Dmitri repoussa légèrement son assiette, s’accoudant nonchalamment contre la table. Il écoutait d’une oreille discrète l’un de ses camarades clamer à quel point il était content d’être de retour et de pouvoir user à nouveau de magie. Ils n’avaient réinvesti leurs dortoirs que depuis deux nuits, aussi retourner en cours gardait cette saveur un peu particulière et un peu enfantine que donnait les premiers cours de magie... mais cette joie, l’aiglon ne la vivait pas avec autant de vigueur que ses compagnons de tablée. Il était heureux de revenir à Poudlard – l’école lui avait manqué bien plus qu’il ne l’avait cru – mais il ne retrouvait pas la magie comme eux... dans le manoir van Aken, il pouvait lancer autant de sort qu’il le voulait sans craindre que sa marque ne cause du souci et pour cause, il y avait beaucoup trop de magie environnante pour que le ministère ne s’en alarme.

Ce fut pourtant sans trainer le pas qu’il quitta la grande salle une fois les vestiges des derniers plats envolés. La classe de deuxième année n’avait qu’un cours aujourd’hui, et un cours sans les troisième comme cela arrivait parfois. Le tchèque salua d’un signe de la main Zeynep, qui partait de l’autre côté du château, et emboîta le pas de ses camarades en direction du cinquième étage. Pressant le pas, il dépassa quelques élèves, pour arriver au niveau d’une brune qu’il connaissait bien. « Bonjour Sarah. » Ils avaient bien été en cours ensemble ce matin, mais il n’avait pas pris le temps de lui adresser la parole. Elle n’était pas particulièrement ce qu’il qualifierait d’amie proche. « Tu as passé de bonnes vacances ? » En dehors de Durmstrang, cela allait sans dire... quoique s’il excluait le duel qu’ils avaient disputés dans l’école de sa fratrie, il ne l’avait guère fréquenté pendant leur séjour en Norvège. Il avait passé plus de temps à manigancer avec Zeynep ou à fureter dans la bibliothèque – car malgré sa bouderie de principe, il avait tout de même suivi le conseil de son aïeul – plutôt qu’avec son compagnon de chambrée ou Sarah. Il lui semblait d’ailleurs que les deux étaient assez proches, ce qui n’était pas tout à fait étonnant dès lors qu’ils étaient dans la même maison et n’avaient que deux ans d’écarts.

Après quelques minutes, le petit groupe d’élèves parvint devant la salle de classe, où le professeur Tyrell, un homme aux cheveux poivre et sel et à l’air plus affable que van Aken premier du nom, les attendait en saluant chaleureusement chacun d’eux. Dmitri ne lui renvoya qu’une salutation assez neutre – polie mais peu démonstrative – avant de pénétrer dans la salle, s’asseyant au même pupitre dont il avait l’habitude de s’installer, l’année précédente.

Si à la vue des petites boîtes disposées sur les tables, il avait un instant espéré que l’enseignant ne perdrait pas de temps en discours et lancerait dès le début un cours pratique, il fut vite dessus. Encore de la théorie. L’homme lui avait paru plutôt sympathique, lors de leur premier cours, l’année précédente – et il avait reconnu la provenance de l’accent du garçon, ce qui le rendait d’autant plus appréciable – mais il avait espéré que pour une fois, il ne perdrait pas de temps à revoir ce dont ils avaient déjà parlé auparavant. Le garçon leva ostensiblement les yeux au ciel, tirant machinalement un parchemin à lui pour dessiner distraitement dessus, en attendant qu’ils daignent passer à une partie plus intéressante du cours. De sa part, le message était clair, il n’avait pas de questions. Et si d’aventure il en avait une, il savait encore ouvrir un manuel pour répondre à sa question.

@Sarah C. Davenport

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 L’aiglon n’avait jamais été particulièrement proche de sa camarade de gryffondor, leurs caractères étaient bien trop opposés pour ça et leurs préoccupations sans doute également. L’année précédente, elle lui avait sous-entendu avec une finesse fort discutable qu’elle n’était peut-être pas la pro sang-pur qu’elle semblait être... mais il fallait être aveugle ou idiot pour croire que Sarah portait réellement des idéaux puristes. Elle fréquentait beaucoup trop de né-moldus pour ça, ou des personnes comme Kathleen qui, pour sang-pur qu’elle était, vivait à mille lieues des préoccupations de famille comme les Sørensen ou les van Aken. Pour autant, ça ne faisait pas d’elle une personne dont il espérait tout particulièrement être ami : il se montrait cordial avec elle, mais ça n’allait guère plus loin. « Rien de bien particulier. Le dépaysement est minime quand les murs de Poudlard et du manoir de mon oncle sont habités par les mêmes tableaux. » C’était une discrète façon de fanfaronner un peu sur cet héritage dont il était malgré tout très fier. Être surveillé constamment par ses ancêtres peints – sans doute plus que ses camarades – ça n’était pas toujours drôle, mais il appréciait tout de même de savoir que les occupants de tableaux qui parsemaient l’école étaient des van Aken. Il s’agissait aussi d’une bonne manière de taire ce qu’il avait réellement fait de ses vacances ; ça n’était pas le genre de choses que l’on pouvait confier à une personne comme sa camarade.

Dans la classe, les autres élèves n’étaient pas beaucoup plus bavards que lui. Un calme atypique régna dans la pièce le temps que l’enseignant laisse planer la possibilité de poser des questions qui ne vinrent jamais. Durant ce laps de temps, Dmitri avait totalement décroché de ce qui se passait, plus accaparé par son dessin que par le contenu du cours, au demeurant fort inintéressant. Bien sûr, les scarabées étaient légions en Écosse, nul doute qu’ils seront très utiles dans la vie de tous les jours de l’enfant. Ça n’était pas comme s’il avait un elfe de maison pour s’occuper de coudre de nouveaux boutons sur ses vêtements lorsqu’une branche en faisait sauter.

L’esprit ailleurs, l’aiglon en avait presque oublié le professeur. Il parlait beaucoup trop pour pas grand-chose, ce qui laissait au petit artiste le temps de s’amuser avec son dessin : d’un coup de baguette et d’une incantation murmurée dans le fond de la classe, il tenta une première fois de donner vie à son croquis, sans grand succès. À trop vouloir être discret – il s’agirait de ne pas attirer l’attention de Tyrell – il ne parvenait même pas à animer un petit dessin basique. Ça n'était pas faute d’avoir fait ça de milliers de fois durant l’été ! Après une deuxième tentative aussi peu fructueuse que la première, la frustration grandissait un peu chez l’artiste en herbe ; mais à défaut d’être attentif en cours, il était persévérant – ou borné – et puisque ses camarades commençaient tous à ensorceler ces pauvres scarabées, il pouvait faire preuve d’un peu moins de discrétion et cette fois-ci, lorsque le bout de sa baguette frôla le papier, le serpent fait d’encre commença à se mouvoir. Peu à peu, à mesure qu’il rajoutait quelques touches d’encre sur son dessin, celui-ci se fit de plus en plus réel. Le jeune tchèque avait déjà fait mieux, mais le rendu final n’était pas mauvais pour autant.

Le temps de s’amuser un peu en liant magie et art, plusieurs de ses camarades avaient déjà transformés et rendus leur scarabée à l’enseignant. Il était manifestement très en retard lorsqu’il se décida à prendre au sérieux le cours : visualiser le bouton, tapoter deux fois le scarabée et incanter... sur le papier, c’était assez simple. Encore fallait-il prononcer correctement la formule. Sans doute était-ce à cause du serpent dessiné qui continuait à se balader sur le coin du parchemin en sifflant silencieusement, mais lorsque Dmitri voulut prononcer « Scarabifors », un étrange sifflement s’échappa de sa gorge à la place de l’incantation prévue. Comme à chaque fois qu’il parlait fourchelang, il ne s’en rendit pas compte, regardant simplement avec une profonde déception le scarabée, qui semblait presque le narguer.  


HRP : Dmitri n'arrive pas à transformer son scarabée et pour cause, il a parlé fourchelang au lieu de prononcer correctement l'incantation.
Au vu du bizutage de mes dés,  @Professeur H. C. Tyrell tu peux partir du principe que tu as vu Dmitri glander/dessiner/lancer un sort qui n'a rien à voir avec le cours. Et puisqu'il fait partie des derniers à tenter de transformer ce satané scarabée, tu peux aussi considérer que le moment où il parle fourchelang était clairement audible.
(si jamais tu le souhaites,  @Sarah C. Davenport, il y a moyen que tu l'aies aussi entendu).

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