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Champagne problems - August & Vesper
Vesper L. Corvere

Vesper L. Corvere



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Message(#) Sujet: Champagne problems - August & Vesper Champagne problems - August & Vesper EmptyLun 28 Aoû - 23:56

Champagne problems




@August P. Rowle

Depuis que nous étions arrivés en Angleterre, les années avaient l’indécence de se suivre et de se ressembler. Chaque été, je disposais d’un mois de trêve dans notre maison en Toscane, juste assez pour me souvenir que le soleil n’était pas que le fruit de mon imagination, et nous retournions à notre grisaille. La date était généralement imposée par l’événement mondain de l’été, la garden party des Rowle. A vrai dire, depuis la disparition d’August l’an dernier, j’avais cru que cette tradition serait enfin enterrée et que je n’aurais pas comme chaque année à feindre un quelconque plaisir. J’avais compris que mon espoir était vain quand le carton d’invitation était arrivé jusqu’à nous. Une nouvelle mascarade pour une nouvelle année.

Mes parents n’avaient pas manqué de me rappeler que cette petite sauterie était l’occasion rêvée pour fureter sur nos chers voisins. En temps normal, je m’épanouissais dans ces petits jeux. Cela avait le mérite de donner un sens à ma présence. Là, je m’étais contentée de pincer les lèvres. August et sa famille n’étaient pas que le synonyme de la fin des vacances. Ils étaient inlassablement le rappel de mes échecs. L’ordre parental d’être dans ses bonnes grâces pour en savoir plus sur les recherches de ses parents comme son mystérieux accident était donc loin de m’être agréable et même la robe coûteuse aux allures de pot de vin ne suffit pas à me redonner le sourire.

Une heure après le début de la fête, le soupir d’ennui que je réprimai passa inaperçu aux yeux de tous sauf à ceux de mon père. Le bref pincement de ses lèvres suffit à traduire sa désapprobation et je m’efforçai de plaquer un sourire poli sur mon visage. Mon interlocuteur n’avait malheureusement rien d’intéressant, ni son physique, ni sa conversation. Il ne débitait que des futilités, le genre dont on abreuve les gamines de quinze ans. Dans ces instants, je détestais mon âge. Énième hochement de tête faussement attentif pour une énième pensée pseudo philosophique de comptoir - la vie est trop courte, Vesper - et j’arrivai enfin à m’échapper de cet ersatz de grand penseur. Je ne savais pas si la vie était trop courte ou si la mort avait le mérite d’être la seule promesse que l’on tenait, mais j’étais absolument certaine que ce moment était trop long sans champagne. Il n’y avait que les bulls pour adoucir la connerie ambiante, non ?

Je me dirigeai vers le bar avant que ma mère ne m’intercepte. Un temps j’avais cru qu’elle était legilimens tant elle était capable de prévoir mes frasques. En grandissant, j’avais compris qu’elle les avait juste commises avant moi. Sa main frôla mon épaule et elle se pencha vers moi pour me murmurer à l’oreille

- Les boissons non alcoolisées sont de l’autre côté, mon ange.

Muguet. Elle sentait toujours le muguet. Odeur et fleur délicates. Peu de gens réalisaient que presque toute cette plante était un poison si elle était ingérée. Moi, j’en étais consciente. Et cela lui allait parfaitement. Elle avait toujours eu un don pour le camouflage.

J’acquiesçai d’un air innocent. Avais-je déjà dit à quel point être considérée comme une enfant pouvait être une plaie ? Nous savions parfaitement toutes les deux que quand ma famille ne risquait pas de s’exposer à la désapprobation générale, mes parents s’en fichaient bien de savoir ce que je buvais ou non. Elle s’éloigna et je me saisis de la flûte avant de disparaître sans demander mon reste. J’avais besoin d’une pause si je souhaitais continuer à singer la politesse. De toute façon, August n’avait fait qu’une brève apparition, appuyé sur sa canne et avait lui-même disparu, alors je n’étais bonne à rien. Emportés par leurs mondanités, aucun ne remarqua réellement mon départ. Il me suffit de me glisser hors de la réception, comme un chat. Dieu que j’aurais aimé pouvoir me transformer.

Je me glissai silencieusement dans la maison, prête à prendre mon air le plus niais si je croisais le moindre témoin. Il me suffirait de prétendre chercher les toilettes. Après tout, garden party avait ses limites, non ? Je déambulai dans les couloirs en sirotant ma boisson, laissant les bulles pétiller agréablement sur ma langue. Être jeune était un frein pour s’amuser dans ce genre d’occasion, mais c’était toujours un avantage pour fureter. Qui se méfiait d’une gosse ? Les secrets étaient si simples à récolter.

Aussi silencieuse qu’une ombre, j’entrai dans ce qui semblait être la bibliothèque. Le plancher grinça sous mes talons et je regrettai une seconde de ne pas pouvoir sentir le bois sous mes pattes au lieu de cette robe qui entravait mes mouvements et de ses chaussures qui me cisaillaient la peau. Je refermai la porte avec douceur quand une voix m’interpella

- Vesper.

Je pestai intérieurement de cette présence mais n’affichai aucune émotion en dehors d’un sourire. Encore une fois, ce manoir était le terrain de prédilection de mes erreurs. J’aurais dû entendre sa respiration, voir sa silhouette en entrant. Au lieu de cela, un détail m’avait échappé. August me faisait face, sa canne à la main, comme s’il s’agissait de son nouveau joujou. Tout le monde s’était passé le mot pour faire mine qu’elle n’existait pas. Personne ne laissait jamais son regard s’égarer sur sa jambe depuis son accident manifestement, comme si cette partie de son corps était devenue invisible. Le sujet avait été soigneusement évité, bien que la petite cour sang-pure se soit pressée pour lui présenter ses hommages face à ce retour. Les hypocrites. J’étais persuadée que seule une poignée s’était réellement interrogée sur son état de santé. Et parmi elle, seule une fraction d’individus avait dû comprendre que faire semblant de ne pas remarquer le problème était la pire des solutions. Voilà pourquoi je mis à point d’honneur à le contempler des pieds à la tête. Je n’étais pas les autres et il n’avait pas disparu.

Je te vois, August. Je vois toujours tout.

Voilà ce que j’aurais aimé lui dire. Ce que je ne pouvais pas faire, bien entendu. Il y avait depuis sa tentative d’approche lors de mon premier jour en territoire britannique une règle tacite entre nous consistant à nous ignorer poliment. Cela lui évitait de dire que mon silence l’avait vexé et cela m’épargnait de devoir admettre qu’à l’époque j’aurais été bien incapable de comprendre l’anglais. J’avais parfois caressé l’ambition d’un échange plus poussé que quelques paroles affables. Puis je m’étais résigné. Avant son accident, August attirait tous les regards. Moi, j’étais censée rester dans l’ombre.

Le choix entre partir et rester fut facile à faire. Les causes de son infirmité étaient un mystère que l’on m’avait sommé d’élucider et il n’en fallait guère plus pour faire battre mon cœur. De plus, les énigmes ont une saveur ô combien agréable quand on a goûté à l’ennui et je peux vous assurer que ma patience n’était pas de taille à supporter la conversation d’un nouvel abruti. Avec une forme d’indolence empruntée, je m’installai sur un fauteuil en face de lui et fit mine de trinquer

- August. Belle réception. Peut-être devrais-tu en profiter ? Tu es le héros du jour.

Se justifier de traîner dans sa maison loin de la fête, c’était admettre que je n’aurais pas dû me trouver là. Prétendre que j’y étais à mon aise était encore la meilleure des méthodes, mais en réalité je le comprenais. Pourquoi aurait-il eu envie d’être présent au milieu de ces rapaces qui analysaient chacun de ses mouvements ? Pour s’entendre souhaiter un prompt rétablissement alors que sa canne trahissait des séquelles plus que temporaires ou pour être contraint d’acquiescer sur une prétendue bonne mine ? Les mensonges pieux n’avaient jamais sauvé personne et il était bien moins souriant que l’an dernier. Je bus une nouvelle gorgée de champagne et désignai d’un mouvement de tête ce qui devait désormais être sa plus fidèle compagne

- Jolie canne. Est-ce qu’une lame s’y cache ?

Je ne saurais dire si c’était de la pure provocation ou si j’aurais apprécié qu’il me réponde oui, juste pour le plaisir du divertissement. Pour le plaisir de pouvoir répéter à mes parents qu’à la blessure, l’accident lui avait aussi causé un brin de folie. Dieu que j’avais envie qu’il me divertisse.

Aucune fête n’était jamais généreuse. Je les écumais depuis mon enfance, j’en avais même vécu certaines sous ma forme de chat et j’avais acquis une seule certitude sur ces mondanités : si elles avaient un but, il n’était jamais altruiste. C’était un jeu de pouvoir où le faste remplaçait avantageusement un concours d’attributs masculins, ce qui aurait été un brin vulgaire. Quoique distrayant, à la réflexion. C’était aussi un lieu de pourparlers. Les ententes se tissaient et se défaisaient entre deux danses et trois verres d’alcool. Un mariage scellé après avoir exhibé la promise, une haine tenace pour le siècle à venir après avoir refusé une danse au fils aîné d’une famille influente … Les occasions étaient multiples. Mais le plus intéressant, c’était sans conteste les secrets qui s’y jouaient. Ceux que l’on murmurait dans les alcôves, l’esprit embrumé par le champagne, c’était les caresses adultères à peine dissimulées au reste du monde … Mon père aurait voulu que je les trouve tous, j’étais la plus discrète et les esprits malins commençaient à se méfier de lui. Mais cet événement était d’un ennui mortel. Pas d’étreintes honteuses, pas de grandes tantes perdant la tête pour donner quelques pistes à explorer. Tout le monde marchait sur des œufs à cause d’August et de son infirmité, personne ne voulait gâcher l’une des premières fêtes après sa guérison partielle, mais miraculeuse. Ce n’était donc que justice en un sens qu’il me divertisse puisque c’était lui qui m’avait privée de ma raison d’être aujourd’hui.


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August P. Rowle

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Message(#) Sujet: Re: Champagne problems - August & Vesper Champagne problems - August & Vesper EmptyMar 26 Sep - 4:31


champagne problems
Le jardin était méconnaissable. Il n’avait pas été particulièrement décoré pour célébrer la fin de l’été - quoique la tente enchantée qui flottait en son coeur, abritant de longues tablées drapées de dentelles et de coupes de champagne pétillantes, rendait les lieux plus habillés que d’ordinaire - seulement, l’agitation qui courait sur le gazon était nouvelle, ou plus exactement, différente. Enthousiaste. Ça faisait désormais un an que le manoir n’était plus habitué à aucune forme d’engouement, comme il se serait refusé à tout écho de vie sociale. Et de fait, combien de fois August avait-il observé le domaine depuis la fenêtre de sa chambre en n’y entrevoyant plus que des cadavres de fantômes entre les feuilles mortes ? Les souvenirs d’anciennes soirées d’été, les ombres d’une enfance joviale. Mais voilà que cette tente qui grouillait d’animation avait écrasé ces images chimériques pour n’y laisser qu’une masse d’invités qui n’étaient pourtant pas les bienvenus.  “Tu es absolument certain que tu ne veux pas te reposer dans ta chambre ?” avait relancé sa mère quelques instants avant le début des festivités. August s’y était farouchement opposé d’un hochement de tête qui ne l’avait pas convaincue pour autant. Les Rowle avaient longuement hésité avant de lancer cette garden party, les parents craignant qu’il soit trop tôt pour leur enfant, leur enfant les priant d’arrêter de le considérer comme une princesse enfermée dans sa tour. Alors, ils avaient cédé et August avait tu l’appréhension qui battait désormais furieusement dans son cœur à mesure qu’il chavirait sous cette maudite tente. Il avait tenu à ce que la famille reprenne ses traditions comme si de rien n’était parce qu’il voulait se convaincre que rien n’était - mais le mélange à ce fourmillement d’hypocrisie lui donnait à présent envie de retourner à sa chambre qu’il n’avait visiblement pas assez remuée en une année d’enfermement. Glissant ses doigts qui n’étaient pas accaparés par sa canne dans sa poche, il serra les phalanges autour de la petite fiole que sa mère lui avait glissée avant de rejoindre le jardin où étaient attendus les premiers convives. Le contenu qu’il devinait sous ses doigts le réclamait, et pour cause - il lui promettait des horizons bien plus brillants que l’opacité étouffante où était confinée cette foule difforme.

August, quel plaisir - August, tu as si bonne mine - August, depuis le temps. Des mains serrées, des rires partagés, le tout dans une élégante valse de courtoisie à défaut d’une véritable danse. Il s’était estimé en grande forme jusqu’au premier picotement, jusqu’au deuxième pincement, jusqu’à l’énième tiraillement. Il aurait voulu lutter plus longtemps, serrer les dents encore des heures, mais il n’eut de toute évidence aucune volonté de tenir, parce qu’il n’en voyait tout simplement plus le but, ainsi noyé dans tous ces sourires condescendants qui reflétaient une pitié à peine cachée. Il avait mal, sa jambe se fatiguait, il avait mal, les morceaux de son orgueil s’effritaient à nouveau. Le pas lent, qu’il aurait voulu vif, il parvint à s’extirper des conversations pour rejoindre le manoir, ouvrant aussitôt quelques boutons de sa chemise en soie pour libérer sa glotte. Il mourait de chaud. Il profita alors de ses doigts sur son cou pour réaligner quelques-uns de ses colliers avant de clopiner lourdement jusqu’à la bibliothèque au rez-de-chaussée, là où il était certain que personne ne pourrait le voir - ou le chercher -  ou le trouver.  Le calme et la fraîcheur de la pièce rappelaient l’atonie habituelle de la demeure, dans des échos silencieux qui, étrangement, le soulagèrent presque aussitôt. Le Gryffondor lâcha ainsi un juron pour lui-même, quelque part entre le soupir et l’exclamation, avant d’apposer sa canne contre la cheminée pour s’y adosser. Les veines de marbre vinrent dégonfler ses veines de sang et il se laissa aller à une nouvelle injure, plus franche, plus forte, à présent que sa jambe infirme était déchargée de son poids. Il aurait pu patienter encore quelques minutes, voir si la douleur s’atténuait à présent qu’il était au calme et qu’il prenait appui contre un meuble dont le froid absorbait ses gouttes de sueur ; mais, fiévreux, ses doigts se hâtèrent déjà de fouiller dans sa poche pour en ressortir le flacon tant désiré qu’il dévissa dans le même empressement. L’amertume de la concoction n’avait rien de plaisant et pourtant, elle lui faisait l’effet d’un hydromel, boisson divine capable de l’affranchir d’un mal, lui offrant une liberté que l’illusion rendait d’autant plus sauvage. Il l’avala ainsi d’une traite avant de ranger à nouveau le flacon, désormais vide, dans la poche de son pantalon. Enfin, il s’accorda le temps de respirer, faisant fi des bourdonnements à ses oreilles d’avoir écouté autant de voix, d’avoir ravalé autant de venin. Ses yeux clairs se promenèrent sur les étagères autour de lui, chargées d’ouvrages littéraires qu’il suspectait ses parents de n’avoir jamais effleurés. Renaissance, siècle des Lumières, existentialisme ; il y avait de tout, pour mieux souligner qu’ils ne savaient probablement rien, pour mieux occulter la présence juste dans son dos d’un immense miroir ancien. Il était hors de question qu’il consulte l’imposture qu’il y devinait, pas tant que la potion ne faisait pas effet, pas tant qu’il n’en ressentait pas les limbes de l’anesthésie. Aussi choisit-il au contraire d’appuyer son crâne contre le miroir, offrant sa pomme d’Adam au plafond. N’importe quel ennemi aurait pu profiter de ce moment pour venir lui trancher la gorge - et il eut la lucidité de se demander si ça ne l’aurait pas franchement plus soulagé que cette potion qui tardait à agir.

La porte gémit, le parquet grinça, la clenche vibra. D’un mouvement paresseux du regard, gage des premiers effets de la concoction, August considéra la silhouette qui venait d’entrer à sa suite, prêt à l’accueillir de tout son agacement - ne pouvait-il pas s’isoler un instant sans qu’un énième rapace vienne jouer avec sa carcasse ? “Vesper” annonça-t-il alors, apathique, reconnaissant le visage qui lui faisait désormais face. La jeune fille lui répondit d’un sourire de circonstances auquel il demeura imperméable, le crâne toujours posé contre le miroir pour mieux la toiser. Sûrement que s’il s’était agi d’un autre convive, n’importe quel autre convive d’ailleurs, il se serait redressé en offrant le même sourire - mais c’était elle, cette voisine à peine plus signifiante qu’une ombre. Elle ne valait certainement pas l’effort de sortir du coton de son esprit, bien plus doux que l’arrogance de ses manières. Et comme pour lui donner raison, elle se comporta en véritable souveraine, prenant possession de l’un des canapés de la pièce pour s’y installer comme sur un trône. “August” salua-t-elle finalement en levant son verre. “Belle réception. Peut-être devrais-tu en profiter ?” Le jeune homme arqua un sourcil de surprise. S’agissait-il d’une moquerie ou d’un simple constat ? La frontière était floue dans l’expression mesurée de son visage, la frontière était indéfinie dans les brumes qui habillaient désormais son propre regard. “Je te rassure, j’ai pas besoin de la proposition d’une intruse pour en profiter.” Il avait choisi la même réplique, une raillerie factuelle ; parce qu’elle était de toute évidence une intruse, aussi bien dans cette bibliothèque que dans son environnement social, cette solitaire qui déambulait comme une âme en peine à travers Poudlard. Elle encaissa le coup d’une simple gorgée de champagne, comme elle se serait amusée toute seule de cette situation qui n’avait pourtant rien de divertissant - à moins qu’il n’ait perdu toute habileté sociale à s’être ainsi isolé tous ces mois ? “Jolie canne. Est-ce qu’une lame s’y cache ?” Il suivit son mouvement de tête du regard pour regarder à son tour l’appareil qu’il avait laissé contre la cheminée à ses côtés. C’est vrai que pour une canne, elle avait été soignée ; noire, elle était sculptée de quelques figures et symboles héroïques en or qui en atténuaient l’aspect médicalisé. Il se perdit quelques secondes dans la contemplation de cet objet qu’il ne connaissait pourtant que trop bien avant de se redresser, manquant de se surprendre de la lourdeur soudaine de son crâne. Sa jambe, en revanche, était soudain légère, si légère qu’il ne la sentait presque plus. “Seulement ma baguette” fit-il alors en tournant à nouveau ses yeux vers Vesper. Sûrement serait-elle déçue de ce manque d’originalité, mais allons, elle pouvait toujours se réconforter du champagne. “D’autres questions, ou tu comptes enfin me dire ce que tu fiches dans ma bibliothèque avec une coupe d’alcool à la main ?” Oh, si ses parents n’avaient pas veillé au grain, il en aurait déjà vidé trois - mais il s’agissait de Vesper, d’une enfant qui n’avait jamais daigné lui être sympathique alors, il avait bien l’intention de lui rendre toute sa froideur, ce qui n’était pas difficile dans son envie d’isolement et dans la distance de la potion ingérée. Dommage que ses parents ne lui en fournissent pas davantage. Il aurait été plaisant d’aborder le monde avec cette belle suffisance pourtant si écorchée dans le reflet dans son dos.
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Message(#) Sujet: Re: Champagne problems - August & Vesper Champagne problems - August & Vesper EmptyLun 2 Oct - 22:22

Champagne problems




@August P. Rowle

Appuyé contre le meuble de marbre, reportant tout son poids pour épargner sa patte folle, le garçon solaire de mes souvenirs n’était pas à son avantage. Pourtant, je n’arrivais pas à le trouver autrement qu’impressionnant. Il y avait une forme de courage qui confinait à la stupidité à affronter cette foule de charognards. Dans une autre vie, un autre monde, j’aurais voulu faire preuve d’une ténacité équivalente. Mon esprit pragmatique m’empêchait d’arriver à cette conclusion. A quoi bon s’épuiser pour des idiots ? Ils seraient toujours avides de l’écraser demain. Dans les premières secondes, je le jaugeais translucide. Au fur et à mesure que les secondes s’égrainaient, il semblait reprendre un peu de ses couleurs, comme si le calme ambiant lui faisait du bien. Est-ce qu’il avait toujours mal ? Réellement mal ? Pas un simple tiraillement. Peut-être que dans d’autres circonstances, je lui aurais posé la question.

Il ressuscita franchement à ma remarque, preuve qu’il n’avait rien perdu de sa verve. J’esquissai un sourire amusé à son mordant, nullement impressionnée ou vexée. Oui, j’étais une intruse, c’était l’idée de se glisser dans une maison qui ne m’appartenait pas. Pourquoi aurais-je été heurtée par l’énoncé de la pure vérité ? Pourtant je sentis la pulpe de mon doigt se presser presque compulsivement contre le verre. J’aimais la solitude, ici comme ailleurs. Je la recherchais parce qu’elle m’était plus simple. Mais parfois, dans de rares instants, j’aurais aimé des interactions plus simples, sans arrière pensée, sans que mon plus proche voisin géographique me traite comme une inconnue. Parce que j’étais une inconnue. Mon sourire s’étira un peu plus et je renchéris

- Jolie baguette, alors.

J’observai August, le mensonge des toilettes me brûlant les lèvres sans pour autant les franchir. Il était intelligent, trop pour que je puisse espérer le duper bêtement. Personne ne se rendait au WC avec un verre à la main, à moins d’être un sacré pochtron et ce n’était pas mon cas. Il aurait été mal venu de me lancer dans une carrière d’alcoolique à 15 ans. J’optai pour un bobard plus prudent, du genre suffisamment courant dans ces affreuses soirées pour qu’il ne paraisse pas si incongru.

- Je tentais d’échapper à je ne sais quel grand-oncle à l’âge préhistorique et aux mains baladeuses. Tu ne seras pas assez cruel pour me refuser l’asile. Et toi, qui fuis-tu ?

Je lui avais offert un mensonge pour tenter d’obtenir une vérité. Je n’avais guère d’espoir sur cette technique, elle ne fonctionnait qu’avec les simples d’esprit, ce qu’il n’était pas. Mais il y avait toujours parmi les invités un porc correspondant à la description. Ce qui était fantastique, c’est que tout le monde savait et que personne ne le mettait jamais hors d’état de nuire. Moi, je n’avais aucun intérêt à le faire, c’était toujours un secret de plus, mais le silence coupable des autres était fascinant. Ils me filaient tous la gerbe. Sans paraître profondément suspicieux, il ne parut pas plus convaincu que cela. Je ne pouvais pas lui reprocher d’avoir un instinct assez affuté pour sentir que je ne disais pas l’entière vérité. Ce n’était qu’une preuve de plus de son intelligence que je soupçonnais.

Non, que j’espérais.

Je laissai échapper un soupir et effleurai la couverture de l’une des reliures à portée de mes doigts. Il observa mon geste, presque sur le qui-vive. C’était risible quand on y pensait. J’aurais pu lui glisser entre les doigts quand je le souhaitais. J’étais plus rapide que lui, plus souple. Il était plus … entravé par sa jambe. Je crois que ma première idée avait été de penser qu’il était diminué, mais quand il se trouvait là devant moi, drapé dans toute sa froideur, je n’arrivais pas à l’affubler de ce qualificatif.

- J’aime les livres, plus que les gens et je m’ennuyais. Alors je suis venue dans ta bibliothèque pour leur compagnie.

Cette explication lui parut plus douce à croire et il cessa de me fusiller du regard pour que ces iris ne s’arrêtent brièvement sur mon verre de champagne. Ce fut fugace, mais assez marqué pour que je le remarque. Je lui tendis mon verre d’un geste délicat de la main

- Es-tu corruptible ? Mon verre contre un peu de tranquillité. Je ne te gênerai pas.

Je te détaillerai, t’examinerai, te disséquerai jusqu’à qu’à connaître tes secrets. C’est une activité silencieuse, après tout.


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Message(#) Sujet: Re: Champagne problems - August & Vesper Champagne problems - August & Vesper EmptyDim 3 Déc - 4:36


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De tous les convives, il avait fallu que ce soit Vesper. Cette voisine à peine plus épaisse qu’une ombre, une tache dans un tableau coloré de réception où robes, fleurs et cocktails rivalisaient de polychromie. Elle avait une tenue noire, elle avait des cheveux sombres, elle avait l’allure ténébreuse. Peut-être parce que la bibliothèque était épargnée des rayons aveuglants du soleil, secrète dans l’amoncellement de livres reliés et d’étagères d’ébène. August continua à la toiser, un long moment, le crâne toujours retenu contre le miroir dans son dos pour s’épargner de futiles vertiges. La potion était remarquable, engourdissant suffisamment ses membres pour ne plus rien sentir que la légèreté d’une âme, mais enveloppait son esprit de ce même voile cotonneux. Le monde était encore plus rond, il tournait encore plus vite, pour lui dont la vie s’arrêtait alors de pulser, dont la vie s’était de toute manière interrompue. Vesper était paresseusement installée, petit chat qui avait déjà pris ses repères dans cet environnement qu’elle découvrait pourtant pour la première fois. Il était tout aussi indolent, paresseux dans son laisser-aller chimique, mais avait le mérite d’être propriétaire des lieux. Il demanda de fait des explications, se moquant bien de son avis sur sa canne qu’il préférait oublier dans un coin de sa vue, et croisa alors le regard de l’intruse qui semblait chercher sa réponse dans son propre regard. Il la scruta sans la moindre pudeur, peu soucieux des convenances quand elle avait démontré la même insolence en s’immisçant en ces lieux. “Je tentais d’échapper à je ne sais quel grand-oncle à l’âge préhistorique et aux mains baladeuses. Tu ne seras pas assez cruel pour me refuser l’asile. Et toi, qui fuis-tu ?” répondit-elle finalement avec détachement. August arqua un sourcil, de toute évidence peu crédule, avant de redresser son visage pour mieux toiser l’imprudente. “Tu lui échappes jusqu’ici alors qu’une centaine de convives pourraient te cacher dehors ? Allez, Vesper, même un enfant de cinq ans aurait trouvé une meilleure excuse.” Un rictus méprisant chassa la lourdeur de son crâne. Vesper ne dut pas apprécier sa remarque, laissant échapper un soupir avant de caresser une reliure du bout de ses ongles. Il l’observa faire, se demandant l’espace d’une seconde si elle allait lui jeter l’ouvrage à la figure pour le faire taire. Mais elle était plus sournoise, bien sûr, et se résolut finalement de poursuivre la rhétorique de ce curieux échange. “J’aime les livres, plus que les gens et je m’ennuyais. Alors je suis venue dans ta bibliothèque pour leur compagnie.” “Voilà qui te ressemble beaucoup plus” concéda-t-il. “Toujours aussi antisociale, hein ?” Il n’y avait plus de rictus sur ses lèvres, rien d’autre que le cru d’une vérité connue de tous. Vesper n’était pas sociable, c’était même à se demander si elle avait des amis. Il ne l’avait en tous cas jamais vu complice avec qui que ce soit - préférant de toute évidence la retenue et la transparence noire qui habillait son allure.

Alors, ses yeux glissèrent de son visage à son cou, de son cou à ses doigts qui retenaient la coupe de champagne. Les bulles frétillaient en silence, éclats dorés dans l’atonie de la pièce, de son esprit. “Es-tu corruptible ? Mon verre contre un peu de tranquillité. Je ne te gênerai pas.” Il retrouva le regard de la jeune fille, invitant, ce qui lui arracha un sourire coupable. “Non.” Non, il n’était pas corruptible, il avait des valeurs, des principes, et croyait sincèrement qu’acheter la loyauté des autres avec des moyens au lieu d’utiliser la chevalerie du charisme était lâche et pernicieux. “Sauf quand je peux offrir asile à une pauvre enfant malmenée” reprit-il presque aussitôt dans un rictus entendu. Mais il était ici question d’alcool à un événement où il aurait bien voulu se désinhiber loin de ses chaînes, à commencer par celle qui l’attendait tout contre la cheminée. Il était seul, s’ennuyait, pire, s’agaçait de ces mondanités qui n’avaient plus la moindre saveur maintenant que les regards brillaient de pitié et plus d’envie, et d’ailleurs, il était terrorisé, tiens, de ce retour prochain à Poudlard où on attendrait de lui de faire ses preuves alors qu’il aurait préféré crever dans ses draps plutôt que de se débattre sans la moindre chance. Il lui fallait ce champagne, ce répit, de quoi prolonger les vapeurs de sa potion, qu’importe que ce soit déconseillé de mélanger les substances - on lui avait bien administré toutes sortes de concoctions pendant un an au prétexte de sa santé, il pouvait bien boire quelques gorgées pour se rétablir de ses tourments. Alors, délaissant sa canne, il avança vers la jeune fille. Il ne sentait plus sa jambe qui obtempéra suffisamment pour lui offrir une démarche à peine hésitante, le port altier en gage de son assurance. Il lui attrapa le verre des mains, avec une facilité qui témoignait du consentement de la demoiselle, avant de le porter à ses lèvres pour le vider d’une seule traite. Il appuya l’exclamation qu’il laissa échapper en lui rendant la coupe désormais vide afin de mieux la narguer avant de s’installer sur l’accoudoir de son fauteuil, une jambe relevée. Les yeux de l’Italienne brillaient encore de vexation quand il claqua des doigts. L’elfe familial apparut presque aussitôt et la commande d’une bouteille de champagne passée, il disparut dans un craquement. Il put alors à nouveau se soucier de l’intruse installée à ses côtés, qu’il continuait d’observer avec l'aplomb de qui n’a plus vraiment conscience des codes - par potion, ou par seul manque d’habitude par son isolement.

Elle n’était pas vilaine. Elle avait grandi, bien sûr, depuis qu’il l’avait rencontrée dans le parc ; mais depuis cette dernière année, également. Son visage s’était un peu aminci, ses lèvres, remplies. Le craquement de l’elfe qui était revenu récupéra son attention et il lui prit la bouteille des mains, le congédiant aussitôt. Une fois seuls à nouveau, il remplit la coupe de la Serpentard avant de lever la bouteille comme pour trinquer. Puis il but directement au goulot, dans le plaisir simple de s’accorder ce qui aurait rendu sa mère hystérique, de ce qui aurait à peine intéressé son père. “Au fait, comment tu savais où se situait la bibliothèque ?” s’enquit-il en considérant à nouveau la jeune fille. Venir chercher la compagnie d’ouvrages pour mieux éviter les puanteurs hypocrites de la foule était une chose ; savoir où la trouver en était une autre et il ne se souvenait pas avoir déjà présenté le manoir aux Corvere. C’est que ces voisins n’étaient pas vraiment les bienvenus. Invités par nécessité sociale, congédiés par réel plaisir parental. Joyce n’avait jamais apprécié la matriarche, pour des raisons qui lui échappaient puisqu’il ne s’y était jamais intéressé. Le fait est que cette famille, quoique voisine, n’avait été invitée à dîner qu’une seule fois en plus de cinq ans, précisément à leur emménagement. Elle n’était revenue ensuite qu’à l’occasion de quelques fêtes ça et là, toujours dans l’exaspération de la maîtresse de maison qui adressait le hibou d’invitation avec la même volonté que Sisyphe remontait sa pierre au sommet de la colline du Tartare. Peut-être même qu’elle jetterait ladite roche sur le corps de Vesper si elle venait à la découvrir ici, recluse avec son fils chéri et une bouteille de champagne. Mais le plaisir du danger, c’était précisément le risque - et il était prêt à ce péril pourvu qu’il puisse se délecter de l’alcool à l’abri du monde. La pitrerie de sa compagnie serait de toute manière bientôt noyée des bulles. Vesper ou une autre, il n’en avait que faire à ce stade de sa survie.
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Message(#) Sujet: Re: Champagne problems - August & Vesper Champagne problems - August & Vesper EmptyMar 2 Jan - 22:02

Champagne problems




@August P. Rowle

De tous les convives, il avait fallu que ce soit August qui se trouve là, en face de moi à m’interroger. En un certain sens, j’imagine que c’était une chance puisqu’il était assez joueur pour ne pas me dénoncer tout de suite. C’était aussi mon malheur parce que je savais pertinemment que le garçon était intelligent. La vivacité brillait dans son regard, comme toujours. Il allait poser des questions dérangeantes, me pousser dans mes retranchements. L’accident avait estropié son corps, mais il n’avait eu aucune conséquence néfaste sur son intellect. Peut-être même qu’il avait affûté son esprit, comme pour compenser une part de ce qu’il avait perdu. Et je n’aurais pas dû ressentir une pointe d’excitation à cette idée, d’envie de mettre en danger mon secret avec quelqu’un d’assez intelligent pour le percer, comme si seule l’adrénaline d’un jeu dangereux pouvait avoir le moindre intérêt. Son regard glissa sur moi, insistant à la frontière de l’impolitesse, ce qui je lui rendis sans vergogne et avec un demi-sourire amusé en prime. Là encore, s’il pensait me mettre mal à l’aise, il se trompait lourdement. Un coup d’œil appuyé avait le mérite de la franchise. C’était les faux semblants et les mensonges que j’avais fini par abhorrer à force de les traquer. Lui était violemment frontal, ouvertement impertinent mais c’était vrai. Je pense que d’une certaine manière, je l’appréciais pour ça. Ou alors je crevais d’envie d’avoir des interactions un peu plus honnêtes, pour une fois. Si j’avais su combien de mensonges allaient se créer entre nous.

Comme s’il lisait dans mes pensées, il m’accusa, à raison, d’être malhonnête. Ma raison d’être dans cette pièce n’était pas celle que je venais de lu exposer. J’en ressentis de l’amusement face à sa déduction, mais aussi et bizarrement une pointe de culpabilité. Je venais de me délecter de sa franchise pour lui offrir un bobard. Je n’étais pas une invitée très reconnaissante.

Enfin, si sa mère avait pu choisir, je suppose que je n’aurais pas été une invitée du tout.

Je lui offris donc une bribe de vérité pour cacher ma présence-mensonge. Cela parut le convaincre. Cela dépassa même espérance puisqu’il me répondit, mordant que j’étais anti-sociale. Et cette idée me fit étonnamment bondir. Effectivement, je n’avais pas beaucoup d’amis, mais je me mêlais à mes pairs sans détonner. Il fallait juste que j’en ai envie.

- Je ne suis pas anti sociale, je …

Je ne savais même pas pourquoi je m’en défendais. En quoi cela pouvait-il bien m’importer qu’il me pense renfermée ? En quoi son opinion avait-elle le moindre intérêt de manière générale d’ailleurs ? J’avais presque l’impression de défendre une version plus jeune de moi âgée de di ans qui n’avait pas répondu à ses paroles. Mais ce n’était pas le bon jour, pas le bon lieu, ni le moment. S’il me tenait encore rigueur de cela, alors c’était un idiot rancunier.

Alors je l’intriguais.

Si je ne lui avais inspiré que de l’indifférence, il n’aurait pas opté spécifiquement pour ce reproche là. J’imagine que cela arrangeait mes affaires, à long terme. Pour l’instant, il n’existait pas de lien suffisant entre nous pour que je sois en capacité de faire autre chose que piquer sa curiosité. Je pouvais toujours en jouer. Avec un soupir, je reposai les livres et précisai ma pensée

- Je peux aimer sociabiliser. Il y a juste peu de personnes qui en valent la peine.

La preuve, Antonella avait mes bonnes grâces et ils étaient amis. Mais pourquoi aurais-je voulu me mêler à une bande de menteurs ? Je connaissais les travers de bien des gens dehors et aucun ne me donnait envie d’une quelconque amitié. Pour le reste, entretenir une conversation mondaine était dans mes capacités, mais quel intérêt ?

- Tu aimes ça, toi ? Parler à ces gens à l’extérieur qui ont un jour parié sur ton état de santé pour aujourd’hui faire mine d’être soulagés de te voir ? Ce sont des charognards. Tu es trop intelligent pour ne pas le savoir.

Avec toute la prétention que confère l’adolescence, je pense qu’à l’époque, j’estimais valoir mieux qu’eux. C’était si stupide. Est-ce que me repaître de leurs vices n’était pas le summum de la définition de charognard ? Les menacer ne faisait pas de moi une redresseuse de torts. Juste un corbeau.

Corbeau pour Corvere, quel joli nom prédestiné.

Je tiquai quand il me traita de pauvre enfant malmenée, relevant la tête pour le toiser. Je n’avais rien d’une enfant, ou alors il en était autant que moi. Je n’étais pas une faible créature malmenée. Il marcha vers moi presque sans effort, même si œil aguerri pouvait remarquer la façon à peine perceptible qu’il avait de répartir son poids sur sa jambe valide et il se saisit de mon verre que je lui cédai sans effort. Je lui avais proposé, je ne m’offusquai donc pas qu’il se serve, mais je me vexai de sa manière de me narguer. Je récupérai la coupe du bout des doigts alors qu’il s’installait sur l’accoudoir de son fauteuil. Puis, rattrapé par les bonnes manières ou déjà trop accro à l’ivresse, il claqua des doigts pour obtenir toujours plus de bulles. Ma moue boudeuse s’adoucit quand il me servit et je laissai le liquide pétiller sur ma langue alors qu’il continuait de m’observer sans pudeur. Nouvelle gorgée avant que je ne cède à mon envie de le déstabiliser. Ou au moins d’essayer.

- Tu ne me vois pas assez comme voisine pour vouloir apprendre mon visage par cœur ?

Je termina ma coupe d’une traite et répondis à sa question du bout des lèvres, comme si elle n’avait aucun intérêt. S’il savait à quel point elle en avait.

- Je ne le savais pas exactement. Mais la plupart des maisons sont construites sur des plans similaires, dont la mienne, et j’avais la direction générale. J’avais vu les livres à travers la fenêtre, de l’extérieur.

Je posai la coupe pour me saisir d’un nouveau livre dont je caressai la reliure.

- Un ouvrage préféré, Rowle ?


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Message(#) Sujet: Re: Champagne problems - August & Vesper Champagne problems - August & Vesper EmptyJeu 25 Avr - 9:38


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Une nouvelle gorgée, après la dernière, avant la prochaine. Les bulles pétillaient dans son estomac à mesure qu’elles raclaient sa gorge, tapissant la potion précédemment ingérée de l’or du champagne. Ce n’était pas de l’ambroisie, d’abord parce que ça ne le resçucitait pas, ensuite parce que c’était trop amer, gage des goûts de son père qui ne supportait ni épice ni sucre. Mais le mousseux demeurait désaltérant, pas tant pour sa soif, la fraîcheur ensorcelée du jardin l’avait protégé des à coups du soleil ; plutôt pour son agacement qui retombait en de douceâtres goulées. L’antidouleur faisait effet, mais cet échange à l’abri de la pestilence hypocrite avec cette bouteille volée, que maman désapprouverait autant que la Serpentard royalement installée dans sa précieuse bibliothèque, était encore plus efficace. Ou tortueux. Non, efficace. Il avait décidé que ce serait efficace, et de fait, un sourire prétentieux habillait ses lèvres comme s’il n’était pas mordu de colère, d’injustice, de dégoût. « Je ne suis pas anti sociale, je... » La jeune fille ne termina pas sa phrase, aussi eut-il la galanterie de l’y aider. « Tu... ? » reprit-il en creusant advantage ses fossettes d’une ombre à la moquerie saillante. « Je peux aimer sociabiliser » poursuivit-elle après un soupir qu’il interpréta comme une première victoire à laquelle il trinqua d’une énième gorgée. « Il y a juste peu de personnes qui en valent la peine. » Il rabaissa alors la bouteille, comme ayant soudain trouvé une meilleure compagnie que celle de la mousse. C’est qu’elle avait raison, l’intruse. Trop peu de personnes, pour ne pas dire personne et d’ailleurs, quelle peine ? Non, aucune âme ni morte ni vivante ne valait une peine, ne valait de la souffrance, car toutes étaient trop accaparées par la leur, peu soucieuses des autres dans une destinée aussi égoïste que vide. Il était peut-être mort dans cet accident mais enfin, au moins avait-il la lucidité de saisir que rien n’avait d’importance, que ces crétins étaient vains, que la seule chose qu’il valait mieux aimer, c’était sa propre réussite. Comme elle aurait lu le déroulement de ses pensées, elle lui retourna la question. « Tu aimes ça, toi ? Parler à ces gens à l’extérieur qui ont un jour pari sur ton état de santé pour aujourd’hui faire mine d’être soulagés de te voir ? » Impassible. Son visage n’exprimait pas la moindre émotion, glacé par ces produits chimiques qui traversaient son foi, se diffusait dans son sang. De fait, le Gryffondor n’avait pas la réputation d’être particulièrement insensible – mais tout dans son expression alors qu’il dévisageait crûment Vesper évoquait l’apathie, de ses commissures tirées à son sourcil arqué, de ses yeux figés dans les siens à la nonchalance de sa posture, à moitié affalé sur l’accoudoir du fauteuil qui le retenait des limbes dangereuses où s’égarait son esprit dans l’écho des mots tranchants qu’elle employait. « Ce sont des charognards. Tu es trop intelligent pour ne pas le savoir » conclut-elle, implacable. La résolution du ton employé fendit son apparente froideur d’un éclat de rire. Elle était juste, mais opiniâtre, donnant à ses propos une tournure irrépréssiblement comique, en particulier dans la langueur du vin, en particulier dans son envie d’étouffer les braises qu’elle venait d’échauffer. « Inutile de recourir à la flatterie, j’avais déjà décidé de ne pas te dénoncer » répliqua-t-il dans un sourire narquois, secouant mollement la bouteille du poignet pour suivre des yeux le mouvement circulaire du liquide. « Même si, tu as raison, je suis trop intelligent pour ignorer toute la mielleuse hypocrisie de cette journée. » Ses propos résonnèrent moins moqueurs que prévu, aussi préféra-t-il engloutir une longue gorgée pour noyer l’élan de rancoeur qui venait de le trahir. « Sûrement parce que j’ai jamais aimé le miel » ajouta-t-il finalement pour une touche d’humour plus légère, levant paresseusement le visage vers Vesper à ses côtés.

Ainsi donc avait-elle de la profondeur, cette ombre qui rampait dans les couloirs, qui courait dans les jardins. Il n’aurait jamais deviné une quelconque pertinence derrière l’arrogance de son minois, rien d’autre que le mépris que pouvait inspirer un visage en forme de coeur. Parce que d’ordinaire, les femmes n’étaient que ça ; des traits fins et charmeurs desquels elles tiraient une morgue insolente, comme si elles avaient tous les droits, sans même utiliser leur cervelle derrière leurs yeux pour mieux jauger les situations qu’elles toisaient. Peut-être Vesper était-elle différente ; peut-être l’avait-elle toujours été, dans le fond, elle s’était toujours montrée plus en retrait, souvent plus éteinte. Il avait cru que c’était par excès d’égo, pire, par manque de caractère ; mais c’était encore autre chose, une curieuse forme de misanthropie qu’il était désormais en parfaite mesure de saisir. Parce que les hommes n’étaient pas des humains, mais des animaux. Et ils n’en valaient tout bonnement aucune peine. Il l’observait encore, ayant presque oublié les formes hautement plus séduisantes de la bouteille entre ses doigts, quand elle interrompit ses réflexions. « Tu ne me vois pas assez comme voisine pour vouloir apprendre mon visage par coeur ? » August eut un franc rire, diverti sans la moindre honte, tandis que la demoiselle finit sa coupe d’une seule traite. Et en plus de l’esprit, elle avait une bonne descente. « Tout comme tu n’en as pas assez de m’avoir en voisin, tu vas jusqu’à t’introduire chez moi » remarqua-t-il dans un haussement d’épaules égal. Un point partout, même si la grande gagnante de cet échange, c’était cette bouteille ; aussi resservit-il Vesper avant de reprendre une gorgée. Il était bien, ici. Il avait toujours adoré s’exposer au soleil, tout comme l’été était sa saison préférée, écrasante et lumineuse, à l’image de son ambition. Mais dans la pénombre recluse de la bibliothèque, il pouvait exprimer cette part indolente de sa personnalité, loin des regards en coin qui lui rappelaient sa propre part de jugement. Il pouvait s’asseoir, également, et se conforter des vagues de l’ivresse pour oublier l’engourdissement de sa jambe. Il y avait finalement l’espace d’être lui-même, entièrement – que Vesper en profite si elle le souhaitait, il n’avait pas l’intention de s’en échapper pour elle. Car personne ne valait aucune peine. Elle choisit cependant de se justifier face à son interrogation, expliquant comment diable elle avait trouvé cette pièce. Elle argua des plans similaires, la direction générale, la vue des livres à travers les fenêtres. Il acquiesça d’une moue peu convaincue, préférant boire le champagne à ses paroles dont il se fichait un peu. Bien sûr qu’elle pouvait dire la vérité, mais bien évidemment qu’elle pouvait mentir, également, et dans le fond, peu importait. Maintenant qu’elle était là et qu’elle témoignait d’une meilleure compagnie que ces charognards qui planaient dans le jardin, à l’affût de la moindre de ses faiblesses, autant qu’il s’en accomode, reposé contre le fauteuil, lové contre son ébriété. « Je me souviens plus de ta maison » répondit-il après un instant de flottement, réalisant de fait que les rapports entre leur deux familles s’étaient rompus trop jeunes pour conserver de vrais fragments de mémoire. Ce qui était un peu surprenant, en fin de compte. Ils avaient partagé des années de jeunesse, à quelques fleurs d’écart, à quelques briques de distance, pour ne pas en retenir le moindre jour ; au mieux, quelques heures volées dans des réceptions communes à des kilomètres de distance de leurs résidences respectives.

Et à nouveau, elle le ramena à l’instant présent, lui dont l’esprit affranchi de conscience s’envolait rapidement dans des considérations somme toute peu importantes. Vesper lui demanda son ouvrage préféré, toute obnubilée par les étalages qu’elle contemplait depuis quelques minutes déjà. Il jeta un oeil désintéressé aux reliures derrière lui avant de poser son crâne contre son poing, le coude plié sur le dossier du fauteuil où il prenait de plus en plus son aise. « Le Prince, Machiavel » cita-t-il sans autre forme. Il n’était pas passionné de littérature, mais il avait tout de même reçu une éducation suffisamment solide pour connaître les principaux auteurs, ouvrages, et en retenir quelques favoris. De tout ce qu’on l’avait contraint à lire, Le Prince demeurait sa lecture la plus ingénue ; il avait été fasciné par la crudité amorale de l’auteur, par sa lucidité, par ses principes qui résonnaient encore aujourd’hui de véracité. Il était question de pouvoir d’Etat et il en avait retenu le pouvoir individuel, de comment être un bon souverain – de comment gouverner et de comment être respecté. Autant de valeurs innées, né au coeur de l’été, dans le mois d’un Empereur, allant jusqu’à lui emprunter son identité – mais qu’il avait enfin vu se matérialiser en des lignes de conduite reconnues et approuvées. Sans éprouver le besoin de se justifier davantage dans sa réponse, car il était possible d’une part que Vesper ignore cet ouvrage dont elle se ficherait alors complètement, et de l’autre qu’elle en soit au contraire au fait, auquel cas elle resterait entièrement libre d’établir des parallèles si elle le souhaitait, August sirota encore un peu de champagne dont il ne restait déjà plus qu’un dernier quart, clapotant contre le verre lorsqu’il rabaissa la bouteille. « Et vous, Mademoiselle Corvere ? Si tant est que vous sachiez lire » railla-t-il dans un ricanement bête. Parce qu’il s’était trouvé drôle, rengaillardi de l’alcool, Prince dans sa propre demeure – Le Prince, admirable maintenant qu’il était au contraire à l’abri de tous regards voraces. Oh, il ne doutait pas que Vesper était lettrée, d’abord parce qu’elle était scolarisée, naturellement, ensuite parce qu’il aurait fallu être un sombre idiot comme Jorgensen pour ne pas être capable d’un acquis aussi élémentaire que celui de la lecture. Mais c’était amusant de la charrier, cette ombre plus épaisse que les autres, tache parmi la foule colorée qui les attendait au dehors. A force de la gratter, allait-elle finir par se décoller de la bassesse où elle rampait ? Quoique, ne s’était-elle pas déjà élevée par sa répartie ? Il la suivit du regard, à nouveau insondable, se demandant sa réponse – sans la lucidité, dans les vapeurs de l’alcool, de se demander ce que ça pouvait bien lui faire.

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@August P. Rowle

Plus les minutes s’égrainaient, plus il retrouvait contenance et je me tançai d’avoir trouvé en entrant qu’il n’était pas à son avantage. Je ne l’avais juste pas assez bien regardé. Il avait été le garçon solaire, peut-être l’était-il toujours, mais maintenant, il était aussi l’interlocuteur mystérieux, le condisciple à l’aura qui envahissait tout l’espace. Est-ce qu’il ressentait un complexe quelconque pour sa jambe ? Cela aurait été bien stupide. Les choses imparfaites avaient tellement plus de charme qu’une perfection factice. Peut-être était-ce pour cela que je perdais mes mots à essayer de me justifier alors que tout cela aurait dû me glisser dessus. Alors que je cherchais comment exprimer mon idée, il me relança, pointe de moquerie qui m’égratigna imperceptiblement. J’avais eu beau travailler comme une folle pour que le monde entier que l’anglais n’était pas ma langue maternelle, ce genre de remarque me donnait l’impression que le vocabulaire me fuyait. Des mois après mon arrivée, j’avais senti mon cœur s’emballait à chaque professeur qui m’interrogeait, de peur de rester muette devant une question incompréhensible ou une réponse impossible à formuler. Je n’étais pas certaine que quelqu’un s’en soit aperçu à l’époque, pourtant, ma nervosité était si palpable que j’aurais presque pu la goûter sur ma langue.

Comme à chaque fois, la conversation se poursuivit sans effort. Ce n’était pas parce que j’avais peur qu’ils se dérobent que les mots me dédaignaient. Ils flottèrent entre nous, ne lui arrachant pas la moindre réaction jusqu’à ma conclusion sévère, mais réaliste. J’avais cru qu’il renchérirait, aussi je restai une seconde interdite face à son éclat de rire, avant d’esquisser un sourire également. Il ressemblait au voisin d’avant quand il riait. Etait-ce mieux ou moins bien ? Je laissai échapper un ricanement et précisai

- Je ne suis pas flatteuse, j’aime me considérer réaliste. Et en plus, je n’ai jamais dit que l’intelligence était une chance, ça rend plus souvent malheureux.

Il n’y avait guère que les imbéciles pour croire que l’intelligence était une qualité. Moi, j’enviais les idiots, ils traversaient l’existence avec une simplicité que je jalousais. Un esprit aiguisé était tantôt un ami, tantôt un ennemi interne contre lequel on ne pouvait rien faire. Il vous empêchait de croire aux mensonges, vous soufflait la fin des histoires, rendait les gens prévisibles. Pire encore, vos contemporains ne vous en aimaient pas plus. Ils devenaient méfiants. Je croyais – et je crois toujours – que l’intelligence était une condamnation à une forme de mélancolie et de solitude dont je me serais passée. A sa réponse, il n’aurait pas été surprenant qu’il le vive exactement de la même façon. Je me rapprochai de lui pour lui tendre mon verre afin qu’il me resserve et soufflai, amusée

- Pourquoi se contenter du miel quand on peut avoir le champagne ?

Un peu plus proche de lui quand les bulles explosèrent à nouveau sur mon palais, plus proche de son regard scrutateur. A la réflexion, je pense que ce fut annonciateur de l’année à venir. Ses yeux ne me gênaient pas, j’avais même envie qu’ils me voient. J’avais grandi et me plier au rôle qui m’était assigné était de plus en plus difficile. Voilà pourquoi, bravache, je lui répliquai avec la même indolence

- N’attends pas d’excuse, je ne regrette rien sur cette intrusion. La compagnie est plus agréable que je ne l’aurais cru.

Ce n’était même pas un mensonge. Je m’amusai, aussi étonnant que cela puisse l’être. Et alors qu’en début de garden party, j’avais regardé cette maison comme le rappel incontesté de mes échecs, je commençais presque à me réconcilier avec la bibliothèque. J’haussai les épaules à sa remarque, indifférente, alors que mes yeux continuaient de dévorer les titres qui m’entouraient. Je savais pas s’il espérait me vexer en me précisant qu’il en se souvenait pas de ma demeure, mais je m’en moquais, profondément

- Pourquoi t’en souviendrais-tu ? Tu n’es que rarement venu. Elle n’est de toute manière pas inoubliable.

Ce n’était pas la maison de Toscane. Celle que nous occupions en Angleterre était grise, morne, comme tout ici. Ce pays avait l’air et la manière d’aspirer la chaleur. Je n’aimais pas notre manoir et je ne m’y étais jamais sentie chez moi. Pourquoi l’aurais-je été de toute façon ? Je passais plus de temps dans mon dortoir et trois meubles ramenaient d’Italie ne compenseraient jamais le déménagement. Etait-ce ainsi que les plantes déracinées se sentaient ? Je cessai de contempler les rayons pour l’observer, lui, visage appuyé contre con poing, comme s’il luttait contre l’ennui du haut de son fauteuil qui avait des allures de trône de pacotille. J’espérais sincèrement pour lui que la rentrée lui permettrait de retrouver sa place dans le microcosme de l’école. Il ne savait pas passer inaperçu. Tout chez lui le criait.

- Un choix intéressant. Pas celui que je t’aurais attribué, mais révélateur. Souvent lu, peu compris. Aimerais-tu être à la place du prince, August ?

Aimerais-tu régner, peu importe le prix à payer ? Mon doigt se figea sur un ouvrage et je l’attrapai délicatement, avant de le retirer de son rayonnage pour lui montrer

- Britannicus, de Racine. Certains y trouvent une histoire d’amour. Ils sont idiots. Je suis persuadée que c’est une histoire de pouvoir.

Avec le temps, je contemplerais ce souvenir avec une pointe de tendresse mais également de sévérité. J’étais une enfant. Une enfant qui se piquait de lire des livres d’adultes et de les comprendre. C’était si présomptueux. Pouvoir ou amour, de toute façon, je ne connaissais ni l’un, ni l’autre, alors les différencier … Sur quoi avais-je le pouvoir ? Le choix de faire mes devoirs ou de me débarrasser de mes anciennes poupées ? L’habileté de mes parents était de me faire croire que j’avais un libre arbitre, mais ne nous leurrons pas, ce n’avait jamais été le cas. Et l’amour, j’étais un peu jeune. Ou un peu trop solitaire.

lumos maxima
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