Les deux poufsouffles étaient brillantes, en réalité. Octavia était consciencieuse et rigoureuse dans son travail, mais c'est vrai que la donne avait changé. Les règles avaient changées depuis qu'elles avaient été enfermées aux sous-sols. Pour la blondinette, mais si la rigueur était important, elle considérait que ne pas oublier de vivre ce qu'elle a à vivre était le plus important. La vie était courte. Elle avait cru mourir, elle avait cru devenir folle, elle avait cru ne jamais retrouver sa liberté de se mouvoir au Château, de regarder les autres dans les yeux, de se confronter. Elle avait hésité sur le fait de revenir à Poudlard si récemment après ce traumatisme. Et finalement, elle avait été convaincue par l'annonce de ce Directeur, à la belle réputation et aux bons mots. Son discours, elle l'avait entendu, elle l'avait digéré et même si elle savait que ce n'était que des mots, elle s'était sentie en confiance, confortable par rapport à des idéologies, par rapport aux autres élèves, par rapport aux professeurs. Elle n'oubliait pas ce qui lui était arrivé, et ça lui semblait simplement important qu'elle rit autant qu'elle le pouvait, pour tout ce qui lui restait à vivre. Bien sûr, c'était l'idée, mais elle avait dû mal à rire réellement. C'était dur de retrouver des anciennes habitudes, c'était dur de renouer avec l'inconscience de son adolescence, c'était dur de revenir sur ces bancs d'école, à zéro, comme si rien ne s'était passé. Parce que personne n'avait oublié. Tout le monde faisait semblant qu'il était passé au-dessus, et Octavia n'avait jamais été une grande actrice, elle n'avait jamais su cacher ses faiblesses et vulnérabilités aux yeux du monde. Elle semblait détruite, c'est qu'elle était détruite. Elle riait, c'est qu'elle était heureuse, sur l'instant présent. Elle était d'humeur taquine, c'est qu'elle était bien, dans sa tête. Et si le cœur n'y était pas, ça se sentait. On faisait ou semblant qu'on ne le remarquait pas, ou on essayait de la faire aller mieux. Elle savait que dans le sourire de ses amis, ils étaient inquiets. Elle le voyait en retour, et si elle était forte comme ça, certains jours plus que d'autres, c'était seulement grâce à eux. Qu'elle arrivait à sortir de son lit, qu'elle arrivait à s'apprêter et se faire jolie, qu'elle arrivait à discuter avec les autres élèves. Si elle était seule, elle serait restée dans son lit, en PLS, ou elle longerait les murs, tête baissée. Au lieu de ça, elle riait franchement, doucement pour ne pas trop déranger le cours, avec auto-dérision lorsqu'elle rata en beauté son incantation, moqueuse, mais pas méchante pour un sou lorsque sa brunette se rata à son tour. La porte en début du cours ? Oubliée. Octavia y jeta un œil et vit qu'elle avait disparue. Il ne restait que ses gonds, et elle jeta un œil à la classe pour voir où les autres en étaient, et qui étaient responsables de cette manœuvre. Mon regard se pose sur Oliver, que j'évite joliment. Mes yeux détaillent Spencer, qui semblent s'être coupés avec des éclats. La jeune fille se mord la lèvre et continue son balayement de pièce sur Perrin. Il est fier de lui et tout me montre qu'il a réussi son sortilège de disparition. Mais il me semble trop fier pour avoir simplement fait disparaître de l'eau de sa coupe. La jeune fille le fixe quelques instants, et lorsqu'elle pense que leurs regards se croisent, le remercie d'un regard intense. Ça voulait dire beaucoup, pour tout le monde. Ça signifiait un immense soutien et un peu de protection. Cette porte, elle espérait simplement que plus jamais elle ne soit fermée.

« Arrête ! J’étais concentrée à l’extrême pour ce premier essai pourtant… » Elle retint de rire, mais ne put s'empêcher de glousser doucement, étouffant ses bruits d'un revers de main. La jeune poufsouffle semble tousser ensuite, mais elle se reprend après quelques secondes en fixant la coupe totalement pleine de sa camarade. « Va falloir qu'on repousse l'extrême, alors ... » Elle ne peut s'empêcher de sourire sans rien ajouter. Elle n'avait jamais été douée en sortilèges. Que ça soit pour la métamorphose, la défense ou l'attaque, il semblait que sa baguette ne coopérait pas vraiment avec elle. Pour elle, c'était étonnant que Jill n'y parvienne pas, elle avait toujours été son galvaniseur. Elle l'imitait, la plupart du temps, reproduisant sa gestuelle et l'intonation de cette formule qui fonctionnait de sa méthode. Octavia avait réessayé une nouvelle fois, confirmant ses propos qu'elle n'allait jamais y arriver. C'est pas pour autant sans volonté ! La belle était tenace quand elle voulait quelque chose, et difficile de ne pas quitter cette salle de cours tant que l'eau n'avait pas disparu, en utilisant un moyen magique ! « C’est parce que c’est de l’eau….s’il y avait eu du rhum à la place, ça t’aurait parlé, pas vrai ?! » Nouveau fou rire étouffé alors que sa remarque me faisait penser à notre voyage au Danemark. Difficile d'oublier. Difficile de ne pas vouloir y retourner, aussi. « Là, il n'y aurait vraiment aucune hésitation .. ! » Son existence simple manquait. Pas de devoir, pas d'obligation. La pensée de Jesper lui traversa l'esprit et tout ce à quoi elle pensait, c'était qu'elle voulait voyager à nouveau. « Evanesco ! » Octavia répond à son regard triomphant par une moue admirative. Ses dents se montrèrent timidement alors qu'elle prenait exemple sur sa camarade, lui volant sa gestuelle et son intonation pour tenter de mettre fin à la malédiction qui la poursuivait depuis qu'elle était entrée à Poudlard. « Evanesco ! »


1-3 : L'eau disparaît entièrement et en touchant le fond, Octavia s'aperçoit que la coupe n'est même pas humide. Quelle classe ! Je lève les poings vers le plafond en signe de triomphe. « Jill, t'es un véritable exemple pour moi ! »
2-5 : L'eau semble s'écouler, comme lorsqu'une chasse est tirée. Le niveau baisse drastiquement, puis remonte légèrement à la moitié de la coupe. On va y arriver centilitre par centilitre, c'est moi qui te le dis !
4-6 : Il ne se passe rien ! Octavia attend, impatiente de constater sa réussite ou son échec, mais le fait que rien ne se produise lui semble un échec encore plus magistral. « C'est bon, j'abandonne. J'ai eu ma dose de déception pour la journée ! »