Les pouvoirs spéciaux

Je suis totalement surexcitée, j’ai l’impression que, pour la première fois depuis mon arrivée à l’école, on va enfin pouvoir m’aider et m’éclairer sur ma particularité. Je ne maitrise pas du tout mon don de voyance, j’en ai parfaitement conscience et je ferais n’importe quoi pour réussir un peu mieux à gérer cette faculté et à m’en servir à bon escient. Je m’entraine souvent, bien sûr, au détriment de mes petites camarades, cela va sans dire, mais je ne suis pas spécialement touchée par l’idée de découvrir l’intimité de mes petits camarades contre leur gré. J’admets que je suis plutôt contente lorsque j’arrive à percevoir quelque chose, même si mes recherches sont rarement fructueuses. J’ai bon espoir de parvenir un jour à m’améliorer. Evidemment, Brooklyn a toujours semblé, pour moi, le meilleur moyen d’en apprendre plus sur mes capacités mais je me suis heurtée à un véritable mur que je désespère fortement de pouvoir briser un jour. Alors cette lettre de la direction de Poudlard arrive pile poil au bon moment pour me redonner l’espoir que je commence malheureusement à perdre. « Il faut qu’on se trouve un nom de team. Qu’est-ce que tu penses que « les yeux et les griffes ?» Non, « et les crocs » plutôt, ça sonne mieux je trouve. J’suis sûre qu’on peut devenir invincibles. Tu vois les faiblesses des ennemis, et moi je les mange, fin de l’histoire, merci au revoir. » A mes côtés, Jade a l’air d’être totalement aussi enthousiaste que moi et je suis évidemment ravie de pouvoir partager cette expérience à ses côtés, je sais qu’elle ne partage pas la même particularité que moi et que nous pourrons difficilement travailler ensemble mais je sens que cet entrainement collectif va être super chouette. « J’aime bien mais tu ne trouves pas que ça manqué un peu de mystère ? Si tout le monde sait que l’on s’appelle comme ça, on risque d’être repérées de loin. » Tout en parlant, je jette des coups d’œil de gauche à droite, espérant observer le fameux Brooklyn qui doit impérativement être là aujourd’hui. Je sais qu’il a été convoqué, s’il ne l’avait pas été, je ne l’aurais pas été non plus, mais je ne l’aperçois pas et ça m’angoisse. « Tu as vu un grand blond pas aimable ? » Je demande discrètement à ma copine avant de rejoindre le reste des élèves qui se dirige vers le bureau du directeur. Nous sommes un bon petit groupe et je ne suis pas surprise, je pensais même que nous serions plus nombreux, après tout, dans le monde magique, les sorciers aux compétences particulières sont nombreux et j’espère quand même que la plupart d’entre eux sont meilleurs que moi dans leur domaine de compétence, parce que franchement sinon on est mal barré. Je ne veux pas me dévaloriser mais j’ai bien conscience que je suis encore loin de faire des miracles actuellement. Un jour, peut-être, une fois que j’aurais développé mes compétences, ma contribution pourra être vraiment utile mais pour le moment, c’est encore un peu tôt.

Cependant, mon absence de compétences n’enlève en rien ma motivation et lorsque nous entrons enfin dans le bureau du directeur et que je prends place aux côtés de Jade autour de la table au centre du bureau, je frétille littéralement d’impatience et j’ai bien du mal à rester immobile. Je repère immédiatement une fille de Serdaigle qui semble avoir autant de mal que moi à tenir en place et je lui souris, heureuse de voir une copine qui partage ma vision des choses. Cependant, je ne mets pas longtemps à me concentrer sur le directeur alors que celui-ci prend la parole pour nous souhaiter la bienvenue. « Est-ce que je peux vous proposer quelque chose à boire ou à manger avant de commencer ? » A boire et à manger ! La petite goinfre que je suis ne peut évidemment passer à côté d’une opportunité pareille, je saisis presque immédiatement le plateau de cookies et attrape un gâteau avant de faire tourner le plat à mes petits camarades. "Je veux bien un thé glacé si cela ne vous dérange pas !" Demande la fille qui me parait si sympathique depuis le début de la séance. « Je veux bien du jus de citrouille aussi s’il vous plait ! » Ma copine demande elle aussi à boire et j’attends d’avoir avaler le morceau de cookie que j’ai dans la bouche pour parler à mon tour. « J’en veux bien aussi s’il vous plait monsieur le directeur. » Ma mère serait contente de voir que je maitrise encore correctement les formules de politesse, ça n’a jamais été si facile que ça pour moi. Je dois admettre que je ne suis pas si impressionnée que ça par la présence du directeur à mes côtés ce qui est un bon point. La première fois que je me suis retrouvée dans le bureau du professeur MacDougall, je n’en menais pas large et j’ai toujours cru que je perdrais complètement mes moyens face au corps enseignant. La preuve que non puisqu’actuellement, je me sens vraiment très à l’aise et je suis prête à entendre ce que notre directeur a à nous dire au sujet de nos particularités respectives. Je ne sais pas si nous devons révéler à tout le monde nos capacités, certains d’entre eux doivent certainement avoir envie de maintenir ça secret, non ? Moi, personnellement, je m’en fiche un peu, je sais que ça va être plus dur de m’entrainer sur mes petits camarades si ceux-ci sont tous au courant de ce que je suis capable de faire en les touchant mais de toute façon, je n’ai jamais eu envie de cacher ma particularité. Après tout, ça fait partie de moi, que ça plaise ou non. « Eh, tu sais ce que c’est leurs trucs à eux ? Tu peux arriver à le deviner ? » Comme d’habitude, Jade fait preuve de beaucoup de curiosité mais je suis obligée de hocher négativement la tête. « Il faut que je les touche pour savoir, là j’en ai aucune idée. » Cette histoire de contact physique est franchement contraignante, j’aurais aimé que ça soit plus facile. Peut-être qu’il y a une autre technique et que le directeur va pouvoir me l’apprendre.

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Recevoir la lettre du directeur m’a réellement fait plaisir, j’ai eu l’impression de compter et que tous mes efforts pour devenir Legilimens portaient enfin leurs fruits. C’est peut-être un peu stupide de se sentir important pour si peu, mais c’est vraiment la sensation que j’ai eu et en lisant la lettre, j’ai su immédiatement que j’allais participer avec bonheur à cette réunion. Je sens que ça va me changer des jugements auxquels j’ai eu droit jusqu’à présent. La plupart de mes proches n’ont pas été tendres avec moi en apprenant le pouvoir que j’avais développé. La peur de l’intrusion, sans aucun doute... Sauf que ce sont des personnes qui me connaissent par cœur alors je leur en veux un peu de ne pas me faire davantage confiance. Au moins, là, je vais avoir droit à autre chose que des reproches et ça me réjouit. Enfin, j’ai toujours pu compter sur Isidore jusqu’ici alors je ne suis pas non plus trop à plaindre. S’il ne m’avait pas apporté son aide, je ne serais jamais arrivée au niveau auquel je suis aujourd’hui. D’ailleurs, mon premier réflexe est de lui parler de cette lettre mais je me ravise, nous ne sommes plus rien l’un pour l’autre maintenant, il faut que j’apprenne à ne pas partager toute ma vie avec celui qui ne la partage justement plus. Ce n’est franchement pas chose facile, mes réflexes prennent souvent le dessus et quand je réalise que je ne peux pas agir tel que je l’aurais fait auparavant, une vague de tristesse m’envahit quasiment à chaque fois. J’aimerais retrouver ce que j’ai perdu, je le souhaite de tout mon cœur. Je pensais que je serais plus heureuse sans lui compte tenu de tout ce qu’il m’a fait subir ces derniers mois mais c’est loin d’être le cas et je commence doucement à le réaliser. Bien sûr, peut-être qu’avec le temps je finirais enfin par m’en remettre, mais je ne suis pas sûre que le jeu en vaille réellement la chandelle. Je m’accroche pourtant, de toute façon je n’ai pas le choix, mais c’est plus dur que je ne le pensais.

Au lieu de penser à celui qui m’a brisé le cœur, j’ai choisi de me concentrer sur celui que je fais certainement chier le plus au monde, à savoir mon petit frère, Brooklyn. Ayant reçu cette magnifique lettre de la direction, j’avais complètement conscience qu’il devait avoir reçu la même et encore plus conscience qu’il n’avait absolument pas la moindre envie de faire le déplacement jusqu’au bureau du directeur. Manque de bol pour mon petit frangin, celui-ci ne sait pas à quel point je peux être coriace lorsque je veux quelque chose et je compte bien l’emmener avec moi à cette réunion, même si je dois le trainer par les pieds jusqu’à la salle pour cela. Je sens que ça ne va pas être une partie de plaisir. Heureusement pour moi, je n’ai pas eu à le chercher dans tout le château puisque je l’ai croisé directement dans la salle commune, comme quoi, il ne s’est pas assez méfié de moi... « Brooklyn ! Quel plaisir de te croiser ici, je sens que tu es en train de m’attendre pour que nous fassions le trajet ensemble jusqu’au bureau du directeur, n’est-ce pas ? » Mon ton est mielleux, trop mielleux et je connais déjà la réponse à ma question. Non, il ne veut pas aller dans ce bureau, je pense même qu’il préférerait s’ouvrir les veines plutôt que de me suivre et devoir parler de son don qu’il n’assume de toute façon aucunement et ce, depuis que je le connais. C’est compréhensible compte tenu des traumatismes qu’il a vécu, même si je ne connais pas l’étendue et la portée totale de ces derniers. Cependant, il a une occasion unique de se voir comme quelqu’un de bien et non pas comme un monstre, je ne vais pas le laisser y renoncer. « Tu ne vas pas me laisser aller toute seule là-bas, quand même, sans toi c’est tout nul... Tu ne peux pas m’abandonner. » J’essaie de jouer la carte de la famille et des sentiments sans trop savoir si ça peut avoir une incidence sur son comportement, je n’en suis pas sûre. « De toute façon, tu n’as pas le choix, je ne partirais pas sans toi. » La grande sœur autoritaire fait son grand retour, je veux arriver à le convaincre.

Brooklyn n’est pas facile à persuader, c’est une tête de mule et le temps que j’arrive à le convaincre de me suivre, nous sommes déjà très en retard, alors lorsque nous pénétrons dans le bureau du directeur, Brooklyn rampant presque derrière moi tellement il n’a pas envie d’être là, les autres élèves ont déjà pris place autour d’une table et ont commencé à boire et à manger. « Toutes nos excuses pour ce retard, nous avons eu un léger contretemps. » Dis-je sans trop m’étendre sur le sujet, de peur que mon frère fasse demi-tour et décide de revenir sur sa parole ce qui est évidemment impensable pour moi. Je choisis donc de le laisser passer devant moi alors que je referme la porte du bureau du directeur et prend place sur une chaise vide sans trop oser me servir dans les assiettes de peur de me faire encore plus remarquer que je ne l’avais déjà fait. Je jette un léger coup d’œil à mon frère, histoire d’essayer de doser le degré de fureur qui l’anime à mon encontre mais à défaut de remarquer quoi que ce soit, je préfère me concentrer sur l’assemblée dans son ensemble. Toutes ces personnes, je les connais de près ou de loin, mais pour la plupart j’ignore tout de leurs capacités. Une tête attire mon regard cependant, celle de la fille qui colle mon frère depuis un moment maintenant et dont il refuse catégoriquement de me parler. Je ne sais pas qui elle est ni ce qu’elle lui veut, mais j’espère pouvoir en apprendre plus durant les prochaines minutes à défaut d’avoir réussi à faire parler mon frangin. Décidément, cette réunion va être encore plus instructive que je ne l’avais imaginé, je ne regrette pas un seul instant ma présence ici.

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Je suis très contente d’être ici et encore plus d’avoir réussi à convaincre mon frère de me suivre dans cette aventure. Je me fiche bien qu’il ne soit pas content et qu’il me le fasse bien comprendre, ça n’a pas le moindre intérêt à mes yeux. Tout ce que je veux, c’est que quelqu’un lui donne le déclic qui lui donnera enfin envie de s’accepter et d’avancer et je suis sûre que dans cette salle, enfin, il trouvera la personne idéale. « Traduisez : je n'avais aucune envie de venir mais ma sœur m'a fait chier pendant 20 minutes pour me traîner ici ! » Je me tourne brièvement vers lui pour lui tirer la langue avec une grande maturité juste avant de prendre place aux côtés de mes nombreux camarades, le tout avec le sourire. Je me fiche bien qu’il m’en veuille, Brooklyn n’exprime que très rarement des sentiments positifs de toute façon, être chiant semble être sa manière de se protéger mais au fond, je sais bien qu’il m’aime alors je n’ai pas besoin de preuve d’amour. Le fait qu’il soit là prouve déjà que je ne suis pas n’importe qui pour lui et qu’il est prêt à faire quelques efforts même si je dois l’implorer pour qu’il daigne se bouger les fesses. J’ai surtout hâte de savoir ce qu’il va nous arriver. Nous ne sommes pas venus ici pour prendre le thé et manger des gâteaux, la raison est bien plus grave et toute cette formation autour d’une nouvelle potentielle bataille me terrifie car elle me fait prendre conscience que c’est une possibilité fortement envisagée par notre nouveau directeur. Ce dernier prend justement la parole pour enfin nous expliquer pourquoi nous sommes là et ce que nous allons devoir partager. Personnellement, parler de mon pouvoir ne me dérange pas, après tout, j’ai souhaité devenir Legilimens et de nombreuses années de travail ont été nécessaires pour que j’y arrive enfin, il me parait donc normal que je puisse partager mon acharnement et ma fierté d’avoir réussi. Je n’ai pas trop réussi à le faire avec mes amis qui se sont montrés extrêmement méfiants et réticents face à ces nouvelles capacités, alors j’espère que dans ce groupe, je serais un peu moins jugée. Ici, nous avons tous une particularité à partager et j’imagine que nous allons tous nous soutenir, un peu comme un groupe de super héros, et j’admets que je trouve le concept plutôt chouette. Je ne sais pas si nous allons tous être capables de bien nous entendre et de collaborer mais je suis sûre qu’avec un peu de travail et de bonne volonté, ce sera possible, même pour Brooklyn qui, sous sa grosse carapace, peut se montrer doux comme un agneau.

Au départ, la salle reste silencieuse et j’ai presque peur que personne ne prenne la parole mais l’une des deux petites annonce qu’elle est un loup-garou et qu’elle doit être accompagnée par un infirmier à chaque transformation. Franchement, c’est complètement dingue, je ne pensais pas qu’un tel danger pouvait être accepté dans l’enceinte de l’école, mais en même temps, plus j’observe cette fille et plus je trouve que sa présence ici est justifiée. Elle a l’air gentille, mignonne et pleine d’énergie, pourquoi n’aurait-elle pas le droit à un enseignement au même titre que nous tous sous prétexte qu’elle doit lutter contre un pouvoir difficilement maitrisable ? Certes, ça fait peur, mais je ne veux pas tomber dans des clichés paranoïaques. Si ça m’arrivait, je voudrais être acceptée par mes camarades alors je vais tenter d’oublier le côté dangereux et m’intéresser davantage à ce qu’elle peut apporter, à savoir beaucoup de force, très certainement. La deuxième personne qui prend la parole n’est autre que Victoire et ce prénom me fait froncer les sourcils, je suis sûre qu’Isidore m’a parlé d’elle et je mets quelques instants avant de me rappeler pourquoi. En tout cas, je ne sais pas si être une demi-vénale la rend particulièrement charmante mais je trouve personnellement que sa manière de parler la rend sacrément antipathique. Peut-être qu’elle essaie juste de faire de l’humour, mais ça ne fonctionne pas vraiment avec moi. Cependant, j’arrive à comprendre que ça ne doit pas être simple pour elle d’inspirer la confiance alors que les autres ont l’impression d’être manipulés, je subis un peu les mêmes préjugés qu’elle, pour le coup, même si ce n’est pas pour les mêmes raisons alors je compatis, évidemment. Vient ensuite le tour de Hadley, une métamorphomage qui nous fait une démonstration sublime. J’ai presque envie de l’applaudir mais je n’en fais rien, préférant rester un minimum discrète. En tout cas, son don à elle peut être super utile ne cas de bataille, elle peut se faire passer pour n’importe qui, n’importe quand, un véritable caméléon humain ! Je m’étonne qu’elle ne soit pas un peu plus enthousiaste à ce sujet, je l’aurais franchement été à sa place. Lorsqu’Anoushka prend la parole par la suite, c’est pour nous expliquer qu’elle est animagus et qu’elle peut prendre la forme d’un ocelot. C’est impressionnant et j’ouvre de grands yeux. Comment peut-elle croire que ce n’est pas utile ?! Ce n’est pas comme si elle se transformait en poisson rouge ! Et encore, je suis sûre que même un poisson rouge aurait son utilité. Je me décide enfin à prendre la parole lorsque ma camarade termine son explication. « Savannah Caldwell, je suis en cinquième année à Serpentard et je suis Legilimens. J’ai commencé à travailler pour le devenir quasiment dès mon entrée à Poudlard mais j’ai mis quelques années avant d’y parvenir. Je ne m’en sers pas beaucoup pour ne pas déranger les autres en m’introduisant dans leur esprit, mais j’ai quand même eu l’occasion de travailler et maintenant je m’en sors plutôt bien. Je ne rencontre que peu de résistance lorsque je m’introduis dans l’esprit de quelqu’un et je trouve facilement l’information que je cherche. » Je dois ressembler un peu à une psychopathe en expliquant ce que je peux faire avec les cerveaux de mes camarades mais peu importe, je joue cartes sur table comme tout le monde l’a fait avant moi.

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En voyant Brooklyn entrer dans la pièce avec cette fille, j’ouvre de grands yeux écarquillés. Il est venu ! Il est vraiment venu ! Evidemment, je souhaitais de tout mon cœur qu’il vienne mais compte tenu de son désamour pour son pouvoir et de son incapacité à en parler, ou au moins avec moi, je dois dire que j’avais cru qu’il ne viendrait pas. Je suis tellement heureuse que j’ai envie de me lever pour aller lui sauter au cou et lui proposer moi-même un truc à boire et à manger de peur qu’il fasse demi-tour et décide de repartir. Mais je me contiens et reste sagement assise sur ma chaise, je sais bien qu’il n’aimerait pas ça, il déteste que je le colle et la première phrase qui sort de sa bouche lorsqu’il prend la parole me le fait bien comprendre. « Traduisez : je n'avais aucune envie de venir mais ma sœur m'a fait chier pendant 20 minutes pour me traîner ici ! » Outre son sale caractère habituel et une mauvaise humeur évidente, je suis immédiatement choquée par la mention de sa sœur qui est probablement la fille qui vient de prendre de place à la table. J’ouvre tellement grand la bouche que ma mâchoire menace de se décrocher. Je vais avoir des comptes à régler avec lui, mais heureusement pour le Serpentard, la présence du directeur et de tous les autres élèves m’empêche de lui renvoyer en pleine face son histoire larmoyante d’orphelin qui n’est manifestement pas une réalité. Toutefois, incapable de tenir ma langue, je me penche vers Jade pour lui glisser quelques mots à l’oreille. « C’est le garçon dont je t’ai parlé… Le voyant. C’est un gros menteur ! Il m’avait dit qu’il était orphelin, j’y crois pas ! » Je pense que l’insulter de « gros menteur » est relativement sympathique compte tenu du mensonge dégueulasse qu’il m’a sorti pour que je le prenne en pitié et que je le laisse tranquille mais je n’aime pas insulter les gens alors j’essaie de ne pas montrer que je suis vraiment en colère et me contente de replonger mon nez dans le jus de citrouille gentiment servi par le directeur. Ce garçon est vraiment méchant et sans-cœur, je n’ai pas eu de chance de tomber sur lui comme coéquipier dans cette aventure de voyance, j’aurais préféré tomber sur quelqu’un qui aurait été heureux de communiquer avec moi. En plus, on aurait pu chercher à comprendre à deux ce qui nous arrivait, ça aurait été carrément chouette. Mais non, au lieu de ça il faut que je me farcisse un dépressif mal dans ses baskets qui pense que l’ultime but de sa vie est d’envoyer chier tout le monde. Ce doit être le karma. En attendant, le directeur a repris la parole pour nous demander de présenter notre particularité, chose que je trouve franchement chouette. Je suis au point mort avec mon don de voyance et j’ai vraiment besoin d’aide pour le développer. Si Brooklyn ne peut pas m’aider, quelqu’un d’autre le pourra certainement, nous ne sommes probablement pas les deux seuls voyants sur cette planète. Toutes les filles commencent à annoncer leur particularité et lorsque Jade parle, je jette un œil tout autour de la table, défiant quiconque de faire la moindre remarque à son sujet. Ma copine est la fille la plus formidable au monde et je ne supporterais pas qu’elle soit rabaissée par une bande de petites pestes qui jugent seulement par la couverture. Moi je trouve qu’elle s’en sort très bien. On a donc désormais une animagus, une demi-vélane, un loup-garou, une métamorphomage et une légilimens. C’est franchement cool tout ça, mais je crois que j’aurais aimé qu’on soit tous un peu plus similaires, ça nous aurait franchement aidé à travailler ensemble. Quand vient mon tour, je suis un peu nerveuse car même si je n’ai jamais caché ma particularité, parler comme ça devant un public de personnes presque toutes plus âgées que moi a quelque chose de particulièrement effrayant. Toutefois, je prends mon courage à deux mains et je me lance, pressée d’en avoir terminé. « Je m’appelle Shynnagh Cavendish et ma maison c’est Poufsouffle. J’ai découvert quand j’étais petite que je pouvais voir des bouts de souvenirs des gens si je les touchais… Le problème c’est que je ne maitrise rien alors je comprends jamais vraiment ce que je vois. Je n’ai pu voir qu’un seul souvenir vraiment précis depuis que j’ai découvert que j’étais voyante et c’était il y a plusieurs années déjà. Et l’autre problème, c’est que je vois le passé, pas le futur, alors je suis pas sûre que ce soit vraiment utile en cas de bataille. Peut-être que je pourrais trouver les points faibles de nos ennemis ? Parce que plus un souvenir est marquant et plus j’ai de chances de le voir... Enfin je crois, c’est une analyse personnelle… Bref, désolée je parle trop, j’ai fini. » Et pourtant, j’aurais encore tellement de choses à dire à ce sujet ! Mais je préfère m’abstenir, je ne veux pas monopoliser la parole, tout le monde a le droit de s’exprimer, c’est le but de cette réunion.

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