Éphéméride ▬ Killian

Éphéméride

feat. Cruz & Killian

Chiffonée. Voilà comment se sentait Cruz depuis la réunion qui avait rassemblé l'intégralité des préfets, à l'exception de son binôme Hansel. Cette assemblée avait pour objectif de transmettre toutes les informations récoltées par chacun concernant l'affaire du mur tagué avec du sang afin d'en tirer une éventuelle conclusion sur tout ça ou, à défaut, de démêler un peu le vrai du faux. Mais ce à quoi ne s'attendait pas la préfète des Serpentards, c'était d'être prise pour cible par celle dont elle se sentait sans doute la plus proche parmi l'ensemble des participants : Tracy Bennet, sa complice du club. Cruz avait été d'autant plus surprise qu'elle ne comprenait pas ce que la Serdaigle avait à lui reprocher. Cette dernière avait insinué que la brune avait sciemment dissimulé des informations sur l'affaire à ses camarades. Non contente de cette accusation gratuite, Tracy l'avait pointée du doigt devant tous leurs collègues, la jetant quasiment en pâture dans la fosse aux lions. Il aurait été tellement plus simple et bienvenu de venir la trouver en privé pour lui en parler, comme l'aurait fait une amie digne de ce nom. Mais la Serdaigle avait préféré lui la faire à l'envers et ça, la rancunière Espagnole n'était pas prête de l'oublier. Celle-ci s'était d'ailleurs empressée de se défendre en déballant tout l'historique de ses agissements en rapport avec l'incident du mur et plus généralement les badges en forme de goutte de sang qui circulaient et dont elle avait reçu un exemplaire. Son plaidoyer semblait d'ailleurs avoir convaincu l'intégralité de ses condisciples, exceptée celle qui l'avait accusée. C'est pourquoi, vengeresse, Cruz avait contre-attaqué en renvoyant à Tracy ses propres non-dits concernant les retraits de points qu'elle avait octroyé à des élèves de Serpentard. La sixième année l'avait apparemment signalé à Hansel, tout comme Cruz avait parlé des badges à son co-préfet : ce dernier étant absent, le débat n'avait pu être totalement réglé.

Chiffonnée, déçue, énervée, rancunière. Voilà comment était Cruz depuis cette réunion. Ces sentiments étaient d'autant plus forts actuellement car elle se rendait précisément dans la Salle des Préfets, là où le conflit avait eu lieu. Sa venue était à but purement pratique : elle souhaitait en effet vérifier qu'elle n'avait pas de ronde à faire avec Tracy. Certes, Cruz réussisait à contrôler son impulsivité au fil des années mais elle n'en restait pas moins sanguine et un conflit ouvert avec la préfète de Serdaigle était bien la dernière chose dont elle avait besoin. C'est pourquoi la jeune femme croisa les doigts en poussant la porte de la salle, espérant ne pas y trouver Bennet. A sa grande surprise, c'est un autre préfet qui se trouvait là. Attablé au milieu de tout un tas de parchemins, il semblait très impliqué dans un devoir d'on ne sait quelle matière. Très étonnant quand on connaissait la personne ... « Attend ... Killian Knight en train de bosser ? Si c'est un rêve, j'aurais préféré qu'il y ait un jacuzzi et des strip-teaseurs ! » S'exclama la jeune femme avant de rire, tout en s'approchant de son camarade. Aucune moquerie dans cet éclat, juste une agréable surprise. Killian, elle l'apprécie malgré ce qu'elle laisse paraître. C'est un allié parmi cette bande de rapaces, l'un des rares qui connaissent son passé. Curieuse, Cruz s'approcha de son camarade et regarda par dessus son épaule. « Tu travailles sur quoi ? »

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Ephéméride

Cruz & Killian

Blasé. Dépité. Las. Voilà l’état dans lequel je me trouve alors que je fixe sans motivation aucune le parchemin vierge en face de moi. Je n’ai même pas eu la force de trouver un titre. Enfin, disons que je n’ai pas particulièrement cherché l’effort de le mettre. Je déteste écrire des dissertations. L’écriture, c’est pas pour moi. Moi je suis dans l’action, dans la réaction et la pratique ! Certainement pas dans la réflexion et le développement. En plus, qu’est-ce que vous voulez que je fasse une rédaction en potion alors que la merveilleuse Burgess est partie ? Où voulez-vous que je trouve la moindre once de motivation si la seule raison de mon attention dans cette matière a disparu ? Enfin attention … Tout est relatif, soit. Mais ça compte quand même ! Enfin bref. Poussant un long soupir exaspéré, plus fort que de raison, je me saisis à contrecœur de ma plume. Je réfléchis quelques secondes avant de la tremper dans l’encre et de finalement tracer les premières lettres sur le parchemin. « Pierre de Lune : propriétés et utilisation dans les potions magiques. » Je me contente d’un titre tout ce qu’il y a de plus lambda. Pas de créativité. Pas de superflu. On se contente de l’essentiel et du strict minimum. Le truc, c’est qu’à partir de là, les choses se compliquent. Il faut se mettre à rédiger. Et pas juste quelques lignes bien sûr … 30 centimètres ! Ils nous ont pris pour quoi ? Des robots ?

Je fouille dans ma mémoire. Je sais pertinemment que j’ai déjà vu ce sujet. L’année dernière, évidemment étant donné que j’ai redoublé, mais cet été également, avec le professeur particulier assommant engagé par les Knight. Pourtant, impossible de me souvenir de la moindre information. Est-ce que ça a un lien avec le bézoard ? C’est une pierre ça aussi il me semble. Mais non, je ne crois pas que ce soit ça. C’est surement une pierre qui brille vu le nom. Frénétiquement, je me mets à sortir les quelques notes que j’ai, les laissant rapidement traîner sur la table tout autour de moi. Ne trouvant rien pouvant m’intéresser, je vide mon sac et extraie de la pile le manuel de potion qui m’intéresse. Mécaniquement, je me mets à tourner les pages, mon cerveau s’égarant rapidement. Je veux faire des efforts, c’est ça le pire ! Sinon je ne serais pas là à essayer de faire un truc que je ne veux pas faire, et on peut dire que de manière générale, étudier est loin d’être une de mes priorités. Rare sont ceux qui m’ont vu le nez plongé dans un livre ou travailler à la bibliothèque. Après tout, j’ai une image à entretenir ! Mais j’ai également une promesse et un engagement. Je ne peux pas me défiler et surtout, je ne peux pas échouer cette fois. Bailey m’a bien fait comprendre cela … Toutefois, devenir un préfet m’a clairement donné un coup de pouce. En effet, la salle des préfets m’assure une tranquillité et une discrétion de taille. Je peux « travailler » à l’abri des regards. Ou en tout cas, essayer de m’y mettre.

Soudain, la porte de la salle s’ouvre et ne manque pas de me faire sursauter. Une bonne poignée de minutes a du s’écouler pendant lesquelles je fixais le mur, l’esprit totalement ailleurs, car lorsque je baisse les yeux sur mon parchemin, une grosse tâche d’encre s’est formée. Tenir sa plume à la verticale n’est pas une bonne idée. Ca n’aide pas à faire avancer une rédaction mais ça pourrit bien le parchemin. Grommelant, je sors un mouchoir pour éponger ça, ne prêtant pas vraiment attention à la personne qui vient de rentrer. Je n’aurai de toute façon pas eu le temps de cacher mon fatras et que les autres préfets me voient plancher sur un devoir est bien la dernière de mes préoccupations. Ce n’est pas d’eux que je me cache. De toute manière, ils sont tous des petits élèves studieux donc je parie qu’ils ne seraient même pas surpris. « Attend ... Killian Knight en train de bosser ? Si c'est un rêve, j'aurais préféré qu'il y ait un jacuzzi et des strip-teaseurs ! » Sauf elle, bien entendu. Cruz Rosewood. En même temps, elle est la seule de cette joyeuse petite bande a vraiment me connaître. Et comme par hasard, il faut que ce soit elle qui entre. « Ca peux toujours s’arranger, bella. La salle de bain des préfets est malheureusement fermée mais pour le reste… » Je lui envoie un clin d’œil espiègle en levant vers elle un visage railleur. « Enfin, même si je préfèrerai que ce soit l’inverse. » Je continue sur le même ton amusé. Cruz et moi nous connaissons depuis bien longtemps et avons dépassé la phase ambiguë entre un gars et une fille de notre âge, pour autant qu’il n’y ai jamais eu ce genre de phase. Nous connaissons le passé de l’autre et c’est suffisant pour nous déplaire tout comme pour nous rapprocher comme espèce d’alliés. « Tu travailles sur quoi ? » Etonnamment, repasser sur le sujet des études m’enchante un peu moins que la dragouille et les conneries amicales. Je me renverse sur ma chaise et regarde avec dégoût mon déchet. « J’essayais de faire une dissert’ de potions. Sur la pierre de lune. Et j’en ai une autre en Histoire de la Magie sur l’histoire des gobelins. Qu’est-ce que j’en ai à faire des gobelins hein ? Et encore plus de leur histoire et de leurs dates ! J’arrive déjà pas à me souvenir quand Dumbledore est mort … » Les cours je vous jure … Je ne comprendrai jamais pourquoi ils s’obstinent à vouloir nous enseigner des trucs parfaitement inutiles. Je suis sorcier moi, je veux pratiquer la sorcellerie, lancer des sortilèges et des maléfices, métamorphoser, me défendre contre les forces du mal, voir découvrir de nouvelles créatures magiques, pas réciter des dates d’histoires inutiles. Ravis de me détourner un instant de mon bordel, je me tourne vers Cruz pour l’observer. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Je lui demande de but en blanc en insistant sur le tu. Vient-elle elle aussi étudier dans le calme de cette salle ? Parce qu’avec moi dedans, elle risque d’être déçue et de ne pas vraiment avancer.

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Éphéméride

feat. Cruz & Killian

Les taquineries ont toujours été de mises entre les deux rejetons de l'assistance sociale. C'est donc tout naturellement que les bonnes vieilles habitudes reviennent lorsque Cruz aperçoit Killian dans la salle des préfets, d'autant qu'il se livre à une activité surprenante. Le préfet des Gryffondor accordant de l'importance à ses études ... Il y avait bien là de quoi cligner deux fois des yeux pour être sûr de ne pas avoir la berlue. C'est d'ailleurs ce sur quoi la Serpentard prend appui pour titiller son camarade, assurant que quitte à avoir une hallucination, elle aurait préféré voir des hommes à moitié nus. Une pique qui fait immédiatement mouche, comme elle l'espérait, puisque Killian lui répond du tac au tac. Une drague gentille et sans aucune ambiguïté, partie émergée de l'iceberg de leur histoire commune. Ils sont familiers parce qu'ils se sont connus avant que l'un ait du poil au menton et que l'autre porte des soutien-gorges, alors ce genre de taquinerie n'a pas d'impact sur leurs hormones. Et c'est tant mieux comme ça, si on pouvait éviter un Luca-Cruz bis ... Lorsque Killian suggère à demi-mot qu'il peut se débrouiller pour finir à moitié nu, tout en affirmant qu'il préférerait que ce soit elle qui se retrouve dans cette position, la brune ne s'offusque pas. Au contraire, cela l'amuse. D'autant qu'elle est persuadée que si son camarade avait voulu la voir dans une telle tenue, il aurait pu se débrouiller pour arriver à ses fins. « Allons, ne me dis pas que tu n'as jamais jeté un œil pervers dans la salle de bain des filles. Je suis même presque sûre que la momie t'a puni pour ça ... » Lui rappelle Cruz en lui renvoyant son clin d'oeil. La momie, c'est le surnom donné à la directrice de l'orphelinat où vit encore la préfète. Elle n'est pas en train de traiter son camarade de pervers, loin de là. Elle sait tout simplement qu'il arrive un âge où les garçons sont curieux de ce genre de choses, alors pensez lorsqu'ils vivent en communauté avec des filles du même âge ou plus âgées ... C'est le genre de choses qu'on apprend, dans cette jungle qu'est l'assistance sociale. Et on ne tombe pas toujours sur des enfants de cœur.

Passée la taquinerie, le sujet revient sur les études lorsque Cruz demande à son camarade sur quoi il travaille. Il faut dire que c'est si rare de le voir à pied d’œuvre. Le regard qu'il lance à son parchemin suffit à rassurer la jeune femme : c'est bien Killian Knight qu'elle a en face d'elle, pas de doute possible ! Cela l'amuse de le voir râler sur sa dissertation de Potions ainsi que sur celle d'Histoire de la Magie, matière connue pour être rarement la préférée des élèves. Il est vrai qu'entre apprendre de nouveaux sortilèges ou apprendre par cœur les décrets du code de la magie, le choix est vite fait. Amusée, l'Espagnole se permet de donner quelques éléments de réponse à Killian. « Il est mort le 30 juin 1997. Et pour les Gobelins, je te conseille de parler de leurs révoltes. Il y en a eu une au dix-septième siècle et une autre au dix-huitième. Ce n'est pas si barbant que ça en a l'air. » Cruz ne peut décidément pas réprimer ce sourire malicieux sur ses lèvres. C'est si amusant de le voir galérer sur son parchemin à cause des gobelins et de la pierre de lune. Après tout, la préfète n'a pas vraiment de mérite à connaître les informations qu'elle concède à son camarade : ces cours, elle les a déjà eu. Néanmoins, Killian finit par lui demander la raison de sa présence ici. Avec cette conversation, la brune avait failli oublier son objectif premier. « J'étais venue vérifier le planning des rondes, pour être honnête il y a une de nos collègues que je préfère éviter. » Répondit la jeune femme en s'approchant du tableau où sont notés les différents horaires et les personnes assignées pour effectuer les tours de ronde. Un souffle de soulagement : les Serpentards étaient avec les Gryffondors pour toute la semaine. Sans nommer directement la personne dont il était question, Cruz savait pertinemment que Killian devinerait de qui elle parlait. « Et par pitié ne me sers pas le baratin de tout le monde sur l'importance de notre cohésion ! Parce qu'après le coup qu'elle m'a fait à la réunion, je t'assure que j'ai juste envie de lui foutre mon point dans la figure ! » Un cœur qui s'accélère pendant que les yeux regardent le plafond. Cruz a besoin d'exprimer le fond de sa pensée à ce sujet : même si elle sait se contrôler, elle n'en reste pas moins une impulsive gamine bagarreuse de base. Et ça, qui de mieux que Killian pour le comprendre ?

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Ephéméride

Cruz & Killian

L’arrivée de l’Espagnole est un peu un cadeau tombé du ciel qui me donne une bonne raison pour me détourner quelques longues minutes de mes rédactions. Quand je vous dis que je ne suis pas fait pour étudier… Même le cosmos m’envoie des distractions dès que j’essaie de m’y mettre sérieusement ! Si ce n’est pas un signe ça … En tout cas, je n’ai pas besoin d’une autre excuse pour poser ma plume et remettre mon devoir à plus tard. Dans l’immédiat, je prends ma pause Rosewood, si je puis dire. Et je compte bien en profiter. Cela fait longtemps que je n’ai pas vraiment eu l’occasion de me retrouver seul avec elle. Pas comme si nous en avions besoin. Nous ne sommes pas les meilleurs amis du monde, mais notre passé en commun et les quelques troubles que nous avons traversé font que nous comprenons l’autre mieux que personne. Tout comme les petits secrets qu’il ne vaudrait mieux ne jamais divulguer sur l’autre. « Allons, ne me dis pas que tu n'as jamais jeté un œil pervers dans la salle de bain des filles. Je suis même presque sûre que la momie t'a puni pour ça ... » Je lâche un rire amusé. Ah, la belle époque. J’ai beaucoup été trimballé d’orphelinat en orphelinat et de familles en familles. J’en ai vu de toutes les couleurs et ce n’est rien de le dire. Je me suis donc retrouvé un certain temps dans cet orphelinat de Londres où j’ai rencontré Cruz. Je n’ai donc aucun mal à comprendre de qui elle parle quand elle mentionne la momie : cette vieille peau de directrice. Celle que j’ai le moins aimé et celle à qui j’ai failli faire faire une crise cardiaque. Mais je n’en éprouve aucun remords, ce n’est pas comme si ça aurait été une grande perte. « Un œil, un pied… Je n’ai jamais raté une occasion tu veux dire ! Mais malheureusement, tu n’étais jamais là. Il est toujours temps de remédier à ça non ? » Je sais pertinemment qu’on n’en arrivera jamais là et dans le fond, je respecte trop Cruz pour l’humilier à ce point. Ce n’est vraiment que de la rigolade et de la provocation. Tout plutôt que mes rédactions. « Ah la momie … Elle est toujours en vie ? Je ne lui manque pas trop ? L’orphelinat doit être tellement calme depuis que je suis parti ! » Pour être parfaitement honnête, cet endroit ne me manque pas du tout. C’était une période de ma vie que j’embrasse comme toutes les autres mais ce n’est pas comme si j’avais eu envie d’y aller. Ce n’est pas comme si j’avais eu le choix.

« Il est mort le 30 juin 1997. Et pour les Gobelins, je te conseille de parler de leurs révoltes. Il y en a eu une au dix-septième siècle et une autre au dix-huitième. Ce n'est pas si barbant que ça en a l'air. » Je lui lance un regard désabusé et parfaitement blasé. Bien sûr que si que c’est barbant ! A quoi ça sert de savoir tout ça ? Rien de chez rien ! L’histoire c’est pour les intellos et les Serdaigles. Je ne rentre dans aucune de ces catégories alors laissez-moi tranquille ! « Tu m’en vois ravi mais rien que de t’entendre m’en parler, ça me donne envie de bailler. » Je lâche un bâillement dédaigneux pour traduire mon ennui sur le sujet avant de reposer mon regard sur elle. « Et de toute façon, à quoi ça te sert de savoir tout ça ? A part prouver que tu es une petite intello ? » Non parce qu’on me donne une seule raison valable d’avoir ne serait-ce qu’une once d’intérêt pour ce genre d’informations. A quoi bon gaver son cerveau de détails aussi insignifiants et inutiles, hein ? La traiter de petite intello m’arrache un nouveau sourire railleur et j’attends avec impatience de voir comment elle réagira face à cette petite pique. Bien que nous ayons évolué dans le même genre de monde, rejetés par nos parents, traités comme de la merde et vivant avec presque rien, nous n’avons clairement pas développé les mêmes objectifs.

C’est bien beau de parler de moi mais je me retrouve à avoir envie de savoir ce que la jolie brune fait là aussi. Vu qu’elle n’a pas de bouquins sous le bras, son but ne devait pas être de trouver un endroit calme pour travailler. « J'étais venue vérifier le planning des rondes, pour être honnête il y a une de nos collègues que je préfère éviter. » Voilà qui est intéressant. J’hausse les sourcils tandis qu’un autre petit sourire étire mes lèvres. Je n’ai aucun mal à comprendre de qui elle parle. J’étais là pendant la réunion de préfèts. Pas très actif, plus attentif qu’autre chose, mais je n’ai pas manqué de remarquer que l’eau bouillait entre Cruz et Tracy. Je ne sais pas exactement d’où vient leur querelle mais venant de Cruz, ça ne m’étonne pas trop en fait. « Et par pitié ne me sers pas le baratin de tout le monde sur l'importance de notre cohésion ! Parce qu'après le coup qu'elle m'a fait à la réunion, je t'assure que j'ai juste envie de lui foutre mon point dans la figure ! » Visiblement elle en a gros sur la patate. Je vois presque la fumée sortir de ses oreilles. Rien que de mentionner son animosité avec la préfète Serdaigle, la vipère bout. Ca faisait longtemps que je ne l’avais pas vu comme ça. Depuis l’orphelinat en fait, quand j’avais assisté avec grand intérêt à l’une de ses bagarres avec l’une des filles de son dortoir. « Comme si j’allais te sortir ce genre de baratin. Tu te souviens qui je suis ou faut que je te rafraichisse la mémoire ? J’en ai rien à foutre de la cohésion. J’y crois pas du tout. On n’est jamais mieux servi que par soi-même. » Des exemples, j’en ai à la pelle. On fini toujours par se faire trahir d’une façon ou d’une autre par les autres qui crient à la solidarité ou à « l’union fait la force ». Si j’ai survécu dans mon enfance, je ne le dois qu’à moi-même. Certainement pas aux autres. « Qu’est-ce que t’attends au juste pour lui refaire le portrait ? Je t’ai connue plus impulsive que ça. » Et si elle continue comme ça, elle ne va pas tarder à exploser. Mais je ne demande qu’une chose : d’être là pour assister à ce spectacle. Je suis sûr que ça en vaudra le coup d’œil.

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Éphéméride

feat. Cruz & Killian

Cruz se remémorait rarement avec plaisir son passé à l'orphelinat où elle vivait encore actuellement. A dire vrai, elle essayait au contraire d'enterrer ses souvenirs au plus profond de sa mémoire et de ne jamais les faire réapparaitre. Cependant, avec Killian c'était différent. Il pouvait la comprendre sans la juger puisqu'il était passé par là lui aussi. La vie fait parfois drôlement les choses. Il y avait fort à parier que si les deux mômes ne s'étaient jamais rencontrés à l'orphelinat, ils ne se seraient sans doute jamais adressé la parole. Elle la perfectionniste, lui le je-m'en-foutiste : deux têtes à claques qui avaient pris des chemins différents qui convergeaient néanmoins en un point. Tous deux trainaient derrière eux des casseroles, de natures diverses mais qu'ils avaient posées dans un même lieu. Alors lorsque la taquinerie vient sur ce qui préoccupe le plus les adolescents et des rires se font entendre. D'accord, cet orphelinat est l'une des pires choses qui leur soient arrivées mais il fut aussi le théâtre de situations plutôt cocasses. « Je ne ferme jamais la salle de bain des préfets à clé quand je prends un bain, penses-y quand ils la rouvriront ... » Un sourire ponctué d'un clin d'oeil, la tentation d'un voyeurisme qui ne se produira jamais. Cruz a grandi : si avant elle se permettait de provoquer n'importe quel être masculin en utilisant ses charmes, désormais elle fait attention. Killian, elle le connaît. Il la taquine mais jamais il ne profiterait de la situation. Pas besoin de justification, elle le sent au fond d'elle. Des profiteurs, elle en a connu et ça n'a pas toujours été joli. Désormais elle sait les reconnaître. « Elle a eu du mal à se remettre de ton départ mais tu sais ce qu'on dit, les meilleurs partent en premier. Elle a encore de beaux jours devant elle. T'as de la chance d'avoir pu te casser de là. » Se souvenir avec émotion - ou pas - de cette chère directrice. Cruz était persuadée qu'elle avait un lien de parenté avec Voldemort : aussi aimable et bienveillante que lui. Même physiquement, on ne pouvait nier la ressemblance. La préfète enviait son camarade d'avoir eu la chance de ne rester que temporairement sous l'autorité de cette femme. Voilà bientôt dix-huit longues années que la brune la supportait et elle ne pourrait endurer dix-huit autres années ainsi. Vivement la fin du calvaire.

Ramener la conversation sur les quelques savoirs en possession de l'Espagnole, qu'elle venait de transmettre au préfet des Gryffondors pour l'aider dans sa dissertation. Cruz n'avait jamais peiné à apprendre ses cours, même en Histoire de la Magie qui avait pourtant la réputation d'endormir la plupart des élèves. Killian en faisait partie puisqu'il exprima immédiatement son envie de bailler en écoutant sa camarade parler des révoltes de Gobelins. Il ne voyait pas l'intérêt de ce savoir, contrairement à la jeune femme. Et non, cela ne lui servait pas à passer pour une miss je-sais-tout. « Ça m'évite de passer pour une écervelée. La connaissance est la clé de tout, toujours. Si tu l'associes à un peu de bon sens et de débrouillardise, tu peux aller loin. Je veux aller loin. » Dévoiler une ambition caractéristique de sa maison. Évidemment que la brune veut aller loin, le plus loin possible pour sortir de cette misère dans laquelle elle baigne depuis la naissance. Si elle n'avait pas été abandonnée, elle aurait sûrement dû faire moins d'efforts pour embrasser son destin.

Destin qui pourrait être compris par certains soupçons. Définitivement, la pilule ne passait pas : les attaques qu'elle avait subi à la réunion des préfets par nul autre que son amie Tracy restaient en travers de la gorge de Cruz. Cette dernière avait pourtant fait un énorme travail sur elle-même - aidée de Mattheus notamment - pour croire en la cohésion et en la force du collectif. Pour quel résultat au final ? Se prendre des reproches injustifiés par quelqu'un qu'elle croyait être son amie, quelqu'un qui n'était pourtant pas exempt de tout reproche. La brune mettait du temps avant d'accorder sa confiance et cette trahison n'était qu'une raison supplémentaire pour se montrer encore plus méfiante. De fait, lorsque Killian s'exclama qu'il n'en avait que faire de la cohésion et qu'on n'était jamais mieux servi que par soi-même. Des paroles que Cruz aurait tout à fait pu prononcer et ça faisait du bien de les entendre. « Bon sang, enfin quelqu'un qui me comprend ! Ras-le-bol d'entendre prêcher que nous devons être solidaire, nanani nanana. Quand les choses commencent à déraper, tout le monde se tire dans les pattes et la trahison vient souvent de ceux que tu pensais être tes amis. Comme cette bouffonne de Bennett qui retourne sa veste dès qu'elle le peut ! » Qu'est-ce qu'elle attendait exactement pour lui en foutre une bonne en pleine tête ? Parfois la Serpentard se le demandait. Mais elle se devait d'être plus maline qu'impulsive, ne serait-ce qu'une fois dans sa vie. C'est à une Serdaigle qu'elle avait affaire alors il valait mieux avancer ses pions avec prudence et stratégie. « Si elle me cherche trop, ça arrivera. Pour l'instant, je préfère éviter de tendre le bâton pour me faire battre. L'ignorance est le plus grand des mépris et, pour être sincère, j'ai d'autres chats à fouetter. » Et c'était vrai, il fallait également que Cruz se préoccupe un peu d'elle-même. Elle avait un avenir à bâtir et cela n'allait pas être simple. En juillet, elle allait devoir quitter l'orphelinat : plus de toit gratuit ni de dotation du Ministère. Il faudrait qu'elle s'organise et surtout qu'elle réussisse à obtenir une bourse pour l'Université. Les badges rouges, le reste, c'était le cadet de ses soucis.

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