Non, non, NON. Ma baguette n’a jamais vraiment été mon amie, je le savais bien. Si j’étais un peu plus doué, j’aurais de meilleures notes en pratique dans pas mal de cours. Mais non, ça ne fonctionnait pas comme ça avec moi. Et là, qu’on était dans une situation désespérée, j’aurais espéré que ma baguette ait autant l’instinct de survie que moi. Mais non, rien ne se produisit, comme si j’essayais d’allumer une lampe torche dont les piles étaient à plat. C’est vraiment pas le moment ! Ce plan était rudimentaire, certes, mais c’était probablement notre meilleure chance de partir de cette tour sans qu’on finisse mal. Sans qu’on finisse comme Hugo… Je chassais rapidement cette pensée et ces remords de ma tête. On aura le temps de se morfondre une fois qu’on sera en lieu sûr. Heureusement, les mages noirs lançaient leurs sorts n’importe comment, et on arrivait encore à les esquiver. A côté de moi, Maximilien révéla un peu du courage qui définissait les Gryffondors en annonçant que lui aussi, il allait s’efforcer de créer la brèche dont on avait besoin. Il essaya… Et fit apparaître des fleurs. Dans d’autres circonstances, ça m’aurait peut-être amusé. Je me serais peut-être gentiment moqué. Mais là, c’était une autre réaction qui me vint.

« Bordel, il faut que ça passe ! »

Un mélange de colère face à nos échecs, et de détermination à s’en sortir en un morceau. On ne gagnerait jamais sur la durée ici, et la durée, elle commençait déjà à se faire longue. Il fallait qu’on réussisse sur ce coup-là, sinon, c’était très mal parti. Je jetais un œil rapide à ma baguette, comme pour lui faire comprendre que j’avais absolument besoin d’elle, comme si elle pouvait entendre cette prière muette que je voulais qu’on réussisse, pour une fois, une action ensemble. Une action qui pourrait nous sauver. Je reportais mon attention sur les mages noirs, baguette pointée vers leurs pieds.

« Defodio ! »

2 – C’est une réussite !

Enfin. Et maintenant, Gotta Go Fast ! Tandis que l’escalier s’affaisse, je me mets à courir, bras ballant, droit vers les mangemorts déstabilisés par leur perte d’équilibre. Ils semblent ne pas avoir entendu la formule que nous prononcions, ils n’ont pas pris de mesure. Ou peut-être ne pouvaient-ils pas s’arranger, entassés comme ils étaient ? Qu’importe, c’est pas mon problème. J’atteins donc ce qu’il reste de l’escalier, courant contre le mur pour ne pas tomber parmi la foule. En quelques enjambées, j’atteins la zone intacte, ignorant la douleur à mon épaule et dans mon bras. C’est qu’un bras, si on n’arrive pas à descendre cet escalier, ça pourrait finir avec un résultat bien pire…

1,3,4,5,6 – Encore raté

C’est pas possible ça. Le destin veut pas qu’on s’en sorte ou quoi ? Je ne sais pas depuis combien de temps on est là, mais réaliser la catastrophe dans laquelle on est ramène à moi la fatigue que j’aurais dû ressentir depuis longtemps, si l’adrénaline n’avait pas presque remplacé le sang dans mes veines. Et puis mon bras n’aidait en rien, même si je ne pouvais pas le bouger il continuait de me faire mal. Sérieusement, malgré mon instinct de survie, malgré l’espoir de s’en sortir, malgré ce plan qui aurait pu fonctionner, peut-être qu’au final, nous ne faisions que nous battre en vain…

De pire en pire, cette baguette. D'accord, cette fois le jeune homme avait réussit à produire un petit quelque chose mais vu le résultat, il aurait finalement préférer rester au stade des étincelles. Ça lui aurait permis d'éviter les réactions hilares des mangemorts. Il y avait de quoi rire. Qu'était-il censé faire, au juste, avec un bouquet de fleurs blanches ? Les agiter à la manière d'un drapeau pour quémander un traitement pas trop méchant ? La situation était désespérante mais au pas au point de baisser les bras, pas tout de suite en tout cas, pas avant d'avoir tout tenter. Maximilien n'était pas souvent très courageux mais cette nuit, il se relèverait autant de fois que possible, puiserait jusque dans ses dernières ressources pour faire front. Il n'avait plus le choix. Il ne pouvait pas laisser son ancien meilleur ami aux mains de l'ennemi ni lâcher le Serdaigle pour que ce dernier se débrouille seul. C'était un choix personnel – et idiot – de se réfugier dans cette tour mais puisque le destin les y avait tous réunis, fallait s'en sortir tous ensemble et peu importe le temps que ça prendrait. Le plus tôt possible serait quand même le mieux parce que ça devenait chaud par ici. « Bordel, il faut que ça passe ! » Il avait beau savoir que la colère de Zach n'était pas dirigé contre lui, le rouge et or vivait très mal son nouvel échec. Incapable de raisonner correctement, incapable de lancer un sort, incapable de protéger ses camarades, et ainsi de suite. La liste de ses défauts était grande. Comment pourrait-il regarder ses amis en face, par la suite ? Encore faudrait-il les retrouver en bonne santé... Son cœur rata un battement, ce n'était pas le moment d'imaginer les pires scénarios possibles. Tout le monde irait bien parce que les professeurs devaient protéger les autres groupes d'élèves et que les Aurors ne devraient pas tarder à finir le travail, n'est-ce pas ? Tout ce qu'il fallait faire, c'était de résister jusque là. En fait, ce qu'ils avaient à faire n'était pas très compliqué et comme la bataille durait depuis un sacré bon moment déjà, l'arrivée des secours devait être plus que proche. Finalement, c'était sans doute inutile de tenter une offensive suicide à travers les rangs adversaires, ils risquaient de se faire plus de mal que nécessaire. Fier de sa déduction, Maximilien allait exposer son nouveau point de vu au préfet mais celui-ci fût plus rapide et miracle, son sortilège fonctionna à merveille. Un peu trop au goût du Gryffondor qui manqua de tomber à la renverse suite à une première secousse. C'était tout l'un ou tout l'autre, soit il n'y avait strictement, soit il y en avait trop.

Au lieu de faire comme le préfet et de profiter de la surprise des mangemorts pour forcer le passage, Maximilien perdit plusieurs précieuses secondes à regarder, les yeux ronds, un immense trou se former à quelques mètres de ses pieds. Bien sûr qu'il avait compris ce que son camarade voulait faire mais il ne s'était pas attendu à une telle puissance. Là, ça allait beaucoup vite, il ne se le sentait pas du tout. Et plus il hésitait, plus ce serait compliqué. « J'ai peur. J'ai peur. J'ai peur. J'ai peur. » marmonna t-il. Pourquoi était-il sortir de son putain de dortoir, déjà ? C'était sa plus grosse bourde de la nuit, avant celle de se réfugier dans la tour. Il voulait retourner dans son lit et se lever dans quelques heures pour constater avec soulagement que tout ça n'était qu'un cauchemar. Malheureusement, il savait très bien que ce n'était pas le cas et qu'il avait intérêt à prendre son courage à deux mains si ils ne voulaient pas que les efforts de Zach et les siens aient été partiellement vains. « J'ai peur. J'ai peur. J'ai peur. J'ai peur. » répétait-il, telle une litanie. Ça ne l'aidait franchement pas. Il ferma les yeux, respira un coup et cria : « AAAARGH ! ». On pouvait aussi bien l'interpréter comme un cri de guerre ou de peur mais dans son cas, la deuxième option était plus juste. « Protego ! » réessaya t-il au passage. Pas le temps de s'attarder sur la réussite de ce sort là, c'était juste un essai comme ça, un bonus. Si ça fonctionnait c'était cool et si non, bah tant pis. C'était pas le moment de se montrer perfectionniste et pour tout avouer, Maximilien ne vérifia pas si il y avait bien ou non un dôme magique au-dessus de sa tête. Il n'avait pas essayer de protéger Zach parce qu'il aurait sans doute protéger des ennemis au passage et c'était pas trop, trop une bonne idée. De toute façon, le Serdaigle avait prit de l'avance et semblait mieux se débrouiller que lui. Avec un poids supplémentaire sur le dos et la pression, ça n'était vraiment pas simple de tenir en équilibre sur le côté des marches qui eux aussi étaient en train de se barrer en cacahuètes. « AIDE-MOI ! » cria t-il à l'intention du préfet, une fois que celui-ci fût hors de la zone qui s'effondrait. Comment ? Aucune idée, le rouge et or voulait juste terminer son numéro d'équilibriste et poser Hugo quelque part. Avec cet entraînement, il pourrait prochainement déposer sa candidature au cirque des Shiver... A quelques centimètres de la zone tranquille, quelque chose dans son dos, sûrement un ennemi, le poussa et il termina sa course face contre terre. Fallait revoir la réception mais au moins, il était en vie. Ils étaient en vie.

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