Je ne pourrais pas dire que pendant tout le début des vacances je n'avais fait qu'attendre ce jour-là, à vrai dire j'avais surtout profiter de ne rien avoir à faire et d'être enfin au calme. Mais il est vrai que j'avais eu hâte d'être aujourd'hui. Pourquoi me direz-vous ? Simplement parce que ce soir j'allais enfin pouvoir revoir January et c'était également ce soir que ma mère allait la rencontrer. Je l'avais prévenu par lettre qu'elle allait peut être s sentir impressionnée par ma mère au premier abord mais c'est juste une façade qu'elle donne à tous les inconnus avant de décider si telle ou telle personne est digne de son respect. Mais d'une seconde à l'autre elle peut être chaleureuse et à ce moment-là il ne faut pas hésiter à en faire de même. En somme, ça promet d'être intéressant.

Pendant les vacances j'avais eu envie de trouver des cadeaux de Noël et c'est comme ça que j'avais trouvé quelques trucs pour Jan, ainsi que pour Chloe. D'ailleurs il allait falloir que je lui envoie, je le ferais probablement en attendant que January arrive, cette après-midi. J'espérais que mon cadeau lui plairait, non pas parce que j'avais dépenser quelques gallions, mais bien parce que j'aimerais faire bonne impression. C'est notre premier Noël ensemble et je veux qu'il soit aussi génial que possible. Pour l'occasion, j'avais pensé à chaque détail : Des draps qu'elles préféreraient aux activités que nous pourrions faire. Il était hors de question que je laisse quoi que ce soit au hasard.

20h venait de sonner. Plus que quelques petites minutes et elle arriverait. Ses cadeaux l'attendaient sous le sapin et je comptais bien lui offrir dès qu'elle arriverait, j'avais hâte de savoir si cela lui plairait. Mais j'avais bon espoir, j'étais allé chercher ses cadeaux avec ma mère et en général elle avait de bons conseils, j'avais donc bon espoir.

Je fermais la porte de ma chambre après avoir enfilé une chemise noire ainsi qu'un jean de la même couleur et je donnais leurs ordres aux elfes de maison: Tout devait être parfait pour ce soir et si l'un d'eux faisait une gaffe il serait réprimandé comme il se doit. Mieux valait donc qu'il se tienne à carreaux.

Quand j'entendais la sonnette retentir, je ne prenais pas la peine d'attendre qu'un elfe lui ouvre la porte, souhaitant l'accueillir moi-même. Radieux, je lui souris lorsque je saisis enfin son visage et je ne résistais pas à l'envie de la prendre dans mes bras :

Enfin ... Je souriais contre ses cheveux, respirant son merveilleux parfum.

Cette proposition de week-end avait été lancée sur un coup de tête par January, mais elle ne regrettait pas du tout sa proposition, elle avait envie de découvrir l’univers du jeune homme, ce qu’il aimait faire, quelles étaient ses activités quotidiennes et comment était sa mère. Ses motivations à l’origine n’étaient pas forcément des plus honorables, elle avait réalisé durant la soirée d’Halloween que Chloé avait toujours un coup d’avance sur elle parce qu’elle connaissait Asling depuis beaucoup plus longtemps et l’avait donc côtoyé dans plein d’environnements différents, incluant forcément sa maison où il avait tous ses souvenirs et dans laquelle il avait vécu toute son enfance. La jeune fille voulait donc rattraper le temps perdu et montrer à son petit ami qu’elle s’intéressait à lui plus que pour avoir un copain mignon qui l’accompagnait partout dans l’école. Ils avaient d’ailleurs dépassé ce stade depuis bien longtemps mais c’était justement ce genre de petites actions qui pourraient les aider à avancer et à devenir de plus en plus soudés. C’était évidemment ce que voulait January et elle était persuadée que ce week-end représentait bien plus que quelques heures passées à deux.

Cela étant, la jeune fille restait un peu stressée à l’idée de devoir se rendre chez Asling. Elle n’aimait pas trop l’idée de ne pas être en terrain conquis car elle savait qu’elle n’avait pas le contrôle sur tout ce qu’il se passerait et devrait subir les choix des autres sans avoir son mot à dire car elle était une fille bien élevée et pas du tout du genre à faire un scandale lorsque quelque chose lui déplaisait. Elle devrait également manger ce qu’on lui donnait, répondre à des questions venant de la génitrice de son petit ami et n’aurait probablement pas la possibilité de se montrer fourbe ou hypocrite car c’était beaucoup plus important que si elle rencontrait des personnes qui n’avaient aucune place dans sa vie. Alors oui, elle était stressée et depuis le début de la matinée, elle courrait partout pour faire son sac, retrouver toutes ses affaires et essayer de ne rien oublier en cours de route. Elle s’était arrangée avec ses frères et ses parents et n’emportait que ce qui lui serait nécessaire pour le week-end. Ses affaires pour Poudlard étaient empaquetées dans un coin, prêtes à la rejoindre dans le train qui la ramènerait à l’école mais elle ne les prendrait pas pour éviter de s’encombrer. La roulotte familiale la déposerait devant chez Asling mais elle avait réussi à négocier pour que tous repartent devant ces mêmes grilles et ne viennent pas saluer le jeune homme.

January n’avait pas honte de sa famille, elle n’était simplement pas prête pour ça, elle avait toujours fait en sorte de vivre et d’évoluer dans un environnement luxueux et même si elle avait avoué au Serpentard depuis longtemps qu’elle habitait dans un cirque et non pas dans un château, elle ne voulait pas qu’il constate par ses propres yeux que ses parents peinaient constamment à joindre les deux bouts, en tout cas pas encore, ce serait probablement la prochaine étape de leur relation, mais January ne souhaitait pas mettre la charrue avant les bœufs, ils avaient encore beaucoup de temps devant eux et elle ne voulait pas s’emballer. Sa famille semblait l’avoir compris et même ses frères ne l’avaient pas charriée. Ils s’étaient sûrement rendus compte qu’elle était un peu tendue à l’idée de l’étape qu’elle s’apprêtait à franchir mais également que cette relation avait bien plus d’importance que celles qu’elle avait pu avoir auparavant. Savoir que ses parents et ses frangins la soutenaient la rassurait donc un minimum, elle aurait détesté avoir à choisir en sachant pertinemment que le choix familial aurait été quasiment obligé, elle ne se voyait absolument pas vivre sans Noel et Snow, c’était absolument impossible.

Mais elle n’avait plus le temps de réfléchir à présent, la roulotte venait de freiner devant les grilles de l’immense maison, si on pouvait appeler ça comme ça… Dans l’esprit de January, ça s’apparentait plus à une villa ou à un château et elle devait bien reconnaitre qu’elle était franchement impressionnée. Rejetant un bout de son écharpe qui avait glissé, la jeune fille attrapa fermement son sac et entreprit de traverser l’allée tout à fait proportionnelle à la taille de la bâtisse. Son cœur battait la chamade et elle s’interdit de regarder en arrière, de peur d’avoir envie de faire demi-tour immédiatement. Arrivée devant la porte d’entrée qui faisait presque trois fois sa taille, la jeune fille tendit une main légèrement tremblante pour appuyer sur ce qui semblait être une sonnette et attendit durant quelques minutes qui lui parurent tout bonnement interminables. Enfin, la silhouette d’Asling se profila au travers de la porte entrebâillée et en moins de temps qu’il ne fallut pour le dire, elle se retrouva dans ses bras, retrouvant son odeur habituelle et rassurante.

« Enfin ... »

Ce n’était qu’un petit mot mais il voulait tout dire, se retrouver ici était totalement impressionnant mais en cinq secondes, rien qu’en ayant retrouvé les bras du jeune homme, January avait senti toute la pression qu’elle avait pu s’imposer se relâcher d’un coup et elle se sentait à présent presque détendue. Peu importait ce qu’il pouvait se passer, que sa mère ne l’aime pas ou qu’elle ait l’impression de faire tache dans le décor. Asling semblait tout aussi heureux qu’elle de la voir ce qui était également rassurant, mais la Poufsouffle restait relativement impressionnée par la taille de sa maison et ne savait pas trop comment elle allait devoir se comporter avec sa mère. Elle savait que le Serpentard venait d’une famille aisée et justement, ça faisait partie des raisons pour lesquelles elle avait tenté de le draguer au début. Certes, c’était sûrement un peu matérialiste de sa part mais vu la façon dont leur relation avait évolué par la suite, January ne regrettait pas de s’être comportée comme une fille superficielle, elle n’aurait peut-être jamais regardé le Serpentard s’il n’avait pas été riche et beau et elle était sûre que le contraire était aussi vrai, c’était d’abord son physique qui avait poussé le vert et argent à lui accorder autant d’importance.

« Tu m’as manqué. » Dit-elle sans reculer d’un seul millimètre. « Ça a l’air immense chez toi. Je suis très heureuse de découvrir enfin ton univers. »

Elle était sûre qu’elle allait en apprendre encore davantage sur son petit-ami durant ces deux jours et elle avait hâte de voir ce qu’il n’avait pas encore eu l’occasion de lui dire. Elle ne prétendait absolument pas qu’Asling pouvait lui cacher quelque chose, elle avait d’ailleurs la certitude que ce n’était pas le cas, mais certains détails devaient lui être encore inconnus et c’était ces petits détails qu’elle voulait chercher à découvrir désormais afin de pouvoir dire à qui voulait bien l’entendre qu’elle connaissait le jeune homme mieux que personne et éviter qu’il puisse éprouver l’envie de la quitter pour une autre. Cette pensée l’obnubilait.

J'avais eu l'impression d'attendre une éternité avant de pouvoir revoir January, et même si c'était loin d'être le cas, la retrouver ici et maintenant était tout bonnement le meilleur cadeau de Noël au monde. Je n'aurais pas pu rêver mieux pour les vacances. Elle rendait ce moment parfait et même si je manquais une occasion de passer des moments avec Chloe, je dois bien avouer que sur ce coup-là je ne le regrettais pas du tout. C'était la première fois que j'allais présenter une fille à ma mère, en tout cas en tant que ma petite amie. Bien sûr elle connaissait Chloe depuis aussi que moi et elle adorait me rappeler le fait que nous aurions fait un couple parfait mais elle savait également que nous n'étions que de très bons amis et que je la considérais plutôt comme ma petite sœur. Avec January les choses étaient totalement différentes et j'étais presque certain qu'elle se doutait qu'elle comptait véritablement pour moi.

Pour l'heure, elle n'était pas ici et je crois que ça valait mieux. De cette façon je pouvais prendre le temps de faire faire le tour de la maison à Jan et de lui offrir ses cadeaux avant qu'elle ne rencontre ma mère. Selon moi c'était pour nous deux une étape très importante et si jamais Jan lui plaisait, cela serait vraiment qu'elle était exceptionnelle. Ô bien sûr je m'en doutais déjà mais si même quelqu'un comme ma mère était de cet avis ça changerait des choses. Beaucoup de choses.

Je souris contre ses cheveux lorsqu'elle me dit que je lui avais manqué et que le manoir avait l'air immense. Me séparant d'elle pour mieux la regarder, je lui dis :

Tu ne peux pas savoir à quel point Tu m'as manqué. Je suis ravi que tu puisse être ici. Je te fais visiter ? Et ensuite j'ai un petit cadeau pour toi.

J'avais hâte de lui faire faire le tour du propriétaire. Par le passé elle m'avait confié aimer la vie de château et je dois dire que même si nous ne vivions pas littéralement dans un château, c'en était en tout cas assez près et selon moi il se pourrait que ça lui plaise. J'avais fait attention à deux choses : Qu'elle ait la meilleure chambre d'ami parmi les trois que possédait notre manoir, et qu'elle soit aussi proche que possible de la mienne. Je n'aimais pas l'idée de dormir dans des chambres séparées mais j'étais pratiquement certain qu'elle préférerait que l'on fasse comme ça. Après tout, c'était la première fois qu'elle venait ici alors il ne fallait pas que je la brusque. Pour que tout se passe bien, nous devions faire les choses à son rythme et c'était bien ce que je comptais faire.

« Tu ne peux pas savoir à quel point tu m'as manqué. Je suis ravi que tu puisses être ici. Je te fais visiter ? Et ensuite j'ai un petit cadeau pour toi. »

Stop, stop, elle avait dû mal comprendre. Comment ça il avait un cadeau pour elle ? Maintenant ? Mais elle venait à peine d’arriver ? Elle était presque perdue par cette avalanche d’informations alors qu’il n’avait prononcé que quelques mots finalement. C’était sûrement parce qu’elle venait à peine d’arriver dans un endroit totalement inconnu et qu’il ne lui arrivait que très rarement de s’éloigner de chez elle ou de l’école et encore moins souvent d’être éloignée de ses frangins. C’était un peu paradoxal en un sens, elle vivait avec un cirque et il ne s’arrêtait que très rarement deux fois au même endroit, parcourant constamment le Royaume-Uni à la recherche d’un nouveau public ou rencontrant quelques fidèles qui parcouraient parfois des dizaines de kilomètres pour revenir les voir. Il lui était déjà arrivé plusieurs fois à la fin d’un spectacle de se retrouver face à un couple ou n’importe quel spectateur qui s’étonnait de voir à quel point elle avait grandi et quels progrès phénoménaux elle avait pu faire en quelques années. January remerciait toujours poliment et s’étonnait que les gens puissent se souvenir d’elle aussi facilement mais évidemment, ça ne pouvait que lui faire plaisir, c’était comme si elle était un peu célèbre dans sa discipline alors qu’en vérité, leur cirque n’était pas immense et peinait parfois à finir le mois avec une quantité de nourriture suffisante pour tout le monde. Cette vie n’était pas faite pour elle mais elle aimait cette petite communauté simple et agréable à vivre. Ils étaient sa famille. Alors évidemment, il était un peu déstabilisant pour elle de changer d’univers du tout au tout comme c’était le cas à présent, elle faisait son possible pour faire bonne figure mais elle n’en menait pas large. Toutefois, elle finit tout de même par s’éloigner légèrement de son petit ami, rompant leur éteindre pour pouvoir lui parler.

« Je suis ravie d’être là, moi aussi. » Répondit-elle avec un léger sourire, sans rien laisser paraitre de ses impressions. « Tu veux que je pose mon sac quelque part ? Il n’est pas très lourd mais la visite risque d’être longue et je préférerais ne pas l’emmener partout avec. »

Elle avait peut-être un peu trop l’esprit pratique, mais peu importait, elle avait toujours peiné à avoir les vêtements qu’elle voulait, les parures qui allaient avec et à réussir à s’habiller convenablement, en sachant qu’elle allait rencontrer la mère d’Asling, elle avait choisi parmi ses vêtements et bijoux ce qu’elle avait de plus joli de et plus précieux, raison pour laquelle elle tenait à faire très attention au sac qu’elle transportait et surtout à ce qu’il contenait. Avant de venir, elle avait passé des heures devant son miroir à essayer différentes tenues, elle voulait plus que tout réussir à entrer dans le moule et à se fondre dans le décor pour ne pas être la petite paysanne qui vivait comme une bohémienne dans le fond de sa roulotte. Sa hantise était de se rendre compte qu’elle venait d’un milieu trop modeste pour pouvoir donner l’illusion alors qu’elle avait pourtant tout lu et tout appris sur cet univers particulier afin de savoir et de maitriser chacun des codes mis en place. Bien sûr, elle n’avait pas parlé de quoi que ce soit de tout ça à Asling, ne souhaitant pas qu’il se rende compte qu’elle pouvait être stressée à ce sujet, c’était son combat après tout, ce pourquoi elle voulait se battre tant qu’elle en avait encore la possibilité. Changer de condition sociale et pouvoir s’élever dans les hautes sphères de la société était son but ultime et même si ce n’était absolument pas pour ça qu’elle sortait avec le Serpentard, ou en tout cas, plus maintenant, ce week-end représentait également un test qui lui permettrait de se rendre compte des progrès qu’il lui restait encore à faire. Fort heureusement, Asling lui-même n’avait pas remarqué qu’elle était issue d’une famille peu aisée avant qu’elle ne lui avoue, signe qu’elle était quand même plutôt douée dans son rôle d’adolescente bien trop riche.

« Mais je serais ravie de visiter, par contre je compte sur toi pour ne pas me lâcher une seule seconde pendant toute la durée du week-end, je suis quasiment sûre de me perdre sinon… » Lui dit-elle avec un large sourire, trouvant son excuse pour qu’il reste constamment à ses côtés plutôt bien trouvée. « Il parait que les filles n’ont aucun sens de l’orientation et je ne déroge pas à la règle. »

Malheureusement, c’était la stricte vérité et même si ce défaut allait lui servir pour ne pas se détacher d’Asling ne serait-ce qu’une demie-minute, elle savait qu’il allait lui être particulièrement compliqué de réussir à se repérer dans l’immense manoir qui servait de demeure familiale à Asling. Il lui avait parlé de son chez-lui auparavant, mais jamais elle n’aurait pu imaginer que ça pouvait être aussi grand, au contraire ! Bien sûr, elle avait directement su qu’il y avait peu de chance pour qu’ils vivent dans une cabane à outils au fond d’un immense champ, mais entre un une pièce de moins de vingt mètres carrés et cette immense demeure qui devait bien faire cent ou deux cent fois la taille de sa minuscule roulotte, si ce n’était pas plus – January n’avait jamais été très douée pour les maths – il y avait tout de même une marge importante. Si elle pouvait vivre dans un endroit comme celui-ci plus tard, elle n’en se priverait pas, c’était tout simplement magique. Elle ne pouvait imaginer ce que devait ressentir la propriétaire des lieux lorsque ses accès de conscience lui rappelaient que tout cela lui appartenait bel et bien. Une chose était sûre, elle aurait aimé connaitre ce genre de sensation. Mais elle n’en était pas là et au lieu de rêver toute éveillée, elle préféra déposer un énième baiser sur les lèvres de son petit-ami avant de pénétrer pour de bon à l’intérieur du manoir.

« J’ai le droit d’essayer de deviner quel est mon cadeau ? » Demanda-t-elle avec une petite voix innocente tout à fait appropriée à la situation. « T’étais pas obligé de m’acheter quelque chose, tu le sais, hein ? »

Mais ça lui faisait super plaisir, January aimait être traitée comme une princesse et Asling était mieux placé que quiconque pour le savoir. Son surnom n’était pas non plus sorti de nulle part et d’après elle, il avait été très bien choisi.

J'étais ravi de la situation, rien ne pourrait la rendre plus parfaite. Vraiment. Nous étions à présent en dehors de l'école et nous allions pouvoir être tranquilles pendant deux jours, ce qui, avec un peu de chance, serait génial. Mais je ne voyais pas comment la situation pourrait dégénérer. J'étais près à tout pour satisfaire le moindre de ses désirs et je voulais qu'elle se sente ici chez elle. Même si ce ne serait jamais tout à fait le cas (après tout je savais bien qu'elle venait d'un tout autre horizon) mais pendant ces quelques temps où elle serait ici je voudrais rendre la situation aussi parfaite que possible pour elle.

Viens entres, tu peux le poser là, dans le coin. Je la menais dans une petite salle constituée de peu de meubles la plupart faits de velours rouge et on se servait de cette pièce simplement pour faire nos invités lorsque nous devions les faire attendre pour une raison ou une autre alors effectivement elle serait parfaite pour l'occasion.

Un petit sourire en coin fit son apparition lorsqu'elle me dit que je ferais bien de ne pas la lâcher ne serait-ce qu'une seule seconde où elle risquerait de se perdre. Entrelaçant mes doigts aux siens, je lui dis : Ne t'inquiète pas je n'ai aucune envie de te laisser. Maintenant que tu es ici je compte bien profiter de chaque instant. Et tu verras, avec le temps tu finiras par comprendre l'organisation du manoir, il ne s'agit de rien de bien compliqué au fond. Et on ne se sert pas de la moitié des pièces en fait. Vas comprendre pourquoi on a eu l'idée d'acheter une aussi grande demeure... Je laissais échapper un petit rire montrant que même si je me posais parfois des questions sur ce détail, il est vrai qu'il faudrait être fou pour ne pas apprécier de vivre dans un endroit pareil. C'était un manoir simplement parfait et il n'était pas rare, encore pour moi, de découvrir des recoins un peu plus "secrets" qui permettaient d'être au calme lorsque l'on avait envie d'être seul. Quand elle évoqua le faible sens de l'orientation des filles, je lui dis, avec une pointe d'humour : Ah mais c'est donc pour ça que je te suis indispensable ? En fait avoue sans moi tu serais perdue !

Je lui rendais son baiser et lui souris quand elle demanda si elle avait le droit d'essayer de deviner son cadeau : Mmh ... Tu peux toujours essayer. Je suis même presque sûr que tu pourrais le trouver ... Il me semblait qu'elle m'avait déjà parlé de cette robe, qu'elle trouvait superbe. Mais sur le moment je ne lui avais pas laissé penser que je pourrais le lui offrir. Oui, je le sais. Mais ça me fait plaisir et je veux t'offrir ce que tu mérites.

Caressant le dos de sa main de mon pouce, je lui souriais tendrement et lui expliquais que la pièce dans laquelle nous nous trouvions n'avait pas de fonction propre, mise à part qu'elle était très utile lorsqu'il s'agissait de faire patienter quelqu'un. Je l'emmenais ensuite dans la salle suivante, le salon, dans lequel se trouvait notre sapin, toujours là même si Noël était officiellement terminé.
Ils sont là. Lui dis-je en désignant quatre paquets en dessous de l'arbre. Curieuse ?

La jeune fille suivit son petit ami à l’intérieur du manoir et remarqua que l’intérieur ne contrastait pas du tout avec l’extérieur, tout ici semblait luxueux du sol au plafond et étonnamment cette surabondance de richesse ne la choquait pas du tout, elle pressentait même qu’elle pourrait se trouver parfaitement à son aise dans cette immense demeure et prévoyait de passer un week-end absolument parfait. Asling n’avait pas encore commencé à lui faire visiter les lieux mais elle était certaine qu’elle serait agréablement surprise, mais évidemment, elle évitait d’en faire trop et d’avoir l’air trop enthousiaste de peur déjà de se décevoir elle-même mais de passer pour une de ces gonzesses surexcitées et trop facilement impressionnables qui peuplaient le château. Le Serpentard savait qu’elle n’était pas spécialement dans son élément et elle ne voulait pas qu’il se rende compte que tout ce qu’elle découvrait à l’heure actuelle lui était complètement inconnu jusqu’à présent, alors oui, elle était impressionnée mais elle modérait volontairement ses réactions de surprise, jouer les saintes paysannes ce n’était vraiment pas son truc et elle savait pertinemment que ce n’était pas non plus le genre de fille que recherchait Asling. Lui plaire était tout ce qu’elle désirait.

« La moitié ?! » S’écria-t-elle affolée lorsqu’il lui parla de l’agencement du manoir. « Mais… A quoi ça sert de les posséder si vous ne les utilisez pas ? Ce manoir a un potentiel dingue ! Ça doit être tellement génial de vivre ici… »

Bon, d’accord, pour ce qui était de modérer son enthousiasme, elle avait peut-être un peu échoué mais ce n’était pas si grave. Après tout, lors de la soirée d’Halloween, ils s’étaient au moins juré une chose, d’être parfaitement naturel l’un envers l’autre et de laisser toute hypocrisie et jeu d’acteur pour leurs victimes respectives. January avait tenu sa promesse de ne plus aller draguer d’autres garçons et encore moins de les embrasser pour éviter de donner une mauvaise réputation à son petit ami qui était en général très bien vu parmi les élèves de l’école mais aussi pour pouvoir donner une chance à leur couple qui n’était déjà pas très équilibré à l’origine. Maintenant, les choses allaient beaucoup mieux entre eux et January n’avait aucun doute sur la longueur de leur relation, elle se voyait même finir ses jours en compagnie du jeune homme, mais évidemment, elle s’était bien gardée de prononcer ces paroles à voix haute, de peur de le faire fuir et d’alarmer ses frangins qui devaient supposer que même si elle allait avoir seize ans dans quelques jours, il était peut-être un peu trop tôt pour envisager l’avenir sous cet angle.

« Mais j’admire ton sens de l’hospitalité, et moi qui pensais que tu allais justement faire exprès de me perdre pour m’empêcher de retourner à l’école et pouvoir me séquestrer ici. Je suis agréablement surprise. »

Evidemment, January plaisantait mais elle devait reconnaitre que l’idée de rester enfermée ici en compagnie d’Asling ne lui déplaisait pas tant que ça, bien au contraire. Elle aimait imaginer qu’ils pourraient être dans une sorte de petit cocon luxueux pendant quelques jours, coupés du monde et hors du temps. C’était sûrement la pensée la plus romantique qu’elle avait pu avoir de toute sa vie, signe qu’Asling avait tout de même un impact sur sa façon de penser et d’agir et que cet impact n’était pas forcément positif. En tout cas, il ne serait pas au goût de tout le monde, notamment de Callie qui n’aimait pas du tout voir les changements qui s’opéraient chez sa meilleure amie. Pourtant, de son côté, January avait l’impression de pouvoir enfin s’épanouir et d’avancer dans la vie, chose pas forcément évidente quand on savait d’où elle était partie. En un claquement de doigts, elle était passée de roulotte à villa, et elle n’avait même pas eu besoin de jouer les comédiennes pour cela.

« J’aurais bien dit un bijou, mais je doute que tu sois aussi prévisible. »

Une fois ses affaires déposée dans la petite pièce, enfin petite, c’était relatif, mais peut-être de taille plus réduite que celle qu’elle risquait de traverser par la suite, elle écouta Asling lui expliquer à quoi elle lui servait avant de se laisser entrainer au salon. Mais juste avant de le suivre, elle attrapa furtivement un paquet qu’elle glissa dans une de ses poches, sa taille le lui permettant tout à fait. C’est les doigts entrelacés entre ceux de son petit-ami que la jeune fille arriva dans le salon, pièce immense qui faisait déjà la taille de sa roulotte, voire deux fois sa taille. C’était tout bonnement gigantesque et impressionnant mais la pièce était tout de même chaleureuse et accueillante, impression qui n’avait pas dû être très facile à matérialiser. Pouvait-on considérer que la famille d’Asling était constituée de personnes simples ? Probablement pas, non, mais January savait qu’elle était également une fille compliquée, elle saurait donc probablement se mettre parfaitement à l’aise parmi ces personnes qu’elle ne connaissait pas et auprès desquelles elle devrait faire ses preuves dans un futur plus ou moins proche. La première étape serait déjà la mère d’Asling et elle promettait d’être compliquée, mieux valait donc ne pas s’emballer tout de suite, rien n’était gagné.

« Très curieuse. » Avoua-t-elle alors qu’elle suivait son regard pour le poser sur l’immense sapin, témoignage du passage des fêtes de fin d’année. « Mais ce n’est pas gentil d’abuser de ce défaut, tu aurais au moins pu me donner un indice ! Si tu continues à me narguer, je ne te donnerais même pas ton cadeau ! »

Simple caprice de petite fille, mais il lui ressemblait parfaitement, January avait tendance à bouder pour un rien parce qu’elle savait que ça l’aidait très régulièrement à obtenir ce qu’elle voulait. En même temps, en vivant entourée par deux garçons qui avaient forcément le dessus assez facilement sur elle, la petite princesse avait dû très rapidement trouver ses propres armes et s’était rendue compte que ses boucles brunes était un atout plus qu’intéressant si elle voulait allait loin dans la vie, ça avait si bien marché qu’elle s’en servait encore avec beaucoup de plaisir.

Je laissais échapper un petit rire amusé lorsque Jan me laissa remarquer sa surprise. Va savoir, ma mère en a fait l'acquisition quand on est arrivés en Ecosse et depuis on a toujours vécu ici, même si la demeure est un peu trop grande pour nous deux. On a de nombreuses chambres d'amis néanmoins donc quand on veut inviter des gens on a largement la place. Oui, c'est d'ailleurs pour ça que ma mère avait tendance à inviter de nombreuses personnes lorsque j'étais à Poudlard. De mon côté, en général pendant les vacances j'en profitais pour inviter Absolem, ou Chloe lorsqu'elle était disponible. C'était l'éclate assurée. Mais il est vrai que lorsqu'il ne s'agissait que de ma mère et moi, le manoir était un peu trop grand pour nous deux. Avec un peu de chance January aurait la possibilité de venir ici le plus possible et elle pourrait peut être même laisser quelques unes de ses affaires ici ... Enfin là je vois loin et il vaudrait peut être mieux que je ne lui dévoile pas ces espoirs à moins de la faire carrément flipper.

La séquestrer ici ... ? C'est que ce serait une excellente idée ... Tu sais, je n'y avais peut être pas penser mais ça pourrait être une excellente idée ... Je ne serais pas contre l'idée de te garder pour moi tout seul... Je lui souriais tendrement, c'est vrai qu'il était difficile de passer tout le temps que nous voulions ensemble quand nous étions à Poudlard. Mais ici les choses étaient différentes, en dehors de l'école nous pouvions être nous-même complètement et c'était bien ce que je comptais faire ce weekend.

Mmh .. C'est une idée envisageable mais on ne peut pas savoir tant que tu ne les as pas ouvert, pas vrai ? Encore une fois mon sourire ne me quittait plus, à croire que je finirais par avoir des crampes aux zygomatiques d'ici la fin du weekend si nous continuions comme ça. En tout cas c'est quelque chose qui ne me surprendrait pas, en sa compagnie j'étais bien plus heureux que je n'avais l'habitude de l'être et c'était une des choses qui faisaient que je ne pouvais que vouloir continuer avec elle. Après tout, on ne peut pas dire que j'étais vraiment satisfait de mon quotidien avant le début de notre véritable relation alors que depuis que j'étais avec elle j'avais l'impression de voir le monde d'une toute autre manière, comme si j'avais abordé les choses sous une toute autre perspective.

Hé ! Non, je veux mon cadeau ! Dis-je, faisant mine d'être contrarié avant d'ajouter : Tu sais quoi ? Je vais faire mieux que te donner un indice, je vais te laisser ouvrir tes cadeaux, j'ai hâte de voir ta réaction ... En espérant que cela te plaira Mais j'évitais d'ajouter ce détail parce que mine de rien j'en avais assez de ne jamais être sûr de rien à son sujet. Mais c'était à la fois un avantage et un désavantage puisque de cette façon rien n'était acquis. Ca permettait d'entretenir la surprise dans notre relation et je dois avouer que c'était quelque chose que je n'étais pas prêt à abandonner.

Je déposais un baiser sur sa joue puis lui dis : Joyeux Noël Princesse.

Surprise:

Et comment ! Asling était-il conscient qu’il pourrait accueillir la troupe entière du cirque familial dans son immense demeure ? Probablement pas puisqu’il avait l’habitude d’y vivre et devait en connaitre les moindres recoins ce qui minimisait forcément l’espace possédé. Mais January était là pour lui rappeler qu’effectivement, la surface habitable dont il disposait était hors de commun. Savoir que deux personnes uniquement vivaient ici avait de quoi faire pâlir bien des personnes surtout lorsqu’on savait que les inégalités dans le monde s’accroissaient de jour en jour mais pour le coup, Asling avait beaucoup de chance, sa petite amie n’avait jamais eu la moindre envie de se battre pour que chacun ait un toit, considérant qu’il était normal de devoir se battre pour parvenir à s’élever dans l’échelle sociale, comme elle était en train de le faire en ce moment afin d’assurer un meilleur avenir aux générations qui la suivraient.

« Et vous invitez beaucoup de monde ? » Demanda-t-elle en essayant de toutes ses forces de garder le prénom de Chloé loin de ses pensées même si ce n’était pas simple. « Si j’habitais dans un manoir comme celui-ci, je pense que j’organiserais de grandes réceptions assez régulièrement, je me ferais connaitre dans la région, ça serait tellement génial… »

January ne pouvait pas s’empêcher de se projeter, c’était dans ce genre de maison qu’elle voulait pouvoir vivre plus tard et le fait de mettre les pieds pour la première fois dans un manoir ne pouvait pas la laisser indifférente. Elle était sûre qu’Asling comprenait, elle avait simplement l’impression d’être une gamine qui découvrait pour la toute première fois les vitrines des magasins de jouets à Noël. En général, tous les grands centres commerciaux se surpassaient pour donner aux enfants des étoiles plein les yeux et ainsi pousser les adultes qui les entouraient à la consommation. January, comme toutes les petites filles, avait été sensible à ces jolies décorations et avait eu envie d’acheter la poupée en plein milieu du rayon jouet, celle qui avait la chevelure toute douce et un ruban dans les cheveux, sauf que ce n’était pas le genre de choses que ses parents pouvaient facilement lui offrir et January avait vite décrété que plus tard, elle aurait toutes les poupées qu’elle voudrait. Ses goûts avaient changé avec le temps, mais une chose était restée, son désir de ne jamais manquer de rien et de pouvoir exhausser tous ses souhaits.

« Je ne serais pas contre non plus… En plus, je pourrais toujours porter plainte pour séquestration si jamais on nous retrouve… Ça évitera que je me fasse enguirlander par mes parents et que j’ai des problèmes avec l’école, mais au-delà de ça, je suis totalement consentante. »

Quoi de mieux que de passer les prochaines semaines en compagnie de la personne à laquelle elle tenait le plus au monde ou presque après sa famille et sa meilleure amie, quoi qu’il prenait tellement de place dans son quotidien désormais qu’il avait gravi très rapidement les échelons dans son échelle affective. Mais en attendant, elle allait suivre les recommandations du principal intéressé et ouvrir les cadeaux qui l’attendaient au pied du sapin. Elle ouvrit les paquets du plus grand au plus petit, s’extasiant à chaque fois qu’elle découvrait ce qu’ils contenaient, très surprise également de voir à quel point il l’avait gâtée pour un premier Noël qu’ils ne passaient même pas tous les deux au final, ils avaient eu quand même l’intelligence de privilégier leurs familles respectives pour cette fête qui restait avant tout familiale. Lorsqu’elle eut terminé de déballer les cadeaux offerts par Asling, elle resta quelques secondes sans bouger, ni parler, incapable de savoir si tout cela était réel ou un simple effet de son imagination, jamais elle n’aurait imaginé qu’il puisse faire de telles folies pour elle, d’autant plus qu’il lui avait prouvé par ses choix qu’il connaissait parfaitement ses goûts mais également qu’il écoutait ce qu’elle lui disait. Mais elle se ressaisit très vite et vint se jeter dans les bras de son petit-ami, se pendant à son cou sans se soucier du poids qu’il allait avoir à supporter.

« Tu n’aurais pas dû, c’est beaucoup trop. » Murmura-t-elle non loin de son oreille. « Mais merci, c’est vraiment génial tout ce que tu as fait pour moi… Comment tu vas faire pour trouver des idées pour les années suivantes ? T’as fait des folies… »

Vraiment, même si elle savait qu’Asling avait les moyens d’acheter ce que bon lui semblait, elle n’avait jamais imaginé qu’il ferait tout ça pour elle alors que ça ne faisait que peu de temps qu’ils sortaient ensembles en fin de compte. Certes, leur relation était devenue très fusionnelle très rapidement et January avait l’espoir de pouvoir aller très loin en compagnie du jeune homme, mais tout de même, était-ce vraiment nécessaire de la faire crouler sous le poids des présents ? En même temps, la Poufsouffle n’allait pas non plus se plaindre, elle adorait qu’on lui offre des cadeaux et avait toujours pensé qu’elle méritait le meilleur. Mais lorsqu’elle devrait expliquer à ses parents d’où venait tout ça, elle risquait de se heurter à une certaine incompréhension de la part de sa famille qui allait certainement se demander d’où tout cela pouvait bien provenir et surtout qui était vraiment ce petit-ami dont elle leur avait parlé si souvent ces derniers temps. Mais sa famille était loin pour le moment, elle comptait bien profiter à fond de son weekend.

« Moi aussi, j’ai un cadeau pour toi. » Dit-elle en reculant de quelques pas, un petit air malicieux apparaissant spontanément sur son visage alors qu’elle sortait un petit paquet plat de petite taille de sa poche. « Je te laisse l’ouvrir. »

En comparaison, ce n’était pas grand-chose mais January y avait mis réellement du cœur et elle espérait que ça lui plairait. Elle avait appris depuis toute petite à faire beaucoup avec peu de moyens et même si pour Asling, elle avait un peu paniqué en se rendant compte qu’il avait déjà tout et que matériellement parlant, elle ne pouvait pas lui donner grand-chose de plus, la jeune fille avait fini par trouver une alternative qu’elle jugeait acceptable et elle n’avait pas mis longtemps à mettre son idée à exécutions. Jouer de ses charmes avait toujours été ce qu’elle savait faire de mieux en l’ajoutant à d’autres petites idées, ça pourrait donner quelque chose de bien.

Spoiler:

Évidemment Jan était curieuse de savoir si de nombreux privilégiés avaient la chance de venir au château mais à vrai dire il n'y en avait pas tant que ça si on y réfléchissait bien. En tout cas pas de ma part, pas vraiment. Eh bien, pour tout te dire ma mère a l'habitude d'inviter du monde lorsque je suis à Poudlard, la solitude serait difficile à supporter sinon. Mais en ce qui me concerne je suis plutôt solitaire, ça peut t'étonner mais tu verras rapidement que ici je ne suis pas exactement le même. C'est toujours moi mais c'est en tout cas le vrai moi et je te réserve de nombreuses surprises. Les seuls qui ont déjà vu ces véritables facettes de ma personnalité sont Absolem, et comme tu peux t'en douter Chloe. Mais je suis très heureux de pouvoir dire que bientôt je n'aurais plus aucun secret pour toi. Je lui souriais doucement et quand elle me dit ce qu'elle ferait si elle habitait dans un tel manoir, je lui dis : Oui, je peux imaginer assez facilement que tu t'en donnerais à cœur joie. Notre famille est assez connue mais peu de personnes nous connaissent véritablement, la plupart d'entre eux nous respectent parce que nous sommes des Sangs Purs mais les véritables amis de la famille sont choisis minutieusement.

Et me laisser ramasser tous les ennuis ? Merci, c'est vraiment très généreux de ta part en sachant que tu aurais apprécié nos petits moments autant que moi!Je riais doucement, à vrai dire même si cela venait à arriver je préférerais lui éviter des ennuis mais c'était quelque chose que je me garderais bien de préciser, je la gâtais déjà bien assez. Évidemment j'aimais la traiter comme ma princesse mais il serait regrettable qu'elle prenne la grosse tête, pas vrai ? D'un autre côté ça fait plaisir que tu ne serais pas contre un peu de temps bonus en ma compagnie, c'est toujours bon à prendre, pas vrai?

Je la regardais ouvrir ses cadeaux, un peu impatient de connaître sa réaction, et lorsqu'elle termina par la bague, je me demandais ce qu'elle pouvait penser étant donné qu'elle restait là, sans bouger. Elle n'avait toujours pas dit un mot lorsqu'elle se jeta dans mes bras. Je l'enlaçais, finalement soulagé de sa réaction et déposais un baiser dans ses cheveux lorsqu'elle me dit que c'était beaucoup trop. Cela va peut être te sembler un peu trop fleur bleu venant de moi mais sache que je pense réellement que c'est très loin d'être trop. Je suis content que ça te plaise, tu sais je ne savais pas si tu aimerais vraiment les cadeaux et voir qu'ils te plaisent à ce point est un véritable soulagement. Je souriais puis continuais : Ne t'inquiète pas pour les années à venir, je suis certain que je trouverais de quoi te satisfaire. Et puis même si je suis à court d'idée, je sais que tu trouveras toujours quelque chose à réclamer, pas vrai? Je lui souriais sincèrement cette fois-ci, car j'adorais voir ses yeux pétiller lorsque nous passions devant des vitrines et qu'elle s'émerveillait de la beauté d'une robe ou de la finesse d'un bijou. C'était fascinant et jamais je ne pourrais m'en lasser.

Je continuais de l'enlacer, tout simplement, appréciant cet instant car il était parfait, tout bonnement, et lorsqu'elle m'annonça qu'elle avait également un cadeau pour moi, je relevais la tête, subitement curieux. Je l'ouvrais délicatement, souhaitant éviter d'abîmer l'emballage même si je savais pertinemment qu'il finirait à la poubelle parce que de toute façon à chaque fois qu'on a des emballages usagés, c'est là qu'ils finissent, j'aimais le soin qu'elle y avait apporté et je voulais y faire attention. Lentement je découvrais les lettres dorées, mon sourire ne faisant qu'augmenter alors que je lisais ces dix propositions. Lorsque je terminais de les lire, je les relisais une seconde fois, afin de m'en imprégner complètement. Aucun objet matériel n'aurait pu surpasser ce cadeau et il me plaisait vraiment.

Tu n'aurais pas pu m'offrir quoi que ce soit de mieux, crois moi. Repensant à l'une des propositions, je lui demandais, sur un ton rempli de sous entendus : Alors comme ça j'aurais droit à un strip-tease ? J'ai le droit d'utiliser les bons quand je veux?

Je déposais un baiser sur ses lèvres puis je descendais lentement le long de sa mâchoire et de son cou avant de lui dire :

Merci Jan. C'est peut être le meilleur cadeau que j'ai jamais eu. Et c'était vrai. Bien sûr j'avais déjà eu de nombreux cadeaux et chacun avait été parfaits mais celui de January n'avait rien à voir parce que je savais qu'elle n'avait pas fait ça simplement parce qu'elle s'en sentait obligée, mais bien parce qu'elle en avait envie. C'était un cadeau vraiment sincère et qui était elle toute entière et c'était ça qui le rendait vraiment spécial.

Entendre Asling lui dire qu’évidemment, Chloé avait eu l’occasion de le voir évoluer chez lui et donc d’être complètement différent du garçon qu’il était à Poudlard l’irritait et pas seulement un peu, mais January savait que le moment était mal choisi pour se disputer. Qui plus était, elle n’avait pas le droit de jeter la pierre au Serpentard, tout ce qu’il voulait était faire preuve d’honnêteté envers elle, mais parfois, trop d’honnêteté avait l’effet inverse de celui désiré et la jaune et noir attendait le bon moment pour lui dire que certaines vérités auraient mieux fait de rester dissimulées. C’est donc tout naturellement qu’elle éluda cette partie de sa réponse, préférant largement agir comme s’il ne lui avait rien dit plutôt que de rentrer dans une conversation qui risquait forcément de l’énerver plus qu’autre chose. Il fallait qu’elle se mette dans la tête une bonne fois pour toute que la Serdaigle était l’amie d’enfance d’Asling et que quels que soient les efforts qu’elle pourrait fournir, elle ne pourrait jamais rattraper le passé qu’ils avaient en commun et les moments qu’ils avaient partagé ensemble.

« Je comprends ta mère, vivre ici toute seule me ferait froid dans le dos. » Répondit-elle avec sincérité. « Je pense que vous avez de quoi être fier, gagner le respect est parfois plus difficile que de créer une véritable amitié et même si c’est à votre sang que vous le devez, vous auriez aussi pu le perdre en agissant de façon peu honorable. »

Mais mieux valait ne pas trop parler de pureté du sang avec Asling, elle savait qu’ils avaient de vraies divergences d’opinion à ce sujet et même si elle était une sang-pur, January n’avait pas pour intention de revenir sur ses propos, sa meilleure amie était el centre de son univers, celle qui l’avait aidée à traverser plein d’étapes douloureuses dans sa vie, alors évidemment, dénigrer ouvertement ce qu’elle était et ce qu’elle représentait n’était pas dans ses plans, d’autant plus qu’elle restait plus que convaincue qu’il n’y avait pas ne serait-ce qu’une once de vérité dans tout ça. Pour une fois, les rumeurs et les préjugés l’irritaient, ce genre de choses existait depuis bien trop longtemps à présent et January avait bêtement pensé que sur ce plan-là, au moins, l’égalité finirait par être rétablie mais elle devait bien reconnaitre qu’elle s’était complètement trompée. Mais pour l’instant, elle s’était éloignée de ce combat pour la reconnaissance des nés-moldus comme sorciers à part entière pour s’accorder une pause bien mérité dans la bulle toute rose que lui offrait généreusement Asling, loin de toute réalité et avec des cadeaux qui dépassaient tout ce qu’elle aurait pu imaginer.

« J’aurais aimé te dire que non, mais tu as raison, j’adore réclamer… » Finit-elle par admettre avec un léger sourire. « Mais jamais je n’aurais pu imaginer que tu m’offres autant de choses, c’est… Incroyable, vraiment, et moi qui pensais que tu ne pouvais plus vraiment me surprendre parce que je te connais parfaitement, je me suis trompée sur toute la ligne, c’est bluffant. »

January en perdait ses mots et n’était même pas sûre de réussir à exprimer ce qu’elle ressentait correctement, mais elle eut bientôt un autre moment d’émotion lorsque ce fut à elle de donner son cadeau de Noël à Asling. Lorsqu’elle l’avait confectionné, la jeune fille avait été relativement sûre d’elle et pensait que ce cadeau pourrait lui plaire, mais après avoir eu sous ses yeux le tas de présents offerts par le jeune homme, elle avait eu l’impression de faire pâle figure à côté de lui et son cœur battait bien plus fort que d’habitude alors qu’il déballait les petits cartons et lisait un à un les messages inscrits dessus. January eut envie de se cacher dans un trou de souris devant son absence de réaction, et encore plus lorsqu’elle s’aperçut qu’il entamait une deuxième lecture, certainement parce qu’il ne pouvait pas croire ce qu’il était en train de découvrir… ? Fort heureusement, Asling eut la gentillesse de la rassurer avant qu’elle ne manque de s’évanouir pour de bon, précisant que ce cadeau était le plus beau qu’il ait pu recevoir. La jeune fille se sentit soulagée d’un seul coup et elle en aurait bien pleuré de joie si elle ne savait pas comment se tenir, voir qu’elle avait réussi à faire plaisir au Serpentard ne pouvait que la rassurer.

« Je t’en prie, ça m’a fait plaisir, je me suis amusée. » Répondit-elle avec un grand sourire, très heureuse d’avoir réussi à le toucher, se gardant bien de relever sa petite réflexion sur un potentiel strip-tease, elle n’avait aucune envie de lui faire miroiter bêtement quelque chose, il verrait bien lorsqu’il utiliserait sa carte. « Tu peux utiliser tous les bons quand tu veux, par contre pour certains, je me réserve le droit de refuser si la situation ne me parait pas appropriée… J’aimerais éviter de me retrouver à moitié nue en plein cours par exemple, et d’ailleurs heureusement que nous ne suivons pas les mêmes, sinon je n’aurais jamais dû t’offrir un tel cadeau. Les règles te paraissent claires ? »

C’était un cadeau à double tranchant pour elle parce qu’elle ne pourrait pas refuser de s’exécuter, elle avait créé tous ces petits cartons de sa propre initiative en inscrivant ce qu’elle voulait dessus et donc rien d’irréalisable. Toutefois, connaissant un peu Asling, elle savait qu’elle allait avoir du fil à retordre, il était doué pour réussir à la mettre dans des situations inextricables et le pire était qu’elle n’arrivait jamais à lui en vouloir pour ça. C’est donc avec plaisir qu’elle se retrouva de nouveau dans ses bras, savourant leurs retrouvailles une fois de plus. Ce weekend allait être différent de tout ce qu’ils avaient connu auparavant et après seulement quelques minutes passées en sa compagnie, la Poufsouffle abordait le reste du temps qu’il leur restait à passer ensemble avec beaucoup plus de sérénité qu’elle n’aurait jamais pu envisager.

Je me contentais de hocher la tête lorsque Jan me dit qu'il devait être difficile de gagner le respect des gens, même avec notre statut particulier. En ce qui me concerne je n'avais pas eu à faire grand chose, si ce n'est me comporter comme une personne de famille noble se doit de se comporter. C'est-à-dire en étant capable d'être quelqu'un de bien élevé, un minimum cultivé et capable d'entretenir de bonnes relations avec n'importe qui. Pour ce qui était du côté bien élevé je ne vous cache pas que la plupart du temps il s'agit tout simplement d'une façade car il en est à vrai dire tout autre. J'ai quelques habitudes que les fréquentations de ma mère ne feraient mieux pas de connaître, surtout concernant les filles... Heureusement maintenant que January était entrée dans ma vie je n'aurais plus à faire semblant à ce sujet. Je n'aurais plus non plus à me chercher des excuses bidons lorsqu'une fille qui ne me plaisait pas essayer de me mettre le grappin dessus. A présent j'avais une très bonne raison de repousser leurs avances.

T'inquiètes pas, ça me facilite les choses de toute façon. Comme ça je savais à peu près vers quoi me diriger. Mais il est vrai que je gardais des doutes.

L'entendre me dire que c'était « bluffant » était tout simplement génial. Je ne pourrais pas définir l'émotion que je ressentais en ce moment pour la simple et bonne raison que je ne pense pas l'avoir déjà ressentie. C'était comme une chaleur qui se répandait dans ma poitrine et qui me donnait encore plus envie de sourire si c'était encore possible. D'habitude quand j'offrais des cadeaux je ne ressentais pas cette sensation, pour plusieurs raisons : D'abord parce que généralement je suis sûr de faire plaisir, ensuite parce que je considère leur appréciation comme acquise, et enfin et surtout, parce que d'habitude je n'y accorde pas autant d'attention. Mais les choses ont toujours été différentes avec Jan, et pour elle je veux faire tous les efforts nécessaires afin de pouvoir les combler. Je m'étais fait la promesse de la rendre heureuse et je comptais bien y parvenir, qu'importe ce que je devrais faire pour y arriver j'étais très déterminé.

Son cadeau était tout bonnement parfait parce que je possédais déjà toutes les choses matérielles dont je pourrais rêver. Elle m'avait offert ce que je ne pouvais pas avoir de façon aussi simple et c'était ce qui faisait que son cadeau était spécial à mes yeux. Seulement elle pouvait me l'offrir et je n'aurais pas pu l'obtenir grâce à mon argent. Mais pour le coup elle me donnait l'impression d'être un grand matérialiste. Certes c'est le cas mais j'aurais aimé que je puisse la satisfaire de la même façon qu'elle venait de me rendre heureux :

Mmh, très clair. De toute façon ne t'inquiète pas je n'aurais pas voulu te voir à moitié nue dans les couloirs de l'école. J'aurais été bien trop jaloux des regards des autres mecs posant les yeux sur toi et crois moi je n'aurais pas donné cher de leur peau s'ils avaient osé te reluquer.

Oui je devenais très facilement possessif lorsqu'il s'agissait de Jan mais qui ne le deviendrait pas avec une petite amie comme elle ? Elle était parfaite et je m'estimais déjà chanceux de l'avoir. Je ne pouvais pas laisser les choses aux hasards et d'ailleurs je venais de penser à une chose. Mais la question est : Serait-ce une bonne idée ?

On continue la visite ? J'aimerais te montrer quelque chose … Cette fois peut être que ce cadeau pourrait égaler les tiens, quoique j'en doute encore.

Oui j'avais quelques capacités secrètes dont je ne lui avais jamais parlé. En fait, seules deux personnes connaissait celle-là, Chloe et ma propre mère. Mais mise à part elles deux, aucun n'en avait jamais parlé. Ce n'était pas quelque chose dont je me vantais la plupart du temps. Ô bien sûr il s'agissait d'une activité que j'adorais pratiquer mais vu ma personnalité elle peut paraître très surprenante de ma part. Que voulez-vous, il faut bien que je m'occupe quand je suis en vacances ! Je pourrais évidemment me contenter de passer mes journées à dormir mais ce serait dommage, il faut le dire, alors il m'arrivait de passer quelques heures de mon temps libre dans cet endroit spécial et quelques heures par jour pendant une dizaine d'années maintenant, ça commence à faire beaucoup et je crois qu'on pourrait même dire qu'on commence à constater de vrais progrès. On verra ça grâce à l'avis de Jan.

« T'inquiètes pas, ça me facilite les choses de toute façon. Comme ça je savais à peu près vers quoi me diriger. Mais il est vrai que je gardais des doutes. »

Et les doutes devaient être parfaitement compréhensibles dans ce genre de situation, gagner le respect des gens était important mais lorsqu’on était dans un milieu de personnes aisées à la recherche de toujours plus d’influence et de notoriété, il ne devait pas être simple de savoir comment agir et se comporter et avec quelles personnes. Les codes des hautes sphères n’étaient pas encore très clairs dans l’esprit de January, même si la Poufsouffle les avait étudiés avec une attention plus que soutenue, trouvant ce genre de détails bien plus importants que tout ce qu’elle pourrait jamais apprendre en cours. Toutefois, au détour d’un bouquin sur les règles de savoir-vivre et de savoir-être en haute société, elle avait cru voir qu’une femme se devait d’être relativement cultivée afin de tenir n’importe quelle conversation et ainsi de pouvoir être perçue comme une tête pensante et January voulait justement réussir à atteindre un tel but, ça ne se ferait pas sans mal mais elle y croyait.

« Je suppose que ça s’apprend, non ? De savoir à qui se fier ? » Demanda la jeune fille, soudainement très intéressée par la conversation. « Comment tu peux savoir dès le départ si une personne se rapproche de toi pour ton argent ou parce qu’elle désire vraiment te connaitre plus et devenir une amie ? »

Et il fallait espérer que la réponse d’Asling serait positive car la jeune fille mourrait d’envie d’apprendre et aurait justement besoin de ce genre de chose si elle voulait évoluer dans la haute société. Elle avait déjà trouvé le petit ami parfait, celui qui entrait parfaitement dans ses critères compte tenu du train de vie qu’elle voulait adopter, même si, il fallait bien le reconnaitre, elle n’avait pas du tout fait exprès de tomber amoureuse d’Asling. Jusqu’à ce qu’elle rencontre le vert et argent, la jeune fille s’était toujours dit qu’elle se marierait pour l’argent et pour le nom et qu’elle forgerait elle-même sa réputation sans l’aide de son mari, maintenant, même sans imaginer ce genre d’avenir avec le Serpentard, leur relation étant bien trop récente pour qu’elle se projette aussi loin, la jaune et noir avait enfin pris conscience que de véritables relations amoureuses avaient également leurs bons côtés et que l’idée de compter autant pour quelqu’un ne lui déplaisait pas, bien au contraire.

« Mmh, très clair. De toute façon ne t'inquiète pas je n'aurais pas voulu te voir à moitié nue dans les couloirs de l'école. J'aurais été bien trop jaloux des regards des autres mecs posant les yeux sur toi et crois moi je n'aurais pas donné cher de leur peau s'ils avaient osé te reluquer. »

Parfait, il aurait pu aussi se montrer taquin et utiliser la plupart des bons qu’elle venait de lui offrir dans des circonstances peu appropriées et elle était heureuse de voir que ce ne serait pas le cas, le jeune homme était raisonnable et pas forcément indifférent à l’effort qu’elle venait de faire pour réussir à surpasser ses aprioris. January n’avait pas spécialement pour habitude de se montrer entreprenante avec Asling mais depuis la soirée d’Halloween, elle s’était rendue compte que le jeune homme ne lui était pas acquis et qu’elle devait tout faire pour changer ça et puis, elle devait reconnaitre qu’elle en avait bien envie aussi, jouer les saintes était sympathique cinq minutes mais ça faisait bien longtemps qu’elle avait accordé sa confiance au Serpentard et faisait mine de rester sur la réserver pour se laisser un peu de temps pour réfléchir, le sable était au fond du sablier désormais.

« On est donc d’accord, ça me va très bien comme ça. » Répondit-elle, satisfaite. « Donc oui, tu peux tous les utiliser quand tu le souhaites. »

C’était un peu étrange au final de ne pas savoir quand un bon qu’elle avait confectionné de ses mains pourrait lui tomber dessus, mais January aimait le challenge et elle savait que de toute façon, elle aurait eu du mal à trouver quelque chose à acheter à son petit-ami ou en tout cas, quelque chose qu’il ne possédait pas déjà. D’autant plus que la jeune fille ne disposait que d’un tout petit budget, la qualité de ce qu’elle lui offrirait ne serait donc pas fabuleuse et elle pouvait déjà parier qu’il avait la même chose en dix exemplaires. Pire que tout, la Poufsouffle avait la frayeur de tomber sur un cadeau qui lui aurait déjà été offert par Chloé et ça, c’était quelque chose qu’elle ne supporterait pas, d’autant plus qu’elle savait que les garçons n’avaient en général aucun tact, et Asling n’échappait pas à la règle, il ne se serait donc pas gêné pour le lui dire en face. Non, le mieux encore était qu’elle utilise ses petites mains et qu’elle trouve rapidement des idées car si leur relation devait durer, elle se retrouverait rapidement dans l’impasse.

« On continue la visite ? J'aimerais te montrer quelque chose … Cette fois peut être que ce cadeau pourrait égaler les tiens, quoique j'en doute encore. »

Asling avait un don pour attiser sa curiosité et maintenant la jeune fille se demandait ce qu’il avait encore à lui montrer excepté le reste de cette maison immense. D’ailleurs, cette simple visite leur prendrait certainement la soirée mais ça n’avait aucune importance, la Poufsouffle se sentait privilégiée parce qu’elle pouvait enfin découvrir l’univers du jeune homme et elle savait qu’il n’avait jamais autorisé aucune fille à venir visiter les lieux avant elle, signe qu’elle avait tout de même une place privilégiée dans sa vie et cette idée la ravissait bien plus qu’elle ne l’aurait imaginé. Se savoir spéciale avait toujours été vraiment essentiel pour la jeune fille, elle voulait être au-dessus des autres, pas forcément dans tous les domaines, par exemple scolairement parlant, ça n’avait pas la moindre importance, mais elle voulait être au moins reconnue pour son physique et ses capacités de séduction auxquelles elle avait toujours attachée beaucoup d’importance. Bon, pour le deuxième, c’était un peu moins vrai désormais, mais elle restait attachée à ses valeurs et personne ne pourrait changer ça.

« Tes cadeaux égalent parfaitement le mien, tu n’as rien à me prouver, ce n’est pas une compétition. » Affirma la Poufsouffle avec conviction. « Mais je serais ravie de voir ce que tu me caches encore. »

Sur ces bonnes paroles, la jeune fille sera la main de son petit-ami dans la sienne, prête à le suivre là où il voudrait bien l’emmener. Pouvoir découvrir encore un peu plus ce qui se cachait derrière Asling, il avait beau être très ouvert et lui parler de beaucoup de choses, il restait encore plein de sujets qu’ils n’avaient pas eu l’occasion d’aborder et January voulait à tout prix en savoir plus.

Il est vrai que j'aurais très bien pu trouver que le fait que Jan ait un peu tendance à réclamer lorsqu'elle voyait quelque chose qui l’intéressait pénible mais en réalité, comme je venais de le lui avouer, cela m'avait très largement facilité les choses. La seule question que je m'étais posée en choisissant cette robe et pas une autre était : Est ce que celle-là était sa favorite ou est ce que j'aurais pu trouver mieux. Mais j'ai suivi ma première idée et aussi un peu mes préférences et il semblerait que ce soit une bonne chance puisqu'elle avait l'air de l'adorer, un très bon point.

Par la suite elle me demanda comment on savait si l'on pouvait se fier à telle ou telle personne et je reconnaissais bien là sa passion de l'aristocratie. Elle ajouta néanmoins ensuite la question de savoir si une personne se rapprochait de nous pour notre argent ou pour qui nous sommes réellement et bizarrement j'avais tendance à reconnaître très facilement notre situation. La vérité c'est qu'au début je n'avais été sûr de rien avec elle. Je ne pensais à vrai dire pas du tout qu'elle puisse se rapprocher de moi simplement parce que j'avais de l'argent et tout ce qui va avec. Maintenant qu'elle évoque ce détail je comprends un peu mieux pourquoi elle a accepté de devenir ma petite amie alors qu'en général elle a les mêmes habitudes que moi : Ne pas s'attacher et simplement profiter, s'amuser un maximum parce que les relations sérieuses sont parfois beaucoup trop pénibles à entretenir. Bon, il n'y a pas que des inconvénients dans ce genre de relation puisque ce sont aussi elles qui nous permettent de construire une base solide avec quelqu'un, et de savoir vers qui se tourner en cas de besoin mais ça c'était quelque chose que j'ignorais encore il y a quelques mois.

En toute honnêteté tu ne le sais pas. Commençais-je. Ô bien sûr les choses sont bien plus faciles quand il s'agit de quelqu'un … d'aussi riche dirons nous. Mais la plupart, en ce qui concerne, je me fie à mon instinct. Je n'accorde pas immédiatement ma confiance mais il me semble que l'on peut savoir si quelqu'un nous apprécie pour qui nous sommes vraiment ou pour ce que nous représentons. Je restais pensif face à ce détail car à vrai dire j'avais maintenant un doute sur les intentions premières de January. Mais cela était du passé et je devais de faire abstraction ce détail car même si elle s'était d'abord rapprochée de moi pour mon argent j'avais maintenant une certitude, elle m'aimait comme je l'aimais. Mais si tu veux tout savoir la version de ma mère c'est de jamais ne se fier qu'à soi-même car on ne sait jamais comment les autres vont réagir face à telle ou telle situation. C'est un peu sombre comme vision des choses, je te l'accorde. Mais si on y réfléchit bien c'est comme ça que ça marche : Des faux semblants tant que l'on n'est pas sûr de pouvoir accorder sa confiance et ensuite s'impliquer vraiment dans la relation pour construire une amitié solide. Ça répond à ta question ?

Clairement il ne me serait pas venu à l'esprit d'utiliser certains bons n'importe où et n'importe quand. Non seulement je voulais tous les apprécier à leur juste valeur mais en plus je ne voulais pas mettre Jan dans une situation délicate et lui faire regretter d'avoir mis son sort entre mes mains. Alors non, je ne ferais pas n'importe quoi et je saurais utiliser ces bons à bon escient. Je hochais donc la tête quand elle me dit qu'en définitive je pouvais les utiliser quand je voulais. Ca me plaisait et j'avais hâte de pouvoir en utiliser certains, notamment un que je réservais pour plus tard.

Par la suite je lui demandais si elle voulait continuer la visite parce que j'aimerais lui offrir quelque chose et il se pourrait bien que ce cadeau égale les siens. Ce n'était pas vraiment un cadeau matériel à proprement parler et elle me rappela qu'il ne s'agissait pas d'une compétition, ce à quoi je lui répondais que je souhaitais néanmoins mériter complètement l'utilisation de tout ces merveilleux bons.

J'avais un peu d'appréhension quant à la prochaine pièce de la visite car vraiment, les personnes qui connaissaient son existence se comptait sur les doigts d'une seule main. C'est une partie de moi que je garde secrète, non pas parce que j'en ai honte mais simplement parce que … Je ne sais pas vraiment pourquoi à vrai dire. Mais je préfère que les choses restent comme ça, un point c'est tout. Je ne me suis jamais dit « tiens et si je discutais avec ça avec Wilh' » ou « Je pourrais peut être demander son avis à Etalyrae sur mon petit soucis ». Non, mêmes mes amis proches ne connaissait pas cette partie de moi et c'était très bien comme ça. Je ne la dénigrais pas mais je ne l'exposais pas non plus et ça m'allait très bien comme ça.
J'emmenais donc January dans une pièce faisant la moitié de la taille du salon et où le meuble central, auquel de tous les autres gravitaient, était un piano à queue. J'avais toujours su en jouer après que j'ai terminé mon apprentissage et de temps en temps il m'arrivait d'apprendre à jouer de nouvelles mélodies, comme des challenges que je me lance à moi-même. Mais il y en a une que je voulais dédier à January car elle exprimait très bien ce que je pensais d'elle et elle méritait de le savoir. Le seul problème étant que je ne savais pas du tout chanter il faudrait qu'elle se contente de la mélodie, je n'avais donc plus qu'à espérer qu'elle connaisse les paroles car je ne serais pas capable de cette perfection-là.

Je l'enjoignais donc à s'asseoir sur le tabouret à côté de moi et je lui dis avant toute autre chose :

Je ne peux que jouer du piano alors j'espère que tu connais cette chanson parce qu'elle détaille exactement ce que je ressens pour toi.

Je lui souriais légèrement et cela dit, je commençais à caresser les touches noires et blanches.

Spoiler:

L’explication d’Asling était aussi claire que perturbante mais January s’attendait à ce genre de choses et c’était justement comme ça qu’elle voyait cette sphère de la société, le calcul et la manipulation semblaient faire partie du décor et du quotidien, chose que ses parents auraient clairement désapprouvée s’ils avaient pu donner leur avis sur le sujet. Oui mais voilà, leur fille prenait bien garde de ne pas trop en dire sur la façon dont elle voyait son futur de peur que ses géniteurs se demandent où était passée la petite gamine un peu trop coquette qu’ils avaient mis au monde. Les Shiver avaient toujours eu dans l’idée que leurs trois beaux enfants reprendraient l’affaire familiale lorsqu’ils n’en auraient plus la force ou les moyens. En soit, ça n’aurait pas été impossible, la cohésion dans la fratrie avait toujours été quasiment parfaite et idéale pour mener un business commun, oui mais voilà, January avait une toute autre ambition et même si elle gardait bien de la faire savoir, elle ne l’oubliait pas pour autant.

« Si j’ai bien compris, tu ne peux pas vraiment être toi-même, en tout cas pas dans les premiers temps, tu dois laisser une certaine distance pour éviter de souffrir s’il se trouve que la personne te manipulait et n’était pas sincère. » Résuma January avec un petit sourire satisfait. « C’est plutôt bien comme méthode, sur le principe, mais tu n’as pas peur de passer à côté de belles choses simplement par méfiance ? Peut-être que ton instinct n’est pas fiable à cent pour cent. »

La jeune fille avait de toute façon pour habitude de laisser une certaine distance entre les autres élèves et elle-même afin de choisir ses amis et ses fréquentations en fonction de la réputation qu’elle voulait se donner. Elle s’était élevée à la force du poignet et refusait catégoriquement que d’autres se servent de sa notoriété pour la surpasser. Aux côtés de Pearl et d’Eris, elle avait l’impression de régner sur le château tout entier et d’être la petite reine qu’elle avait toujours voulu être étant enfant. Bien sûr, la réalité était toute autre, beaucoup de filles la détestaient et les garçons s’intéressaient à elle principalement à son physique mais la Poufsouffle trouvait justement plutôt amusant de jouer de ses charmes pour maintenir l’illusion dans laquelle elle aimait évoluer. Elle se fichait qu’on dise dans son dos qu’elle n’était pas naturelle ou simplement une des multiples pimbêches que peuplaient les couloirs du château, elle était ce qu’elle avait toujours voulu être et se félicitait de cette belle réussite.

« Non, non, je ne trouve pas ça sombre, moi, j’adore déjà ta maman, elle a une philosophie de vie qui me plait bien. » Avoua la jeune fille, ravie d’en apprendre plus sur celle qu’elle allait rencontrer dans très peu de temps. « Mais oui, je crois que ça y répond, je te remercie pour ces éclaircissements. Je suis sûre que ma famille n’apprécierait pas du tout cette façon de voir les choses, par contre. »

Plaire aux autres avait toujours été primordial pour la jeune fille mais seulement lorsqu’elle voulait obtenir quelque chose des personnes qu’elle cherchait à charmer. January avait pour habitude de voir son intérêt en toutes choses et de mesurer ses gestes et son propos pour avoir ce qu’elle voulait. Se fatiguer inutilement ne lui arrivait donc jamais, tout était calculé et mesuré à la seconde près et elle en était plus que fière. Toutefois, les choses étaient une fois de plus différentes à cause d’Asling. Bien sûr, elle voulait plaire à la maman du jeune homme, elle savait pertinemment qu’il ne présentait pas ses petites amies habituelles, probablement parce qu’elles ne restaient pas assez longtemps dans sa vie pour pouvoir être considérées comme telles. La Poufsouffle avait donc un peu la pression même si elle ne voulait pas l’admettre et cette avec une certaine appréhension qu’elle attendait cette rencontre, sa maman semblait être très importante aux yeux du jeune homme et elle avait peur qu’un mauvais contact puisse mettre en péril leur relation, ce serait plus que regrettable.

« Même si ce n’est pas le cas, je me fierais à la mélodie, on peut en apprendre beaucoup en écoutant de la musique, les sonorités ont aussi leurs significations. »

Oubliait-il qu’il s’adressait à une musicienne ? January ne se souvenait pas vraiment lui en avoir parlé mais la musique tenait tout de même une grande place dans sa vie, il était étonnant qu’elle n’ait pas mentionné ce détail de sa vie qui n’en était franchement pas un, en fin de compte. C’était même grâce à la musique et à leur passion commune que Callie et Jan s’était rencontrées et la Poufsouffle restait encore convaincue que la musique était une force qu’elle devait cultiver. Elle avait l’habitude de jouer beaucoup au cirque et elle prenait toujours du temps pour s’entrainer même à l’école, tout le monde la prenait pour une fille superficielle et elle l’était sous beaucoup d’aspects mais lorsqu’elle jouait, c’était une toute autre personne, bien plus humaine et plus investie dans ce qu’elle faisait. Savoir qu’Asling avait un certain talent pour le piano la ravissait donc particulièrement et c’est avec un plaisir non dissimulé qu’elle s’assit sur le bord du tabouret pour le regarder laisser glisser ses doigts sur chacune des touches avec concentration et application. Même lorsque le morceau fut fini, elle attendit un peu avant de reprendre la parole, laissant planer quelques secondes la magie de l’instant.

« Waw, je ne savais pas que tu jouais aussi bien, tu as appris quand ? » Demanda-t-elle lorsque le morceau fut terminé. « Je te remercie d’avoir bien voulu partager ça avec moi, je suis touchée. »

Et elle l’était réellement, elle ne pouvait pas savoir réellement si ça faisait partie du jardin secret du jeune homme ou s’il en parlait plutôt librement mais dans un cas comme dans l’autre, elle avait trouvé la mélodie très belle et ne regrettait pas de l’avoir écoutée avec une attention aussi soutenue, il faudrait qu’elle lui fasse découvrir également sa passion un jour ou l’autre, ils venaient sans véritablement le savoir de se découvrir un vrai point commun et January était heureuse de le constater.

Il était étrange d'avoir à expliquer des principes que l'on a reçu depuis toujours, pour plusieurs raisons, d'abord parce que jamais je n'avais jamais expliqué ça à qui que ce soit et de ce fait j'avais un peu de difficulté à me faire comprendre, mais aussi parce que j'avais légèrement peur que quelque chose ne déplaise à January et ce n'était surtout pas ce que je voulais. Je m'étais donc appliqué à tout lui raconter, comment je me comportais avec une personne quand je la rencontrais, les habitudes de ma mère, comment savoir si l'on peut être sûr de quelqu'un ou pas, tout ça. Sur le moment je m'étais dit que peut être elle risquerait de penser que c'était un peu beaucoup, devoir se méfier des gens parce qu'on ne peut jamais savoir si ils sont sincères pouvaient parfois sembler pénible mais c'était souvent une étape obligatoire parce que le risque était de se retrouver dans des situations délicates et regrettables, simplement parce que l'on a pas pris suffisamment de précautions.

J'écoutais la réaction de January, remarquant qu'elle restait relativement calme et attentive et cela me soulagea parce que je constatais que elle ne reculerait pas même si je lui montrais tout de moi et de la façon de laquelle je vivais. Ô bien évidemment je lui faisais confiance et maintenant il lui serait difficile de partir d'ici mais je préférais ne pas trop la mettre dans une situation délicate et risquer de changer la vision qu'elle a de moi.

Oui, c'est ça … C'est plutôt bien résumé je dirais. Est ce que j'avais peur qu'elle pense que je n'étais pas sincère avec elle au commencement ? Oui, on peut dire ça. Mais j'évitais de le montrer puisque pour le moment la discussion suivait tranquillement son cours sans trop de problème. Je me suis toujours fait confiance, en général je ne doute pas de moi. Enfin, il semblerait qu'une certaine demoiselle réussisse à me changer petit à petit ... Ajoutais-je avec un sourire en coin. Mais évidemment il est possible de risquer de passer à côté de belles rencontres. C'est le risque à prendre si on ne veut pas avoir d'ennuis...

Le moment où elle me dit qu'elle adorait déjà ma mère était peut être l'un des meilleurs pour deux raisons : D'abord parce qu'il était très important pour moi qu'elles s'entendent bien, mais aussi parce que de cette façon cela amènerait Jan à avoir une bonne opinion sur ma mère même avant de l'avoir rencontrée. J'aurais très bien pu continuer d'être avec Jan sans aucun problème même si ma mère ne l'appréciait pas mais il est vrai que quoi que je puisse dire son avis compte pour moi et j'aimerais qu'elle accepte Jan afin que celle-ci se sente ici chez elle.

Je t'en prie, tant que je peux répondre à tes questions je le ferais sans hésiter. Mais il est vrai que pour certains il peut être difficile d'accepter ces principes. C'est un concept qui peut parfois laisser perplexe mais on se rend vite compte qu'il est très largement efficace.

J'avais eu envie de continuer de lui dévoiler de petites choses qu'elle ne connaissait pas sur moi et c'est pour cette raison que j'avais voulu lui jouer cette mélodie au piano. Dès que j'avais entendu cette chanson j'avais eu envie d'apprendre à la jouer. Je n'étais pas forcément un grand romantique mais rien que pour la beauté de la mélodie je m'étais lancé ce défi et finalement j'avais réussi sans trop de difficulté à la mémoriser. Résultat même si il pouvait m'échapper de petites erreurs, pas grand chose mais personne n'est parfait, j'étais plutôt satisfait d'enfin pouvoir trouver un avantage à l'apprentissage de cette mélodie. C'est ainsi que, alors que les notes s'enchaînaient sans aucun problème, des paroles telles que « See the days I can hear your voice I'm left without a choice » ou « Sometimes we fight ; oh, I stutter my words, I say nevermind » défilaient dans mon esprit. C'était ce que je pensais à propos de Jan sans aucun doute et j'étais heureux de pouvoir lui jouer ce morceau au piano.

Je laissais échapper un petit sourire lorsqu'elle s'était arrêtée un instant pour réfléchir sur ce qu'elle devait répondre à cette chanson et quand elle me dit qu'elle ne savait pas que je jouais aussi bien je laissais échapper un léger ricanement avant de lui répondre :

En effet, ce n'est pas une chose dont j'ai l'habitude de me vanter, certaines parties de moi ne vont pas avec d'autres … Comme le fait de savoir jouer du piano de cette façon et être un pro Sang Pur ? Oui, clairement. Ca doit faire .. Une dizaine d'années que j'ai appris à en jouer. Dis-je après avoir réfléchis à la question : C'est peut être une des seules disciplines avec un travail réel que j'ai réellement apprécié. Mais il est vrai que peu de gens savent que je joue du piano. De temps en temps j'apprends de nouvelles mélodies, comme celle-ci, et depuis quelque temps je me suis retrouvé à penser à toi dès que je l'entends. Les paroles sont très représentatives de mes sentiments pour toi.

J'entrelaçais mes doigts aux siens, souriant parce que j'étais tout simplement très heureux d'avoir la chance de pouvoir la considérer comme ma petite amie. Jamais je ne m'étais autant attaché à une fille et c'était bien la première fois que je tombais amoureux. Je m'y étais toujours refusé parce que si une chose est sûre c'est qu'une fois amoureux on ne contrôle plus rien et toutes nos décisions dépendent de l'autre, tout est fait pour le rendre heureux parce que c'est notre désir le plus profond. A une époque je n'aurais pas pu imaginer que je laisserais mon propre bonheur de côté afin de satisfaire quelqu'un d'autre mais je m'étais retrouvé à ne rien pouvoir contrôler. Finalement, si une chose est sûre, c'est que January est la meilleure chose qui me soit arrivée.

La jeune fille, qui n’était pourtant pas spécialement accro aux études et surtout pas très intéressée, avait soudainement l’impression d’être une élève modèle et cette sensation était plus que plaisante. Non seulement elle comprenait parfaitement les principes que tentait de lui enseigner Asling, mais en plus elle les appréciait et trouvait judicieux de les mettre en place lorsque, comme lui, on disposait d’une fortune familiale importante que beaucoup de personnes mal intentionnées pourraient vouloir récupérer. Et le jeune homme avait l’air de bien le vivre et de s’en sortir tout à fait honorablement, en même temps, il avait vécu dans le luxe depuis sa plus tendre d’enfance d’après ce qu’elle avait cru comprendre, ça devait être une habitude pour le serpent alors que pour January, c’était loin d’être le cas. Elle avait l’impression d’être une petite fourmi à l’heure actuelle, mais elle restait très heureuse de pouvoir voir son petit-ami sous un autre jour, d’autant plus que celui-ci lui restait plus que favorable dans l’esprit de la Poufsouffle, il était tout ce qu’elle avait pu rechercher chez quelqu’un et bien plus puisqu’il avait réussi à lui voler son cœur, chose dont personne n’avait pu se vanter jusqu’ici.

« Ah bon ? J’arrive à te faire douter de toi ? » Demanda-t-elle avec un léger sourire. « Je note, ça pourra toujours me servir. »

Comme si elle avait besoin de ça, désormais. Il était loin leur petit jeu de séduction et les moments où elle rageait parce qu’elle avait l’impression de se heurter à un mur. Depuis qu’ils avaient commencé à sortir ensemble, Asling se montrait beaucoup plus ouvert que ce soit pour lui parler de tout et de rien mais aussi pour se lancer dans de grandes introspections qui lui évitaient d’avoir à lui poser trop de questions ou à s’en poser pendant des heures pour savoir ce qu’il pensait d’elle ou quelle impression elle avait bien pu lui renvoyer. Malheureusement, dans les premiers temps, ça ne s’était pas du tout déroulé de cette façon. January avait toujours aimé séduire et avait reconnu en Asling une cible de choix vers laquelle elle s’était donc tout naturellement tournée, mais elle avait très vite constaté qu’il était bien plus coriace que la plupart des garçons qu’elle avait pu rencontrer, il ne se laissait pas avoir facilement par des jambes nues, des clins d’œil enjôleur et de fausses promesses qu’elle n’avait aucunement l’intention de tenir. Elle s’était rapidement fait prendre à son propre piège mais finalement, elle ne regrettait rien.

« Oh ça, je sais. » Répondit-elle en grimaçant. « Evite de me rappeler ton pire défaut, veux-tu ? »

Ils devaient passer un week-end de rêve, il était donc plus qu’inutile qu’il lui rappelle qu’il était pro sang-pur et que, par conséquent, il ne s’entendrait jamais vraiment bien avec Callie, sa meilleure amie. C’était bien le seul petit défaut qui pouvait exister dans leur relation actuelle, ça et le fait que beaucoup de filles lui courent constamment après, mais normalement, ils avaient réglé question à la suite du fiasco qu’avait été le bal d’Halloween, la jeune fille était donc à peu près rassurée sur ce point-là. De toute façon, comme elle l’avait dit et répétée à Callie, elle avait de toute façon beaucoup de mal à imaginer sa vie sans le Serpentard désormais et lorsqu’elle prenait vraiment le temps d’y réfléchir, ça lui faisait presque peur tant le vide que son absence représenterait était immense. C’était donc pour cette raison qu’elle évitait tout simplement de penser de cette façon, il valait mieux qu’elle fasse semblant de l’ignorer, la politique de l’autruche avait toujours fonctionné à merveille, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? January avait toujours été la première à clamer sa force de caractère et son indépendance et elle se rendait petit à petit compte que ce n’était pas si vrai que ça, il y avait de quoi avoir peur et pour être tout à fait honnête avec elle-même, la Poufsouffle flippait un peu.

« T’as vraiment un bon niveau, je suis impressionnée. » Remarqua de nouveau la jeune fille en posant sa tête sur l’épaule du jeune homme. « T’en as encore beaucoup des talents cachés ? »

Asling avait entrelacé ses doigts avec les siens et la jeune fille ne voulait plus bouger de peur de rompre la magie de ce moment. Fermant les yeux, elle se remémora sans aucun mal la mélodie qu’il venait de jouer, elle avait toujours eu l’oreille musicale et le fait qu’elle sache tenir correctement un violon depuis qu’elle savait marcher l’avait aidée à développer ce penchant très affirmé pour la musique. Raison de plus pour aimer découvrir le talent caché du jeune homme, elle aimait également la quiétude du lieu dans lequel ils se trouvaient actuellement, il n’y avait pas un bruit dans la pièce, tout était parfaitement calme, dans la position dans laquelle elle se trouvait, elle sentait l’odeur si caractéristique du gel douche ou du shampoing du jeune homme, elle ne savait pas trop lequel des deux c’était et elle aimait ce parfum rassurant, signe qu’il était là et qu’il ne bougerait pas. Beaucoup l’aurait prises pour une folle, mais il y avait bien longtemps qu’elle ne se préoccupait plus de ce que pourraient penser les gens de son couple et de ses sentiments envers Asling… C’était étonnant d’ailleurs pour quelqu’un pour qui l’opinion publique avait une telle importance. Mais c’était sûrement mieux comme ça, January s’autorisait plus de libertés et elle les savourait pleinement. Cependant, ils avaient quand même une visite à continuer et c’est un peu à contrecœur que January se leva, sans lâcher la main du jeune homme pour pouvoir le tirer vers elle et le forcer à se lever aussi, non sans avoir déposé au préalable un baiser dans son cou.

« On continue la visite ? »

La jeune fille était déjà nettement plus à l’aise qu’à son arrivée et ça se voyait certainement. Alors forcément, ses instincts reprenaient le dessus et donc sa curiosité, elle avait hâte de voir le reste du lieu de vie de son petit ami. Celui-ci eut la bonne idée de ne pas se faire prier et la visite se poursuivie sans encombre accompagnée par les exclamations émerveillées de la jeune fille et les explications d’Asling qui semblait prendre son rôle de guide très au sérieux. Lorsqu’ils eurent enfin parcouru la dernière pièce de l’immense demeure, il était déjà assez tard mais la Poufsouffle n’avait pas du tout vu le temps passer.

En attendant Jan je n’avais pas prévu de lui raconter les principes de mon éducation mais finalement je m’en sors plutôt bien et il semblerait même qu’elle soit très intéressée par ce que je lui racontais. Il est vrai que même lorsqu’il s’agit de savoir faire preuve d’attention pour ce genre de choses, elles se révèlent être toujours plus intéressantes que des cours de potions par exemple, ce qui peut expliquer que même s’il s’agit de cours théoriques, ils restent passionnants. Enfin, aussi passionnants qu’ils pourraient être. Et lorsqu’il s’agissait d’avouer que j’avais manqué à l’un de mes principes, c'est-à-dire être sûr de moi en permanence, je n’avais eu aucun mal à le faire. Oui, elle me faisait douter de moi, c’était indéniable, pour la simple et bonne raison que depuis le début de notre relation je me suis surpris à vouloir son bonheur avant le mien alors forcément parfois cela est quelque peu difficile.

Oui tu y arrives sans le moindre problème. Ne me dis pas que ça te surprends parce que je ne te croirais pas … Et toujours ce petit sourire, celui qui était peu à peu devenu le sien parce que elle seule était capable de me le donner. Il ne s’agit pas d’un sourire en coin narquois ou d’un sourire charmeur que j’aurais eu l’habitude d’utiliser dans le passé, mais plutôt d’un véritable sourire heureux, que j’avais appris à reconnaître avec le temps.

Allez savoir pourquoi j’avais mentionné « mon pire défaut » comme elle dit. Toujours est-il que lorsqu’elle me demanda d’éviter de le mentionner je hochais la tête souhaitant repartir sur une conversation plus gaie parce que bizarrement à chaque fois que nous abordions ce sujet une dispute devenait difficilement évitable. Il n’était donc pas question que nous ayons cette conversation là, maintenant. Au lieu de ça j’avais caressé doucement ses cheveux quand elle avait posé sa tête sur mon épaule et lui avais dit :

Merci Princesse, je suis content que ça te plaise. Mais non, il ne me semble pas avoir d’autres talents cachés. Enfin, peut être un mais c’est une autre affaire …

Cette fois néanmoins, mon sourire charmeur avait refait son apparition face au talent que j’évoquais de loin. Elle m’avait clairement dit que pour le moment elle n’était pas prête pour sa première fois et bien que notre relation soit plus forte que jamais à l’heure actuelle, je préférais ne pas trop la mettre dans une situation délicate. En même temps après les bons qu’elle venait de m’offrir je pourrais facilement rendre les choses plus … intenses entre nous. Mais je ne le ferais pas si je n’étais pas certain qu’elle en avait également envie.

Par la suite, nous avions continué la visite et je lui avais montré chaque pièce, chaque recoin de la maison, passant du sous sol comprenant une piscine intérieure, et une salle de billard, aux multiples chambres à l’étage. Je lui avais dit que des elfes de maison pourraient monter ses affaires dans la chambre qu’elle occuperait pendant le temps qu’elle serait ici et nous avions fini dans ma chambre, tranquillement en train de discuter. Je n’avais plus pensé à rien qu’à elle car elle était la personne qui comptait le plus à mes yeux et je ne voulais pas gâcher un seuls des instants que je pourrais passer avec elle car je n’étais absolument pas sûr du moment où elle pourrait revenir au manoir. Mais la magie ralentit quelque peu lorsque la porte d’entrée s’ouvrit et que j’entendis ma mère me saluer depuis le bas des escaliers. A cet instant j’avais tendrement regardé Jan car je savais que c’était maintenant ou jamais. C’était le moment que nous avions attendu pour qu’elle rencontre ma mère, maintenant nous ne pouvions plus revenir en arrière.

Prête ?

J’avais caressé sa joue du bout des doigts, embrassant ses lèvres par la même occasion comme pour lui donner du courage. Je savais qu’elle serait parfaite mais j’imaginais assez facilement qu’elle pouvait se poser des questions sur ma mère. L’heure était venue du moment fatal.

« C’est vrai. » Admit-elle avec un sourire jusqu’aux oreilles. « Mais j’aime bien que tu me le rappelles, c’est rassurant. »

Il devait certainement le savoir, depuis le temps qu’ils se côtoyaient. January n’était pas vraiment du genre jalouse, en théorie, mais depuis qu’elle était avec Asling, c’était une toute autre histoire, elle n’aimait pas que les regards d’autres filles se posent sur son petit-ami et même si évidemment, elle n’en disait rien, elle n’avait qu’une seule frayeur, que l’une d’entre elles parvienne à mettre le grappin sur lui et qu’il finisse par choisir de la quitter pour une autre. Alors forcément, elle aimait beaucoup qu’il lui rappelle qu’elle était particulière à ses yeux et qu’elle surpassait les autres filles. Il lui avait répété un nombre incalculable de fois mais elle ne s’en contentait pas, considérant tout simplement que le jour où il arrêterait de le lui dire, c’était probablement qu’il ne le penserait plus et ce serait bien mauvais signe. Depuis le bal d’Halloween, la Poufsouffle avait beaucoup de mal à partager son dortoir avec la cadette des Milbury, mais elle tâchait de garder la tête haute et surtout son sang-froid quand elle la croisait, ne désirant pas passer pour une fille possessive manquant cruellement d’assurance, mais au fond, elle avait simplement envie de lui arracher les yeux pour ce qu’elle avait osé faire, ce ne serait que justice. La vengeance viendrait, aucun doute là-dessus, il ne restait qu’à trouver le bon moment et le bon moyen de rendre à cette petite peste sans cervelle, la monnaie de sa pièce.

« Hmm… Je demande à voir. » Dit-elle, non sans prendre la peine de ponctuer sa phrase d’un léger clin d’œil. « Je te trouve bien sûr de toi. »

Bien sûr, elle avait compris de quoi il parlait, elle avait beau être chaste et innocente, ou en tout cas, plus ou moins innocente, elle n’était pas née de la dernière pluie et avait côtoyé bien assez de garçons pour ne pas rester perplexe devant de tels sous-entendus, sauf que contrairement aux premiers temps de leur relation où elle s’était toujours montrée mal-à-l’aise avec le sujet, la jeune fille avait enfin commencé à prendre confiance en elle et ça se ressentait à la fois dans sa façon de se comporter avec Asling mais aussi dans sa façon de lui répondre. Hors de question qu’elle rougisse à chaque vanne dans ce genre-là, il était désormais normal qu’elle lui réponde et ne se laisse plus intimider aussi facilement. January était la première à trouver ce changement de situation plutôt agréable, il démontrait clairement que leur relation avait évolué, dans le bon sens bien entendu, créant entre eux une complicité nouvelle qui allait bien au-delà de celle connue par un tout jeune couple. Ils commençaient à se connaitre parfaitement l’un et l’autre, permettant tout simplement de gommer les éventuels complexes ou tabous qu’ils pourraient avoir afin de créer une relation saine et plus ou moins équilibrée. Pourtant au début, ce n’était pas gagné du tout, ils avaient tous les deux des personnalités bien affirmée qui avaient forcément un peu du mal à s’accorder sur ce sujet, mais peu importait, January continuait à croire en un avenir heureux et pour le moment, rien ni personne n’était venu lui démontrer le contraire.

« Totalement prête. » Le rassura-t-elle avant de lui rendre son baiser. « Je suis très heureuse de rencontrer ta maman. Je dois l’appeler comment ? Madame Gallagher ? »

Autant se renseigner tout de suite sur le sujet, c’était différent dans toutes les familles et l’impression de départ était souvent tenace, January ne tenait donc pas à faire de faux-pas, elle voulait savoir si elle devait serrer la main, faire la bise ou encore la révérence, elle avait déjà pratiqué les trois et s’était entrainée depuis toute petite à évoluer en société et à faire bonne impression. Toutefois, avec la mère d’Asling, elle avait décidé tout simplement qu’elle ne devait pas jouer les petites poupées hypocrites. Certes, elle n’était pas obligée d’aborder les sujets susceptibles de créer des divergences dès leur première rencontre, mais si elle devait passer un bout de temps avec le Serpentard, et elle espérait que ce serait le cas, il lui fallait à tout prix réussir à être appréciée de madame Gallagher lorsqu’elle était naturelle et non pas lorsqu’elle se comportait comme quelqu’un qu’elle n’était pas. De toute façon, cette brave dame devait être entrainée à repérer la fausseté chez ses interlocuteurs, c’était en tout cas ce qu’avait laissé entendre Asling en lui parlant de leur façon de se comporter et de leurs différents principes au début de la visite. Sa décision était donc prise, elle allait être elle-même sans chichi, ni fioriture et si ça ne passait pas bien, tant pis, January avait beau être changée en compagnie du Serpentard, elle ne conservait pas moins sa belle assurance et sa haute opinion de sa personne. Alors forcément, elle ne pouvait que plaire.

« En fait, t’es plus stressé que moi, avoue. »

Il n’avait pas l’air d’en mener très large, il fallait bien l’admettre mais peut-être était-ce simplement une impression. De son côté, January avait plutôt hâte qu’autre chose mais évidemment, elle ressentait forcément cette légère appréhension inévitable avant chaque première rencontre. Entrelaçant de nouveaux ses doigts entre ceux de son petit-ami, elle s’apprêta à quitter la pièce pour aller à la rencontre de son hôte, peut-être devrait-elle lui lâcher la main en présence de sa mère ? Il serait assez grand pour le faire si jamais c’était le cas, une fois de plus, elle ignorait tous des mœurs et coutumes des Gallagher, mais Asling, lui, savait parfaitement ce qu’il faisait.

Lorsque Jan m'avait dit qu'elle demandait à voir, j'avais déposé un baiser dans son cou avant de lui répondre que j'avais peut être bien des raisons d'être sûr de moi, ce n'était pas comme si je n'avais pas d'expérience sur ce terrain là. Mais lorsqu'elle serait prête cela ne me servirait pas de point de comparaison mais plutôt d'entraînement dirons nous, pour rendre les choses le plus facile pour Jan. Je voulais qu'elle puisse apprécier ce moment alors je ferais ce qui sera nécessaire pour que ce soit le cas.

Quelques petites heures étaient passées pendant lesquelles nous avions surtout discuté, mais aussi terminé la visite. Maintenant que ma mère était revenue nous ne pouvions plus reculer et je ne demandais qu'une seule chose : Qu'elle apprécie Jan autant que je l'appréciais. Si je devais choisir une fille à lui présenter comme ma petite amie jamais je n'en aurais choisi une autre parce que January était celle qui avait pris possession de mon cœur comme personne autre avant elle. Mais cela n'empêche que je m'aventurais en terrain inconnu.

Oui, madame Gallagher c'est très bien pour une première rencontre. Ca se voit tant que ça ? J'avais l'impression que mon cœur allait s'arrêter de battre d'une seconde à l'autre, c'était vous dire si j'étais inquiet. Mais j'avais en même temps hâte de présenter Jan à ma mère, autant vous dire que je n'en menais pas large, mais je ne pensais pas que ça se voyait autant que ça … Apparemment elle me connaissait bien mieux que je ne le pensais.

Entrelaçant mes doigts aux siens, je lui chuchotais un « je t'aime » avant de descendre en bas des escaliers et de me diriger vers la salle à manger, là où ma mère nous attendait déjà. Lorsque je vis son visage je compris immédiatement qu'elle était fatiguée mais qu'elle était décidée à faire bonne figure et comme à mon habitude je déposais un baiser sur sa joue pour la saluer, lui demandant au passage comment s'était passée sa journée. Elle me dit qu'elle en avait connu des meilleures et qu'elle était surtout soulagée d'être rentrée et je hochais la tête, sentant mon rythme cardiaque s'accélérer encore plus si c'était possible.

Mère, voici January Shiver, ma petite amie. Jan, ma mère, Sheila Gallagher.

Voilà, maintenant je n'avais plus qu'à laisser les filles faire connaissance, en espérant que ma mère prendrait compte de tout ce que je lui avais dit dans le passé sur January, sur sa personnalité et son savoir vivre mais en attendant, après que j'ai effleuré le dos de la main de Jan de mon pouce, je n'attendais pas très longtemps avant d'aller nous servir à chacun un verre d'Ogden's Old Firewhisky en guise d'apéritif avant que nous nous installions à table. Apparemment pour ce soir le repas allait être léger mais distingué et j'espérais que cela allait plaire à January parce que je voulais vraiment que tout soit aussi parfait que possible.

Quelques minutes passèrent pendant lesquelles un échange poli entre ma mère et January eut lieu puis nous prenions place à table, ma mère en bout de table comme à son habitude, moi à sa gauche et January à côté de moi, parce que même si certaines règles de bienséance aurait voulu qu'elle soit à la droite de ma mère et donc en face de moi, j'avais tout bonnement besoin de sentir sa présence à mes côtés. C'était plus fort que moi je ne pouvais pas m'en empêcher.

- Alors January, tu as fait bon voyage ? Asling m'a dit qu'il y avait de la route jusqu'au manoir, ce n'était pas trop long j'espère?

Bon, pour le moment les choses avaient l'air de plutôt bien se passer. En espérant que ça continuerait comme ça. Ma mère a le don de déstabiliser les gens comme personnes alors j'espérais une seule chose, qu'elle ne s'amuse pas à ajouter January à la liste de ses victimes. Mais vu les regards que je lui lançais de temps à autre malgré moi, elle avait pour la première fois depuis bien longtemps une petite étincelle de vie dans le regard, signe qu'elle était vraiment curieuse d'en apprendre d'avantage sur Jan. J'avais pris l'habitude de la voir lassée de tout et souvent assez déçue par l'ensemble des choses qui l'entouraient. Apparemment elle était curieuse de connaître un peu mieux la première fille que je lui présentais comme celle dont j'étais amoureux. Et si vous voulez mon avis il y avait de quoi être curieux, Jan était une fille passionnante lorsqu'on prend le temps d'apprendre à la connaître.

La fausse prétention du jeune homme ne pouvait que la faire rire, surtout dans un domaine où elle n’avait pas grand-chose à rétorquer, finalement, elle n’y connaissait absolument rien et si elle faisait semblant le plus naturellement du monde lorsqu’elle était avec d’autres personnes, c’était différent avec Asling, il était son petit-ami et si elle avait tenté de lui dissimuler qu’elle était totalement inexpérimentée, il aurait fini par se rendre compte de son manque flagrant de connaissances. Toutefois, ils avaient assez souvent abordé le sujet pour savoir la manière de penser d’Asling, il était assez gentil pour ne pas lui forcer la main et elle l’adorait pour ça en plus de toutes ses autres qualités mais il n’était pas contre non plus une évolution de leur relation. January ne s’était, pour sa part, pas trop posé la question jusqu’à maintenant, elle se laissait vivre et appréciait simplement les instants passés en compagnie du Serpentard, ils lui étaient précieux et la jaune et noir avait déjà accumulé un certain nombre de souvenirs qu’elle souhaitait à tout prix conserver. A bien y réfléchir, elle était devenue sacrément fleur bleue depuis qu’elle avait rencontré Asling, mais ça ne la perturbait pas plus que ça, c’était l’un de ses plus belles rencontres et elle ne regrettait rien. Certes, comme lui avaient dit ses parents de multiples fois, elle était jeune et ne devrait pas prendre les choses aussi sérieusement mais c’était plus fort qu’elle, elle avait du mal à voir autrement que par le serpent et ne se forçait pas à agir autrement.

« Carrément, ça crève les yeux, As’… » Répondit-elle gentiment, resserrant la pression de sa main sur la sienne en un geste rassurant mais certainement inutile. « Flippe pas comme ça, ta mère va croire que je te torture et j’aimerais mieux qu’elle ait une impression positive de moi. »

S’il ne faisait pas un malaise sur le champ, elle aurait de la chance. La jeune fille pivota sur elle-même pour lui faire face, toujours sans lâcher sa main et se serra contre lui, l’enlaçant de son bras libre pour lui donner du courage. Dans les bras d’Asling, elle s’était toujours sentie rassurée et en sécurité, il ne fallait qu’espérer que la réciproque soit toute aussi vraie et les choses iraient bien. En plus, c’était quand même cde sa propre mère dont il s’agissait, s’il avait aussi peur que ça, qu’est-ce qu’elle devrait penser, elle ? Que c’était un tyran sans cœur incapable d’être agréable avec qui que ce soit ? De toute façon, elle n’allait pas tarder à le découvrir puisqu’ils prirent le chemin de… Elle ne savait trop où d’ailleurs, la visite avait été longue et détaillée pourtant mais son sens de l’orientation lui faisait défaut et elle se contenta de suivre son petit-ami qui semblait littéralement dépérir avant d’arriver dans la salle manger dans laquelle elle était venue quelques minutes auparavant. Une femme s’y tenait à présent, droite et élégante, elle respirait une certaine fraicheur mais également un peu de lassitude, mais January n’aurait pas su dire à quoi elle renvoyait, sa présence ? Probable mais elle décida de ne pas s’en formaliser et de faire bonne figure, attendant bien sagement en retrait qu’Asling salue sa mère avant de la présenter de manière officielle. Tout cela semblait bien sérieux et la Poufsouffle n’était pas sûre

« Enchantée, madame Gallagher. » Continua-t-elle alors que son petit-ami achevait les présentations. « Je vous remercie de me recevoir. »

Vu le ton hyper conventionnel qu’avait adopté son petit-ami, la jeune fille avait jugé préférable de reprendre dans la même tonalité, il l’avait appelé « mère » quand même et January en était plus que perturbée, elle ne s’était clairement pas attendue à ce qu’il y ait une telle rigidité dans leurs comportements. C’était quelque chose qui lui aurait paru inconcevable dans sa propre famille, au sens large d’ailleurs puisque dans tout le cirque, il régnait perpétuellement la même atmosphère enjouée et agréable. Partant de ce principe, il était tout à fait logique que tout le monde se tutoie au lieu de rester dans une attitude guindée et conventionnelle. Toutefois, même si January était surprise par cette façon d’agir, elle trouvait ça plutôt agréable, elle aimait cette distance idéale pour permettre une politesse et un respect d’usage mais pas trop importante pour qu’elle ne soit pas prise pour de la froideur. L’équilibre ne devait pas être facile à maintenir mais la maman du jeune homme y parvenait facilement puisqu’elle engagea rapidement la conversation avec elle, échangeant des formalités d’usage en attendant le retour d’Asling qui lui manquait déjà cruellement alors qu’il s’était éclipsé pendant seulement deux minutes. Enfin, ils passèrent à table et January se félicita d’avoir bien appris ses leçons, ils étaient loin du repas sur le canapé devant la télé et elle tenait à faire bonne impression, une fois de plus.

« Oh non, pas tant que ça, mes parents sont itinérants et ils s’étaient arrangés pour se retrouver dans la région juste avant ce week-end. » Répondit-elle sans trop s’étaler sur la profession de ses parents, ils étaient des sang-purs et c’était tout ce qui importait, au moins elle ne faisait pas tache dans le décor. « Ils souhaitaient m’accompagner jusqu’ici, ce que je comprends. »

Il n’était pas utile de s’étaler véritablement sur le sujet, elle adorait Asling et l’ouverture d’esprit dont il faisait preuve vis-à-vis du choix familial mais quelque chose lui disait que ça ne serait pas pareil avec tout le monde, mieux valait rester vague. Jusqu’ici, la situation était idéale, elle n’était pas perturbée par les questions posées par la mère du jeune homme et elle ne craignait pas d’y répondre, c’était même aussi naturel qu’elle l’avait voulu dès le départ ce qui ne pouvait que la rendre heureuse. A ses côtés, le Serpentard semblait s’être détendu aussi et elle ne pouvait qu’apprécier de le voir profiter de sa soirée un peu mieux que lorsqu’il était à deux doigts de s’évanouir.

Oui j'avais été plutôt nerveux en attendant que vienne l'heure du repas. A tel point que Jan l'avait remarqué à présent je n'en menais pas large, surtout au moment où elle m'avait confirmé que ça crevait les yeux que j'étais stressé. Mais en même temps je vois mal comment la situation pourrait être différente alors que pendant cette longue attente j'avais redouté le moment où ma mère rentrerait. Bien sûr je l'adorais et je ne savais pas où j'en serais aujourd'hui sans elle mais elle pouvait se montrer sous des facettes toute à fait différentes les unes des autres et jamais je n'avais expérimenté son comportement lorsque je lui présenterais quelqu'un pour la simple et bonne raison que la seule de mes amies qu'elle a pu rencontrer n'est autre que Chloe et encore, ce n'est même pas moi qui lui ai présenté ma meilleure amie, les choses se sont faites d'elles-même et elle avait déjà des prédispositions quant à sa rencontre puisqu'elle était la fille de Rachel. Autrement dit, la situation d'alors n'avait rien en commun avec celle de ce soir.

Vint le moment de la rencontre et là encore je n'en menais pas large, conservant le respect que ma mère m'avait toujours inculqué à son égard. Il y a peut être eu une époque où les choses étaient plus simples, moins strictes, mais aujourd'hui je n'en gardais pas vraiment de grand souvenir et c'est pour cette raison que d'aussi loin que je m'en souvienne je l'avais toujours appelée Mère. Jamais elle ne m'avait demandé de l'appeler Maman comme ça serait le cas dans la plupart des familles mais à vrai dire ça ne me dérangeait pas plus que ça. J'avais l'habitude de cette relation qui sortait un peu de l'ordinaire et c'est seulement parce que j'y étais habitué que je la supportais parce que sinon je ne pense pas que j'aurais été capable de passer de la familiarité aux grands discours. Non, mieux valait que les choses restent comme elles étaient à présent, aussi surprenant cela puisse paraître.

C'est tout naturel, je n'ai pas l'habitude de rencontrer des filles présentées par Asling alors je me suis dit que ça devait valoir le coup.

Bon, il semblerait que les choses se passent plutôt bien jusqu'à présent, au moins on partait sur de bonnes bases. Je profitais donc de cet échange cordial pour aller nous chercher un petit verre d'apéritif et le repas avait annoncé, alors que nous allions commencé par des sushis de légumes. Quand j'avais dû choisir le menu de ce soir -une tâche que je m'étais moi même attribué- je m'étais dit que le mieux était de partir sur des choses simples mais du coup j'avais ordonné aux elfes de faire des prodiges afin de compenser la difficulté du plat en question. Espérons qu'ils soient à la hauteur.

Ma mère engagea la conversation avec January alors que nous commencions à être servis et elle lui répondit sur un ton respectueux qui, je le savais, était le meilleur à adopter dans ces circonstances. S'il y avait une chose que je savais que ma mère appréciait c'était les gens distingués. Elle avait beau ne pas énormément de me parler de son enfance de sang mêlée, je savais que depuis qu'elle avait été habituée à la noblesse elle évoluait toujours dans cet univers et il vaut mieux que pour le moment les échanges restent aussi cordiaux. De plus, j'ai l'impression que Jan s'en sort sans aucune difficulté et c'est justement une des choses qui est géniale chez elle, sa capacité à savoir comment se comporter avec telle ou telle personne, à tel ou tel moment.

Je vois, et c'est effectivement assez normal de leur part, peut être qu'à l'occasion je pourrais discuter avec eux, histoire de voir qui a été en mesure d'avoir une fille aussi bien élevée.

Je souris légèrement dans mon coin et ma main gauche se posa presque instinctivement sur le genou droit de Jan alors que je portais un toast.

Bon, eh bien je pense qu'on va pouvoir trinquer alors, j'aimerais d'abord remercier chacune de vous pour le weekend à venir, et merci Mère d'avoir accepter la venue de January.

D'ordinaire elle n'aurait pas été du genre à me refuser cette faveur pour la simple et bonne raison que je ne pensais pas me souvenir d'un jour où elle m'avait refusé quoi que ce soit mais on peut dire qu'elle fait quand même un effort en acceptant de la rencontrer.

A vous.

Ma mère me sourit doucement et ce fut bien la première fois depuis longtemps que je la vis avoir un sourire sincère. Je compris presque immédiatement les paroles qu'elle ne disait pas à travers ces deux mots puissiez-vous avoir le bonheur que chacun de nous mérite d'avoir au moins une fois dans sa vie mais je savais qu'elle ne les disait pas pour ne pas ruiner l'ambiance. Depuis sa dispute avec Raphael elle était souvent morose et jamais elle ne m'avait présenté d'autre homme. Il faut dire qu'il en faudrait beaucoup pour que je trouve qu'un homme soit digne d'elle mais en même temps, j'aimerais la voir à nouveau souriante et heureuse, pas un faux semblant qu'elle tentait presque constamment de conserver. Quoi que l'on puisse en dire elle restait humaine et je sais pertinemment qu'il lui arrive à elle aussi d'avoir ses moments de faiblesse. Lorsque j'étais plus jeune j'allais parfois me réfugier dans ses bras lorsque je la voyais triste, mais depuis nous n'avons jamais parlé de ces moments et je ne pense pas que nous le ferons un jour. Tout ce que je souhaite c'est qu'elle trouve le bonheur qu'elle mérite d'avoir et qui lui a été retiré avec le départ de celui qu'elle considérait, il fut un temps comme l'amour de sa vie.

Au moins, le jeune homme ne lui avait pas menti, sa mère n’avait bien pas eu l’occasion de rencontrer une seule de ses conquêtes. En même temps, elle ne doutait pas qu’Asling lui ait dit la vérité à ce sujet, il ne restait de toute façon pas assez longtemps avec une même fille pouvoir avoir l’occasion de lui faire rencontrer sa maman. Et puis, il y avait quand même un gros avantage à être la première, la maman du Serpentard n’avait pas le moindre point de comparaison ce qui lui évitait d’être jugée et mesurée, chose qu’elle n’aurait franchement pas apprécié. Elle restait parfaitement heureuse de pouvoir donner à son petit-ami des raisons de se détendre, la rencontre se passait parfaitement bien et la conversation s’était engagée le plus naturellement du monde jusqu’à ce qu’ils passent à table. January se sentait relativement à l’aise dans cet environnement pourtant en totale opposition avec ce qu’elle connaissait habituellement. Répondre aux questions de la mère d’Asling n’était donc pas un problème, bien qu’elle pèse ses mots et s’efforce de ne pas trop en dire sur la situation de ses parents, si le jeune homme pouvait se rendre compte sans trop de souci qu’elle était avec lui par amour et pas pour son argent, ce n’était pas forcément le cas de sa mère et elle tenait à éviter un conflit.

« Je vois, et c'est effectivement assez normal de leur part, peut-être qu'à l'occasion je pourrais discuter avec eux, histoire de voir qui a été en mesure d'avoir une fille aussi bien élevée. »

La jeune fille répondit à madame Gallagher par un sourire radieux qui en disait long, cette phrase bien qu’assez courte signifiait plein de choses positives à la fois. D’une part, le fait qu’elle veuille rencontrer ses parents voulait bien dire qu’elle acceptait parfaitement qu’elle soit en couple avec son fils et cherche même à en savoir plus sur celle qui partageait sa vie. D’autre part, après seulement quelques minutes de conversation, elle venait de lui faire comprendre qu’elle la trouvait à son goût, peut-être pas assez bien pour son fils, ça, il était encore trop tôt pour le déterminer mais au moins elle était loin de la haïr et elle en était très heureuse. A côté d’elle, Asling semblait s’être détendu puisqu’il osa même poser sa main sur son genou, un geste rassurant et montrant une possessivité qui la rassura, il n’avait pas honte de montrer sa relation devant sa mère et elle était très heureuse qu’il soit là pour la soutenir en cas de besoin. Mais contrairement à ce que le Serpentard semblait envisager, sa génitrice se montrait très cordiale, posant des questions pertinentes sans qu’une seule méchanceté ne sorte de sa bouche, il n’y avait donc pas de quoi flipper outre mesure.

« Je vous remercie. » Répondit-elle avec un sourire. « Je pense qu’ils seraient ravis de faire votre connaissance, je leur dirais de vous envoyer un hibou. »

C’était son premier mensonge de la soirée mais elle ne pouvait pas franchement faire autrement pour le coup, elle était sûre et certaine que ses parents trouveraient cette femme exécrable et surtout totalement inintéressante, ils ne faisaient pas partie du même monde et pour les parents de January, la richesse et l’opulence étaient des signes de snobisme et de vanité. Ils avaient choisi de vivre simplement pour se soustraire à cet univers si impitoyable qu’était la haute société et il y avait fort à parier qu’ils ne souhaitaient y revenir pour rien au monde. Leur fille avait beau faire tous les efforts du monde pour tenter de comprendre leur point de vue, elle n’y parvenait pas mais avec le temps, elle avait réussi à accepter leur mode de vie et elle espérait fortement qu’ils en feraient de même. D’ailleurs, la Poufsouffle n’allait pas manquer de leur donner des instructions très précises pour l’envoi de cette fameuse lettre destinée à contacter madame Gallagher, mais elle avait déjà de la chance puisqu’elle savait que ses parents connaissaient parfaitement les codes que respectait la maman d’Asling pour avoir vécu dans cet environnement durant leur enfance. C’était déjà un poids en moins.

Mais le moment était de toute façon bien mal choisi pour se tourmenter et la Poufsouffle reprit ses esprits au moment du toast porté par Asling et soutenu par sa mère qui la firent rosir de plaisir. Elle se contenta de garder le silence et de lever son verre, heureuse de se sentir aussi facilement acceptée. La conversation se poursuivit pendant tout le repas et January n’eut absolument pas l’impression de se sentir piégée, elle restait silencieuse lorsque mère et fils échangeaient sur des sujets qui ne l’incluaient pas, mais répondait à toutes les questions qu’on lui posait et tentait à son tour de s’intéresser à la mère d’Asling, personne sympathique et intelligente qui semblait tout à fait disposer à lui relater l’histoire du manoir dans lequel ils se trouvaient. La Poufsouffle, toujours aussi impressionnée, restait pendue à ses lèvres, ne perdant pas une miette des récits incluant la fabuleuse demeure qui l’accueillait pendant le week-end. Elle pouvait presque percevoir l’amusement de son petit-ami qui semblait trouver assez drôle le fait qu’elle ne se remette pas de ses émotions. Le diner se termina tard dans la soirée et la mère d’Asling prit congé en leur souhaitant une bonne nuit, les deux jeunes gens purent donc remonter les escaliers en direction de leurs chambres respectives. Alors qu’ils arrivaient devant celle qu’elle occuperait pendant la durée de son séjour, la Poufsouffle s’arrêta pour enrouler ses bras autour du cou du serpent et l’embrasser longuement, heureuse de l’avoir rien que pour elle, désormais.

« Tu vois, ce n’était pas si terrible que ça, finalement. » Lui fit-elle remarquer alors qu’elle se reculait légèrement. « Elle est super chouette ta mère. »

Il était grand temps de laisser le jeune homme regagner sa propre chambre à présent, elle avait plein de trucs de filles à faire et la soirée était déjà bien avancée mais lâcher son petit-ami lui était toujours aussi difficile, surtout lorsqu’elle savait qu’ils n’avaient que deux petits jours à passer rien que tous les deux avant de retrouver le brouhaha des élèves de l’école, les couloirs bondés et un certain manque d’intimité, mais leur relation se portait mieux que jamais et c’était tout ce qui comptait aux yeux de la Poufsouffle.

Finalement la soirée se passait plutôt bien alors que j’avais d’abord eu peur que ma mère n’apprécie pas forcément Jan mais finalement il se trouve qu’elles ont l’air de très bien s’entendre, à tel point que ma mère avait même laissé entendre qu’elle adorerait pouvoir rencontrer ses parents. Enfin, le détail qu’elle ne savait pas c’était que je ne pense pas franchement que la famille de Jan fasse partie des gens qu’elle aimerait rencontrer. Ma mère était ce qu’elle était, on ne pouvait pas dire qu’elle soit très prétentieuse mais il est vrai qu’elle préfère rencontrer des gens du même … univers. Aussi dédaigneux cela puisse paraître. Nous ne fréquentions qu’un certain type de personnes et j’avais déjà de la chance que Jan soit une sang pure, ce qui était sans hésiter un avantage pour elle du point de vue de ma mère. Je n’imagine même pas le malheur que j’aurais vécu si j’étais tombé amoureux d’une sang de bourbe. En même temps, cela m’aurait étonné étant donné que j’ai toujours pris soin de les dédaigner, dès que j’en étais capable.

Alors que les minutes passaient, la discussion continuait sans le moindre souci et c’était tant mieux. J’avais fini par me relaxer et je n’avais eu aucune honte à doucement poser ma main sur le genou de Jan. De toute façon je n’étais même pas sûr que ma mère l’ait remarqué. Sentir sa présence à mes côtés me faisait du bien, beaucoup plus que je ne l’aurais imaginé. En fait, lorsque j’étais avec elle il se trouve que je me sens apaisé et calme, une chose qui fut un temps aurait pu me sembler bien trop difficile à atteindre. La quiétude. Je n’étais pas d’un naturel stressé et pourtant malgré moi je ressentais parfois cette agitation au fond de mon âme, que rien ne pouvait dissiper et dans ces moments-là je ne pouvais rien faire pour m’en débarrasser, si ce n’est attendre et éviter de fréquenter qui que ce soit car on pourrait être sûr qu’ils recevraient malgré eux mon courroux. Heureusement avec Jan, tout ça est devenu beaucoup moins fréquent et c’était aussi la raison pour laquelle j’avais autant besoin d’elle.

Finalement, le repas se termina sur une note légère et joyeuse et après que nous ayons souhaité la bonne nuit à ma mère nous remontions les escaliers, et je raccompagnais Jan, prétextant qu’il ne faudrait pas qu’elle se perde même si en réalité il s’agissait surtout de mon désir de rester avec elle un maximum. Le baiser que nous échangions alors montrait que ni elle ni moi ne voulions nous séparer, même seulement pour la nuit, surtout que je ne ressentais absolument aucune fatigue qui me pousserait à aller au lit dès maintenant. Souriant contre ses lèvres, je plongeais mon regard dans le sien quand elle me dit que finalement ce n’avait pas été si terrible que ça et je lui répondais, d’une voix plein de sincérité :

Je suis ravi que ce soit bien passé. Mais finalement mon inquiétude était infondée, je ne vois pas comment elle aurait pu ne pas t’apprécier, tu es une fille géniale Princesse.

Lui donnant un dernier baiser avant de la laisser pour la nuit, je la regardais s’éloigner avant de moi-même regagner ma chambre. Je n’avais vraiment aucune envie de dormir, tout ça parce que j’avais eu la bonne idée de me reposer suffisamment les jours précédents pour pouvoir avoir de l’énergie à revendre mais maintenant tout ça constituait un inconvénient car je vois mal comment j’allais être capable de trouver le sommeil.

Me changeant pour mon pyjama qui se constituait simplement d’un pantalon de jogging j’allais rapidement me brosser les dents puis allais me coucher, ayant pour but de tenter tant bien que mal de parvenir à m’endormir afin de pouvoir être en forme demain.

Le diner avait paru à la fois long et court à la jeune fille qui était d’une part très heureuse de pouvoir faire la connaissance de madame Gallagher et d’autre part très impatiente de pouvoir retrouver son petit-ami rien que pour elle afin de profiter pleinement de ces deux jours qu’ils avaient à passer ensemble. Toutefois, January était loin de trouver le temps long et fut presque surprise lorsqu’il fut l’heure de se souhaiter une bonne nuit, le temps défilait et elle n’aimait pas trop ça, à ce rythme elle ne verrait pas son week-end passer et elle voulait profiter de tous les moments dont elle pourrait se souvenir en compagnie du jeune homme. Mais l’heure était venue de se souhaiter une bonne nuit et bien que January n’ait absolument pas envie de laisser son petit-ami partir loin d’elle, la Poufsouffle avait bien conscience qu’elle n’avait pas d’autre choix que de suivre le programme qu’il avait fixé, elle restait d’ailleurs impressionnée par tous les préparatifs pour sa venue et bien qu’il fasse preuve d’humilité en évitant de se vanter sur l’énergie qu’il y avait dépensé, elle avait vu ses efforts et était pleine de gratitude.

« Je suis ravi que ce soit bien passé. Mais finalement mon inquiétude était infondée, je ne vois pas comment elle aurait pu ne pas t’apprécier, tu es une fille géniale Princesse. »

C’était bien de le reconnaitre mais honnêtement, le fait qu’il panique à moitié comme ça lui avait rendu service, en fin de compte. S’il s’était montré parfaitement placide et intouchable, ça aurait été sûrement à elle de stresser un peu devant son absence d’émotion, alors que là, son attitude l’avait touchée et elle s’était efforcée de garder la tête froide pour deux. Son manque total de gêne et de stress lui avait donc permis d’être beaucoup plus à l’aise dans les conversations qu’elle aurait pu l’imaginer et c’était tant mieux. January avait toujours eu une forte opinion d’elle-même mais en rencontrant cette femme haute en couleur, très élégante et pleine de grâce, elle s’était quand même sentie un peu petite mais maintenant qu’elle était un peu plus loin de son interlocutrice, elle était plutôt fière de sa performance, supposant sans trop de peine qu’elle avait réussi à maintenir une impression générale assez positive. Bien sûr, elle ne pouvait pas savoir ce qui se passait dans la tête de son petit-ami ni dans celle de sa mère, mais à moins qu’ils soient les champions du monde de l’hypocrisie, tous deux avaient eu l’air ravie de ce moment et c’était son cas également.

« Merci. » Se contenta-t-elle de répondre avant d’ouvrir la porte qui menait à sa chambre. « Mais je te rassure, je suis heureuse que ce moment soit derrière nous, j’aurais eu du mal à imaginer l’enfer que ça aurait été si elle ne m’avait pas apprécié… Encore un signe qu’on est fait pour être ensemble. »

Des signes, la jeune fille en voyait partout, ça l’aidait à se dire qu’elle était sur la bonne voie et empruntait le meilleur des chemins. Au fond, elle n’avait aucune idée de la pertinence de toutes ces superstitions mais elles avaient l’avantage d’être rassurantes et ça lui suffisait plus qu’amplement. Beaucoup auraient jugé sa façon de voir les choses comme étant très superficielle mais January s’en fichait, elle était de toute façon une fille très superficielle et ne cherchait pas à montrer qu’il en était autrement. Bien sûr, elle estimait également être capable de réfléchir et de se servir de sa tête lorsque les circonstances l’exigeaient mais rien n’avait plus d’importance à ses yeux que son apparence, si l’on exceptait évidemment sa famille et ses proches en règle générale qui prenaient eux aussi une grande place dans sa vie. Cependant, la Poufsouffle se gardait bien de crier sur tous les toits ses petites manies. Désireuse de faire attention à son image et de ne pas se laisser pourrir par ses camarades, elle sélectionnait avec soin les informations à divulguer ou à conserver pour elle.

Après un dernier baiser du jeune homme, January regagna l’immense chambre qui lui avait été attribuée pour le week-end. La pièce aurait pu contenir plus de trois fois la roulotte familiale et son lit pouvait très largement faire dormir les triplets sans qu’ils se tapent dessus par manque de place. Etonnamment, elle ne se sentait pas trop à l’aise dans cette pièce, étant plus qu’habituée à la proximité d’une tierce personne que ce soit dans sa famille ou à Poudlard où elle avait toujours bénéficié d’une chambre commune avec d’autres élèves ou membres de sa famille. Mais tant pis, l’endroit restait splendide et elle tenta de faire abstraction de sa solitude, ouvrant sa valise pour en sortir son pyjama, simplement constitué d’un short et d’un T-shirt aux couleurs hivernales, elle passa dans la salle-de-bain pour se démaquiller, se brosser les dents et revêtir cette nouvelle tenue avant de retourner s’assoir sur son lit. Pendant ses préparatifs, une idée avait émergé dans son esprit et elle ne parvenait plus à l’occulter désormais. Bien sûr, elle hésitait craignant que ce ne soit pas la meilleure chose qu’elle puisse faire de toute sa vie mais elle en mourrait d’envie et son cœur battant plus fort alors qu’elle s’imaginait réussir à sortir de sa chambre pour pénétrer dans celle de son petit-ami lui faisait bien comprendre que c’était une excellente idée. La jeune fille finit donc par prendre son courage à deux mains et c’est pieds nus, les jambes un peu tremblante qu’elle poussa la porte de la chambre du jeune homme tout doucement pour ne pas qu’il l’aperçoive. C’est donc toujours sans faire de bruit qu’elle se glissa dans la pièce en refermant la porte derrière elle avant de se glisser dans le lit du jeune homme qui fut bien obligé de remarquer sa présence lorsqu’elle se blottit contre lui.

« J’espère que ça ne te dérange pas de me faire une place ? » demanda-t-elle avec un temps de retard en ayant pertinemment conscience de la réponse qu’il allait lui donner. « Je ne voulais pas rester loin de toi, c’est notre week-end après tout. »

Asling était un très bon radiateur humain et les frissons qui la parcouraient lors de sa traversée de couloir dans une tenue très peu appropriée ne tardèrent pas à s’estomper. Ses mains se réchauffaient très rapidement, également et elle posa la tête sur son épaule, ravie d’avoir réussi à se faire violence et à surpasser sa crainte de prendre une telle initiative, il n’avait peut-être pas encore donné son accord pour lui permettre de rester là, mais c’était tout comme, il n’arriverait jamais à la faire partir.

Les paroles de Jan dans le couloir me trottaient toujours dans la tête alors que je n'arrivais toujours pas à dormir. D'ailleurs, le fait que sa voix soit toujours aussi présente dans mon esprit ne m'aidait pas à sombrer, au contraire cela me rappelait seulement qu'elle était dans le manoir et que nous pourrions dormir ensemble si jamais nous n'avions pas à faire chambre à part à sa demande. Lorsqu'elle m'avait demandé une chambre d'ami je n'avais pas posé de questions supplémentaires pour la simple et bonne raison que je ne voulais pas la mettre mal à l'aise. Mais le fait est que maintenant que je vivais la situation concrète il était bien plus difficile de supporter cette séparation. Je me souvenais encore de son « encore un signe qu'on est fait pour être ensemble ». Il est vrai que si j'étudiais les choses de mon point de vue je voyais plus d'avantage à notre couple que d'inconvénient. Même si au début il avait fallu que je m'habitue au changement, aujourd'hui il me paraissait bien plus naturel de l'accepter et mes sentiments pour Jan y était largement pour quelque chose.

Alors que je pensais à elle -comme à chaque fois lorsque je vais me coucher- la porte de ma chambre s'ouvrit et se referma rapidement, montrant que quelqu'un était entré. Je relevais la tête un instant pour identifier l’intrus mais la pénombre ne m'aida guère à connaître la réponse à ma question. Cependant il y eut bien quelque chose qui m'indiqua clairement qui était venu me rejoindre : Le moment où January se blottit contre moi, d'abord grelottante puis ensuite se réchauffant peu à peu, alors que j'avais instinctivement refermé mes bras autour de son corps mince. Pendant un instant de silence je ne dis rien, appréciant seulement son parfum délicieux, un sourire satisfait sur les lèvres. Elle me demanda si ça ne me dérangeait pas de lui faire une place et ajouta qu'il s'agissait tout de même de notre weekend. Je déposais un baiser dans ses cheveux avant de lui répondre sur une voix à moitié endormie, ce qui me surprit moi-même :

Bien sûr que non ça ne me dérange pas, c'est l'avantage avec les lits king size. J'inspirais doucement son odeur avant d'ajouter : Et je dois dire que je suis totalement d'accord, il m'était bien trop difficile de faire chambre à part.

Seulement voilà, il y avait un léger problème maintenant qu'elle m'avait rejoint. Le fait est qu'à présent qu'elle était contre moi, dans mon lit, il était bien plus difficile de rester maître de moi même. Bien sûr jusqu'à présent elle ne m'avait pas explicitement dit qu'elle était prête pour passer à l'acte mais je ne pouvais m'empêcher de rêver de pouvoir l'avoir totalement rien que pour moi … Et parfois il m'est difficile de ne pas forcer mes rêves à devenir réalité. Cela reste néanmoins une chose que jamais je ne ferais parce que je ne pourrais pas lui forcer la main en l'amenant à faire quelque chose qu'elle ne désirait pas véritablement. Alors aussi difficile cela soit-il je restais la plupart du temps maître de mes actes. Sauf que maintenant, la tentation était très forte. Peut être un peu trop. Je ne pus même pas m'empêcher de déposer quelques baisers sur son épaule dénudée puis, alors qu'une idée naissait dans mon esprit, je lui dis avec un sourire charmeur et soudainement beaucoup moins endormi :

Dis moi tu n'as pas encore oublier les bons que tu m'as offert ? Non parce que … Je ne serais pas contre un petit strip-tease...

Lentement, je continuais d'embrasser son épaule, puis son cou, alors que je retrouvais toute mon énergie. Oui la tentation était forte. Mais maintenant que je me souvenais de l'existence de ces bons, je commençais à penser que peut être elle était d'avantage prête qu'au début de notre relation. Alors, nous avions de nombreuses incertitudes. Mais depuis nous avions appris à nous faire confiance, lentement mais sûrement, et depuis je crois que je peux avouer sans aucun mal que j'ai une confiance aveugle envers elle. Et si c'était réciproque ? Si elle était .. Prête ?