Quand j’ai vu l’annonce épinglée sur le mur du hall, je me suis dit que c’était une bonne idée et qu’on ne s’entraînait certainement pas assez pour pouvoir vraiment maîtriser l’ensemble des sortilèges que nous apprenions en cours. Et puis c’était le moment idéal pour progresser puisque notre professeur serait là pour nous donner des conseils et qu’on pouvait, les uns les autres, s’en donner aussi. J’adorai cette initiative et m’étais inscrite dans les premières, excitée d’être le jour J pour pouvoir pratiquer avec mes camarades. Evidemment, j’étais loin de me douter que ça tournerait au vinaigre et que je ne ferai pas long feu dans le combat.

Trépignant d’impatience dans le grand hall du château, j’observais les gens qui m’entouraient. Je reconnue Lena, à quelques pas de moi et Prudence, à qui je n’avais pas parlé depuis plusieurs mois déjà. On se croisait régulièrement et on se disait bonjour à chaque fois, mais il est vrai que depuis la rentrée, nous n’avions jamais vraiment pris le temps de beaucoup nous parler. Je ne lui en voulais pas, depuis sa nomination au poste de préfète, elle devait être bien occupée. Mais peut-être que ça sera l’occasion de renouer un peu le dialogue avec elle. Je reconnus d’autres tête dans la petite foule, à qui je fis quelques signes de la main, mais c’est une tête blonde qui attira le plus mon attention. Mon coeur rata un battement. Ollie était là aussi. En soit, c’était plutôt une bonne idée, je préfère qu’il vienne s’entraîner pour apprendre à se protéger au mieux en cas de danger, mais en même temps, nous ne nous étions pas forcément beaucoup parlé depuis la Saint Valentin. Peut-être que j’étais en grande partie fautive, je m’étais plongée dans mes études, pour ne pas à avoir à affronter mes sentiments naissant pour le jeune homme. Enfin, j’imagine que c’est ça, même si au fond je n’en suis pas réellement sûre. En temps normal, je serai allée le voir, contente de pouvoir passer du temps en sa compagnie. Mais là, pour être honnête, je préférais garder mes distances. C’est stupide et ça ne pourra pas continuer longtemps comme ça, mais je crois que j’ai tellement peur de le perdre que pour le moment je préfère le tenir à distance. Le Professeur Winslow finit par arriver, me donnant l’occasion de chasser le beau blond de mon esprit pour prendre le chemin de la salle sur duel.

Le chemin fut relativement court. Les gens avaient l’air tout aussi excités que moi et cela faisait plaisir à voir. Je fus l’une des premières à rentrer dans la salle. Elle était plongée dans l’obscurité, ce qui était assez étrange mais j’imagine que le professeur winslow allait allumer une fois qu’on serait tous dedans. J’avais et remarquais assez rapidement qu’il y avait de l’eau. Pas au point de se noyer, mais suffisamment pour qu’on se pose des questions. Etait-ce une idée du professeur Winslow ? Mais en quoi consistait-elle ? Cela m’échappait totalement. A moins qu’une canalisation se soit rompue quelque part et il serait peut-être judicieux de la réparer avant de commencer, non ? Plongée dans mes réflexions, c’est quand la porte claqua que je sursautais. Qu’est-ce qu’il se passe au juste ? Les gens commencent à se précipiter sur la porte, tentant de l’ouvrir, en vain. Pourquoi le professeur Winslow vient de nous enfermer dans la salle ? Que compte-t-il faire ? Est-ce que l’exercice consiste à trouver une solution avant que la salle soit totalement remplie d’eau ? J’observais un peu paniquait ce qui nous entourait et je repère rapidement qu’il y a un trou dans le mur. Et c’est à ce moment là que je vis une forme en sortir. Mon coeur rata un battement. Je ne fus pas la seule à la remarquer et les gens commencèrent à crier. Je vis des sorts jaillirent de certaines baguettes et des poings se heurter contre la porte. Enervée, la Créature commença à nous attaquer et visiblement, je n’étais pas au bon endroit. Je la vis fondre sur moi et avant que je n’ai pu réagir, je sentie ses crocs se planter dans ma cuisse. Un cri de douleur sortie de ma bouche. Je n’ai jamais eu autant mal de toute ma vie qu’en cet instant. Le serpent - parce que ça en était un - me lâcha pour attaquer d’autres personnes. Mon corps chuta au sol. Je sentis des larmes ruisseler sur mes joues et mes mains, tremblantes, s’approchèrent de la plaie sanglante. Je sentais que la panique me paralysait mais je voyais très clairement que si je ne faisais rien, j’allais perdre ma jambe - dans le meilleur des cas - ou mourir d’une hémorragie. Il fallait donc impérativement que je fasse un garrot. Je tentais de garder mon calme, mais on ne pouvait nier que c’était assez compliqué. J’enlevais ma cape et tentais de l’enrouler au dessus de la plaie. Cela faisait un mal de chien et je serrais des dents pour ne pas hurler ou m’évanouir. Je sentais pourtant la tête me tourner et je savais qu’il ne faudrait pas grand chose pour que je m’évanouisse. Je serrais autant que je le pouvais mais une aide extérieure me serait certainement d’une plus grande utilité. Une fois que le garrot était plus ou moins mis en place, je tentais de chercher ma baguette et je finis par la trouver, malgré la panique autour de moi. J’étais assise au sol et j’espérais sincèrement qu’on ne me tomberait pas dessus. Je sais que pour ma propre sécurité, il faudrait que je me relève mais pour le moment, ce n’était pas envisageable, seule en tout cas, j’en serai incapable. Le sang continuait à couler et je sentais la tête me tourner, pourtant j’essayais de rester concentrer et je tentais le tout pour le tout. ”INCARCEREM”

Le choc de la morsure a été si violent que sur le coup, je n'ai pas compris ce qui était en train de m'arriver. Jusqu'à ce que mon regard glisse jusqu'à ma cuisse et que je vois l'eau se colorer en rouge rapidement. Si rapidement que j'en ai ressenti une peur panique. Je ne veux pas mourir. C'est certainement la première pensée qui m'a traversé l'esprit en cet instant. Et puis la douleur m'a submergé et c'était fini, depuis elle ne me lâche plus. Je suis en plein cauchemar et je suis terrifiée. Tout le monde crie et panique et j'ai peur que quelqu'un me marche dessus. Alors je tente de me redresser, tant bien que mal, pour éviter qu'on ne me voit pas et aussi parce que l'eau monte rapidement et qu'à ce rythme là, je vais finir par me noyer. Je pleure et je geins de douleur. C'est bête à dire, mais j'aimerai que ma mère soit là pour s'occuper de moi. C'est son boulot de sauver des vies et accessoirement de s'occuper de moi. Mais évidemment, quand j'ai le plus besoin d'eux, mes parents ne sont jamais là. C'est triste de se dire que dans le pire moment de ma vie, je suis seule. Seule et terrifiée. Je ne veux pas mourir seule. Je ne veux pas qu'on m'oublie. Plus que jamais, j'ai besoin d'exister pour quelqu'un, parce que je sais que sans aide extérieure, je ne donne pas cher de ma peau. Je tente de faire un garrot, au dessus de ma plaie, pour tenter d'éviter de mourir d'une hémorragie. C'est plus ou moins efficace, disons que pour l'heure, ça ira bien, de toute façon je ne pourrais pas faire mieux en cet instant. Et puis soudain j'entends mon prénom. Quelqu'un m'appelle. J'ai du mal à reconnaître la voix mais ce cri a été presque libérateur. Mon coeur a fait un bon dans ma poitrine : je ne suis pas seule. Quelqu'un m'a vu ! Mes larmes redoublent, mais la joie et presque le soulagement se mêlent à la douleur.

Prudence finit par arriver à mes côtés. Je n'ai jamais été aussi contente de la voir qu'en cet instant. J'ai la tête qui tourne, la pièce commence à bouger un peu trop vite pour que ce soit normal. Mais la présence de mon amie me rassure et m'aide à m'accrocher tant bien que mal à la réalité. Je comprends à moitié ce qu'elle me dit mais je tente de lui répondre quand même ”Prudence ! ... Elle m'a mordu ...” Dis-je en portant mes mains vers ma plaie. Elles tremblent, je n'ose plus toucher ma jambe, de peur de raviver la douleur, déjà bien présente. Elle remarque qu'elle saigne beaucoup, ce qui augmente un peu mon inquiétude. Prudence essaye de me soulever mais je ne suis qu'un poids mort pour elle. La salle tourne trop et j'ai mal à ma jambe, je n'arrive plus trop à me connecter avec mon corps en cet instant. Je sens la panique dans la voix de mon amie qui appelle à l'aide. Mes larmes redoublent, mais cette fois-ci, c'est plus de peur et de peine. Elle lance un sort et ma tête dodeline un peu. Je sais qu'il faut que je reste éveillée, mais ça devient de plus en plus dur. J'ai l'impression de sentir le poison parcourir mes veines sans que je ne puisse rien faire. Je suis terrifiée. J'aimerai dire à mon amie de laisser tomber, de se mettre à l'abri si c'est possible et de me laisser là, mais je n'en ai pas la force. Je suis lâche, je ne veux pas être seule. L'eau continue à monter et bientôt j'aurai vraiment besoin de son aide pour m'aider à ne pas me noyer si je sombre dans l'inconscient. Et puis soudainement j'entends quelqu'un s'approcher de nous. Je reconnais cette voix. Je dois me forcer pour tourner mon visage vers Ollie. Mon coeur fait un nouveau bon dans ma poitrine. Il est là et il va bien. Je sens sa main passer sous ma nuque. Il prend les choses en main. Je dois me forcer à faire bouger mon corps. Mes bras s'enroulent tant bien que mal autour de son cou et avec son aide, je me soulève. Un cri de douleur m'échappe et je suis prête à m'écrouler de nouveau mais Ollie me tient fermement. La douleur me lance, c'est horrible. Je hoche la tête quand Ollie me dit qu'il va m'éloigner un peu d'ici et qu'il faut que je reste avec lui. Ca me demande beaucoup d'effort, mais pour lui je ferai mon maximum. Le trajet jusqu'au lieu où Ollie m'emmène fut atroce. Je manquais de m'écrouler à chaque pas et il fallait que je serre des dents pour ne pas m'écrouler et surtout continuer.

Il finit par m'appuyer contre un mur et je le vois qu'il panique. J'aimerai tellement avoir des paroles réconfortantes pour lui mais je ne me sens vraiment pas bien. Mais je lutte, autant que je le peux, pour rester avec lui. ”Ca va aller ...” Réussis-je à lui dire en passant maladroitement ma main ensanglantée sur son visage. Je ne sais pas quoi faire d'autres et j'ai souvent vu et lu les gens dire ce genre de choses quand ils sont blessés. Sauf que ça ne va pas aller, en tout cas pas pour moi. Je dois être pâle comme la mort. Je ressens une douleur au ventre et la panique revient au galop. ”Ollie ... ça ... ça ne va pas ...” Mes mains agrippent mon ventre. J'essaye de lui dire ... de leur dire que ça ne va pas, que j'ai mal au ventre mais j'en suis incapable. Et puis soudainement j'ai des spasmes avant de me pencher sur le côté pour vomir. Pas très glamour mais pour être honnête, je m'en serai bien passée si j'avais pu choisir. Ca s'arrête aussi rapidement que c'est venu et je me sens un peu soulagée, mais ce n'est pas bon signe, on ne vomie pas sans raison. Cela dit, l'avantage c'est que ça a eu le don de me réveiller un petit peu. J'ignore pour combien de temps mais voyant la bête s'approcher, je n'ai pas hésité bien longtemps a agripper ma baguette pour tenter un nouveau sortilège... ”Repulso”