Des légumes pour le ragoût de ragots. (ft. Jade)

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Des légumes pour le ragoût de ragots

feat. E. Jade Shepherd

« Je peux demander à Skat de venir, mais tu vas pas faire… tu sais, tes trucs de reporter, là ? »

Le petit mot de sa cousine dans les mains, Aisling, battait des cils à s’en rompre les paupières. Elle parcourait de ses grands yeux bleus ce passage. Plusieurs fois de suite pour s’assurer qu’elle n’hallucinait pas. Et chaque relecture ajoutait du poids à son offense. Du haut de sa tour, confortablement installée dans un fauteuil de sa salle commune, elle chiffonna le papier dans son poing avant de s’exclamer à haute voix.
« - Tes trucs de reporter, là. Tes trucs de reporter. Reporter ?! Journaliste d’abord ! » Elle fusilla ensuite du regard quiconque aurait eu le malheur de s’interroger sur son tourment et s’empara de sa toute nouvelle plume Scribenpenne, prête à croiser le fer. Charles son gros chat affectueux s’était lové contre elle comme si l’irritation de sa maitresse ne l’avait pas affecté le moins du monde. Elle attrapa non sans nervosité une feuille parfumée de son nécéssaire à lettres et réfléchit quelques secondes en caressant grossièrement le crâne de son matou qui semblait malgré tout y prendre plaisir.

Sa cousine Jade avait ostensiblement touché (en toute innocence ? ou sournoisement ?) plusieurs points sensibles. Les points qui mettaient la fierté de notre Serdaigle à mal. Déjà, le fameux bal de Noël n’avait pas trouvé ses faveurs pour la simple et triste raison que l’idée d’y aller seule l’avait pétrifié de honte. Sa frustration avait battu des records le soir du Bal, alors que terrée sous ses draps, sa curiosité la malmenait tout autant que son embarras. Curiosité qui n’était toujours pas assouvie d’ailleurs puisque profitant des fêtes elle s’était octroyée un repos bien mérité en évitant le plus possible le contact avec ses camarades. Un journaliste ça prenait aussi parfois des vacances ! Fallait pas pousser mémé dans les snargaloufs ! Et puis, toute louve blessée qu’elle était, elle ne tenait pas particulièrement à entendre « Ben t’étais où le soir du Bal ? » Ce que sa cousine n’avait justement pas manqué de faire à la première occasion qui s’était présentée…

Aisling traça les premiers mots de sa réponse, pleine d’une amertume qui se retournait peu à peu contre elle. Elle se rendait progressivement compte qu’elle ne pouvait décemment pas engueuler Jade gratuitement, comme ça, juste parce qu’elle avait frappé là où le bat blesse. Surtout pas au moment des fêtes. Et surtout pas après cette proposition étonnante de venir partager des fondants au chocolat. Après tout, c’était sa cousine qui avait fait le premier pas vers elle pour lui souhaiter un joyeux Noël. Avec une carte horrible certes, forcée par tante Deirdre, certes. Mais Aisling appréciait réellement l’effort. Et cet effort méritait l'accalmie de son intransigeance.
Notre petite sorcière se radoucit en fin de message et envisagea même d’accepter l’invitation ! Elles étaient cousines ! Pas de sombres trolls incapables de se comporter en tant que personnes civilisées ! Enfin… en ce qui concerne Jade on allait bien voir lorsqu’elles échangeraient de vive voix dans la grande salle…

Résolue à sortir de sa tour d'ivoire, elle se leva d’un bond en poussant brusquement Charles de ses genoux. Elle confia ensuite son message au hibou, se disant qu'il aurait le temps nécéssaire pour délivrer sa réponse avant qu’elle ne rejoigne sa cousine. Il y avait toute une rangée d’escaliers capricieux à affronter avant de pouvoir accéder au rez-de-chaussée ! Et un petit coup de peigne ne serait pas de trop pour se rendre présentable aux yeux de la population de Poudlard ! Oui, bon, d’accord, il n’y avait plus que quelques pelés comme elle en ce moment au château à cause des vacances… Mais tout de même ! On ne savait jamais sur qui on pouvait tomber dans les couloirs !

Une fois prête et armée de son carnet ainsi que de sa précieuse plume à encre intégrée, Aisling s’empara des quelques baguettes magiques à la réglisse que sa mère lui avait envoyé pour Noël. Elle sortit de sa salle commune d’un pas chaloupé, de nombreuses questions se bousculaient dans sa tête. Quels étaient les couples les plus stylés de la soirée ? Qui s’était mangé un râteau ? Qui avait écrasé les pieds de qui en dansant ? Qui était resté scotché au buffet ? Quelque chose digne d'interêt s’était-il passé ? Une excitation grandissante faisait palpiter son petit coeur avide de réponses. C’est donc avec un grand sourire que la Serdaigle se pointa dans la Grande Salle, tapant sur l’épaule de sa cousine avec une étonnante familiarité pour lui signifier son arrivée.

« - Salut ! » Dit-elle, joviale et prête à enterrer la hache de guerre. « - Alors, ils sont où ces fondants ? » Jade avait apparemment eu le temps de lire son message et au vu de l'expression qu'elle affichait maintenant, Aisling se demanda un court instant si elle n'avait pas un peu abusé avec ses locutions latines.

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Des légumes pour le ragoût de ragotsAisling & JadeIl n’y avait aucun doute sur la question : passer les fêtes à Poudlard approchait de très près la vision qu’elle avait du paradis. Nulle figure d’autorité pour jouer les moralisateurs exaspérants en étant constamment sur son dos, pas de professeur au regard réprobateur dans les couloirs pour lui demander ce qu’elle pouvait bien ficher à trafiquer avec sa petite boîte de marchandises au lieu de se pencher sur l’exposé de métamorphose dont elle se fichait comme de sa première paire de chaussettes, et surtout, pas de Sinclair. Pas un seul d’entre eux. Le pied total. Quinze jours entiers sans avoir à croiser l’horrible Sage et sa tête de pleurnichard, ou la détestable Mackenzie et ses dents de souriceau. Et pour finir, pas de pleine lune prévue avant la semaine suivante... ! Dans un mépris total des conventions sociales, elle ne prenait parfois même plus la peine de s’habiller, pour traîner dans la salle commune en pyjama, ou dans son confortable uniforme de Quidditch bien trop large pour ses épaules. Lorsqu’elle était plus motivée, elle prenait le chemin du terrain pour s’offrir le plaisir de marquer quelques buts, ou de la bibliothèque pour pour y répandre le chaos, et s’attirer les foudres du gardien des lieux tandis qu’elle baptisait le mobilier, vieilli de bien quelques dizaines d’années, avec les restes de ses chewing-gums mâchés au préalable. Et dire qu’à la place, elle aurait pu être condamnée à mourir d’ennui à table coincée entre sa mère et Tante Iseult, assommée à coups de « tiens-toi droite » ou de « oh grands diables, veux-tu bien nous épargner tes injures à table ? », si bien que la magie de Noël aurait carrément eu le temps de se dissiper entièrement entre temps. Et puis, qu’on se le dise, au moins elle n’avait pas à faire vaguement semblant de s’enthousiasmer pour des cadeaux qui ne lui plaisaient pas, simulant un enthousiasme un peu évasif et peu convaincant avant de faire semblant de s’enrouler la corde au cou une fois que les généreux donateurs avaient le dos tourné. C’était bien utile qu’elle leur fasse une liste, tiens… ! Ça faisait depuis le début de l’année qu’elle répétait à tout va qu’elle voulait se réveiller le matin de Noël pour ouvrir la boîte de ses nouvelles baskets à lacets fluos, et bien évidemment, ni sa mère, ni sa tante, ni les fossiles défraichis qui leur servaient de grands parents n’avaient été réceptifs à l’appel. Heureusement, Teddy était là pour rattraper le coup, et elle eut au moins le plaisir de trouver ses nouvelles chaussures parmi les colis familiaux reçus, la plupart remplis de babioles en tout genre qu’elle allait probablement fourrer dans un placard et ne jamais plus ressortir. Heureusement que ses copines rattrapaient un peu le coup… et que Skat avait mieux visé pour Noël que pour son anniversaire. Il allait vraiment devoir se faire à l’idée que toutes ces histoires de Christ ressuscité et compagnie, ça n’était ni plus ni moins que des histoires de chaumières racontées par des illuminés, pour elle.

Mais suite à leur récent échange épistolaire, Jade avait aujourd’hui bien à faire, et un moment familial l’attendait. Contrairement à ce qu’elle avait raconté à sa cousine Aisling dans le petit courrier qui lui était adressé, elle n’était nullement occupée, du moins si l’on ne considérait pas que répandre un marécage portatif trouvé dans une boutique de farces et attrapes et racheté à un troisième année dans l’arrière-bibliothèque, était une occupation digne de cette appellation. Alors effectivement, il n’était pas aussi difficile qu’elle l’avait prétendu pour dégager un créneau dans son horaire… Ah, Aisling. Qu’elle était prétentieuse et hautaine, avec ses phrases en latin, et ses petites citations tout droit sortie de l’encyclopédie la plus harassante de l’histoire de l’humanité, et sûrement responsable de bien des suicides pour les pauvres malheureux qui étaient allés jusqu’au bout. Elles avaient autrefois été si proches, et désormais, elles étaient si différentes… ! Alors difficile de prévoir à l’avance comment cette entrevue allait se passer : se sauteraient-elles à la gorge dans les premières minutes, ou finiraient-elles par trouver un terrain d’entente ? Elle n’était pas parvenue à trouver Skat qui lui avait parlé de « messe », ou une formalité dans le même genre, qui l’avait laissée un peu sceptique, mais dont elle ne s’était pas préoccupée plus que de raison. Après s’être revêtue d’un pull rayé et d’un simple jean un peu troué au niveau du genou, en laçant bien sûr ses chaussures de manière à ce que ces dernières soient en évidence, elle s’était installée à l’une des quatre grandes tables qui, en période de vacances, étaient naturellement désertes. Elle avait beau dire, la grande salle avait tout de suite un drôle d’air, lorsque l’on aurait la masse grouillante d’élèves qui fourmillaient de part en part, se mêlant les uns aux autres dans un brouhaha sonore… et sans ses copines parties rejoindre leur famille, elle avait l’impression d’avoir changé de dimension… Puis, une main posée sur son épaule eut tôt fait d’interrompre ses quelques réflexions, et elle se retourna vers sa cousine, trop souriante pour que ce soit naturel, du point de vue de Jade. « Aisling, c’est dingue comme j’ai toujours l’impression que tu débarques pile quand on ne s’y attend jamais… » lança-t-elle un peu perplexe. Il était mine de rien difficile pour elle de savoir comment se positionner vis à vis de cette dernière… la détester purement et simplement aurait peut-être été plus facile, mais elle gardait plus de réserve, oscillant entre méfiance et curiosité, ce qui était plutôt inhabituel dans ses relations. Sur invitation, elle sortit de son sac à dos recouvert de badges divers la boîte envoyée par la tante de Madison pour l’anniversaire de ses treize ans qui datait du début des vacances, et la tendit à la Serdaigle. « Les voilà ! Sers toi, c’est une vraie tuerie. T’as pris les baguettes réglisses ? » Elle ne s’apprêtait pas à passer un mauvais moment, sinon il allait de soi qu’elle n’aurait pas accepté cet entretien. Savoir comment se comporter avec Aisling, qui semblait avoir tant d’autres occupations que les siennes, n’était guère aisé, ce pourquoi elle la toisait parfois comme un animal curieux. Elle se saisit d’un fondant, qu’elle commença à mâcher, invitant sa cousine à s’asseoir à ses côtés. « Alors, qu’est-ch’qui t’a fait rechter dans les parages ? Ni les batailles de boules, ni les chanchons ringardes de la chorale de Noël je préjume ? » demanda-t-elle alors qu’elle terminait sa bouchée. Elles n’étaient pas à table dans l’immense familiale pour partager le sempiternel repas de Noël, alors les formalités d’usage n’allaient qu’à aller se faire cuire un oeuf.

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Malgré les airs que se donnaient nos deux petites sorcières ; Malgré la légèreté feinte de leur attitude décontractée ; Malgré l’apparente familiarité, vestige d’une époque révolue ; une gêne palpable imprégnait chaque mot qu’elles échangeaient en guise de salut. Le naturel de ce tête à tête n’était de toute évidence pas au rendez-vous. Et en effet, rien ne semblait plus étrange à Aisling que de se retrouver seule, face à sa cousine, en affichant une mine amicale. Son affabilité mourut progressivement.

« Les voilà ! Sers toi, c’est une vraie tuerie. T’as pris les baguettes réglisses ? »

Détaillant l’énergumène un bref instant, la bleu et bronze retroussa ses narines en plissant ses grands yeux bleus pour retenir un reniflement dédaigneux. Qu’est-ce que c’était que ce style ?! Sans parler du reste (qui méritait tonnes de commentaires), les chaussures criardes que portaient fièrement Jade étaient d’un mauvais goût inqualifiable. Déposant cependant d’un air entendu de partage, le long paquet bourgeois de baguettes réglisse provenant d’un élégant confiseur français, elle se demanda si elles avaient véritablement héritées des mêmes gênes. Acceptant bien volontier l’invitation de sa cousine, la petite Serdaigle s’assit délicatement, pliant sa jupe sous elle pour éviter de la froisser. La boîte gourmande de fondants au chocolat posée devant elle la rasséréna suffisamment pour qu’elle se permette d’y jeter un oeil.

« - Par Merlin, La tante de ta copine n’a pas lésiné sur la quantité ! »

Ça sentait bon le chocolat et le spectacle était appétissant rien que pour le plaisir des yeux et des narines. Se mordant la lèvre inférieure d’envie, elle plongea sa main dans la boîte pour se saisir de l’objet de sa gourmandise.

« Alors, qu’est-ch’qui t’a fait rechter dans les parages ? Ni les batailles de boules, ni les chanchons ringardes de la chorale de Noël je préjume ? »

« On parle pas quand on a la bouche pleine » se retint-elle de dire in extremis. L’élocution parasitée de sa cousine lui donnait des frissons de dégout. *Respire Aisling. Respire. C'est pas grave.* Elle observa Jade quelques secondes, battant des cils, les yeux vides de toute expression et un sourire crispé aux lèvres. Cela lui coupait presque l’envie de manger. *C'est pas grave.*
Ces quelques secondes de silence devenaient gênantes et elle se fit violence pour ne faire aucune remarque désobligeante pour répondre à l’intéressée.
« - Pour sûr… Ben, ma mère me disait qu’ils avaient beaucoup de travail en ce moment. » Elle soupira le visage sombre et ajouta « - Pour changer. » Parler de ses parents ne l’intéressait guère, elle n’ajouta donc rien de plus, espérant que cela suffirait à contenter sa cousine. Puis reportant son attention sur le fondant intact qu’elle tenait toujours entre ses mains elle se décida enfin à le croquer à pleines dents. Par le slip sale de Merlin ! Que c’était bon ! Le moelleux de cette pâtisserie la réconforta un instant. Elle avait faim. Rater le petit déjeuner ce matin pour esquiver les quelques élèves qui erraient là avait été une punition terrible pour son estomac et on ne pouvait pas dire que suçoter ses baguettes réglisse suffisait à rattraper cette erreur. Mordre sans manières dans ce fondant au chocolat lui redonnait une petite part enfantine bienvenue. Influencée par ce léger laisser-aller elle fit face à Jade, mâchant avec tout autant d’entrain que cette dernière. Elle venait d'engloutir sa victime vitesse vif d'or.
« - Impressionnantes tes chaussures… » Se permit-elle de lancer pour relancer la conversation d’un ton badin qui ne retentit pas exactement comme prévu dans sa bouche. Son commentaire emprunt de jugement ne dupait personne et son ironie involontaire la plongea dans un état d’âme instantané. Elle regarda ailleurs comme si la Grande Salle vide méritait son plus vif interêt. Mouais, mieux valait ne pas se risquer à caresser la bête dans le sens du poil à l’aide de faussetés. « - Ch’est pas vraiment mon chtyle hein, mais, faut oser. » poursuivit-elle la bouche pleine d'un autre fondant pour rattraper sa petite bévue qui, de ce fait, muta en maladresse. Bonjour irrévérence et au revoir finesse. Ses dents chocolatées lui donnaient des airs de Jacquouille la fripouille, mais n’ayant pas de miroir en vis à vis, notre coquette d’Aisling ne pouvait pas s’en rendre compte. Elle força donc un sourire ridiculement marron et avala la copieuse bouchée qui remplissait maintenant ses joues.
« - Tu as eu quoi pour Noël ? Je veux dire… Outre la traditionnelle robe dont tu m’as déjà fait tant d’éloges. » Devait-on passer par ces banalités avant de s’attaquer au morceau qui l’intéressait réellement ? Le bal. Le bal occupait maintenant ses pensées et elle se risqua à enchainer sans réellement écouter la liste que lui donnait Jade au sujet de ses nouvelles acquisitions.

« - Je passe peut-être du Troll au Gobelin, mais, c’était bien le bal ? »

Voilà, elle n’avait pas résisté à la tentation plus de 5 minutes. Elle baladait sa main dans la grande poche kangourou de son pull à grosses mailles pour caresser doucement la reliure de son carnet de notes. Consciente que ça ferait trop si elle le sortait maintenant, elle gardait cette expression attentive et flegmatique. Même si son impatience de choper l’info croustillante lui malmenait les neurones, elle devrait rester calme. Stoïque, comme si tout ceci n’était qu’une conversation banale. Une conversation entre cousines.

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Des légumes pour le ragoût de ragotsAisling & Jade« - Par Merlin, La tante de ta copine n’a pas lésiné sur la quantité ! » Aisling faisant tant de manières. Tout, dans son ton de voix, dans sa manière de bien plisser sa jupe, ou de jouer les grandes, lui donnait envie de lever les yeux au ciel. Pourtant, elle n’était pas mécontente de la retrouver, et de partager dans sa grande bonté ses restes de gâteau d’anniversaire. Il était toujours difficile de déterminer chez sa cousine si cette dernière était sincèrement contente, ou s’il ne s’agissait que d’un énième sarcasme… et Jade se sentait parfois irritée des doutes que cette seule question lui faisait rencontrer. Merlin que c’était compliqué, la communication ! « Elle est extra. Et au cas où tu te demandes, elle peut pas nous adopter, j'ai vérifié." répondit-elle le naturellement du monde. Pourtant, la perspective d’aller vivre chez la tante de Madison ne lui aurait pas déplu, elle imaginait une de ces mamies gâteau un brin plus jeunes qui au moins aurait eu pour mérite de ne pas lui chercher des poux à chaque retour de vacances. En tout cas, le résultat était délicieux, il fallait bien l’avouer, et avec des baguettes de réglisse en plus, elles avaient droit à un véritable festin improvisé qui rendrait jaloux n’importe quel avorton coincé entre ses arrières grands-parents à table pour le repas de Noël. « - Pour sûr… Ben, ma mère me disait qu’ils avaient beaucoup de travail en ce moment. Pour changer. » Curieux comme elles n’avaient pas du tout le même point de vue sur la question. Jade aurait été prête à aller se servir une flûte de champagne pour fêter ça, mais Aisling prenait un air plus pincé, qui laisserait presque sous-entendre que l’idée d’être loin de chez elle et échapper à la vigilance parentale ne l’enthousiasmait pas plus que ça. C’était tout de même à se demander ce qu’ils avaient, elle et Skat, à vouloir rentrer à la maison… A croire que l’autorité, c’était leur délire, au fond. "Dis toi qu'ils en auraient parlé pendant des heuuuuures et des heures pendant le repas, on en aurait jamais vu la fin ! » répondit-elle d’un ton léger, histoire de détendre l’atmosphère. Il y en aurait eu, des coups de pied sous la table, des discussions à rallonge sur l’entreprise familiale auxquelles elle n’avait ni envie de s’intéresser, ni de comprendre quoi que ce soit…

Le regard qu’elle porta à sa paire de baskets à lacets fluos la laissa quelque peu sceptique. « - Impressionnantes tes chaussures… » Alors qu'elle s'apprêtait à laisser échapper un "je sais" d'un naturel déconcertant puisqu’elle en était très fière, ou à répondre que c'était parce qu'elle était elle-même impressionnante, quelque chose dans le regard de sa cousine la fit légèrement tiquer, si bien qu'elle n'avala que difficilement sa bouchée de fondant. Est-ce que c'était ironique ? Il était bien vrai qu'elle n'imaginait pas Aisling se pavaner avec le même genre de chaussures. Pour ainsi dire, elle s'habillait de manière nettement plus formelle… « - Ch’est pas vraiment mon chtyle hein, mais, faut oser. » Elle fit mine de ne pas être atteinte le moins du monde par cette remarque incisive, en levant les yeux légèrement au ciel. Si c'était l'un des Sinclair, ou n'importe qui d'autre d'ailleurs, qui lui avait fait le commentaire, elle n'aurait certainement pas manqué de répliquer, tout en se fichant bien de l'avis que pourrait bien porter ces derniers à sa paire de sublimes baskets. Faire la guerre avec les trois Serpentards l'avait a priori immunisée à toutes les potentielles moqueries ou remarques désagréables, mais il y avait chez Aisling cette petite nuance : un rien, une goutte d'eau, un battement d'ailes de papillons. Un rien qui suffisait à la piquer au vif, là où les autres ne parvenaient à l'atteindre. Etait-ce parce qu'elle redoutait son avis journalistique ? Pff, n'importe quoi : elle n'était même pas journaliste, faire semblant ne comptait pas ! "Quoi, tu t'entraînes pour écrire les rubriques "tendances saisonnières", maintenant ?" laissa-t-elle échapper en passant ses bras au dessus de ses genoux, pieds sur le banc. Pour chasser cette contrariété malvenue, elle plongea sa main dans le boîte de fondants pour en sortir un spécimen particulièrement généreux, qu'elle fourra aussitôt dans sa bouche, mastiquant avec impudeur.

« - Tu as eu quoi pour Noël ? Je veux dire… Outre la traditionnelle robe dont tu m’as déjà fait tant d’éloges. » Dans leurs échanges, elle se demandait toujours ce que cherchait Aisling. S'intéressait-elle véritablement à elle, comme une cousine avec laquelle elle entretenait des rapports houleux légèrement perdue de vue, mais vis à vis de laquelle elle éprouvait toutefois une forme particulière d'attachement ? Ou était-ce la journaliste qui menait son investigation ? Cette dernière option ne lui plaisait pas beaucoup, n'étant pas charmée par l'idée de servir malgré elle d'intermédiaire pour l'aider à dénicher les derniers ragots à la mode. Contrairement à Joanne dans laquelle il était très aisé de lire, elle était loin de pouvoir en dire autant avec sa cousine, et c'était ce qui l'embarrassait le plus ! Avec elle, tout ne semblait que sarcasme… "Une casquette, une boîte à chewing-gums, une photo encadrée avec mes copines… Et une fille de mon équipe de Quidditch m'a trouvé des gants en peau de dragon, t'imagines ? Je vais avoir l'air dingue sur le terrain. T'as eu quoi toi ? Me dis pas que les grands parents t'ont aussi fait le coup de l'assortiment de savons parfumés à lavande, ce truc sent l'embaumement mortuaire." lança-t-elle en faisant mine de tomber dans les pommes, comme si l'odeur imaginaire était déjà trop entêtante pour qu'elle ne puisse la supporter. Peu de mystères en ce qui concernait Aisling… à part demander à toute la famille tout un tas d'ouvrages plus ennuyeux que cinquante heures d'histoire de la magie mises bout à bout, et assez de plumes chez Scribenpenne pour reconstituer un hibou empaillé, elle ne l'imaginait pas se sortir de ces lubies étranges. "Tiens, dis d'ailleurs… tu viens au match ?" finit-elle par la questionner, en feignant de ne pas être aussi intéressée qu'elle l'était par sa réponse. Ce serait sa première performance, tout de même… son tout premier match ! Il fallait quand même que sa famille vienne… « - Je passe peut-être du Troll au Gobelin, mais, c’était bien le bal ? » Elle se retint d'esquisser un sourire laissant entrevoir toutes ses dents, révélant combien elle était satisfaite de sa soirée. Mais il valait mieux, pour des raisons évidentes, éviter de clamer qu'elle s'était autant amusée dans le corps de Rosenbach qu'un larron en foire, d'autant plus auprès de celle qui serait la plus susceptible de lâcher l'information. Elle n'allait quand même pas prendre le risque de se faire coincer alors qu'elle avait cassé le nez de Sage, alors que c'était le professeur de sortilèges qui l'habitait… "Incroyable. Le directeur s'est encore surpassé, cette année, on a changé de corps. T'as du en entendre parler… ?" se contenta-t-elle simplement de dire. Elle se servit d'une baguette réglisse qu'elle porta à sa bouche, avant de tendre la boîte de fondants à sa cousine. "Et toi, qu'est-ce que tu as encore trouvé à te mettre sous la dent ces derniers temps ?" l’interrogea-t-elle en prenant le soin de ne pas montrer qu’elle avait réellement envie de savoir ce qui en était. C’est qu’elle lui en avait mis l’eau à la bouche, à la narguer dans sa lettre ! Et Merlin que c’était pourtant agaçant…

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Réponse pour Jade 3

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"Quoi, tu t'entraînes pour écrire les rubriques "tendances saisonnières", maintenant ?"

Ce commentaire qui se donnait des airs de blague innocente avait en réalité touché Aisling comme un coup de tonnerre. Une rubrique « tendances saisonnières » ? Elle écrivait des articles pour la Gazette de Poudlard ! Bordel de Snargalouf ! Pas pour sorcière-Hebdo ! Mais Jade ne pouvait pas comprendre la différence. Tendances saisonnières… Ah ! La bonne blague. C’était bien la peine de se donner du mal à lui faire des compliments sur ses baskets criardes ! Elle renifla avec dédain en promenant son regard ailleurs. Elle au moins ne s’habillait pas comme une punk moldue en crise d’anarchisme.
N’écoutant que d’une oreille distraite la liste non exhaustive des cadeaux de Noël que dressait Jade avec enthousiasme elle attendit patiemment que cette dernière enchaîne avec LE sujet qui lui tenait à coeur. Le fameux bal de Noël où elle n’avait pas posé les pieds ni son nez curieux.

« Incroyable. Le directeur s'est encore surpassé, cette année, on a changé de corps. T'as du en entendre parler… ?"

En entendre parler… Bien sûr qu’elle en avait entendu parler ! Enfin… Cela aurait été le cas dans une dimension parallèle où elle se serait donnée les moyens d’en savoir plus, plus tôt. Le fait de s’auto-séquestrer dans sa tour d’Ivoire comme un animal blessé n’avait certes pas joué en sa faveur. Mais elle avait une réputation à tenir, et devant ça cousine, il était 100 fois plus important de sauver les apparences. Pourquoi ? Très bonne question. Peut-être était-il plus important aux yeux de la Serdaigle de prouver sa valeur auprès des membres de sa famille ou peut-être qu’au fond, Jade comptait plus dans son coeur qu’elle ne voulait le laisser penser ? C’était un sentiment trouble qu’elle ne pouvait pas encore expliquer.
Alors comme ça, les élèves avaient changé de corps l’espace d’une soirée ? Merlin, que le regret de ne pas y avoir été devenait pesant. N’y avait-il pas moyen de voyager dans le temps pour s’y rendre ? Balayant ses regrets d’un mouvement de main nerveux dans les airs, elle afficha sa fameuse mine de Miss-je-sais-tout et opina du chef.

« - Pff, comment aurais-je fait pour ne pas en entendre parler. C’est pas comme si tout le monde en discutait dans les couloirs. Il parait que certains élèves en ont bien profité d’ailleurs ! Je me trompe ? » Elle risqua ce bluff qui, au vu de la jeunesse Poudlardienne, était la chose la plus plausible à dire. Ses mains à nouveau plongées dans sa poche Kangourou à malmener son carnet de notes elle enchaina de façon nonchalante « - Tu étais dans quel corps toi du coup ? » S’empêcher d’exploser de questions était une tâche difficile. Réfréner cette fâcheuse habitude qui était de sortir son carnet pour noter tout sur tout la rendait nerveuse. Mais elle ne savait que trop bien ce que ce genre de comportement produisait comme effet chez Jade. Il fallait la jouer fine, décontracte, relax.

"Et toi, qu'est-ce que tu as encore trouvé à te mettre sous la dent ces derniers temps ?"

Cette question étonna Aisling. Levant un sourcil perplexe elle fixa Jade comme si elle passait cette dernière au scanner. Sa cousine ne s’intéressait jamais vraiment à ce qu’elle trafiquait à Poudlard, elle ne lisait pas sa gazette, ne lui demandait jamais si ses articles avançaient, bref, elle se foutait de ses ambitions comme de l’an 40. Cette question inattendue finit par lui donner un fin sourire. La lancer sur le sujet de ses investigations la rendait généralement pipelette. Et c’était peut-être pour ne pas mourir d’ennui que Jade évitait soigneusement la chose.

« - Si tu savais… j’ai récemment lancé une opération qui occupe la majorité de mon temps ! Outre les articles habituels que j’écris avec la collaboration de ma nouvelle assistante je veux dire... Cette opération sobrement intitulée A.T.T consiste en gros, à aller dans le bureau d’un prof pour l’interroger. Je compte rassembler plusieurs témoignages pour en faire un numéro inédit ! » Voilà, Aisling s’emballait, elle aimait parler de sa gazette, aimait se la jouer pro et aimait par dessus tout se vanter de ses réussites. Elle prit un air fier et ajouta « - Mais ça, tu l’aurais probablement su si tu lisais ma gazette… d’ailleurs je sais que tu ne la lis pas, puisque j’ai parlé de toi dans le dernier numéro. Si tu veux tout savoir, mon dernier article sur le match de Quidditch qui opposait Serdaigle et Serpentard a eu du succès ! »

Aussi, elle remarqua qu’elle avait zappé une question qui semblait importante aux yeux de la Poufsouffle concernant le prochain match de Quidditch à venir.
*tu viens au match ?* Quelle question ! Elle ne manquerait ce match sous aucun prétexte ! Elle avait un article à écrire et une maison à soutenir ! Les fameux Gryffondor ! Maison de coeur, qu’elle soutenait sans faille depuis sa première année à Poudlard.
« - Ah, et puisqu’on reparle de Quidditch ! Je viendrai au match, c’est certain ! Hilary et moi on a déjà préparé les banderoles go Anoush…ka. » Elle se souvint alors que Jade faisait partie de l’équipe des blaireaux cette année. Oups, boulette. *des gants en peau de dragon, t'imagines ? Je vais avoir l'air dingue sur le terrain.* Son traitre de cerveau lui rappela ce qu’elle n’avait écouté qu’à moitié, trop absorbée par le Bal qu’elle avait loupé pour une bête histoire d’ego. Crap. Elle n’avait vraiment pas la tête sur les épaules ce matin. Crap. C’était pas le moment de vexer sa cousine ! Crap ! Crap !
« - Mais j’ai surtout hâte de te voir à l’oeuvre pour la première fois sur le terrain ! » Se reprit-elle. « - Après tout, Sage et Jayden ont bien géré lors de leur premier match. Avec un peu de chance tu marqueras quelques buts. » Elle disait cela sans penser à mal en guise d’encouragement, mais son ton naturellement condescendant rendait cette remarque arrogante. « - Enfin, personnellement, je trouve que le poste de batteuse t’irait mieux quand même. Non ? » Elle sortit ses mains de sa poche, lâchant enfin son carnet, pour saisir une baguette réglisse. Et suçota sa victime en posant des yeux neutres sur la Poufsouffle.

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Des légumes pour le ragoût de ragotsAisling & Jade« - Pff, comment aurais-je fait pour ne pas en entendre parler. C’est pas comme si tout le monde en discutait dans les couloirs. Il parait que certains élèves en ont bien profité d’ailleurs ! Je me trompe ? » Tiens, elle sentirait comme une légère pointe de jalousie ! Est-ce qu’Aisling, pour une raison qu’elle ignorait, serait en train de regretter son choix d’avoir voulu en profiter pour jouer les investigatrices de son côté, se privant de l’une des meilleures opportunités de l’année pour récolter des informations croustillantes. Avec un peu de chance, cela l’inciterait à lui raconter ce qu’elle pouvait bien trafiquer de son côté ! S’asseyant en tailleur et terminant sa bouchée, Jade se lécha les lèvres avant de poursuivre. « Tu ne te trompes pas, non. En réalité, tu aurais adoré, toi qui aimes bien les ragots. Tu sais qu’un élève a fait sa déclaration d’amour à la prof de potions ? Quel crétin. » annonça-t-elle fièrement, comme si elle était ravie de fournir à Aisling une information qu’elle ne possédait pas. Pour une fois qu’elle avait une longueur d’avance, autant en profiter ! D’autant plus parce que le crétin en question, c’était elle-même, ce qui expliquait notamment qu’elle soit bien au courant. Pour l’heure, elle se rassurait surtout de n’avoir encore pas été convoquée dans aucun des bureaux des enseignants qu’elle avait pu croiser au cours de la soirée…

« - Tu étais dans quel corps toi du coup ? » Elle ouvrit la bouche en premier lieu pour répondre, avant de soudainement se raviser. Si elle fut tentée en premier lieu de tout avouer à sa cousine, se rappeler que cette dernière nourrissait l’ambition de devenir la plus grande commère de ce château en tapissant la vie de tous ses occupants dans son précieux « journal ». Et ça, ça n’allait pas du tout ! Que se passerait-il si les professeurs du château commençaient à être informés de ses petits écarts dans le corps de Jayden Rosenbach ? Déjà que le professeur Burgess avait manqué de peu de la démasquer, laisser sa cousine le crier sur tous les toits parce qu’elle avait manqué de discernement n’était même pas envisageable ! « C’est mon petit secret. » se contenta-t-elle de répondre. A vrai dire, elle ne gardait pas un très bon souvenir de la partie de la soirée au cours de laquelle elle avait été forcée de s’embrasser elle-même, ou plutôt de finir avec les lèvres horripilantes et gluantes de Jayden sur la bouche, afin de faire taire la personne dans son corps qui criait à tue-tête qu’elle avait ses règles. Elle en avait vomi de dégoût, et avait réellement fini dans un sale état. Une longue douche et plusieurs sortilèges avaient été nécessaires pour qu’elle ait à nouveau l’air décente ! « - Si tu savais… j’ai récemment lancé une opération qui occupe la majorité de mon temps ! Outre les articles habituels que j’écris avec la collaboration de ma nouvelle assistante je veux dire... Cette opération sobrement intitulée A.T.T consiste en gros, à aller dans le bureau d’un prof pour l’interroger. Je compte rassembler plusieurs témoignages pour en faire un numéro inédit ! » Elle plissa les yeux. Nouvelle assistante ? Opération ? Tous ces termes techniques… Elle se prenait au sérieux, dites donc ! Jade était sur le point de lui rétorquer qu’elle pouvait se détendre un peu, que ses trois abonnés boiteux n’allaient pas s’arracher les sourcils s’ils n’avaient pas leur scoop sur l’assistant de l’assistant du professeur de métamorphose avec leur bol de céréales au petit déjeuner. D’ailleurs, c’était quoi, cette lubie de s’intéresser soudainement aux professeurs ? Cela dit… à bien imaginer, même si l’entreprise avait l’air complètement inutile et passablement ennuyeuse, certains résultats pouvaient être assez drôles. « Et leur vie elle est plus intéressante qu’elle en a l’air, j’espère ? » demanda-t-elle en reprenant un fondant. « T’as interrogé qui pour l’instant ? Et c’est qui, ta nouvelle assistante ? » Ce n’était pas comme si elle voulait réellement savoir, au fond. C’était juste que ça venait… dans la conversation. Toutes ces histoires de journalisme, ça n’était qu’une sorte d’obsession bizarre sur la durée, de toute façon…

« - Mais ça, tu l’aurais probablement su si tu lisais ma gazette… d’ailleurs je sais que tu ne la lis pas, puisque j’ai parlé de toi dans le dernier numéro. Si tu veux tout savoir, mon dernier article sur le match de Quidditch qui opposait Serdaigle et Serpentard a eu du succès ! » Elle se mit soudainement à tousser avant de manquer d’avaler de travers un morceau de fondant, tandis qu’elle revenait sur les paroles de sa cousine. Comment ça, parlé d’elle… ? Se pouvait-il que ça ait un lien avec les coups d’oeil amusés de ses camarades lors du traditionnel petit déjeuner ? Elle qui pensait qu’ils commentaient simplement sa nouvelle casquette… Reprenant contenance, elle se racla la gorge, avant de toiser à nouveau Aisling, droit dans les yeux. « Tu as fait quoi… ?! » Le ton était un peu abrupt, mais elle l’avait bien cherché ! C’était probablement même exactement la réaction qu’elle cherchait, en la prenant ainsi de court… bon sang, il faudrait qu’elle mette la main sur un de ces fichus exemplaires ! Au moins pour être sûre que sa fouineuse de cousine n’avait pas colporté n’importe quoi à son sujet… « Et je peux savoir à quel sujet, si je suis pas indiscrète ? » demanda-t-elle d’un ton bien trop mielleux pour ne pas être sarcastique. En revanche, pour ce qui était du match Serdaigle contre Serpentard, elle la laissa bien volontiers déblatérer à ce sujet. Tant qu’elle mettait bien en avant que ces idiots de poursuiveurs verts s’étaient laissés avoir comme des débutants par l’attrapeur de chez les binoclards boutonneux ! « Tu m’étonnes qu’il ait eu du succès, ce match était vraiment un cirque. A leur place, je ferais pas la fière. » finit-elle par déclarer avant de commencer à mâchonner une baguette réglisse.

« - Ah, et puisqu’on reparle de Quidditch ! Je viendrai au match, c’est certain ! Hilary et moi on a déjà préparé les banderoles go Anoush…ka. » Elle crut au début à une plaisanterie, aussi elle tenta de discerner sur son visage le moindre indice qui pourrait lui confirmer qu’il s’agissait, effectivement, d’une tentative douteuse de faire de l’humour. Mais ses traits ne se détendaient pas en un rictus goguenard, il fallait donc en déduire qu’elle était bien sérieuse. Sans rire… ! Sa cousine, sa propre cousine ! Certes, elles n’étaient pas si proches, et se gardaient bien de se jeter dans les bras l’une de l’autre, mais de là à soutenir l’équipe adverse, tout de même… ?! Quelle mauvaise blague ! « Anoushka… ? Anoushka ?! Tu vas soutenir O’Nyme, t’es sérieuse, là ? Aisling ! » s’exclama-t-elle, légèrement plus fort qu’elle ne l’aurait voulu, avant de réajuster son ton. Heureusement que la grande salle était déserte… « - Mais j’ai surtout hâte de te voir à l’oeuvre pour la première fois sur le terrain ! Après tout, Sage et Jayden ont bien géré lors de leur premier match. Avec un peu de chance tu marqueras quelques buts. » Mais elle faisait exprès, là, ou bien ? Jade commençait à bouillonner de l’intérieur, en s’efforçant toutefois de conserver un air digne. Mais être comparée à ses pires ennemis, vraiment… ! A croire qu’Aisling cherchait à la sortir de ses gonds, pour se venger de n’avoir pas été aussi bien informée des évènements du bal qu’elle ne l’aurait voulu. « Ils ont bien géré ? Ils ont rien géré du tout oui ! La gardienne adverse était une truffe, c’est tout, même notre grand-mère aurait pu faire mieux qu’eux. Et OUI, je compte bien marquer quelques buts. » insista-t-elle en s’impatientant quelque peu. Ça, elle n’en doutait pas ! Ça avait beau être son premier match, elle ne comptait pas se laisser faire, quitte à arrêter les cognards à mains nues pour les renvoyer elle-même sur ses adversaires. Mais au fond, pourquoi est-ce que ça l’importait tant, que l’avis de sa cousine au sujet de ses compétences soit bon ? Elle aurait du s’en ficher éperdument, et pourtant elle se sentait piquée au vif. Ça n’allait pas du tout ! « - Enfin, personnellement, je trouve que le poste de batteuse t’irait mieux quand même. Non ? » Elle s’assagit un peu, passant une main dans ses cheveux tandis que ses doigts jouaient avec l’une des baguettes réglisses. Elle y avait pensé, certes, mais rien à faire, dès qu’on lui mettait une batte dans les mains, elle ne pensait plus qu’à la tête de son ennemi juré, tout le reste du jeu disparaissait alors subitement. Finalement, quand elle le voulait bien, Aisling pouvait dire des choses sensées… « Possible. J’essaierais, un jour. On devrait disputer un match, dans le jardin à la maison. » proposa-t-elle alors. Ça n’était pas courant, qu’elle formule ce genre d’invitation… d’ordinaire, leurs activités communes n’avaient pas grand chose à voir les unes avec les autres. Et plus elles grandissaient, plus leurs différences devenaient évidentes.

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