Octavia n'était pas supposée s'appeler Octavia. Étonnant, n'est-ce pas ? Cette curiosité prend racine dans un contexte familial un peu difficile, dont les remous sont étroitement liés à la branche paternelle – et en particulier à son cousin bien plus âgé, Septimus.

Octavia naît Julia Veturia, ou, plus précisément Julia Octavia Veturia. Octavia était supposé n'être qu'une lettre ponctuée d'un point dans ses signatures ; Julia O. Veturia, tout au plus. Mais la plupart du temps, Julia ne pensait même pas à ce second prénom. Après tout, personne ne l'utilisait ; il ne s'agissait que d'une façon de faire plaisir à son oncle, Octavius Veturia, le puissant et autoritaire propriétaire d'une grande entreprise de moyens de locomotion magiques. Le père de Julia, Tullus Veturia, est un homme plutôt effacé, coulé dans l'ombre de son frère aîné qui a hérité de l'empire Veturia. Il s'efface en courbettes généreuses pour tenter de plaire à son aîné, presque son supérieur. Après tout, Octavius incarne tout ce que la famille de sang-purs désire : pouvoir, domination, influence et surtout pureté.

Julia, aux aurores de sa vie, était tout le contraire. Fille illégitime d'une moldue, abandonnée aux bons soins de son sorcier de père, elle était en théorie la tache sur le beau tableau familial. Mais lorsqu'elle naquit, trois ans après la défection de son cousin Septimus, le vent était en train de tourner et Octavius songeait déjà à un moyen de perpétuer sa prestigieuse lignée malgré la déception cuisante que lui infligeait son fils. Aussi, plutôt que de renier cette nièce aux origines douteuses, il choisit d'accorder, grand seigneur, le plaisir à son cadet de choisir un second prénom semblable au sien. Sans se mêler davantage de son éducation tant qu'elle demeurait une enfant inintéressante et agitée, Octavius attendit patiemment que Julia grandisse et manifeste ses pouvoirs. Lorsque ce jour arriva, l'oncle décida de prendre les choses en main : d'après les autres membres de la famille, la petite Julia était une prodigieuse femme en devenir. Elle était particulièrement vive et intelligente, avait du répondant et l'éclat d'une impératrice auréolée de grandeur. Du haut de ses sept ans et demi, elle faisait déjà tourner son monde en bourrique et menait son père à la baguette. Admiratif de ce caractère de meneuse, Octavius l'observa attentivement ; il l'invita plus souvent à venir les visiter, lui et sa femme Hista, en prétextant regretter l'absence d'un enfant. Ce n'était pas tant qu'il regrettait l'absence d'un enfant (Octavius détestait les enfants) qu'il regrettait le vide laissé par son fils, sans parvenir précisément à déterminer s'il s'agissait de regrets ou de remords. Mais Julia représentait l'occasion parfaite pour se changer les idées et redorer son blason.

Lorsqu'il fut clair, sur l'avis de l'un de ses amis médicomages, que Julia présentait des dispositions certaines pour devenir une grande sorcière, son sort fut scellé. Lui qui la surnommait ponctuellement par son deuxième prénom acheva de l'appeler continuellement Octavia ; sans oser aller contre son frère, Tullus se contenter de l'imiter – d'abord timidement, puis, avec la force de l'habitude, Julia devint Octavia, future héritière de l'empire Veturia.

Ses premières années à Poudlard prouvèrent la pertinence de ce choix : Octavia était une élève appliquée, studieuse et particulièrement curieuse. Les professeurs louaient ses talents, ses camarades son charisme, sa famille son menton levé bien haut. Elle avait la prestance nécessaire pour remplacer Septimus et rayer définitivement cette erreur de la carte. Seuls quelques incidents éraflaient cette image d'enfant prodige, mais sa famille compatissante mettait ses accès de colère sur le compte de son tempérament de dirigeante. Il fallait bien faire preuve de force et de détermination pour espérer prendre la succession d'un homme tel qu'Octavius, n'est-ce pas ?

Mais assez parlé d'Octavius. Parlons d'Octavia.

Élevée dans le mépris et la haine de son cousin, véritable épouvantard dont elle devait à tout prix s'éloigner, la jeune sorcière s'appliqua à marcher dans les pas de son oncle avec le plus grand soin. Elle qui craignait sans cesse qu'on lui rappelle son statut de sang-mêlée au sein d'une grande famille de sang-purs, elle n'avait pas le droit à l'erreur ; la considération de son oncle était tout ce dont elle rêvait. C'était sa seconde chance, son objectif. Et puis, ce n'était pas bien difficile : être obéissante avec son oncle, mépriser son père et son cousin, battre à plate couture tous ses camarades et se dégoter un mari sang-pur sur lequel s'essuyer les pieds. Voilà, c'était ce qu'on lui demandait. Et Octavia, en sus d'être une bonne soldate, était une excellente tacticienne. Elle avait déjà placé ses pions pour atteindre son but. Si bien, par ailleurs, qu'elle effrayait parfois les adultes ; l'air parfaitement calme avec lequel elle programmait son futur régi par l'honneur familial en déstabilisait plus d'un.

Mais, sous ses dehors froids, Octavia était une boule de nerfs. Avec le temps, en côtoyant certains camarades à Poudlard, elle avait pris conscience que le monde n'était pas aussi monochrome que le lui dépeignait son oncle depuis sa tendre enfance. Lorsque les sentiments s'en mêlaient, il devenait difficile de nier qu'elle n'aspirait pas qu'à être la fille prodige dont rêvait Octavius depuis toutes ces années. Parfois, elle se posait même des questions sur ces histoires d'ascendance sanguine, sur la pureté et la famille. Parfois, elle se demandait à quoi pouvait bien ressembler la vie de son cousin, libéré de toute pression familiale, parmi les moldus. Était-il plus heureux qu'elle, qui croulait sous les aspirations familiales et les ambitions de son oncle ? Avait-il le droit d'être quelqu'un d'autre qu'un Veturia ? Avait-il le droit d'échouer sans subir la colère d'Octavius ? « Oui, sûrement » était la réponse qui lui paraissait de plus en plus évidente aujourd'hui.

Éprise de fuite et d'insubordination, Octavia se rêvait Julia – pas Julia Veturia, juste Julia. Sa dernière année écoulée à Poudlard avait fait froncer de nombreux sourcils dans la famille – mais, bah, c'était la crise d'adolescence, non ? Après tout, cette lavette de Septimus n'avait pas même eu le caractère suffisant pour se rebeller, c'était plutôt bon signe que la petite Octavia montre les dents, non ? Tant pis si parfois elle passait sa rage sur certains de ses camarades ou si elle n'obéissait plus à tous les ordres de son oncle. Toutefois, ce dernier devenait méfiant – d'autant que les jours racourcissaient pour lui, qui était malade et vieillissant. Hista, sa femme, l'avait averti que leur fils avait trouvé un emploi de concierge à Poudlard. Cela avait fait grincer des dents chez les Veturia, et ils avaient fait parvenir un courrier avertissant Octavia de rester loin de ce raté contaminé par les moldus.

Mais Octavia elle-même n'était-elle pas contaminée par les moldus ?

Si au début elle avait vu son cousin sortir de nulle part en mai 2029 avec un mépris certain, elle l'observait parfois de loin avec cette même curiosité qui lui démangeait les entrailles. Franchissait-elle ce pas de plus vers la rébellion ? D'un autre côté, observer son cousin ne l'avait pas tout à fait convaincue que sa vie était meilleure que la sienne. Il paraissait maigre, ses vêtements abîmés par le temps, et il semblait bien aussi taré que son oncle et sa tante le lui avait dépeint ; à agiter sans cesse les mains, à éviter les regards, à se comporter bizarrement. Ainsi, elle ne s'était jamais présentée à lui ; de toute façon, tant qu'elle restait un visage anonyme dans la masse d'élèves et qu'il ne l'avait pas en retenue, il n'y avait aucun moyen qu'il apprenne son nom. Et puis, sans doute penserait-il qu'il s'agissait d'une lointaine et jeune parente ; pas de sa cousine, prête à hériter de ce qui lui était normalement échu.

Non, la préoccupation majeure d'Octavia pour le moment, c'était de se demander à quel point son oncle serait furieux si elle sortait avec un né-moldu. Il était sans doute temps de tester les limites de sa tolérance ; et d'aviser pour le reste. Quoi qu'il en soit, elle était désormais parée à s'affirmer. Si elle devait hériter de l'empire familial, elle estimait ne pas avoir à supporter plus longtemps les caprices d'un vieil homme mourant. Sa tante était plus facile à manipuler. Elle aurait bientôt le champ libre pour faire ce qui lui chantait. Peut-être qu'elle rencontrerait Septimus à l'enterrement ; elle se demandait si Hista l'informerait seulement de son décès, puisqu'ils n'avaient pas jugé utile de l'avertir du cancer qui rongeait son père.

Bah, était-ce seulement son problème ? Son fardeau était suffisamment lourd pour ne pas avoir à partager celui d'un autre.

Hello, vous

J'espère que ce scénario vous inspire d'une façon ou d'une autre, parce que je l'aime bien cette petite

En dehors de l'histoire (enfin, des grandes lignes de l’histoire), à peu près tout est négociable : l'avatar, le genre, le nom, la maison et même l'année. Attention cependant, elle peut être plus âgée mais pas plus jeune ; sinon, l'écart d'âge déjà très grand avec Septimus deviendrait vraiment improbable. Concernant le prénom, il devra nécessairement ressembler à celui d'Octavius pour des raisons logiques. Je suis ouvert aux modifications ou ajustements pour l’histoire au besoin !

Les liens à venir pour Octavia sont assez libres : vous pouvez entamer quelque chose ou non avec Septimus, comme aller dans la direction que vous voulez avec le matériau de base. Bonne héritière ou rebelle féroce, confuse ou décidée, bienveillante ou malveillante, etc. Il y a autant de possibilités que vous avez d'étoiles dans les yeux

N'hésitez pas à me MP si vous avez des questions