Le bal de fin d’année, déjà… Comme toutes celles qui l’avaient précédée, elle était passée beaucoup trop vite. Il était déjà temps pour certains élèves de dire adieu à un établissement qu’ils avaient fréquenté pendant sept ans, parfois huit. Pour d’autres, en revanche, ce n’était qu’un au revoir, mais la nostalgie était bien là.
Les jaunes et noirs étaient à l’honneur ce soir, puisque les poufsouffles remportaient cette année la coupe des quatre maisons. Les tables avaient été repoussées pour permettre aux élèves d’évoluer entre elles, et pourquoi pas de danser si l’envie leur en prenait. Le professeur McGonagall observait avec plaisir, les nombreux élèves qui commençaient à affluer à l’intérieur de la salle. Apparemment, ils semblaient avoir respecté la consigne, tenue correcte et pas de baguette. Enfin, certains pouvaient encore les dissimuler, mais il fallait simplement espérer que cette soirée se déroulerait dans la joie et la bonne humeur. Lorsqu’elle jugea le moment opportun, Minerva se leva, se raclant la gorge pour obtenir le silence qui se fit quasiment instantanément.

« Chers élèves, bonsoir. C’est une nouvelle année, riche en émotion qui se termine. Elle aura, j’en suis certaine, été bénéfique pour chacun d’entre vous quelle qu’en soit la manière. Avant de vous laisser profiter de cette soirée, je profite de ce moment de silence pour annoncer les résultats de la coupe de quidditch et de la coupe des quatre maisons. »

Minerva s’accorda une pause, scrutant la foule d’élèves sans se départir de son sourire. Personne ne pipait mot, ce qui était une bonne chose. Devoir instaurer le calme dès le début de la soirée, jetterait forcément un froid sur la suite des événements, qui devaient se dérouler de la meilleure manière possible.

« Bien, commençons par les résultats du quidditch. Cette année, à la quatrième place, nous retrouvons les poufsouffles. A la troisième place, les gryffondors. En deuxième position, nous avons les serdaigles. Par voie de conséquence, les serpentards remportent donc la coupe de quidditch de cette année. Félicitations. »

Là encore, le professeur McGonagall marqua une pause, mais cette fois-ci, pour laisser le temps à l’équipe concernée d’exprimer son enthousiasme, qui ne se fit pas attendre. Cependant, il y avait encore des résultats à annoncer, et après un court instant, elle demanda une nouvelle fois le silence pour reprendre la parole.

« Passons maintenant à la coupe des quatre maisons. Cette année, gryffondor se place en quatrième position avec un total de 499 points, les serdaigles arrivent en troisième position avec un total de 507 points, en deuxième position nous retrouvons les serpentards avec un total de 910 points. Les vainqueurs de la coupe cette année sont donc les poufsouffles avec un total de 1327 points. »

En même temps, les couleurs de la salle laissaient penser à un tel résultat, ce qui n’empêcha pas les jaunes et noirs de se réjouir de ce résultats, alors que d’autre prenaient tout de même une mine boudeuse. L’esprit de compétition n’était pourtant pas toujours au rendez-vous entre les quatre maisons, et il était plaisant de voir qu’ils parvenaient assez bien à se mélanger et à instaurer une certaine cohésion.

« Je vous souhaite à tous une excellente soirée. »

Sur ces bonnes paroles, Minerva se rassit, entamant une discussion avec le professeur Laskovick, sans s’attarder davantage sur la masse d’élèves qui se mettait à présent en mouvement. Il fallait, certes, garder un œil sur ce qu’il se passait, mais elle avait confiance, cette fois-ci, tout se déroulerait sans heurt.

« I’ll tell you what I want, what I really really want, so tell me what you want, what you really, really want…. »

C’est en chanson que Scarlett exprimait son bonheur enfin retrouvé cet après-midi-là. Tout allait pour le mieux à présent. Elle avait retrouvé sa meilleure amie, certes, au prix de multiples efforts, mais le résultat était tout de même concluant puisque les journées shopping et potins avaient repris le cours normal. Même sa fausse réconciliation semblait tenir à peu près la route. Il n’avait pas encore essayé de mettre le feu à son dortoir en pleine nuit pour la faire carboniser avec l’ensemble de ses fringues, ni toute autre chose d’aussi débile visant à mettre fin à ses jours pour pouvoir régner en maitre sur le château. En même temps, à bien y réfléchir, Scarlett n’avait rien tenté contre le jeune homme non plus, elle se contentait d’écouter Sarah lui en parler de temps en temps en réprimer les envies de meurtre qui devenaient de plus en plus difficiles à dissimuler au fur et à mesure que le temps passait. La vie était tout de même trop injuste. Il avait fallu que sa meilleure amie s’amourache du pire crétin de la planète et qu’en plus, leur relation dure un minimum. La jeune fille avait d’ailleurs réfléchi à l’idée de mettre un poster à l’effigie de Scipion en plein milieu du dortoir lui avait vaguement traversé l’esprit. Celui d’acheter un jeu de fléchette également, histoire de pouvoir passer concrètement ses nerfs sur quelque chose de matériel et de pouvoir en même temps détruire son visage. Mais un problème de taille s’était présenté. D’abord, elle ne voulait absolument pas pourrir la décoration en mettant un portrait de cet imbécile à la place de toutes les jolies choses qu’elle avait déjà mis sur les murs. Le deuxième problème et le plus important restait qu’elle ne savait absolument pas jouer aux fléchettes. Si elle devait passer des heures allonger sur son lit en clignant d’un œil et en tirant la langue pour essayer de viser correctement, ce n’était même pas la peine d’y penser. Rater sa cible ne ferait que l’énerver davantage, il était donc inutile qu’elle tente cette solution pour calmer ses nerfs… Mais aujourd’hui, ce n’était pas Scipion qui viendrait lui pourrir la journée. L’ambiance était à la fête. Les examens étaient enfin terminés et même si ce n’était pas les révisions qui l’avaient étouffée, elle ressentait comme l’ensemble des autres élèves la pression se relâcher et ce n’était pas plus mal. En plus, elle adorait les soirées de fin d’année, comme tous les événements rassemblant un maximum d’élèves et se déroulant au château. C’était l’occasion de divulguer de fausses rumeurs, de semer la pagaille, de s’amuser un maximum et surtout de pouvoir enlever cet horrible uniforme au profit d’une tenue beaucoup plus adaptée à son physique de rêve. Elle pouvait comme cela surpasser de très loin l’ensemble des autres élèves, enfin elle le faisait déjà d’habitude, mais cette fois-ci, ça allait être encore plus flagrant, et elle avait plus que hâte de voir tous les regards se poser sur elle.

« If you want my future, forget my past. If you wanna get with me better make it fast. Now don’t go wasting my precious time. Get your act together we could be juste fine… »

Tout en continuant à chantonner, la jeune fille tâchait de trouver la tenue idéale pour se rendre au bal. Bien entendu, elle en avait déjà présélectionnée quelques-unes deux bonnes semaines à l’avance et y avait réfléchi un peu chaque jour, sans compter qu’elle devait également prévoir la coiffure, le maquillage, le vernis à ongle et tous ces trucs qui ne semblaient pas préoccuper plus que ça les autres filles de son dortoir. Elles devaient donc avoir de bien puériles activités pour ne pas se rendre compte qu’il fallait maintenant se focaliser sur l’essentiel. Mais qu’importe, elle n’allait pas non plus les rappeler continuellement à l’ordre, si elles ne voulaient pas être belles, tant pis pour elles de toutes façon, certaines auraient beau faire des monstrueux efforts pour ressembler à quelque chose, elles seraient de toute façon, toujours aussi laide. Sur ces pensées, très positive et très agréable pour ses camarades, la rouge et or se reconcentra sur son choix de tenue, il ne lui restait plus tant de temps que ça pour trouver quoi se mettre sur le dos, et il fallait faire face à cette urgence. Scarlett lorgna un instant sur une robe rouge particulièrement décolletée avant de froncer les sourcils et de la remettre dans son armoire. Ce n’était vraiment pas le moment d’arborer fièrement les couleurs de sa maison alors que celle-ci s’était fait lamentablement écraser par les autres. Autant faire profil bas, peut-être que personne ne se souviendrait qu’elle était à gryffondor après tout, et tout irait pour le mieux. Après une réflexion d’une bonne dizaine de minutes supplémentaires, elle finit tout de même par opter par une robe bleu marine et un serre-tête assorti. Les professeurs seraient présents et elle devait avoir l’air d’un véritable petit ange et non pas d’une trainée, son innocence était jusque-là ce qui l’avait sauvé du doublement, ou en tout cas dans son esprit, et il fallait qu’elle continue sur sa lancée. Après deux bonnes heures de préparations, elle se regarda fièrement dans le miroir.

*Je suis absolument magnifique.*

L’avantage avec la rouge et or était qu’elle n’avait nullement besoin d’une tierce personne pour apprécier sa beauté et qu’elle était tout à fait capable de se faire des compliments. Bon, évidemment quand les autres lui en faisaient c’était encore mieux, mais là elle n’avait personne pour la contempler, il faudrait donc faire avec. La jeune fille eut encore à choisir la paire de chaussures idéale, et hésita longuement entre ballerines et talons avant d’opter pour la deuxième solution. Il fallait qu’elle puisse examiner les événements de toute la hauteur qu’elle pouvait se permettre d’avoir. Elle n’était pas spécialement petite mais ne mesurait pas deux mètres non plus et les garçons allaient probablement lui boucher la vue à un moment ou à un autre. C’était une façon de réfléchir complétement stupide, mais Scarlett ne s’en rendait évidemment pas compte et c’est très fière de ses choix qu’elle sortit enfin du dortoir pour rejoindre la grande salle. Déjà, les élèves se pressaient autour d’elle pour la rejoindre et elle se fondait dans la masse sans pouvoir faire machine arrière ni prendre son temps pour faire une entrée triomphale. Tant pis, elle se passerait de son entrée de princesse pour cette fois. En réalité, Scarlett avait tout de même une légère appréhension lorsqu’elle envisageait cette soirée. D’habitude, elle la passait en compagnie de Sarah à médire sur les autres personnes qui se trouvaient là, mais cette fois-ci, déjà elle n’était pas sûre que sa meilleure amie vienne la rejoindre et si c’était le cas, il était fort possible qu’elle passe son temps avec Scipion et non pas avec elle ce qui l’irriterait au plus haut point et gâcherait probablement sa soirée. Enfin, il fallait espérer que ses craintes étaient infondées. Sarah allait venir, c’était évident et elle délaisserait son petit ami pour rester avec elle.

En entrant dans la salle, Scarlett jeta un coup d’œil dégoutée aux couleurs jaunes et noires qui s’étalaient un peu partout dans la salle. Ce n’était pas parce que sa meilleure amie appartenait à cette maison qu’elle devait se réjouir de les voir prendre la première place, il ne fallait tout de même pas exagérer. Elle n’aperçut pas tout de suite une personne assez intéressante pour qu’elle daigne aller lui adresser la parole et se contenta donc de rester seule un moment, jaugeant du regard les tenues des autres élèves en écoutant distraitement le discours du professeur McGonagall. Cette vieille pie répétait la même chose tous les ans, il n’était donc pas nécessaire qu’elle l’écoute une fois de plus. Pour l’instant, la rouge et or s’ennuyait ferme et elle avait plus que hâte que ça change…

L'excitation était à son maximum. Pour la première fois de l'année, Candlynn allait participer à une soirée, à un bal organisé par l'école. Il y avait bien eu Halloween, Noël et la Saint-Valentin, mais elle avait de loin préféré rentrer chez elle pour les deux premiers et avait suivi sagement le conseil de son grand frère quant au dernier et s'était donc abstenue de s'y rendre, préférant dessiner tranquillement dans une salle commune déserte. Là, c'était différent. Là c'était la fête de fin d'année, la dernière soirée qu'elle passerait à Poudlard avant la rentrée, et encore si rentrée il y avait parce qu'il n'était pas exclu qu'elle fasse tout son possible pour y échapper. Les mois s'étaient écoulés sans véritable incident, c'était vrai, elle avait appris tout un tas de choses incroyables et s'était fait, pour la première fois de sa courte vie, de véritables amis. Oh, bien sûr il n'y en avait pas foule, il y avait même que Bailee en fin de compte, mais c'était une vraie meilleure amie, de celle avec qui on partageait ses cookies et qu'on écoutait se plaindre de sa soeur le soir au coin du feu. La fillette n'était pas certaine que ça se passe toujours comme ça dans les amitiés, elle n'était pas assez expérimentée pour en être convaincue mais elle lui plaisait comme elle était. Son amie était vaguement autoritaire, un brin capricieuse et d'une patience discutable, mais ça n'avait pas grande importance, elle était son amie quand même et c'était au fond tout ce qui pouvait bien compter. Si on lui avait dit, en Septembre, qu'elle serait un peu triste de quitter les murs de Poudlard, jamais elle ne l'aurait cru et pourtant, il fallait bien reconnaître que c'était le cas... Elle avait l'impression qu'une vie entière s'était écoulée en quelques mois et que reprendre le cours normal de celle qui l'attendait à Oldham ne serait pas la chose la plus aisée du monde, même avec la présence permanente de Jeremiah...

Il était temps de se préparer. Les dames invisibles qui faisaient la cuisine avaient dû se surpasser pour l'occasion et son estomac ne cessait de la rappeler à l'ordre. Ce fut donc avec une certaine hâte que la première année ouvrit sa valise avant d'en sortir de sous les nombreuses lettres et autres pantalons d'uniforme une affreuse robe rose clair, toute en dentelles et en froufrous. Le genre de robe de fille qu'elle laissait volontiers aux filles en question mais que son aîné avait absolument voulu qu'elle emporte avec elle parce qu'elle était "trop mignonne" dedans et que ça pouvait toujours lui servir un jour... Elle avait bien cru qu'elle y échapperait mais ça aurait été probablement trop demandé. Elle observa sa robe d'un oeil critique et peu enthousiaste avant de se résigner et de chercher tout au fond de ses affaires, les ballerines noires et vernies qui étaient censées aller avec. Qu'il était doux le temps où elle pouvait traîner en jeans trop grands et pull informe et enfantin pour s'occuper d'Erskine ou chercher une sortie cachée quelque part sous l'herbe du parc ! Voilà qu'il fallait s'habiller en fille... Enfin, c'était la seule fois de son année, ça n'allait pas être insurmontable non plus. Un dernier soupir et la gamine partit s'enfermer dans la salle de bain, chantonnant joyeusement sous la douche des paroles qui ne voulaient rien dire dans des langues étranges qu'elle-seule semblait apte à comprendre. Elle prit tout son temps, imaginant silencieusement une salle grandiose avec des élèves extraordinairement gentils, enfin plus encore que d'habitude, et des licornes pour se balader dans le parc, et des fées de flammes pour tenir les chandelles qui éclaireraient la salle... Elle finit tout de même par sortir, s'habilla non sans mal et fit apparaître une marguerite rose et géante qu'elle attacha dans ses cheveux trop longs et lâchés avant de vouloir jouer les grandes et de mettre du brillant à lèvres pailleté. Le résultat était légèrement effrayant mais elle ne s'en formalisa pas, bien trop contente de pouvoir vivre sa première soirée officielle.

Lorsqu'elle descendit de son dortoir, il n'y avait pas la moindre trace de Bailee dans la salle commune. Elle devait probablement être partie en avance... Elle l'imaginait sans mal avoir Sawney pour cavalier et danser toute la soirée sans jamais s'arrêter, un sourire rayonnant sur les lèvres. C'était rare de voir son amie sourire longtemps, comme si elle aimait pas avoir l'air contente ou heureuse ou joyeuse, c'était dommage parce qu'elle était bien plus jolie ainsi mais la jeune Zuckowski ne s'était jamais aventurée sur ce terrain glissant, préférant de loin ne pas aborder le sujet. C'était tellement plus simple de parler de Jeremiah à tout va... Elle adressa un bonjour joyeux à tous les élèves présents dans la salle, dont certains qui la regardaient avec un sourire gentiment moqueur auquel elle ne fit pas attention le moins du monde et prit le chemin de la Grande Salle sans jamais se défaire de sa bonne humeur. Ce soir, c'était le soir. Rien ni personne ne pourrait ternir cette soirée qui s'annonçait tout simplement magique. Elle ne pouvait s'empêcher de sautiller joyeusement dans les couloirs, chantant encore et toujours d'une voix lointaine et distraite. Heureusement pour les oreilles des pauvres tableaux, les immenses portes du réfectoire se dessinèrent bien rapidement devant elle. Candlynn s'y glissa doucement et regarda avec attention et émerveillement tout ce qui pouvait l'entourer. Que c'était magnifique ! Il fallait vraiment qu'elle n'oublie rien du tout, pour en faire un récit détaillé à son frère lorsqu'elle le reverrait, dans deux jours. Enfin, ça ne lui disait toujours pas où était sa meilleure amie ! Il y avait tellement de monde qu'il lui faudrait des années pour la retrouver... La voix de la directrice s'éleva dans la pièce mais elle n'y fit pas attention, bien trop occupée à se glisser entre les gens pour mettre la main, en vain, sur Bailee. Elle n'eut malheureusement pas le temps de faire le tour de la Grande Salle qu'elle heurta quelqu'un de plein fouet. Si sa mère avait été là, elle lui aurait très certainement fait remarquer d'un ton froid qu'elle avait l'âge de faire attention à l'endroit où elle mettait les pieds et qu'il était bien temps de regarder devant elle... Mais comme elle n'y était pas, elle ne se fit pas elle-même le commentaire, relevant les yeux vers la personne en question à la place.

« Oh, excuse-m... »

Un sourire ravi se dessina alors sur ses lèvres tandis qu'elle se mettait à gigotter joyeusement. Elle avait l'air d'avoir cinq ans dans sa robe de fausse princesse mais elle n'en avait pas réellement conscience, préférant de loin s'intéresser à la soirée et à tous ces gens qu'il y avait partout plutôt qu'à son apparence. Elle n'était pas réputée pour faire attention à sa façon de s'habiller, les motifs aussi divers que variés qui s'étalaient d'ordinaire sur ses pulls et tee-shirts n'avaient de cesse de le rappeler à quiconque y faisant un minimum attention. Ca ne devait probablement pas être le cas du garçon qu'elle venait de percuter. Elle le savait de sa maison, et pour cause elle l'avait souvent croisé dans la salle commune ou sur les bancs de la Grande Salle mais elle n'en savait guère plus à son sujet... Est-ce que la jeune Browning l'aimait bien ? Elle n'en savait malheureusement rien...

"C'est ma faute, je faisais pas attention quand je marchais, c'est pas très bien et un peu dangereux quand même, hein ? Je m'appelle Candlynn, mais y'a de plus en plus de gens qui m'appellent Candy, avant c'était que mon frère mais bon, j'vais pas leur faire la tête parce qu'ils le font et puis il paraît que c'est plus simple de s'en souvenir. Tu t'appelles comment, toi ? Je cherchais Bailee, tu la connais ? C'est ma meilleure amie, mais je sais pas où elle est... On est à Serdaigle toutes les deux aussi, en première année. T'es en quelle année toi ? C'est bizarre qu'on se soit jamais parlé, hein ? Enfin, j'ai pas parlé à beaucoup de gens quand même, je sais pas pourquoi, j'aime bien parler aux gens, ils ont souvent des trucs bien à dire."

Candlynn sourit plus grandement encore avant de recommencer à chercher des yeux son amie qui restait pour l'instant introuvable. Qu'importe, elle finirait bien par la voir, elle n'avait pas pu disparaître, aussi elle préféra se reconcentrer sur le jeune homme qui devait bien regretter d'être passé par là...

Et voilà, dernière soirée à Poudlard pour Cooper. Il l’avait attendue autant qu’il l’avait redoutée mais de toute façon, il n’avait aucun pouvoir sur le temps et c’était bien aujourd’hui qu’elle avait lieu et il allait s’y rendre malgré la nostalgie palpable du moment. D’un côté, il y avait la libération, l’absence de nervosité qui n’avait cessé de le tourmenter ces dernières semaines avec l’approche puis le passage des examens qu’il ne pensait pas avoir trop mal réussis dans l’ensemble, mais de l’autre, l’imminence du départ qui lui laissait une boule dans le ventre, boule qui refusait catégoriquement de s’en aller d’ailleurs. Cette soirée lui laissait en définitive un gout amer, mais il avait hâte d’y être. Se retrouver avec d’autres personnes, pouvoir papoter, revenir sur ce qu’il s’était passé pendant cette année, parler des vacances et de probables retrouvailles pour l’an prochain, tout cela allait lui changer les idées et il n’était pas contre du tout. Il y avait un seul hic pour cette soirée et pas un petit hic, mais plutôt un énorme immense obèse hic. Bonnie avait refusé de venir. Bien sûr, il n’avait pas vraiment insisté, après tout, il ne voulait pas devenir le petit ami collant par excellence, et si ce n’était pas l’endroit où elle rêvait d’être ce soir-là, il ne voulait pas l’obliger à s’y rendre, mais il était quand même un peu déçu qu’elle ne fasse pas l’effort de l’accompagner. Après tout, c’était la dernière soirée qu’il passait à Poudlard, et la seule qu’il passerait avec la jeune fille si elle avait daigné pointer le bout de son nez. Ça ne lui aurait probablement pas couté tant que ça de faire l’effort d’être présente pendant une heure ou deux… Mais si, apparemment c’était trop lui demander et il gardait tout de même une certaine rancune. Bon, fidèle à lui-même il n’en ferait pas tout un plat, se contentant de ruminer dans son coin sans oser lui dire ce qu’il pensait réellement. Peut-être que plus tard, s’ils venaient à se disputer, il profiterait de ce moment pour faire ressurgir ce qu’il avait ressenti à ce moment-là mais il serait trop tard de toute façon et elle ne manquerait probablement pas de le lui faire remarquer. Qu’importe, certes, il avait l’habitude de passer beaucoup de temps voir tout son temps avec la vipère mais aller vers d’autres personnes que ce soit des têtes connues ou non ne lui ferait aucun mal, il pouvait se passer de sa petite amie pendant au moins une soirée et allait se le prouver aussi bien aux autres qu’à lui-même d’ailleurs. Il ne faisait pas très attention aux ragots en réalité, mais plus à ce que lui disaient ses amis, et en l’occurrence ils devaient probablement lui reprocher de les avoir un peu délaissés au profit de cette relation naissante et de ses bouquins. Ils n’avaient pas totalement tort d’ailleurs, voire pas tort du tout. Avait-il revu Flynn depuis leur course en balai ? Non, pas une fois ou en tout cas pas en s’arrêtant pour avoir une réelle conversation, il avait probablement croisé le rouge et or mais ne s’était pas attardé. Il y avait aussi Isis, et Zora, les deux jeunes filles étaient portées disparues depuis un bon moment surtout pour la gryffondor qui lui avait donné peu ou pas de nouvelle depuis qu’elle avait décidé d’arrêter de le draguer pour devenir une simple amie. Il y avait aussi Naïa, même s’il n’avait pas spécialement envie de la voir et le pire dans tout ça devait être Elliott, il ne se souvenait même pas l’avoir ne serait-ce qu’entraperçu durant cette année alors qu’ils étaient pourtant assez complices normalement. Enfin, comme lui aussi était en septième année, ils auraient probablement plus de chances de se revoir l’année prochaine ce qui n’était pas forcément le cas pour Flynn par exemple. Est-ce que leur amitié allait tenir le coup ? Probablement pas, après tout, ils étaient plus des camarades de jeu qu’autre chose et il ne lui manquerait normalement pas plus que de raison. Ils ne s’étaient pas encore envoyés de hiboux de au-revoir touchant et ne le feraient probablement pas. Finalement, Cooper avait eu un sérieux don pour se faire des amis dans les années inférieures, il ne retrouverait pas grand-monde qu’il connaissait en entrant à l’université et surtout, aucun deuxième année. Il n’avait donc pas la moindre idée de ce qui l’attendait et cette dernière soirée à Poudlard était l’occasion pour lui d’angoisser encore un peu plus. Pourtant, il les avait aimé ces soirées, elles se ressemblaient toutes un petit peu, enthousiasme et nostalgie s’y mêlaient agréablement et il y avait en général une assez bonne ambiance. Seulement, il avait toujours vu le côté enthousiasmant de la chose jusque-là, il était content de ne plus avoir cours, content de ne plus avoir à ouvrir un bouquin, même s’il ne le faisait déjà pas souvent en règle générale. Sauf que cette fois-ci il allait être de l’autre côté, parmi les élèves qui ressasseraient leurs souvenirs. Il n’allait pas pleurer c’était évident, il en était tout à fait incapable, surtout devant une foule d’élèves en train de s’amuser et de faire la fête, mais il n’en était pas moins perturbé. Heureusement, il y avait encore les vacances qui seraient l’occasion pour lui de revoir la plupart de ses amis avant qu’ils n’entrent à nouveau à l’école et qu’il ne puisse les revoir que quand ils auraient droit à une sortie à Pré-au-Lard. C’était frustrant, vraiment très frustrant, mais il n’y pouvait pas grand-chose. Autant profiter comme il le devait de ces derniers instants, il aurait bien le temps de pleurer sur son sort une fois dans le Poudlard Express, voire même quand il arriverait chez ses parents.

Pour l’heure, la salle commune était en pleine effervescence, les élèves descendaient de leur dortoir, déjà préparés pour le bal alors que lui venait tout juste d’entrer. De toute façon, il n’allait pas mettre beaucoup de temps à se préparer et serait parfaitement à l’heure pour entendre le même discours que d’habitude de la part du professeur McGonagall. C’était la septième fois, mais il n’avait aucunement l’intention de le louper. C’était aussi la dernière après tout, pourquoi s’en priver. Le jeune homme s’habilla à la hâte. Il n’avait pas beaucoup réfléchi à son choix de tenue, il allait comme tous les élèves de sexe masculin présent à la soirée être affublé d’un costard qu’il n’aimait pas spécialement mais portait tout de même pour la forme. Il laissa tout de même la cravate de côté, il n’avait pas spécialement envie d’avoir l’air d’aller à une grosse réunion d’entreprise, il allait monter dans la grande salle pour s’amuser avant tout et il trouvait cet accessoire un peu trop strict à son gout. Comme il l’avait prévu, les élèves qu’il avait croisés en montant étaient pour la plupart toujours en pleine effervescence quand il sortit de la salle commune. Cooper était à l’heure et ne se pressait pas vraiment, il arriva bien avant que le discours commence et s’appuya contre un mur en attendant, ne cherchant même pas à savoir s’il connaissait ou non des gens dans la salle. Après quelques minutes d’attente, le professeur McGonagall se leva enfin et le silence se fit, le serpentard partagea l’enthousiasme des autres membres de l’équipe de quidditch quant aux résultats des matchs. Après tout, ce n’était pas gagné d’avance, ils s’étaient tout de même entrainés un bon bout de temps sans capitaine et le jeune homme était heureux de voir que leurs efforts avaient payés. Pour ce qui était de la coupe des quatre maisons, ils finissaient en deuxième position ce qui était une place tout à fait honorable. En bref, une sympathique année pour clôturer sa scolarité. La directrice leur souhaita pour finir une bonne soirée, laissant le jeune homme un peu songeur. Mais bon, il n’allait pas passer la soirée entière appuyé sur son mur à contempler les autres élèves qui dansaient, c’était un peu trop pathétique à son goût. Un petit sourire s’étira au coin de ses lèvres lorsqu’il aperçut de loin la préfète des gryffondors. Finalement, il n’avait pas mis très longtemps à décider quoi faire de sa soirée. Il rejoignit la jeune fille en deux temps trois mouvements, fendant la foule qui l’empêchait d’atteindre son objectif.

« Miss Austid, c’est un plaisir. Ca va faire notre deuxième soirée ensemble si mes comptes sont bons, comme quoi le hasard fait décidément très bien les choses. En même temps, on peut difficilement te louper, tu es très jolie. »

Cooper ponctua son compliment par un léger sourire. Cette fois-ci, il aurait peut-être l’occasion d’en apprendre un peu plus sur la préfète. Après tout, la première soirée passée ensemble n’avait été qu’un vague flirt et ni l’un ni l’autre n’avait probablement envie de retenter l’expérience ce soir. Ils allaient probablement noyer leur nostalgie dans les boissons non-alcoolisées proposés par l’école et ça serait très bien comme ça.

Après son monologue, le jeune homme se pencha vers elle, visiblement aussi ravi. Si elle n'avait jamais eu le moindre problème avec les grands, Candlynn n'avait pas pour autant l'habitude qu'ils aient l'air content de discuter avec elle. Sauf peut-être les deuxième et troisième année, et encore quand ils ne se prenaient pas pour des merveilles à l'intelligence supérieure, la voyant comme une pauvre petite chose indigne de leur intérêt. Heureusement, c'était assez rare. Pour ce qui était des autres élèves, elle leur adressait parfois la parole au moment du déjeuner mais était rapidement obligée de terminer son assiette pour suivre Bailee ici ou là, à la recherche d'une issue discrète ou d'elle ne savait trop quoi encore qui ne l'intéressait parfois qu'à moitié, ce qui faisait qu'elle n'avait eu que très rarement l'occasion de faire connaissance avec qui que ce soit au château, qu'il s'agisse de Serdaigles ou des autres maisons. Son sourire n'en fut que plus rayonnant encore. Loin d'elle l'idée qu'il ne puisse s'agir que d'un jeu, d'un moyen de se débarrasser d'elle au plus vite, la fillette était persuadée qu'il était sincèrement content de cette discussion. Si le hasard les avait poussé à se heurter ce soir, peut-être était-ce pour qu'ils discutent cinq minutes ? Ce serait étrange mais après tout pas non plus totalement impossible. Le hasard semblait toujours bien faire les choses, n'était-ce pas grâce à lui qu'elle avait rencontré Bailee sur le quai de la gare ? Peut-être ne se seraient-elles jamais parlé autrement. Là, c'était sûrement la même chose. Et il devait le savoir, c'était pour ça qu'il restait là.

« Moi c’est Jan-Hendrrik, Candy ! Oh, je peux t’appeler Candy, hein ? Aprrès tout, si tout le monde le fait…Moi aussi je suis à Serrdaigle ! Mais en cinquième année, c’est vrrai, c’est fou que nous ne nous soyons jamais crroisés… »

Son accent la surprit mais elle ne dit rien, se contentant de hocher la tête avec enthousiasme. Il ne devait pas être originaire d'ici, lui. Mais il venait d'où alors ? En cinquième année... C'était loin la cinquième année, elle n'était même pas certaine de pouvoir y arriver un jour, enfin elle espérait de pas rester enfermer à Poudlard jusque là en tout cas ! Mais alors il avait passé ses examens dans les jours précédents ? Elle ne put s'empêcher de se demander ce que ça faisait de passer des examens super importants et de devoir en attendre les résultats sans trop savoir ce qui allait se passer après... Enfin, de ce qu'elle en avait compris, s'il était à Serdaigle c'était qu'il était quand même intelligent et qu'il avait réussi sans problème. Normalement... Elle n'avait pas l'impression d'être très intelligente et pourtant elle était à Serdaigle... Ou alors c'était simplement parce que le Chapeau Magique il n'avait pas voulu la séparer de Bailee qui était la seule personne qu'elle connaissait à l'école ? C'était possible ça ? Elle avait cru comprendre qu'il y avait plein d'amis, et de frères et soeurs, qui étaient séparés alors pourquoi pas elles ? C'était qu'elle était intelligente dans ce cas ? C'était bizarre quand même... Elle n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche ou de se pencher plus encore sur le problème que Jan-Hendrik reprit la parole.

« Mais bon, maintenant c’est chose faite ! Mais ce qui est le plus bizarrrre, c’est que je vois trrès bien qui est Bailee ! Mais…oh ! »

Le visage de la gamine s'éclaira automatiquement alors qu'elle se mettait à sautiller de joie dans un bruissement d'étoffe à peine couvert par le bruit ambiant. Il connaissait Bailee ! En même temps, elle était tellement bien sa meilleure amie qu'il n'était pas étonnant qu'il la connaisse, voire peut-être même qu'il l'apprécie. Ca, c'était quand même plus compromis puisqu'il ne lui semblait pas que son amie ait un nombre affolant d'amis en tout genre, notamment dans les années supérieures. Elle semblait les prendre un peu de haut de ce qu'elle avait vu avec la pauvre Meredith. Enfin, peut-être que les choses étaient différentes avec les garçons... Elle n'imaginait pas Bailee faire son intéressante pour la simple et mauvaise raison qu'il s'agissait d'un garçon mais elle ne la connaissait peut-être pas aussi bien qu'elle la croyait après tout ? Alors qu'elle allait lui demander s'ils s'entendaient bien, il regarda au loin en lui montrant elle ne voyait pas quoi, aussi elle sauta aussi haut qu'elle le pouvait pour regarder au dessus des gens mais c'était peine perdue, elle ne voyait pas davantage. C'était sa meilleure amie ? Elle était vraiment arrivée ? Y avait-il Sawney avec elle ? Ou alors n'importe qui qui lui servait de cavalier pour la soirée ? Elle avait envie de lui poser plein de question mais il ne lui en laissa pas l'occasion.

« Mais c’est d’ailleurrrs elle là-bas ! Heurrreusement que j’étais là sinon tu ne l’aurrais peut-êtrre pas rretrrouvée ! »

Elle sauta de plus belle mais sans davantage de résultat. Mais si elle allait vers le "là-bas" qu'il pointait, elle n'était pas sûre d'y arriver vraiment. Comment le pourrait-elle alors qu'elle ne savait pas véritablement où c'était ? Ni même si sa meilleure amie attendait sagement ou bien si elle la cherchait également... Non, ce n'était décidément pas prudent. Elle consentit à arrêter de sautiller puisque ça ne servait à rien et reposa son regard clair sur le jeune homme, un sourire un peu embêté remplaçant le ravissement qu'il y avait eu un peu plus tôt. Oui, heureusement qu'il était là, c'était certain. Elle aurait été bien incapable de la retrouver sans lui, elle ne pouvait pas le nier et ne l'aurait même par chercher d'ailleurs.

"Tu veux bien lui faire signe, s'il te plait ? Si je vais la chercher, elle va bouger, et je pourrais pas la voir et on va se perdre et on va passer toute la soirée à se chercher et ça va pas être marrant et elle va me faire la tête parce que j'l'aurais pas trouvé et j'ai pas envie qu'elle me fasse la tête." lâcha t-elle d'une traite sans penser un seul instant à respirer. Le pauvre garçon allait finir par perdre patience et l'envoyer balader sans ménagement mais elle peinait à l'imaginer ainsi alors qu'il avait l'air aussi enthousiaste qu'elle. Elle n'aurait jamais eu l'idée de l'envoyer promener alors qu'il était gentil avec elle... Elle n'était pas méchante avec lui, elle non plus, alors il n'y avait probablement pas la moindre raison pour qu'il le fasse. La Serdaigle oublia rapidement son amie et reprit son monologue comme si elle ne l'avait jamais arrêté, sans prendre la peine de vérifier qu'il cherchait bel et bien à attirer l'attention de Bailee.

"J'ai rencontré une cinquième année la dernière fois. Meredith, elle est à Gryffondor et c'est une asperge je crois. Enfin... Une grande asperge, un légume mutant ou un truc comme ça. J'ai pas bien tout compris. Il paraît qu'une grande asperge c'est une grande fille mais pour faire des bébés asperges, il faut aussi des monsieurs asperges. Alors je sais pas trop. En tout cas, elle habite pas dans la Tour de Gryffondor mais dans une salle toute cassée où les dames du ménage ne le font jamais et elle connait le Ministre de la Magie, il lui a écrit. Il t'a déjà écrit à toi ? J'aimerai bien qu'il m'écrive un jour, mais je crois que ça n'arrivera jamais parce que j'étais pas trop contente de recevoir ma lettre de Poudlard... En même temps, je connaissais pas et mon frère pouvait pas venir alors c'était un peu normal. Maintenant, j'suis un peu plus contente d'être ici mais je suis pas sûre que je reviendrai l'année prochaine."

Cette année, comme celles qui l’avaient précédée, était passée à une vitesse folle. Irène ne parvenait pas à croire que les BUSE avaient bel et bien pris fin, et que dans deux mois, elle serait en sixième année. Dans son esprit, le mois de septembre venait à peine de commencer, et si ce soir tous les élèves se réunissaient, ce n’était pas pour se dire au revoir, mais au contraire pour accueillir les nouveaux. Étrange, cette sensation de ne pas avoir vu le temps passer, de l’avoir laissé filer entre ses mains, de n’avoir pu le retenir tandis qu’il s’enfuyait. Il semblait incroyable à Irène que ce soit déjà la fin de l’année, mais pourtant, c’était le cas. Dès le lendemain, ils se quitteraient tous pour deux longs mois, même si Irène comptaient bien correspondre avec les personnes qu’elle aimait, voire, si c’était possible, les voir. Comme tous, la Serpentard s’était mise sur son trente-et-un afin de fêter dignement la fin de cette nouvelle année. Aucune tristesse ne venait assombrir son âme, car bien qu’elle ait vécu des moments formidables dans les murs de Poudlard, elle était ravie de retrouver la demeure familiale, malgré les inévitables palabres d’Ethan sur la candidations que devait avoir une femme de son rang qui l’attendaient. Beaucoup étaient empreint d’une profonde nostalgie, soit qu’ils quittaient Poudlard après leur septième année, et, à moins qu’ils se lancent dans l’enseignement, savaient qu’ils ne reverraient plus le château qui les avaient accueilli pendant si longtemps, soit qu’ils ne voulaient pas quitter les habitudes qu’ils avaient prises durant l’année. Irène refusait de se laisser atteindre par cette atmosphère mélancolique qui planait sur le château, et préféra de loin profiter de l’absence de la Sang-de-Bourbe qui polluait son dortoir pour s’y préparer, et se rendre d’une élégance digne de son rang et de son sang. Elle retint un ricanement de mépris en songeant à la manière dont seraient vêtues plusieurs filles : d’une vulgarité sans nom, qui ne le siérait pas du tout, le pire étant certainement les tenues des sang-de-Bourbe –il était bien connu que ces misérables Moldus n’avaient jamais su s’habiller convenablement.

Vêtue d’une longue robe surannée aux reflets émeraude –elle mettait sa maison, la maison de sa famille, à l’honneur, comme le lui avait sommé sa mère- Irène sortir de la salle Commune, et gravit les escaliers qui menaient des cachots au rez-de-chaussée, où se trouvait la salle de bal. Ce bal tant attendu, aussi bien par les êtres inférieurs que par la Serpentard, même si elle avait suffisamment de retenue pour ne pas le crier sur tous les toits. Une clameur assourdissante se répercutait sur les hauts murs du hall, et enflait à mesure qu’Irène s’approchait de la grande salle. Elle poussa les lourdes portes de chêne, et, sitôt entré, ressentit une profonde humiliation en voyant que la salle était décorée aux couleurs de Poufsouffle. C’était la décadence de Poudlard, l’école ne pourrait tomber plus bas. Il fallait au moins espérer que le niveau remontrait l’année suivante, car si deux fois dans l’histoire de Poudlard, la maison des miséreux était en première place, les familles de sorciers respectables ne voudraient plus y envoyer leurs enfants, et préféreraient que ceux-ci aillent étudier dans une école moins souillée, comme Durmstrang, par exemple. Heureusement, Serpentard s’en tirait quand même avec les honneurs, puisqu’elle avait remporté la coupe de Quidditch. Après que le professeur McGonagall eut annoncé les résultats, elle conclut son discours par un « Je vous souhaite à tous une excellente soirée. » retentissant, ce qui annonçait certainement que le bal n’allait pas tarder à commencer. En effet, les élèves se levaient de leurs tables respectives, rejoignant leurs amis qui appartenaient à une autre maison que la leur. Irène les imita, mais plutôt que de jouer des coudes pour aller vers les rares personnes qu’elle aimait, elle préféra attendre que le flot d’élèves se réduise, ou même que ses amis la rejoignent eux-mêmes.

Irène aperçut Jan-Hendrik qui semblait se diriger vers elle, et c’est tout naturellement qu’un sourire vint éclairer son visage habituellement glacé, tandis qu’elle attendait que son ami arrive à se frayer un chemin. Cependant, il ne paraissait pas y parvenir, et après une courte minute, la Serpentard prit le parti de se jeter dans la marée humaine à son tour. N’hésitant pas à bousculer les importuns qui se mettaient sur son chemin, écrasant quelques pieds, elle finit par arriver auprès de Jan-Hendrik, qui semblait être aux prises avec une toute petite fille qu’Irène ne se souvenait pas d’avoir jamais vue, sans doute était elle en première année. Elle était habillée avec une affreuse robe d’un rose pâle écœurant, garnie de multiples dentelles et froufrous, et semblait vouloir enfouir le pauvre jeune homme sous un flot continu de paroles, qui ne devaient aucunement intéresser le Serdaigle, à en juger par son expression. Pour la Serpentard, il était clairement temps d’intervenir, car il serait inhumain de laisser son ami seul avec l’enfant. Elle n’avait pas l’air méchant, non, mais était ce qu’on pouvait appeler un « Moulin à paroles », et le Serdaigle était par conséquent clairement à plaindre.
«… lettre de Poudlard... En même temps, je connaissais pas et mon frère pouvait pas venir alors c'était un peu normal. Maintenant, j'suis un peu plus contente d'être ici mais je suis pas sûre que je reviendrai l'année prochaine." »
Irène s’approcha, et se pencha vers l’enfant, tentant de se débarrasser d’elle.
«Bon, ce n’est pas que tu es inintéressantes, mais on a autre chose à faire de notre soirée que de t’écouter, vois-tu.»
Elle avait essayé d’être gentille, ne voulant pas blesser la petite. Oh, ce n’était pas par bonté de cœur, simplement, elle ne voulait pas risquer de s’attirer des problèmes, et encore moins que l’enfant se transforme en une véritable fontaine au milieu de la Grande Salle, risquant d’ameuter d’autres élèves, voire des professeurs.
«Salut, Jan, sourit-elle en se tournant vers lui. Comment vas-tu ?»
Un rapide regard vers l'enfant vêtue comme une princesse, et la Serpentard repore son attention sur son ami. La petite était, il fallait l'avouer, bien mignonne, mais manquait cruellement de dignité. Irène aurait aimé se pencher sur son arbre généalogique, persuadée de pouvoir y débusquer bon nombre de Moldus, mais elle savait qu'elle n'aurait jamais l'occasion de le faire. dommage, ça aurait pu être fort intéressant. La rouquine reprit la parole.
«Qui c'est, cette petite ..? De quelle famille elle vient ?»

La jeune fille commençait à s’ennuyer ferme. Evidemment, elle regardait tout autour d’elle pour voir si quelque chose d’intéressant se profilait à l’horizon, mais rien de très notable en vérité. Il y avait bien Lara qui errait comme une âme en peine. La pauvre petite devait avoir perdu son amoureux, c’était bien dommage d’ailleurs, elle aurait bien aimé observer de ses propres yeux ce nouveau couple et commencer à établir des pronostics sur la durée de leur relation. Enfin, aucune importance, il y aurait probablement d’autres occasions pour elle de se payer la tête d’amoureux transis, ils ne devaient pas être le seul couple existant, même si c’était de loin celui qui l’intéressait le plus. Scarlett continua tout de même son inspection, s’attardant vaguement sur le préfet des serpentards, en grande conversation avec la pire trainée de l’histoire de Poudlard. Pathétique, et dire qu’il se disait en couple… Il allait probablement finir la soirée sur les genoux de Zora et Brawne allait se pendre dans son dortoir, une très bonne fin d’année en définitive. Le sourire de la jeune fille s’étira à cette alléchante perspective, pour une fois, ils n’auraient même pas besoin d’elle pour provoquer un vrai scandale, c’était parfait. De toute façon, même si elle passait toute sa soirée à s’ennuyer toute seule, elle aurait au moins la satisfaction de voir tous les septièmes années pleurer leur départ imminent et elle pourrait rire de toutes ces larmes. Bon… Qui avait-il d’autre d’intéressant ? Un serdaigle, Jan-Hendrik apparemment, elle n’avait jamais eu l’occasion de lui parler et de toute façon, elle n’en avait pas spécialement envie, d’autant plus qu’il était en pleine discussion avec un bonbon rose de petite taille ce qui laissait penser que la conversation ne devait pas être d’un grand intérêt. La rouge et or commençait très sérieusement à s’ennuyer, quand enfin quelque chose d’intéressant se produisit, à savoir l’arrivée de Scipion. Elle ne le perdit pas des yeux une seule seconde alors qu’il fendait la foule, à la recherche de Sarah probablement. Elle aurait pu se bouger les fesses pour aller à sa rencontre et lui signifier que sa meilleure amie n’était pas là et qu’il perdait son temps, mais le voir chercher encore et encore l’amusait et elle resta plantée, toujours au même endroit, sans se départir de son sourire narquois. Il était d’ailleurs fort probable que les autres personnes présentes la prennent pour une vraie cinglée à sourire toute seule dans son coin sans parler à personne, mais qu’importe. Le sourire de la jeune fille s’élargit, lorsqu’elle le vit saluer Zora de la main, malheureusement pour le griffon, elle avait un autre homme en vue ce soir, dommage, dommage… Enfin non, elle n’avait pas spécialement envie de trouver une Sarah chouinant sur son sort lorsqu’elles devraient reprendre le Poudlard Express, c’était déjà assez compliqué comme ça de devoir partager sa seule et unique amie, si en plus elle devait avoir que les mauvais côtés de celle-ci, autant aller tout de suite se jeter du haut de la tour d’astronomie. Scarlett aurait pu continuer toute la soirée son inspection, elle n’avait pas grand-chose d’autre à faire d’ailleurs, puisqu’elle n’avait pas d’amis et pas forcément envie de parler aux gens si ce n’était pas pour mettre la pagaille, mais Scipion semblait avoir décidé qu’il était temps de mettre en application, leur faux plan de réconciliation et marchait à présent dans sa direction. La jeune fille soupira, laissant de côté son large sourire pour croiser les doigts derrière son dos, en espérant qu’il fasse demi-tour. Déjà, lorsqu’il n’était pas là, elle avait envie de l’étriper, si en plus il venait lui pourrir l’existence, il n’y aurait probablement pas que Brawne dans les pertes déplorables de la soirée…Restait alors à distinguer le meurtre du suicide et elle était convaincue qu’elle trouvait un moyen de prouver son innocence. Malgré tout, comme il fallait s’y attendre, le jeune homme arriva devant elle, l’air aussi hypocrite que d’habitude et une subite envie de lui passer les mains autour du coup monta rapidement chez Scarlett… Finalement, pourquoi faire discret quand on pouvait se donner en spectacle ?

" Bien le bonsoir Scarlett. J'ose espérer que tu passes une bonne soirée? Même si cette dernière manque un peu de piment à mon goût... "

Il aurait au moins pu lui dire qu’elle était jolie ? Ça aurait été probablement sa seule vérité de la soirée, autant en profiter pendant qu’il en avait encore l’occasion. Quelle horrible soirée elle allait passer… Et dire qu’elle avait l’habitude d’adorer ce genre de rassemblement et qu’elle s’était fait une joie de venir. Eh bien, ce n’était plus le cas à présent. Non seulement sa meilleure amie ne semblait pas avoir daigné mettre les pieds au bal, mais en plus, elle se retrouvait coincé avec le petit ami de celle-ci dont elle ne pouvait se débarrasser sous peine de mettre en péril leur bonne entente ridiculement feinte. Cerise sur le gâteau, si Sarah arrivait maintenant, ce ne serait probablement pas vers elle qu’elle se tournerait mais vers le griffon… Super, vraiment super ! Cependant, elle devait arrêter de s’énerver toute seule, parce que d’une part ça ne servait à rien et de l’autre, ça ferait vraiment très plaisir à Scipion de savoir qu’il lui pourrissait l’existence. Heureusement, c’était probablement la dernière fois qu’elle le voyait, l’année prochaine il serait loin, à l’université ? En voyage ? Il travaillerait ? Si c’était le cas, autant qu’il se trouve un job à Londres, pour pas qu’elle soit obligée d’accompagner Sarah tous les week-end à Pré-au-Lard pour qu’ils puissent se voir au lieu de faire des journées shopping comme d’habitude. Et est-ce que Scipion venait au camping ? Mieux valait ne pas poser la question, parce qu’en cas de réponse positive, elle n’était pas sûre de pouvoir réprimer plus longtemps la haine grandissante qu’elle éprouvait envers le jeune homme. Cela étant, la rouge et or s’arma de courage, et lui décrocha son plus beau sourire, avant de répondre sur un ton tout à fait amical.

« Scipion ! Je ne m’attendais pas à te voir, ça me fait vraiment plaisir. Je te l’accorde, cette soirée manque sacrément d’action, mais bon, je ne vois pas trop ce qu’on pourrait y faire pour le moment… »

Le regard de Scarlett fendit la foule sans qu’elle puisse pour autant trouver une proie évidente et facile à atteindre. Lara était toujours désespérément seule, ce qui était vraiment très drôle en réalité, et une serpentard qu’elle ne pouvait pas encadrer venait de rejoindre bonbon rose et le serdaigle de cinquième année… Ou sixième ? Elle avait de gros doutes à ce sujet. En bref, rien de très croustillant à se mettre sous la dent… A moins que ? Sarah n’était pas encore là, elle pouvait très bien se permettre de titiller un peu Scipion, du moment que la poufsouffle parvenait à croire à leur réconciliation, elle n’était pas obligée de faire croire au jeune homme qu’elle l’appréciait vraiment. De toute façon, il n’était absolument pas dupe et elle non plus, leur antipathie respective devait se ressentir à des kilomètres et mis à part son air enjôleur, qu’elle tentait vainement de conserver, elle ne faisait rien pour camoufler sa haine et il était fort probable que ses yeux lancent des éclairs en direction du gryffondor. Sérieusement ? Pourquoi était-il venu la voir, elle ? Il y avait plein de petits poissons dans l’océan et il fallait qu’il la choisisse. Certes, elle était beaucoup mieux que la plupart, voire la totalité des autres élèves mais elle était aussi beaucoup moins facile à utiliser ce qui allait rendre la tâche un peu plus ardue pour le jeune homme. A moins que ce soit ce qui le motive justement, il se disait peut-être que se lancer un nouveau challenge serait amusant, après tout, bien que Scarlett ait beaucoup de mal à le reconnaitre, il avait gagné la première bataille et pouvait très bien avoir envie de s’attaquer à la seconde immédiatement. Enfin, sauf que cette fois-ci ce serait à elle d’ouvrir les hostilités, elle jeta un nouveau coup d’œil vers le couple Zora/O’Connor, avant de commenter à voix haute.

« Et dire qu’elle a déjà mis la main sur une autre cible… On dit qu’elle a perdu son client régulier, je me demande bien qui ça pouvait être… » C’était bas, et elle n’avait aucune preuve de ce qu’elle avançait, mais les fausses rumeurs ne l’avaient jamais arrêtées et surtout pas lorsqu’elles étaient aussi croustillantes. « Bon, je m’ennuie… Qu’est-ce qu’on fait ? »

Ce « on » ne lui plaisait pas forcément, mais ils n’avaient pas vraiment le choix. C’était soit se taper mutuellement dessus, soit taper ensemble sur quelqu’un d’autre et l’option à choisir apparaissait comme une évidence, elle n’avait pas fait l’effort de choisir sa tenue pendant des heures et de faire le déplacement pour repartir au bout de dix minutes dans l’espoir de fuir ce stupide gryffondor.

« Tiens, Coop', comment vas-tu ? Eh oui, second bal, mais je doute que je le hasard y soit pour quelque chose, je pense que ni toi ni moi n'aurions raté le dernier bal de notre scolarité à Poudlard ! »

Dernier bal… Et voilà qu’elle prenait un malin plaisir à lui rappeler immédiatement la nostalgie qu’il essayait vainement d’effacer depuis qu’il avait commencé à s’habiller dans son dortoir. Cette dernière soirée marquait la fin de beaucoup de choses et la rouge et or était certainement bien placée pour le savoir. Après tout, elle aussi était préfète, elle aussi allait perdre des amis, ou en tout cas s’en éloigner fortement. Il savait déjà qu’elle allait tout comme lui à l’université et se faisait un plaisir de la retrouver. Il était sûr d’avoir au moins deux têtes connues auprès de lui et elles n’étaient pas de trop. Il était agréable de se dire qu’il n’était pas le seul à avoir ce pincement au cœur qu’il n’avait encore jamais ressenti à l’approche d’une fin d’année à Poudlard. En même temps il n’avait encore jamais eu à se dire qu’il n’y remettrait jamais les pieds. Là encore, il avait un peu de mal à réaliser ce qui lui arrivait, et tant qu’il ne serait pas définitivement parti et qu’il n’aurait pas reçu ses résultats d’examens, il aurait toujours un mince espoir de pouvoir réintégrer l’école l’année suivante. Après tout, il n’avait pas encore reçu les papiers de la fac, confirmant son inscription, ce qui rendait beaucoup moins proche et surtout beaucoup moins réel son futur cursus, il n’était pas non plus sur à cent pourcents d’avoir réussi ses examens de fin d’année, même si ses premières impressions à la sortie des salles d’examens avaient été plutôt positives en fin de compte. De toute façon, Cooper n’était absolument pas du genre à s’étaler sur ce qu’il ressentait, ses émotions restaient toujours invisibles aux yeux des personnes qui ne le connaissaient pas forcément très bien et en l’occurrence, il n’avait pas forcément envie de pleurer sur son sort dans les bras de la préfète, ils allaient se contenter de passer la meilleure soirée possible et de ne pas trop penser à ce qui les attendait après. Ils avaient deux mois de vacances pour se faire à l’idée qu’ils ne reviendraient plus, c’était largement suffisant autant ne pas verser quelques larmes dès maintenant.

« Très bien, et en effet, je n’aurais raté ça pour rien au monde. Avec la victoire de notre équipe de quidditch en prime, ma dernière soirée n’aurait pas pu être plus parfaite. »

Le serpentard ne put s’empêcher de penser qu’elle aurait effectivement pu être plus parfaite si Bonnie avait daigné être présente, mais là encore c’était un doux rêve qui lui semblait assez inaccessible et il se contenterait donc de profiter de ses amis sans chercher à comprendre pourquoi sa petite amie n’avait pas voulu l’accompagner… Enfin, comprendre, il l’avait déjà fait, assimiler c’était un peu plus dur. Il tâchait pourtant de se dire que c’était normal, que s’il n’avait pas existé, jamais elle n’aurait ne serait-ce qu’envisagé de faire le déplacement pour la soirée et qu’elle n’avait pas envie de changer pour lui. Mais il y avait un monde entre changer complétement son mode de vie et faire quelques concessions. C’était sa dernière soirée quand même ! Enfin, il n’avait pas vraiment insisté sur ce point lorsqu’il lui avait demandé d’être présente, il était aussi possible qu’elle n’ait pas vu les choses sous cet angle… Mais non, elle était bien trop intelligente pour ne pas réaliser ça par elle-même, ou tout du moins c’était ce qu’il avait imaginé sur le coup, maintenant, il n’en était plus tout à fait sûr. Mais qu’importe, c’était encore une information qu’il garderait pour lui. Partager sa frustration avec Zora ne l’aiderait probablement pas à laisser de côté la tristesse palpable qu’il avait déjà du mal à réprimer et qui plus était, il n’avait jamais parlé à la rouge et or de sa petite amie et détestait particulièrement ce genre de « révélation » qui le mettait souvent assez mal à l’aise. Enfin, ce n’était pas le fait de le dire qui l’embêtait, mais surtout les réactions des gens et les questions évidentes qu’on lui posait après. Il aimait préserver sa vie privée et dans cette école c’était déjà assez compliqué comme ça, alors quand il pouvait se taire, il ne se faisait pas prier pour le faire. En même temps, il aurait sûrement le même problème à l’université, sauf qu’il passerait inaperçu dans un premier temps puisqu’il se retrouverait parmi les insignifiants premier années… Ça allait d’ailleurs être vraiment étrange de redevenir les bébés alors qu’ils étaient les plus grands à présent, mais bon, ils s’y habitueraient certainement très rapidement.

« Merci, elle est en soie. Tu n'es pas mal non plus, mais, si je peux me permettre, défait ce bouton là, ça sera mieux ! »

Sur ces bonnes paroles, Zora se permit de déboutonner le haut de sa chemise, ce qui fit sourire le jeune homme. Elle était fidèle à elle-même, spontanée et loin de se préoccuper de ce que tout le monde pensait de tel ou tel geste. En l’occurrence, elle n’avait rien fait de réellement choquant, mais il ne pouvait s’empêcher de s’en amuser, reconnaissant en la gryffondor la jeune fille qu’il avait rencontré la première fois qu’ils avaient passé une soirée ensemble. Quand était-ce d’ailleurs ? Il n’était même pas sûr de lui et c’était bien malheureux d’ailleurs. Il ne se souvenait pas avoir participé au bal de la Saint-Valentin qui avait eu lieu en février… Ca remontait donc si loin que ça ? Probablement Noël ou Halloween. Il avait presque l’impression d’avoir rencontré la jeune fille il y a deux jours et d’avoir à peine eu le temps de faire connaissance. Bien entendu, cette idée vint renforcer immédiatement le sentiment de nostalgie qui ne le quittait pas. Heureusement, dans le cas présent, il aurait tout le temps de lier une amitié plus solide avec la préfète une fois qu’ils seraient sortis de Poudlard, et tout irait comme sur des roulettes entre eux. Après tout, ils n’avaient aucune raison de ne pas s’entendre. Le petit flirt n’avait pas vraiment duré et il y avait fort à parier qu’au fil du temps, ils pourraient instaure une belle amitié sans ambiguïté, Cooper y croyait dur comme fer pour sa part, alors qu’il avait légèrement tendance à être un peu pessimiste, se montrant sceptique devant l’enthousiasme de ses camarades. De toute façon, il avait toute la soirée pour vérifier ses dires… A moins que Zora n’ait prévu quelque chose ? C’était lui qui était venu à sa rencontre et il n’avait pas vraiment songé à lui demander s’il la dérangeait et si elle avait l’intention de retrouver une personne en particulier. Beaucoup d’élèves venaient accompagnés en temps normal alors pourquoi pas la gryffondor. Enfin, ça n’avait pas grande importance, si son cavalier venait à pointer le bout de son nez, il lui suffirait de mettre les voiles et de trouver quelqu’un d’autre dans la salle avec qui discuter.

« Tss, la soirée a à peine commencé et déjà tu me déshabilles. »

Le jeune homme essayait tant bien que mal de détendre l’atmosphère et ça n’avait rien de très évident. Il avait plus envie de s’assoir quelque part, de sortir une bouteille de Whisky et d’en boire jusqu’à oublier son futur, son passé et même son présent. De temps en temps, il était tout de même plus simple d’oublier que de réfléchir et aujourd’hui était un jour comme celui-là. Le seul problème était que si ses souvenirs étaient exacts, la préfète avait déjà essayé de le faire boire à la dernière soirée qu’ils avaient passée ensemble. Ce n’était pas idéal pour montrer l’exemple, une petite beuverie entre préfets lors d’une soirée où tous les élèves de l’école pouvaient se rendre ne serait probablement pas très bien vu et en plus, ça lui donnerait l’étrange impression de reproduire exactement le même schéma que pour la soirée précédente et il trouvait ça plus que bizarre, presque dérangeant même. Et puis, ils devaient tenir leur rôle jusqu’au bout, rien ne lui disait qu’une bagarre n’éclaterait pas et qu’il ne se retrouverait pas coincé entre deux élèves un peu éméché auxquels il devrait fournir une heure de retenue pour la première semaine de la rentrée. Ce n’était pas parce que c’était le dernier jour qu’ils passaient à Poudlard, qu’ils devaient mettre de côté leurs responsabilités et se comporter comme de parfaits idiots. Cooper voulait au moins quitter l’école sans avoir de regrets, en étant sûr d’avoir un comportement qu’il ne pourrait pas regretter à l’avenir et en ayant également de très bons souvenirs. Les deux n’étaient absolument pas incompatibles. En même temps, pour l’instant, il se contentait de discuter tranquillement avec Zora sans penser à jeter de petits coups d’œil à travers la salle pour savoir comment se déroulait la soirée pour les autres élèves, ni s’il y avait un problème, ou d’autres amis qu’il aurait pu avoir envie de saluer. Des amis, il n’en avait pas des masses, mais il avait tout de même bon espoir de pouvoir dire au revoir à toutes les personnes qu’il risquait de ne plus revoir et il avait la nette impression qu’il s’y prenait un peu tard pour le faire.

« J'espère qu'on va s'amuser, histoire de bien marquer la fin d'une époque ! »

Au moins, Zora et lui étaient sur la même longueur d’onde. Il n’avait même pas besoin de répondre qu’il espérait exactement la même chose, c’était une évidence. Cooper se mit à scruter du regard la salle derrière lui. Ce n’était pas de l’impolitesse, il faisait tout de même particulièrement attention à ce que lui racontait son interlocutrice, mais il voulait en savoir un peu plus sur ce qu’il se passait autour. Il repéra très vite un groupe étrange composé d’une très jeune petite fille sûrement une première ou une seconde année qui n’avait pas vraiment choisi les meilleurs camarades possibles pour entamer une discussion, il se promit de les garder à l’œil. Il ne connaissait pas le jeune homme et à moins qu’il soit en septième année, il ne le connaitrait probablement jamais, mais la jeune fille en revanche faisait partie des personnes partageant ses couleurs et part la même occasion, elle était le genre de serpentard qu’il ne pouvait pas encadrer. Les verts et argents étaient tout de même ceux qui subissaient le plus les préjugés, les stéréotypes à leur égard étaient nombreux et personne en semblait résigné à les laisser de côté, la méfiance était souvent de mise lorsqu’il rencontrait un autre élève et il n’avait qu’à se souvenir de sa conversation avec Hecate pour se le prouver. Seulement, ces idées reçues ne sortaient pas de nulle part et il avait toujours des serpentards un peu trop stupide pour se forger leur propre caractère et décider que puisqu’ils étaient à serpentard, ils allaient calquer ce qu’ils étaient sur ce qu’ils étaient censés être. C’était d’ailleurs ce qu’il avait reproché à Matthew, le capitaine de l’équipe de quidditch avant que celui-ci ne mette les voiles pour aller il ne savait trop où, mais malheureusement, il n’était pas le seul à agir de la sorte. Entre Naïa, Ryan, Irène, June et Lewis, il était facile, trop facile de trouver matière à critiquer. Enfin, de toute façon il vivait ses dernières heures en tant que serpentard et préfet, et même s’il n’avait pas forcément honte de sa maison, il était content de ne plus avoir à défendre ses couleurs. Ils avaient au moins gagné la coupe de quidditch cette année, c’était une maigre victoire, mais une victoire quand même.

« Bien sûr qu’on va s’amuser je vois pas pourquoi on s’amuserait.... Lara ! Tu as perdu ton Prince Charmant ? »

Cooper n’avait même pas terminé sa phrase et la pauvre Zora devait se demander pourquoi il s’était retourné brusquement pour attraper une autre gryffondor par le bras. En même temps, c’était une occasion en or, le jeune homme ne pensait pas avoir le droit de profiter un peu de sa meilleure amie sans qu’Alexander ne soit à ses côtés et c’était pourtant le cas apparemment. Il venait donc de l’enlever tranquillement alors qu’elle passait à quelques centimètres de lui, sans le voir apparemment. Il n’avait pas forcément besoin de faire les présentations, les deux jeunes filles se connaissaient sûrement, il ne restait plus qu’à espérer que les deux griffonnes s’apprécient assez pour pouvoir passer un bout de soirée ensemble. De toute façon, Cooper ne lâchait pas le bras de Lara, elle devrait donc composer avec ce qu’il lui offrait, et puis elle avait toujours été l’amie de tout le monde, il aurait été étonnant qu’il tombe une fois de plus sur la personne qu’elle ne pouvait pas blairer…

" Sois certaine que le plaisir est partagé, je suis absolument ravi d'être en si bonne compagnie. A ce que je vois, certains ont opté pour le baby-sitting... "

Ravi… Mais bien sûr, il ne pouvait pas l’encadrer et c’était réciproque, mais de toute façon, ce n’était que le début de leur petit jeu et l’hypocrisie serait de toute façon présente et bien présente toute la soirée ou en tout cas, tant qu’ils restaient en compagnie l’un de l’autre. Au moins, il y avait tout de même un avantage à avoir Scipion comme partenaire pour la soirée, elle pouvait médire et l’écouter médire sans qu’il ne la dévisage avec une expression horrifiée sur le visage ce qui était le cas des autres élèves en général. Quoi qu’au finale, Scarlett se gardait bien de dire tout ce qu’elle pensait à voix haute lorsqu’elle se savait en compagnie de l’amie du peuple, c’était bien dommage d’ailleurs, elle aurait aimé pouvoir s’amuser de tout le monde avec ses camarades de dortoir. Le problème c’est qu’avoir Lara Di Cavour avec elle ne lui permettait pas de fignoler correctement son projet comme elle le voudrait. L’italienne avait des amis un peu partout, en réalité, elle ne savait même pas si elle avait des ennemis quelque part et il y avait fort à parier que cracher sur les personnes qu’elle aimait n’était pas son passe-temps favori, contrairement à Scarlett qui ne perdait jamais une occasion de critiquer. En même temps, elle n’aimait pas grand monde pour ne pas dire personne, ça lui simplifiait donc sacrément la tâche. Scipion avait au moins l’avantage de lui ressembler beaucoup sur ce plan-là et le voir s’intéresser de plus près à ce qu’il se passait dans la salle histoire de trouver rapidement une activité ne pouvait que lui faire plaisir. La rouge et or ne comptait pas rester toute la nuit à se tourner les pouces, c’était même absolument hors de question, voire les autres s’amuser, rire, bien s’entendre avec tout le monde sans que rien ne vienne les perturber lui donnait la nausée et elle n’avait même pas besoin de se retourner vers son acolyte pour savoir qu’il était dans la même situation qu’elle, voire pire. Ils étaient tout de même un peu différents, Scipion se fichait de semer la pagaille et de se faire prendre par la suite alors que la jeune fille ne mettrait en aucun cas sa bonne réputation auprès des professeurs en péril, puisque ce n’était pas ses notes qui lui permettraient d’obtenir leur attention.

« Je pense qu’on peut les laisser de côté pour maintenant, ils vont martyriser une première année, la faire pleurer, se trouver trop cool et s’imaginer qu’ils domineront le monde prochainement… Si ça peut leur faire plaisir, pourquoi est-ce qu’on les arrêterait ? »

Scarlett n’avait pas spécialement envie de se mêler de cette histoire. Après tout, il y avait plutôt de quoi rire. Ils se mettaient à deux contre une première année qui faisait presque de la peine à la rouge et or bien qu’elle ne puisse pas entendre la nature exacte de leur conversation et c’était bien triste de leur part de s’imaginer qu’ils pouvaient avoir l’ascendant sur tout le monde parce qu’ils l’avaient prouvés en martyrisant une simple gamine. De toute façon, Scarlett n’avait jamais pu encadrer Irène et ne connaissait pas vraiment son compagnon, ou peut-être seulement parce qu’elle s’était amusée à casser du sucre sur son dos un jour ou l’autre, mais si c’était le cas elle ne s’en souvenait pas. La verte et argent quant à elle la révulsait autant physiquement que mentalement, si encore elle avait eu une apparence agréable, mais non, elle ne faisait même pas cet effort-là. Elle avait toujours un air suffisant qui déplaisait fortement à la jeune fille et une coupe de cheveux qui laissait à désirer. Et puis son délire des sang-purs et tout le bazar c’était quand même assez stupide au point d’en être pathétique. En même temps, où qu’elle irait, Scarlett savait qu’elle trouverait des familles toujours très attachées aux anciennes valeurs, mais elle avait juste envie de leur hurler dessus qu’ils évoluaient dans un monde un peu plus moderne maintenant et qu’ils étaient en parfait décalage avec l’opinion générale. Enfin, la rouge et or avait beau trouver Irène insupportable, ce n’était pas forcément al cible qu’elle avait envie de choisir pour ce soir. Déjà parce qu’elle risquait de se coltiner bonbon rose par la suite et que ce n’était même pas la peine de l’envisager et aussi parce qu’en fait, elle avait déjà jeté son dévolu sur quelqu’un qui n’était autre que la personne debout à côté d’elle. Scarlett avait toujours regretté de ne pas pouvoir se venger de Scipion faute d’avoir quelque chose de tangible sur lui et c’était le moment ou jamais de tester un peu le jeune homme pour voir ce qu’il en ressortirait.

" Son client régulier? Parmi tous ceux qui lui sont passés entre les bras tu veux dire? Puisqu'elle semble trouver le régent des sangsues à son goût, il n'y a qu'à aller voir du côté des préfets. "

La jeune fille était déçue, il n’avait même pas sursauté. Trop nul ! Il était même resté très calme et avait l’air véritablement étonné par ce qu’elle venait de lui dire… S’était-elle réellement trompée à ce point ? Un deuxième échec en si peu de temps n’avait rien d’enthousiasmant pour la jeune fille qui s’imaginait aisément pouvoir retrouver son top niveau en un rien de temps. Après tout, quoi qu’il ait pu se passer ces derniers mois, elle était Scarlett Levinson, rien ne la touchait et rien ni personne ne pourrait la détourner de son objectif. En même temps, elle n’en avait pas vraiment puisqu’elle se contentait simplement de trouver chaque jour un nouveau moyen pour pourrir la vie d’une personne qu’elle appréciait plus ou moins. Enfin, tant que ça lui permettait de s’amuser un peu, de ridiculiser un élève auprès de l’école entière et d’apposer sa signature sur le front d’une nouvelle victime, il n’y avait absolument aucune hésitation à avoir. Et en parlant de victime, Austid l’avait été pendant ses six années passées à Poudlard, elle l’avait d’abord ignoré, ne lui trouvant absolument aucun intérêt particulier, c’était vaguement intéressé à son cas en remarquant qu’elle commençait sérieusement à virer nympho et avait tenté un rapprochement stratégique lorsque la jeune fille avait repris le poste de préfète des rouges et or. Seulement, cette tentative c’était soldée par un échec et elle était bien résolue à faire de la vie de la pauvre Zora un véritable enfer. En même temps, elle changeait de garçon tous les deux jours, pas étonnant que sa réputation ne soit pas excellente, ou tout du moins pas parmi les filles qui devaient tenir leurs copains en laisse lorsqu’elle était dans les parages. C’était sûrement un peu exagéré, mais c’était justement ce qui plaisait à Scarlett et ce qui l’amusait. Depuis le banquet de Noël, elle s’était mis à traquer sa préfète avec une ardeur grandissante en constatant que les liens l’unissant à Scipion étaient pour le moins étrange, elle avait tout de suite vu une opportunité de descendre les deux jeunes gens en même temps et ça aurait certainement pu marcher si Sarah n’était pas venue s’ajouter à l’équation. De toute façon, la question ne se posait plus, puisque Scipion venait de lui prouver qu’elle avait probablement tort sur toute la ligne, chose qu’elle s’empressa de vérifier d’ailleurs.

« J’en sais pas plus, je me contente de t’informer… Bien sûr, on peut aller lui poser la question ? Je suis sûre qu’elle serait ravie de nous faire part de ses expériences. On dit qu’elle n’est pas très exigeante, du moment que ça a deux bras, deux jambes et que ça « fonctionne »… »

Inutile de préciser qu’il était absolument impensable que Scarlett aille volontairement vers Zora. La préfète ne pouvait pas l’encadrer, ce n’était donc pas l’idée du siècle, mais la jeune fille voulait savoir si son hypothèse était complétement fausse ou si le rouge et or essayait simplement de noyer le poisson. Après tout, elle savait pour avoir côtoyé Scipion, bien malgré elle, qu’il n’était pas du genre à se laisser embobiner mais plutôt à embobiner à son tour, elle ne pouvait même pas le lui reprocher puisqu’elle faisait exactement la même chose de son côté. C’était d’ailleurs pour ça qu’il l’irritait tellement. Il était un peu elle au masculin et c’était agaçant de se faire prendre à son propre jeu. Car pour l’instant, il avait l’avantage et cette soirée était la dernière occasion qu’elle avait de le reprendre enfin. Ils ne se verraient jamais plus ensuite et ils resteraient donc sur une défaite ce qui était absolument inenvisageable aux yeux de Scarlett. Elle avait tellement bien réussi son coup dans les couloirs pourtant, ils s’étaient rendus dans le bureau de la directrice, elle avait récupéré le précieux dossier qu’elle tenait tant à avoir, elle lui avait révélé les sentiments qu’éprouvait sa meilleure amie et pensait être parvenue à acheter son silence. Sauf qu’il avait complétement réussi son coup et la situation c’était d’un seul coup retournée contre elle sans qu’elle ne puisse réellement s’y attendre. Cette cuisante revanche restait bien sûr imprimée dans son cerveau et si comme d’habitude elle feignait une certaine assurance, elle n’en menait pas large actuellement. Après tout, elle était tout de même en face de son pire ennemi qu’elle devait pour le moment considérer comme son ami, chose qui était loin d’être évidente pour elle. La rouge et or avait donc plus que hâte de fêter son départ qui représenterait inévitablement une vraie délivrance. Seulement, si elle pouvait avoir l’opportunité de le trainer dans la poussière, sans que Sarah ne soit au courant, ce serait un cadeau d’adieu formidable.

« Il y a du monde… et je suis certain qu’ils n’attendent que ça, un peu de mouvement. Nous pourrions leur en donner l’opportunité. »

Scarlett lui jeta un regard interrogateur ? Leur en donner l’opportunité ? Qu’est-ce qu’il entendait par-là ? Elle était peut-être maitre dans l’art du commérage et de la manipulation des sentiments, elle était absolument incapable de mettre la pagaille d’une autre manière et il devait probablement le savoir. Si son projet se résumait à mettre quelque chose dans les petits fours, à déshabiller un professeur ou toute autre chose du même genre, elle ne pouvait lui être d’aucune utilité et trouvait même ça plutôt barbant comme projet. Après, si l’idée principale était d’aller embrasser un garçon pour semer la pagaille parmi les couples, de faire croire à tout le monde que Scipion et elles se détestaient en inventant une fausse dispute pour ensuite la retourner contre le reste des élèves ou tout autre chose faisant parler de faux sentiments, elle était plus que partante. Le problème restait de trouver une véritable cible pour leurs agissements. Scarlett en avait déjà une en tête en venant au bal, elle était sûre et certaine ne vouloir s’attaquer à Alexander et Lara, tel qu’elle l’avait prévu avec Isis… Isis ? Mais où était donc passée la petite vipère ? Elle s’attendait bien sûr à avoir au moins auprès d’elle son élève, et elle aurait un reproche à lui faire à la rentrée, si elle ne daignait pas pointer le bout de son nez à cette soirée. Elle se souvenait pourtant lui avoir expliqué à quel point les regroupements entre élèves étaient importants, ils permettaient d’observer les liens insoupçonnés qui unissaient les uns et les autres et de glaner au passage plusieurs informations assez intéressantes. La serpentard avait donc intérêt à arriver ou à la trouver si elle était déjà là, dans les plus brefs délais. En plus, si Sarah venait à se montrer, elle se retrouverait complétement seule et aurait bien besoin d’Isis pour faire croire à tout le monde qu’elle avait quand même des amis au château, ce qui était en vérité loin d’être le cas. Finalement, Scarlett n’était pas sûre d’avoir correctement analysée la situation lorsqu’elle imaginait pouvoir vivre une soirée formidable, pour l’instant tout ceci restait assez bancal et elle avait peur de constater qu’elle s’embarquait dans quelque chose qui risquait de mal finir pour elle. Mais avait-elle vraiment le choix ? A part croiser les doigts et donner le change, elle n’avait pas d’autre solution…

« Ouais… Le seul problème c’est que la moitié de la salle peut pas nous encadrer, je sais pas si tu l’as remarqué… On a donc tout un tas de possibilités, c’est dur de choisir. »

Scarlett afficha une mine boudeuse parfaitement feinte, avant de sourire à nouveau à son complice d’un soir. Sarah aurait probablement été bien inspirée d’arriver maintenant avant qu’ils ne passent véritablement à l’étape bêtise de leur plan, pour l’instant, ils n’en étaient qu’à l’étape de la préparation, mais entre le vol de dossiers dans le bureau de la directrice, les divers délits de Scipion et les interrogatoires plutôt musclés de la rouge et or, mieux valait pour le bien-être de tous qu’ils ne complotent pas ensemble trop longtemps.

« J'te faisait beau, pardon, fit-elle une légère moue sur le visage. Si ça t'embête je le referme ! »

Cooper leva les yeux au ciel, avec toujours un grand sourire étalé sur le visage, il ne faisait que la taquiner et elle devait probablement l’avoir compris. Enfin, tant qu’elle ne faisait que lui enlever un bouton, il ne trouvait absolument rien à y redire, ça aurait été plus inquiétant si elle s’était amusée à le déshabiller devant tout le monde, mais ce n’était pas le cas, alors autant s’en amuser. Et puis, c’était un moyen comme un autre de détendre l’atmosphère, à moins qu’il ne la trouve pesante que dans sa tête ce qui était aussi tout à fait probable. Après tout, il n’avait pas discuté avec Zora de cette fin d’année, il ne savait pas si elle était contente ou pas de quitter Poudlard, mais se doutait quand même que ça devait lui faire un choc comme à la plupart des élèves d’ailleurs. Le O’Connor laissa malgré lui échapper un soupir, on ne se refaisait pas. Cette soirée avait beau être la dernière, et il avait beau se dire qu’il allait essayer d’en profiter un maximum, il avait bien du mal à penser à autre chose qu’à son départ et aux souvenirs qu’il garderait de cette année. Même ses professeurs allaient probablement lui manquer. Il s’était rendu compte seulement cette année qu’ils n’étaient pas seulement là pour l’accabler de reproches en permanence et faire de sa vie un véritable en faire. Son jugement assez immature de l’enseignement fourni à Poudlard lui avait mis cette idée en tête dès le début de sa scolarité et il venait seulement de s’en débarrasser, à présent, il devait réaliser qu’en sept ans de scolarité, il avait tout de même passé six ans et demi à préparer des projets pour assassiner tous les membres du corps enseignant dans leurs sommeil et que maintenant, il voulait aller les serrer dans ses bras… Enfin, peut-être pas quand même, mais c’était l’idée générale. Il n’était pas spécialement démonstratif et ce n’était pas parce qu’il entamait sa dernière soirée à Poudlard qu’il allait brusquement changer de comportement. Seulement, il aurait aimé pouvoir dire à voix haute ce qu’il pensait tout bas, mais pour le moment, il n’arrivait pas franchement à trouver le courage. Harponner Lara lui servit au moins de diversion, sa meilleure amie ne devait pas en mener beaucoup plus large que lui, mais peut-être qu’à trois, ils parviendraient plus aisément à se remonter le moral.

« On ne peut pas vraiment dire que je l'ai perdu, étant donné que je ne l'ai même pas trouvé ! »

Ah ? Il n’était pas venu, étonnant de la part du serdaigle. Cooper ne le connaissait pas vraiment, mais assez pour savoir qu’il aimait s’amuser et que bien qu’il puisse être lui aussi un peu nostalgique, il n’aurait pas manqué cette soirée. Et puis, si Lara était là, c’était probablement parce qu’elle attendait que le serdaigle vienne le rejoindre, la jeune fille ne devait pas en mener très large à l’heure actuelle. Elle perdait tout de même son petit ami et son meilleur ami dans la foulée et même si le serpentard savait que sa présence dans la vie de la rouge et or n’était pas complétement indispensable, il n’était pas assez bête pour ne pas réaliser qu’il allait lui manquer. La réciproque était tout aussi vraie d’ailleurs, il venait à peine de la retrouver, et déjà il devrait là laisser derrière lui, c’était assez difficile à encaisser pour le coup, mais il n’avait pas le droit de se plaindre puisqu’il était la raison principale, voire même la seule raison de leur brusque séparation. Enfin, tout cela était derrière lui et s’ils devaient en reparler un jour, le moment n’était certainement pas le mieux choisi, sans compter qu’il y avait toujours Zora en face de lui et qu’il ne pouvait pas se permettre de l’exclure de la conversation en abordant un sujet qu’elle ne pourrait pas vraiment comprendre. Prendre part à une discussion sans pouvoir y ajouter son grain de sel devait être incroyablement frustrant et puis, ça faisait un peu bouche-trou et il ne voulait surtout pas que la gryffondor s’imagine qu’il était venu vers elle faute de mieux. Ce n’était absolument pas le cas, ça faisait un bout de temps qu’il avait envie de revoir Zora et il n’en avait pour le moment jamais eu l’occasion. Il avait été très pris par ses révisions qui se révélaient être encore plus difficiles à gérer que prévu et ensuite par les examens, depuis il s’appliquait à préparer ses vacances et à écrire à ses parents pour les informer de l’avancée de ses projets. Il ne savait pas du tout comment ceux-ci parvenaient à intégrer l’idée du voyage en France, mais il devait bien reconnaitre qu’il ne leur avait absolument pas laissé le choix sur ce coup-là. Et puis l’avis de ses parents était le cadet de ses soucis, pour le moment, il venait de faire une jolie boulette…

« Prince Charmant ? Alors comme ça les rumeurs sur le préfet des Aiglons est vraie ? »

Quand Lara lui avait avoué avoir officialisé sa relation avec le serdaigle, il s’était bêtement imaginé qu’elle n’avait aucun problème à en parler autour d’elle et qu’il n’y avait plus rien à dissimuler, il n’avait donc absolument pas réfléchi à ce qu’il disait avant d’ouvrir la bouche et devait bien reconnaitre qu’il avait un peu raté son coup. Il jeta un regard désolé à Lara avant de lâcher son bras. Il ne s’en voulait pas tant que ça finalement, après tout, ce n’était pas l’information du siècle, il n’avait pas jeté une bombe et rien de ce qu’il venait de dire n’aurait de répercussion sur sa meilleure amie, lui-même n’aurait d’ailleurs vu aucun inconvénient à ce qu’elle mentionne le prénom de Bonnie dans une conversation, mais il regrettait tout de même de ne pas lui avoir laissé le temps de l’annoncer par elle-même. Enfin, c’était de Lara dont il parlait, elle allait se contenter de sourire, si elle ne lui en avait pas voulu de ne pas lui avoir adressé la parole pendant deux ans, elle ne lui dirait rien pour une bricole pareille. Cependant, il se garda bien de reprendre la parole à sa place cette fois-ci, la laissant se dépêtrer tant bien que mal dans l’explication qu’elle voulait ou ne voulait pas donner. Il ne s’intéressa pas non plus aux compliments respectifs qu’elles se firent sur leurs tenues. Elles étaient jolies toutes les deux de toute façon, et il ne voyait pas l’intérêt de s’étendre sur le sujet, il aurait pu dire la même chose à toutes les jeunes filles auxquelles il adresserait la parole ce soir, sans toujours le penser d’ailleurs. Il l’avait déjà précisé une fois à Zora, et Lara savait très bien qu’il la préférait en jean en train de creuser un trou derrière sa maison pour chercher un trésor… Enfin, c’était quand ils avaient une dizaine d’année, mais même, il se souvenait de sa meilleure amie comme ça et ne s’était jamais demandé s’il la trouvait jolie et encore moins si c’était son genre de fille. Aujourd’hui ne ferait pas exception, il n’évitait pas de la regarder, mais la voyait simplement comme sa Lara avant tout, sans chercher à la dévisager davantage.

« Qu'est-ce que vous comptez faire ? Danser ou passer la soirée à discuter, et boire ? »

Enfin une question intéressante, voire même capitale. Cooper n’avait jamais spécialement aimé danser, même s’il lui arrivait bien sûr de le faire, ça lui rappelait d’ailleurs étrangement le bal d’Halloween qu’il avait passé en compagnie de Roxanne mais il n’avait pas classé cette soirée dans son top dix, mieux valait qu’il se retienne de comparer les deux. De toute façon, quoi qu’il puisse se passer ensuite, ça serait toujours mieux que de se retrouver face à Scipion qui s’amuserait à renverser une fois de plus un liquide visqueux sur sa chemise avant de l’obliger à quitter la soirée pour retourner se changer. Scipion… Où était-il d’ailleurs ? Il n’avait pas eu l’occasion de l’apercevoir depuis qu’il l’avait gentiment envoyé en retenue en compagnie de Lara… D’ailleurs, la jeune fille n’avait pas non plus mentionné ce petit détail, elle était décidément beaucoup trop gentille, il n’était pas convaincu de la mériter. Pour ce qui était du rouge et or, il jubilait encore d’avoir aussi bien réussi son coup et ne se gênait pas pour s’attribuer tout le mérite alors que sans Sarah il ne serait pas arrivé à grand-chose finalement, mais la jeune fille l’avait laissé tomber à un moment crucial, donc il l’avait tout simplement rayé de l’équation sans s’en formaliser plus que ça. Il trouvait quand même particulièrement étrange que Scipion n’ait pas déjà trouvé un moyen de lui faire payer son geste, après tout, il n’allait pas laisser sa vengeance de côté, ça paraissait tout à fait impossible du point de vue de Cooper. Il ne se voyait pas tranquillement se rendre au pays des Bisounours pour se réconcilier avec son camarade et devenir son meilleur ami. Scipion l’avait forcément ajouté à la liste des personnes à éliminer si tout cela avait commencé par un bal, pourquoi ne pas le terminer de la même manière ? Ce n’était pas une perspective très enthousiasmante, Cooper voulait passer une dernière soirée en toute sérénité, et surtout ne pas se retrouver avec e crétin à l’université l’an prochain, ce qui était bien probable puisqu’il était en septième année lui aussi.

« Comme vous voulez, moi je suis ouverte à tout ! »

Le jeune homme avait laissé Zora s’exprimer avant lui et devait bien reconnaitre que sa réponse ne les avançait pas beaucoup. Finalement, comme la question venait de Lara, c’était à lui de trancher et son cœur balançait facilement en faveur de l’option bavardage. Il n’était pas du genre à aimer les potins et ce genre de chose, mais c’était sa dernière année et il s’intéressait très près aux projets d’avenirs et/ou de vacances de ses amis. Finalement, il ne savait pas s’il était content de passer tout son mois d’aout à Londres, Isis allait peut-être se rendre au camping, c’était aussi le cas de Lara, il aurait eu l’occasion de les voir s’il s’y était inscrit aussi mais il avait dû faire un choix et il ne regrettait pas le sien du tout. Après tout, qu’est-ce qui aurait pu l’empêcher de faire cette semaine de voyage en compagnie de Bonnie ? Rien probablement. Il allait quand même en France, ce n’était pas rien. Il avait eu l’occasion d’y aller une seule fois dans sa vie et pour un amoureux des voyages comme lui s’était une occasion en or. Il allait également assister à l’une des représentations de Bonnie puisqu’elle y allait avant tout pour le théâtre et même si elle tentait de lui faire croire que ce n’était rien et qu’il devait redescendre sur terre, il imaginait quand même que ça allait être génial. Après tout, la vipère n’était pas super ouverte de nature et il allait quand même avoir le droit de découvrir une partie de sa vie, et une grande partie d’après ce qu’il avait pu comprendre. Enfin, il n’en était pas encore là, il devrait d’abord passer une semaine en compagnie de ses parents, ils lui poseraient des tas de questions à propos de tout et n’importe quoi et quand Cooper en aurait marre, il s’en fermerait dans sa chambre avec la musique à fond comme lorsqu’il était en pleine crise d’adolescence… Ridicule. Enfin, cette simple constatation lui suffisait à réaliser qu’il n’avait absolument pas envie de rentrer chez lui et ça ne l’aidait pas spécialement à profiter de la soirée à laquelle il avait tout de même fait l’effort de venir. Il reprit donc la parole tout de suite après Zora, essayant de camoufler ses pensées même si à côté de Lara, ça n’avait rien d’évident.

« On ne devrait pas trop s’éloigner pour le moment si on veut qu’Alex nous retrouve, si on bouge trop, le pauvre n’y arrivera jamais. Et puis, je suis sûr qu’on a plein de choses à se raconter en cette fin d’année, après tout deux d’entre nous de reviendrons plus ici l’année prochaine. »

Il avait parlé sur un ton qu’il voulait désinvolte sans trop savoir s’il avait réussi. Il fallait l’espérer parce qu’il n’était pas venu pour verser toutes les larmes de son corps mais plutôt pour discuter avec tous ses amis et dire au revoir à ceux qu’il était sûr de ne pas revoir avant un bon bout de temps.

Les secondes passaient sans que Candlynn ne trouve l'occasion de se taire, ni même sans que Bailee ne fasse son apparition. Si le Serdaigle lui avait fait signe, elle ne devrait probablement pas tarder mais il fallait se rendre à l'évidence, il n'y avait pas la moindre trace de sa meilleure amie. Peut-être ne l'avait-elle tout simplement pas vu ? Il était difficile de faire attention à tout le monde quand tout Poudlard était réuni et il y avait quasiment aucune chance qu'elle l'imagine en train de discuter avec un grand. Déjà parce qu'il semblait évident que Bailee ne l'imaginait pas souvent en pleine discussion avec qui que ce soit puisqu'elle ne semblait pas apprécier particulièrement qu'elle converse avec une autre personne qu'elle et puis aussi parce qu'il étaitsuffisamment rare comme ça qu'un grand s'amuse à l'écouter parler, et qu'au beau milieu d'une soirée comme ça, ils devaient avoir bien mieux à faire. Quoi ? Elle l'ignorait totalement et n'avait pas grande envie de lui poser la question de but en blanc même si après elle risquait de faire des bébés questions qui la hanteraient toute sa vie, elle trouverait certainement l'occasion de lui demander plus tard. Pour l'heure, il était là, il l'écoutait, il ne prenait certes pas la peine de répondre mais ce n'était pas très grave, la fillette n'allait pas se vexer pour si peu, il n'était pas rare qu'elle monologue, et ce même chez elle où Jeremiah avait l'habitude de décrocher quand elle se mettait à parler, encore et encore, sans véritablement prendre le temps de respirer ni même de vérifier qu'il suivait toujours. Au fond, elle se comportait souvent comme elle le faisait là même si depuis qu'elle était entrée à Poudlard, les occasions se faisaient rares. Raison de plus pour ne pas laisser le pauvre jeune homme disparaître au milieu des gens, en la laissant là, seule et sans nouvelle de sa meilleure amie quelque part là-bas dan la foule, meilleure amie qu'elle ne retrouverait très certainement jamais sans son aide. Avant que son interlocuteur ait eu le temps d'ouvrir la bouche, une fille apparut et s'incrusta dans la conversation.

« Bon, ce n’est pas que tu es inintéressantes, mais on a autre chose à faire de notre soirée que de t’écouter, vois-tu. »

Candy lui adressa un sourire radieux en hochant la tête, ravie de pouvoir enfin poser sa question sans qu'elle n'arrive comme un cheveu sur la soupe. Elle ne la connaissait pas, ne se souvenait pas l'avoir croisé dans les couloirs... C'était bizarre parce qu'elle avait l'habitude de croiser plein de monde dans les couloirs, déjà parce qu'elle s'y perdait souvent et aussi parce que les gens semblaient y traîner lorsqu'ils n'avaient rien à faire, voire même quand ils avaient des choses à faire mais qu'ils préféraient attendre que le temps passe. C'était bien d'attendre que le temps passe mais sa mère lui avait toujours dit de ne jamais remettre au lendemain ce qu'elle pouvait faire le jour même si bien qu'il lui arrivait souvent de crouler sous les choses à faire sans avoir le temps de toutes les finir. Ca devait probablement être le cas de l'inconnue puisqu'elle n'arrivait pas à se souvenir d'elle. Elle devait toujours avoir des trucs à faire, si bien qu'elle devait rester loin des couloirs et tout et tout, ce qui expliquerait finalement son anonymat. Elle se tourna vers son ami sous le regard curieux et enchanté de la gamine. Deux "amis" pour le prix d'un, c'était inespéré ! Elle avait bien fait de venir en fin de compte ! Jamais elle n'aurait cru avoir tant de compagnie. Un peu plus et Bailee peinerait à attirer son attention. Bon, d'accord, il y avait fort à parier qu'elle l'entraîne vite et loin dès qu'elle serait arrivée à leur hauteur mais ce n'était pour l'instant pas le cas.

« Salut, Jan, Comment vas-tu ? »

Bien élevée, la première année se tut enfin, leur laissant le temps de discuter comme bon leur semblait avant de reprendre la parole. Elle se contentait de les observer en souriant, se demandant bêtement ce que ça pouvait faire d'être en cinquième année. Ca faisait loin, la cinquième année... Encore quatre ans entiers. Comme si elle avait vraiment l'occasion de le savoir un jour, elle serait partie bien avant cela, bien avant sa deuxième année même, avec un peu de chance... Il y avait peu de chance pour que ça ne soit pas le cas. Après tout, elle avait été bien gentille, était restée une année à Poudlard pour voir ce que ça faisait, maintenant elle avait bien l'intention de rester auprès des siens et de reprendre la route sans plus attendre et sans perdre d'autres mois entre les murs du château. Son dortoir lui manquerait, les gentils tableaux aussi, tout comme les escaliers qui arrêtaient de bouger quand elle pensait à leur demander gentiment, et pire encore, sa meilleure amie laisserait un vide immense qu'elle peinerait à combler, voire même qu'elle ne comblerait jamais... Enfin, c'était la vie, elles le savaient très bien depuis le début, l'une comme l'autre, qu'elles ne seraient pas amies très longtemps puisque leur passage à Poudlard serait de courte durée. Peut-être pourraient-elles s'écrire ? Ou se revoir ? Si leurs mamans se voyaient parfois, pourquoi n'en feraient-elles pas de même ? Elle aurait été ravie de recontrer la deuxième fille Browning, qu'elle avait vaguement aperçue sur le quai et dont elle entendait exclusivement du mal...

« Qui c'est, cette petite ..? De quelle famille elle vient ? »

Son sourire ne put que s'agrandir. Elle aimait bien se présenter, faire savoir aux gens qu'elle rencontrait qui elle était pour un peu qu'il daigne en faire de même. Jan-Hendrik l'avait fait, ce qui était bien la preuve qu'il avait été enclin à partager cette conversation avec elle. Il aurait très bien pu la regarder de haut avant de continuer son chemin comme s'ils ne s'étaient jamais percutés, comme beaucoup de gens le faisaient, notamment des filles. Mais non, il était resté là à bavarder avec elle, à l'écouter, à l'aider à retrouver sa meilleure amie. Peut-être n'avait-il pas mieux à faire, contrairement à ce qu'avait dit la nouvelle arrivée ? C'était fort peu probable mais pas totalement impossible. Il ne lui laissa pas le temps de répondre qu'il le fit à sa place et pas de la manière la plus agréable qui soit.

« C'est pas imporrtant... »

Candlynn le regarda sans trop comprendre. Qu'est-ce qui était pas important ? Qui elle était ? C'était méchant. Elle n'avait pas la prétention de prétendre que son existence intéressait le château tout entier, bien au contraire, mais si elle avait posé la question, c'était bien que ça l'intéressait un minimum, sans quoi elle se serait contentée de faire comme si elle n'existait pas, ou mieux encore, comme si elle était retournée vaquer à ses occupations sans les fixer sans broncher. Elle perdit le fil de la conversation, les voyant seulement s'éloigner. Non ! C'était pas juste ! Elle aimait bien discuter et tout et tout ! Ils n'avaient pas le droit de partir, pas maintenant, pas alors qu'elle serait toute seule après ! Ni une ni deux, la Serdaigle leur emboîta le pas et se pressa légèrement pour se retrouver devant eux, avançant à l'envers tant bien que mal, son immense sourire toujours accroché aux lèvres.

"Je m'appelle Candlynn, et je suis la première de toute ma famille à venir à Poudlard alors je pense pas que tu les connaisses alors même si tu sais pas de quelle famille je viens, ça change rien. Et toi ? Tu t'appelles comment ? Tu savais que tu allais venir ici ? Pas moi... C'était bizarre quand j'ai reçu ma lettre. Et c'est quoi les choses que vous avez à faire de la soirée ? Vous allez manger des cookies ?" adressa t-elle à la jeune fille avant de se tourner de nouveau vers Jan-Hendrik. "On dirait que Bailee elle a pas vu où on était. Tu veux bien l'appeler s'il te plait ? S'il te plait, s'il te plait, s'il te plait."

C’était trop dur, beaucoup plus dur qu’elle ne l’avait imaginé en réalité. C’était probablement la dernière fois de sa vie qu’elle voyait Candlynn et elle avait du mal à l’intégrer réellement. Ou peut-être l’avait-elle justement trop bien intégré et c’était justement là que se situait le problème. Son amie, sa seule vraie amie ne semblait absolument pas triste à l’idée de la quitter alors qu’elle-même avait les larmes aux yeux à chaque fois qu’elle y pensait. Bien entendu, elle avait quand même prévu d’assister à la soirée de fin d’année avec Candy, elle savait que celle-ci ne pourrait pas résister à l’attrait de potentiels de cookies et elle savait également que laisser la petite serdaigle sans surveillance n’était pas l’idée du siècle, elle faisait beaucoup trop de bêtises pour qu’elle puisse se permettre de la laisser se gérer sans personne pour veiller sur elle ou la guider. Seulement, quand elle était entrée dans la salle commune, Bailee avait été frappé de plein fouet par l’enthousiasme qui y régnait, les élèves se préparaient par petit groupe, la plupart avaient de jolies tenues et se réjouissaient de savoir quelle maison allait l’emporter et qu’est-ce qu’il allait se produire pendant la dite soirée. La serdaigle fit demi-tour à peine les portes franchies, toute cette agitation, ces visages heureux… C’était trop pour elle, elle n’avait pas envie d’être heureuse, elle n’avait pas envie que les autres le soient, elle avait surtout envie de leur hurler de fermer leurs grandes bouches, de se mettre en rang deux par deux et de monter se coucher immédiatement, mais elle était trop petite et ils se contenteraient de la pousser gentiment dehors avec un gros scotch sur la bouche pour qu’elle arrête de les enquiquiner. Sa décision ne fut donc pas très difficile à prendre, et c’est en courant qu’elle partit du côté opposé à son dortoir, empruntant les escaliers pour monter le plus haut possible, là où aucun élève ne viendrait la chercher en cette soirée de fête.

C’est dans la volière que la petite serdaigle finit par trouver refuge. Elle avait une façon bien particulière d’exprimer son chagrin et cette fois-ci de furent les pauvres hiboux qui bénéficièrent du triste spectacle qu’elle avait à offrir. Au début, elle se contenta de s’assoir par terre et d’enfouir sa tête dans ses bras, sans pour autant verser une seule larme, ce n’était pas faute d’en avoir envie, mais elle en était incapable tout simplement, la colère était un sentiment qui allait de pair avec la tristesse chez la petite fille et ses parents en avaient bien souvent fait les frais. Au bout de quelques secondes de réflexion, elle commença tout de même à s’agiter un petit peu plus et sa véritable crise de nerf commença enfin. Elle savait que personne ne l’entendrait. L’endroit n’était pas très propre, mais qu’importe, elle portait encore son uniforme pour la dernière fois de l’année. Elle ne reviendrait pas avant deux mois et quand elle remettrait enfin les pieds au château, ce serait pour se retrouver complétement seul. Théoriquement, la solitude ne l’avait jamais dérangé, elle l’avait vécu pendant toute son enfance, elle avait délibérément rejeté sa petite sœur, et voilà qu’elle avait peur de perdre quelqu’un c’était injuste ! Complétement injuste. Taper des pieds sur le sol n’était certainement pas la meilleure solution, ou en tout cas ce n’était pas ce qui l’aiderait à garder Candlynn auprès d’elle, mais c’était son moyen d’expression favori. Finalement, ses professeurs et ses camarades de dortoir avaient eu de la chance cette année, elle n’avait pas été l’horrible gamine qu’elle pouvait être à la maison. Jeter une fourchette ou un couteau dans la tête de sa sœur sur un coup de colère ne l’avait jamais dérangée, essayer de l’étrangler pendant son sommeil non plus. La petite Margaret avait acquis grâce à ça des réflexes impressionnant, elle réussissait toujours à éviter les objets qui volaient dans la pièce… Sauf qu’en l’occurrence la petite fille n’était pas là pour lui servir de souffre-douleur et c’étaient le sol et les murs de la volière qui subissait son accès de colère, ou plutôt elle-même au final, puisque ses doigts souffraient bien plus qu’elle n’infligeait de douleur. Seulement, il était très difficile pour elle de parvenir à retrouver son calme dans ce genre de situation et ce n’est qu’après de longues minutes qu’elle finit par s’arrêter, complétement essoufflée, les doigts et les genoux meurtris par les coups qu’elle s’était infligée.

Et maintenant ? Elle n’avait pas trop le choix, il fallait qu’elle redescende, qu’elle affronte cette affreuse dernière soirée et avec le sourire si ce n’était pas trop lui demander. De toute façon, un sourire était rare sur le visage de Bailee et Candlynn ne s’inquièterait certainement pas de ce manque d’enthousiasme. La petite serdaigle avait complétement perdu la notion du temps… Et si elle avait laissé la première année s’enfoncer dans la jungle sans filet de sécurité ? Non, c’était inimaginable, elle ne pouvait pas avoir fait une chose pareille. Cette simple pensée, suffit à lui faire retrouver le peu de courage qu’elle avait et elle reprit le chemin de la salle commune. Le trajet qu’elle avait parcouru pour arriver jusqu’ici lui avait paru trop court et celui-ci lui paraissait vraiment trop long. Les escaliers bougeaient dans tous les sens, mais elle avait déjà vidé toute sa colère et se sentait maintenant complétement vide et incapable de s’énerver. De toute façon, à part sauter dans le vide pour aller plus vite, elle ne pouvait pas faire grand-chose et la petite fille n’était pas assez stupide pour tenter une chose pareille. Lorsqu’elle arriva enfin dans sa salle commune, elle la trouva complétement déserte. Elle monta dans son dortoir rapidement, sûre d’y trouver Candlynn qui l’attendait bien sagement bien partir. Mais évidemment, la petite fille était tranquillement partie à la soirée sans l’attendre, probablement certaine de l’y retrouver plus tard. Bailee se changea donc à la hâte, pestant intérieurement contre le monde entier qu’il était beaucoup plus facile de blâmer à sa place. Heureusement, pour elle, elle avait prévu sa tenue depuis un bout temps déjà et c’est vêtue d’une jupe blanche toute simple et d’un chemisier blanc qu’elle descendit dans la salle commune, ses chaussures à la main. Elle prit la peine de nouer un ruban dans ses cheveux, comme à son habitude et d’attacher correctement les boucles de ses chaussures vernies. Elle était en retard, très en retard… Sans même vérifier si elle avait tout bien mis correctement, Bailee prit la direction de la Grande Salle, constatant avec amertume qu’elle avait encore beaucoup trop d’escaliers à prendre.

En arrivant sur les lieux, elle constata immédiatement que la tâche serait plus ardue qu’elle n’avait pu l’imaginer. La plupart des élèves faisaient deux têtes de plus qu’elle et il était difficile d’apercevoir son amie dans ses conditions. Elle dut s’approcher du buffet et monter sur une table pour enfin repérer la petite fille qui avait eu la présence d’esprit de porter un vêtement assez visible. Bailee lança un regard désolé à ses professeurs avant de redescendre de son perchoir qui n’avait probablement pas été prévu à cet effet. En temps normal, elle se serait précipitée vers Candlynn pour la serrer dans ses bras, lui taper dessus ou la gronder, mais cette fois-ci, c’est avec précaution qu’elle s’approcha de la serdaigle, en faisant bien attention à rester derrière son dos pour qu’elle ne puisse pas la voir. Sa conversation l’intriguait, elle était avec un autre serdaigle qu’elle ne connaissait pas et qui ne lui disait rien de bon… Observer de loin lui servirait peut-être pour plus tard. Elle trouva un mur sur lequel s’appuyer et resta à une distance convenable des deux serdaigles pour pouvoir écouter leur conversation. De toute façon, qui ferait attention à cette simple petite fille ? Le jeune homme ne la connaissait même pas et avant qu’il la repère dans la foule, il s’écoulerait pas mal de temps. Bailee resta un moment appuyée sur son mur, souriant en entendant les propos sans queue ni tête de Candy et pestant contre celui qui essayait visiblement de s’en débarrasser. Que s’imaginait-il ? Qu’il était tombé sur la pire des crétines ? De toute façon, il avait échoué et Bailee s’en amusait follement. Il n’était pas nécessaire qu’elle intervienne de toute façon, elle était bien trop contente de savoir qu’elle manquait à Candy et de se rendre compte qu’elle n’avait absolument pas besoin d’elle pour embêter les autres. Bien sûr, il y avait tout de même une différence puisqu’elle ne s’en rendait pas compte, mais c’était justement encore plus rigolo comme ça. La petite fille aurait pu rester toute la soirée comme ça, si une autre fille n’avait pas rejoint la discussion, loin de se montrer aimable envers la pauvre Candy qui plus était. La serdaigle ne bougea cependant pas d’un pouce, se contentant de commenter pour elle-même la conversation.

*Connasse.* pensa-t-elle en regardant la jeune fille, avant d’ajouter très rapidement. *Pardon maman.*

Elle n’avait jamais eu le droit de dire des gros mots, ce qui ne l’avait jamais empêché de le faire. Cependant, elle s’excusait tout de même à chaque fois, de peur de recevoir une beuglante ou quelque chose du même genre. C’était peu probable, mais Bailee était intimement convaincue que ses parents savaient qu’elle faisait une bêtise parce qu’ils étaient tout à fait capable de le sentir à distance. C’était probablement stupide, mais il fallait se lever de bonne heure pour lui donner tort. Enfin, même si Candlynn se retrouvait actuellement en position de faiblesse, elle ne s’en rendait pas forcément compte et c’était une très bonne chose. La serdaigle se contenta donc d’écouter la suite, prête à intervenir si les choses commençaient à tourner au vinaigre. Elle savait que contre deux grands, elle ne pourrait pas faire grand-chose, mais obliger Candy à fuir, ça c’était dans ses cordes, et elle n’était pas sûre que cette dernière soit capable de réaliser correctement si c’était le moment de mettre les voiles ou non.

~La fin d'année... Oui, la fin d'une nouvelle année ici à Poudlard. Cette année riche en étude était maintenant fini. C'était une bonne chose pour certains mais une mauvaises pour d'autres. En effet, cette cinquième année avait été rude et difficile. Maintenant, les BUSEs terminés, il ne restait que le temps de "se la couler douce" jusqu'à la fin. Ryan était très content que les examens soient terminés mais aussi très malheureux de voir cette dernière année où il pouvait faire les cent coups avec Cecily. En effet, elle partait car elle était en septième. Le serpent aurait voulu qu'elle puisse rester mais valait mieux souhaiter un bon succès aux proches. Ça le rendait souvent nostalgique cette pensée. Bien qu'il ne le démontrait pas, ça le rendait triste. Et il aurait la chance de la revoir cet été lors du camping à Pré-au-Lard. Et peut-être pas juste à ce moment. Il n'avait pas prévu de passer beaucoup de temps chez lui à Norfolk... Mais ce n'était pas le moment de penser à tout cela en cette dernière journée. En soirée, il y aurait, comme à l'habitude, la vielle McGonagall qui annoncerait les vainqueurs de la coupe de Quidditch et de la coupe des Quatre Maisons. Le jeune Quick avait hâte de savoir les vainqueurs de la coupe de Quidditch puisqu'il en faisait partit. Les classements furent plutôt serrés... Ce sera probablement une grande soirée. Comme Ryan aimait fêter, ce serait un bon moment d'en profiter. Cependant, il y aurait la plupart des élèves de l'école et plusieurs dont il n'aimait pas... Il lui faudrait tenter de ne pas lancer des mauvais mots ou de les confronter puisque les profs' étaient là... Il lui faudrait donc se conduire de manière civilisée...

~La salle commune était bruyante. On pouvait voir pleins d'élèves aller par ici et par là. Ryan lui, n'était pas pressé et avait prit son temps pour mettre son plus beau costume pour l'occasion, de couleur émeraude étant foncé. On aurait pu dire Peut-être ferait-il sensation parmi les demoiselles? Qui sait? Mais peu importe, c'était pour Amara d'une certaine façon. Elle serait probablement encore plus magnifique qu'à l'habitude... Tout comme Cecily... Mais présentement, le serpent avait finit de se préparer. On aurait dit que ses cheveux avaient ce que les moldus appelaient "gel" mais il avait trouvé un moyen avec la magie et de l'eau de faire la même chose. Il espérait avoir l'air "correct" ce soir. Se trouvant dans le dortoir, il regarda alentour de lui et fila. Il souhaita voir sa "soeur" mais ne la vit pas. Était-elle déjà partit vers la grande salle? C'était possible ou bien elle était encore en train de se préparer. Ryan n'avait mit que dix minutes pour tout finaliser, c'est pourquoi il trouvait que les filles se donnaient beaucoup trop de temps mais ce n'était pas important... La salle commune était bondé de gens qui se hâtaient afin d'être bien préparés pour le bal. Mais comme il n'y avait pas de signe de la personne dont il cherchait, il se dirigea vers la grande salle en montant les cachots. Il arriverait sûrement à temps pour écouter la vielle pie faire son discours de fin d'année habituel puisqu'il était partit un peu plus tôt ce qui n'était pas son habitude. Il croisa quelques étudiants ici et par là, même quelques petites filles de première et deuxième année gloussaient, ce qui énerva le jeune Quick mais ne s'emporta pas comme il l'aurait fait si ce n'était de cette soirée. La grande salle n'était pas encore pleine car il était arrivé un peu plus tôt mais ne tarda pas quand la directrice commença son discours. Ryan, ne voulant pas s'asseoir, resta debout contre un mur. McGonagall dit ainsi que les gagnants de la coupe de Quidditch fut Serpentard. Le serpent partagea ainsi la même joie que ceux de sa maison mais encore plus avec ceux qui faisaient partit de l'équipe. La salle tourna en vert mais ce n'est qu'ensuite que la directrice annonça que Poufsouffle avait gagné la coupe des Quatre Maisons et les couleurs devinrent jaunes... Ryan détestait ces couleurs... et cette maison. Mais bon, peu importe, il s'était juré de ne pas s'emporter en cette soirée. Mais allait-il réussir?

~Le serpent chercha Amara des yeux mais ne la vit pas ni Cecily. L'une des deux devaient probablement être dans la grande salle puisqu'elle était bondée de la plupart des élèves. Il attendrait sinon. La soirée ne faisait que commencer alors rien ne pressait. Ici et par-là on pouvait voir certains élèves de septième année discuter. Ryan reconnut Austid et un des membres de son équipe de Quidditch, O'Connor qu'il n'avait jamais vraiment parlé. C'était le préfet de la maison. Il n'était pas l'un de ces Serpentards qui détestaient les nés-moldus comme le jeune Quick ou certains d'autres. Cette haine était beaucoup moins fréquente de nos jours étant donné que les sangs-purs disparaissaient d'année en année... Bref le Serpentard marcha un peu pour tenter en vain de trouver Amara en ignorant s'il y avait des regards posés sur lui mais s'arrêta puis se mit de nouveau contre le mur.

Un bal de fin d'année... Quel était le crétin qui avait décrété qu'ils en avaient besoin ? Il lui semblait que Poudlard s'enfonçait de jour en jour dans ces modèles stupides d'écoles banales comme ils pouvaient tous en trouver partout et dans lesquelles évoluaient à l'année des élèves indignes d'être présentés comme tels et qui présentaient pour seul intérêt que celui de peupler des couloirs bien trop déserts sans eux. Où était le prestige ? Probablement loin, bien loin, trop loin peut-être même... En d'autres circonstances, Sarah se serait fait une joie de se rendre à une énième soirée importante, gloussant comme une idiote tout du long, un sourire rayonnant ancré sur ses lèvres glossées, mais ce soir-là, c'était différent. Comme si la fin de l'année devait être fêtée ! Ne se rendaient-ils donc pas compte à quel point l'année suivante s'annonçant morne et inutile ? Etaient-ils donc trop bêtes pour comprendre qu'ils s'apprêtaient à fêter le début de la décadence ? Visiblement... Et elle n'avait même pas le courage de faire en sorte de leur mettre la vérité sous le nez. Ils comprendraient bien assez vite, et elle serait là pour remarquer le triste résultat. Elle n'en avait de toute façon guère le choix. Quoique... Avec un peu de chance, peut-être que ses parents décideraient de l'empêcher d'y retourner ? Elle n'avait qu'à leur expliquer d'une voix larmoyante qu'elle avait failli être renvoyée pour quelque chose qu'elle n'avait pas fait, qu'elle avait aussi été à deux doigts de la mort, et que tout le monde la détestait de toute façon... Il fallait espérer que Danah ne viennen pas chantonner qu'elle en était la seule responsable et que la menace s'était éloignée. Non, Danah ne ferait jamais ça, elle se contenterait de lever les yeux au ciel en lui tendant moqueusement un mouchoir avant de reprendre ses activités tout en gardant une oreille attentive à la suite de la conversation. Et son plan fonctionnerait. Quels parents avaient envie de risquer la vie de leurs enfants ? Sûrement pas les siens aussi débiles soient-ils. Elle ne retournerait pas à Poudlard, terminerait sa scolarité elle ne savait trop comment et passerait ses ASPICs tant bien que mal. Il y avait fort à parier que sa frangine reste à lui tenir compagnie, puisque si c'était dangereux pour l'une, ça l'était immanquablement pour l'autre aussi. C'était une hypothèse plutôt plaisante, au détail près qu'il y avait Scarlett. Jamais elle n'aurait imaginé penser à elle dans un cas d'urgence comme celui-ci et pourtant... Avait-elle réellement envie de laisser sa meilleure amie derrière elle ainsi ? Probablement pas. Elle n'avait jamais été une amie extraordinaire mais au point où elle en était, elle n'avait pas le courage de tirer un trait sur la seule personne qui compterait encore entre ses murs l'année prochaine. Elle allait donc l'enfoncer jusqu'au bout... La blonde soupira et referma le magazine qu'elle était en train d'étudier, posant un regard las et désintéressé sur les filles de son dortoir. Ca riait, piallait, plaisantait, évoluait dans la joie et la bonne humeur. Une joie et une bonne humeur bien loin d'être communicatives. Elles finirent par descendre, laissant un silence désagréable s'installer. Au pied de son lit défait, Ruby se faisait les dents sur sa cravate. Elle ne prit même pas la peine de la lui retirer.

"Ca va, je sais que je dois y aller. En tant que Préfète, blablabla. Comme si j'en avais quelque chose à faire, sincèrement." râla t-elle en repoussant sa couverture sur l'animal qui ne broncha pas et ne chercha pas à réapparaître. "Tu aurais au moins pu me trouver une excuse pour rester ici. Tu sers vraiment à rien parfois."

Elle attrapa sa robe beige, dont le haut était entièrement rebrodé de cristaux dorés, pendue au montant de son lit à baldaquin et disparut dans la salle de bain. Ca empestait les mélanges de parfums et de gels douche mais elle tâcha de ne pas y faire plus attention que ça et fila sous l'eau. Malgré le vacarme des gouttes sur le carrelage, elle avait l'impression d'entre les rires et les voix s'élever de la salle commune. Elle serait probablement en retard. Et ce serait tant mieux. Pour la première fois de sa vie, elle n'avait pas la moindre envie de se pavaner devant ses camarades, elle n'avait pas envie de les voir, pas envie de les affronter, pas même de se moquer d'eux. Son lit semblait la rappeler et avec lui la possibilité d'oublier cette affreuse soirée. Il lui faudrait faire semblant jusqu'au bout, sourire et plaisanter, jouer les élèves parfaites et se ravir de la victoire. Elle s'en fichait totalement, de cette victoire ! Il y avait bien plus important qu'une affreuse Coupe déposée dans le bureau d'un abruti de professeur. Les bruits s'étaient évanouis. Ils avaient tous dû retrouver la Grande Salle pour cette dernière soirée... Et dire qu'il lui faudrait terminer sa valise en revenant et, dans quelques heures, grimper dans le Poudlard Express. Elle n'en avait pas la moindre envie. Rares étaient les fois où elle ne souhaitait pas retrouver ses amis à Newcastle mais là, ils lui semblaient tellement insignifiants, tellement banals. Comment se passerait les adieux ? Et après ? Il lui faudrait certainement tourner la page et passer ses vacances comme n'importe quelle fille de son âge dans le même cas, à pleurnicher sur son sort un pot de glace au chocolat entre les mains... La Poufsouffle finit par s'échapper de cette pluie artificielle, se sécha rapidement et enfila distraitement sa robe. Un bref regard dans le miroir acheva de lui donner envie de rester cloîtrer ici. Elle avait plus l'air d'une pauvre fille perturbée que de l'habituelle reine des pouffes. Oh, bien sûr il y avait peu de chance de passer inaperçu, encore heureux d'ailleurs vu le prix qui lui avait coûté cette robe mais ce n'était pas pour les raisons auxquelles elle s'était toujours habituée malheureusement... Elle s'y ferait. Elle termina rapidement de se préparer sans grand entrain et quitta sa salle commune.

Il ne lui fallut qu'une poignée de minutes pour rejoindre la masse des élèves qui se pressaient à l'intérieur de la Grande Salle. Le discours de la Directrice devait être terminé puisqu'un brouhaha désagréable s'échappait d'entre les immenses portes ouvertes. Un sourire feint mais néanmoins convaincant étira ses lèvres alors qu'elle pénétrait à l'intérieur, cherchant des yeux des têtes connues et un minimum appréciées. O'Connor était en train de roucouler dans un coin avec Austid, comme le soir de Noël malgré ce qu'avait pu lui raconter Scarlett à leur sujet et ce malgré la présence de Di Cavour, c'était étrange que cette idiote ne soit pas avec Maddox d'ailleurs à moins que Whitby ait réussi à lui mettre le grappin dessus ? Ca lui paraissait improbable au possible mais au fond pourquoi pas. Elle n'allait pas rester la pauvre gamine coincée jusqu'à la fin de ses jours. Les microbes de premières années étaient de sortie et visiblement occupées à jouer les boulets auprès de leur aînés, qui avaient dû s'y mettre à plusieurs pour tenter vainement de s'en débarrasser. Merveilleux. Cette soirée s'annonçait inintéressante au possible. A peine était-elle arrivée qu'elle regrettait déjà d'avoir lâché Sorcière Hebdo pour s'y rendre... Il n'y avait d'ailleurs pas beaucoup de Poufsouffles dans les environs... Ni Jake, ni Elliott, ni Astride... Pas même l'insupportable Mayfair. Pourtant, la salle commune était déserte, y avait-il quelques soirées clandestines dans le reste du château ? Si tel était le cas, ça valait peut-être le coup d'aller y faire un tour, ne serait-ce que pour terminer l'année en beauté et tous les envoyer en retenue pour la nuit. Elle s'apprêtait à faire demi-tour lorsqu'elle remarqua sa meilleure amie, en plein discussion avec Scipion, ce qui lui tira sans mal un soupir vaguement jaloux. Elle oublia son envie de savoir où était passé les autres et se fraya tant bien que mal un chemin jusqu'à eux. Ce ne fut pas une mince affaire, comme si tous les gens présents avaient eu pour envie commune de l'empêcher de passer. Elle finit tout de même par arriver jusqu'à la jeune fille, posant négligemment une main parfaitement manucurée sur l'épaule de celle-ci.

"Il y a des recrutements pour le couvent ce soir ? Je ne pensais pas que tu t'intéressais si sérieusement à Elliott."

Elle lui adressa un sourire gentiment moqueur avant de la contourner et d'aller embrasser le Gryffondor. La dernière soirée de l'année... Triste histoire. Elle n'était pas bien pressée de la voir se terminer, cette année, et ce même si les débuts n'avaient pas été des plus agréables. Elle n'avait pas la moindre envie de se rendre compte de son absence à la rentrée prochaine alors qu'elle tentrait vaguement de faire bonne impression, riant sans envie à une plaisanterie vaseuse d'une copine de table. Il le faudrait, pourtant... Chassant bien rapidement ses pensées inadaptées à la soirée, elle sourit de plus belle.

"J'ai loupé quelque chose ?"