PV - ABSOLEM M. MORIARTY
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Cette journée avait semblé interminable à Octavia qui sortait nonchalamment des toilettes des filles, les cheveux en bataille et le visage fatigué. Même si elle était naturellement belle, il faut dire qu'il y avait des journées où elle n'était pas à son avantage, et celle-ci en faisait partie.

Son sac à bandouillère à l'épaule, elle entreprit son trajet, qui lui paraissait terriblement long et pénible après cette semaine infernale. Elle avait eu la tête dans les nuages, avait du mal à se concentrer en cours et elle se sentait coupable pour une raison qui lui échappait. Parfois même, elle se surprenait à se sentir triste et seule. Ce n'est pas non plus comme si elle s'éfforçait de ne plus l'être, mais elle trouvait dans la solitude une douleur qui lui faisait du bien. Peut-être aimait-elle mieux se torturer elle-même que de l'être par quelqu'un d'autre.

Elle ruminait toujours la lettre qu'elle avait reçu plus tôt. Ce n'était vraiment pas évident de continuer à en vouloir à sa mère quand elle se montrait tellement encourageante et compréhensive... Bien qu'elle lui portait beaucoup d'affection, la jeune fille s'obligeait à garder ses distances vis-à-vis de sa mère. Elle avait appris à ses dépens qu'il valait mieux ne pas trop s'attacher aux gens, que les relations humaines étaient bien trop fragiles et complexes, et qu'on ne pouvait faire confiance qu'à soi-même.

Bien sûr, Octavia avait quelques amis, mais elle ne leur faisait pas réellement confiance et ne se faisait jamais d'attentes. De plus, dernièrement, elle avait évité toute activité sociale. Elle préférait de loin confier ses malheurs à Salem, qui lui donnait toujours l'impression d'écouter attentivement.

On aurait pu croire que la jeune sorcière n'avait pas de raisons d'être aussi tourmentée, elle avait eu une enfance plutôt tranquille et elle excellait dans presque tous ses cours. Le seul manque dont elle avait jamais souffert était celui d'un père, qui l'avait abandonnée bien trop jeune. Bien qu'elle n'en parlait jamais aux autres, Octavia pensait souvent à cet homme, qui n'était maintenant qu'un lointain souvenir.

Perdue dans ses pensées, il fallut un bon moment à Octavia pour s'apercevoir qu'elle avait dépassé depuis longtemps l'escalier qui menait au niveau inférieur. Elle fit alors demi-tour en direction de la maison des Poufsouffle.

PV - OCTAVIA A. KEDDLE
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Installé à même le sol, dans un des couloirs du deuxième étage, Absolem dessinait. Dessiner était quelque chose qu'il faisait très souvent, c'était vrai, mais depuis son retour des vacances de Noël, il ne faisait plus que ça. Le jeune préfet n'avait plus le goût à rien, la nourriture était fade, les boissons n'avaient plus aucun goût, surtout ici vu que l'alcool était interdit et son sommeil était agité, seul le dessin le calmait un peu et lui offrait un peu de répit. Pas de contact avec ses camarades, c'était idéal pour lui en ces sombres jours. Evidemment, si Yasha le voyait en cet instant elle serait déçue, elle qui lui avait demandé de ne pas se renfermer faisait exactement le contraire. Mais comment faire autrement ? Personne ne pouvait le comprendre, personne sauf peut-être Ceyan, qui était maintenant dans la confidence. Mais ce n'était pas la faute des autres, eux avaient toujours voulu savoir pourquoi Absolem était si mystérieux sur ses origines. Mais jamais, non jamais le jeune Moriarty ne leur dirait quoi que ce soit. Son passé lui appartenait et personne n'avait à le connaitre. Oh évidemment, il n'était pas quelqu'un d'important, bien au contraire et sa vie en soit, même si elle était inhabituelle, n'était pas non plus si dramatique. Mais pour un gars de 17 ans, relativiser n'était pas dans ses options, il avait eu une vie compliquée et il ne tenait pas à ce que tout le monde le sache.

Depuis qu'il avait brisé les barrières qu'il avait dressé entre son don et lui, Absolem avait de nouveau des visions. Cela ne le mettait pas en joie, loin de là même. Il avait réussi durant un temps à contrôler son pouvoir mais depuis son retour d'Amsterdam, il n'était plus capable de le contrôler. A fleur de peau, ses émotions le rendaient vulnérable. Heureusement qu'il ne voyait pas Yasha dans les prochaines semaines, sinon ça pourrait être pire que la dernière fois. Déjà que d'avoir une vision juste parce qu'il avait posé sa main sur elle c'était frustrant, surtout en la regardant partir presque en courant paniquée. Mais alors s'il ne pouvait plus la toucher de peur d'avoir une vision à chaque fois, ça n'allait pas du tout le faire. Evitant tout contact, le jeune Absolem tentait de se protéger des autres, mais combien de temps allait-il pouvoir continuer comme ça ? Les gens allaient le prendre pour un fou ... ce qu'il était un peu au final. Allait-il devenir comme sa mère ? Il l'aimait de tout son être mais s'il y avait bien une chose qui l'effrayait c'était bien de devenir comme elle. Il l'admirait de garder la tête haute - même si en ce moment c'était loin d'être ça - mais jamais il ne pourrait le supporter. Etait-ce héréditaire ? On lui avait pourtant assuré qu'il ne risquait rien, pourtant la peur l'envahissait à chaque instant. Etait-il un monstre de penser ça ? Peut-être pas aux yeux des autres, mais aux siens oui. Entendant des pas sur sa gauche, le jeune homme ne prit même pas la peine de lever les yeux, il continua, fusain en main, de dessiner Amsterdam. Il tentait de reproduire tout ce qu'il avait vu, tous ses vieux souvenirs d'enfance, pour ne jamais oublier. Il avait du noir de partout mais il s'en moquait, il était souvent recouvert de tache de peintures, crayons, encre, fusains, c'était ça d'être un artiste non ?