Les quatrième année

Sinéad était extrêmement fière d’avoir réussi sa potion et maintenant qu’elle avait terminé, elle revenait enfin à la réalité, observant le reste de la classe pour savoir où les autres élèves en étaient. La rouge et or n’avait jamais été très mauvaise en potion mais elle n’était pas non plus extrêmement talentueuse dans ce domaine. Elle était donc forcément un peu surprise par sa réussite, d’autant plus que cette potion n’était pas la plus simple qu’elle ait eu à réaliser ces derniers temps. Il ne restait plus qu’à attendre que le professeur valide son travail pour qu’elle puisse définitivement réaliser qu’elle avait réussi son exercice. Sauf que tous les élèves ne semblaient pas disposer à travailler comme leur professeur l’attendait. La pauvre Tracy était en train de galérer avec les étapes du breuvage et la jeune fille avait été assez souvent dans une situation catastrophique pour compatir avec elle d’autant plus que la Serdaigle était connue pour être une excellente élève. Echouer ne devait pas faire souvent partie de son vocabulaire. Est-ce qu’elle avait le droit de lui filer un coup de main ? Pour une fois qu’elle pouvait venir en aide à quelqu’un, elle aurait beaucoup aimé le faire mais elle avait peur que leur professeur le prenne mal alors elle resta bien sagement en face de son chaudron. En plus, elle ne voulait pas passer pour le genre de fille qui se vante dès qu’elle a réussi à faire quelque chose et en proposant son aide à l’une des meilleures élèves de la classe, elle passerait très certainement pour une vraie prétentieuse. Sinéad se fichait bien de l’opinion que les gens pouvaient avoir d’elle en règle générale, elle avait l’habitude d’être perçue comme quelqu’un d’extrêmement étrange et ça ne la dérangeait pas plus que ça. Sauf que lorsqu’elle était en classe, sa vision des choses changeait du tout au tout, elle aimait savoir qu’elle était bien vue de ses professeurs, ou en tout cas qu’ils la considéraient comme une élève sérieuse, appliquée dans son travail et qui ne demandait qu’à progresser et qu’à réussir. Elle voulait avoir de bons résultats scolaires mais aussi de bonnes appréciations de la part de ses enseignants et ce ne serait possible que si elle se montrait studieuse. Sinéad n’avait jamais été très ambitieuse, elle se fichait bien de son classement parmi les élèves de sa classe, mais elle voulait réaliser son rêve et elle préférait assurer ses arrières si jamais elle avait besoin de montrer qu’elle était douée pour parvenir à fabriquer elle-même ses baguettes. Et puis, elle voulait aussi rendre fière sa famille, ses grands-parents, évidemment, mais aussi leur mère avec qui elle s’entendait si mal et peut-être même son père. Certes, elle ne le connaissait pas, elle ne l’avait jamais rencontré mais elle se disait que si jamais elle faisait quelque chose de bien dans sa vie, elle parviendrait à le rendre fier d’elle et peut-être que ce jour-là, il déciderait de venir vers elle pour jouer son rôle de père comme elle l’imaginait dans ses rêves depuis sa plus tendre enfance.

Son père était probablement la seule personne qui réussissait à saper sa bonne humeur, elle y réfléchissait relativement souvent et son absence d’information la rendait toujours un peu morose. Parfois, elle parvenait simplement à espérer qu’il la retrouve un jour mais à d’autres moments, elle se rendait bien compte qu’il était quasiment impossible qu’elle le rencontre un jour et cette idée la rendait malade. Cette fois, elle n’eut pas l’occasion d’y réfléchir pendant des heures puisque la voix de Perrin s’éleva dans la salle de classe. Elle se tourna immédiatement vers son frère, horrifié par son comportement vis-à-vis de leur enseignante. Ils n’étaient pas dans leurs habitudes de désobéir aux demandes venant de leurs enseignants. Certes, ils faisaient très régulièrement des bêtises et ils s’amusaient du règlement parce qu’ils avaient réalisé qu’il était assez simple de le contourner sans pour autant se faire prendre. Ils avaient accumulé de nombreuses punitions durant leurs premières années à Poudlard mais ils ne s’étaient jamais montré insolents ou désagréables envers personne et ça ne devait pas commencer maintenant. Toutefois, elle laissa son frère terminer sa tirade parce qu’elle ne pouvait rien faire pour l’en empêcher. « Je refuse de fabriquer cette potion ! Je préfère largement le cours de soins aux créatures magiques qui est nettement mieux que le vôtre ! » Termina-t-il avec une hargne qui lui ressemblait un peu trop bien. Sinéad, de son côté, fronça les sourcils, certaine que son frère-chéri allait s’attirer de gros ennuis qui seraient malheureusement bien mérités. La rouge et or avait tendance à le défendre quasiment en permanence mais cette fois elle ne pourrait rien pour lui, il était allé un peu trop loin. Bien sûr, elle comprenait que cette réalisation aille à l’encontre de ses convictions et qu’il refuse de créer cette potion, mais ils étaient en cours avec un véritable professeur, ils étaient là pour s’excuser sans rien dire ou sans se rebeller et Perrin avait enfreint cette règle. « « Votre insolence coûtera dix points à Gryffondor. Répondez-moi encore une nouvelle fois de cette façon et la sanction sera plus sévère, je vous le garantis ! Alors, deux choix s’offrent à vous : soit vous vous mettez à travailler sans discuter ou soit je vous vire de ma classe immédiatement et vous écoperez d'une retenue en plus d'alléger encore une fois votre sablier ! » Evidemment, la réaction de l’enseignante ne s’était pas fait attendre et outre les points perdus par leur maison, le jeune homme avait eu le droit à un sacré bon sermon se terminant par un véritable ultimatum. Il fallait que son jumeau choisisse la bonne option pour le coup, il devait présenter ses excuses et se mettre au travail. Sinéad ne savait pas si elle pourrait le convaincre d’arrêter tout de suite son coup d’éclat mais elle allait au moins essayer. « Arrête, s’il te plait. » Murmura-t-elle à son frère en la fixant du regard pour être sûr qu’il fasse attention à ce qu’elle disait. Bon, il était possible qu’il ne l’entende pas du tout ou alors qu’il ne réalise même pas qu’elle était en train d’essayer de le dissuader de mener cette guerre qui n’aurait de toute façon pas de fin positive pour elle.

Code by Fremione.

Les quatrième année

Sinéad avait bêtement imaginé que son avertissement lancé plus ou moins gentiment à son frère ferait mouche et que ce dernier se tairait et réaliserait qu’il allait trop loin dans ses propos. Bien sûr, elle comprenait parfaitement qu’il souhaite défendre ses convictions dans n’importe quelle situation et qu’il n’aime pas du tout la manière dont elle traitait les animaux. Cependant, ça restait un cours qu’ils avaient à suivre dans le cadre de leur scolarité et ils se devaient de respecter l’autorité imposée par les enseignants. Sinéad avait beau ne pas être spécialement respectueuse du règlement, elle faisait bien la différence entre la vie en communauté et ce qui relevait purement de sa scolarité et de sa future évolution professionnelle. Elle avait conscience qu’elle pouvait prendre quelques libertés au quotidien parce qu’elle refusait tout simplement d’être brimée mais lorsqu’il s’agissait de suivre les cours, Sinéad savait qu’elle devait respect et obéissance à ses professeurs et c’était quelque chose que sa grand-mère lui avait répété un certain nombre de fois avant qu’elle intègre l’école. Voir son frère hausser le ton face à un adulte la gênait vraiment beaucoup et elle aurait vraiment aimé qu’il se taise. Il ne s’excuserait probablement pas pour les mots qu’il avait eu parce que ça ne ressemblait pas trop à Perrin, mais il pouvait au moins exécuter les consignes même sans les approuver, tout simplement parce qu’on lui demandait de le faire. « Vous aurez pas besoin de me virer de votre classe, professeur, je connais le chemin. Vos scarabées sont peut-être déjà morts quand vous les trouvez, mais ça ne change rien au fait que je refuse de les écraser. Il mérite une mort en paix ! Et ne venez pas me faire croire que les tatous sur lesquels vous avec prélevés cette bile qu'on est censé mettre dans notre potion n'ont pas été ouvert en deux afin de se voir dépouillés de leur vésicule biliaire alors qu'ils devaient être laissés en paix dans le repos éternel. Je ne cautionnerai pas ce genre de pratique ! »

Sinéad leva les yeux au ciel, pas forcément ravie que son frère l’ait ignorée de cette manière et qu’il continue à se donner en spectacle. Elle adorait son jumeau et le soutenait dans toutes les situations mais pour le coup, elle ne pouvait pas franchement se permettre d’approuver ses dires face à leur enseignante. Elle resta donc muette, se contentant de jeter un regard noir en direction de Perrin pour lui faire bien comprendre que faire un scandale au beau milieu d’une salle de cours n’était clairement pas ce qu’il avait pu faire de mieux et qu’il en entendrait certainement parler au diner de ce soir. Après les BUSES, il pourrait arrêter cette matière qui allait apparemment à l’encontre de ses convictions mais jusqu’à ce que ce jour arrive, il se devait d’effectuer les exercices demandés ou il pourrait finir par s’attirer de gros problèmes. Définitivement, il faudrait qu’elle discute avec son frère de son comportent en cours parce que ça n’allait plus du tout. Ils n’avaient pas vu leur famille cet hiver et c’était sûrement la raison pour laquelle il était un peu à cran mais elle ne voulait clairement pas qu’il ait droit à une leçon de morale en rentrant l’été prochain parce que l’école aurait été prévenue de son odieux comportement. « Je suppose qu'on se voit en retenu professeur. » En plus, il n’hésitait pas une seule seconde à se montrer insolent ce qui irrita encore davantage sa jumelle. Il aurait pu s’excuser, exprimer posément son point de vue et s’éclipser s’il y tenait tant que ça, il n’était pas obligé d’être insolent et de faire un scandale au beau milieu de la salle de cours. C’était totalement crétin de sa part. « Effectivement. Demain, à dix heures piles dans mon bureau. » La sortie de Perrin fut plutôt remarqué et certains regards de ses camarades semblaient pensé qu’il avait bien agi, elle espérait tout de même que personne ne le pousserait à se donner en spectacle à chaque cours parce que ça allait vite devenir irritant.

L’enseignante de son côté semblait avoir de vraies facilités à rebondir puisqu’elle reprit le fil du cours comme si rien ne s’était passé, s’intéressant une nouvelle fois à la pauvre Tracy qui semblait avoir de sérieux ennuis avec sa potion. Sinéad, quant à elle, regardait son chaudron sans trop savoir ce qu’elle devait faire à présent qu’elle avait terminé. Etait-elle sensée rédiger un rapport sur le travail qu’elle venait de faire ? Aider ses camarades qui n’avaient pas terminé ? Attendre sans rien dire pour ne pas perturber le cours ? Lever la main pour signaler qu’elle avait achevé son travail et ne pas passer pour une fille qui se tournait les pouces en attendant que le temps passe ? Honnêtement, elle était perdue, être dans les premières de sa classe ne lui arrivait franchement pas souvent et elle avait presque l’impression de ne pas être véritablement à sa place. En fait, il y avait presque une inversion des rôles aujourd’hui puisque c’était d’habitude Tracy qui menait la danse et excellait dans tous les domaines contrairement à elle qui était un peu à la traine et fournissait un travail important pour réussir à obtenir les notes qu’elle voulait avoir. « Ce n’est pas terrible mais vous pourrez améliorer ceci en variant la cuisson toutes les minutes entre feu moyen et feu très chaud jusqu’à ce que la potion prenne l’aspect recherché. Entre deux variations, vous n’aurez qu’à remuer quatre fois dans le sens inverse. Est-ce que c’est clair ? » L’enseignante n’avait véritablement pas l’air emballée par le travail de la Serdaigle et elle était un peu plus sèche que d’habitude. Le moment était donc encore une fois plutôt mal choisi pour lever la main et exprimer sa joie d’avoir terminé l’exercice. Sinéad resta donc parfaitement silencieuse, attendant que l’enseignante décide de passer dans les rangs pour vérifier ce qu’ils avaient fait. Elle savait bien que le comportement de Perrin n’avait pas spécialement d’incidence sur ce que son professeur allait penser de son travail mais elle était tout de même mal-à-l’aise à l’idée de voir son professeur se pencher sur son travail alors que quelques minutes auparavant, son propre frère avait choisi de se montrer extrêmement désobligeant. Cette fin de cours allait être bien longue.

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Cours de potions des quatrièmes années

Tracy et le reste de la classe

La réaction de Perrin laissa Tracy sans voix tandis qu’elle l’observait, médusée, quitter la pièce. Elle avait tenté d’attirer l’attention du professeur Burgess sur sa potion pour donner une chance au Rouge & Or de renoncer à n’en faire qu’à sa tête et faire justice sur ces animaux lui-même, mais il n’en avait pas tenu compte. Tandis qu’elle inspectait sa préparation, l’expression de l’enseignante paraissait bien sévère, ce qui fit déglutir Tracy, qui craignait de finir par obtenir une mauvaise note, malgré ses nombreux efforts. C’était à ne rien y comprendre, pourquoi tout allait subitement de travers dans ce cours ? Elle avait fait tout ce qui était marqué, tout, sans la moindre exception, et elle n’était récompensée que par un résultat à peine passable… C’était même à se demander si elle n’allait pas se retrouver en échec. Tandis qu’elle faisait circuler la louche quatre fois dans le même sens, elle l’observa faire, silencieusement, avant de récupérer l’ustensile une fois ceci fait. Visiblement, c’était à son tour de reprendre la main, et de montrer que cette fois, elle pouvait réussir. Enfin… si elle en était réellement capable. Dans tous les cas de figures, cela compliquait ses plans pour réaliser elle-même cette potion de son côté, en salle sur commune ou en salle sur demande… Elle allait devoir s’y reprendre quelques fois, et recommencer jusqu’à arriver à un résultat un peu plus fructueux si elle voulait pouvoir l’ingérer sans risque. Elle se demandait d’ailleurs ce qui se passerait dans les rouages de son cerveau, si elle absorbait une mixture aussi pâteuse…. L’effet inverse peut-être ? « Ce n’est pas terrible mais vous pourrez améliorer ceci en variant la cuisson toutes les minutes entre feu moyen et feu très chaud jusqu’à ce que la potion prenne l’aspect recherché. Entre deux variations, vous n’aurez qu’à remuer quatre fois dans le sens inverse. Est-ce que c’est clair ? »

Tracy hocha simplement de la tête, préférant ne pas trop insister auprès de l’enseignante, et s’attela directement à la tâche. Obtenir une deuxième chance était déjà suffisamment positif pour qu’elle n’ait pas à négocier davantage, surtout après la colère qui semblait ronger le professeur. L’option de l’insolence n’était clairement pas recommandée pour n’importe quel élève ayant un tant soit peu assisté à son cours au cours de ces dernières années, et faire profil bas permettait de s’épargner des ennuis inutiles. Jamais elle n’aurait pensé que Perrin irait jusque là… sa soeur, qui se trouvait à proximité, semblait à la fois déconcertée et exaspérée de ce comportement. Tracy soupira : elle n’allait certainement pas chercher à faire la leçon au Gryffondor, ou tenter de lui expliquer quoi que ce soit sur la manière dont il aurait du procéder. Elle ne le connaissait peut-être pas aussi bien qu’elle le croyait, mais elle savait en tout cas une bonne chose, c’était qu’il n’était clairement pas du genre à se laisser marcher sur les pieds lorsqu’il s’agissait d’engagements personnels. Il lui avait dit être tout à fait capable de se battre pour différentes causes qui lui tenaient à coeur, et après cette petite démonstration, elle le croyait volontiers. En attendant, ce demi-échec déplaisait fortement à la Serdaigle qui reporta sans tarder son attention sur sa préparation : ce que disait le professeur Burgess n’était pas idiot, le problème venait probablement de la cuisson puisqu’elle avait minutieusement respecté toutes les mesures dans les dosages, et veillé au bon déroulement de chaque opération en suivant chaque étape du manuel à la lettre. Elle ralluma le feu sans tarder, un peu nerveuse, en scrutant la couleur de la mixture : ce n’était pas fameux en effet, mais elle pouvait faire mieux que ça, elle en était convaincue. Elle n’était pas Rhea, mais elle avait tout de même quelques prédispositions en potions, n’est-ce pas ? Une fois les conseils du professeur appliqués à la lettre, elle tourna quatre dernières fois dans le sens inverse, et observa ensuite la couleur que prenait la potion. C’était le moment décisif pour se rendre compte si elle avait su rattraper les dégâts…

PAIR : Ça valait la peine de s’obstiner, la potion prend la couleur demander, et sa texture est désormais celle qui correspond à une véritable potion d’aiguise-méninges. C’est une réussite !
IMPAIR : On appellera ça de l’acharnement inutile : Tracy ne tirera décidément rien de cette préparation aujourd’hui. Malchance un jour, malchance toujours.