine.
Teddy attrapa la jupe que lui tendait Selene. « Ouais, carrément, en tout cas on perd rien à essayer ! » dit-elle avec un sourire. « Tu crois qu’ils nous laisseraient dormir là ? ça doit être rigolo de se promener en scred dans une boutique la nuit. » fit-elle en haussant les sourcils d’un air conspirateur. « Mais oui, on peut aller manger ensemble après. » Ou tout ce que voudrait Selene, après tout, c’était elle qui était à l’origine de cette journée, Teddy se plierait bien à tout ce qui lui passerait par la tête, même si ça voulait dire enfiler une robe en forme de meringue pour la faire rire.

La jeune fille farfouille sur un autre portant, avisant une robe avec du vert. Une robe patineuse c’est sympathique mais le motif un peu too much peut-être : « Le motif pastèque, ça passe, ou ça casse ? Trop estival peut-être ? » demande-t-elle enjouée. Après tout, elle est persuadée que tout pourrait aller à Selene. « En tout cas c’est trop bon la pastèque. » C’était le fruit préféré de Teddy en été, contre la mandarine à la mauvaise saison. Ça manquait d’originalité… Continuant de fouiller, elle trouva une sorte de ceinture à moins que ce soit un sautoir composé de multiples chaînes de différentes tailles. « J’ai pas encore les tenues qui vont avec, mais au moins, j’ai la petite touche métal. » dit-elle en secouant la tête sur un air de musique imaginaire. Au passage, elle passe un bras autour de l’épaule de Selene pour la serrer contre la sienne, avant de retourner farfouiller dans les rayons. « Tu me feras penser, avant de rentrer au château, j’ai un truc pour toi. » dit-elle comme s’il ne s’agissait finalement que de lui rendre une plume emprunter en classe ou un morceau de parchemin.



Un robe pour Selene :

1-2 : Robe patineuse aux motifs kitsch
3-4 :  Robe en mousseline turquoise
4-6 : Robe chemise à motif plus discrets

Un vêtement pour Teddy :
1-2 : OMG c'est quoi ce truc moche
3-4: hey c'est plutôt cool ça, pas utile, mais cool
5-6 : ah ça j'en avais besoin

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'Le Hasard' : 1, 4

Teddy s’amusa de voir Selene rosir alors qu’elle lui promettait de lui trouver une tenue capable de faire d’elle la plus belle fleur du coin. Est-ce que la blonde doutait réellement être jolie ? Teddy était bête, ça c’était une certitude, elle pouvait le laisser à Selene. Mais elle n’était pas aveugle. Et les garçons qui lui tournaient autour non plus. La rousse voyait bien qu’à de nombreuses reprises, la frêle brindille aurait préféré disparaître que d’être sous leurs regards, mais il fallait se rendre à l’évidence. Selene était le genre de fille avec qui on avait envie de parader. Mais contrairement à ses camarades masculins, Teddy ne tenait pas à sortir des phrases de grosse lourdingue si ça mettait son amie mal à l’aise. Enfin, remballer Teddy aurait pu être un exercice utile à Selene. Mais le but de la journée n’était pas de faire passer un moment désagréable à quiconque. Aussi la poufsouffle se concentra-t-elle sur les vêtements.
« C’est clair. On pourrait défiler dans les tenues les plus loufoques et se construire un tipi douillet avec les vêtements en pilou pilou. » papota-t-elle gaiment. L’idée de camper au milieu des vêtements avec Selene ne lui paraissait pas spécialement incongrue, et plutôt amusante. Elles étaient si bien toutes deux blotties sur leur grand fauteuil auprès du feu que réitérer l’expérience dans un contexte positif ne serait pas déplaisant.
Pour l’instant, Selene avait la main plus heureuse qu’elle dans ses recherches. Ce n’était pas très important, dans la mesure où il s’agissait surtout de s’amuser toutes les deux. Et puisque la serdaigle acceptait de se prêter au jeu de l’essayage de la robe bien plus tape à l’œil que celles dont elle avait l’habitude, Teddy décida de l’accompagner : « attend, je crois que j’ai vu un crop top citron, on fera une salade de fruit comme ça ! » dit-elle en attrapant le vêtement à smoks et motifs citron qui n’avait absolument pas l’air à sa taille sans s’en soucier le moins du monde. Puis elle finit par trouver une ceinture à son goût qu’elle ajouta à leur panier en même temps qu’elle attrapait les vêtements tendus par Selene : « Purée t’es trop efficace, je t’embauche comme styliste. » Lança-t-elle à sa camarade en observant la robe noire qui lui semblait parfaite.
« J’adore la couleur et les manches, je suis sûre que ça t’ira trop bien ! » le chemisier remplumerait un peu Selene…et la couleur ferait echo à ses yeux. Elle serait magnifique, c’était sûr ! En farfouillant dans un bac, elle trouva une jupe-culotte longue, dans une matière légère et un peu mousseuse, de couleur blanc-cassé. « Tiens, je crois que t’aimes bien les vêtements amples, ça irait bien avec ton chemisier non ? » Et puis ça restait classe, le tissus était suffisamment fin pour que l’on devine les jambes par en dessous et ne pas ressembler à un sac à patate façon sarouel.

Alors qu’elle farfouillait sur un portant sans grand succès, elle expliqua un peu timidement, le nez dans les étoffes pour éviter de croiser le regard de son amie : « Bah, tu sais, on discutait la dernière fois de penser l’une à l’autre au repas quand on serait en vacances mais en fait…j’ai eu une autre idée. » Elle s’éclaircit la voix, faisant mine de mettre devant elle une hideuse robe moulante à motif serpent. « Ma copine Jocasta est créatrice de bijoux ensorcelés, elle a bien voulu prendre une commande. » Reposant la robe, elle sortit maladroitement les deux bagues transparentes. « Tient. Elle se mettra automatiquement à la taille de ton doigt. Et si ça marche, tu la sentiras chauffer quand je pense à toi. »dit-elle en la déposant dans sa main. Elle se sentit un peu bête, ne sachant si elle devait enfiler la sienne maintenant, ou plus tard. C’était pas non plus une demande en mariage. « Enfin, si tu veux bien sûr. Ça va pas être très utile dans la seconde. » dit-elle avec un rire gênée, fourrant sa main et la bague dans sa poche. Elle ne précisa pas que les bijoux lui avait coûté une chanson de son cru.

« Tu veux encore fouiner dans les bacs, ou tu préfères déjà essayer ça ? » proposa-t-elle pour leur offrir à toutes deux un changement de conversation bienvenue, n’étant soudainement plus très sûre que ce soit une bonne idée de lui donner la bague en main propre plutôt que d’avoir opté pour un hibou voyageur.

Si dans un premier temps il avait paru assez impossible à la poufsouffle de se repérer dans un tel capharnaeüm de vêtement, force était de constater que le panier des deux camarades se remplissaient à vue d’œil… Plutôt sous l’effet de la main heureuse de Selene que grâce à la participation de Teddy certes. Mais même si elle n’était pas habituée à l’exercice, la pétillante rousse finissait elle aussi par se prendre au jeu et à discerner les pièces intéressantes parmi les nombreux vêtements exposés. Elle avait hâte de voir le résultat, presqu’autant que de continuer à chercher. Selene et elles furetaient toujours quand,  Teddy s’étonna de la voir choisir un immense vêtement sur le thème du quidditch. Il ne lui semblait pas avoir déjà avoir croisé la serdaigle sur un balai, ni même parlé de sport avec elle. Il faut dire qu’elles n’avaient pas eu tant d’occasion que ça de discuter. A bien y regarder, elles avaient passé plus de temps pelotonnés l’une contre l’autre dans un placard, à danser au bal ou sur un fauteuil qu’à disserter de leurs centres d’intérêts respectifs en dehors des problèmes de cours et de garçons, tous deux trop compliqués pour elles. « T’aimes bien le quidd’ ? » demanda-t-elle avec curiosité.

Curiosité qui lui fut retournée alors qu’elle essayait de masquer son inconfort dans un portant quand à l’objet qu’elle avait rapporté pour la jolie blonde. Elle se sentait un peu bête, un peu gênée. Teddy s’était sentie plus habillée en plongeant en sous-vêtement dans le lac devant toute la classe qu’en cet instant, mais … elle n’allait pas garder les anneaux dans sa poche indéfiniment et il n’y aurait jamais un moment meilleur qu’un autre. Elle ne tenait pas à en faire des tonnes. Elle accueillit avec un soulagement visible l’enthousiasme de Selene, laissa son propre anneau glisser à son auriculaire dans sa poche, et sortie sa main pour entrelacer son doigt à celui de la jeune fille, comme pouvait le faire les enfants pour se faire une promesse. « On se perdra pas » conclue-t-elle simplement, plongeant ses yeux azures dans ceux de son amie avec toute la force dont elle était capable. Elles auraient besoin l’une de l’autre pour traverser l’été.
En attendant, autant profiter de la journée, et commencer à essayer leurs trouvailles. Les jeunes filles se faufilèrent dans les cabines qui n’étaient pas encore prises d’assaut et s’installèrent côte à côte. « Bien sûr ! On commence par les fruits, et ensuite l’ensemble plus classe ? » proposa-t-elle. Quittes à être ridicules, autant se synchroniser dans l’exercice. Après avoir enfilé son crop top qui était décidément taillé bizarrement – un bandeau froncé un peu trop serré et des manchettes quinze fois trop larges formant un col bateau – elle sauta dans le jean trouvé par Selene. « 1,2,3 Sortez ! » dit-elle avant de s’extraire de la cabine. Si la robe de la serdaigle était trop chargée pour lui rendre honneur, elle ne la trouvait en rien ridicule. Selene était si jolie qu’elle aurait probablement pu revêtir le papier de soi qui servait à emballer les vêtements et s’en sortir avec les honneurs. « Franchement, je m’attendais à pire. » dit-elle en riant. « Au moins tu pourras dire que tout te va ! » Elle secoua les bras, laissant les manchettes faire leur vie de leur côté. « Vraiment nimp’ la citronnade. » Elle se contorsionna pour essayer d’apercevoir ses fesses dans le miroir opposé. « Sérieux à quoi ça sert d’être sorcier si on n’ invente pas un truc utile comme un miroir à angle qui permet de vérifier qu’on est toujours dans le top des boules magiques. » dit-elle avec un sourire amusé. Bon ça devait aller à peu près, elle se sentait bien dedans en tout cas.  

Après avoir écouté l’avis de sa camarade, elle retourna dans sa cabine pour essayer la robe noire, essayant d’arranger la ceinture à multiples rangs comme elle pouvait, sans grande conviction. Elle n’avait pas tout à fait fini quand Selene lui demanda si elles pouvaient sortir, mais elle décida de laisse l’accessoire ainsi et de solliciter l’aide de sa camarade. Elle eut le souffle coupé en apercevant la serdaigle dans sa parure de printemps. On aurait dit une princesse dans un tableau ou une sculpture dans un musée :  la peau d’albâtre sur une silhouette gracile, les touches de couleur pour rehausser son teint… « Attends » souffla-t-elle. Elle fouilla dans son sac dans la cabine et en sortit un crayon. Avec douceur, elle enroula les cheveux de la jeune fille en un chignon flou et les fixa avec l’ustensile, laissant seulement quelques mèches folles souligner son visage. Cela lui paraissait un crime qu’elle puisse se cacher derrière ses cheveux. « T’es trop belle. » dit-elle comme une évidence.
Puis, se rendant compte qu’elle l’observait peut-être un peu trop, elle s’éclaircit la gorge. D’un geste vif, elle enfila par la tête un des rangs de la ceinture à droite, l’autre à gauche et laissa le reste pendouiller comme ça pouvait.**« Tu veux bien accrocher la boucle dans le dos, que je vois ce que ça donne ? » demanda-t-elle à Selene avant de se rendre compte qu'elle était totalement engoncée façon pelote de laine plutôt que joli harnais.

La poufsouffle haussa un sourcil à mi-chemin entre la surprise et l’amusement. Alors comme ça, elle en pinçait pour un joueur de quidditch ? Une pointe de jalousie se logea dans son estomac avant d’être chassée par la curiosité. Ce n’était pas comme si Teddy pouvait se permettre de ne pas vouloir partager ses amis. Encore heureux que Selene pouvait en pincer pour qui elle voulait… Elle se sentit honteuse de ce mouvement stupide de ses émotions. Vraiment, elle aurait préféré les jeter toutes au feu avec les bottines offertes par sa mère ce jour-là, et ne garder que la sensation apaisante de la chaleur de Selene contre elle. Ça c’était un truc qu’on avait pas besoin d’avoir honte de ressentir, ce n’était pas dévorant comme la colère, glaçant comme la tristesse. Juste agréable comme un bain chaud. « UH-UH SELENE ! Un cadeaaaau pour qui ? » minauda-t-elle avec un sourire chaleureux. Elle voulait tout savoir maintenant. Et si le joueur en question était un connard, elle lui ferait bouffer une batte ou un balai au prochain match, avec tout le fairplay de la discipline du girl power. « Ouais, je suis poursuiveuse, mais clairement, je ferais pas ma carrière là-dedans ! Je suis pas très bonne, j’étais remplaçante à la base mais il y a eu un désistement. » Ce qui expliquait qu’elle joue réellement dans l’équipe malgré ses statistiques très moyennes.

Mais ce n’était pas très important dans la vie de la jeune fille. Moins en tout cas que la musique, ou que la promesse qui venait de la lier à sa camarade. Loin des yeux, proche du cœur, ou au moins de l’auriculaire. Elle avait conscience que c’était sûrement niais et sirupeux, naïf et enfantin, et pourtant, elle avait le sentiment du devoir accompli. Elle penserait à Selene, et Selene le saurait, c’était quelque chose dont elle avait le pouvoir. C’était ce que Teddy avait de plus concret à proposer du haut de ses quinze ans. Une petite goutte d’eau. Mais, elle espérait que cela donnerait quelque chose à Selene pour traverser l’été.

Leurs gorges nouées, elles quittèrent le terrain glissant des émotions à fleurs de peau pour se glisser dans les cabines d’essayage, sujet bien plus futile et facile à gérer que des pères qui ne l’étaient que sur le papier. D’abord, la tenue ridicule, la suivante n’aurait l’air que plus resplendissante ! Selene était amusante dans sa robe de pastèque : « En vrai, à la bonne taille, pourquoi pas genre pour la plage » dit-elle en riant. « Et puis c’est trop bon la pastèque, t’es à croquer. » ajouta-t-elle, haussant les sourcils de manière ridiculement aguicheuse. Elle avait pris des cours avec Kenneth, ce n’était pas un exercice facile, mais ça valait le coup si ça pouvait faire rire la serdaigle. Teddy s’observa sous tous les angles, plus pour le jean que pour les citrons. Ça tombait super bien, elle avait des fesses d’enfer avec ce jean. Selene ne démentit pas et Teddy lui lança un petit sourire timide et reconnaissant avant de retourner dans sa cabine.

La rousse passe la robe noire, se débat avec sa ceinture, tant pis, elle demandera de l’aide à sa camarade, qui à n’en pas douter avec ses mains délicates sera bien plus habile qu’elle. Alors qu’elle sort de la cabine, Teddy observe Selene. Bon sang, ce qu’elle est belle, avec cette silhouette longiligne, soulignée par les vêtements. Pour une fois, même la serdaigle semble comprendre la beauté qui rayonne émane d’elle. Avec douceur, Teddy s’approche pour parfaire la tenue ; ce serait trop bête que Selene se cache dans ses cheveux. Elle rougit. Comme s’il y avait un mal à se trouver belle. Et encore plus à recevoir un compliment. « Je peux à la rigueur accepter de parler pour nous deux, belle beauté blonde. » pouffa-t-telle avant de lui demander un peu d’aide. Selene déplia les anneaux de la ceinture de part et d’autres de son dos, l’ajustant sur sa poitrine et sa taille. Le contact arracha un frisson à Teddy, réminiscence de la jeune fille blottie contre elle, sans trop savoir à quelle image son esprit faisait appel, d’un placard, d’un bal ou d’un fauteuil. « Merci » répondit-elle, légèrement troublée par le souvenir. « Attends » dit-elle en se faufilant dans la cabine pour chercher son téléphone portable. Elle avait demandé à Silas et Kenny de lui apprendre les arcanes de la machine, elle savait maintenant utiliser l’appareil photo comme il se devait. Surtout les filtres, grande passion de Kenneth. Mais aujourd’hui, les artifices ne seraient pas nécessaires.

Sans faire de manière, elle se remit devant le miroir et prit la main de Selene pour la repasser autour de sa taille et fit de même avec elle avant de dégainer son téléphone : « Ton plus beau sourire pour la photo : ce serait indécent de ne pas immortaliser tant de classe » plaisanta-t-elle. Sauf que ce n’était pas vraiment une plaisanterie, le moment était trop doux pour ne pas en garder une trace. Dans sa lancée, elle continua la petite séance improvisée, décollant son bras de sa camarade pour s’appuyer sur son épaule en tirant la langue… Bon ok, c’était un peu concon, mais c’était drôle non ?  Le cadrage n’était probablement pas le plus heureux, mais elle n’était pas photographe. Elle se mit ensuite derrière Selene et passa un bras autour d’elle, sa tête appuyée contre celle de sa camarade dans un doux mélimélo de boucles rousses  et des quelques mèches folles de Selene. Elle prit une salve de photos. « Tu veux les voir? » demanda-t-elle à Selene en lui tendant le téléphone. Devinait-on sur les photos la complicité de cette étreinte ? Elle aurait pu en prendre dix de plus pour cajoler encore un peu Selene.
Mais il restait encore une jupe à essayer… « Je me dépêche et on repart à la chasse si tu veux ? » proposa la rousse. Elle n’avait pas vraiment envie que la journée se termine tout de suite. Elle retira la robe et le harnais, les rangea soigneusement avant de passer le haut avec lequel elle était venue, et d’enfiler la jupe qu’elle zippa, elle lui sembla un peu serrée.

Devant la glace, elle effectua quelques mouvements indispensables pour tester une jupe: s'accroupir, sauter, marcher à grand pas et c'était sans appel : la jupe remontait bien trop haut sur ses cuisses. «Oula...Je peux concourir pour miss culotte avec celle-ci. Tu crois que c'est rattrapable avec un sortilège?» Après tout, avec un peu de magie... presque tout était possible.


1-2 : malheureusement, à moins de vouloir finir en petite culotte devant tout le monde, c'est un peu juste.

3-4: sans bouger, ça passe plutôt bien.

5-6: la jupe est parfaite, la jeune fille peut sauter et plier les genoux sans se retrouver les fesses à l'air.

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