L'enseignement principal que la jeune femme retiendrait de son année à l'université, c'est que là-bas, tout prétexte est bon pour faire la fête et que l'initiative ne vient pas non plus uniquement du comité des élèves. Parce que soyons honnête, qui mis à part des vieux, aurait pu penser à fêter la Saint-Patrick ? Certes, il devait bien il y avoir quelques irlandais dans la liste des élèves mais il y avait aussi tout un tas d'autres nationalités représentées et pourtant il n'y avait pas de fêtes pour honorer chacune. Et heureusement d'ailleurs, sinon il était plus que probable qu'il n'y ait plus de temps pour étudier, ou du moins la tentative de reporter encore et toujours serait trop tentante pour de nombreux étudiants. Donc, les étudiants devaient sans doute cette fête uniquement aux caprices de la direction, et mis à part qu'elle n'en avait pas grand chose à faire de l'Irlande et de leurs coutumes, la jolie blonde appréciait l'idée pour pouvoir bénéficier d'une chaleur constante y compris dans les jardins. C'était exceptionnel et plutôt appréciable, elle avait même ce soir oser porter une jupe sans collants, jugeant que ses gambettes n'auraient pas froid. Dans les choses qu'elle appréciait aussi avec cette semaine spéciale, c'était les stands. Contrairement à ce qu'elle avait bien pu penser au départ, il y en avait quelques uns plutôt pas mal et à chaque fois qu'elle y était passée devant, son porte-monnaie n'en était sorti indemne. Enfin, des dépenses presque invisible pour son compte, ce n'était que des toutes petites dépenses de rien du tout qu'elle pouvait très largement se permettre. Au point même de faire quelques cadeaux pour son frangin. Un frère qui n'en était plus seulement un depuis quelques mois déjà. Quand Etalyrae prenait assez de recul pour se rendre compte depuis combien de temps cette folie avait déjà commencé, elle n'y croyait toujours pas. Comment ils en étaient arrivés là et comment ils géraient la situation comme si c'était la chose la plus naturelle qui soit. Ils étaient fous. Lui, elle, leur famille avait vraiment un grain.

Dernière soirée de fête et dès le lendemain, tous les artifices auront disparus comme par magie. Il fallait admettre que si la fête n'avait pas un grand intérêt pour la jolie blonde, elle commençait à s'habituer à cette atmosphère temporaire et redoutait de ne pas la retrouver la prochaine fois qu'elle quitterait son petit appartement pour aller en cours. C'était un peu niais toute ces fleurs, cette verdure, comme une éloge à la nature mais malgré tout, elle appréciait. La couleur verte était mise à l'honneur, ce qui lui rappelait ses sept années passées sous l'insigne des Serpentard, pratiquement que des bons souvenirs. Elle préférait oublier le côté irlandais de la fête et y voir plutôt une sorte de gloire en l'honneur des anciens Serpentard. Ce n'était pas du tout la vérité mais c'était le petit détail en plus dans sa tête qui rendait le tout encore plus agréable encore. Il ne lui restait plus qu'à profiter autant que possible de cette dernière soirée. Elle avait fait le choix de faire un tour avec son jumeau, puisque c'était dans leurs habitudes de se déplacer tout le temps en duo pour les fêtes. En fait, si la jeune femme appréciait cette semaine de fête, c'était aussi parce que ça leur donnait la possibilité de se promener à deux, de partager des moments de complicités en dehors des murs de leur petit appartement, sans que personne n'ait de véritables raisons de les pointer du doigt en les traitant de monstres. Bien sûr, ils ne pourraient jamais réellement s'afficher en tant que couple, rien que se tenir la main paraîtrait malsain pour quiconque était au courant de leur lien de sang. Mais rien ne les empêchait de marcher côte à côte, de coordonner leurs pas et de se frôler malencontreusement de temps en temps. Etrangement, le fait de cacher cette relation à tout prix ne faisait plus peur à la jolie blonde, au contraire, à ses yeux ça rendait la situation plus excitante encore. Oui, ils fonçaient dans le mur tous les deux, mais étais-ce si grave puisqu'ils étaient ensemble ?

Pour l'occasion, l'ancienne préfète avait enfilé une jupe verte – parce que c'était un peu comme l'obligation ultime de la Saint-Patrick – non sans avoir pris un malin plaisir à se changer sous les yeux impuissants de son jumeau qu'elle ne se lassait pas d'aguicher toujours plus. Sa maladresse le rendait presque adorable, touchant et c'était aussi très marrant d'évoluer devant lui de manière très réfléchie pour qu'il succombe encore et encore. Etalyrae avait trop peur que la raison enfouie au fond de lui reprenne le dessus sans prévenir et que toute leur petite mascarade cesse. Ce n'était peut-être pas l'idée du siècle que leurs cerveaux combinés aient pu avoir un jour, mais ça n'en était pas moins agréable et délicieux, une fois qu'on avait franchi le pas, difficile de ne pas vouloir s'y enfoncer davantage. Puis, il était très réceptif à ses charmes et comment se refuser des preuves de l'effet de sa beauté sur un homme. C'était un peu immoral de se servir de son frère de la sorte, mais contrairement à ce qu'elle aurait peut-être elle-même voulût dans le fond, elle ne faisait pas que jouer. Elle aimait sincèrement chacun de leurs baisers, de leurs caresses, de leurs moments volés... Elle n'avait pas besoin d'assistance pour boutonner son chemisier, pourtant elle l'invita à s'en occuper lui-même au lieu de se contenter de suivre avec attention chacune des étapes de sa préparation tout en restant passivement idiot sur le côté. En même temps, il ne devait pas forcément les même points positifs qu'elle à se rendre dehors alors qu'ils auraient pu profiter de leur intimité, à l'abri des yeux indiscrets, une soirée de plus. Pourtant, pour ses beaux yeux, il avait finalement accepté de l'accompagner, sans doute soucieux qu'un autre n'en profite pour saisir sa chance ou une autre connerie du genre.

« On ne restera pas longtemps. » lui promit-elle une énième fois alors que la porte de leur appartement se refermait sur eux. Il y avait du bruit derrière la porte d'en face et la jeune femme y reconnût la voix de sa pire ennemie. Quel drame si cette folle devinait ce qui se tramait entre les jumeaux incestueux, elle qui était peut-être leur plus grand danger. Quoique, qui l'écouterait, elle qui spéculait sur leur sujet depuis des années sans aucune preuve puisqu'il n'y avait jamais rien eu. Dans le meilleur des cas, les gens qui l'entendraient ne ferait pas attention, fatigués de la voir s'enfoncer toujours plus davantage dans sa folie. Ô grand jamais Etalyrae ne laisserait l'australienne lui gâchait la vie. Qu'elle reste bien au chaud, à jouer les porcs avec son meilleur ami, moins elle la voyait, mieux elle se portait. « Je pense acheter quelque chose pour l'envoyer à Nikita, ce sera aussi l'occasion de lui demander des nouvelles. Tu pourras m'aider à choisir le cadeau idéal. » tenta la jeune femme pour motiver son jumeau. Pour un peu leur soirée pourrait presque se transformer en une balade romantique...

Ce soir, la Saint-Patrick tirait sa révérence après une semaine mémorable. Si ça ne faisait décidément pas partie des choses qu'il appréciait tout particulièrement, Jesse avait fini par se prendre au jeu, traînassant sur le campus plus souvent qu'il ne le faisait d'ordinaire, profitant de tout ce qui était à leur portée pour s'enrichir davantage. Après tout, il fallait bien qu'il y en ait quelques uns qui voyaient là l'occasion d'en apprendre davantage sur une culture familière plus que celle de s'enivrer au rythme soutenu de la musique qui passait. Il n'avait pas rechigné une seule fois lorsque sa sœur – l'était-elle encore vraiment ? – avait décidé de l'embarquer à sa suite entre les stands, acceptant avec docilité le sort qu'elle pouvait bien lui réserver. Il fallait bien avouer que ces derniers mois, plus rien n'avait de sens. Toute logique les avait abandonnés. Lui... Elle... Ils avaient sombré d'un même mouvement dans les méandres de la folie la plus totale. Pire encore, leur noyade avait été consciente. Il savait ce qu'il faisait, il savait l'interdit qui planait sur cette histoire, il savait qu'ils ne s'en relèveraient probablement pas indemnes, l'un comme l'autre. Il aurait fallu qu'il y mette un terme parce que c'était ce qu'il y avait de mieux pour cette troublante jumelle, à défaut de le faire pour lui, mais il lui semblait que c'était bien trop difficile. Bien trop tard, peut-être aussi ? D'autant plus qu'il y avait des aspects positifs qu'il n'aurait jamais soupçonnés un jour. Il lui paraissait même qu'il s'épanouissait réellement dans cette relation gênante. Il changeait, retrouvant doucement mais sûrement l'assurance étrange que d'autres frontières lui avaient permis de découvrir. « On ne restera pas longtemps. » Il prit soin de fermer la porte derrière eux, rangeant ses clés dans sa poche dans un tintement sonore. Jamais une porte n'avait eu tant d'importance à ses yeux. C'était presque idiot. Pourtant elle n'en restait pas moins la gardienne de leurs amours prohibés.

Le renversement de son existence avait été total. Pendant des semaines, il n'avait plus été pressé de rentrer, conscient qu'une véritable comédie l'attendait à l'intérieur du petit appartement qu'ils partageaient mais c'était tout le contraire désormais... Il n'était plus pressé de sortir, aller en cours quand elle ne l'accompagnait pas était une véritable torture et il fallait jouer les frangins indifférents comme il l'avait fait devant elle jusqu'ici. Tout ce qui avait pu lui paraître un jour naturel ne l'était plus désormais. Attraper Etalyrae par le bras pour la forcer à le suivre, poser une main dans son dos pour s'assurer qu'elle ne s'éloignait pas ou s'agripper à la sienne pour se rassurer lorsque la panique approchait... Tout aspect innocemment physique avait disparu de peur qu'on puisse finir par réaliser que les rumeurs qu'on avait de tout temps fait courir sur leurs dos n'en étaient plus vraiment à présent. « Avoue donc que tu ne comptes rentrer qu'au petit matin... » souffla-t-il avec amusement. « Il est trop tard pour faire marche arrière, de toute façon. » Il vérifia que la porte était bel et bien fermée et finit par se tourner vers la jolie blonde. Immobile, il la regarda s'éloigner légèrement dans le couloir, la détaillant sans grande retenue, avant d'enfoncer ses mains dans les poches de son pantalon vert sombre et de lui emboîter le pas. Une fois encore, elle était des plus séduisantes et elle le savait, elle en jouait. Etait-ce humain de l'enfoncer avec un plaisir délicieusement sadique dès qu'elle en avait l'occasion ? Tout semblait être un jeu pour elle et il ne demandait qu'à jouer en sa compagnie. Qu'il avait été difficile de terminer son devoir quand elle était entrée dans sa chambre pour lui montrer la tenue qu'elle avait choisie avant de se changer sur place comme si c'était la chose la plus naturelle du monde ! Il y avait fort à parier que son professeur ne reconnaîtrait pas l'élève appliqué qu'il était d'ordinaire dans les dernières lignes qu'il avait écrites... Si seulement il savait... Il en avait d'ailleurs largement bâclés les mots finaux pour délaisser sa plume et s'occuper du chemisier qu'elle avait enfilé...

L'ancien Serpentard remonta distraitement ses lunettes et lui tint galamment la porte de la résidence. « Je pense acheter quelque chose pour l'envoyer à Nikita, ce sera aussi l'occasion de lui demander des nouvelles. Tu pourras m'aider à choisir le cadeau idéal. » Il haussa vaguement les épaules. Il ne la connaissait pas vraiment. Bien sûr, apprendre son départ avait été un choc – duquel il s'était vite remis, bien plus occupé à roucouler dans les bras de sa jumelle qu'à s'inquiéter de ce qui se passait dans son univers – puisqu'elle était un visage rassurant dans la masse grouillante des élèves mais il ne savait absolument rien d'elle. Il n'avait jamais voulu en savoir non plus. Finalement, après près d'un an entre les murs de l'Université, il avait failli à tous les objectifs qu'il s'était donné en arrivant. Arrêter de fuir les gens, se faire de nouveaux amis, avoir la vie d'un garçon de son âge... Être plus normal... Tant d'échecs en si peu de temps, c'en serait presque désespérant s'il avait pris la peine de s'en rendre compte. « Il n'y a pas à dire, tu sais choisir tes amies. A même de te soutenir, de rester à tes côtés... » Il n'y avait pas la moindre moquerie dans sa voix, tout juste une pointe de déception peut-être. Pour elle, en tout cas. Elle méritait mieux que des copines fantômes qui disparaissaient à la moindre occasion. Lui n'avait rien contre l'idée d'être le seul point stable de son existence. Les premiers stands se dessinèrent enfin, enveloppés d'une musique entraînante. « Mais soit, partons à la recherche du cadeau idéal ! » Et, pendant qu'ils y étaient, de quelques têtes connues. Avril, Yasha... Ou pourquoi pas même Roxen ou l'étrange Zuleika...?

Mais quelle idée de s'échapper – même pour une heure à peine – de leur petit cocon alors que pour une fois rien ne les y obliger. Surtout pour des stands qui n'avaient probablement pas changés depuis la veille et les autres jours d'avant. Malgré cette folle relation dans laquelle la jeune femme avait fini par sauter les deux pieds joints, il semblait subsistait dans son esprit suffisamment de raison pour savoir que s'enfermer rien que tout les deux ne les conduiraient à rien. Grande était la sensation de vouloir rattraper le temps perdu mais plus grande encore était l'envie de vivre sa vie. Ses études à l'université prendraient bientôt fin et quand bien même la jolie blonde attendait impatiemment de débuter sa carrière dans le mannequinat, elle s'était tout de même un peu attachée à l'ambiance festive de la fac, au point de vouloir profiter jusqu'à la toute fin des événements auxquels elle avait la possibilité de participer. Dans le fond, elle devait savoir aussi que trop s'isoler avec Jesse qui n'était plus seulement que son frère, ce n'était pas une bonne solution malgré tout le plaisir qui émanait de l'évolution récente de leur relation. Jamais ils ne s'étaient si bien entendus que depuis leurs retrouvailles pendant les vacances de Noël. Cette nouvelle année, c'était la leur... A moins que cet enchantement ne cesse dans quelques mois, à la fin de l'année scolaire ? La logique voudrait qu'elle passe l'été au manoir, dans la plus grande partie en tout cas et à la rentrée prochaine, son emploi du temps l'occuperait bien plus qu'à présent. Son jumeau resterait-il dans les parages, toujours prêt à jouer les chevaliers servants pour ses beaux yeux ?

Parfois la question lui brûlait les lèvres, comme à cet instant, et la jolie blonde songeait sérieusement à sonder son jumeau. Ce n'était pourtant pas ce soir qu'elle irait jusqu'au bout car déjà, ils avaient rejoint la masse bruyante des étudiants. Il était aussi trop tard pour changer d'avis et rester bien au chaud dans leur appartement, à se livrer à des attentions qui n'auraient pas eu lieu d'être si ils s'étaient contentés d'être le frère et la sœur qu'ils avaient été toujours aux yeux du monde, et aux leurs aussi. Etalyrae avait l'impression que dès le moment où elle s'était abandonnée au baiser de Jesse, elle avait cessé d'être la fille parfaite de ses parents. C'était comme si à son tour, elle s'était éloignée du bon chemin, entraîné par un jumeau dont le jugement du reste de la famille ne devait pas avoir une aussi grande importance, après tout il avait été déjà renié alors que pouvait bien lui faire un peu plus de mépris de leur part. C'était méchant de penser ainsi, alors personne n'avait mis le sujet sur le tapis. L'ancienne préfète, dont le parcours était exemplaire hormis ses notes scolaires, sentait qu'elle perdait pied jour après jour et priait pour que cette relation qui la comblait pourtant, ne soit jamais révélée au grand jour. Qui d'autres à part eux, dans leur entourage, pourrait comprendre ? La jeune femme n'avait même pas osé se confier à Wihelmina, sans doute son amie la plus proche même si en ce moment, ce n'était pas trop ça. Elle savait son amie anxieuse à propos de beaucoup trop de choses à la fois, ce n'était de toute façon pas le moment de se confier sur quelque chose d'aussi délicat qui serait un poids supplémentaire à porter. Des excuses, bien sûr, mais Etalyrae se disait qu'il n'y avait pas que de ça. Qu'il y avait du vrai. Elle aurait pu en parler à Nikita qui, vu qu'elle partait, n'aurait pas eu le temps de révéler leur secret à toute l'Université si elle l'avait voulût, mais à elle aussi il n'avait pas fallût lui apporter plus de soucis...

« Elle est partie pour s'offrir les meilleures chances possibles pour ses études. Je ne vois pas ce que tu peux bien avoir à lui reprocher. Son choix est tout à fait normal, quand on a sa chance, on l'a saisit, on attend pas que la place nous passe sous le nez. » Les deux jeunes femmes n'avaient pas été assez proches pour que Etalyrae puisse comparer ce départ à un abandon mais elle avait eu l'impression que si la jolie ukrainienne était resté un peu plus longtemps, ça aurait pu être possible. Pas au point de devenir les meilleures amies du monde, la place n'était pas forcément vacante des deux côtés, mais elle avait été la meilleure rencontre de l'ex-Serpentard. Une des seules personne avec qui la jeune femme souhaitait garder contact après ses études à la fac, il lui paraissait donc normal de faire des efforts pour aller dans son sens. La connaissant, c'était plutôt assez rare de sa part qu'elle fasse le premier pas, la logique aurait voulût qu'elle attende que Nikita se manifeste en lui indiquant s'être bien installée dans un petit appartement. Seulement, Etalyrae ne cessait de lui trouver des excuses pour ne pas encore envoyer de nouvelles. Cette attitude habituelle de sa part venait-elle indirectement de sa relation avec son jumeau, signe que plus le temps passait, plus elle tombait bas ? Il était fort probable que cette relation sans aucun sens l'entraîne vers le bas après tout... « Que penses-tu ce joli porte-clé ? » demanda t-elle en s'arrêtant devant le premier stand venu. L'objet de son attention n'était autre qu'un petit trèfle peint en vert, le symbole le plus évident de l'Irlande. N'avoir aucune originalité au niveau des cadeaux, ça par contre c'était du Etalyrae tout craché. Elle ne faisait d'efforts que pour Jesse généralement, parce qu'il était son frère et qu'en dépit de ses goûts douteux, il méritait des cadeaux de choix.