Cours 1 - 7e année

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Aindreas était fébrile. Il avait travaillé sur son cours toute la nuit, à repenser à la meilleure façon d’introduire le sujet, de susciter les débats et les discussions. Les septièmes années étaient des adultes, ils allaient quitter Poudlard dans quelques mois et devenir les prochains sculpteurs de la société sorcière. Moloney se sentait investi d’une mission : développer leur esprit critique et leur aptitude à raisonner et à analyser le monde dans lequel ils vivent afin de faire d’eux de meilleurs citoyens.

Il se revoyait à sa sortie de Poudlard, tout naïf, prêt à conquérir le monde. Il se souvenait à quel point le Professeur Binns l’avait peu armé pour affronter et comprendre tout ce qui l’entourait. Ces jeunes sorciers et sorcières n’avaient certainement pas eu un meilleur parcours en histoire de la magie : s’il pouvait au moins leur donner un peu de matière à réflexion pour leur permettre de ne pas partir à zéro une fois leurs ASPICS en main.

D’ailleurs, les ASPICS étaient dans quelques mois! Il s’attendait à ce que les jeunes soient nerveux, voire angoissés de performer à leurs examens finaux. Tout cela stimulait énormément Aindreas.

Il avait pris la peine de noter son plan de cours de façon bien détaillée dans son carnet personnel, cette fois, pour être sûr de ne pas l’oublier. Il regarda par la fenêtre de son bureau : le Soleil qui se levait s’annonçait chaud et prêt à faire bourgeonner toutes les branches de la Forêt interdite. Il relut une autre fois ses notes : peut-être que s’il les lisait suffisamment, elles allaient bien s’ancrer dans sa mémoire pour son cours. Il avait encore le temps de tout lire au moins une vingtaine de fois : le cours des septièmes n’était qu’à 10h.

Après la deuxième lecture seulement, il s’assoupit sur son carnet et se réveilla en sursaut 10 minutes après l’heure du début du cours. Ébranlé, il se leva d’un bond, prit son carnet personnel et courut vers la salle de classe. Les élèves étaient tous en place, en train de papoter, excités et énervés par le printemps qui s’éveillait sur Poudlard. Aindreas était furieux contre lui-même. Il avait beau faire tout ce qu’il pouvait, il n’arrivait jamais à être à l’heure à ses classes. Sa réputation était déjà faite dans toute l’école, alors qu’il s’était trompé de jour pour le cours des quatrièmes et qu’il ne s’était tout simplement pas présenté à son cours. La rumeur courait qu’il avait préféré prendre un verre aux Trois Balais plutôt que de se présenter en classe.

Bref, il ferma la porte, ouvrit son carnet pour y trouver la façon dont il avait prévu commencer le cours. Ses cheveux étaient complètement décoiffés et en essayer de déchiffrer son écriture, il s’aperçut qu’il avait oublié ses lunettes dans son bureau. Il plissa les yeux et approcha le carnet à 5 cm de son visage avant de laisser tomber.

« Et bien, bon matin à tous. Félicitations pour votre ponctualité. »

Il se racla la gorge et tenta de faire quelque chose de ses cheveux tout en reprenant ses esprits. La nervosité accentuait ses troubles de mémoire. Il cligna des yeux, secoua sa tête, et reprit. Il se répéta quelque peu :

« Bonjour à tous ! Merci d’être là ce matin. Alors, ce matin, pas de voyage dans le temps comme les autres. Ce matin, nous allons parler des vraies choses. »

Il vit de la déception au visage de ses élèves. Son sort de désillusion temporelle avait eu du succès dans l’ensemble de ses cours jusqu’à maintenant.

« Ce matin, nous allons débattre. Il est temps de voir ce qui se trouve dans votre petite tête! »

Il prit son carnet de notes pour se rappeler le sujet du débat. Il parvint, avec difficulté, à lire l’énoncé qu’il écrivit au tableau d’un coup de baguette :

« Un monde harmonieux avec les moldus est-il possible? Commentez en utilisant vos connaissances historiques. »

Des mains se levèrent instantanément. Il fit signe aux élèves de les baisser. Ce n’était pas comme ça qu’il allait procéder aujourd’hui.

cours d’histoire de la magie

Rioghbhardan & sa classe

Je fourre mes affaires à la hâte dans mon sac et quitte la serre sans un regard en arrière. Je n’ai jamais su pourquoi j’avais gardé cette matière. Botanique, sérieux… Non, en vrai, j’ai jamais su comment j’avais fait pour avoir la moyenne aux BUSEs… La suite est plus simple : j’avais tellement peu de matières validées que mes parents m’ont pas tellement laissé le choix. C’est l’Enfer sur Terre, ce truc. J’aime pas. Ça m’intéresse pas. Et il faut bien reconnaître que j’aime encore moins cette année. MacDougall me met clairement mal à l’aise… Depuis quand je suis censé devoir supporter une prof super pote avec mon copain, hein ? Franchement, c’est l’angoisse totale. Le parc n’est qu’un fond vert et bleu que je traverse au pas de course. Dans moins de cinq minutes, j’ai Histoire. Au troisième. Autant j’ai une semaine de feignasse, autant j’enchaîne toute la matinée. Le soleil disparaît alors que j’entre dans le Hall. Les voix des élèves rebondissent contre les hauts murs de pierre dans un brouhaha abrutissant. Je cherche machinalement du regard un visage connu et apprécié : Milo, Tracy, Danni, Wendy… Mais rien. Juste des mômes qui piaillent. Sans intérêt. Alors sans perdre davantage de temps, je grimpe. Et grimpe et grimpe… Les escaliers acceptent de coopérer mais les gens juste derrière n’ont pas la même chance. Je ne peux m’empêcher de sourire, un brin moqueur, alors que les marches s’envolent vers une autre destination. C’était moins une ! Un soupir m’échappe et je ralentis la cadence. Je suis pas en retard, tout va bien. Je remonte mon sac sur mon épaule et enfonce, avec une négligence savamment étudiée, mes mains dans les poches de mon pantalon. Le bruit du Hall me parvient encore, étouffé par les pierres. Y’a pas à dire, on est quand même mieux loin de la marmaille. Mais la mienne me manque. Les chamailleries d’Aoibheann et Mal, les pleurnicheries de Ciara, tout ça… Plus les semaines passent, plus le manque est grand. Pourtant, j’ai pas hâte de le combler. J’ai pas hâte de les revoir. Pas vraiment en tout cas… Parce que ça voudra dire que l’année sera finie. Non… Que ma scolarité sera finie… Dans quelques mois, je passerai mon diplôme et ensuite, je serai loin. La légèreté de cette matinée s’éloigne. C’est de plus en plus difficile de ne pas y penser, de faire comme si tout allait bien… C’est pas vrai. J’ai aucune envie de quitter cette vie-là. Je connais rien d’autre… Je vais me retrouver à Lucan, et après ? Je sais même pas ce que je ferai en sortant de là. J’arrive pas à envisager concrètement mon avenir alors qu’il est désormais à portée de main… C’est flippant. Juste flippant…

La porte de la salle se dessine déjà. J’entre sans un bruit et parcours les rangées de tables des yeux. Pas de prof. Je jette un oeil à ma montre : je suis pas franchement en avance. Bon bah… Tant pis. Je me glisse à travers la pièce et abandonne mes affaires près d’une fenêtre. Je m’installe tranquillement. Je prends même clairement mon temps. Mais rien à faire, toujours pas de prof. Ils auraient prévenu s’il pouvait pas faire le cours, non ? En même temps, je dis ça mais j’ai pas regardé sur le panneau d’affichage, ni dans la salle co’ en partant ce matin ni dans le Hall en revenant… Putain le boulet quoi ! Mais d’un autre côté, y’a pas que moi à attendre alors j’imagine que c’est pas une coïncidence. Je décide qu’il y avait pas de mot et que j’y suis pour rien. On nous a pas prévenus, c’est tout. Le bon côté de tout ça, c’est que si Moloney n’est vraiment pas là, je suis tranquille jusqu’à treize heures. Mais à peine ai-je eu le temps d’apprécier les trois heures de trou qui m’attendent que la porte se referme sur les pas d’un prof à la bourre. Déception… Il a l’air complètement à la ramasse, ce matin. Comme s’il venait de se réveiller. Je l’envie un peu, j’avoue. J’aurais bien aimé trainasser dans mon lit jusqu’à dix heures ! « Et bien, bon matin à tous. Félicitations pour votre ponctualité. » Y’en a qui avait cours avant. Pas dur d’être là dans les temps quand on est levé depuis un bail. Il se racle la gorge, s’arrache les cheveux… Il donne l’impression de paniquer. Ça me fait de la peine, un peu. Il est à la bourre, y’a pas mort d’homme. On s’en remettra tous. « Bonjour à tous ! Merci d’être là ce matin. Alors, ce matin, pas de voyage dans le temps comme les autres. Ce matin, nous allons parler des vraies choses. » Deuxième déception en un rien de temps. Enfin… Je crois que c’en est. En fait, j’ai rien contre un « vrai » cours. Un comme on avait avant. C’est juste que ses voyages nous donnaient l’occasion de casser un peu la routine. Ça fait moins « officiel », moins sérieux, alors ça donne forcément plus envie de s’investir. Pas grave… « Ce matin, nous allons débattre. Il est temps de voir ce qui se trouve dans votre petite tête ! » Débattre ? Débattre de quoi ? Mon regard se perd entre mes camarades de classe. J’essaye de me souvenir du programme des cours mais c’est trop flou, trop loin… Rien à faire, j’ai pas dû vraiment y faire gaffe. J’me souviens de rien. Certains ont pas l’air mieux loti que moi, c’est toujours ça ! Et puis, d’un coup de baguette, il répond à mes questions silencieuses : Un monde harmonieux avec les moldus est-il possible? Commentez en utilisant vos connaissances historiques. La vraie question, c’est plutôt « un monde harmonieux est-il possible ? » parce qu’on a eu l’occasion de voir que l’harmonie intersorcier ou intermoldu c’est déjà pas ça… Des mains se lèvent. Sans succès… Moloney les fait battre en retraite. Il pose une question sans vouloir qu’on y réponde ? Je comprends pas trop le truc. Alors, je finis par faire comme tout le monde et j’attends…

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Cours d'Histoire de la Magie.

Les beaux jours étaient revenus, et le ciel bleu dominait le château, pesant de sa chaleur sur le corps d'Aliyan qui avait du mal à supporter cette dernière. Elle le rendait mou, le fatiguait ; travailler dans des conditions pareilles était une torture. Et ce, même lorsqu'une matière l'intéressait particulièrement. Ainsi le cours de botanique fut un véritable calvaire : la chaleur dans les serres était absolument insupportable. Le jeune homme au catogan ressentait comme un profond soulagement le fait de se rendre en intérieur pour son prochain cours, à l'abri entre les murs en pierre qui le protégeraient de cette chaleur étouffante du début de mois de mai. Le mois de mai, pensa-t-il. Bientôt la fin. Cette pensée lui arracha un soupir, alors que, le sac pendu à son épaule, il se dirigeait vers l'escalier menant au troisième étage. Il avait pris son temps, marchant tranquillement, ne se foulant pas trop. Il avait un certain attrait à la flemmardise, ces temps-ci, coupé dans sa motivation par récente missive bouleversante de sa mère. Lorsqu'il arriva dans la salle, il semblait être un peu en retard, le professeur étant déjà en train de parler. « ... pas de voyage dans le temps comme les autres. Ce matin, nous allons parler des vraies choses. » La mine d'Aliyan fut certainement aussi sinistre que possible à cette annonce. Il adorait les "mises en contexte" habituelles, et parler n'était pas ce qu'il aimait le plus. Il se trouva néanmoins une place à l'avant, puisque c'était souvent là qu'on y était le plus tranquille - les fauteurs de trouble et les bavards étaient généralement rassemblés au fond, tout le monde le savait bien - et parce que l'Histoire de la Magie était un cours qui l'intéressait assez bien, alors quitte à en suivre un convenablement, autant que ce soit celui-là. Même si cela impliquait de devoir participer au cours. « Ce matin, nous allons débattre. Il est temps de voir ce qui se trouve dans votre petite tête! » Les grimaces apparurent sur le visage d'Aliyan et certainement sur celui de bon nombre d'élèves. Les débats n'avaient rien de bien intéressant comparés aux cours qu'ils avaient l'habitude de suivre en cette matière - dire que les adultes prétendaient qu'à leur époque c'était le cours le plus ennuyeux ! De plus, Aliyan n'était pas habitué à débattre, loin de là. Il avait toujours son avis tranché, et n'appréciait pas être contredit. Alors qu'il sortait ses affaires et les posai sur son pupitre, il leva le nez pour observer les mots qui s'inscrivaient au tableau. « Un monde harmonieux avec les moldus est-il possible? Commentez en utilisant vos connaissances historiques. » Il avait sa petite idée de réponse à la question, et c'était sûrement le cas d'une bonne partie de ses camarades : Pour sa part il avait beau ne pas spécialement les aimer et avoir peu d'estime pour eux, les moldus ne l'avaient jamais empêchés de vivre. C'était un peu comme les animaux de compagnie à qui on offrait volontiers à manger à condition qu'ils mangent après l'Homme. Des mains se levèrent, mais le professeur Moloney ne semblait pas vouloir les écouter. L'incompréhension se lisait sur les visages, et personne ne semblait comprendre la manière dont il comptait faire répondre les élèves à sa question. Un débat sans parole... Aliyan avait beau ne pas être un expert, il sentait bien que quelque chose clochait. Il participa alors au silence général, accoudé à son pupitre, ses yeux bleus parcourant la pièce à la recherche de quelqu'un qui aurait compris le but de la manœuvre.

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