Une fois de plus, mon sortilège fonctionna. La seule vue de la corde jaillissant de ma baguette me fit craindre le pire. Est-ce que j'avais espéré rien qu'une seconde qu'il ne se passe rien ? Peut-être... Normalement, je suis nul alors peut-être que le destin voulait venger l'affront de ma réussite en me traumatisant à jamais. Parce que je ne me faisais pas d'illusion, la vision d'horreur que je venais d'avoir, elle ne me lâcherait pas. Jamais. C'était fini. J'avais tué quelqu'un. Et quoi que je fasse, ma conscient se ferait un plaisir de me le rappeler. L'idée ne me quittait pas. Il était mort. Tous les efforts du monde ne suffisaient pas à empêcher mon regard paniqué de se reposer sur le corps inerte. Il ne bougeait plus. Pire que ça, il ne bougerait plus. C'était fini, c'était foutu. La voix de Rosenbach s'est faite entendre pas loin de moi. « Si tu veux abandonner, tu as le droit. » Bien sûr que j'avais le droit ! Qui m'en tiendrait rigueur, sérieusement ?! On voulait notre mort, on était en train de faire ce qu'on aurait jamais dû nous demander de faire, peut-être qu'on allait y passer... Personne ne pourrait m'en vouloir de laisser tomber. Je n'avais pas les épaules pour supporter ça, pourtant j'ai secoué la tête. Qu'importe si j'avais envie de tout planter et de chouiner comme une gamine, qu'importe si je commençais à regretter de m'être lancé là-dedans alors que j'aurais juste pu rester planqué dans les cuisines... Et mon plan qui avait été un échec total. Personne, dehors, n'avait conscience qu'on était dans une sacrée merde, qu'on s'en sortirait peut-être pas. On s'en sortirait peut-être pas et je n'avais même pas répondu à ma mère. J'avais lâché sa lettre pour une question de flemme. Ma mère était passée après la flemme et je ne pourrai peut-être pas rattraper ça.

« N...non... C'est bon. » La crédibilité s'était barrée et rien n'était moins important que ça. Elle tenta de nous défendre à son tour mais son sortilège ne donna rien. La surprise était passée, on commençait à se rendre compte de l'horreur. Genre, vraiment. Et y participer ne devait pas nous aider. Elle semblait le vivre infiniment mieux que moi et je lui en voulais au moins autant que je l'enviais. Pourtant, je n'avais pas le choix. C'était à ma vie tout entière qu'on s'en prenait là. Ma famille, mes amis, mon école... Jusqu'à mes convictions. Si c'était tentant, abandonner n'était finalement pas envisageable. Tant pis pour la peur et les traumatisme. L'autre fille, trop loin pour que je puisse savoir qui elle était, se rebella une fois de plus et après s'être énervée à moitié sans que je comprenne ce qu'elle racontait agita sa baguette une fois de plus. Un de nos adversaires se pétrifia instantanément. Il fallait qu'on continue sur cette lancée. Il fallait que je continue à leur prêter main forte tant que possible. Même si mes sorts n'étaient pas brillants, même s'ils étaient parés, même s'ils étaient ratés. Juste qu'on fasse front ensemble. Oui, c'était ça. Et c'était dur... Un cri se fit entendre depuis le château. Ça pouvait être January, ça pouvait être Callie... Snow, Joanne, Sloane... N'importe qui. Et n'importe qui avait forcément une importance aujourd'hui. J'aurais été prêt à me battre bec et ongle pour défendre les gens que j'appréciais le moins. Personne n'aurait touché un cheveu d'O'Nyme ou de Clewstone en ma présence sans que je veuille les venger. « Stupéfix ! » Et si je ne savais pas ce qu'on leur faisait, à tous, ailleurs dans l'école, vu ce qu'on nous faisait à nous je n'avais pas beaucoup de mal à l'imaginer...