Son sourire s'efface un peu sans que je comprenne vraiment pourquoi. Qu'est-ce que j'ai dis qui mérite ce changement. Est-ce que c'est parce que je donne l'impression d'avoir envie de gérer sa vie de A à Z ? Ce serait un peu ridicule vu qu'on est en plein dans l'exagération et que je ne sais pas franchement ce qu'il compte faire en sortant de Poudlard. Passé un temps, il voulait travailler comme photographe pour la gazette mais à chaque fois qu'on a réaborder le sujet, il disait constamment qu'il s'était grillé là bas et qu'il était persuadé de ne plus avoir cette possibilité. Du coup j'avoue que pour moi, son avenir est assez flou et j'imagine, comme j'ai pu vaguement le comprendre, que c'était aussi le cas pour lui. Il tente de passer un examen moldu, pour pouvoir avoir une chance de réintégrer ce monde si l'occasion se présente mais parfois je me demande s'il en a vraiment envie. C'est vrai, l'ensemble des possibilités qu'il avait l'an dernier s'apparentait toujours au monde magique. Mais peut-être suis-je totalement à côté de la plaque et que nos disputes et notre éloignement de ce début d'année m'ont fait rater des décisions importantes qu'il a prise dans sa vie. En toute honnêteté, cela ne m'étonnerais guère, j'ai l'impression que cela fait des années qu'il ne m'a pas parlé ouvertement de sa vie et de ses projets et parfois je me demande s'il le refera un jour. En a-t-il seulement l'envie ? Après peut-être que je me fais des idées et que ce changement d'attitude ne vient que de la surprise de m'entendre parler d'avenir aussi ouvertement avec lui. Mais n'est-ce pas ce que l'on fait quand on est en couple ? Encore que là, nous plaisantons, mais fond, ne serait-ce pas le moment de commencer à se demander ce que sera notre vie après Poudlard ? Je ne m'attends pas à ce qu'on adopte un gamin dès nos examens terminés, je ne suis pas fou à ce point là, mais il n'empêche que ça serait bien de savoir ce qu'on attend du futur. C'est bien joli de dire qu'on s'aime et qu'on ne voit pas sa vie l'un sans l'autre mais si ce que nous voulons ne correspond pas aux projets d'avenir de l'autre, on fait quoi ? Parce que clairement, s'il me dit qu'il n'a pas envie d'enfants, je ne suis pas sûr que ça me conviendra. Peut-être qu'au début, je prétendrais que ce n'est pas grave, que tant qu'il est là, c'est tout ce qui compte et au fond je le penserais. Mais je sais qu'il me manquera quelque chose et que je finirai par lui en vouloir de me priver d'un avenir que j'aurai vraiment voulu avoir. Il est en droit de ne pas avoir envie d'avoir d'enfants, que ce soit avec moi ou avec n'importe qui, mais j'ai aussi le droit d'attendre autre chose de mon côté. J'imagine que ce n'est pas le lieu pour parler de tout ça, mais il n'empêche qu'un jour, il faudra qu'on en parle. Si nos disputes continuent et qu'en plus on n'a pas la même vision du futur, ne serait-ce pas le signe qu'on s'acharne pour rien ? ”TADAAAAM !" Criais-je en essayant de garder le même ton amusé qu'au début "Je ne savais pas trop comment te l'annoncer mais puisqu'on en parle .... Je suis enceinte !" L'avantage d'être un garçon, c'est qu'on sait d'avance que ce n'est pas possible et que c'est forcément une plaisanterie. Aucun doute n'est envisageable et cela ne peut pas se transformer en mauvaise blague. Quant à savoir si j'ai envie d'avoir des gosses maintenant ? La réponse est évidemment non. Avec tout ce qu'il se passe en ce moment, je n'arrive pas à savoir si je survivrai demain et au delà de ça, je n'ai que 17 ans, que voulez-vous que j'apporte à ce gamin ? On n'a pas fini nos études, on n'a pas de travail et on a déjà bien du mal à s'occuper de nous-mêmes, alors qu'une tierce personne ?

Là où j'avais la sensation qu'il y avait un peu de tension sans que je comprenne pourquoi, je ne la ressentais plus maintenant. Et vu que je n'avais pas envie de me prendre la tête ce soir pour essayer de comprendre le pourquoi du comment, je préférais continuer sur mon délire. Mais Monsieur avait décidé de ne pas avoir envie de comprendre mes sous-entendus, ce qui était fort désagréable. Je sais que je suis nul pour faire des sous-entendus et que draguer était loin d'être mon fort mais s'il pouvait faire l'effort de rentrer dans mon jeu pour comprendre où je voulais en venir, ça m'aiderai grandement. Parce qu'il m'était difficile de dire clairement que mon idée c'était de s'envoyer en l'air. Vous comprenez, dans mon monde, ça ne se faisait pas et puis vous imaginez s'il me dit que lui ça ne l'intéresse pas ? La honte. Bon, c'était fort peu probable, on ne va pas se mentir, mais quand même le risque zéro n'existait pas. En théorie, si on voulait rester rationnel, on se dirait que si on est ensemble, c'est bien que physiquement on se plait et jamais il ne m'a laissé penser qu'il ne me désirait pas. Mais en même temps, notre vie étant assez compliquée ces derniers temps, cela fait un moment qu'on ne s'est pas envoyé en l'air. Alors la question est finalement assez légitime. Le veut-il encore ? Mais pourquoi s'acharner à vouloir rester avec moi si le désir n'est plus ? Beaucoup de doutes encore qui subsistent. J'imagine que ça sera le cas jusqu'à ce que notre relation se stabilise et reprenne un cours normal. Pour le moment nous sommes dans un entre deux. Nous ne nous disputons plus, mais nous ne pouvons pas réellement dire qu'on n'est fait beaucoup de pas l'un vers l'autre. Mais il faut un début à tout ! Afin de préciser ma pensée, j'essaye de faire passer mon message à travers une idée de jeu. J'ignore si ça sera très clair, mais au vu de sa façon de réagir, j'aime à croire que je suis sur la bonne voie. "Evidemment ! Il est de mon devoir de perpétuer mes traditions locales en te les faisant découvrir !" Je doute que ce genre de "traditions" soient exclusivement de chez moi, mais on dira que oui pour l'occasion.

La suite de la soirée devient de plus en plus intéressante. Nous finissons de manger notre tarte et au lieu de passer au dessert, qui ne me tente pas plus que ça, sans même savoir ce que c'est, nous rejoignons ensemble le canapé. Plus précisément, je l'entraine sur le canapé pour un tête à tête accompagné de câlins. Etant donné que ça fait une éternité que ça n'est pas arrivé, j'ai l'impression qu'aucun de nous deux ne se fait vraiment prier. D'abord, assis, je m'allonge sans rechigner tandis que Dan se place au dessus de moi. Ses lèvres trouvent d'abord les miennes, avant de glisser lentement sur l'ensemble de mon visage. Tout en profitant de ce moment, je laisse glisser une de mes mains sur son visage, longeant son cou et son dos avant de glisser sous sa chemise pour que la pulpe de mes doigts soient au contact de sa peau. Je le sens frissonner sous mon contact et cela me tire, sans trop que je m'en rende compte, un sourire. Il glisse sa propre main sous ma chemise pour laisser ses doigts glisser sur mon ventre. Ca lui a manqué. "Et moi donc !" Dis-je simplement tout en retrouvant ses lèvres pour un langoureux baiser. Mes caresses sont d'abord légères, avant de devenir un peu plus insistantes, pressées par le désir. Il s'est allongé sur moi et nos jambes sont entremêlées. Je glisse mon visage dans son cou pour le couvrir de baiser, tandis que mes doigts essayent, à l'aveugle, de défaire sa chemise. C'est bien plus maladroit que romantique, on ne va pas se mentir. Mais je finis par arriver à mes fins, non sans ressentir une pointe de fierté !

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Notre conversation est perturbante. Aussi rassurante qu’un peu gênante. L’idée d’un avenir avec lui me fait toujours autant envie, évidemment, mais je crois qu’elle a jamais été aussi incertaine en même temps. C’est bizarre, d’ailleurs. J’ai toujours été prêt à me projeter sérieusement, je crois qu’au bout d’un ou deux mois, j’aurais tout plaqué pour le suivre s’il me l’avait demandé mais en ce moment, je crois pas vraiment que je le ferais encore. Je dis pas que j’ai pas l’intention de m’installer avec lui en sortant de l’école si on en a l’occasion, loin de là !, seulement que je le ferais un peu plus égoïstement que j’aurais pu le faire jusque là. Je ne ferais rien seulement pour ses beaux yeux et je me demanderais sérieusement si ça me va, à moi, ou non. Ce que j’ai jamais trop fait quand il était concerné, en réalité. Je sais pas si j’ai eu tort ou non. Avant, j’aurais toujours dit que non, parce que du moment où on était ensemble et qu’il allait bien, ça me convenait forcément… Cette année en revanche, elle me laisse un goût trop amer pour le penser encore. J’ai salement merdé, même. Dans le genre connerie, ça se pose là. Et en vrai, c’est probablement la seule de ma vie que je ne recommencerais pas si on m’en donnait l’occasion. J’ai trouvé du positif dans toutes les autres, même si c’était foireux et que j’en ai chié, mais là, je suis incapable de percevoir rien qu’un peu… Je subis littéralement ma vie depuis la rentrée. Voire un peu avant… « TADAAAAM ! » Sa bêtise me fait rire alors que je le pousse tendrement en mode « non mais t’es trop bête ». Tu parles d’un tadam ! S’il y avait rien qu’une petite chance que ça soit vrai, j’aurais sûrement été en train de chercher un moyen sûr et efficace de me pendre ! « Je ne savais pas trop comment te l'annoncer mais puisqu'on en parle... Je suis enceinte ! » Je lui tapote le ventre avec taquinerie. En vrai, ça, ça me ferait un peu chier, je crois. Pas qu’il soit enceinte, hein, mais de pas pouvoir voir ma copine s’arrondir et tout. Je sais pas vraiment comment ça se passe, en réalité, mais ça me fait clairement penser à « je continue ma vie le plus normalement pendant neuf mois et PAF! un matin y’a un môme ». Peut-être que je me plante lamentablement (j’espère) mais je trouve ça un peu triste quand même… « T’as de la chance que je sois éperdument amoureux de toi et prêt à fermer les yeux sur tes infidélités mon amour, parce que sans quoi, j’crois que je commencerais par te demander de qui il est, ce gamin ! » Parce que, sauf erreur de ma part, c’est pas en dormant sagement l’un à côté de l’autre qu’on risque de se retrouver à la tête d’une famille nombreuse ! Je lui tire doucement la langue, un sourire chieur sur les lèvres.

On perd finalement bien vite le fil de notre soirée. Au diable le dîner, le réveillon, absolument toute la symbolique de ce tête-à-tête. Et c’est loin d’être pour me déplaire. Monsieur prend les choses en main et m’arrache à ma chaise. Je me laisse faire, le rejoignant docilement sur le canapé. Et puis… ça dérape un peu. Des baisers, des caresses… Ça m’a manqué. Affreusement manqué même. Si je peux composer avec tous les changements de notre vie, plus ou moins, je crois que c’est définitivement le plus compliqué. Toujours être obligé de réfléchir avant de jouer tendrement mon rôle de petit-ami (de m’en empêcher, pour être plus juste…), c’est pesant. Alors là, honnêtement, j’en profite autant que possible ! Et on peut continuer jusqu’à demain si le coeur lui en dit, je suis totalement partant ! Sa peau glisse enfin sur la mienne. J’ai l’impression que ça fait une éternité. Je frissonne à n’en plus finir. Mon coeur s’emballe à chacun de ses gestes. Je me sens con mais il faut bien avouer que j’adore ça. « Et moi donc ! » Il ne me laisse pas le temps de réagir que ses lèvres prennent à nouveau possession des miennes. C’est grisant. Toutes les embrouilles et les difficultés qu’on a pu traverser, à cet instant précis, n’existent plus. On s’en fout. Je ne sais pas si c’est la cheminée pas loin ou quoi mais il fait une chaleur incroyable tout-à-coup. Et comme s’il lisait dans mes pensées, ses doigts commencent à s’en prendre aux boutons de ma chemise. Je trouve ça flatteur. Ça me tire un sourire attendri. J’aime son initiative. « C’est pas très réglementaire, ça, M’sieur le Préfet… » La fin de ma bêtise se perd dans un gémissement étouffé alors qu’il se met à déposer mille et un baisers dans mon cou. Je m’en laisserai juste jamais. Et je crois qu’il le sait. J’ai du mal à me concentrer sur sa progression mais les boutons finissent tous par céder. Sans attendre, je gigote un peu pour me débarrasser du bout de tissu inutile. Mes lèvres retrouvent les siennes sans cacher leur envie tandis que mes mains entreprennent d’imiter les siennes. Je ne suis pas plus efficace que lui, mes gestes trop tremblants et trop empressés pour que ça puisse être le cas mais je m’en fiche éperdument ! Doucement, je finis par m’éloigner un peu. Juste un peu. Assez pour plonger mon regard dans le sien. Ça donne toujours envie de s’y noyer. C’est le garçon le plus incroyablement magnifique de cette école. De cette planète. Et même de l’univers tout entier. Je dois avoir un sourire con, les lèvres échauffées par nos échanges, et les yeux le suppliant de me faire l’amour là maintenant tout de suite. Je finis par détacher le dernier bouton avec une lenteur affolante et laisse mes doigts courir sur son torse. « Tu devais m’expliquer les règles de saute-mouton, je crois. » J’ai beau tenté de prendre l’air le plus innocent du monde, je me fais pas d’illusion, ça ne trompe personne.

J’essaye de ne pas trop penser, de rester dans le moment présent et de profiter de tout ce qu’on peut vivre ensemble. Cela fait tellement longtemps qu’on n’a pas vécu un moment en tête à tête agréable que je n’ai pas envie de tout gâcher. Je pars demain matin et je veux pouvoir repenser à cette soirée durant toutes mes vacances et que cela me donne la force de revenir, plus fort que jamais. L’année a été particulièrement pénible et je sais que j’ai vraiment besoin de ces vacances pour souffler un bon coup et faire le point. J’ai besoin de me poser chez moi et d’essayer de tout faire pour vraiment arranger les choses entre nous, parce que l’idée de le perdre m’est intolérable, pourtant elle s’impose à moi chaque jour depuis le début de l’année, presque comme une évidence. J’ai l’impression que quoi que je fasse, ça ne s’arrangera jamais vraiment. En a-t-on seulement envie ? C’est vrai, si les choses ne s’arrangent pas, c’est bien qu’on doit avoir une part de responsabilité dans l’histoire. Je sais que je suis en parti responsable de ce qu’on a vécu. La situation était tellement inquiétante que je me suis plongé à corps perdu dans cette histoire, au détriment de notre couple. Et que malgré le fait que j’ai essayé d’arranger les choses, je n’ai pas fait beaucoup d’effort pour lui montrer que je tenais à ce qu’on avait. Et c’est parce que j’en suis conscient que je veux absolument changer les choses. Que ça marche ou non, au moins j’aurai essayé. Mais le problème ne vient pas que de moi, il a aussi sa part de responsabilité et j’espère qu’il en est conscient. Depuis qu’il est revenu, j’ai l’impression que quoi que je dise ou quoi que je fasse, ça ne lui ira pas. Est-ce qu’il m’en veut d’être revenu ? Parfois je me le demande. Je sais qu’il regrette. Sans qu’il est besoin de me le dire, cela se voit comme le nez au milieu de la figure, mais s’il est là, c’est parce qu’il l’a voulu et pas parce que je l’ai forcé à revenir. Est-ce que c’est pour ça qu’il a pris en grippe Felicia ? Peut-être. Je le sais jaloux, je le suis tout autant, mais j’ai toujours tout fait pour le rassurer et lui expliquer que jamais il n’arrivera quoi que ce soit entre nous. Je sais qu’on a passé beaucoup de temps ensemble et que ça a pu lui donner de fausses idées, mais j’ai été extrêmement patient quand Wendy lui tournait autour et qu’ils passaient beaucoup de temps ensemble pour son concours alors qu’il savait qu’il lui plaisait, j’aurai aimé qu’il me rende la pareille cette fois-ci et qu’il me fasse confiance. Je trouve ça un peu injuste qu’il estime être en droit de fréquenter toutes les filles de cette école, même celles qui craquent pour lui sans que je n’ai rien à redire parce qu’il est fidèle, mais que quand j’ai le malheur de parler trop longtemps avec une fille, ça soit la révolution dans notre couple. Et puis depuis la rentrée …. voire même depuis plus longtemps, il ne se confie plus à moi. J’ai l’impression que la seule chose de personnelle qu’il ait pu me dire depuis des mois, voire depuis plus de 1 an c’est qu’il m’aime. Et c’est frustrant, parce qu’aimait une personne, ça ne suffit pas pour construire quelque chose et que s’il continue à s’obstiner à me tenir à l’écart de sa vie, je doute qu’on arrive à construire quoi que ce soit et c’est clairement le mur qui nous attend.

Mais je n’ai pas envie de parler de tout ça ce soir. Pour une fois qu’on s’entend bien tous les deux, je n’ai pas envie de tout gâcher inutilement, surtout si c’est pour que ça se finisse sur une dispute dont notre couple ne se remettra pas. C’est bête, parce qu’il faudra bien qu’on arrive un jour à en parler, mais juste pas ce soir. Ce soir, je veux rire aux éclats, je veux avoir mal aux joues tellement je lui aurais sourit bêtement et je veux ressentir des palpitations dans l’estomac. Je veux ressentir les effets positifs de l’amour, je pense qu’on a assez donné pour les effets négatifs. Qu’on se rappelle au moins pourquoi on s’acharne autant, histoire de nous donner des forces de continuer. Alors je lui raconte une connerie plus grosse que moi. Etant donné que je ne risque pas de tomber enceinte, je peux bien plaisanter sur le sujet. Et je dois avouer que l’entendre rire ou de le voir me pousser gentiment comme il l’a fait me fait me dire que j’ai bien fait. Ca fait du bien de rire mais c’est encore plus agréable de l’entendre rire et se détendre autant. J’ignore si c’est le cas où si c’est feint mais en tout cas moi j’y crois. Et vous ne pouvez imaginer le plaisir que j’ai pu ressentir à l’entendre me dire qu’il est éperdument amoureux. Il écrit souvent qu’il m’aime et ça me fait toujours quelque chose, mais là, c’est un peu comme si ça devenait vraiment réel. Pourtant ça l’est toujours, c’est évident, mais d’ordinaire, je crois que ça rassure plus qu’autre chose. Alors que là, c’est dit vraiment. Il m’aime éperdument. Je sens mes joues rougir et je dois vraiment avoir un air plus que débile tellement ça me fait quelque chose. Voilà pourquoi je me bas, pour entendre des choses comme ça. ”Je suis peut-être la nouvelle Sainte Vierge si ça se trouve. Immaculée conception !" Dis-je en caressant mon ventre presque tendrement, comme s’il abritait un heureux événement. Je pourrais prétendre que j’ai une aventure avec n’importe qui dans le château, vu que ce n’est pas vrai, à mes yeux je ne risque pas grand chose, mais je n’ai pas envie qu’il puisse le croire une seule seconde. Autant je suis prêt à plaisanter sur cette fausse grossesse, autant je ne plaisanterai pas sur une fausse liaison. Que ce soit avec un autre garçon ou une fille, c’est au dessus de mes forces et j’aurai bien trop peur que cette idée le hante derrière. Je ne le trompe pas et le fait que nous n’ayons pas eu d’intimité depuis très longtemps ne change rien au fait que j’ai envie ou que j’ai eu envie d’aller voir ailleurs. Alors certes, ça me manque de ne pas pouvoir être intime avec mon petit ami et j’aimerai qu’on puisse le devenir plus à l’avenir, mais je n’ai pas envie de forcer les choses. J’ignore s’il en a envie de son côté et j’ai pas envie de le faire à la barbe de Keagan sous prétexte que je suis en manque. Peut-être qu’une fois que ça ira mieux entre nous, on trouvera un endroit pour retrouver vraiment notre intimité de couple, l’espoir fait vivre du moins.

Nos rires finissent par s’éteindre pour laisser place à quelque chose de beaucoup plus intime et passionné. Est-ce que j’avais prévu de m’envoyer en l’air avec mon copain ce soir ? Non. En vrai j’ignorais ce qui m’attendais, tout ce que j’espérais, c’est que ça se passe bien et malgré un début tendu, les choses n’ont fait que s’améliorer pour en arriver à cet instant. Et si j’avais un doute sur le fait que Dan pouvait encore me désirer, ce doute vient d’être balayé d’un revers de main pour mon plus grand plaisir. Et j’espère sincèrement que ses craintes ont été balayé aussi parce que tout en moi brûle de désir pour lui. J’ignore si on ressent un manque de pratique en me voyant ou si c’est juste le désir ardent que j’éprouve pour lui qui rend mes gestes maladroits, mais je dois être bien ridicule en cet instant à galérer autant avec ces maudits boutons. Qui a inventé ça sérieux ? Pourquoi on ne porte pas des chemises à pression ? Ca irait tellement plus vite pour la mettre en l’enlever, on devrait imposer ça dans le règlement et je suis prêt à militer pour ça. Je finis enfin par arriver à mes fins, non sans une once de fierté et l’entendre me dire que ce n’est pas très réglementaire me fait sourire. "Je ne fais que vérifier si ton uniforme est conforme aux règles de l’école… Je ne suis qu’un préfet très très impliqué !" Dis-je en prenant un air innocent, sans franchement savoir si c’était crédible trente secondes. Je ne perds pas plus de temps et m’attaque à son cou en le couvrant de baisers. C’est que j’ai du travail moi, ça serait bien qu’on le respecte un petit peu plus. Je le sens gigoter pour retirer totalement sa chemise. Que c’est agaçant cette chemise, je ne pensais pas qu’un simple bout de tissus pouvait être si gênant. Une fois libéré de son fardeau, il revient déposer ses lèvres sur les miennes, tandis que ses mains étaient en train de s'affairer à retirer ma chemise. Je constate un peu distraitement qu’il a autant de mal que moi, ce qui me rassure un peu, je me sens moins seul et c’est étrangement d’autant plus grisant que l’on soit dans le même état tous les deux. Il finit par s’éloigner de quelques centimètres, ce que j’approuve qu’à moitié. Aurait-il changé d’avis ? Parce que ça serait cruel que ça s’arrête en si bon chemin. Je sens son regard se plonger dans le mien et je ne peux m’empêcher d’en faire de même. Il est quand même sacrément beau. Je ne pensais pas qu’un jour je serais capable, moi, le petit Milo, de pouvoir séduire une personne comme lui. Je peux concevoir que beaucoup de gens pensent que je glisse de l’amortentia dans son verre tous les jours tellement il est peu probable qu’il ait pu tomber naturellement amoureux d’un mec comme moi … et pourtant si. Un jour peut-être je comprendrais ce qui lui plait tant chez moi. Mais pour le moment je m’en fous et j’en profite. Au moment où il arrive enfin à détâcher ma chemise, je sens ses doigts glisser sur mon ventre et il me demande d’un air innocent de lui expliquer comment on joue à saute mouton, ce qui me tire un rire débile. Non mais je vous jure ! "D’accord !" Lui dis-je sans trop savoir ce que je vais pouvoir lui raconter comme connerie. Sans trop crier gare, je le bascule sur le côté pour passer au dessus. C’est un exercice périlleux parce que nous ne sommes pas dans notre lit mais sur un canapé et qu’on a plus de chance de se casser la gueule qu’autre chose. Mais qu’importe, j’arrive malgré tout à mes fins et me voilà au dessus. "C’est un jeu qui se pratique sans vêtement … Ce n’est pas moi qui ai inventé les règles !" Dis-je le plus innocemment possible, tout en glissant mes doigts sur son pantalon pour entreprendre de l’enlever. Ce n’est pas moi qui le demande, c’est comme ça que se joue le jeu vous savez !

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Ce soir, j’ai l’impression de nous retrouver un peu, de retrouver la complicité qu’on avait jusque là. Je ne sais pas vraiment si c’est le manque, savoir qu’il va partir ou juste les réminiscences d’un truc qui nous a jamais vraiment lâché et honnêtement, j’ai pas très envie de chercher. Même si j’ai du mal à mettre totalement de côté l’abandon à venir et tout le reste, j’arrive à composer avec. À oublier un peu. L’ambiance est légère, agréable. Je passe vraiment une bonne soirée et je crois que ça se voit. Je ne cherche pas à lui faire payer son départ ou quoi, bien au contraire. Que je le vive mal, c’est une chose (et je pense qu’il me connait assez pour savoir que ça m’atteint bien plus que je ne le laisse paraître — j’espère en tout cas) mais il est hors de question qu’il le vive mal aussi. J’ai juste envie qu’il quitte Poudlard en étant délesté d’un poids. Qu’il le fasse l’esprit tranquille. Enfin, aussi tranquille que possible. Et j’espère quand même que ça fonctionnera un peu. On glisse sur une nouvelle plaisanterie, je l’y suis sans broncher. Et ses joues finissent par se teinter un peu. Mon sourire s’agrandit. Je ne sais pas exactement ce qui lui fait plaisir dans la bêtise que j’ai raconté encore, mais je vais certainement pas m’en plaindre ! J’aime le voir comme ça. J’aime à croire qu’il est heureux, ne serait-ce qu’une seconde. C’est le genre de détails qui me rappelle sans mal pourquoi je m’accroche encore à notre histoire. Son sourire fait naître des fourmillements au creux de mon ventre. Je me sens bien. « Je suis peut-être la nouvelle Sainte Vierge si ça se trouve. Immaculée conception ! » Je ris de plus belle en l’entendant. Non mais sérieusement ! À d’autres, hein ! Je lève un sourcil amusé autant que dubitatif. « La nouvelle Sainte Vierge…? T’es sûr…? » Mon copain est un vilain menteur, ce soir… « Sainte, je dis pas, mais pour le reste… C’est pas trop ce dont je me souviens. » Un nouveau rire m’échappe. Ça me rappelle des bêtises de nos débuts, j’ai plus exactement tout en tête mais il était question de sa chasteté perdue et accrochée au mur… Quelque chose comme ça… C’est toujours rassurant de trouver des parallèles entre les jours où tout allait pour le mieux entre nous et maintenant… Peut-être que rien est insurmontable, en fin de compte…?

Lentement, nos conversations s’éteignent. Les barrières qui se sont installées entre nous ces dernières semaines tombent une à une. J’en espérais pas tant, pour être honnête. J’avais juste envie qu’on passe une bonne soirée. Même pas… Pour être honnête, j’avais juste envie qu’il passe une bonne soirée. J’aurais jamais pu imaginer qu’on emprunterait ce chemin-là. Tout au mieux qu’on évite Keagan jusqu’à demain… Mais non… Il se met à me déshabiller, le plus naturellement du monde. Comme si rien avait changé. Chacun de ses gestes me tire un frisson. « Je ne fais que vérifier si ton uniforme est conforme aux règles de l’école… Je ne suis qu’un préfet très très impliqué ! » Je sais malheureusement à quel point c’est vrai… Et il faut bien reconnaître que je préfère cette implication là, tant qu’à faire ! C’est égoïste, je sais, mais ça me fait un bien fou d’être le seul objet de son attention, de savoir que, durant un moment, il ne pensera à rien ni personne d’autre. Je hoche la tête, un peu bêtement. « Heureusement que t’es là… » Si c’est amusé, il y a une part de vérité derrière cette phrase idiote. Je finis par l’imiter, prenant plaisir à retrouver sa peau sous mes doigts. Je le dévore des yeux sans me faire prier. Il est tellement attirant… Et je crois que le désir qu’il m’inspire se ressent sans trop de mal. Je termine mon travail et lui rappelle sa promesse de tout à l’heure… En réalité, je me fous royalement de son jeu et de ses règles, ce que je veux surtout, c’est lui faire savoir ce dont j’ai envie. Et j’ai envie de lui. Bien sûr, il s’en doute sûrement mais après des mois à vivre sur un fil, j’ai envie qu’il le sache vraiment. On est peut-être pas toujours d’accord, peut-être moins proches qu’avant mais je lui appartiens toujours. Rien qu’à lui. « D’accord ! » Il ne prend pas la peine de m’expliquer quoi que ce soit qu’il prend les rennes de notre rapprochement et retourne tant bien que mal la situation. J’étouffe un rire surpris, craignant de nous voir nous étaler lamentablement à cause du manque de place sur le canapé, mais non. J’aime quand il prend les choses en main, je le trouve d’autant plus excitant. Ses mains reprennent leur droit sur moi. « C’est un jeu qui se pratique sans vêtement… Ce n’est pas moi qui ai inventé les règles ! » Une fois de plus, je hoche la tête, je gigote dans l’espoir de l’encourager à se grouiller un peu. J’en rougis d’envie. Je tremble un peu. C’est difficile de s’imaginer que le monde vit encore quelque part dans le château. C’est comme s’il n’y avait que nous. Comme c’était le cas, avant. Chaque soir qu’on a passé ensemble dans notre dortoir me donnait l’impression que Poudlard était rien qu’à nous… Je détache sa ceinture à la hâte. J’ai du mal à me concentrer sur autre chose que lui. Mes gestes sont un peu flous, ma respiration toute saccadée… C’est juste grisant. Ça fait une éternité que je n’ai pas été dans un état aussi lamentable ! J’aime que ça soit à cause de lui que je perde ainsi mes moyens. Je galère un peu mais finis par exécuter ses ordres. Ses vêtements soigneusement choisis pour l’occasion ne sont plus qu’un lointain souvenir… « Je sens que ça va devenir mon jeu préféré… »

Le voilà qui doute de mes propos, c’est la meilleur ! Depuis quand on doute de ce que je peux dire, je ne mens jamais … enfin presque ! En vérité, je mens très rarement, autant parce que je déteste les mensonges et les vis mal que parce que je suis un très mauvais menteur. On n’y croit pas un seul instant, je me fais griller quasi à chaque fois. Je ne suis pas à l’aise avec le concept alors forcément, j’imagine que j’ai une bonne tête de coupable quand j’essaye. Et j’avoue que quand les gens y croient, ça me met encore plus mal à l’aise. Je me dis que quand ils savent que je mens, j’aurai au moins essayé et ça m’enlève un poids qu’ils s’en rendent compte même si ça signifie être dans les ennuis derrière. Mais quand ils croient ce que je leur dis, je me sens encore plus coupable, parce que ça veut dire que je suis en train de les trahir, qu’ils ont suffisamment confiance en moi pour ne pas douter de ma parole et que je pourrais leur faire gober n’importe quoi. Et là, c’est le début de la fin. Je me sens mal et bien souvent, j’avoue sans trop de mal, quasi sur le champ. Je ne veux pas vivre avec ça sur la conscience. Après je ne dis pas, je ne suis pas un saint, il m’arrive, dans certaines situations, de ne rien dire et de laisser passer mon mensonge, mais c’est souvent pour un sujet sans grande importance, qui ne fera de mal à personne. Comme par exemple ici. On sait tous les deux que je mens. C’est tellement gros que ce n’est pas crédible un instant et c’est pour ça que je continue sur ma lancée, l’air de rien, presque scandalisé. ”Évidemment ! Je suis peiné que tu en doutes !" Dis-je en relevant le menton comme si j’étais en train de bouder tel un enfant de 5 ans. Niveau crédibilité, zéro. Mais qu’importe, on ne fait que plaisanter alors ce n’est pas grave et puis ça se voit comme le nez au milieu de la figure que je ne boude pas, je n’arrive même pas à me retenir de sourire. Selon lui Sainte pourquoi pas, mais vierge, ce n’est pas dont il se souvient ! ”Tout ça parce que je ne suis pas né en Septembre !" Dis-je en roulant des yeux. Oui, argument nase mais qu’importe ? Je ne suis même pas sûr qu’il me suive sur ce terrain là. Mais qu’importe, ce n’est pas bien grave, je fais ce que je peux avec les non arguments que j’ai !

Son “heureusement que tu es là” me tire un sourire. Je ne suis pas sûr qu’il trouve que mon implication dans mon poste de préfet soit réellement une si bonne chose mais j’imagine que ce soir, ça ne le dérange pas tant que ça. Tant qu’elle le concerne lui et uniquement lui, ça doit le satisfaire. Et je ne lui en veux pas de potentiellement penser ça, c’est même totalement légitime. Après tous ces moments à s’ignorer ou s’éloigner, il est plus que normal de revenir aux bases même de notre relation : nous. Et on est très impliqué à la tâche, on ne pourra pas dire le contraire. Il veut qu’on revienne sur les règles du jeu de saute mouton qu’on pratique soit disant par chez moi. Je ne peux m’empêcher de rire un peu à cette proposition mais me prête sans trop de mal au jeu. J'essaie, maladroitement, de prendre les rennes de ce qu’on est en train d’entamer et je passe au dessus, non sans penser, un court instant, qu’on va finir par terre à trop s’agiter comme ça. Mais non, j’ai réussi, je ne sais trop comment, à le retourner pour passer au dessus et me voilà en train de lui expliquer qu’il faut qu’il enlève ses vêtements, que c’est un jeu qui se fait nul. Ce n’est pas moi qui ai inventé les règles, vous comprenez, j’essaie juste du mieux possible de les lui faire comprendre. Nous nous hâtons donc d’enlever nos vêtements, le peu qu’il reste. Tant mieux parce qu’il fait très très chaud. J’ai l’impression qu’on a monté le chauffage. Il me glisse que ça va devenir son jeu préféré et je ne peux m’empêcher d’en rire. "Quand on l’essaye on ne peut plus s’en passer !" J’essaye de le dire d’un ton séducteur, mais je ne suis pas sûr que ça fonctionne. Je parle du jeu, cela va s’en dire, mais ça pourrait aussi fonctionner pour moi. Enfin dans mes rêves les plus fous en tout cas, ça s’adapte aussi à moi. Quand on m’essaye, on ne peut plus se passer de moi. Je doute que ce soit franchement vrai. Au bout d’un moment, je dois certainement devenir juste un garçon très ennuyant, mais pour le moment il arrive encore à me supporter, j’imagine donc que je peux encore en profiter un peu. "C’est maintenant que ça devient intéressant !" Dis-je avant de plonger mon visage dans son cou pour le couvrir de baisers. Puis je descends lentement, pour parcourir son torse de mes lèvres. Mes caressesses se font de plus en plus pressantes et mes baisers de plus en plus brûlants. Et puis le jeu commence vraiment et je suis plutôt content qu’on soit dans une salle abandonnée, à un étage inoccupé au vu du bruit que fait ce vieux divan.

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AVATARS PAR old money. et hedgekey

Je n’arrive pas à me souvenir de la fois où je l’ai vu aussi détendu que ce soir. Ça doit remonter à loin. À mon anniversaire, peut-être ? Ou même à cet été ? Je ne sais plus vraiment… Mais ça fait une éternité. Peut-être que ce soir nous mettra sur un meilleur chemin ? J’aimerais, sincèrement. Retrouver nos soirées perdues dans des rires interminables, nos regards complices, l’impression de se comprendre sans avoir à ouvrir la bouche… Il n’y a rien que j’aimais plus au monde que d’avoir la sensation qu’il me connaissait mieux que personne (mieux que moi, parfois) et qu’il parvenait à lire en moi comme dans un livre. C’était rassurant. Comme l’assurance que c’était lui, qu’il ne pourrait jamais en être autrement… Mais là aussi, ça fait une éternité… Je sais que je ne lui facilite pas la tâche mais… mais tout de même. On ne peut pas vraiment dire qu’il fasse grand chose pour essayer malgré tout… Enfin qu’importe. Ce soir, c’est juste un retour aux sources. La bouffée d’air dont notre couple avait très certainement besoin. Ça ira mieux après. On repartira sur de meilleures bases. Enfin… J’espère. « Évidemment ! Je suis peiné que tu en doutes ! » Son numéro de boudage est particulièrement adorable, à défaut d’être crédible, et je ne peux m’empêcher de glousser un peu bêtement avant de glisser tendrement mes doigts dans ses cheveux dans l’espoir qu’il prenne mon geste comme un drapeau blanc. « Tout ça parce que je ne suis pas né en Septembre ! » Sur le coup, je comprends pas trop le rapport. Ça doit probablement se voir. Qu’est-ce que Septembre a à voir avec sa virginité ? Et puis d’un coup, ça fait tilt et l’illumination se peint sur ma tronche. Il a été la chercher loin, celle-là ! Je l’imite et lève les yeux au ciel, sans jamais me défaire de mon sourire idiot. « Je crois que ta défense touche le fond avec un argument comme ça ! » Mais c’est tout à mon avantage ! S’il a pas mieux, on peut en déduire aisément que j’ai raison ! Même si, en soi, on sait aussi bien l’un que l’autre que c’est le cas. Il paraît que j’ai détourné notre Sainte Vierge du droit chemin. Et il faut bien reconnaître que j’en suis totalement satisfait. Même si c’est pas toujours très simple, on a quand même un paquet de bons moments, autant de souvenirs qui me rappellent que me laisser prendre dans ses filets a été l’une des meilleures décisions de ma vie, au milieu de toutes les autres à chier qui nous font nous déchirer un peu plus chaque jour…

Et puis, doucement, les mots se font plus rares. Ils deviennent inutiles. Pour la première fois depuis longtemps, quelques regards suffisent pour qu’on se comprenne. Nos gestes parlent pour nous. On est sur la même longueur d’ondes. Et notre état somme toute similaire est probablement ce qu’on pourrait trouver de plus révélateur ce soir. Tous les efforts du monde qu’on pourrait faire pour passer un bon moment pourraient être forcés mais je doute qu’on puisse se retrouver attirés à un tel point l’un par l’autre s’il n’y avait plus rien. On peut traverser toutes les merdes possibles, ce qu’il y a entre nous parvient à survivre. Je ne sais pas comment, vraiment pas, mais je m’en fiche. Je retrouve doucement les sensations grisantes qui m’étaient quotidiennes avant. La façon qu’il a de me regarder, de me toucher… Je retrouve ma place dans son existence. Je me sens important, aimé, désiré… Ça m’en donnerait presque le tournis. J’espère qu’il réalise que c’est on ne peut plus réciproque. Qu’il n’y a plus que lui. Malheureusement, cette constatation est plus vraie encore que je ne l’aurais voulue… « Quand on l’essaye on ne peut plus s’en passer ! » Je hoche la tête et l’attire plus près, posant avec envie mes lèvres sur les siennes. Je veux bien le croire sur parole ! Même s’il faut bien avouer que ça n’a jamais vraiment été le but même de notre relation. C’est sûrement pas plus mal, dans le fond. J’avais envie de quelque chose de vrai, avec lui, basé sur autre chose que du cul. Je crois qu’on a plutôt bien réussi ! On serait probablement plus ensemble depuis des mois si ça n’avait pas été le cas. Il finit par s’éloigner à nouveau, m’arrachant un grognement aussi frustré qu’amusé. Je lutte pas et m’abandonne sur les coussins du canapé, profitant de ces quelques centimètres pour laisser mes doigts redécouvrir leur terrain de jeu préféré. « C’est maintenant que ça devient intéressant ! » Je vais pour lui dire que ça l’est depuis le début mais ses attentions me font rapidement perdre toute envie de relancer la conversation… Le monde cesse brutalement d’exister. Il n’y a plus que lui. Plus que nous. Plus que notre intimité qui nous a échappé trop longtemps. Je profite de chacun de ses baisers, tâche de lui rendre ses caresses comme il le mérite. J’ai envie qu’il comprenne combien il a pu me manquer toutes ces semaines. Que malgré tout ce qui se passe, les disputes, les silences, je l’aime toujours autant. Que certaines choses ne changent pas. Je crois pouvoir m’avancer sans trop de risque en disant qu’elles ne changeront peut-être même jamais…

Je réprime un frisson et me colle maladroitement à lui. Maintenant que le désir brûlant qui nous consumait s’est un peu calmé, il ne fait plus très chaud. En vrai, je m’en fiche pas mal. Au pire, Lennox se délestera d’une fiole de pimentine demain matin… J’ai un mal fou à me défaire de mon sourire et à détacher mon regard de son visage. J’ai l’impression de flotter un peu, c’est agréable. Je suis pas en mesure de penser à grand chose, seulement de laisser le film de notre soirée repasser tranquillement dans mon esprit embrumé. Je laisse quelques caresses abstraites sur son torse et lâche un soupir de bien-être. Je crois que rien ne pourrait être plus vrai que ça, à cet instant précis : je suis bien. Pendant un moment (deux petites heures, peut-être plus) j’ai retrouvé mon petit-ami. Purement et simplement. Et je ne parle pas seulement de sa délicieuse revisite de saute-mouton, non, mais de la légèreté de notre relation, de notre capacité à nous entendre à merveille, de nos rires stupides et de cette impression géniale d’être auprès de la bonne personne. « Pourquoi on abandonne pas Keagan plus souvent, déjà…? » Je regrette qu’on ait attendu quatre mois pour s’autoriser une soirée en tête-à-tête. Si elles étaient toutes à la hauteur de celle-ci, c’est quand même un gâchis incroyable ! Mais peut-être qu’on pourra se rattraper à l’avenir ? Ne serait-ce que pour se retrouver sans crainte des regards et des perturbateurs. Être nous-mêmes quelques minutes. Se rapprocher si on en a envie, glousser comme des dindes sans avoir peur de déranger. « D’ailleurs… » Je me redresse légèrement et repousse une mèche de cheveux collée sur mon front. « Je crois qu’on a dépassé le couvre-feu. » Il n’y a pas l’ombre d’une honte dans mon regard. Je m’en fiche. Je ne viole pas souvent le règlement mais j’avoue que là, ça ne me dérange pas. C’était pour la bonne cause. Je le recommencerai sans problème. « Ça se passe comment dans ces cas-là ? Je finis en retenue et c’est toi qui surveilles…? » J’affiche l’air le plus innocent que j’ai en stock et croise les doigts pour que l’idée soit approuvée. Si ça nous permet quelques heures loin de l’univers tout entier, je veux bien devenir le pire cancre de l’histoire de Poudlard…

La tension entre nous est redescendue et ça fait un bien fou. J'ai l'impression que cela fait une éternité que nous n'avons pas passé un moment simple, sans prise de tête et sans faire attention à ce qu'on dit ou ce que l'on fait. Toujours faire attention à ce que l'on va dire, aux gestes que l'on va faire, aux décisions que l'on va prendre, pour ne pas vexer l'autre. C'est tannant, vraiment. Et en même temps, je crois qu'inconsciemment, on s'y était habitué. Moi en tout cas, c'était presque devenu une routine. C'est triste non ? De se dire que pour rester avec son copain, il faut être à moitié heureux. Parce que clairement, nous n'irradions pas de joie ces derniers temps à être ensemble et on n'apparaissait très certainement pas comme un couple heureux et épanouie. J'imagine que les autres se disent qu'on s'accroche certainement pour rien et que tout ce qu'on tente de préserver, finira par s'écrouler. Peut-être ont-ils raison, je l'ignore. Pour le moment j'ai envie de croire qu'on remontera la pente, qu'on est juste dans une période down. Ce n'est pas la première, j'imagine nous connaissant que ce ne sera pas la dernière. Mais si on est encore ensemble, c'est bien parce qu'à côté de ça, on est capable d'avoir de super moments ensemble. Des moments sur lesquels ont s'accrochent quand ça ne va pas. Et j'aime à croire que ce moment en deviendra un. Un souvenir qu'on prendra plaisir à se rappeler, en oubliant tous les à côté désagréables. Il rit et c'est bien tout ce qui compte. Même si, entre nous, il devrait être plus touché par mon boudage et prêt à tout pour se racheter, mais je dis ça, je ne dis rien. Il glisse sa main dans mes cheveux et ça me tire un frisson de plaisir et un regard amoureux. Autant parce que j'adore quand il glisse sa main dans mes cheveux que parce que ça faisait longtemps qu'il ne l'avait pas fait. Et puis je balance une plaisanterie et je vois très clairement qu'il ne la comprend pas. J'imagine qu'il finit par arriver à faire le lien, mais ça n'a pas été évident. Pourtant il est né en septembre, c'est un peu son signe astrologique. ”Hey ! Je suis allé la chercher loin celle-là, j'aimerai quand même bien un peu plus de respect pour cette réplique recherchée je te prie !" Dis-je en relevant de nouveau le menton, indigné. Non mais je vous jure, plus aucun respect. On fait des efforts pour être inventif et on n'a aucune acclamation à l'arrivée. La jeunesse de nos jours, ce n'est plus ce que c'était ! De mon temps, on ne parlait pas comme ça à son amoureux ...

Et puis les choses s'accélèrent sans qu'on l'ait particulièrement prévu. En tout cas je n'étais pas parti pour m'envoyer en l'air avec mon copain ce soir. Non pas que je le regrette ou rien, bien au contraire, juste que je m'attendais à beaucoup de choses, mais pas à ça. Les choses sont tellement tendues entre nous et je pars demain que tout ce que je pouvais souhaiter, c'était passer une soirée agréable avec lui, sans prise de tête si possible. Et je ne savais pas si ça allait être possible. Et là mes rêves sont exaucés au delà de tout ce que je pouvais attendre et j'en suis plus qu'heureux. Sentir sa peau nue contre la mienne. Sentir son souffle chaud se mêler au mien. Sentir ses doigts glisser sur l'ensemble de mon corps et ses lèvres parcourir chaque centimètre carré de ma personne. Tout cela est vraiment grisant et je ne veux surtout pas que ça s'arrête. Nos gestes, certes maladroit, deviennent de plus en plus pressant, jusqu'à ne plus tenir. Et le jeu que nous avions commencé fini par s'arrêter de lui-même pour laisser la place à notre amour. Je suis plutôt heureux qu'on soit "seul" au monde dans ce couloir, ça aurait pu être gênant. En vrai, je crois que j'aurai pu ne pas y penser, pas sur le moment en tout cas, mais j'aurai détesté qu'on m'en fasse la remarque le lendemain. Ce que l'on fait ensemble ne les regarde pas, même s'ils sont loin d'être naïfs pour la plupart. Nos ébats se terminent, j'imagine qu'il y a toujours une fin à tout. Heureusement que notre corps est bien fait et qu'il sécrète encore des hormones du plaisir, qui nous laisse un peu groggy pour le moment. Cela ne durera pas non plus mais pour le moment, nous sommes bien. Je me blottis contre lui, autant pour profiter de la chaleur que parce que c'est certainement la meilleure place au monde, être dans ses bras. Je profite de ses quelques caresses qu'il m'octroie encore dans le dos, c'est un pur plaisir. Je laisse moi-même, sans trop y penser, mes doigts parcourir sa peau. Je veux pouvoir, une fois chez moi, fermer les yeux et repenser à ce moment. Peut-être aurai-je le plaisir d'avoir encore la sensation d'être dans ses bras. L'espoir fait vivre. Je suis bien ici, je ne veux pas bouger. Dan me demande pourquoi on n'abandonne pas Keagan plus souvent et j'avoue que la question est légitime. ”Parce qu'on est certainement un peu bête ? ... Mais ça pourrait être une très bonne résolution pour l'année à venir." Prendre plus souvent le temps de penser à nous, à notre couple, plutôt que de se lamenter sur notre sort en pleurnichant que Keagan est toujours là dans nos pattes. Alors que le pauvre ni peut pas grand chose et n'a rien demandé à personne. Mais en tout cas si l'idée lui plait, je suis prêt à la mettre en pratique dès que possible.

Il finit par se redresser, sans que je comprenne trop pourquoi. D'ailleurs quoi ? On était si bien ici, pourquoi doit-il bouger ? Il me ramène à la réalité. Le couvre-feu est dépassé. Je crois qu'au fond, je le sais mais ce n'est pas quelque chose dont j'ai envie de penser à l'heure actuelle. Je comprends le principe du couvre-feu et en règle générale, je m'y plie sans problème. Mais ce soir, pour ma dernière soirée avec lui, de cette année, je n'ai pas envie. C'est bien la première fois que je ressens ça. D'ordinaire, je suis plutôt un garçon droit dans ses baskets et très soucieux d'appliquer le règlement à la lettre. C'est bête à dire mais il me rassure. Mais pas ce soir. Ce soir, il est une écharde dans le pied. Je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire. "Tu tiens absolument à ce que je te mette en retenu ?" Lui dis-je en plaisantant. "Tu ne préférerai pas qu'on reste ici et qu'on se fasse tout petit jusqu'à demain ? Peut-être qu'avec de la chance, personne ne viendra nous trouver ici si on se fait discret ..." Ce n'est pas souvent qu'il va m'entendre dire ça, il faut qu'il en profite. Mais je n'ai pas envie de rentrer. Je veux profiter au maximum de cette soirée et repousser au maximum le moment où je devrai monter dans le train. Après, s'il veut rentrer, on rentrera, en tachant d'être le plus discret possible. Maintenant s'il tient vraiment à ce que je le mette en retenu, j'imagine que je pourrai demander une dérogation spéciale pour pouvoir la surveiller, mais on risque de perdre quelques points dans la bataille et ce n'est pas franchement sûr que notre directrice accepte ma proposition.

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Difficile de croire, à cet instant, que c’est véritablement tendu entre nous. Les semaines d’ignorance, les silences bourrés de reproches, tout a disparu en un rien de temps depuis qu’il a passé la porte. Il nous reste juste une complicité oubliée et l’amour qui continue de nous lier malgré tout. Et, autant être honnête, ça fait un bien fou. Je me sens léger. Tranquille. Ce soir, mon monde tourne à peu près normalement, au rythme des caresses qu’il abandonne sur ma peau. J’ai envie de crier au monde que rien est vraiment foutu, qu’on saura se retrouver même si tout est toujours bien trop compliqué. Mais le monde s’en fout, je me fais pas d’illusions, alors à la place, je me contente de sourire comme un con. Je suis certain que Milo y sera bien plus réceptif que le reste de l’univers. Je sais pas pourquoi on a attendu aussi longtemps pour s’accorder un moment rien qu’à nous… Je dis pas que ça nous aurait empêché de nous engueuler ou que ça aurait tout arranger, loin de là, mais on aurait peut-être parfois un peu moins de mal à garder en tête qu’on s’aime, qu’on s’aime vraiment. J’ai envie qu’on recommence, qu’on attende pas des mois pour s’exiler une soirée. Je m’en fiche si c’est juste pour papoter tranquillement ou se faire un dîner en tête-à-tête, l’important c’est qu’il n’y ait personne pour se mettre entre nous et aucune responsabilité là pour tout faire capoter. « Parce qu'on est certainement un peu bête ? » Je hoche doucement la tête tout en resserrant mon étreinte. C’est vrai qu’on a pas géré, sur ce coup-là. Vraiment vraiment pas ! C’est dommage, si chacun des moments qu’on avait pu s’accorder était à la hauteur de celui-ci, on aurait passé un début d’année plus que correct ! Toujours infiniment mieux que celui qu’on a eu, en tout cas… « Mais ça pourrait être une très bonne résolution pour l'année à venir. » Je sens mon sourire s’agrandir. Ce serait la meilleure qu’on pourrait trouver ! Je vote pour un million de fois ! Néanmoins, je ne peux m’empêcher de le taquiner un peu. « Parce que t’en prends de ton plein gré, maintenant ? J’ai vraiment une très mauvaise influence sur toi, c’est dingue ça… » Mais derrière mon ton amusé, le renvoi à notre réveillon de l’an dernier me fait plus mal que je ne le laisse paraître. Parce que cette année, il sera loin. Il ne sera même pas question de se retrouver quelques heures pour se souhaiter joyeux noël ni de s’embrasser pour la nouvelle année. Il sera loin. Juste loin. J’enfouis mon visage tout contre sa peau et laisse mon sourire se faner légèrement bien à l’abri de son regard. Il va me manquer… C’est bête à dire mais je crois qu’il me manquera plus encore que ma propre famille… Parce que je me suis fait une raison, les concernant. Je ne dis pas que ça s’arrangera jamais mais je m’attends pas vraiment à un miracle… Alors que lui… J’ai eu le malheur de croire qu’il resterait à mes côtés quoi qu’il arrive…

Je finis par me reprendre et m’éloigne légèrement. Je lui rappelle qu’on est sûrement devenus des hors-la-lois depuis une poignée de minutes maintenant. J’en profite pour glisser discrètement l’idée de rester ici encore un moment ou au moins de remettre ça au plus vite. Je suis prêt à donner de ma personne s’il faut en me livrant docilement à mon cher préfet ! « Tu tiens absolument à ce que je te mette en retenue ? » Je hausse vaguement les épaules, presque innocemment. J’y tiens pas absolument mais ce serait l’occasion d’un nouveau tête-à-tête ou, si Monsieur est vraiment pressé de me punir pour avoir violé les règles, le prolongement de celui-ci. Je ne fais que proposer, moi, hein, je ne le force à rien ! S’il a envie de rentrer, on rentrera. Mais le fait qu’il n’ait pas esquissé le moindre mouvement à l’annonce de l’heure tardive me laisse largement penser qu’il n’en a pas vraiment l’intention non plus. On est loin de la fin presque hâtive de la dernière fois, quand il y avait la Merveilleuse Felicia qui l’attendait pour leur ronde ! Là, il n’est définitivement qu’à moi et il n’y a rien au monde que je pourrais souhaiter davantage. Sinon qu’il change d’avis d’ici demain et qu’il reste avec moi durant ces deux interminables semaines qui se profilent déjà… « Tu ne préférerai pas qu'on reste ici et qu'on se fasse tout petits jusqu'à demain ? Peut-être qu'avec de la chance, personne ne viendra nous trouver ici si on se fait discrets… » Je hoche lentement la tête et pose un baiser chaste sur ses lèvres. C’était l’idée, oui. Et je l’aime encore plus là qu’elle vient de lui. On se fera tout petits, on sera tellement discrets qu’on oubliera jusqu’à notre existence ! Personne ne viendra nous faire chier cette nuit, il n’y aura que nous jusqu’à demain matin et c’est tout ce que j’aurais pu espérer ce soir… « C’est une proposition qui se refuse pas. » Je l’embrasse à nouveau, un sourire satisfait sur les lèvres. « Et peut-être que ce canapé se transforme en vrai lit en cas de besoin et qu’il y a une couverture qui attend sagement dans un coin…? » C’est juste une supposition, comme ça, l’air de rien. Mon air de môme fier de son coup ne trompe personne : je suis content d’avoir prévu le truc. Bien sûr, j’avais aucune certitude mais ça valait la peine de prendre le risque d’être un peu déçu si ça ne se faisait pas. Là que je ne le force plus à rien, autant qu’on puisse passer une nuit un peu plus confortable que celle qui nous attendrait sans. Après, bien sûr, il faudrait se bouger, pour ça, et là tout de suite maintenant, j’ai pas franchement la foi.

Vais-je me mettre sérieusement à prendre des "bonnes résolutions" pour la nouvelle année ? Non, il ne faut pas rêver non plus. Je n'ai jamais compris l'intérêt du concept et je n'y adhère toujours pas. Se casser la tête à trouver de nouvelles résolutions à prendre, qu'on sait pertinemment qu'on ne tiendra pas, quel est l'intérêt sérieux ? Oui certes, je vous l'accorde, en général ce sont des idées qui viennent toutes seules. Je ferais plus de sport cette année. J'arrête de fumer ou de boire. Je mange sainement. Je vais prendre plus de nouvelles des autres. Je vais penser un peu plus à moi. Je vais travailler un peu moins ou alors un peu plus. Etc. Ce sont des idées qui sont alléchantes de loin, mais qui ne tiennent pas la route. Au bout de quelques jours déjà, elles fondent comme neige au soleil. Mais on s'illusionne un peu, en évitant de s'avouer que c'est peine perdue. Ce n'est qu'au bout de quelques semaines ou mois que finalement, on se rend enfin compte de la réalité : ce ne sera pas pour cette année ! Tant pis, on tentera l'an prochain ! Alors je ne prétends pas que jamais personne ne se tient à ses bonnes résolutions. Parfois certains se prennent vraiment au jeu et se mettent plus sérieusement au sport ou arrête définitivement de fumer. Mais ces personnes sont rares, on ne va pas se mentir. J'aimerai dire que non, je ne me mets toujours pas à prendre des bonnes résolutions pour cette nouvelle année, mais on ne peut nier qu'au final, peut-être un petit peu. Mais uniquement en ce qui le concerne lui, alors est-ce vraiment si grave que ça ? Je ne crois pas ou en tout cas je m'en remets plutôt bien ! Tant qu'on s'y tient, j'aime à croire que ça ne sera pas une si mauvaise chose pour notre couple au bout du compte, bien au contraire. ”C'est vrai que c'est moche M. O'Callaghan, d'avoir une aussi mauvaise influence sur moi ! " Dis-je en plaisantant. Je ne vois pas son visage mais la dernière fois que je l'ai aperçu, il souriait, je n'ai donc aucune raison de penser que ce sourire a fini par disparaître de son visage. Cette discussion nous renvoie au nouvel an de l'année dernière, c'était plutôt un bon souvenir, alors il n'y a pas de quoi en perdre son sourire.

La discussion glisse sur le fait que l'heure du couvre feu est certainement dépassée. En temps normal, j'aurai certainement paniqué face à cette nouvelle. Je suis un élève plutôt sérieux et très à cheval sur le règlement. Je suis le genre de personne qui est plutôt rassuré par l'idée de suivre des règles pré-établies, ça me donne une ligne de conduite et ça me rassure quant à ce qu'il faut faire. C'est tout bête mais c'est comme ça. On m'a appris qu'il existe des règles qui ont été instauré pour éviter l'anarchie et qu'il est important de les suivre, alors j'écoute ce qu'on me dit. Mais en cet instant, ça me passe un peu au dessus. Certainement parce que je suis bien avec lui et que je n'ai pas envie de retourner tout de suite dans notre dortoir. Je n'ai rien contre Keagan mais on ne peut nier qu'une fois qu'on sera de retour là bas, il y aura forcément une forme de distance qui va s'installer. Je n'aime pas être trop démonstratif devant les autres, cela me gêne. Par conséquent, nos baisers seront plus chastes et même si je n'aspire pas forcément à lui ressauter dessus dans les minutes qui viennent, j'aime l'idée de pouvoir être aussi expressif que je le souhaite parce qu'on est seul et pouvoir lui dire tout ce que je veux sans avoir à rougir face au jugement des autres. Encore une fois, je suis conscient que c'est stupide de prêter autant d'attention à l'avis des autres mais c'est vraiment plus fort que moi. Et puis nous sommes plutôt bien dans cette salle et nous n'embêtons personne. Que je sache, personne ne l'a réservé, nous pouvons donc y passer la nuit sans que ça ne dérange vraiment quelqu'un. On ne fait de mal à personne. Certes, j'imagine que le sexe à l'école n'est pas forcément autorisé, mais de là à nous envoyer à la potence, il y a encore un pas. Il me parle de le mettre en retenue et l'idée m'amuse. S'il tient vraiment à cette idée, je peux voir ce que je peux faire pour lui, mais je ne puis lui promettre de parvenir à mes fins. Je le vois qu'il hausse les épaules, j'imagine que ça veut dire non. Je lui propose qu'on se fasse tout petit pour pouvoir passer la nuit ici. J'imagine qu'on peut tenter au moins. Dans le pire des cas, on nous renverra dans notre dortoir avec une punition à la clé et des points en moins. Et sinon, on sera tranquille pour vivre notre amour comme on l'entend. J'aime bien l'idée, les risques en valent totalement la peine. Il hoche la tête en acceptant l'idée et je ne peux que lui sourire, content. Il m'embrasse avant de me dire que le canapé peut se transformer en lit et qu'il y a une couverture de prévue. Juste au cas où ... ”Non mais voyez-vous ça ! M. O'Callaghan vous êtes incorrigible ! N'essaieriez-vous pas de fourvoyer votre merveilleux préfet ?" Lui dis-je avec un sourire qui en disait long sur le fait que ça ne me dérangeait pas. Après son autre baiser, c'est à mon tour de me pencher vers lui pour l'embrasser, beaucoup moins chastement qu'il avait pu l'avoir fait jusqu'à présent. Je dois bien avouer que j'apprécie son initiative et que je ne serai pas contre un bon lit et surtout une bonne couverture. Mais pour l'heure, place aux remontrances à coup de baisers !

CODAGE PAR AMATIS
AVATARS PAR old money. et hedgekey