Je n’arrivais pas à dormir.
Ils étaient rares ces moments, mais cela m’arrivait. Ouais, ça m’arrivait, et en général, ça me faisait plus chier qu’autre chose. Genre. Faire une nuit blanche à cause d’une soirée c’était moins fatiguant que faire une nuit blanche car on n’arrivait pas à dormir. Logique ? Absolument voyons !
J’étais donc tranquillement posée dehors. Car ouais, si c’était pour faire une nuit blanche, autant la faire bien ! V’là que c’est en jupe, chemise blanche et cravate mal mise aux couleurs de Serpentard que je m’étais mis en tête de faire une p’tite balade dans le parc. Pourquoi prendre une cravate ? Oh, juste que, comme ça, j’étais déjà prête pour les cours du matin. J’avais aussi pris ma baguette, histoire de pas marcher à l’aveuglette : je n’étais pas très douée pour me repérer dans le noir !
C’est donc armé de mon Lumos et d’un paquet de clope que je m’installais tranquillement. Appréciant cette cigarette, je tentais de faire durer le plaisir un max. Car après tout, c’était assez difficile de fumer à Poudlard. J’pouvais être sûre de trouver des cafeteurs 2 fois sur 3.

Tout aurait put être très bien. Je prenais mon pied avec ma clope, ne ressentant même pas le mordant du froid de cette fin de mois d’octobre. J’étais bien, littéralement, mais les choses se gâtèrent assez rapidement. Et cela commença par des cris, légèrement étouffés, en direction du château de Poudlard.
Cela eut le don de me réveiller direct. Ecrasant ma clope et éteignant mon Lumos, j’eus sur le coup peur que quelqu’un passe par là pour me dénoncer à Burgess.
Quoi ? C’était une réaction tout à fait normal de penser d’abord qu’à sa gueule.
Cependant, d’autres cris firent écho aux premiers, et cela n’annonçait rien de bon. Je n’eus même pas à avoir l’expérience de Poudlard pour avoir le cœur qui battait la chamade et des frissons partout. Ça sentait les emmerdes. Me relevant d’un coup, je courus en direction du château, curieuse de savoir ce qui se tramait. Mais avec une certaine appréhension, comme un mauvais pressentiment.
Mais alors que je me rapprochais du château, j’aperçus d’autres personnes qui s’en échappaient, comme si elles fuyaient quelque chose. Et j’eus rapidement ma réponse.

Nous fûmes encerclés par des gens inconnus au bataillon. J’aurais très bien pus engager la conversation avec un « oh salut ça farte ? Qu’est-ce vous branlez ici ? » mais au vu de leur baguette brandit dans notre direction, je doutais qu’ils aient des motivations extrêmement... bonnes. Alors je levais ma baguette dans la direction de l’un d’eux, prête à me battre, bien qu’un grand stress me rende moins concentré qu’en cours. C’était quoi ce bordel ?

« Petrificus totalus ! »

La soirée avait plutôt bien commencé. J'avais fini mon devoir de potions en grignotant des dragées surprises (que des bonnes en plus, la belle vie quoi), j'étais même convaincu que je m'en étais pas trop mal sorti et que j'allais réussir à avoir une bonne note, au moins un A, ce qui tirait de l'exploit vu ma prédisposition naturellement à me foirer lamentablement dans cette matière pourrie. Et puis mon estomac avait fait grrr. Au début, j'avais fait comme si y'avait rien et puis il avait refait grrr, mais plus fort cette fois. Alors j'ai fini par abandonner l'idée de faire genre et j'me suis levé, enfilant le sweat de Serpentard de Snow que j'avais récupéré sans le vouloir l'an dernier sur mon pantalon de pyjama gris (un vrai traître, je vous le dis, moi !) glissant mon insigne dans ma poche pour avoir l'excuse stupide du « je suis là pour le job » et coinçant ma baguette dans l'élastique de mon boxer au cas où. Rejoindre les cuisines ne mit pris pas bien longtemps, je commençais par avoir l'habitude et le château était littéralement désert. Personne n'avait envie de se faire coller aujourd'hui, ou pire, priver de bal demain. Moi... Je m'en fichais un peu. Bien sûr, j'avais tout prévu, jusqu'à la petite peluche de renne pour parfaire mon déguisement de Kristoff mais ça n'était pas non plus le truc que j'attendais avec le plus d'impatience au monde. Je savais très bien que j'allais y foutre les pieds parce que ne pas participer à un bal ou une soirée c'était ruiner sa vie sociale pour les jours à venir puisque tout le monde ne parlait plus que de ça et de ce qui s'y était passé mais bon, voilà quoi... Je n'avais pas eu le courage de demander à Callie si elle venait avec moi. La discussion avec ma sœur, sûrement. D'accord, c'était pour le bal de fin d'année mais c'était approximativement la même chose. Et si elle avait été là pour moi l'an dernier, je me voyais pas non plus faire comme si elle n'existait pas là maintenant que j'en avais plus vraiment besoin... Enfin bref. L'énorme part de gâteau au chocolat que m'ont filé les elfes en me voyant arriver a eu vite fait de balayer mes pensées.

J'en étais à la moitié à peu près quand il y a commencé à avoir du bruit. Ça résonnait comme si plein de gens marchaient en même temps. Et franchement, être pris au milieu d'une connerie dont je savais rien, c'était pas dans mes plans. Alors j'ai lâché mon gâteau, du chocolat partout autour de la bouche, et j'ai fait demi-tour, bien décidé à rejoindre mon dortoir l'air de rien avant qu'on se rende compte de ma présence ici. Parce qu'il faut bien être honnête, niveau autorité c'est zéro, alors même si je restais et que j'essayais d'arrêter tout seul ne serait-ce qu'une dizaine d'élèves décidés à faire du bazar, ça servirait à rien. Y'a des gens faits pour ça, genre Frowein, et puis y'a les autres, genre moi. Il fallut quelques minutes, le temps de remonter des cachots, pour entendre crier partout autour de moi. Visiblement, des sortilèges fusaient dans les étages, les personnages des tableaux du hall avaient disparu ou se planquaient pour ne pas voir je ne savais pas quoi. C'était quoi, le problème ? Y'avait des gens assez stupides pour se battre en pleine nuit dans un château plein de profs ? Ou alors une dispute qui avait dégénérée et qui avait viré en règlement de compte à plusieurs... L'adolescence, ça travaille trop certains. Je débattais intérieurement pour savoir s'il fallait que je retourne finir mon gâteau ou vraiment que je remonte me coucher discrétos j'aperçus quand un groupe de gens inconnus descendre les escaliers. Quelques uns semblèrent s'arrêter à l'étage du dessus. D'autres sortilèges. C'était pas des élèves. On était attaqués. Et ils étaient au premier. Près des Poufsouffle. Près de January et Callie, je remontais les marches quatre à quatre dans l'espoir de les rejoindre, j'étais pas super doué mais j'étais au moins prêt à les défendre du mieux possible, quitte à prendre les attaques à leur place, mais il fallut laisser tomber, un autre groupe descendait jusqu'au Hall. Je fis machine arrière, manquant de tomber au passage. Des élèves et des profs commençaient à sortir de partout. Ça allait défendre tant bien que mal. Mais de ce que j'en voyais, on était pas assez nombreux. Il fallait de l'aide. Et vite.

C'est là que je fis sûrement le truc le plus stupide de cette nuit. Sortir pour attirer l'attention des gens de Pré-au-Lard. Je savais très bien que les grilles étaient fermées à cette heure là, mais en faisant assez de bruits et en lançant des sortilèges ou des trucs comme ça, peut-être qu'ils comprendraient qu'il y avait un problème et qu'ils trouveraient une solution. Appeler les Aurors, n'importe quoi. Avec le recul, je m'en serais sûrement passé, c'était débile. L'herbe humide mouillait mes chaussettes. Quelques autres sortaient également. Rosenbach, elle, allait en direction du château. Les cris nous parvenaient encore. C'était la fête foraine. En pire. Ils étaient là. Nombreux. En face. Il n'était plus question de fuir mais de se battre. Pour éviter de mourir une fois de plus. Un nœud se forma dans mon estomac et j'eus envie de rejoindre les bras de ma mère et l'écouter me promettre que c'était juste un cauchemar, que tout allait bien. Sauf que ça n'allait pas. Pas le temps de faire quoi que ce soit qu'on était déjà encerclés. Quatre contre... Contre trop ! C'était lâche ! Ashley fut la première à attaquer, touchant un de nos adversaires. Il se paralysa mais reprit presque aussitôt ses mouvements. Et merde ! « Diffindo ! » Il fallait faire quelque chose. N'importe quoi...

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Résultat du sortilège:

Je fus donc rejointe par d’autres élèves de Poudlard qui s’enfuyaient – du moins avaient-ils l’air de s’enfuir pour tenter d’échapper aux carnages à l’intérieur (car il semblait bien qu’il y avait des batailles dans Poudlard) – notamment le Shiver Gryffondor qui était préfet avec Sloane. Il était en quoi déjà ? 6ème année ? 7ème ? Dans tous les cas, il devait certainement être un minimum doué dans ce qu’il faisait donc, il était d’une aide précieuse.
Cependant, la panique et le stress me firent rater mon sort. Le mangemort fut pétrifié le temps de quelques secondes – un temps de répit quoi – avant de reprendre ses mouvements. Je jurais entre mes dents tandis que j’entendais Noel attaquer lui aussi un adversaire. Du moins, je l’entendis prononcer la formule, mais il ne se passa pas vraiment grand-chose.

« Bordel... » jurais-je encore.

Il était censé être un secours, pas un boulet de service ! Bon, je n’avais pas été d’une grande aide non plus, donc je pouvais difficilement lui en vouloir. J’étais légèrement dépassée par les évènements, et cela m’énervait. Pour une rare fois, j’avais l’impression que le monde allait trop vite, comme si ce qu’il se passait maintenant avait une vitesse dix fois plus élevée que la mienne. Comme si des poids encombraient mes jambes et mes bras. Et cette sensation était horrible. Je ne me sentais pas très bien, et je sentais que si mon corps me l’avait permis, j’aurais vomi. J’avais même une forte envie de chialer, mais ça, même sous la torture, il en était hors de question. (M’enfin, nous verrons bien si sous la torture des larmes viendraient à pointer le bout de leur nez).
Tenant fermement ma baguette, bien que légèrement tremblante, il fallait que je me concentre et que je me protège du mieux que je pouvais. Sinon, je ne donnerai pas chère de ma peau. Autant éviter de se faire tuer même si la panique semblait me prendre les tripes.

« Incendio ! » prononçais-je en pointant un mage noir.

1-3 : sort réussi, le mangemort se met à brûler avec violence - éventuellement le feu se propage.
2-5 : sort à moitié réussi, le mangemort réussit à éteindre rapidement le feu.
4 : sort contrer par un protego
6 : rien ne se passe, la panique n'aide pas vraiment à se concentrer.

Je ne comprenais pas. Tout allait trop vite. Les cuisines, mon gâteau et maintenant ça. Des cris, le danger. La mort, peut-être. Je n'arrivais pas à me retirer ça de la tête. On avait échappé au pire il y a deux ans, et voilà qu'on essayait de rattraper le truc. Où était Knoxslay ? C'était la première fois depuis qu'on s'était séparés que je voulais la voir, je voulais savoir comment elle allait, être sûr qu'elle était en sécurité. Mon estomac se noua. J'avais envie de vomir, de pleurer, de fouiller le château à la recherche de ma soeur, de mon frère, de Callie, de mon ex, de Joanne. Personne n'avait le droit de les toucher ! Moi, je m'en fichais. Ça n'avait aucune importance. Je voulais bien y rester ce soir si on me jurait qu'eux n'auraient rien. Est-ce que Sloane avait mis les gamins à l'abri ? Est-ce que quelqu'un s'assurait qu'ils y restaient bien ? Tant de questions sans réponse. Rien. Je ne savais rien. Ni ce qu'il se passait vraiment, ni ici ni ailleurs. Et si je revoyais jamais ma mère ? Je n'avais même pas répondu à sa dernière lettre... Je l'avais reçue deux jours plus tôt et avais eu la flemme. J'avais eu la flemme de répondre à ma mère et peut-être que je n'aurais jamais l'occasion de le faire ! Cette fois, je n'avais pas hésité à revenir à l'école, pas trop en tout cas, et pourtant pour la deuxième fois de mon existence, elle voulait ma peau. Si on m'avait écouté, rien de tout cela ne serait jamais arrivé. Parce qu'on aurait jamais foutu les pieds ici. Jamais. Rosenbach sembla pester dans son coin, j'ai entendu sa voix mais je n'y avais pas fait attention. En tout cas, on était aussi inutiles l'un que l'autre. Je commençais à me demander comment on allait s'en sortir de celle-là. Personne pour nous aider, pas un prof pour assurer notre protection rien qu'un peu... Juste nous, deux boulets incapables de faire les choses bien. J'avais toujours été une quiche en cours et je commençais amèrement à le regretter. Il n'y avait ni Brooks ni personne pour me sauver la mise cette fois-ci.

Malgré moi, j'ai lancé un regard désespéré à la Serpentard. J'avais peur, oui, j'avoue. Le courage légendaire des Gryffondor, c'était bien joli, mais face à la mort elle-même, ou en tout cas à ses acolytes, je ne faisais pas le fier. On savait pourquoi ils étaient là, et autant dire qu'on devait sûrement faire partie des gens qu'ils haïssaient le plus au monde. Elle pour ses origines et moi pour mes idéologies. Dans le genre traîtres à leur sang, ma famille se posait clairement là ! Et j'l'avais toujours crié haut et fort, comme si c'était un héritage merveilleux – et ça l'est vraiment. Elle s'est risquée à un nouveau sortilège. Et là encore, la situation me dépasse. L'un des hommes se mit à brûler devant mes yeux. Littéralement. Le choc fut plus fort encore que celui de l'attaque. Je restai hébété à le regarder s'agiter en hurlant. Les secondes s'étiraient, durant des heures. Ils avaient essayé de nous tuer et l'essayaient encore mais je n'étais pas certain d'apprécier le spectacle. Je n'ai jamais prôné la loi du talion. Je voulais qu'on se venge, qu'ils payent tous mais pas comme ça. Un sortilège siffla à mon oreille avant d'aller s'écraser quelques mètres plus loin, m'arrachant à la contemplation malsaine et traumatisée. Pas le temps de réfléchir, pas si je voulais éviter de finir pareil en tout cas. Et ça n'était pas dans mes plans. Relevant ma baguette en direction du groupe, un peu au hasard, me remettant difficilement du choc, je l'ai agité sans trop savoir. Il fallait agir, c'était tout. Un mécanisme humain, un instinct de survie, rien de plus... « Repulso ! » Il fallait espérer que ce serait plus efficace que la première fois...

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Résultat du sortilège:

On ne pouvait pas dire que Noel soit d’une grande aide, c’était certains. Après tout, moi qui suis en 5ème année, et qui avait redoublé – pour des raisons valables certes mais passons – j’avais réussi mon sort. Le mangemort avait prit feu, s’embrasant avec véhémence, avec violence. Les flammes semblaient le dévorer, s’enroulant autour de son corps comme les bras d’une amante autour de son compagnon. Telle une sangsue, ou bien encore, comme un chewing-gum collé à une chaussure, le feu ne semblait pas vouloir s’éteindre ni le laisser, et cela me fascina. Je ne savais pas trop pourquoi je n’étais pas horrifiée par cette vue, par ces cris d’agonie, par ce moment de solitude intense qu’il devait ressentir alors que ses comparses s’écartaient pour ne pas être prit par son feu. J’étais plus fascinée par la façon dont le feu pouvait être destructeur, dans une danse de la mort presque poétique. Moi ? Pyromane ? Je ne le crois pas. Du moins, je n’en avais pas conscience, bien qu’en cet instant, l’on aurait presque put croire que je prenais plaisir à le voir agoniser. Etait-ce le cas ? Je ne savais pas trop... j’avais du mal à réfléchir. Je me sentais comme si j’étais ailleurs. La panique avait cessé, laissant place à une sérénité presque malsaine. Je savais pourtant que je ne devais pas rester là, immobile, admirant ce feu, entourée par des ennemis. Mais je n’arrivais pas à me décrocher de ce spectacle, je n’arrivais pas à me secouer assez fort pour pouvoir revenir à la réalité.
J’eus besoin d’une aide extérieure.
En effet, alors que j’étais obnubilée par l’homme agonisant, un autre en profita pour me lancer un sort. Un sort plutôt petit, je me serais plus attendue à un sectumsempra bien lancé – ou encore à un endoloris – qui m’aurait mit out en 5 secondes chrono. C’est d’ailleurs pour ça que le sort me fit reculer, car, dans le fond, il n’était pas si puissant que ça. Il me fit reculer, je me pris le pied droit dans mon pied gauche dans la précipitation, et BAM, je tombe à terre avec une douleur aigue dans ma cheville. Une entorse, assurément, mais cela n’allait pas m’empêcher de les mettre au tapis.
Cela eut au moins le don de me remettre les pieds sur terre – littéralement parlant d’ailleurs – et, me relevant avec une sourde colère dans le regard, je pointais ma baguette dans la direction du sorcier qui m’avait touché pour me venger.

« Defodio »

L'odeur me donnait la nausée. Quelques autres ont éteint les flammes mais c'était sûrement trop tard. Il allait mourir de ses blessures si ça n'était pas déjà le cas. Elle avait probablement tué quelqu'un. Il était mort là, devant nous. Et on avait rien fait. Ils voulaient tous en faire autant avec nous. Maintenant, elle allait sûrement être leur cible privilégiée, ils allaient vouloir venger ce qu'elle avait fait à leur pote. Et c'était compréhensible. Je me sentais bizarre, comme engourdi, la réalité mettait du temps à m'atteindre. J'entendais encore ses cris, mêlés à ceux qui nous parvenaient du château. Lorsque je me suis enfin repris, ma baguette avait décidé de ne pas coopérer. Mon sortilège ne vit jamais le jour. « Je suis désolé. Je suis vraiment désolé... » Et j'ai continué comme ça durant de longues secondes. J'étais désolé de ne pas lui être utile, de rien faire pour aider qui que ce soit et de plaindre à moitié un homme qui nous aurait sûrement tué de sang froid s'il avait pu. Sauf que moi, je n'étais pas lui, et je ne lui souhaitais pas ça. Je ne le souhaitais à personne. Maman ne m'avait pas élevé comme ça. Il n'y avait rien au monde que j'aurais voulu plus que de finir dans ses jupons. Retrouver ses bras, son odeur, sa voix me rassurer. Ç'aurait pu être un cauchemar. Juste un cauchemar... Mais je n'aurais jamais rêvé de Rosenbach, c'était idiot. Les sortilèges fusaient, on les évitait tant bien que mal. Pour l'instant, on s'en sortait à peu près. S'il n'y avait pas beaucoup de dégâts à cause de nous, il y en avait encore moins chez nous. Jusqu'à ce qu'un bruit me fasse sursauter. Je ne mis pas longtemps à remarquer la Serpentard à terre. Mon cœur s'est emballé. Non ! Déjà qu'on était que deux à se bouger vraiment, déjà que je ne servais absolument à rien, elle ne pouvait pas me laisser tomber maintenant ! « Ashley ! » Je n'attendis pas qu'elle me réponde pour me précipiter à sa hauteur, me baissant de justesse pour esquiver une nouvelle attaque. Un arbre plus loin se mit à flamber. Ma nausée se fit plus forte encore. Ça aurait pu être moi... « Dis-moi que t'as rien ?! » Qu'importe si on était pas amis, on ne se connaissait pas vraiment, je refusais de la laisser se débrouiller si jamais il y avait un problème.

Elle se releva rapidement, signe que ça n'allait pas si mal que ça. Heureusement ! Elle agita sa baguette presque aussitôt et un nouveau sortilège fila vers les adversaires. L'un d'entre eux se retrouva bardé d'entailles visiblement profondes. Le sang me dégoûtait mais j'avais du mal à en détourner les yeux. Elle faisait un carnage, c'était cruel, c'était violent, ça tirait sur le sadisme mais je m'en fichais. Elle les mettait hors d'état de nuire, ce dont je n'étais même pas capable. Je savais que je n'effacerai jamais ces images de ma mémoire. La torche humaine, l'exsanguination qui avait suivi... C'était beaucoup pour une seule nuit. Beaucoup trop... Qu'il était loin mon morceau de gâteau bien à l'abri dans les cuisines. Est-ce qu'on serait venus m'y chercher ? Je pense pas. Et les elfes m'auraient protégé, je suppose. Mais je n'y étais pas resté et j'étais venu me battre ici. Il fallait vraiment que je me reprenne et que je parvienne enfin à lui être utile. Elle se battait pour nous tous et je n'étais qu'un boulet même pas capable de prendre les ripostes à sa place. Parce que je voulais bien le faire, ça ! Servir de bouclier, de paratonnerre, c'était dans mes cordes et je me fichais pas mal de finir quelques jours à l'infirmerie si ça lui avait permis, à elle, de faire un carnage par la suite ! Encore fallait-il que ce soit juste quelques jours de souffrance qui m'attendent... Je n'allais de toute façon pas rester là à attendre qu'ils fassent de mes pensées une réalité. De grosses branches tombées à cause d'un sortilège précédent... Je devais tenter le coup, je n'étais plus à un échec près... « Oppugno ! » Rien n'était plus incertain que ma capacité à lancer un sort...

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Résultat du sortilège:

J’avais vaguement entendu Noel s’excuser, à plusieurs reprises, tout bas, alors que mon mangemort finissait de rôtir. Vaguement, car je n’étais pas vraiment sûre de ce que j’entendais à cause du bruit environnent et du stress. Car ouais, le stress de mourir était bien plus fort que le fait d’écouter ce qu’un camarade disait tout bas, étrangement. Concept intéressant, tout de même. L’instinct de survie supérieur à l’instinct social. Comme quoi, dans le fond, nous étions tous des animaux régis par notre besoin de vivre. Là où cela différé, c’était que les humains pouvaient s’entre-aider pour survivre.
Bref, Noel semblait s’excuser, et sur le coup, je me demandais s’il s’excusait auprès des mangemorts ou après de moi pour son incapacité magique. Autant dire que je préférais la deuxième option, sinon, c’était Noel que je ferais frire la prochaine fois.
Et puis je me fis blesser, et le préfet se précipita à mon chevet. C’était assez surprenant de sa part, après tout, nous n’étions pas vraiment amis puisque nous ne nous connaissions que de vues ainsi que par les rumeurs circulant dans Poudlard. Et au vu de ce qu’il se racontait sur moi, Noel ne devrait pas ressentir de l’empathie face à ma blessure, et pourtant...
Surprenant, c’était le mot.

« Dis-moi que t'as rien ?! »
« Ca va... » lui avais-je soufflé alors que je me relevais le plus rapidement possible.

Je m’appuyais préférentiellement sur mon autre jambe pour éviter de devoir supporter la douleur de ma cheville en plus de la vue dégoutante de ces insectes envahissant notre école. Qui aurait cru qu’un jour je défendrais une institution ? Certainement pas mes plus proches amis. Je n’étais pas du genre à protéger, en général. Le plus souvent, je protégeais les gens qui me sont proches, voir même des gens ne le méritant pas, mais de là à défendre tout Poudlard ? Oui, c’était une sorte de pas en avant, si l’on voulait.
M’étant donc relevée, je lançais un sort qui fit mouche. Mon mangemort se retrouva couvert de plaies toutes plus profondes les unes que les autres, le mettant hors d’état de nuire. Sur le coup, la vue de tout ce sang ne me fit ni chaud ni froid – ce n’était pas vraiment la première fois que je voyais quelqu’un se faire vider de son sang (*tousse tousse*) – mais certainement qu’une fois que mon esprit sera reposé, tout ce que j’avais fais là, à l’extérieur du château, allaient me dégouter. A côté de moi, Noel fit aussi son lot de dégât – enfin ! – en pourfendant son adversaire d’une branche d’arbre. Le tuant certainement sur le coup, tandis qu’un autre se vengeait sur une gryffondor que je connaissais pas spécialement. Tournant ma baguette vers la sorcière qui semblait vouloir réitérer l’expérience, je prononçais alors une autre formule.

« Stupéfix. »

Ce qu'il se passa après ça me dépassa totalement. Il faut bien reconnaître que rien la réussite de mon sortilège avait de quoi me choqué, ça n'était pas franchement dans les habitudes de la maison de faire quelque chose qui ne se retournait pas contre moi mais comme si ça ne suffisait pas, il avait fallu que la situation m'échappe. Que ladite réussite m'échappe. Que le sortilège que j'avais si miraculeusement réussi à faire m'échappe. Mais alors totalement... J'avais juste prévu de viser la tête, de l'assommer vite fait histoire qu'il soit hors d'état de nuire. Je vous jure, c'était ça, le plan ! Je ne sais pas ce qu'il vaut, réellement, probablement pas grand chose mais ça ne faisait rien, c'était dans l'urgence et ça m'allait très bien. Sauf que ça ne se passa pas comme ça. Pas du tout. La branche s'envola. Comme prévu. Elle fila vers le gars que je visais. Comme prévu. Et elle le planta littéralement. Et ça, c'était pas prévu du tout ! Je me suis figé instantanément. Les yeux grands ouverts et fixant ma victime. J'avais jamais voulu ça ! Il eut une sorte de spasme étrange en faisant des bruits bizarres avant de tomber sur le sol sans bouger davantage. Mon cœur se mit à battre à tout rompre. J'avais pas voulu ça, j'aurais jamais pu vouloir ça ! Comment ça avait pu se passer ? J'en savais rien. Je ne pouvais juste être là, spectateur désespéré du désastre dont j'étais coupable. Plus qu'un simple désastre : un véritable meurtre. J'avais tué quelqu'un. J'avais planté quelqu'un. Il était mort par ma faute. Par ma faute ! Mon sang s'était glacé dans mes veines et je n'étais plus capable de rien. Le combat continuait de faire rage autour de moi mais ça ne comptait plus. J'étais ailleurs. Loin. Là où je n'étais pas coupable d'une horreur pareille. Les larmes s'étaient mises à couler toute seule et mon estomac menaçait de rendre mon gâteau. « Je suis désolé. Je suis désolé... » J'ai repris ma litanie comme si je ne l'avais arrêté. J'ai reculé doucement. Je ne voulais pas fuir, je voulais seulement m'éloigner de mon crime, de ce corps immobile qui faisait tache dans l'herbe. Peut-être qu'il se serait fait un plaisir de me voir à sa place, sûrement, même mais je ne partageais pas l'idée.

C'était la guerre. D'accord. Des gens mouraient partout ce soir. D'accord. Mais je n'avais jamais imaginé une seule seconde que ce serait à cause de moi. Je refusais purement l'idée. Ça n'était pas possible. C'était juste un cauchemar et j'allais me réveiller bien vite ! La voix de Rosenbach s'éleva plus loin. Et une deuxième, connue elle aussi. Une fille de chez moi je crois. Je n'ai pas su si leurs sorts avaient été une réussite ou pas. J'avais l'impression de voir les choses de loin, sans être impliqué plus que ça. Pourtant, ma vie se jouait. Comme celle des autres. Comme celle à laquelle j'avais mis fin. Je m'entendis couiner lamentablement alors que la vérité revenait encore et encore, accompagnée des images frappantes de ces dernières secondes. Interminables secondes. « J'peux pas faire ça ! » Je crois que ma panique s'entendait bien. Trop bien. Je ne savais pas du tout ce que je devais faire. Normalement, agiter ma baguette et me battre encore mais je refusais l'idée. Je ne voulais pas m'enfoncer davantage sur ce chemin-là. Tuer d'autres gens. Avoir leur sang sur les mains. Peut-être que c'était une image pour l'instant mais j'avais peur que ça ne le soit plus longtemps. J'avais peur. Oui, je crois que c'était exactement ça. Je n'entendais plus rien tant les battements de mon cœur résonnaient à mes oreilles. Mes doigts restaient crispés sur ma baguette, pendant tristement au bout de mon bras. L'air venait à manquer, je suffoquais à moitié. Je n'avais pas prévu ça. J'avais rien prévu du tout, en réalité. Personne n'avait rien prévu. Sauf eux. Et ce qu'ils nous faisaient, à nous, ils le faisaient sûrement de la même manière à ma soeur, à mon frère... Et plus certainement encore à Callie. S'il y en avait bien une qui risquait gros cette nuit, c'était bien elle. Si c'était sa vie ou celle de son agresseur, ça changeait sûrement la donne. Est-ce que je pouvais consciemment prendre le risque que ma copine lâche son dernier souffle comme ceux dont les corps salissaient le parc ? Une nouvelle inspiration plus brûlante que les autres acheva de me convaincre que non. Il fallait se débarrasser d'eux et partir à sa recherche. Vite. Avant qu'il ne soit trop tard. « In...incarcerem ! » Si j'étais déjà pas bien doué de base, l'incertitude risquait de compliquer encore les choses...

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Résultat du sortilège:

Malgré l’urgence de la situation, malgré le surnombre et la peur de perdre, la fatigue se faisait sentir. Je n’avais pas dormi de la nuit, et je m’étais épuisée toute la journée. Moi qui débordais tout le temps d’énergie, je devais bien avouer que le fait d’utiliser la magie aussi tard, de ne pas avoir dormi, agrémenté de stress et de quelques blessures ; ça ne faisait pas bon ménage tout ça tout ça.
Une fille se réveilla et lança un sort pas trop loin de moi et Noel – non pas que nous soyons bien proche physiquement parlant mais plus proche qu’avec l’autre fille. Je ne la connaissais pas spécialement, et je devais dire que je ne pris pas la peine de fouiller dans mes souvenirs pour la replacer. Elle attaquait, donc c’était déjà ça de prit. Quant à Noel il semblait paniqué. Pour ne pas dire qu’il exprima clairement son envie d’abandonner. Il voulait abandonner dans un moment pareil ? Alors qu’on se faisait attaquer ? Bien que dans le fond, je comprenne son envie, je ne pouvais pas vraiment le concevoir. Nous n’avions pas le droit d’abandonner maintenant, pas vrai ? Genre, si on abandonnait, ils n’arrêteraient pas de toute façon. Non ? Et s’ils arrêteraient de nous attaquer si on déclarait forfait... Non, c’était peu probable. De plus, j’étais une née moldue, ils ne s’arrêteront pas à si bon compte pour moi. Sauf que c’étaient mes propres raisons de ne pas abandonner. Tout comme je ne pouvais pas abandonner pour Sloane qui devait très certainement se battre elle-aussi. Mes deux seules raisons : l’une est basée sur une autre personne, l’autre c’est car j’étais quasiment certaine qu’ils prendraient un malin plaisir à me faire du mal.
Noel lança tout de même un sort en direction de son adversaire. Un sort un peu bancal, mais qui fonctionna tout de même. Il était clair qu’il n’était pas très assuré, en ce moment même. Sur le coup, j’eus un peu de peine.

« Si tu veux abandonner, » commençais-je à son intention en ne le regardant pas. « Tu as le droit. »

La fatigue commençait à se sentir même dans ma voix, mais je tentais de ne rien laisser paraître. Est-ce que je lui en voudrais ? Possiblement, au début. Après je finirais par comprendre. Nous n’étions pas spécialement préparés à nous battre. Les cours de défense contre les forces du mal, on les prenait tous à la légère. On apprenait les sorts sans vraiment prendre conscience que l’on pourrait bien s’en servir contre de vrais méchants. Alors nous n’étions pas vraiment préparés à ça.
Quant à moi, je n’abandonnerai qu’une fois que je serais à terre.

« Immobilus ! » lançais-je rapidement.