❝ Plus tu luttes, plus tu t'enfonces... ❞ (Tracy & Milo)

❝ Plus tu luttes, plus tu t'enfonces... ❞

Tracy & MiloJ’ai repoussé le moment d’aller voir un psychomage au maximum. Je n’étais pas très tenté par l’expérience même si je savais que cela me ferais du bien. Je ne me sentais pas prêt. Je ne voulais pas qu’on me soigne, qu’on me touche, qu’on me réconforte, qu’on me rassure, qu’on m’aide d’une quelconque façon. Je préférais laisser les gens me donner mille et un conseils, hochant la tête pour signifier que je les écoutais alors qu’au fond, ça rentrait par une oreille et ça ressortait par l’autre. Ce n’était juste pas le moment. Durant la bataille, j’ai été obnubilé par le sort de Dan, ignorant totalement mes camarades. Non pas que cela ne m’importait pas de savoir s’ils allaient bien ou non, juste que la souffrance que je ressentais était déjà suffisamment forte pour pouvoir supporter plus de douleur. Et puis, ils me l’ont enlevé et ils m’ont laissé dans les décombres de Poudlard durant 2 jours avec les autres élèves non blessé et non nés moldus. Là, je n’ai pas eu d’autres choix que de faire face à la réalité. Du sang de partout, des murs en morceaux, des portes en miettes, des fenêtres explosées. J’avais vu les corps joncher le sol après la bataille et maintenant je voyais les dégâts des différents lieux des combats. Tant de violence, tant de souffrance et pour quoi au final ? Être coincé dans une ferme trop petite pour tous nous accueillir ? L’incertitude de pouvoir rentrer chez nous un jour ? La peur de nous faire attaquer par les Mangemorts tôt ou tard ? Quelle belle victoire. Quand je suis arrivé ici, la première chose que j’ai faite c’est venir au chevet de Dan, inquiet. L’accueil fut glacial et ma présence non désirée. Je repartis aussi vite que j’étais arrivé, avec les miettes de mon couple. J’avais tout perdu dans cette révolte, même ce que j’avais de plus cher. Les jours se sont écoulés lentement et je suis resté dans le sillage de Dan. Pas trop prêt pour vraiment l’importuner mais pas trop loin pour veiller sur lui. Je ne pouvais juste pas me résoudre à laisser derrière moi ce que nous avions construit. Je savais que je n’aurai pas le choix, que quand il sortirait de l’infirmerie, il faudra que je le laisse en paix, mais je profitais du fait qu’il était cloué dans un lit pour imposer ma présence. Peut-être avais-je peur qu’inconsciemment, s’il ne me voit pas, il m’oublie plus facilement. C’est un peu stupide mais je n’ai jamais dit que j’étais un garçon intelligent. Et puis il a fini par sortir et on a découvert qu’on avait des lits cote à cote. Un véritable calvaire. J’avais la sensation d’être un junkie en manque. Je ne voulais qu’une seule chose, retourner à ses côtés, sauf que je savais que c’était impossible … En tout cas j’en étais persuadé.

Et puis un soir on s’est retrouvé tous les deux dans les cuisines, j’étais inquiet de son absence et j’ai fini par le retrouver en train de grignoter dans la nuit. On s’est caché dans le garde manger pour une raison encore bien obscure. Mon cerveau défaillant et fatigué avait cru encore un instant qu’on allait se faire punir si on nous trouvait hors de nos lits et lui … avait juste envie de profiter de ma présence quelques instants de plus. Une chose en entraînant une chose, on a fini par crever l'abcès, je me suis excusé pour ce que j’avais fait, craquant pour la première fois depuis la bataille. Et me voilà aujourd’hui sortant d’une séance commune avec un psychomage. C’est ce soir là avec Dan que j’ai réalisé que je ne pouvais plus jouer les autruches, que j’avais besoin d’aide et que je ne pouvais plus continuer à me voiler la face. Si je voulais pouvoir avancer, il fallait que je parle à quelqu’un et que j’écoute ce qu’on avait à me dire. Je ne savais pas trop ce qui allait m’attendre dans ce groupe de parole mais je devais leur laisser une chance. Est-ce que je regrettais d’y être allé ? Sincèrement, je ne sais pas encore. Je ne sais pas si j’ai aimé entendre ce que mes camarades avaient à dire sur ce qu’on a vécu. Je ne sais pas vraiment si je suis prêt à connaître leur façon de voir la révolte et leur vie durant le joug de Blackman. Pourtant je n’ai pas tellement eu le choix, il fallait que je me confronte à la souffrance et aux peurs des autres pour avouer les miennes. Je n’avais pas parlé à Tracy depuis le soir du bal et je dois avouer que je ne savais plus trop comment me comporter avec elle. Je n’ai jamais eu l’occasion de la remercier d’avoir sauvé Dan. Avant, je ne l’aimais pas, je me méfiais d’elle et je n’aimais pas qu’elle gravite autour de Dan. Je trouvais que sa présence était néfaste pour lui, qu’elle n’était pas digne de confiance. Après tout, combien de personnes ont été puni à cause d’elle ? Et quels mensonges elle a donné pour faire semblant d’être quelqu’un qu’elle n’était pas ? Je lui en ai voulu d’avoir tenté de s’en sortir malgré ses origines, de n’avoir rien dit sur le fait qu’elle était née moldue. Je lui en ai voulu d’avoir fait punir Dan parce qu’ils s’écrivaient et se voyaient en cachette. Et je crois qu’inconsciemment, je lui en ai voulu d’avoir attiré son attention et d’être apparu comme une potentielle “petite amie”. Je sais que c’est plus compliqué que ça, qu’il n’a pas forcément été attiré par elle mais par son argent, mais quand même, ça ne change pas le fait qu’elle aurait pu être à ma place. Elle serait restée loin de lui, je crois que j’aurai pu passer au dessus de tout ça, mais elle était “son amie” et ça, ça me dérangeait. Trop jaloux et trop possessif, j’ai dû mal à “partager”, je sais, mais je tente de travailler dessus, même si ce n’est pas très probant, je vous l’accorde.

Mais peut-être est-ce l’occasion de faire la paix, même si elle ignore tout ça et potentiellement essayer de partir sur de meilleures bases ? Après tout, si elle est l’amie de Dan, je ne peux pas passer ma vie à la haïr pour des bêtises, si ? Je ne dis pas que j’arriverai à calmer toujours ma jalousie, mais je peux au moins faire des efforts. Alors quand la séance est terminée, je la rejoins timidement. « Salut ! » Début bâteau, mais j’avoue ne pas savoir comment lui dire les choses. Je baisse le regard, un peu honteux. On sait tous confié aujourd’hui et j’avoue que je ne m’attendais pas à entendre tout ça. Je vois les gens de façon un peu différente pour être honnête. « Je … on n’a pas eu l’occasion de se revoir depuis … ce fameux soir mais … je … je voulais te remercier … pour ce que tu as fait pour lui … pour Dan … sans toi il serait probablement mort … Alors …. merci ! » Je n’ai pas osé lever le regard en disant tout ça, hésitant, mal à l’aise.
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Zola Rylee Shaw
“Pour qu'un amour soit inoubliable, il faut que les hasards s'y rejoignent dès le premier instant.” Kundera Milan ♦ by dream's

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Plus tu luttes, plus tu t'enfonces

Milo & Tracy

« Je vais bien ! Je vais parfaitement bien, je suis tout à fait prête à passer à autre chose, mais il faut que je passe mes examens… ! Je vous jure que je peux y arriver, je veux avancer. » déclara-t-elle avec fermeté, en trépignant à moitié sur sa chaise, au psychomage qui l’interrogeait sur sa vie aux cachots. Pourquoi est-ce que tout le monde insistait avec ça… ? On lui avait retiré les béquilles, lui laissant simplement des chaussons hideux pour seul accoutrement pour ses pieds, mais on ne voulait pas la lâcher à propos de son état psychologique. Bien sûr qu’elle n’irait jamais mieux si on continuait de lui répéter qu’elle avait « vécu des choses difficiles », et c’était tellement fatigant de les revivre à longueur de journée… Et pourtant, à croire que les médecins comprenaient bien mieux qu’elle ce qui se passait dans sa tête. S’ils faisaient vraiment bien leur travail, songea-t-elle, ils ne perdraient pas leur temps avec elle, à lui inventer un pseudo-traumatisme, ils iraient voir des gens qui en avaient vraiment besoin et arrêteraient de la considérer comme si elle était à moitié cinglée. Et c’était de plus en plus difficile de donner l’impression qu’elle ne l’était pas… « Peut-être… Je sais pas. Je sais plus. Je suis pas restée si longtemps aux cachots. Je faisais la vaisselle, c’est pas si compliqué, je veux dire, la vaisselle. » soutint-elle en frôlant l’impatience. Peu importait, pour Naïa, Keagan, la punition au fouet pour sa visite à Dan, et le reste, il n’avait pas besoin de le savoir. Personne n’avait besoin de le savoir. Tortillant quelques mèches de cheveux autour de ses doigts, et appuyant son visage, sur sa main, fixant son interlocuteur qui notait de temps à autre, entre deux silences chargeant l’atmosphère d’une certaine tension. En réalité… ça n’allait peut-être pas si bien. Sa vie avait repris son cours d’un naturel déconcertant, comme si ce qui s’était passé ces derniers mois ne s’était jamais produit et qu’elle avait totalement occulté ce bal sanglant, dont seul l’état de Dan et de Roxy pouvaient lui rappeler qu’il avait bel et bien eu lieu, mais les réminiscences la secouaient la nuit, et elle continuait de sursauter à la moindre venue. Peu importait, pourquoi est-ce que ça devrait l’empêcher de passer en cinquième année, et d’assister aux rattrapages donnés aimablement par le professeur Shafiq qui accordait un temps précieux à lui enseigner ce qu’elle avait manqué… ? Maintenant qu’il n’y avait plus de cachots, il était temps de vivre, et elle ne pourrait jamais totalement si on continuait de lui dire qu’elle était malade. « Je peux y aller… ? J’ai des révisions maintenant. » demanda-t-elle avec l’espoir que la permission lui soit accordée.

Et il ne lâchait pas l’affaire si facilement le bougre ! Voilà qu’elle était plantée à un groupe de parole, comme si se retrouver en comité devait rendre tout ça plus facile. Ça n’avait rien de facile, ni d’agréable, tout le monde était mal à l’aise, et personne ne parvenait à mettre des mots sur ce qui s’était passé. Elle jeta plusieurs fois quelques coups d’oeil insistants à sa montre, pour bien signifier son profond agacement et sa hâte de sortir de cette thérapie qui n’avait que pour optique de lui faire avouer qu’elle était une pauvre folle devenue complètement givrée après avoir fait les frais de la haine de la moitié du château, et écouter ceux qui avaient vu leur vie voler en éclats. Ça ne l’intéressait pas. Tout le monde souffrait, c’était évident, non… ? Peut-être qu’ils en pâtiraient moins si on voulait bien les laisser tranquilles, et aller de l’avant, se reconstruire… Elle remplit donc sa part du contrat, se présenta brièvement, évoqua très rapidement son expérience des cachots en omettant quelques points qu’elle jugea inutiles, et regagna sa place. Puis, son regard croisa celui de Milo, et son coeur se serra violemment. Il était là, lui aussi. Parce qu’il avait vu les mêmes choses qu’elle. Parce qu’il les avait vécues avec une intensité démesurée. Parce qu’il avait soutenu le corps sans activité de Dan, qui s’était littéralement effondré dans ses bras. Quelque chose cogna dans sa poitrine avec force. Sa présence ici lui rappelait que malgré ce qu’elle préférait ranger dans une case pour ne plus avoir à y être confrontée, ils étaient liés, désormais. Plus jamais ils ne seraient des étrangers : ils seraient pour toujours les témoins de ce macabre spectacle. Elle ignorait tout de son sentiment, de ce qu’il vivait. Après tout… ils n’étaient pas si proches, il n’était que « le copain de Dan », dont elle ne savait finalement pas grand chose… Peut-être devrait-elle aller vers lui, mais l’impression que tout remonterait à la surface si elle l’approchait l’en empêchait. Aussi, elle attrapa son sac en bandoulière à la fin de la séance, et se prépara à se diriger vers la sortie. « Salut ! » La surprise manqua de la faire tomber à la renverse, et elle sursauta violemment. C’était sûrement démesuré, après tout il n’avait probablement pas voulu lui faire peur, mais un rien la faisait faillir en ce moment. « Oh, Milo, bonjour… ! » tenta-t-elle pour se rattraper. Elle hésita à demander des nouvelles, tout comme s’ils étaient deux vieux amis qui ne s’étaient pas vus depuis des lustres, et finit par conclure que c’était probablement malvenu après une séance de psychothérapie. S’ils étaient là, c’était que ça n’allait pas. Parce qu’ils avaient vécu une partie de ce calvaire ensemble, au mauvais endroit, au mauvais moment.

« Je … on n’a pas eu l’occasion de se revoir depuis … ce fameux soir mais … je … je voulais te remercier … pour ce que tu as fait pour lui … pour Dan … sans toi il serait probablement mort … Alors …. merci ! » Cette déclaration la surprit, si bien qu’elle eut du mal à restituer la scène pour comprendre de quoi il parlait. Ce qu’elle avait fait pour Dan… ? L’image du jeune homme et de sa blessure grande ouverte lui donna un goût de nausée lorsqu’elle lui réapparut. A bien y réfléchir, elle se rappelait effectivement avoir tenté une incantation, mais ne se souvenait pas très bien du reste… « Oh… je n’ai pas fait grand chose… » ajouta-t-elle en se demandant pourquoi sa tête refusait obstinément de remettre de l’ordre dans ce qui s’était passé. Tout était un fichu capharnaüm… ça avait commencé par Aniek et Snow qui se disputaient, et puis elle avait volé une baguette, et Milo avait été touché, et d’autres aussi… « Mais je suis contente qu’il aille bien ! Je monterais le voir dès que possible ! » ajouta-t-elle en souriant. C’était ce que faisaient les amis, non ? Elle ignorait où en étaient les choses entre eux, même s’il avait répondu positivement à sa lettre. Peut-être qu’après la punition, il n’aurait plus envie de la voir… Elle lui avait apporté suffisamment d’ennuis comme ça. « Ta blessure va mieux ? » l’interrogea-t-elle en étudiant d’un regard l’état du jeune homme, se rappelant qu’il avait été touché lui aussi. « Tu sais, c’est à moi de te remercier… t’étais venu pour m’aider, si je n’avais pas tout retardé tu aurais pu sortir, toi. Mais... t'es resté. » ajouta-t-elle en regardant ses doigts d’un air gêné.

Emi Burton

❝ Plus tu luttes, plus tu t'enfonces... ❞

Tracy & MiloCette séance était étrange et je suppose que toutes les autres seront pareilles. On sera tous mal à l'aise de parler de ce qu'il s'est passé en public, de s'ouvrir aux autres, d'expliquer ce qu'il se passe dans nos têtes. Tout est trop chaotique pour le moment pour être capable de mettre des mots sur ce qu'on a vécu je crois. Et je ne pense pas que ce soit une si bonne idée que ça d'en parler aux autres. Mais les psychomages pensent que si, ils veulent qu'on se confie les uns les autres afin qu'on ne soit pas seul et surtout qu'on ne se sente pas seul. Mais je men fous de savoir que bidule a vécu la même chose, je veux juste oublier. Je sais que je ne suis ps le seul dans ce cas là et que certains ont vécu bien pire que moi, mais ce n'est pas une raison. Je veux, égoïstement, qu'on me plaigne et qu'on me réconforte. Je veux qu'on me dise que tout va bien aller et que je ne suis pas un monstre. Je veux être le centre de l'attention et n'être que le seul à parler. Et surtout, je ne veux pas connaître les démons de mes camarades. On est tous traumatisé, c'est un fait, mais je ne veux pas connaître la vie des autres, je m'en fous. J'ai déjà tant à faire avec mes propres démons, je n'ai pas envie en plus de rajouter ceux des autres. Je me sens déjà suffisamment coupable comme ça pour ne pas à avoir à entendre mes camarades me dire qu'ils sont malheureux et que je me dise que c'est entièrement de ma faute. Les psychomages pensent qu'au contraire, c'est en parlant avec eux que je me rendrais compte que ce n'est pas moi le monstre dans l'histoire, pourtant actuellement j'ai bien du mal à le réaliser. Alors peut-être que je n'ai pas fait d'effort, que je ne m'y suis pas mis à fond. Peut-être qu'en réessayant, ça ira mieux, je ne sais pas et je doute d'avoir envie de retenter l'aventure. Le seul point réellement positif de cette séance c'est qu'il y a Tracy et que je voudrai la remercier pour ce qu'elle a fait pour Dan. Je crois que parmi tous mes camarades, c'était la seule personne dont j'avais envie d'entendre ce qu'elle avait à dire. Non pas que sa vie m'intéresse vraiment ou que j'ai besoin d'entendre ses malheur pour me sentir bien, mais je ne sais pas, ce fameux soir au bal a changé ma vision que j'avais d'elle et peut-être que je pense que ça me rassurerait si elle était aussi traumatisée que moi, je ne sais pas ou plutôt qu'en ayant vécu la même chose, elle peut plus facilement me comprendre.

Je vais la voir et sans vraiment le vouloir, je lui fais peur. Décidément, c'est mon truc en ce moment de faire sursauter les gens. Dan la dernière fois dehors et elle maintenant. Il faut quoi ? Que j'annonce quand je m'approche des gens ou que j'esquisse un geste ? Je tente de passer au dessus et de faire comme si je n'avais rien vu et j'enchaine avec le pourquoi de ma venue ici. Elle me répond qu'elle n'a pas fait grand chose et qu'elle était contente qu'il aille bien et qu'elle montera prochainement le voir. C'était un pas grand chose qui lui a quand même sauvé la vie, je trouve que ce n'est pas rien. Il était au courant que c'était elle qui l'avait sauvé et je ne doute pas un instant qu'il sera l'accueillir avec tous les honneurs dont elle a le droit. J'aurai aimé que ce soit moi mais j'en ai été capable. Je ne vais pas vous mentir, je ressens une pointe de jalousie en repensant à tout ça. Evidemment, le plus important c'est qu'il soit en vie et qu'il aille bien, c'était tout ce que je voulais sur le moment et encore aujourd'hui. Mais ça n'empêche pas que j'aurai aimé que ce soit moi le héros de l'histoire, qu'au moins ce jour là j'ai fait quelque chose de bien, en dehors d'être moi. Mais non et c'est la vie. Alors évidemment qu'il va être content de la voir, il n'y a pas de raison que ça ne soit pas le cas. Ce que j'aimerai c'est qu'il ne le soit pas trop, non pas que je veux qu'il soit froid et distant avec elle, elle ne le mérite pas, mais qu'il ne lui soit pas reconnaissant au point d'avoir envie d'être avec elle. Oui, je sais, je suis ridicule et j'ai envie de me frapper, mais c'est plus fort que moi. Ce n'est pas elle le problème, évidemment, c'est moi, encore et toujours. Je ne comprends pas comment il a pu avoir envie de me reprendre et je me dis que son amour pour moi ne pourra bientôt plus suffire. Elle serait parfaite en remplaçante, mais j'ai pas envie de le voir avec quelqu'un d'autre. Est-ce un crime ?« Un pas grand chose qui lui a sauvé la vie ... En tout cas je suis sûr qu'il sera vraiment content de te voir ! » J'esquisse un sourire qui se voulait content, sauf que ce n'était pas vraiment le cas. En fait j'étais content qu'il puisse retrouver toutes ses amies, il s'était mis en danger à de nombreuses fois pour les voir. Mais maintenant qu'il les avait, il allait se rendre compte que je ne servais juste à rien et que j'étais là pour lui faire passer le temps. Il m'aime et je le crois, mais ne croit-il pas qu'il m'aime plutôt ? C'est vrai, il n'a jamais aimé avant, peut-être qu'il va se rendre compte que ce n'est pas réellement de l'amour qu'il ressent pour moi mais une forme d'affection ou d'attachement, je ne sais pas. Je ne veux pas qu'il reste avec moi parce qu'il a peur de me blesser. Ca me fera du mal, c'est évident, s'il me largue, mais au moins il pourra se reconstruire et avoir une vie meilleure, loin de moi.

Elle me demande si ma blessure va mieux et instinctivement je mets mon bras sur l'entaille qui s'y trouve encore. Avec le baume de Liu, elle a bien cicatrisée et c'est bientôt de l'histoire ancienne, mais sa question me rappelle que je n'ai quasiment rien eu et que c'est injuste. C'est moi qui aurais dû prendre et pas eux, eux n'y était pour rien. Elle tente de me remercier mais j'ignore pourquoi. Je n'ai rien fait. J'ai tenté de la sortir de là et j'ai échoué. Elle a été blessé par ma faute et j'ai à peine pu la soigner. Tu parles, paye ton sauveur. Elle a fait tellement plus que moi, en partant vers les autres pour les aider. Moi je me suis contenter de chouiner sur le sort de Dan, sans être capable de l'aider ou de le mettre à l'abri seul. Et sans Abel, je serais certainement encore au milieu des combats à pleurnicher sur le sort cruel. Alors non, définitivement, il n'y a rien à me remercier et pour le coup, ce n'est pas exagérer de prétendre que je n'ai rien fait, parce que c'est le cas. Je baisse le regard à mon tour, me raclant la gorge. Si elle ne me regarde pas, c'est certainement parce qu'elle est consciente que je n'ai rien fait mais on a dû lui dire que c'était le minimum à faire. Sauf qu'elle n'ait obligé de rien et qu'elle n'a pas à dire des choses qu'elle ne pense pas ou qui se sont pas vraies. « Oui, et toi ? » Je ne m'étends pas sur le sujet, mes blessures superficielles n'ont aucun intérêt et visiblement sa jambe a l'air d'aller mieux, ce qui est plutôt une bonne chose. Tout ça parce que j'ai voulu l'aider ... c'est bien quand je tente des choses, n'est-ce pas ? Je pense qu'à l'avenir, je vais m'abstenir de toutes initiatives, au cas où je finisse par tuer quelqu'un involontairement ... même si ça, au final, c'est déjà fait. « Ne dis pas de bêtise, tu t'es pris un sort dans la jambe, ce n'est pas de ta faute. Et si je suis resté, c'est parce que je le voulais, je n'étais obligé de rien du tout. Je suis désolé de ne pas avoir pu t'éviter cette blessure ... » Je suis désolé de tellement de choses qu'il n'y aurait pas assez de la journée pour que je finisse ma liste.
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Zola Rylee Shaw
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Plus tu luttes, plus tu t'enfonces

Milo & Tracy

« Un pas grand chose qui lui a sauvé la vie ... En tout cas je suis sûr qu'il sera vraiment content de te voir ! » Son sourire s’effaça légèrement tandis que les images brouillonnes se bousculaient dans sa tête, et qu’elle se remémorait doucement les scènes auxquelles elle avait participé, bien malgré elle. Une noirceur venimeuse vint alors lui rappeler les détails de la bataille… L’impact de la bousculade d’Aniek contre le buffet, Milo qui s’approchait de son oreille pour lui murmurer leur plan, le plateau qu’elle avait abandonné quelque part pour faciliter sa fuite… Dan, qui s’effondrait, après qu’elle l’ait croisé sans même répondre au signe qu’il lui avait adressé. Pourquoi serait-il content de la voir ? Pour ce que lui apportait leur amitié, elle comprendrait qu’il n’ait plus jamais envie de lui parler… D’ailleurs, pour ce qui était de lui sauver la vie, elle n’était plus bien certaine d’avoir aidé en quoi que ce soit… « Je n’avais pas une bonne baguette… » commença-t-elle, en tentant de se souvenir de son incantation avec précision. Elle l’avait dérobée à un mangemort et était seulement parvenue à deviner le bois, ce qui n’était bien sûr pas l’idéal lorsque l’on désirait refermer des plaies profondes… « Quelqu’un d’autre aurait pu bien mieux faire… » Bien sûr, désormais Milo devait avoir bien d’autres préoccupations que la personne qui aurait potentiellement pu se charger de Dan maintenant qu’il était hors de danger, mais elle ne pouvait le laisser croire qu’elle méritait ses remerciements alors qu’elle n’avait fait que bien trop peu… « Et puis, je lui devais bien ça, il a été puni à cause de moi… » termina-t-elle en passant nerveusement ses doigts sur ses poignets. Ça, il ne devait pas être sans l’ignorer, mais il devait savoir, combien elle était une mauvaise amie… Personne n’avait été gagnant dans cette histoire, et lui encore moins. Si elle lui avait fait promettre de ne pas lui écrire lors de sa descente aux cachots, il n’aurait pas eu à vivre cette insupportable expérience… C’était d’ailleurs étonnant que Milo ne se soit pas scandalisé qu’elle l’ait approché pour le tirer vers le bas… Elle avait tant de choses à se faire pardonner qu’il lui faudrait probablement se faire une liste avant de se résoudre à monter voir Dan.

« Oui, et toi ? » Au moins, il avait pu se remettre sans trop de mal… C’était au moins une bonne chose. Elle ne le connaissait pas après tout, mais une chose était certaine, il n’avait pas l’air méchant… Il avait aidé Dan lorsque tout le château l’accusait de traîtrise, et il avait souvent voulu venir en aide aux nés-moldus… Il avait tenté de la faire sortir, même si finalement, ça n’avait pas fonctionné… C’était forcément quelqu’un de bien. Quelqu’un que cette année avait brisé, quelqu’un qui serait ravagé par les souvenirs de cette bataille, tout comme elle. Si elle avait pu penser le contraire au début de cette séance… elle était désormais plus hésitante. Pourraient-ils de nouveau un jour aller bien… ? « Oui très bien ! » s’acharna-t-elle avec un sourire forcé, et un peu trop d'entrain. C’était probablement faux, même si elle perdait une énergie folle à croire le contraire. Il fallait que ça aille. Il fallait que tout redevienne comme avant, qu’ils dépassent tout ça une fois pour toutes… Aussi longtemps qu’il durerait, ce blocage la maintiendrait enfermée dans les cachots. Mais elle connaissait à peine Milo… en lui en parlant, il se contenterait simplement de penser qu’elle était devenue folle, comme le psychomage devait déjà l’imaginer. « Ne dis pas de bêtise, tu t'es pris un sort dans la jambe, ce n'est pas de ta faute. Et si je suis resté, c'est parce que je le voulais, je n'étais obligé de rien du tout. Je suis désolé de ne pas avoir pu t'éviter cette blessure ... » Elle le regarda sans comprendre, tentant de restituer la scène mentalement : son environnement retrouvait alors le décor de la salle de bal entachée, et les corps sans vie jonchaient à nouveau sur les dalles. Et lui, il était resté parce qu’il l’avait choisi. Pourquoi ? Il ne voulait pas abandonner Dan, d’accord, mais il avait déjà prévu de partir sans lui de toute évidence… et elle avait été blessée, certes, mais comme bien d’autres, il ne pouvait espérer soigner toute la salle… « Tu aurais du partir alors… » commença-t-elle à voix plus basse, presque évasivement. « Tu aurais du te sauver, échapper à tout ça… » Il voulait aider, elle comprenait bien l’idée, mais à présent que l’horreur faisait à nouveau sombrer son esprit, elle ne pouvait imaginer que son manque de discernement l’ait forcé à revenir, peut-être par culpabilité. Il semblait se sentir mal à cause de ce qui lui était arrivé… comment lui faire savoir que ce n’était pas de sa faute… ? Qu’il n’aurait pas pu éviter sa blessure… ? « Tu n’aurais pas pu faire mieux que ce que tu as fait ce soir-là pour moi. » Elle le pensait réellement, après tout les sorts avaient commencé à fuser juste après qu’il l’ait sommée de s’enfuir… C’était peut-être la punition qui attendaient ceux qui étaient au bal ce soir-là. Peu importait leur rôle, ils étaient tous responsables de ce qui était arrivé, même malgré eux. Et la culpabilité les rongerait peut-être jusqu’à l’os… Mais c'était la première fois qu'elle arrivait à aborder le sujet, avec quelqu'un. Pourquoi Milo était la seule personne avec laquelle elle parvenait à lâcher prise... ? Peut-être parce que quelque part, il se battait contre les mêmes fantômes...

Emi Burton

❝ Plus tu luttes, plus tu t'enfonces... ❞

Tracy & MiloElle n'avait pas une bonne baguette ? J'ai un peu la sensation que cette phrase sort de nulle part. Je la vois regarder dans le vide, comme si elle tentait de se souvenir de quelque chose ? Est-ce qu'elle tente de se souvenir du bal ? Pourquoi faire ? Elle n'en rêve pas assez comme ça pour se torturer l'esprit même réveillée ? Ce n'est pas ce que je lui demande, je ne veux pas savoir ce dont elle se souvient ou qu'on se remémore ensemble la scène. Parce que moi je la connais par cœur. Je ne pourrais pas oublier le corps de Dan qui s'effondre dans mes bras, sa lourdeur soudain dû à son inconscience. Je me souviendrai toujours du liquide chaud qui s'écoulait sur mes mains sans que j'arrive à l'arrêter. Je me souviens de la couleur cadavérique de sa peau ou de son souffle qui ralentissait avec les secondes. Je me souviens de mon cœur qui battait à tout rompre paniqué à l'idée de le perdre. Je me souviens de la couleur de mes mains, empoissées de sang. Tout ce sang. Même encore aujourd'hui, j'ai la sensation qu'il est toujours là et qu'il ne partira jamais. Alors non, définitivement, je ne suis pas là pour qu'on se fasse une petite séance de flashback pour se remémorer ces souvenirs affreux ensemble. Je voulais juste la remercier et je m'en fous qu'elle n'ait pas eu sa baguette ou une « bonne » baguette. Elle continue en disant que quelqu'un aurait pu mieux faire. Oui, évidemment, quelqu'un aurait pu le guérir totalement, en effet. Mais si elle n'avait pas été là, il serait mort. Ca aussi c'est un fait qu'elle n'a pas l'air de prendre en compte. Je ne comprends pas son acharnement à minimiser son implication. C'est quoi le délire en fait ? Elle veut que je me mette à genoux pour la remercier ? Elle veut que je l'encens ? Afin qu'elle comprenne que non, définitivement, elle n'a pas presque rien fait. Elle l'a sauvé. « Et alors ? On s'en fout de ça Tracy. Un adulte l'aurait sauvé et aurait refermé ses blessures, c'est un fait, mais ils n'étaient pas là et tu as été la seule à répondre à mon appel. Alors on s'en fout de savoir si quelqu'un aurait mieux fait que toi. C'est certainement vrai. Mais ce qui l'est encore plus, c'est que toi tu es venue quand j'étais paniqué et tu as fait de ton mieux pour l'aider. Et tu y es arrivée. Alors oui, la blessure ne s'est pas soignée en entier, mais s'il est là aujourd'hui, c'est parce que ton sort l'a malgré tout sauvé. Moi, rien n'est sortie de ma baguette, alors que c'était la mienne. Je n'ai même pas l'excuse d'une mauvaise baguette … juste d'être un mauvais sorcier ! » Je m'emporte un peu, parce qu'elle m'énerve. Enfin non, elle ne m'énerve pas vraiment, parce que je le vois bien qu'elle ne le fait pas exprès et que ça doit être une cause de son traumatisme, mais c'est tout ça qui m'énerve. Alors je m'emporte un peu et sans même m'en rendre compte, je finis par dire tout haut ce que je pense tout bas. Je suis un mauvais sorcier. Je n'ai aucune excuse. Je n'ai pas volé une baguette pour tenter de me défendre ou sauver Dan. C'était la mienne. Mon sort aurait dû fonctionner et ça n'a pas été le cas. C'est ma nullité qui a failli causer la mort de Dan. Si j'avais été meilleur, je l'aurai soigné sans avoir besoin de supplier quelqu'un de m'aider. Si j'avais été meilleur, je ne lui aurai pas demandé de venir au bal. Si j'avais été meilleur, je lui aurai confié que je faisais parti de la résistance … Et si j'étais une meilleure personne, je lui aurai laissé prendre son envole pour tenter d'avoir une vie meilleure. Ca, c'est la réalité et je viens à peine de m'en rendre compte.

Je crois que je ne suis pas prêt pour cette conversation, sauf que je ne m'en rends compte que maintenant. Elle me dit qu'elle lui devait bien ça après l'avoir fait punir et là, je me fige sur place. Non, définitivement, je ne suis pas prêt pour cette conversation. Je ne suis pas venu pour parler de ça et je n'ai aucune envie d'en parler. Je l'ai détesté pour ça et je crois qu'au fond de moi, je la déteste toujours. A cause d'elle, il a souffert et ça, je ne le lui pardonnerais jamais. Elle n'avait pas le droit de le mettre en danger et de l'entrainer dans ses conneries. Elle a menti à tout le monde, elle s'est rapprochée de lui au point de devenir indispensable dans sa vie afin d'avoir une bouée de secours en cas de besoin. Alors oui, très clairement, je la déteste pour ça, mais je ne suis pas venue pour l'accabler ou l'insulter. « Je n'ai absolument pas envie de parler de ça. Je ne suis pas venu pour ça … » Si elle espère ou attende de moi que je lui dise que ce n'est pas grave, que c'est du passé et que c'est oublié, elle se trompe lourdement. Je n'ai rien oublié et rien pardonné. Je sais que ce n'est pas censé être mon problème, que ce n'est pas moi qui ai été puni et que Dan est assez grand pour prendre ses décisions tout seul. Et c'est vrai, mais ça ne change pas le fait que j'étais là quand il est rentré et j'étais là à l'attendre pendant qu'il était en isolement. Elle m'a fait vivre l'enfer sans le savoir et je la déteste pour ça. Parce que tant que c'était moi qui me faisais punir, je pouvais vivre avec. Ce n'était pas facile et j'avais souvent la sensation que ce serait la dernière fois que j'arriverai à tenir le coup. Mais lui, c'était pour que tout. Aucune douleur physique n'est finalement insupportable, tu peux t'habituer à tout ou presque. Mais le voir souffrir sans pouvoir rien faire, le voir blessé … ça, je ne pourrais jamais le supporter. Tout ça à cause d'une fille qui s'est foutue dans les emmerdes et qui n'a pas été fichu de s'en sortir seule, entraînant son entourage avec elle.

Son « oui très bien ! » sonne faux mais qui suis-je pour la juger ? Je crois qu'on en est tous là. On prétend aller bien pour nous donner l'illusion que c'est vrai. Soit parce qu'on a envi d'y croire, soit parce qu'on a envie que les autres y croit. C'est plus facile de dire oui que de répondre la vérité, parce que ce serait trop long à dire ce qui ne va pas et à expliquer et aucun de nous n'a la force de le faire ou même l'envie. Alors je ne dis rien, je préfère continuer sur le reste de la discussion. Elle prétend que j'aurai dû partir, me sauver, échapper à tout ça. Je n'ai pas la sensation qu'elle comprenne qu'il aurait été impossible pour moi d'échapper à tout ça. Déjà parce que j'étais impliqué totalement dans le « tout ça » et qu'en plus il n'y avait nulle part où fuir. « Fuir quoi ? Ce que j'avais déclenché ? Et tu voulais que j'aille où ? Les Mangemorts étaient partout, il n'y avait nulle part où se cacher et ça aurait été définitivement le comble de me barrer alors que je vous avez tous mis dans la merde … » Je suis conscient que je ne suis pas le seul dans cette histoire, qu'on était nombreux à organiser tout ça. Mais chacun fait selon sa conscience et la mienne ne supporte pas tout le mal que l'on a fait. Oui, peut-être que c'était inévitable et qu'il fallait faire quelque chose, mais n'aurait-on pas pu faire autrement afin d'éviter qu'autant de gens soient blessés, voir pire ? Mon cœur se serre, je tente de ne pas y penser, pourtant il faudra bien que je fasse face à la réalité. Des gens sont morts par ma faute et je ne sais pas comment je vais pouvoir supporter tout ça. Elle prétend que je n'aurais pas pu mieux faire pour elle et d'une certainement façon, je sais que c'est vrai. Mais peut-être que si j'étais allé plus rapidement vers elle au lieu de lutter pour ne pas retourner vers Dan, peut-être qu'elle n'aurait pas été blessé. Je n'en sais rien et je ne sais pas quoi répondre à ça, alors je me contente juste de baisser la tête.

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Zola Rylee Shaw
“Pour qu'un amour soit inoubliable, il faut que les hasards s'y rejoignent dès le premier instant.” Kundera Milan ♦ by dream's

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Plus tu luttes, plus tu t'enfonces

Milo & Tracy

« Et alors ? On s'en fout de ça Tracy. Un adulte l'aurait sauvé et aurait refermé ses blessures, c'est un fait, mais ils n'étaient pas là et tu as été la seule à répondre à mon appel. Alors on s'en fout de savoir si quelqu'un aurait mieux fait que toi.(...) Moi, rien n'est sortie de ma baguette, alors que c'était la mienne. Je n'ai même pas l'excuse d'une mauvaise baguette … juste d'être un mauvais sorcier ! » Elle se figea aussitôt, ne comprenant pas exactement ce qu’il essayait de lui dire. Pourquoi il s’emportait, tout à coup… ? Il se dévaluait pour une raison venue de nulle-part, lui disait que c’était grâce à elle, et insistait dessus un peu trop lourdement. Qu’espérait-il ? Qu’elle lui réponde que ce n’était rien, avec plaisir, qu’elle sauvait des gens tous les jours et que Dan n’aurait absolument rien risqué, peu importait qu’elle n’ait pas une baguette adaptée… ? Non, certainement pas, parce que ce n’était pas vrai, et qu’elle avait bien suffisamment menti pour cette année. Milo avait partagé cette désagréable expérience avec elle, alors elle avait pensé qu’il comprendrait, qu’il partagerait ses doutes, ses angoisses, mais visiblement, il en nourrissait de toutes autres. « Pourquoi tu penses que tu es un mauvais sorcier… ? » demanda-t-elle timidement. Ça ne sous-entendait rien, ce n’était ni de la flatterie ni un reproche, juste… le désir de savoir, de le comprendre. Etaient-ce les évènements du bal qui lui faisaient nourrir une aussi mauvaise estime de lui-même ? « Je ne pense pas qu’on puisse évaluer les compétences de quelqu’un dans un contexte aussi chaotique, surtout avec ce qui arrivait à… à Dan. » ajouta-t-elle un peu sceptique. Allait-il encore s’énerver ? Elle en avait un peu peur… Mais elle ne se voyait pas pour autant brider ce qu’elle pensait actuellement. Le bal les concernait tous les deux, ça ferait partie de leur vie pour toujours, alors autant s’y faire… « Je pense que c’était surtout de la chance. » termina-t-elle en évoquant ce qu’elle avait fait pour lui. Elle ne cherchait absolument pas à ce qu’on lui jette des fleurs, ou même qu’on la remercie simplement, juste à ce qu’ils tirent un trait sur ce fichu bal pour enfin avancer. On lui avait sommé d’en parler, et elle était bien en train d’en parler, non… ? Milo était tout de même plus à même de comprendre ce qu’elle avait vécu que n’importe quel psychomage…

« Je n'ai absolument pas envie de parler de ça. Je ne suis pas venu pour ça … » Le ton sec qu’il employait pour lui parler la déstabilisait complètement. D’accord, il ne voulait pas en parler… alors, qu’est-ce qui lui voulait… ? Juste la remercier pour une raison qui la dépassait ? Elle essayait simplement de lui faire comprendre qu’il n’avait pas de raison de le faire, pour une raison qu’il connaissait pourtant, et voilà qu’il avait l’air en colère… Elle s’arrêta donc, gênée, se massant d’avant-bras comme pour garder ses doigts occupés par quelque chose, regardant les autres élèves s’éloigner de la salle progressivement. « De quoi est-ce que tu veux qu’on parle… ? » demanda-t-elle alors d’un ton doucereux, poli, avec une prudence non dissimulée. Pour le coup, elle avait réellement l’impression de marcher sur des oeufs. Certes, l’évocation de ce qui s’était passé ne plaisait ni à l’un ni à l’autre, mais il fallait bien avancer, non ? Elle ne pouvait en tout cas pas rester bloquée sur ce qui s’était passé, au risque de voir sa progression entravée. Elle s’était mise suffisamment de personnes à dos ces derniers temps pour n’avoir aucune envie qu’on lui témoigne de la même froideur que lors du cours de Winslow… « Fuir quoi ? Ce que j'avais déclenché ? Et tu voulais que j'aille où ? Les Mangemorts étaient partout, il n'y avait nulle part où se cacher et ça aurait été définitivement le comble de me barrer alors que je vous avez tous mis dans la merde … » Pourquoi insistait-il à ce point… ? Sa lèvre inférieure se mit à trembler, et elle dut rassembler ses forces mentales pour ne pas se mettre à pleurer. Est-ce qu’elle avait dit quelque chose de déplacé… ? Elle repassa en mémoire ses paroles, cherchant à quel moment elle avait placé quelque chose qu’il ne fallait pas dire. Peut-être qu’il n’y avait… tout simplement pas de solution. Il avait peut-être raison, et si d’ailleurs c’était ce qu’il voulait entendre, alors elle voulait bien volontiers le lui dire, le lui répéter même… « Je… je ne sais pas trop en quoi consistait à la résistance. » avoua-t-elle, assumant de ne pas avoir été renseignée sur le sujet. « Mais je pense que risquer votre vie pour ça était un prix démesurément élevé. Vous n'aviez pas à vous sacrifier. » Elle le pensait, même s’il n’était pas d’accord… Leur vie à eux ne valait pas moins que la vie de qui que ce soit dans cette école, et c’était profondément injuste que certains d’entre eux aient eu à en pâtir. Il avait probablement eu raison de revenir se battre, c’était d’ailleurs grâce à lui qu’elle avait pu soigner son pied et se remettre debout pour ensuite tenter d’éviter les sortilèges… Mais pour autant, il devait cesser pour de bon de s’attribuer la responsabilité de tout ce qui était arrivé, à sa connaissance il n’était certainement pas le seul à avoir déclenché les évènements…

Emi Burton

❝ Plus tu luttes, plus tu t'enfonces... ❞

Tracy & MiloPourquoi je pense que je suis un mauvais sorcier ? Mais je ne le pense pas, je le sais. C'est un fait, avéré depuis longtemps. Je suis un mauvais sorcier. Je suis maladroit au possible, pas foutu d'arriver à me débrouiller en métamorphose, incapable presque de lancer un sort de soin, juste bon à pétrifier les gens de temps en temps. Je suis un sorcier moyen et à la base, ça m'allais. Je ne voulais pas brillé par mon talent, j'ai oublié depuis longtemps ce genre d'idée. Mais cette nuit, j'aurai aimé avoir du talent, être capable de beaucoup plus. J'ai mis tout le monde dans la merde et je les ai laissé se débrouiller. J'étais totalement dépassé par les événements et je ne pensais qu'à lui et au mal que je venais de lui faire. Ma vie s'effondrait sous mes yeux, elle s'écoulait par sa plaie béante. Je ne sais pas si un jour je serai capable de me pardonner pour ce que je lui ai fait. Je ne voulais pas, je ne voulais faire de mal à personne, pourtant c'est exactement tout le contraire que j'ai fait et maintenant je dois vivre avec ça. Est-ce qu'en venant vers elle, je me rachète une conscience ? Qu'elle lui dise que je suis venue la remercier de tout ce qu'elle a fait pour lui et qu'il se rende compte que je le regrette vraiment et que ça ne vienne pas que de moi ? Peut-être, même si sincèrement je n'ai pas pensé à ça une seule seconde, ça a été naturel de venir la remercier, parce qu'elle lui a vraiment rendu service ce soir là et que je lui en serais reconnaissant éternellement. Mais peut-être que c'est inconscient, sait-on jamais, je suis peut-être un monstre jusque dans l'inconscient, je ne fais jamais rien au hasard, même si je ne m'en rends pas compte. « Parce que c'est vrai ? J'ai toujours su que j'étais bon à rien mais j'avoue que ce soir là, j'aurai aimé que ça ne soit pas vrai ... Mais les miracles, ça n'existe pas, n'est-ce pas ? » Je ne suis certainement pas très doué pour parler aux gens, surtout pas quand je suis tendu et fatigué, mais pour le coup, je ne dis pas ça avec méchanceté. Bien au contraire, on peut voir que ça sort tout seul, que ce n'est même pas une phrase réfléchie, je le pense vraiment, au fond de moi c'est une vérité vrai. Je ne m'aime pas. Ca a toujours été le cas, mais plus encore aujourd'hui. Dan m'avait aidé un peu à m'accepter. Je partais de très loin donc j'avais encore du chemin à parcourir, mais j'arrivais à me dire que peut-être il y avait quelque chose de bien en moi, suffisamment pour qu'il ait envie de s'y arrêter. Mais aujourd'hui, il n'y a plus rien, ces vaines croyances se sont effondrées et je doute qu'elles arrivent à revenir un jour. Je ne sers à rien et en plus je fais du mal aux gens que j'aime. Comment peuvent-ils encore me parler aujourd'hui ? J'avoue que je ne le comprends pas. « Je pense que tu es plus talentueuse que tu veux bien le croire. » Je ne rebondis pas sur ce qu'elle avait dit avant, parce que je sais qu'on ne sera jamais d'accord. Je suis l'être le plus abjecte du monde et un bon à rien et les autres sont de toute façon 100% mieux. De base il est déjà difficile de me faire comprendre que je me trompe, mais plus encore en ce moment. Je suis mon pire ennemi et je ressens le besoin de me faire du mal. Alors je me rabaisse, parce qu'au fond, j'ai l'impression que je suis le seul qui me connait vraiment et qui vois clair derrière le masque. Je ne suis pas un garçon gentil, je suis un monstre. Et elle a eu bien plus que de la chance, j'en suis sûr.

Pour être honnête de rien. Je me rends bien compte que je suis brusque avec elle et très certainement injuste. A moi elle ne m'a rien fait, mais en faisant du mal à Dan, c'était un peu comme si elle s'en prenait à moi. Et le plus amusant c'est de se rendre compte que c'était moi qui gardait rancune contre elle alors que Dan lui avait visiblement pardonné depuis longtemps. Tu peux me blesser autant que tu veux, je serai certainement capable de passer au dessus, mais tu ne touches pas à ceux que j'aime. Je suis venu vers elle juste dans le but de la remercier, je n'avais pas franchement songé à réellement discuter avec elle. Ce n'est pas que je ne veux pas apprendre à la connaître, mais je ne pense pas sincèrement que c'est le bon moment pour ça. Peut-être que dans quelques semaines, quand tout ça se sera tassé un peu et que peut-être je remonterai la pente, j'irai vers elle dans l'intention de lui parler vraiment, de découvrir qui se cache derrière le masque. Mais pas aujourd'hui. « De rien ... En fait j'étais juste venu te remercier pour ce que tu as fait pour Dan.» Je suis vraiment un ours, mes bonnes manières se sont totalement envolées. Pourtant non, je me rends bien compte que mes propos doivent la blesser et ce n'est pas ce que je veux. Je soupire, un peu gêné. « C'est pas ... que j'ai pas envie de te parler ... C'est juste que ... je ne suis pas de bonnes compagnie actuellement. Tu l'auras bien vu. Je prends tout mal, je pars au quart de tour, je me vexe pour un rien, je m'énerve ... Ce ne serait pas te rendre service que de t'imposer ma présence. Vraiment.» Au moins j'aurai été honnête. Je sais que c'est le coup classique. C'est pas toi, c'est moi. Mais c'est vrai, je n'y peux rien. C'est définitivement moi. Et vu qu'elle n'a pas l'air d'être au top de sa forme, je n'ai aucune envie de la ramasser en lambeau parce que j'ai été un enfoiré. J'ai pas envie de la brusquer ou de m'énerver contre elle. Et je sas que je vais le faire, parce qu'elle est à la masse et que je suis sur les nerfs. Ca ne peut pas fonctionner entre nous, pas maintenant. Quand on sera moins à fleur de peau, peut-être qu'on pourra essayer de discuter, mais pas maintenant. « J'ai plus la sensation qu'on vous a sacrifié, qu'on ne s'est sacrifié nous même. Après peut-être que je dis ça parce que je n'ai quasiment rien eux alors que tout ceux autour de moi ont payé pour mon inconscience. On n'avait pas de mauvaises intentions ... J'ai juste la sensation qu'on a tout fait de travers ... En tout cas pour ma part c'était le cas ... » Snow, Izzie, Aniek et tant d'autres ont payé très cher leurs implications dans la résistance. J'ai la sensation que moi non. C'est moi qui aurait dû souffrir et pas lui. C'est moi qui aurait dû être sans vie et lui en sécurité dans notre dortoir. J'ai été au dessous de tout.

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Plus tu luttes, plus tu t'enfonces

Milo & Tracy

« Parce que c'est vrai ? J'ai toujours su que j'étais bon à rien mais j'avoue que ce soir là, j'aurai aimé que ça ne soit pas vrai ... Mais les miracles, ça n'existe pas, n'est-ce pas ? » Bon à rien… ? Un peu estomaquée, Tracy ne savait trop quoi répondre. Comment, parce qu’il avait échoué un sortilège, pouvait-il en venir à penser que cela suffisait à le définir comme un bon à rien ? Même en le connaissant peu, elle avait du mal à concevoir cette idée-là. Mais s’il nourrissait cette idée uniquement parce qu’il n’avait pas eu la chance de réussir un sortilège au bon moment, il se fourvoyait. Le stress était tout de même un facteur important, déterminant même ! Qui en tout cas, selon elle, pouvait influer sur l’issue de ce macabre évènement. Elle, ce n’était pas la peur de perdre quelqu’un qui l’avait motivée, mais… l’instinct de survie le plus primaire. Tout comme lorsqu’en désespoir de cause, elle était parvenue à échapper aux griffes de Naïa Rosenberg avec un sortilège informulé, terrorisée et rongée par la peur de finir étouffée dans cette maudite salle des trophées. « Je… tu sais, j’suis vraiment pas très bien placée pour parler de ce genre de trucs, alors te fâche pas si je dis quelque chose d’un peu déplacé, mais… je sais au moins que tu n’es pas un bon à rien, parce que tu le rends heureux. Je ne sais pas si quelqu’un saurait faire ça aussi bien que tu sembles le faire ! » Elle ne savait pas trop si parler de Dan était délicat, alors qu’il se remettait doucement de ses blessures, et que son état se stabilisait à peine. Mais il devait comprendre à quel point son implication auprès de lui était importante… déterminante, même. « Et puis, avec le stress, forcément les chances s’amenuisent… et vous nous avez quand même tous sauvés. » poursuivit-elle, en s’efforçant de sourire un peu, même sans y croire. Elle avait l’impression que peu importait ce qu’elle pourrait dire, elle ne pourrait parvenir à le faire se sentir mieux ou à lui ôter cette impression qu’il n’avait pas grande valeur, mais au moins elle essayait, avec le peu qu’elle connaissait de lui…

« Je pense que tu es plus talentueuse que tu veux bien le croire. » Talentueuse ? Est-ce qu’il parlait vraiment d’elle… ? Parce qu’elle ne voyait vraiment pas en quoi. Elle avait eu un peu de chance parce que son organisme tout entier, ne pouvant se confronter à l’idée de la mort, avait refusé son intrusion. Chaque cellule de son corps s’unissait alors aux autres pour la tirer de ses problèmes dans un élan de désespoir. Et cette fois-là, elle avait eu la chance, parce qu’elle avait pu s’en servir pour aider un ami en difficulté. Ce n’était pas du talent… juste ce qui faisait encore d’elle un être humain, après des années passées à mentir et mépriser les autres pour se forger un bouclier. « Oh, non, pas vraiment… Être bonne en cours, c’est un peu mon truc à moi. Mais c’est le seul. Parce que j’ai une demi-soeur super sympa et intéressante, et qu’à côté… je n’ai pas grand chose, en fait. C’est pas du talent. » se justifia-t-elle un peu maladroitement. Elle ne savait même pas pourquoi elle parlait de Candice, tout à coup. Et Milo devait sûrement être en train de se demander si elle ne le prenait pas carrément pour son psychomage ou pour son journal intime… c’était la première fois qu’ils discutaient vraiment tous les deux, et elle lui révélait déjà des détails qu’il allait sûrement juger trop personnels. Devait-elle s’en excuser ? Elle hésita un peu, songeant qu’elle manquait cruellement de courtoisie et de discrétion. « De rien ... En fait j'étais juste venu te remercier pour ce que tu as fait pour Dan.» Elle demeura alors interdite. Soit… s’il avait dit ce qu’il avait à dire, même si ça ne changeait pas grand chose, alors elle ne se voyait pas le retenir éternellement… De toute manière, elle ne devait pas être l’une des premières auxquelles il voulait bien parler, loin de là. Elle devait d’ailleurs figurer en dernière position sur la liste, et elle le comprenait un peu… Ces derniers temps, il n’était pas forcément bien vu de passer du temps avec une fille comme elle. Alors, s’il souhaitait disposer sans demander son reste, elle ne le retiendrait pas. Même si… quelque part, elle avait envie qu’il reste. Qu’il lui parle de son ressenti, sans toutes les formalités qu’il y avait derrière.

« C'est pas ... que j'ai pas envie de te parler ... C'est juste que ... je ne suis pas de bonnes compagnie actuellement. Tu l'auras bien vu. Je prends tout mal, je pars au quart de tour, je me vexe pour un rien, je m'énerve ... Ce ne serait pas te rendre service que de t'imposer ma présence. Vraiment.» Elle pinça un peu les lèvres, manquant de répondre que ça ne faisait rien, et que de toute manière elle ne l’avait pas mal pris, mais en réalité elle avait l’impression de marcher un peu sur des oeufs, avec lui. Quoi de plus normal ? De toute évidence, il ne parvenait pas à franchir cette barrière invisible qui le maintenait encore à l’instant où il avait du choisir, entre la rébellion et la sécurité… Et il avait choisi. Ils avaient plus ou moins le même âge, à quelques mois près, de ce qui lui semblait… Et faire ce choix n’était certainement pas la chose la plus facile qu’il avait du faire de son existence. « Tu me l’imposes pas. En fait… je crois que c’est plus naturel d’en parler avec quelqu’un qui sait ce que c’est. Quelqu’un qui l’a vécu aussi. » assura-t-elle, un peu gênée. Bien sûr, il allait sûrement lui répondre que lui n’avait pas envie d’en parler, qu’il avait envie de passer à autre chose, c’était d’ailleurs exactement ce qu’elle prétendait elle alors que tout la ramenait à ce fameux soir ensanglanté, à commencer par ses cauchemars. Elle ne pouvait certainement pas le forcer à parler de ce qui leur était arrivé, des choix terribles qu’ils avaient du faire, de leur premier face à face avec la mort, de la douleur qu’ils avaient ressentie en voyant leurs proches abandonnés au sort tragique qui les avait menacés. « J'ai plus la sensation qu'on vous a sacrifié, qu'on ne s'est sacrifié nous même. Après peut-être que je dis ça parce que je n'ai quasiment rien eux alors que tout ceux autour de moi ont payé pour mon inconscience. On n'avait pas de mauvaises intentions ... J'ai juste la sensation qu'on a tout fait de travers ... En tout cas pour ma part c'était le cas ... » Elle secoua aussitôt la tête, bien décidée à lui faire comprendre qu’il se fourvoyait. Certes, il n’avait pas confiance en lui, et semblait déterminé à s’attribuer le rôle du méchant de l’histoire, mais elle ne pouvait continuer à le laisser dire qu’il était responsable de l’état actuel des choses. Il en avait fait beaucoup, et méritait sa reconnaissance. Même si, actuellement, elle avait encore un certain travail à mener avec elle-même avant de parvenir à passer complètement à autre chose… « Ce qu’on avait ? Je veux pas te contredire Milo… ni parler pour les autres, mais moi, en bas, j’avais plus rien. J’ai tout perdu, mon identité, mes amies, ma dignité, mes rêves… Je ne sais pas ce que les autres avaient à perdre, mais moi, j’avais plus rien. Et si vous n’étiez pas intervenus, je pense que c’est l’un de nous qui aurait pu faire… une énorme bêtise. » Et par énorme bêtise, elle refusait d’employer le mot interdit. Ou d’envisager le pire. Mais pour autant, pouvait-elle nier d’y avoir pensé ? D’avoir songé qu’en finir serait un moindre mal, le remède à cette situation inextricable dans laquelle ils s’enlisaient progressivement… ? Elle ne savait pas vraiment s’il comprendrait où elle voulait en venir, mais il devait se rendre compte qu’il avait fait le bon choix, en faisant ce qu’il pouvait pour les sortir de là…

Emi Burton

❝ Plus tu luttes, plus tu t'enfonces... ❞

Tracy & MiloElle a peur que je me vexe, que je m'énerve. Et elle a raison d'avoir peur, parce que je suis moi-même conscient d'être une vraie bombe à retardement. Je n'arrive pas à me contenir, à écouter les autres, à prendre en compte ce qu'ils me racontent. Je ne dis pas qu'en temps normal, j'en suis toujours capable, on ne va pas se voiler la face, mais disons que je suis moins nerveux, plus apte à écouter les autres. Après, je suis aussi capable de prendre la mouche en trente secondes et à planter la personne sans demander mon reste, vexé. Mais bien souvent je reviens quelques jours plus tard, tout penaud d'avoir réagit de cette façon, m'excusant platement et espérant que la personne en face n'en prendra pas ombrage. Mais aujourd'hui, je sens que je m'en fous et en même temps pas. Ca va me bouffer, évidemment, mais si je m'énerve, je ne reviendrai pas pour m'excuser. C'est bête parce que pour le coup, même si Tracy ne fait pas partie des personnes que j'aime le plus actuellement, elle ne mérite pas ça. Personne ne mérite ça. Mais je suis trop sensible, à fleur de peau, j'en ai marre de tout et surtout de moi et je crois que ça serait une façon de me punir. Une étrange façon, j'en conviens, mais au moins elle me détesterait, parce que je suis un con et je le mériterais. C'est bête, parce qu'au delà de perdre une occasion de vraiment faire sa connaissance, on restera dans une relation impossible où elle me déteste et où je me déteste aussi. Aucun intérêt, surtout quand on sait que Dan l'apprécie et tient à elle. Mais bon, quand on est con ... « Je le rendais heureux ... Depuis cette trahison, je doute d'être capable de quoi que ce soit maintenant. » Autant être honnête, ça ne sert à rien de se voiler la face. Même s'il m'est revenu, j'ignore pour combien de temps. J'essaie de m'accrocher à l'idée que si notre couple est reparti, c'est plutôt bon signe mais qu'est-ce qu'il adviendra de nous quand on sera loin l'un de l'autre ? Est-ce qu'il se rendra compte que finalement, il ne m'aime plus ? ou alors qu'il n'a plus envie d'être avec moi ? Et si à la rentrée, rien ne se passe comme prévu ? Et s'il retrouve ses amies et finit par m'oublier ? Je sais que je vois du noir de partout mais je n'y peux rien, je n'arrive pas à me faire à l'idée que ça puisse vraiment fonctionner entre nous. Non pas que je n'en ai pas envie, bien au contraire, mais après ce que je lui ai fait, je ne vois pas comment il pourrait me pardonner et surtout, oublier. Alors j'essaie de profiter de chaque instant avec lui, même si ce n'est plus comme avant et j'essaie surtout de ne pas penser à ce qui arrivera quand on quittera la ferme. « On a eu beaucoup de chance. Sans l'arrivée des secours, on aurait pas fait long feu à mon avis. » Je sais qu'elle essaye d'être gentille et qu'elle veut me remonter le moral et c'est gentil, mais sincèrement, inutile. Je connais la vérité, on pourra essayer de me la cacher ou de la travestir, je ne me laisserai pas avoir.

J'avoue que je reste un peu sans voix. Autant le truc d'être bonne en cours, je comprends, mais le truc de sa demi-soeur, je ne vois pas. Je suis totalement ravi qu'elle ait une demi-soeur adorable et tout ce qu'elle veut, mais ça a voir avec quoi dans l'histoire ? Je ne parle pas de sa demi-soeur, mais d'elle. Je crois que la surprise se lit sur mon visage, pour être honnête, je ne fais pas beaucoup d'effort pour la cacher. « Heu ... ok ... » Qu'est-ce que vous voulez que je lui réponde ? C'est bien ? C'est aussi limite que mon ok, autant être honnête. Je n'ai pas envie de me battre avec elle aujourd'hui, si elle ne veut pas admettre qu'elle est talentueuse, alors soit, elle ne l'est pas. Au moins elle admet qu'elle est bonne en cours, ce qui prouve quand même que si tu es douée en cours, tu es aussi douée autant en pratique qu'en théorie, non ? Enfin je suppose que tu pratiques beaucoup, histoire de te garder à niveau. « Après je sais ce que c'est d'avoir des frères et soeurs plus intéressants que nous ... » Parce que même si son histoire de demi-soeur tombe comme un cheveu sur la soupe, ça fait malgré tout écho à mon propre vécu. J'aimerai dire que je suis le plus cool de la famille, sauf qu'il en est rien. Aux yeux de ma famille, je suis certainement le plus gros boulet de l'histoire des de Baskerville. Mon frère aîné a toujours été populaire, Acacia est magnifique et Abel est sportif et moi ... je tente de survivre et c'est déjà bien. Je n'ai pas leur beauté, ni leur charisme, ni leur talent. Je suis juste moi et visiblement ce n'est pas suffisant dans ma famille. Alors je sais ce que c'est que de vivre dans l'ombre de sa famille. Aujourd'hui je m'en moque, mais il fut un temps où ça me dérangeais vraiment. « Tu sais, je ne crois pas ... être ... prêt ... pour en parler. Je ... sais trop tôt. Trop ... douloureux. Après sur le principe je suis d'accord, c'est certainement plus facile à parler de tout ça avec quelqu'un qui a vécu la même chose que nous, plus ou moins en tout cas, parce qu'on parle des mêmes traumatismes mais ... je ... je ne suis pas prêt ... » Définitivement pas prêt. Pas maintenant. Peut-être jamais, je n'en sais rien. Je sais d'avance que ce sera certainement plus facile à lui parler à elle qu'à parler à ma famille, parce qu'elle n'aura pas besoin de détails pour comprendre ou ne posera pas mille et une questions. Tout ce qui se passe dans ma tête, ça se passe aussi dans la sienne. Mais j'ai pas envie d'en parler. Surtout qu'en plus c'est compliqué, parce qu'elle était en haut, avant de descendre vers les nés moldus. Elle s'est transformée en traîtresse avant d'incarner un rôle dont on ne connait pas vraiment le nom. C'est une victime, mais en même temps on a dû mal à la voir comme ça. Pourtant, ça en est bien une, au même titre que les autres, c'est un fait, mais le fait qu'elle est menti et surtout, à mes yeux, qu'elle ait entraîné Dan dans les ennuis, ça me pose problème et ça me questionne. Qui est-elle vraiment ? Qu'aurait-elle était capable de faire pour préserver son secret ? C'est une question qui me trotte dans la tête mais je crois que je n'ai pas envie d'avoir la réponse. Vraiment pas. Je baisse la tête. Elle ne met pas de mots sur ce qu'elle dit mais je crois savoir de quoi elle parle. Le désespoir entraîne des idées sombres, des envies d'en finir une bonne fois pour toute. Je le sais parce que j'ai eu les mêmes. Sauf que moi, au final, je n'avais pas tant à plaindre qu'eux et c'est un peu honteux que je baisse la tête. Oui, je me suis fait torturer, c'est un fait, mais entre les tortures, ma vie n'était pas si mal au final, alors qu'eux n'avaient rien ... Je préfère ne pas répondre, de toute façon je ne sais pas ce que je pourrais lui dire au final, je me sens trop mal pour ça.

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Zola Rylee Shaw
“Pour qu'un amour soit inoubliable, il faut que les hasards s'y rejoignent dès le premier instant.” Kundera Milan ♦ by dream's

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Plus tu luttes, plus tu t'enfonces

Milo & Tracy

« Je le rendais heureux ... Depuis cette trahison, je doute d'être capable de quoi que ce soit maintenant. » De quoi il parlait ? C’était quoi au juste, cette histoire de trahison… ? Elle ne savait pas trop ce qu’il en était, puisqu’elle n’avait pas réellement eu l’occasion de parler avec Dan depuis son réveil. Elle haussa un sourcil un peu inquisiteur, déstabilisée par cette sorte de révélation qui n’en était pas trop une pour autant. A l’entendre, on aurait presque cru que c’était lui qui tenait la baguette qui lui avait lancé cet horrible sortilège… quelles étaient les raisons qui le poussaient ainsi à se dévaluer sans arrêt… ? Il devait vraiment avoir une image de lui assez peu flatteuse pour avoir une aussi piètre opinion de lui. Elle non plus n’avait pas une tendance à se mettre en valeur, ou à être sûre de ses compétences, mais elle n’en était quand même pas à se stade de se dénigrer en permanence… même si elle avait fait un certain nombre de choses cette année dont elle avait honte. Même s’ils ne se connaissaient pas réellement, ils le savaient sans nul doute l’un et l’autre… « Je ne sais pas ce qui s’était passé entre nous, et ce ne sont pas mes affaires, mais… ça doit bien pouvoir s’arranger, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle un peu timidement. Elle était bien consciente qu’il y avait un certain nombre de choses dont elle n’avait pas connaissance, et dont elle ne mesurait même pas l’ampleur. Et par ailleurs… elle préférait certainement les ignorer. Dan était suffisamment grand pour gérer ce genre d’histoires, et elle aimait à croire qu’il était capable de faire les bons choix, du moins ceux qui s’imposaient. Et puis, même si elle ne connaissait pas les erreurs que Milo avait pu commettre à son égard, il n’y avait sûrement rien d’impossible à rattraper… si ? Il n’avait pu cesser d’être heureux avec lui du jour au lendemain, à moins qu’une raison plus obscure ne l’ait poussé à changer d’avis sur le compte de son petit ami. De toute façon, elle ne connaissait pas suffisamment de choses sur les relations amoureuses pour pouvoir juger de quoi que ce soit…

« On a eu beaucoup de chance. Sans l'arrivée des secours, on aurait pas fait long feu à mon avis. » Ça commençait presque à devenir un peu gênant, de l’entendre se dévaluer ainsi. Elle ne pouvait pas lui dire de but en blanc qu’il avait tort, qu’il devrait arrêter dès maintenant de voir uniquement le côté négatif de ce qu’ils avaient fait, et qu’il méritait d’être félicité plus que de se flageller lui-même. Mais elle appréhendait un peu trop sa réaction pour lui suggérer toutes ces choses, et de toute façon ne considérait pas qu’elle le connaissait suffisamment bien pour pouvoir se le permettre. Effectivement, ils avaient raison : peut-être avaient-ils eu de la chance. Peut-être que si les secours avaient tardé, ils seraient tous morts, à l’heure qu’il était. Mais peut-être aussi que s’ils n’avaient rien fait et qu’ils avaient attendu plus longtemps, Blackman, lassé, aurait tout simplement décidé d’en finir avec eux, et de tous les tuer. A choisir, elle préférait encore le risque de mourir dans la bataille. « Sûrement, mais les secours n’auraient pu intervenir dans de bonnes conditions sans l’élaboration de votre plan. » tenta-t-elle à nouveau, en souriant cette fois, espérant qu’elle parviendrait à lui faire entendre raison. Elle ne croyait pas trop à ce qu’avaient dit les psychomages à son sujet, mais elle leur accordait toutefois un point sur une de leurs théories. Les retombées de ce qu’ils avaient vécu se manifestaient parfois d’une drôle de manière… et pour eux, c’était sous la forme de la culpabilité. Dévorante et venimeuse. « Heu ... ok ... Après je sais ce que c'est d'avoir des frères et soeurs plus intéressants que nous ... » Sa gorge se serra. Quelque part… c’était un peu rassurant. De se dire qu’elle n’était pas la seule dans ce cas. Et même s’il éprouvait des difficultés à comprendre ce qu’elle vivait, et ce que cette situation créait en elle, elle se sentait au moins plus proche de lui sur un point. Effectivement, elle savait qu’il avait un frère et une soeur plus âgés qui se trouvaient à Poudlard, mais ne serait encore jamais interrogée à propos du rapport qu’il entretenait avec eux… Puis, elle songea à toute l’année qui venait de s’écouler. Est-ce que si leurs situations avaient été inversées… il aurait choisi d’agir de la même manière ? « Je sais que ça ne justifie rien. Mais… je crois que j’avais juste envie qu’on m’apprécie. Tout est parti de là, en fait. » avoua-t-elle, un peu embarrassée. Elle ignorait s’il pouvait le comprendre, et à vrai dire, elle ne le lui demandait même pas. Elle ne savait pas non plus pourquoi elle le lui disait, alors qu’il ne lui avait pas demandé pourquoi elle s’était lancée dans ce tourbillon infernal de mensonges au sein duquel elle s’était elle-même retrouvée piégée. Mais, sans qu’elle ne sache pourquoi, elle avait l’impression qu’elle le lui devait : il s’était battu pour eux alors qu’elle avait d’entrée de jeu rejoint le camp ennemi, pour des raisons égoïstes.

« Tu sais, je ne crois pas ... être ... prêt ... pour en parler. Je ... sais trop tôt. Trop ... douloureux. Après sur le principe je suis d'accord, c'est certainement plus facile à parler de tout ça avec quelqu'un qui a vécu la même chose que nous, plus ou moins en tout cas, parce qu'on parle des mêmes traumatismes mais ... je ... je ne suis pas prêt ... » Elle hocha la tête, docile, tentant de lui faire savoir par le regard qu’elle comprenait ce qu’il ressentait. Elle ne savait pas vraiment si c’était le cas, mais elle essayait. Alors certes, ils n’étaient pas passés par la même chose, n’avaient pas assisté aux mêmes spectacles insupportables, n’avaient pas vécu les mêmes punitions, n’avaient pas traversé cette année déplorable de la même manière. Et au final, peut-être qu’il avait raison : c’était trop tôt. Après tout, le cauchemar n’avait pris fin que quelques semaines auparavant, les images étaient encore incrustées dans leur esprit, gravées au fer rouge dans leur esprit… Et lui, il avait l’air presque plus chamboulé que les autres. « D’accord. Je comprends. » Ça ne lui faisait sûrement ni chaud ni froid qu’elle comprenne, mais elle trouvait utile de le lui faire savoir. « Si… tu sais, plus tard, si ça va mieux, et que tu penses pouvoir aborder le sujet… enfin seulement si tu en as envie, ou besoin… n’hésite pas. » Elle avait envie de se montrer encourageante, mais de l’intérieur elle se sentait aussi mal, aussi brisée, aussi fragile que lui. Elle savait qu’à peine elle serait remontée dans sa chambre que les cauchemars reprendraient, que les « traîtresses » persiflées dans les couloirs reprendraient leur rythme, et qu’elle peinerait toujours à retrouver sa place.

Emi Burton

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Tracy & MiloJe hausse les épaules. Pour être honnête je ne sais pas. J'espère. De tout mon coeur j'espère que ça pourra s'arranger, qu'on pourra passer au dessus de ça, qu'on pourra oublier. Mais je ne sais pas si ce sera possible. Je vais tout faire pour, évidemment, mais je ne me voile pas la face, ici c'est compliqué de pouvoir s'isoler pour tenter de reprendre notre relation là où on l'avait laissé. Non pas qu'on s'isolait pour s'envoyer en l'air, mais on avait l'habitude de se retrouver dans le dortoir de Dan, qui était devenu notre dortoir au fil du temps et on passait notre temps ensemble. On discutait de tout et de rien, on faisait nos devoirs, on plaisantait, on se rassurait mutuellement. On avait construit notre vie là bas. Ici, ce n'est pas pareil, il y a toujours quelqu'un, cette ferme est constamment là à nous rappeler ce qu'on fait ici et pourquoi on est ici. Difficile d'avancer quand on est bloqué dans ce No man's land. Et le problème c'est que après ne sera certainement pas mieux. On va rentrer chez nous et il m'oubliera, parce que comme on dit "loin des yeux, loin du coeur". Je vais l'appeler souvent, pour avoir de ses nouvelles et lui en donner, mais je suis sûr qu'il se forcera à être sympa pour ne pas me froisser mais qu'il tentera de me faire comprendre qu'il vaut mieux que j'arrête, qu'il veut couper un peu les ponts, respirer et ça sera le début de la fin. Je n'ai aucun don de voyance, mais c'est ce qui me fait peur, c'est aussi un peu pour ça que je n'ai pas envie qu'on parte d'ici, parce que j'ai la sensation que ce sera faire une croix sur lui et je ne suis pas prêt à ça. « Je l'espère ! » C'est tout ce que j'ai à dire sur la question. Mais vu que c'est exactement ce que je pense, je ne peux pas mieux faire non plus. A quoi ça sert de sortir de grand discours, alors que ces simples mots suffisent à décrire la situation actuelle. Il n'y que l'espoir qui me tienne encore debout, rien de plus. Je pourrais lui expliquer toute l'histoire, lui dire pourquoi je parle de trahison et lui demander conseils, mais je n'en ai pas envie. Déjà parce que je ne suis pas prêt à en parler, ensuite parce qu'inconsciemment, je la vois encore comme une rivale et je n'ai aucune envie de lui donner toutes les cartes pour me le voler et ensuite parce que j'ai honte, tout simplement et que je ne veux pas qu'elle se rende compte que je ne suis pas le mec qu'elle croit que je suis.

Je hausse de nouveau les épaules. Oui. Peut-être. C'est une possibilité en effet. Je ne dis pas qu'on n'a servi à rien et qu'on n'a fait que de la merde. Enfin, si, moi j'ai fait n'importe quoi, mais à la base le plan était simple et bien ficelé. On avait chacun sa tâche à faire, en groupe et ça ce passait très bien, jusqu'au bal. C'est après que c'est parti en cacahuète. Et on s'était bien débrouillé avec Scorpius. On avait réussi à contacter Liu sans que les Mangemorts ne le remarque, on lui avait donné un point de rendez-vous et malgré le champ de force, on avait réussi à se faire comprendre. Bon, certes, sans Scorpius, je ne serais arrivé à rien, mais quand même j'étais là, c'est pas déjà bien ? On va dire que oui. Mais une fois qu'on m'a laissé tout seul et qu'on a voulu me faire confiance, c'est parti en cacahuète. Je ne suis pas fait pour ça, mais en binôme, je ne m'en étais pas rendu compte. Je pensais que peut-être, j'y arriverai, qu'il y avait un peu d'espoir. Tu parles ! « C'est vrai ! » J'allais rajouter que Scorpius avait fait du bon boulot sur ce coup là, mais pour une fois, je me suis retenu. Déjà parce qu'elle ne savait pas trop qui les avait contacté et qu'en plus, même si je me hais du plus profond de mon être, j'ai quand même pris autant de risque que Scorpius pour prévenir Liu, alors j'avais quand même le droit à un peu de reconnaissance. Même si je ne la méritais pas. Oui je sais, je suis bizarre. En ce moment j'ai l'impression d'être bipolaire. Les trois quarts du temps, je me traite de monstre et par moment, j'arrive à me dire que je n'ai pas fait que de la merde dans ma vie. Mais en ce moment c'est très rare, je n'arrive pas à me dire que j'ai aidé à sauver mes camarades. J'ai plutôt l'impression de les avoir condamné à une presque mort certaine. Je sais que je ne tenais pas les baguettes, mais c'était tout comme. « Que tu aies eu envie qu'on t'apprécie, ça je peux le comprendre ... mais que tu te sois moquée ouvertement des nés moldus alors que tu savais pertinemment que tu étais comme eux ... là je suis désolé mais je ne valide pas. Mon avis ne compte pas, c'est passé et ça ne méritait pas qu'on s'en prenne à toi quand tu as été découverte ... mais on ne récolte que ce qu'on sème ... » Je ne voulais pas la juger, même si on pouvait le croire et qu'au fond, peut-être que je le faisais quand même un peu. C'était compliqué. Je pouvais entendre le fait qu'elle devait se protéger et qu'au vu des gens avec qui elle trainait, elle n'ait pas eu le choix d'agir comme elle l'a fait mais on ne pourra pas en vouloir aux autres d'avoir eu la haine contre elle quand elle a chuté. Après je ne prétends pas que c'est bien fait pour elle, même si au début je l'ai franchement pensé, mais on ne pourra pas en vouloir aux nés moldus ou aux autres d'avoir eu envie de lui coller des tartes. « Je garde en mémoire ta proposition ... je vais m'en aller, j'ai un atelier qui va commencer. » Je hoche la tête. Je doute de venir la voir un jour pour lui dire "hey, je suis enfin prêt à parler de tout ça ! " Mais bon, sait-on jamais, si un jour la situation s'y prête et que je me sens prêt à aborder le sujet avec elle alors je me lancerais. En attendant j'avais envie de fuir loin. Mine de rien cette conversation n'avait pas été totalement inutile. J'avais un peu vidé mon sac. J'étais désolé pour elle qu'elle subisse tout ça, mais je pense que c'était nécessaire. Si Dan était ami avec elle, j'allais devoir composer avec sa présence, alors autant qu'on mette les choses à plat et qu'on reparte sur des bases saines. Je doute qu'on devienne les meilleurs amis du monde, mais si déjà on était capable de se parler sans s'insulter, ça serait déjà bien. Je ne veux pas être le genre de mec à poser un ultimatum à son copain "c'est soit elle, soit moi !". Je détesterais qu'on me fasse ça, hors de question d'en arriver là. « J'ai ... rien contre toi ... 'fin je ne t'ai pas porté dans mon coeur et je t'en ai voulu d'avoir entraîné Dan dans tes emmerdes ... mais ... je sais que t'es pas une fille mauvaise et je sais qu'il t'apprécie. Je sais aussi que c'est un grand garçon et que s'il s'est fait torturer, c'est pas parce que tu l'as forcé à faire quoi que ce soit. Je le connais suffisamment pour savoir qu'il a sa part dans l'histoire ... 'fin tout ça pour dire que ... j'ai pas envie de passer le reste de ma scolarité à te détester pour quelque chose qui est terminé. » Je suis le roi des maladroits, je m'enfonce de mots en mots. J'ai pas envie de partir en me disant qu'elle doit me haïr parce qu'elle pense que je la juge. Je l'ai fait et peut-être que je le fais un peu encore mais c'est pas mon but. Au contraire, j'ai envie de lui faire comprendre que je ne veux pas qu'on soit ennemi ...

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Milo & Tracy

« Je l'espère ! » Discuter avec Milo s’avérait plus compliqué que prévu. Elle n’avait à aucun moment imaginé que ce serait facile, mais leur situation rendait leurs interactions assez difficiles. Elle n’avait aucune idée de la manière dont elle devait se positionner, et même si elle voyait qu’il était au plus mal, elle ne parvenait pas à trouver les mots qui convenaient. Même si elle se sentait intimement désolée pour lui, elle n’était pas la personne qui devait le rassurer, elle n’avait pas cette légitimité. Elle ignorait complètement ce qui avait pu se passer entre lui et Dan, encore plus ce à quoi il faisait allusion quand il parlait de « trahison », mais Tracy préférait s’imaginer qu’il ne s’agissait de rien de grave. Dan en avait suffisamment bavé, non seulement cette année, mais encore aujourd’hui puisqu’il était encore convalescent. Et elle savait aussi qu’il aurait tout autant qu’elle du mal à se défaire de l’image que les autres étaient résolus à lui coller, parce qu’ils aimaient à se trouver un coupable. Ce serait ça, désormais. En partant du principe qu’ils parvenaient à libérer le ministère, et à se débarrasser de ce qui restait de mangemorts, ce spectre demeurerait indéfiniment au dessus d’eux. Tout le monde se souviendrait, de ce qu’il avait fait à la petite Gryffondor, alors qu’il peinait encore aujourd’hui à se pardonner. Tout le monde se souviendrait qu’elle avait rejoint les pros sangs purs, et qu’elle n’avait pas hésité à se montrer condescendant dans l’optique de se protéger elle-même. C’était peut-être pour la même raison qu’elle avait du mal à avaler tout ce que Narcissa lui avait dit, l’autre jour… est-ce qu’elle pourrait lui pardonner ? « Que tu aies eu envie qu'on t'apprécie, ça je peux le comprendre ... mais que tu te sois moquée ouvertement des nés moldus alors que tu savais pertinemment que tu étais comme eux ... là je suis désolé mais je ne valide pas. Mon avis ne compte pas, c'est passé et ça ne méritait pas qu'on s'en prenne à toi quand tu as été découverte ... mais on ne récolte que ce qu'on sème ... » Elle accueillit ses reproches en demeurant interdite, se mordillant intérieurement la lèvre pour s’empêcher de faillir. Il avait raison, elle avait été trop loin, et malheureusement elle se rendait compte aujourd’hui qu’aucun moyen d’effacer ses erreurs passées n’existait. Elle était condamnée à vivre avec ça le reste de sa scolarité, et imaginait que les conséquences de ses choix lui pèseraient longtemps sur les épaules. Elle se souvenait du parti qu’elle avait pris lors de la première tentative de révolte, des moqueries qu’elle avait été contrainte d’émettre lors des premières tortures, histoire que Naïa et Narcissa n’aient aucun doute quant à son identité… « Tu as raison, c’est à moi d’assumer. » reconnut-elle. « J’espère juste que cette année… j’aurais l’occasion de changer les choses. » Elle n’était pas sûre d’y parvenir mais… il fallait sans doute bien commencer quelque part. Si elle voulait réparer un peu tout ce qu’elle avait fait, il allait en tout cas falloir qu’elle se trouve, et qu’elle comprenne exactement qui elle était. Elle l’avait largement oublié, à force de se cantonner dans ce rôle…

« Je garde en mémoire ta proposition ... je vais m'en aller, j'ai un atelier qui va commencer. » Elle hocha la tête, toujours docilement. Elle ne savait pas très bien si cette conversation avait pu changer quelque chose entre eux, ou si elle avait pu leur permettre d’y voir plus clair. Avec un peu de recul, ils s’en rendraient peut-être davantage compte… Et contrairement aux apparences, le jeune homme n’était pas si facile à comprendre : il semblait tenir à s’attribuer toute la responsabilité de ce qui s’était passé, et à culpabiliser comme s’il était persuadé qu’il était lui-même l’assassin de toutes ces victimes. Qui pourrait lui ôter de la tête cette idée ? Dan ? Elle ne savait pas très bien, les choses avaient l’air compliquées entre eux : peut-être pourrait-elle tenter d’aborder le sujet avec le Poufsouffle à l’occasion, lorsqu’elle lui rendrait visite à l’infirmerie, histoire de voir comment ils pouvaient encore arranger les choses. « D’accord, passe un bon après-midi, Milo. » lança-t-elle en esquissant un demi-sourire. Elle avait encore du travail, et il n’était pas le premier devant lequel elle devrait se justifier, mais au moins… ça ressemblait à un début. La vie continuait, il se rendrait à son atelier, et elle… elle avait besoin de réfléchir à tout ça. Au rôle qu’elle avait joué, à celui que Narcissa avait joué. Comprendre si elles pouvaient redevenir amies, ou si elles étaient condamnées à se souvenir, à se rappeler combien le prix de leur double jeu était élevé.

« J'ai ... rien contre toi ... 'fin je ne t'ai pas porté dans mon coeur et je t'en ai voulu d'avoir entraîné Dan dans tes emmerdes ... mais ... je sais que t'es pas une fille mauvaise et je sais qu'il t'apprécie. Je sais aussi que c'est un grand garçon et que s'il s'est fait torturer, c'est pas parce que tu l'as forcé à faire quoi que ce soit. Je le connais suffisamment pour savoir qu'il a sa part dans l'histoire ... 'fin tout ça pour dire que ... j'ai pas envie de passer le reste de ma scolarité à te détester pour quelque chose qui est terminé. » Elle perdit complètement ses moyens, et du placer ses mains dans son dos pour ne pas lui montrer qu’elles tremblaient. Une fois de plus, ses souvenirs se confondaient les uns avec les autres. Elle le voyait lui, fouetté par son frère sur l’estrade, tandis qu’elle entendait ses cris très distinctement. Elle se voyait elle, terrorisée à l’idée de se voir prendre sa place un jour. Bien sûr, il était normal qu’il lui en veuille… Elle se sentait suffisamment mal pour ce que Dan avait subi en venant la voir. Même si elle ne comprenait pas trop ce que cette conclusion apportait, ni si elle changerait grand chose entre eux, elle se sentait intérieurement bouleversée. Ça ne marcherait jamais, de tenter d’oublier. C’était perdu d’avance, et elle n’aurait d’autre choix que d’avancer avec ces pénibles fantômes dans son placard. « Je… je comprends. C’est normal. Merci de ton honnêteté. » fut-elle seulement capable de répondre. Elle agrippa ses propres poignets pour les empêcher de trembler davantage, et leva la main pour esquisser un genre de signe de main maladroit, qu’elle voulut amical mais qui ne ressemblait sans doute pas à grand chose. Puis, elle commença alors à s’éloigner, avec un peu d’hésitation, se retournant une dernière fois vers le Poufsouffle, et pressa le pas. Une fois qu’elle fut arrivée au bout du couloir, elle tourna précipitamment, et plaqua une main sur son visage pour qu’on ne puisse pas lire ce qui la traversait alors. Puis, elle s’enferma dans les toilettes, et tandis qu’elle faisait face au miroir, qui lui renvoyait une image d’elle aux yeux rougis, elle éclata en sanglots.

Emi Burton

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