Les jours défilés lentement pour le jeune Absolem. Certains se déroulaient sans heurte, d'autres étaient un peu plus difficiles à gérer. Non pas que les élèves de Poudlard étaient tous devenus des délinquants en puissance mais c'était la patience et la maitrise de son pouvoir qui posaient problème. En gros, s'il devait y avoir un problème dans cette école, pour le moment c'était lui. Absolem n'aimait pas être ainsi, il était mal dans sa peau et ne rêvait que d'une chose, retrouver sa vie d'avant. Malheureusement, il avait beau en discuter avec Cathy, Yasha ou Ceyan, ça ne changeait rien au final. Etait-ce ça le plus difficile à admettre ? Le fait que même ses amis proches - une grande partie en tout cas - étaient incapable d'offrir à Absolem de retrouver la paix de l'âme. Mais ce n'était pas de leur faute, bien entendu, le seul coupable dans cette histoire c'était lui, encore et toujours.

Ne supportant plus les allés et venus de ses camarades dans sa salle commune, Absolem était parti en quête d'un nouveau repère pour passer son début de soirée. Etant Préfet, personne ne lui poserait de question s'il rentrait après le couvre feu. Il n'aura qu'à dire qu'il pensait être de ronde ce soir et qu'il avait fait son travail comme à l'ordinaire. Il ne l'était pas mais ça, personne n'avait à le savoir et même s'ils le savaient, l'erreur était humaine non ? Un excès de zèle ne ferait pas de mal et il pourrait même être bien vu par ses professeurs. L'idée en soit lui passait totalement au dessus mais s'il faisait une pierre deux coups, il n'aurait rien contre non plus. Les couloirs étaient peu fréquentés, un endroit idéal pour se poser et dessiner, mais le froid le gagnerait très vite, ce n'était pas l'idée du siècle et Absolem le savait. Il pouvait toujours se rendre dans une des salle inoccupée du château, mais elles étaient assez poussiéreuse et froide elles aussi. S'il commençait à vouloir allumer un feu dans une des cheminées de la pièce où il se trouverait, il aurait autant fait de laisser la porte ouverte avec un panneau "Entrez", ça irait aussi vite. Ne trouvant pas de lieu adéquat, Absolem errait dans les couloirs, esseulé. Il finit par s'arrêter au troisième étage, se souvenant qu'il avait accès à la salle des préfets, endroit où il ne faisait que passer en coup de vent en général, seulement pour vérifier s'il était de ronde ou non.

N'hésitant pas plus, Absolem entra dans la pièce et découvrit non sans plaisir qu'elle était totalement vide. Soulagé, le jeune Moriarty s'approcha de la table central pour s'installer. Il n'avait aucune envie de supporter les blablas incessants de ses camarades, de devoir faire semblant de rire à leurs blagues ou de devoir les écouter pour leur faire plaisir. Non, ce soir, Absolem n'avait pas envie de faire d'effort, il n'avait strictement rien contre ses camarades mais moins il les voyait en ce moment et mieux il se portait. Emily était quelqu'un de très sympathique mais en dehors des rondes, il n'avait pas particulièrement envie de trainer avec elle. Il savait qu'il ne pourrait pas dire tout ce qu'il pense sans réfléchir, sans titiller sa colère pour une raison ou pour une autre. Les gens se vexaient si vite ... lui le premier d'ailleurs. Posant la boite à dessin que Yasha lui avait offert à Noël, Absolem s'installa à une place et commença à reprendre son dessin où il s'en était arrêté. Il continuait à dessiner tous les paysages de Stockholm, même s'il n'y était plus, il se souvenait de tout ce qu'il avait vu et connu durant son enfance. Pourquoi faisait-il ça ? Peut-être pour exorciser toute cette histoire. Il n'était pas encore prêt à dessiner sa mère mais il savait qu'il devra le faire, tôt ou tard, pour ne pas oublier son visage et pour se souvenir de cet événement jusqu'à la fin de sa vie, même s'il y avait peu de doute qu'il l'oublie un jour. Penché sur son dessin, Absolem entendit la porte de la salle s'ouvrir. N'ayant aucune idée de l'heure et du temps qu'il venait de passer dans cette pièce, Absolem releva la tête, un brin contrarié. Qui avait eu la désagréable envie de venir dans cette pièce ? Ils ne pouvaient pas aller au diable tous ? Quand son regard bleuté se posa sur Asling, la surprise l'envahie, tout autant que l'incompréhension. Mais que faisait-il ici ? Et comment était-il entré ? Le souvenir vague et lointain de sa nomination au poste de Préfet des Serpentard lui revint en mémoire. Evidemment, il était devenu préfet, il avait eu envie de lui envoyer une note pour le féliciter mais il avait oublié, comme bien souvent en ce moment. Tu repasseras pour être nominé comme le meilleur ami parfait de l'année !

"Hé!" Le salua-t-il avec un pâle sourire "Qu'est-ce tu branles ici ?" Tout dans la délicatesse et la politesse.

Après mon échange de lettre à Etylarea j'étais un peu hésitant quant à mon rôle en tant que préfet. Une chose est sûre, je ne comptais pas remettre en question mes idéaux. Et ma place de préfet m'accordait un rôle et un pouvoir auquel je n'aurais pas pu accéder d'une autre manière. Autrement dit je ferais mieux d'en profiter pour tenter d'améliorer la situation à Poudlard. Mais je ne pouvais pas faire ça n'importe comment. Si même ma « collègue » et amie me déconseillait de continuer sur cette voie je n'avais pas le choix, il fallait que je trouve une autre alternative. Mais laquelle ? Et comment la mettre en place ? Étrangement avec tout ce qui m'arrivait ces temps-ci j'avais du mal à trouver du temps pour pouvoir y réfléchir à tête reposée. Du coup j'avais pour but ce soir de trouver une solution. Je n'irais pas dormir avant d'avoir décidé quoi que ce soit. Je me devais de concocter un plan, en respect à toutes mes valeurs mais aussi parce que je ne pouvais pas continuer dans l'inaction, même si c'était ce que Jez' me conseillait.

J'avais donc décidé d'aller fumer une petite cigarette avant d'aller de me coucher mais finalement, lorsque j'eus terminé, je m'étais rendu compte que je n'avais pas vérifié les plannings des rondes des préfets et j'avais complètement quand était ma suivante. Bon, quand faut y aller … De toute façon un petit détour ne peut pas me faire de mal, on appellera ça une promenade, ça passe, non ? Bon non d'accord c'est plus qu'un « petit détour » mais j'avais encore le temps, de toute façon ces temps-ci je m'endormais bien plus tard avec tout ce que j'avais en tête. Au moins en allant à la salle des préfets je m'occupais l'esprit. Parce que sinon, si je laisse mes pensées divaguer, je sais comment ça se termine et à chaque fois je me retrouve obligé de trouver quelque chose à faire jusqu'à ce que je m'endorme dessus. D'ailleurs c'est aussi comme ça que je remontais mes notes, puisque je n'avais rien à faire à 23h30 il m'arrive d'ouvrir mon livre de sortilèges et de le feuilleter, c'est étonnant comme c'est un excellent livre de chevet …

Poussant la porte de la salle une fois que je fus arrivé au troisième étage, c'est avec un mélange de surprise et de plaisir que je vis qu'Absolem était là. Surprise parce que je ne m'attendais pas à trouver qui que ce soit ici, mais aussi plaisir parce que ça faisait un bon bout de temps que nous ne nous étions pas vus. Il me salua avant de me demander ce que je « branlais » ici. Un petit rire silencieux m'échappa et après que je sois allé le saluer d'un check habituel, je répondis à sa question, désignant notre tableau du regard :

J'suis venu vérifié quand était mon prochain tour de ronde. Faut croire que je suis pas encore habitué à ma nouvelle situation.

Je me rendais donc vers le tableau et lisais tout ce qui y était écrit, découvrant que mes prochains tours de ronde était dans deux et cinq jours.

Alors, comment tu vas ? Et les vacances? Lui demandais-je, après être allé m'asseoir dans un fauteuil face au sien.

Malgré moi ça faisait un bout de temps que nous ne nous étions pas parlé sérieusement et c'était très regrettable. Bien sûr nous nous croisions de temps en temps dans les couloirs du château mais nous étions tous les deux pressés, ayant de nombreuses choses à faire. Du coup, puisque je n'avais rien de prévu pour la soirée, je me dis que discuter un peu avec mon meilleur ami pourrait me faire le plus grand bien. Peut être pourrions nous essayer de rattraper le temps perdu ?

J'suis venu vérifié quand était mon prochain tour de ronde. Faut croire que je suis pas encore habitué à ma nouvelle situation.

Ah le tour de garde, on s'en soucis beaucoup quand on commence à peine d'être préfet. Absolem s'en souvenir comme si c'était hier, il venait régulièrement dans cette salle juste pour vérifier quand il devait l'effectuer. Aujourd'hui, même s'il le savait, tout cela lui passait un peu au dessus. Il les faisait parce qu'il n'avait pas le choix, mais il n'y mettait plus autant de conviction qu'avant. Aujourd'hui, il ne fait qu'errer dans les couloirs, ne vérifiant pas chaque coin et recoin des couloirs afin de débusquer de potentiels élèves hors de leurs dortoirs. S'ils se cachaient suffisamment et ne sortaient pas trop tôt de leur cachette, ils avaient de forte chance de pouvoir reprendre ce qu'ils étaient en train de faire comme si de rien n'était. Absolem était de plus en plus persuadé qu'il n'était pas fait pour ce poste, il ne comprenait pas pourquoi c'était lui qu'on avait choisi et regrettait de devoir le faire jusqu'à la fin de sa septième année. Evidemment, il pourrait toujours démissionner, mais avait-il envie d'avoir un autre type qui se prendrait pour un caïd simplement parce qu'il avait plus de pouvoir que lui ? Non évidemment. Evidemment il connaissait pas mal de ses camarades et il n'y avait que peu de chance qu'on le fasse chier s'il rendait son insigne, mais sait-on jamais, le pouvoir monte souvent vite à la tête.

"Félicitation d'ailleurs pour ton nouveau poste ! Tu vas voir c'est chiant comme la pluie !"

Tout le monde n'avait pas le même avis sur le poste de préfet, certains le prenait très au sérieux et d'autres, comme Absolem s'en foutait totalement. Il n'était pas un préfet digne de ce nom et il s'en foutait. Il ne laisserait certainement pas sa marque à Poudlard et il s'en remettrait. Il n'y aurait pas sa photo dans la salle des trophées ou alors cachée derrière les autres. Il ne faisait pas parti de l'équipe de Quidditch de sa maison et il n'avait strictement rien fait de bien durant sa scolarité, sauf peut-être sauver la vie de leur directrice, mais ça, en dehors d'un petit nombre restreint, personne ne le saurait jamais.

Alors, comment tu vas ? Et les vacances?

Cela faisait combien de temps qu'ils ne s'étaient pas parlés ? Ils se voyaient tous les jours, bien évidemment, mais jamais très longtemps et bien souvent c'était essentiellement pour se dire bonjour et échanger quelques banalités. Ils se promettaient souvent de se prendre un moment pour se voir mais chacun est assez occupé. Asling était souvent avec sa copine et même si le jeune Absolem était ravie de le voir heureux, il n'avait aucune envie de faire ami ami avec January. Et puis de toute façon, en ce moment, Absolem n'était pas franchement d'humeur à parler à qui que ce soit, au grand dam de Yasha. Cette dernière ne voulait pas le voir se renfermer, lui conseillant de parler à ses amis, de s'ouvrir un peu plus pour soulager sa conscience. En avait-il envie ? Au fond oui, cela faisait quelques temps maintenant qu'il y songeait mais il n'avait jamais eu l'occasion jusqu'à présent et Absolem n'était pas le genre de personne a provoquer les situations, loin de là même, il les éviter comme la peste. Le simple geste de checker avec son meilleur ami lui fit bizarre, non pas que ce n'était pas un geste naturel, mais Absolem avait peur d'avoir une vision. Retenant son souffle, concentré au maximum, il respira quand il se rendit compte que rien ne se produisit. Avant, c'était quand il touchait les objets qu'il avait une vision, aujourd'hui c'était aussi quand il touchait les gens, l'angoisse. Asling se trouvait en face de lui, lui posant une simple question en tout cas pour lui, parce que pour le jeune Moriarty, c'était une question piège. Que répondre à ça ? Etre honnête ? Ca serait peut-être le moment. Mais allait-il en avoir le courage.

"J'ai eu mon permis de transplanage, du coup j'en ai profité pour me rendre à Stockholm ..."

Rien que cette simple phrase fut une torture pour Absolem, elle signifiait tellement pour lui, elle avait tellement d'indices sur sa vie que c'était difficile de la dire à haute voix.Mais c'était Asling, il avait confiance en lui et c'était peut-être le moment de se libérer d'une fardeau. N'osant pas regarder son ami, Absolem posa ses yeux bleus sur sa feuille de dessin, crayon à la main, en suspend au dessus de sa feuille. Non, il n'avait plus le coeur à dessiner, pas maintenant en tout cas.

Je n’avais rien eu à faire pour ce soir alors je m’étais dit qu’au moins si j’avais un tour de ronde ça m’occuperait. Oh n’allez voir aucun zèle là dedans, il s’agissait simplement de garder mon esprit occupé. Quelque chose que j’avais besoin de faire ces temps-ci avant d’être rongé par mes pensées, que j’essayais évidemment de garder enfouies mais que voulez-vous, il semblerait que parfois les choses ne seraient pas aussi simples qu’on le voudrait. Alors oui, j’avais fini par atterrir dans la salle des Préfets, m’attendant à en repartir aussi tôt, que j’ai un tour de ronde ce soir ou pas d’ailleurs. Dans un cas comme dans l’autre je ne pensais pas que j’aurais quelque chose à y faire. Mais ça c’était avant de voir qu’Absolem était ici également, apparemment occupé à dessiner. J’étais allé le saluer avant de vérifier de loin que je n’étais pas de garde ce soir, puis je m’étais installé dans un fauteuil en face du sien, ne pouvant m’empêcher de me demander pendant un instant quel avait été cet air d’appréhension qui avait traversé son regard lorsque j’avais checker avec lui, comme à notre habitude en fait. Finalement cette discussion arrivait à point nommé, ça faisait vraiment trop longtemps que nous n’avions pas eu de réel échange. J’aurais pu lui envoyer une lettre mais bizarrement quand il s’agissait de lui je préférais toujours parler face à face, allez savoir pourquoi. En même temps depuis les six ans que nous nous connaissions et que nous avions été amis, ça n’avait jamais changé alors pourquoi commencer à faire une différence maintenant ?

J’eus un petit rire quand il me disait qu’être un préfet était « chiant comme la pluie » comme il le disait si justement. Oh ça je voulais bien le croire ! Sans compter que dire ça lui ressemblait vraiment …

Ouais enfin perso, je sais même pas pourquoi ils m’ont choisi moi. D’après ce qu’Etalyrae m’a dit il y avait bien d’autres noms disponibles à ce poste mais il semblerait que son vote ait influencé le choix. Enfin, je ne doute pas que je vais bien me faire chier …

Non parce que en toute honnêteté, oui je trouvais ça flatteur d’avoir été nominé préfet. Ca voulait dire que la direction me faisait suffisamment confiance pour me nominer à ce poste et qu’elle ne se méfiait en aucun cas de moi. D’un autre côté est-ce que j’avais vraiment une tête à faire respecter un règlement ? Peut être était-ce simplement l’urgence du départ de Jesse qui avait précipité ce choix. En tout cas une chose est sûre, même si en apparence je me plains de ce rôle, cela n’empêche que mine de rien je vais pouvoir apprendre plus de choses sur le fonctionnement intérieur de l’école, les coulisses comme on pourrait dire. Et quand on a des projets comme les miens, il serait stupide de refuser une telle occasion. Et plus de pouvoir n’a jamais fais de mal à personne, pas vrai ? Bien sûr il aurait suffi que je réfléchisse un peu plus à ce fait pour en être certain car en réalité, il était connu de tous qu’une trop grande source de pouvoir pouvait facilement monter à la tête de n’importe qui, pas vrai ? D’un autre côté, je n’en étais pas encore là … Je ne risquais aucunement de monter sur mes grands chevaux sans raison, si ?

Profitant de l’occasion que j’avais de pouvoir parler à mon meilleur ami je lui avais demandé comment c’était passé ses vacances, espérant qu’il réussisse à me parler sans rester aussi secret qu’il avait parfois l’habitude de le faire. Oui je savais que parler de lui, ou de ce qui lui tient à cœur est parfois difficile mais cela n’empêche que nous partageons une confiance mutuelle. En ce qui me concerne je ne pense pas qu’il y a qui que ce soit à qui je fais d’avantage confiance à Poudlard. Il était là avant January, il était là pendant que Chloé était en France, bref il a toujours été là. Et nous avons beau parfois pousser des coups de gueule, quelque chose me dit qu’il sera là encore bien après.

Bien joué pour ton permis ! Il mentionna ensuite le fait qu’il en ait profité pour aller à Stockholm. M’avait-il parlé de ça dans le passé ? Oui, il me semble. Mais il évitait d’en parler. J’en était certain sinon ce ne serait pas aussi flou dans mon esprit. Et le fait qu’il n’ose pas me regarder après avoir mentionné ça en disait long. C’est donc avec un peu d’hésitation que je lui demandais :

Et .. ca s’est passé comment ? J’espérais juste que je ne le poussais pas dans ses retranchements, parce que ce serait regrettable. Cela était suffisamment important pour lui pour qu’il ait du mal à m’en parler. Autant vous dire que c’était quelque chose …

Ouais enfin perso, je sais même pas pourquoi ils m’ont choisi moi. D’après ce qu’Etalyrae m’a dit il y avait bien d’autres noms disponibles à ce poste mais il semblerait que son vote ait influencé le choix. Enfin, je ne doute pas que je vais bien me faire chier …

Absolem se posait également la même question, qu'est-ce qui avait poussé la Direction à le choisir lui au poste de Préfet ? Est-ce qu'ils avaient d'autres possibilités et c'est une envie profonde de le prendre lui qui les a habité ? Ou alors n'avaient-ils réellement pas le choix ? Absolem aurait compris s'ils avaient pris Keith ou Chang, par exemple, c'étaient des gars posés et sympa, ils auraient été parfait pour ce poste. Mais non, c'était vers lui qu'ils s'étaient tournés et c'était vraiment étrange. La question aussi qui habitait Absolem c'était : pourquoi ne l'avaient-ils pas viré ? McGo c'était-elle sentie redevable d'avoir aidé à la sauver ? Pensait-elle vraiment qu'il méritait cette place ? Beaucoup trop de questions et aucune réponse satisfaisante. Mais aux yeux du jeune Moriarty, Asling avait la carrure d'un préfet. ll était populaire, il avait des valeurs, peut-être pas celles de tous le monde, Absolem le premier, mais au moins il avait une ligne de conduite, la tête bien faite et il était loin d'être débile. Pour Absolem, Asling méritait amplement ce poste, même s'il savait que son jugement été biaisé par son amitié avec le jeune homme. Le jeune préfet des Poufsouffle n'avait jamais entendu parler de vote pour choisir les préfets mais cela devait être une mise en place exceptionnelle pour lui. Après tout, Jesse était parti en plein milieu de l'année, il fallait bien parer à cette absence et donner la parole à la préfète de la maison n'était pas forcément une si mauvaise idée, qu'Absolem l'apprécie ou non.

"Si ça peut te rassurer, après un an et demi, j'ignore toujours pourquoi ils m'ont choisi moi et pourquoi ils m'ont gardé ... Les voies de l'administration sont impénétrables !" Dit Absolem en plaisantant.

Cela ne servait à rien de rajouter quoi que ce soit sur cette histoire d'ennui, Asling allait bien se rendre compte que ce n'était pas si fun que ça d'être à ce poste. Beaucoup d'élèves rêvaient d'être à leur place, mais en dehors de quelques privilèges, Absolem ne voyait vraiment pas l'intérêt à être préfet. Devoir se lever la nuit pour se balader dans les couloirs en quête de fraudeurs, faire la morale aux gens, punir alors que tout cela lui passe au dessus de la tête, devoir aider les plus jeunes, non vraiment, ça n'enchantait pas vraiment Absolem qui aurait préféré qu'on le laisse en paix. Evidemment, il aurait pu abandonner, jeter l'éponge, démissionner, mais c'était au dessus des forces d'Absolem. Non, il n'était pas un lâche, non il n'abandonnerait pas son poste. La seule façon de le faire partir sera de le virer ou d'attendre la fin de sa septième année pour le voir dégager de Poudlard, s'il réussit ses ASPICs, bien entendu. Mais Absolem avait une motivation, une plantureuse motivation qui lui donnait envie de réussir ses études pour partir la rejoindre. Continuera-t-il les études ? Ca il ne le savait pas encore, mais ce qui était sûr, c'était qu'il ne retournerait pas à Stockholm, pas maintenant en tout cas. Il voulait être égoïste et penser d'abord à lui. Il voulait pouvoir de nouveau vivre à proximité de Yasha, s'ils étaient encore ensemble dans un an et demi. Il retournerait à Londres, évitant la maison familiale, bien entendu. Soit il ferait des études d'Arts, pour perfectionner son talent, soit il finirait tatoueurs, il l'ignorait encore. L'un n'étant pas incompatible avec l'autre, il ne s'inquiétait pas trop pour son futur. Tout ce qu'il savait c'était qu'il n'était pas fait pour les études de droit.

Bien joué pour ton permis !

C'était amusant de se rendre compte qu'Absolem n'avait même pas profiter de la joie d'avoir son permis, ne pensant qu'à une chose, voir sa mère. Et vu comment cela s'était passé, il regrettait amèrement son choix. L'avantage d'avoir son permis de transplanage, c'était qu'il allait pouvoir rendre plus souvent visite à Yasha, qu'il allait pouvoir aller où il voulait, quand il le voulait ou presque. Et puis avoir son permis, c'était avoir une certaine indépendance et obtenir une certaine maturité. Il avait 17 ans, il pouvait se servir de la magie à sa guise, c'était fun non ? Pas encore réellement un adulte mais sur la bonne voie. Etait-ce une bonne nouvelle, Absolem l'ignorait encore. Asling vit bien que cette histoire de Stockholm n'était pas forcément quelque chose de positif et un peu hésitant, demanda à son meilleur ami si ça s'était bien passé. Comment lui répondre ? Absolem l'ignorait. Toujours les yeux rivés sur son dessin, Absolem garda le silence quelques instants.

"Non, pas vraiment." Commença-t-il par dire, sans rien rajouter. Non, ça ne s'était définitivement pas bien passé. Absolem allait devoir parler, on lui avait toujours dis que ça lui ferait du bien. Se confier à Cathy et Ceyan avait été bénéfique, c'était vrai et il n'avait pas moins confiance en Asling, seulement ça restait étrange. Comment aborder le sujet ? Que dire ? Il y avait trop de choses à raconter, c'était trop étrange. "J'ai revu ma mère ... J'l'avais pas vu depuis ... le Noël de notre deuxième année ... en fait, je ne l'avais pas revu depuis que je suis arrivée à Poudlard ... " Rien que dire ça c'était difficile, pourtant ce n'était que le haut de l'iceberg.

En pénétrant dans la salle des préfets ce soir je ne m’attendais pas à la trouver occupée et pourtant c’est avec joie que je constatais que j’allais avoir l’occasion de passer du temps avec Absolem. Après tout on avait beau se croiser souvent dans les couloirs, ça faisait un bout de temps qu’on avait pas eu de vraie conversation et c’est tout naturellement que nous avions abordé le sujet de ma nomination de préfet. Je lui avait clairement dit que je ne comprenais toujours pas pourquoi j’avais été nommé à ce poste et j’eus un petit rire silencieux quand Absolem me dit que même lui, après un an et demi, n’avait aucune idée de la raison de sa propre nomination. Bon bah faut croire que McGo a déjà des soucis de sélection de ses représentants de maison depuis déjà un bout de temps. En même temps ça ne m’étonne qu’à moitié, ça fait déjà plusieurs années que je suis persuadé qu’il serait temps qu’elle ait droit à sa retraite bien méritée, c’est qu’elle commence à se faire vieille, il serait regrettable qu’elle doive abandonner ses fonctions en urgence, n’est ce pas ? Enfin, de vous à moi ça ne me dérangerait pas, ce serait l’occasion ou jamais de pouvoir changer la direction et ça mes chers amis, ça ne ferait de mal à personne parce que depuis plusieurs années Poudlard a eu un peu trop tendance à devenir un camp de réfugiés à mon goût.

Par la suite Absolem m’annonça qu’il était allé à Stockholm après avoir eu son permis de transplanage et j’avais tout de suite compris qu’il me cachait quelque chose, pas complètement de son plein gré mais plutôt parce qu’il lui était douloureux d’en parler. Je ne pouvais décemment pas lui en vouloir, je sais parfaitement qu’il ne me cacherait pas quelque chose simplement parce qu’il ne me fait pas confiance. Depuis le temps et malgré les accrochages qu’il nous arrive d’avoir, je sais qu’il est probablement parmi les personnes en qui j’ai le plus confiance dans son château et s’il y a bien une chose dont je suis convaincu c’est que la réciproque est vraie. Autrement dit s’il a du mal à me parler de ce qui s’était passé à Stockholm c’est que le sujet doit être délicat. C’est pour cette raison, et simplement pour ne pas le brusquer, que j’avais demandé d’une voix un peu hésitante si ça c’était bien passé. Et je ne dis rien le temps qu’il me réponde, j’avais tout mon temps et s’il voulait m’en parler je saurais me montrer patient. Le peu d’information qu’il me dit d’abord fut que non, ça ne s’était pas vraiment bien passé. Merde .. C’est mauvais signe ça. J’aurais bien tenté de lui demander pourquoi mais je sentais que ce n’était pas la chose la plus intelligente à faire alors j’attendais, à nouveau, dans le silence le plus pesant et pourtant nécessaire, qui soit.

Je vois … C’est d’abord tout ce que je lui dis quand il m’apprit qu’il avait revu sa mère. J’imaginais assez bien ce qu’il avait pu vivre parce que même si la situation était très différente, j’avais moi-même coupé les ponts avec l’un de mes parents, la différence étant que je l’avais fait de mon plein gré, n’ayant aucun désir de revoir mon père. Ecoute Bso’, t’es pas obligé de m’en parler, je ne veux pas te pousser à aborder le sujet si c’est trop douloureux. Mais si tu veux qu’on en parles sache que j’ai tout mon temps.

Je n’avais pas l’habitude de me montrer aussi compréhensif mais à l’heure actuelle, les choses étaient très différentes. On ne parle pas de n’importe qui là, et généralement mes échanges avec Absolem sont tellement faciles que je voyais que nous avancions sur un terrain très sérieux et même si je n’avais pas l’habitude d’être la meilleure personne pour donner des conseils, si quelque chose rongeait Absolem de l’intérieur j’étais déterminé à faire ce qu’il faudrait pour pouvoir l’aider. La seule personne que j’avais été dans le passé en l’écoutant me raconter ce qui l’inquiétait était Wilh mais en général la discussion débouchait sur quelque chose de positif alors pourquoi la situation avec mon meilleur ami serait-elle différente ? Je le laisserais aller à son rythme si c’est ce dont il a besoin et tout devrait aller bien, pas vrai ?

Je vois …

Absolem n'aimait pas plomber l'ambiance de cette façon, il se sentait encore plus mal. Cela faisait un moment qu'il n'avait pas eu l'occasion de voir son meilleur ami en tête à tête, pour discuter de tout et de rien et voilà que son humeur plombe l'ambiance. Bon en même temps, il faut bien avouer qu'il ne s'attendait pas particulièrement à rencontrer Asling ce soir, ni même personne et que ces derniers temps, c'était assez difficile pour lui de faire front à tous ses problèmes. Heureusement qu'avec Yasha tout allait bien parce que si en plus des histoires de filles venaient en rajouter une couche, Absolem arrêterait totalement de se socialiser, il ne fallait pas déconner non plus. Mais Yasha était un pilier fort dans sa vie à l'heure actuelle et même si leur relation se terminait mal, Absolem espérait qu'il aurait suffisamment de recule pour garder Yasha comme une amie ... même s'il se connaissait parfaitement bien et qu'il savait qu'il serait tellement vexé et blessé que ça ne fonctionne pas entre eux qu'il refuserait de la revoir ... durant quelques temps du moins. Mais ça lui passerait, tout lui passait quand il s'agissait d'amitié. Il en voulait aux gens, mais ceux avec qui il a été très proche reste finalement auprès de lui malgré tout, même s'il lui fallait du temps pour digérer. Avec l'absence de Sunny de Poudlard, Absolem ressentait un vide et Yasha le comblait sans même s'en rendre compte. Absolem trouvait ça naze que sa meilleure amie décide de quitter Poudlard pour rejoindre une école prestigieuse mais moldue qui lui offrirait des bases solides pour assumer ses fonctions de princesse. Ce n'était pas elle, Absolem le savait et c'était décevant de voir qu'elle ne s'était pas plus battue pour rester avec eux, avec lui. Aujourd'hui ils ne se voyaient quasiment plus, de temps à autres ils s'envoyaient des lettres mais ce n'était plus pareil. Absolem pourrait trouver une autre meilleure amie, il avait d'autres amies filles qui étaient encore à Poudlard, mais ça ne l'intéressait pas. Il ne souhaitait pas la remplacer, elle était spéciale et personne ne pourrait jamais prendre sa place, pas de cette façon là tout du moins, même si Yasha prenait de plus en plus de place dans sa vie.

Ecoute Bso’, t’es pas obligé de m’en parler, je ne veux pas te pousser à aborder le sujet si c’est trop douloureux. Mais si tu veux qu’on en parles sache que j’ai tout mon temps.

Si Absolem s'écoutait, il n'aurait même pas abordé le sujet. Il n'aime pas parler de sa vie, plus encore quand il s'agit de sa mère, mais la situation était particulière et le poids du remord devenait extrêmement lourd à porter. C'était de sa faute si sa mère était comme ça et il commençait à peine à s'en rendre compte. Mais comment aurait-il pu la libérer de cet enfer avant ? Il n'avait ni argent, ni l'âge légale pour demander sa garde et vu qu'il vivait chez son paternel officiellement, il ne pouvait rien faire. Personne ne pourrait comprendre ce que vivait Absolem, tout le monde pensait qu'elle était mieux là où elle était, que ce n'était pas à Absolem d'assumer sa mère, pas à son jeune âge. Mais si c'était ce qu'il voulait lui, pourquoi avaient-ils leur mot à dire ? Bien évidemment, il est vrai qu'il n'avait jamais eu le choix au départ, il était né, sa mère s'était enfuie et ils avaient vécu à Stockholm pour vivre libre et indépendant. Ses grands parents venaient chaque année, une ou deux fois, pour vérifier que tout allait bien. Au début ils venaient souvent, mais avec le temps, leur visite se faisait de plus en plus rare. Leur fille et leur petit fils allaient bien, leur voisine qui était infirmière s'occupait d'eux et visiblement ils n'avaient besoin de rien. Absolem était persuadé que c'était ses grands parents qui avaient donné l'adresse de leur fille à son paternel, juste au cas où ... Ils ne l'avoueraient jamais mais Absolem en était presque sûr. C'était ce qu'ils avaient toujours voulu, que leur petit fils est un bel avenir devant lui, au sein d'une famille équilibré et que leur fille soit entre de bonnes mains ... Mais était-ce que voulaient les deux Moriarty ? Non certainement pas ...

"Elle est malheureuse là où elle est ..." commença-t-il par dire, le regard toujours posé sur son dessin. Asling avait raison, il n'était pas obligé d'en parler mais en même temps il ne pouvait plus garder tout cela pour lui. Yasha avait raison, ses amis étaient là pour lui, pour le soutenir. Il ne pouvait plus continuer à être si silencieux. Même si les gens ne pouvaient pas comprendre, ils pouvaient au moins écouter, surtout des gens comme Asling ou Ceyan, qui étaient ses deux meilleurs amis. "J't'ai jamais parlé d'elle n'est-ce pas ?" Absolem connaissait déjà la réponse et c'était non, bien évidemment. Tout ce que savait Asling c'était qu'il était Suédois, qu'il avait vécu à Stockholm, qu'il avait intégré l'école de magie là bas et qu'après avoir vécu 13 ans avec sa mère, son père, ce bâtard qu'il n'a jamais connu, s'est pointé un beau jour pour demander sa garde. Aristo et avec une bonne situation, les juges ont rapidement tranché en sa faveur, sans préciser que c'était parce que légalement, sa mère n'avait pas le droit d'avoir sa garde et que ça aurait dû être ses grands parents qui auraient dû s'occuper de lui. "J't'ai dis un jour que mon enfoiré de père s'était pointé un beau jour pour réclamer ma garde, parce que môsieur voulait un héritier mal et qu'il n'avait eu que des filles jusqu'à présent. Ce que je ne t'ai pas dis c'est que ma mère souffre d'une déficience mentale qui la rend inapte à s'occuper d'un enfant aux yeux de la loi. Elle s'est enfuie de l'Angleterre pour pouvoir m'élever seule, refusant de vivre enfermée et de voir mes grands parents s'occuper de moi ... C'pour ça que je suis né à Stockholm... Et que j'ai un prénom étrange, pas parce qu'elle était sous LCD comme j'ai pu le dire en plaisantant mais parce qu'Alice au pays des merveilles était son livre préféré et que la chenille représentait le savoir, la connaissance et qu'elle avait certainement espoir que je sois normal avec ce genre de prénom ... " Il n'y avait qu'elle pour croire qu'un prénom dans ce genre pouvait le protéger d'une maladie mentale. Mais c'était mignon et c'était pour ça qu'Absolem aimait son prénom, en plus du fait qu'il était rare, il avait une signification particulière, une véritable histoire derrière. Durant ce petit récit, encore bien loin d'être terminé, Absolem avait relevé le regard, affrontant celui de son meilleur ami, autant pour assumer ses propos que pour trouver du réconfort et l'aide dont il avait besoin pour continuer.

Je devinais sans aucune difficulté que la discussion était sur le point de devenir des plus sérieuses. En même temps dans une amitié comme la nôtre il fallait bien passer par là de temps à autres, non ? Il est vrai que la plupart du temps on déconne, on passe du bon temps, il arrive que l’on s’engueule jusqu’à en venir aux mains parce que nous avons tous les deux un fort caractère mais cela n’empêche qu’Absolem est mon meilleur ami et si un jour il a besoin de parler à quelqu’un alors je l’écouterais, sans hésiter, en allant jusqu’à même l’aider à aller mieux si c’est quelque chose que je suis en mesure de faire. D’un autre côté, le seul problème actuellement était que je ne savais absolument pas dans quelle direction cette discussion allait, je savais à quel point ça l’affectait, c’était déjà quelque chose sur quoi je n’avais aucun doute. De là à dire que je savais quoi dire et à quel moment c’était autre chose. J’essayais d’avancer doucement, pour ne pas le brusquer, mais j’avais l’impression –peut être fausse me direz vous- qu’il avait besoin d’extérioriser tout ça. Selon moi on ne peut pas garder enfoui quelque chose qui nous fait trop souffrir. Il faut que ça sorte à un moment ou un autre. Et c’est pour cette raison que j’encourageais Absolem à me parler de sa mère, même si c’est un sujet de conversation à l’air très complexe.

Et je commençais seulement à comprendre à quel point c’était complexe lorsqu’il me dit qu’elle était malheureuse là où elle était. Mmh, okay … C’est où exactement « là-bas » ? Effectivement il ne m’avait jamais parlé d’elle et pour moi c’était parce que dans le passé il ne souhaitait tout bonnement pas en parler, soit parce que c’était trop douloureux, soit parce que c’était une période de sa vie qu’il souhaitait oublier, en tout cas je n’avais jamais véritablement creusé et je ne pense pas que j’aurais de toute façon obtenu des réponses si je l’avais fait. C’est donc pour cette raison que tant qu’il n’avait pas abordé le sujet je ne lui avais pas posé de questions sur l’histoire de sa famille du côté de sa mère. Peut être est-il maintenant prêt à aborder ce sujet ? Toujours est-il que lorsqu’il me demanda s’il m’avait déjà parlé d’elle je laissais échapper un « Non, pas vraiment … » qui était on ne peut plus hésitant mais en même temps de vous à moi je n’avais pas l’habitude d’avoir ce genre de conversations, très sérieuses, à l’air douloureux … Ces histoires tout le monde s’en passe, vous pouvez me croire. Et pourtant il arrive que la vie soit plus compliquée que ce qu’on aurait voulu. Parfois tout ne se passe pas comme on l’aurait espéré, ou alors quelqu’un que l’on pensait connaître a de sombres secrets parce qu’il lui est plus facile de garder ces choses pour lui. Absolem fait un peu partie de ce dernier cas de figure et c’est pour ça que lorsqu’il a commencé à tout me raconter j’ai gardé le silence.

J’ai gardé le silence quand il a mentionné le jour où son père a réclamé sa garde. J’ai gardé le silence quand il m’a annoncé que sa mère avait une déficience mentale. Putain j’ai même gardé le silence quand il m’a dit ce qu’elle a dû faire pour pouvoir s’occuper de lui lorsqu’il était enfant ! Est-ce que c’est à ce moment-là que j’étais supposé lui dire qu’il n’était pas obligé de me dire tout ça si c’était trop douloureux ? Je ne crois pas que j’en aurais été capable … Je m’étais donc contenté d’écouter, ayant l’impression de m’aventurer quelque part où je n’avais pas ma place. Oui ce sujet de conversation pouvait sembler un peu gênant étant donné les circonstances mais en même temps on parle de mon meilleur ami là, je le considère comme mon frère, un frère que je n’ai jamais eu en quelque sorte. Autrement dit il pourrait me dire quoi que ce soit sur sa famille je continuerais d’être pote avec lui. Et donc vous pouvez en conclure que malgré le fait qu’au départ je ne savais pas véritablement comment réagir, au moment où je croisais son regard, que je remarquais à quel point il était affecté par cette affaire –ce qui n’est pas étonnant effectivement- je savais que je n’avais rien d’autre à faire que de trouver les bons mots pour tenter tant bien que mal de l’aider, à continuer, à parler, parce qu’il fallait qu’il vienne au bout de tout ça, il se sentirait mieux sans avoir tout ça sur le cœur.

Putain … Je comprends pourquoi c’est la merde … En même temps si tu veux mon avis la loi ne peut pas juger les aptitudes de ta mère, ce sont des critères objectifs sur un sujet totalement subjectifs. Alors forcément ton père en a profité, c’était facile pour lui … Et au final il a eu ce qu’il voulait ? Putain ‘Bso je comprends maintenant pourquoi tu lui en voulais autant toutes ces années … Je n’avais jamais eu aucun mal à lui expliquer pourquoi je ne voyais jamais mon père parce que le fait est que de mon côté la situation était bien plus simple. C’est un connard, purement et simplement, mais c’est quelque chose dont je préfère éviter de me souvenir. Dans le passé je n’avais jamais vraiment voulu lui demander quel était le problème de son côté mais maintenant je comprends … Mais le choix de ton prénom est adorable si tu veux mon avis. J’eus un petit sourire compatissant avant de continuer : Il semblerait qu’arrivé un moment dans sa vie, chaque enfant doit prendre soin de sa mère, pour certains ce moment arrive plus tôt que prévu, pour d’autres, beaucoup plus rares néanmoins, ce moment n’arrive jamais. Qu’est ce qui s’est passé quand tu es allé la voir ?

Après ce qu’il venait de me dire j’imaginais sans trop de difficultés que ça ne s’était pas passé comme il l’aurait prévu mais cela n’était que le début du problème. Or il était évident qu’il y avait bien plus que ça. Alors de quoi pouvait-il bien s’agir ? Est-ce qu’il n’arriverait pas un moment où il pourrait prendre soin de sa mère lui-même, afin d’au moins pouvoir être à ses côtés ? Ca leur permettrait d’être ensembles, enfin en quelque sorte …

Putain … Je comprends pourquoi c’est la merde … En même temps si tu veux mon avis la loi ne peut pas juger les aptitudes de ta mère, ce sont des critères objectifs sur un sujet totalement subjectifs. Alors forcément ton père en a profité, c’était facile pour lui … Et au final il a eu ce qu’il voulait ? Putain ‘Bso je comprends maintenant pourquoi tu lui en voulais autant toutes ces années …

Asling n'avait pas tort, le père d'Absolem avait profité d'une faille dans le système pour s'y engouffrer dedans, il n'était pas avocat pour rien, il connaissait toutes les ficelles de son métier et il savait que ce serait une partie gagnée d'avance de récupérer son fils, malgré toutes ces années d'absence et de silence. Il lui suffirait de prétendre ne pas être au courant de son existence alors que c'était faux, il s'était barré parce qu'il avait justement appris l'arrivée imminente d'un enfant qui était de lui. Son petit jeu prenait fin avec cette nouvelle. Il refusait l'idée de s'occuper de deux enfants quasi en même temps, puisque Lisbeth et Absolem étaient nés la même année. Cette maitresse avait fait son temps, il pouvait s'en aller sans regret. L'idée même d'avoir "offert" son patrimoine génétique à la descendance de cette simple d'esprit le dégoûtait totalement, Absolem n'avait aucun doute sur ça, mais au final cela l'avait arrangé quand il avait appris par les grands parents d'Absolem que c'était un garçon bien portant, normal, sans déficience quelconque et ayant même un potentiel magique indéniable. Eux ignorait que cela venait de Mycroft, ils avaient été étonné face à la question de cet quasi étranger qui était pourtant le père de leur petit fils. Avait-il un don ? Des pouvoirs ? Un mâle, sorcier de surcroit et tout à fait sain d'esprit, une bénédiction à ses yeux, un signe du destin. Malheureusement pour lui, Absolem n'est pas un esprit facilement influençable. Rebelle, indiscipliné, perdu, possédant beaucoup de rage en lui, il ne serait pas facile d'obtenir de lui qu'il suive les traces de son paternel. Prendre le nom d'Henderson, reniant du même fait celui de sa mère n'était déjà pas du domaine du possible. Il était né Moriarty et il crèverait avec ce nom, son nom, son héritage. Héritage qu'il léguera à ses enfants s'il en a un jour et dont il s'occupera, sans les renier ni les abandonner à la naissance juste parce que cela fait mauvais genre. Il ne réitérera pas les erreurs de cet homme qui se prétend être son père. Il ne deviendra jamais avocat, il ne reprendra jamais le cabinet de son père, il ne prendra pas son nom, il restera égale à lui même, un artiste, un bohème, un homme libre.

"Il a un enfant mâle à sa disposition, qui pourra s'il se décide enfin à prendre son nom à le faire perdurer dans le temps, qui fera des études de droit pour reprendre son cabinet d'avocat ... En somme il attend de moi que je devienne un putain d'aristo mais ce n'est pas demain la veille que je ferais ce qu'il veut. Il a peut-être gagné une bataille contre ma mère, mais il est loin d'avoir gagné la guerre, parce que cette partie ce joue contre moi et que je n'ai aucune envie de lui laisser l'avantage. Jamais de la vie je ne m'appellerais Absolem Henderson ..."

Absolem était en colère, non contre Asling, bien entendu, mais contre cet être qui se prétendait être son père mais qui ignorait ce que cela voulait dire. Ses enfants ne servaient que de faire-valoir pour son image, rien de plus. Les filles devaient être jolies, polies, courtoises et bien dressées, souriant quand il le fallait, répondant poliment aux questions et en attendant d'être marié à un aristo pour le bien de leur famille. Pas de mariage d'amour, pas de belle romance, que des mariages d'intérêts. Ils n'étaient peut-être pas une famille de sang-pur mais l'idée principale restait la même, la préservation de leur rang. S'il écoutait son père, Yasha ne conviendrait absolument pas à son rang, il devait épouser une pauvre fille riche qu'il détesterait mais qui conviendrait parfaitement bien au mal alpha de la famille Henderson. Mais autant Mycroft peut manipuler sa fille ainée pour qu'elle serve ses plans sans sourciller, autant il aurait beaucoup plus de mal pour Absolem et Catherine. Le jeune homme ne laissera jamais son paternel jouer avec l'avenir de sa petite soeur, préférant s'enfuir avec elle plutôt que de le laisser l'offrir en pâture aux loups. Quant à son propre avenir, Absolem ignorait ce qui l'attendait, mais que ce soit aux côtés de Yasha ou d'une autre, ce serait à lui de décider et à personne d'autre.

Mais le choix de ton prénom est adorable si tu veux mon avis. Il semblerait qu’arrivé un moment dans sa vie, chaque enfant doit prendre soin de sa mère, pour certains ce moment arrive plus tôt que prévu, pour d’autres, beaucoup plus rares néanmoins, ce moment n’arrive jamais. Qu’est ce qui s’est passé quand tu es allé la voir ?

Absolem ne put s'empêcher d'esquisser un pâle sourire face à la remarque de son meilleur ami. Oui son prénom était adorable, que ce soit en connaissant cette histoire ou sans. Il était original et cela lui allait comme un gant. Qui l'imaginait porter le prénom d'Henry ou d'Harry, de William ou de Théodore ? Même son second prénom restait original, il n'y avait aucun Marius à Poudlard et il était rare d'en rencontrer aujourd'hui. C'était un vieux prénom, presque oublié de tous. Absolem baissa les yeux quand Asling expliqua qu'il arrivait un moment où les enfants devaient s'occuper de leur mère ou de leurs parents en général même quand on vivait dans une famille normale. Absolem avait toujours veillé sur sa mère et elle avait fait de même. Elle n'était pas une maman ordinaire, mais c'était la sienne et c'était tout ce qui comptait. La question qui lui posa le plus de problème fut quand il demanda ce qu'il s'était passé quand il lui a rendu visite. Tellement de choses qu'Absolem ne savait pas trop par où commencer. Il se racla la gorge et chercha ses mots.

"Au début elle ne m'a pas reconnu." commença-t-il par dire, toujours autant blessé par cette histoire. Ne pas être reconnu par sa propre mère, après tant d'années d'absence, alors qu'il lui écrit régulièrement et qu'il s'attelle depuis des années à lui dessiner les moindre recoins de Poudlard. "Son traitement ... c'est à cause de ça qu'elle ne me reconnaissait pas. Shootée à mort, elle n'aurait même pas reconnu son propre reflet j'en suis sûre." Encore un arrêt, toujours à la recherche de ses mots. Comment expliquer cette histoire, en avait-il seulement envie ? Oui, certainement, sinon il n'aurait jamais commencé. Asling avait le droit de savoir, c'était son ami, il ne le jugerait pas ... il en avait plutôt intérêt, sinon le courroux d'Absolem serait terrible. Il lui fait confiance, ils sont rares ceux qui ont ce privilège, alors être trahie par son meilleur ami, ce serait la fin de tout ... "J'étais hors de moi, je ne comprenais pas. Ils ont essayé de me faire comprendre que c'était préférable pour tout le monde, qu'elle devenait incontrôlable, qu'elle blessait les gens et qu'elle finissait par se blesser elle même. Je sais au fond de moi qu'ils avaient raison, mais était-ce la seule solution ? J'en doute. Bref, j'ai ... j'ai demandé à ce qu'on stop son traitement, qu'on trouve une autre alternative, que je refusais l'idée que ma mère passe sa vie à l'état de légume. Je les ai menacé de porter plainte, que j'étais majeur et que légalement elle était à ma charge maintenant ... j'ai menti mais j'm'en tape, je voulais qu'ils arrêtent de la droguer. " Une victoire, une bien mince victoire par rapport au reste de l'histoire. "J'ai bataillé, j'ai tapé des scandales et j'ai obtenu gain de cause. Au début ça allait, il fallut un temps pour que son organisme efface les effets des médocs mais après un temps ... relativement cours, ce fut la débandade. Elle s'est mise à hurler, elle était en manque, elle délirait totalement, elle m'a ...reproché de l'avoir abandonné, d'avoir laissé faire ça ..." Ce fut certainement pour Absolem le pire moment de toute sa vie. Entendre sa mère lui reprocher quelque chose dont il n'est pas coupable, lui l'enfant qui n'avait aucune possibilité de l'aider. Mais malgré le fait qu'il savait tout cela, Absolem se sentait coupable, elle avait appuyé exactement là où ça fait mal.