Comme quasiment chaque matin (et encore plus le samedi) j'avais pu profiter de quelques instants de tranquillité dans la salle commune. Le meilleur moyen que j'avais trouvé pour éviter d'être exécrable était de trouver les seuls moments où la salle commune était vide. Malheureusement pour moi aujourd'hui, cela n'avait duré qu'une poignée de minutes et, en voyant débarquer des minettes de deuxième ou troisième année, je me forçais à quitter le fauteuil sur lequel j'avais pris place pour me préparer à quitter la tour. Ma détermination du jour était la suivante : Penser à tout sauf à Asling et battre mon record de travail dans une journée. Bon programme non ? Mon sac était prêt depuis la veille et, avant de partir, je remontais une dernière fois vers le dortoir pour aller chercher "le petit homme de ma vie", celui qui méritait au moins d'avoir tout mon amour : mon petit chaton Neptune, que je trouvais toujours endormi sous la couette.

Le sac sur l'épaule, le chaton sous le bras et le sourire aux lèvres, je pris le chemin de la Grande Salle, histoire d'aller prendre un ou deux toasts à avaler en vitesse avant de m'enfermer dans la bibliothèque. L'avantage à être levée tôt un samedi matin était l'absence de foule de bon matin, ce qui m'évitait d'avoir à jouer le vilain petit canard avec mes copains de table. Je passais donc les portes de la Grande Salle, le regard dans le vague et me dirigeais directement vers la table de ma maison. Je levais un peu machinalement les yeux vers les étudiants déjà présents dans la Grande Salle et remarquais immédiatement un profil que je connaissais bien.

FLASHBACK

Soirée d'enfer, ambiance du tonnerre, je suis AUX ANGES ! Depuis le temps que je rêvais de revenir dans mes contrées, c'était à présent chose faite et je comptais en profiter jusqu'à la dernière seconde. Rester à Blairhall, ma ville natale n'était pas très judicieux car certaines personnes pouvaient facilement me reconnaître comme "la jeune Roxen". J'avais jeté mon dévolu sur Stirling, située à une petite demi-heure de Blairhall, mes amies 2 françaises étaient ravies de découvrir l'Écosse et moi, je n'avais eu qu'une seule et unique envie : profiter de ma jeunesse comme il se doit en découvrant le plus de pubs possibles.
Ce soir là, nous avions jeté notre dévolu sur un bar, moyennement fréquenté comparé à certains autres, mais il avait fait notre affaire dès les premiers instants car nous avions rencontré un groupe de jeunes hommes (sorciers ou non, je n'en avais pas la moindre idée). Ils ne s'étaient pas fait prier pour passer la soirée en notre compagnie.

La première bouteille de Tequila vient d'être vidée et l'un des garçons nous propose le jeu de la bouteille sous forme d'action/vérité. Un peu idiot dans le fond, mais nous ne sommes pas là pour nous prendre au sérieux. Comment refuser une aussi bonne occasion de rigoler ? Je m'installe donc avec les autres autour de notre regrettée bouteille de Tequila et après quelques tours de bouteilles auxquels j'échappe, celle-ci s'arrête dans ma direction.
- Aaahah Action ou vérité Chlo' ?
- Action bien sûr ! Qu'est-ce que tu crois ?
- Hum... Alors embrasse Matthew ! Tu le dévores des yeux depuis le début de la soirée...

Mon amie doit encore se souvenir du regard rempli de reproches que je lui lançais à ce moment là. Mais je riais quand même car elle avait raison dans le fond, ce garçon était celui qui avait retenu mon attention et j'exécutais mon action aussitôt.
Première rencontre et premier bisou.

FLASHBACK

Je laissais tomber l'idée du petit déjeuner rapide et sortis de mon sac un petit papier, une plume et de l'encre pour rédiger un petit mot:

" Peux-tu te rendre près du lac dès que tu auras finis de te goinfrer ? Il faut qu'on parle.
A tout de suite !
Signé : Une très jolie fille que tu connais".

Je fis envolé le petit papier en direction de Matthew et me dépêchais de sortir de la Grande Salle, avec Neptune, toujours, direction le bord du lac. J'espérais que mon interlocuteur allait bien se rendre au rendez-vous car, dans le cas contraire, il déclencherait mes folies furieuses.

Un sourire se dessina sur mon visage lorsque je me rendis compte que Matt avait répondu présent. J’étais contente car mine de rien, nous n’avions pas eu l’occasion de nous voir souvent depuis la rentrée. Ce garçon, je ne l’avais pas oublié car il était le visage de plusieurs des meilleurs moments de ma vie, jusqu’à maintenant : l’insouciance, vivre au jour le jour, oser, ne pas se prendre au sérieux, profiter… Aujourd’hui encore, je ne rêvais que de revivre ce genre de moment et d’oublier le reste. Même si les discussions sérieuses n’avaient jamais fait partie de notre relation, j’imaginais quand même que le jeune homme avait les mêmes façons d’imaginer sa jeunesse. L’alchimie naturelle entre nous n’était sans doute pas le fruit du hasard.
Penser à tout cela me donnait un sentiment assez étrange car j’étais partagée entre l’envie d’apprendre encore et encore la magie, et celle des soirées d’été passées à rire de tout et de rien. Malgré tout, j’avais un goût d’inachevé car le cours normal de la vie avait mis fin aux vacances et nous avions eu simplement eu le temps de nous promettre que nous partagerions d’autres moments d’enfer.

Entre lui et moi, rien de sérieux mis à part un attachement particulier de ma part, depuis le premier soir. Quant à lui, je ne savais pas réellement ce qu’il pensait de moi, mais il m’avait tout de même supporté jour après jour pendant un bon moment.
Bien que les baisers et les petits gestes furent nombreux entre nous durant cette période, je n’ai jamais considéré Matthew comme un ex petit ami…. Tout cela n’est pas pour nous, même s’il m’arrive parfois d’avoir envie d’être plus que la simple amie sexy… D’ailleurs, cette situation était de plus en plus difficile pour moi lorsque je devais subir la présence du petit couple January/Asling. Insupportable et complètement niais, d’après moi, mais, premièrement, je n’avais pas mon mot à dire, et deuxièmement, je voulais qu’Asling soit heureux dans sa vie, ce qui avait l’air d’être le cas avec elle… Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je me rendis compte que mon « friend with benefits » répondant au doux prénom de Matthew était lui aussi …. en couple ! Est-ce qu’il y avait eu une avalanche de papillons de lumière roses sur le château ? Un filtre d’amour abrutissant dans le jus de citrouille ? Le passage d’un affreux cupidon de Valentine’s day ? Je n’avais pas de réponses à mes nombreuses questions, mais il était certain que j’avais un peu de mal à comprendre comment il était possible que Matthew ait une petite amie officielle.
Par cette nouvelle, les petits plus de notre relation spéciale volaient en éclat et je dois avouer avoir passé de nombreux moments solitaires à ruminer cette nouvelle que j’avais découverte au détour d’un couloir de Poudlard.

- Hum non, je ne l'ai pas vue… Mais mon petit doigt vient de me dire qu’elle a voulu être modeste en se qualifiant de « très jolie fille » mais qu’elle est bien mieux que ça en réalité ! Quel coquin ce petit doigt. Je posais mes mains sur mes hanches en souriant avant d’ajouter : Je vais vous aider à chercher, je regardais à droite, puis à gauche et haussais les épaules. Oh ben zut, il n’y a personne à part nous deux ici. Il doit s’agir de moi ! Vous n’êtes pas déçu j’espère ?

Le narcissisme n’était pas chose inconnue pour moi et d’après mes souvenirs, Matthew n’était pas mal non plus dans son genre. Après tout, il pouvait facilement se le permettre, je n’avais pas flashé sur lui pour rien. La réalité était même bien mieux que le souvenir que j'avais gardé de lui.

- Merci d'avoir accepté de venir ! J'ai presque failli ajouter "with love" à la fin de mon petit mot, mais je me suis ravisée pour t'éviter certains ennuis éventuels. Je levais les yeux au ciel sans quitter mon sourire. Matthew devait avoir compris la première petite allusion à son couple. On va s'asseoir ?

- « je me contenterai bien de ça » citais-je en insistant sur le ça. Tu étais bien plus enthousiaste que ça la dernière fois, je lui fis un petit clin d’œil accompagné d’un sourire. Ca doit être l’effet « mec sérieux » …, j’ajoutais tout bas, pfff, quel gâchis !

J’aurais très bien pu en vouloir à Matthew pour ne m’avoir pas avoué sa situation plus tôt, bien que je ne savais pas vraiment depuis quand elle datait. Néanmoins, je n’avais pas prévu de faire mon petit numéro de bouderie. Ni maintenant, ni plus tard sauf si je me rendais compte que le jeune homme ne m’avait utilisée que comme un objet dont il n’a que faire. Même si Matthew était quelqu’un d’adorable avec quasiment tout le monde, j’étais prête à tout donner pour lui rendre la vie dure et lui faire payer ça, si je me rendais compte qu’il s’était joué de moi.
Aucune qualification ne correspondait à notre relation tellement elle était spéciale mais une chose était sûre : nous étions tous deux très loin de la dénomination de couple, qu’il s’agisse de nous deux ou de chacun de nous impliquant d’autres personnes. Ma surprise à cette découverte n’était donc pas si dénuée de sens que cela ! J’étais pressée de savoir s’il allait m’en toucher quelques mots de lui-même ou s’il allait attendre que je lui lance quelques petits pics.

Lorsque j’y pensais, je n’avais connu ce garçon que dans des circonstances particulières. C’était assez curieux d’être en sa compagnie dans un environnement qui n’avait rien à voir avec celui dans lequel nous avions passé du temps ensemble. Fort heureusement, aucun de nous deux n’en voulait à l’autre pour les mensonges que nous n’avions pas hésité à nous servir lors de notre rencontre (concernant notre âge, notamment).
Avec lui, j’étais sûre qu’aucune prise de tête ne pouvait avoir lieu et c’est une des nombreuses raisons qui expliquaient mon attirance immédiate pour lui, en plus de son charme qui ne passe sûrement inaperçu pour personne ici, à Poudlard.

Après avoir pris place à ses côtés un peu plus loin, j’écoutais ce qu’il avait à me dire tout en le regardant en coin et en caressant en même temps Neptune, mon petit chaton qui somnolait au creux de mon bras. C’est en riant que je lui répondis tout de suite :

- J’aurais pu être en manque de toi…., Chloé round 1 : d’ailleurs oui, j’étais terriblement en manque de toi. Figure-toi que j’avais déjà prévu de te proposer des vacances de rêve, dans un cadre de rêve, avec une Chloé de rêve… je clignais plusieurs fois des yeux en le regardant avant de poursuivre en souriant. Je m’étais dit qu’il était bien trop dommage que nos petites virées ne soient qu’un souvenir destiné à s’effacer avec le temps. Franchement, j'ai passé des moments extraordinaires... je me souviens de tout, en détail. Je haussais les épaules et gardais mon air faussement sérieux. Mais finalement j’ai changé d’avis pour le voyage ! Est-ce que j'ai une tête à partir avec un garçon qui est proche de la case "marié avec enfants" ?

Une petite attaque d’emblée ne pouvait pas faire de mal; elle était de bonne guerre, non ? J’ignorais si Matt en était conscient, mais toutes mes paroles ne seraient jamais que des provocations destinées à la rigolade. J’adorais jouer la comédie et bien que nous ne nous connaissions sûrement pas réellement, Matthew avait du s’en rendre compte. Lorsque j'avais prononcé mes dernières paroles, je m'étais penchée légèrement pour le pousser gentiment avec mon bras et je souriais toujours. J'avais vraiment hâte d'en savoir un peu plus sur tout ça... Mais aussi savoir si, à la différence de moi, il avait oublié nos vacances.

Un mec sérieux ? A l’entendre dire ça, je lui lançais un regard plein de sous entendus que je lui laissais le plaisir de deviner, accompagné, comme toujours, d’un sourire. J’avais envie de lui dire que je m’interrogeais sur le temps que nous passerions ensemble, à l’avenir, puisque nous n’avions rien connu d’autre que de la séduction, des fêtes, des moments d’une pure simplicité et même quelques moments insolites …

FLASHBACK

Assise sur un petit muret, dans le centre ville de Stirling vers 20h, j’attendais Matt depuis de longues minutes. J’avais naïvement cru que mon air pressant et alarmé allait le faire venir à ma rencontre beaucoup plus rapidement que prévu. Je m’étais trompée naturellement, mais cela n’empêcha pas, bien au contraire, mon sourire de s’étaler sur mes lèvres lorsque je le vis au loin.

- Hey ! Enfin là, tu n’as pas honte de me faire attendre si longtemps ? Je le regardais approcher. En plus d’être facile à vivre et drôle, il était également terriblement craquant. J’ai eu une idée ! Tu n’as pas le droit de dire non car de toute façon tu n’as pas le choix et je pense que tu seras content de savoir que je ferais tout ce que tu veux, ensuite ! Une phrase mortelle qu’il ne fallait prononcer sous aucun prétexte mais j’étais dans ma période « je n’ai peur de rien ». J’ai envie d’aller sur la côte, à St-Andrew ! Ce n’est pas très loin, juste 1h 20 de route… Il paraît que l’on peut voir des baleines, le soir ! Je rêve de voir une baleine… s'il te plaît... J’avais pris un petit air mignon pour essayer de le convaincre, mais je doutais que cela ait un effet, de plus, l’histoire des baleines sortait complètement de mon imagination. Je lui montrais alors deux bouteilles de Tequila avec un immense sourire. Fraîchement volées au bar d’hier soir… Je suis sûre que j’ai tapé dans l’œil du vieux serveur, je grimaçais et ajoutais, je ne crois pas que tu sois du genre à promettre, mais tu peux au moins me promettre que tu viendras me rendre visite, quand je serais en prison pour ce vol… , je roulais les yeux en souriant.

Je ne sais par quel miracle il n’avait pas bronché et m’avait accompagnée. Sauf que tout ne se déroula pas comme prévu et ma voiture (moi Chloé Roxen, sorcière presque arrivée au bout de sa scolarité dans une école de sorcellerie, je SAIS conduire une voiture bien moldue !) avait refusé de continuer d’avancer après seulement 40 minutes de route, en plein milieu d’un village que nous ne connaissions absolument pas.

- Oups, le coup de la panne ! lui avais-je dis avant de lui voler un premier baiser furtif avant de sortir de la voiture pour essayer de comprendre ce qui n’allait pas.

Il faisait froid, presque noir et nous n’avions pas la moindre idée de quoi faire. Je proposais alors à Matt de nous arrêter quelque part et d’attendre le lendemain, qu’il fasse jour, pour reprendre la route. Direction mes baleines imaginaires ou de retour à Stirling ? Je ne cessais de me demander à quel moment il allait râler et m’accuser de l’avoir fait exprès… En réalité, j’avais simplement eu envie de passer du temps en sa compagnie, de profiter de la présence de ce garçon qui avait tant de points communs avec moi et d’échapper un peu à mes deux amies plus fêtardes que jamais. Sauf que nos peines ne s’arrêtèrent pas là, ce soir. Nous avions fini par trouver quelque chose qui ressemblait vaguement à un hôtel, ou à des chambres d’hôtes. Nous avions sonné à la porte et attendu pas moins de 15 minutes dans le vent et sous la pluie. Un homme, complètement flippant était venu nous accueillir en lâchant un « c’est pour quoi ?! » et j’avais timidement demandé s’il était possible d’avoir une chambre pour la nuit. Le vieil homme nous avait laissé dans l’entrée, sans nous accorder un regard (sans doute pour aller vérifier si une chambre était libre).
A voir la tête de Matt à ce moment là, je ne pus retenir un incontrôlable fou-rire que j’essayais malgré tout de garder discret. J’attrapais alors son bras, et me penchais vers lui, hilare, pour lui faire part d’un sentiment qui pouvait paraître très contradictoire vu la situation : - Matt, j’ai peur !

FLASHBACK

Neptune était calme, dans mes bras. Je ne parlais pas le « langage chat », mais je l’imaginais bien en train de ronronner en se disant « qu’est-ce qu’elle fout avec ce mec d’ailleurs ? ».

Spoiler:

Je l’écoutais donc répondre à ma tirade qui avait été digne d’une petite jalouse, mais j’adorais jouer ce petit jeu même si, je devais l’avouer, il y avait un petit fond de vérité que je ne comptais sûrement pas admettre ! Je n’hésitais pas à plonger mon regard dans le sien tout en le laissant parler et en prenant garde à ne pas le détourner les yeux une seule fois. Ce qu’il me disait était surprenant et j’avais ignoré jusqu’à maintenant si, de son point de vue, notre rencontre avait été une petite passade, déjà oubliée, ou si nous avions vécu quelque chose de réel.

- Ce que tu me dis m’étonne vraiment… Je pensais que tout ça était oublié, pour toi. En réalité, j’attendais un petit signe de ta part. J’avais du mal à rester sérieuse plus de quelques secondes. Prêt à pas mal de choses pour les revivre, ces moments ? Comme sauter dans le lac tout nu ? Je haussais les épaules d’un air totalement innocent. Bah quoi… le prix à payer pour avoir omis de me recontacter depuis la dernière fois va être très élevé, tu l’imagines bien. Je lui fis un petit clin d’œil et me penchais de la même manière que lui pour lui glisser à l’oreille, tout bas : Et pour répondre à ta question : Absolument, ça me pose un problème que tu sois en couple, je suis vexée et verte de jalousie. Je terminais de parler tout haut, mais en le fixant toujours. Soit la fille est extraordinairement extraordinaire, je haussais un sourcil, signe de doute, soit tu t’es fait embobiner… Quoiqu'il en soit, je croyais que nous n'en avions pas fini... tous les deux.

Malgré notre relation assez particulière et parfois même ambigüe, je n’avais jamais considéré Matt comme quelqu’un avec qui je m’amuse et qui n’a pas d’importance. Il ne le savait pas, mais de par mon caractère exubérant, je n’avais pas eu de beaucoup d’occasions de rencontrer des garçons attentionnés. Je ne lui avais jamais rien demandé et loin de moi l’idée d’avoir l’exclusivité dans sa vie. Mais il s’était comporté ainsi de manière naturelle et notre relation n’en avait pas été altérée le moins du monde.
Sauf qu’aujourd’hui, le contexte était très différent de celui que nous avions connu et passer ce petit moment avec lui me permettrait de voir si notre entente fonctionnait quelle que soit la situation (et par là même, je pourrais me rincer l’œil pendant de longues minutes et en profiter).

FLASHBACK

Même si la situation se présentait plus positive que négative, nous trouvions tout de même le moyen de rigoler et de prendre à la légère notre petite mésaventure. Si ma mère m’avait vue à cet instant présent, en train de conduire une voiture, sans baguette, accompagnée d’un garçon et de deux bouteilles de Tequila, je pense que je ne m’en serais pas sortie vivante… A ce compte là, j’opte tout de suite pour la prison (bien moldue qui plus est, ça m’apprendra !), surtout que visiblement, ce tableau vend du rêve à quelque jeune homme.

Une fois arrivés dans le petit hall flippant, j’avais avoué à Matt avoir légèrement peur de ce qui pouvait nous arriver. Cela m’avait même amené à penser à mon statut : sorcière de sang-pur qui passe ses vacances à s’amuser « à la moldue », avec des moldus dans des endroits divers et variés et sans prendre la peine d’emporter sa baguette en cas de besoin. Sûrement de quoi faire dresser les cheveux sur la tête de certains. Mais j’avais toujours eu ce petit côté adepte de la rébellion. Ma situation familiale avait aussi de grandes répercussions sur mon comportement, mais je m’efforçais de ne jamais y penser.

« Pas de quoi avoir peur tant que t’es avec moi ! ».
J’avais voulu répondre à cette phrase surprenante mais je n’en avais pas eu le temps car le vieux était déjà revenu pour nous proposer une chambre. Je ne savais pas si j’étais correctement parvenue à cacher mon étonnement. A l’école, j’avais pris l’habitude d’être celle qui défend les plus jeunes, celle qui protège les plus faibles (qui le méritent), qui entre à pieds joints dans la bagarre sans aucunes craintes et qui ne montre aucun signe de faiblesse. Aujourd’hui, j’avais formulé un sentiment que je n’exprimais quasiment jamais : la peur. Et je n’avais pas imaginé pouvoir être protégée par quelqu’un d’autre que moi-même.
La chambre était à la hauteur de ce que nous avions découvert jusqu’à maintenant, mais, comme toujours, je riais et imitais Matthew qui s’était avancé dans l’horrible pièce qui était censé nous servir d’hébergement pour la nuit. Après avoir écouté ce qu’il avait à me dire et constaté son dégoût pour cet endroit, je m’approchais alors de lui et le poussais délicatement contre le mur :

- Je n’ai pas peur des monstres, j’en avais un sous mon lit quand j’étais gamine, il a fini dans la case « meilleur ami imaginaire ». Je grimaçais : Je sais ce que tu penses : tu te dis que tu as confirmation que je suis une fille tordue. Je roulais les yeux en souriant sans insister car il avait sans doute raison sur ce point. On n’est pas obligé de dormir, lui avais-je répondu en haussant les épaules et en lui jetant le même type de regard malicieux que celui qui m’avait jeté quelques secondes auparavant.

FLASHBACK

Je riais de bon cœur à l’entendre me dire que je n’avais rien trouvé de mieux que l’épisode du saut dans le lac nu. Sauf que des idées, je n’en manquais pas, mais je me devais à la fois de faire honneur à mon statut de 7ème année et élève modèle mais aussi de penser au fait que désormais, ce jeune homme était en couple. J’étais peut-être légèrement volage, mais hors de question d’être une briseuse de couples. Ma fierté ne s’en remettrait jamais. Les attaches n’étaient pas pour moi, du moins, à l’heure actuelle, et les mecs qui étaient attachés à d’autres non plus.
Je le regardais alors en ayant l’air de vouloir lui dire « tu me prends pour qui, voyons ? ».

- Bien sûr que j’ai d’autres trucs en tête pour te foutre à poil, je fis une petite pause assez significative avant de poursuivre, sauf que ces « trucs » te seraient profitables aussi et je ne suis pas encore certaine que tu le mérites. Je te rappelle que je suis vexée ! Impossible pour moi de ne pas sourire, la situation était amusante et je devais l’avouer, j’étais contente de le retrouver ici… quelle que soit la qualification de notre relation et le peu de temps passé ensemble, j’avais confiance en ce garçon. Tant pis pour moi si j’avais tort. Je me laisse alors le droit de penser que c’est l’œuvre du destin de nous avoir réuni ici… Tu as peut-être cru avoir la paix jusqu’aux vacances prochaines, ou même définitivement. Râté !

Pour répondre au reste de ses paroles, je gardais mon visage très proche du sien et chuchotais : Hum, tu as l’air vraiment a-mou-reux de cette jeune fille, prends ça mon cher Matt, c’est gratuit. C’est mignon. Ce n’est pas trop difficile, cette vie ?
La vision que j’avais de l’amour était tellement spéciale et originale que je doutais que beaucoup de personnes puissent la comprendre.

- Je vais peut-être passer pour une horrible petite prétentieuse, mais les « têtes que j’ai pu faire tourner ici ou ailleurs depuis…. nous » ne sont pas assez pleines à mon goût. Je souriais encore une fois, j’ai décidé d’être sélective et de ne pas me laisser embobiner, moi. Nouveau silence plus que nécessaire accompagné d’un regard très appuyé. Ou peut-être que dans le fond, mon retour auprès d’Asling y était pour quelque chose... Ce qui est sûr, c’est que tu ne me verras pas en couple et encore moins avec l’un des morpions de l’école… Je riais intérieurement car j’avais sans doute quelques exceptions, mais présenter la chose ainsi avait un effet choc que j’aimais bien.

C’était bien la première fois que je partageais ce genre de moment avec Matt. Par là, j’entends une discussion simple, dans un lieu simple (mais pourtant si beau… je devais en profiter, mes occasions de profiter de ce décor n’avaient pas été très nombreuses). Les circonstances étaient bien différentes, et pourtant, je n’avais pas le sentiment que tout soit différent, entre nous. Nous étions simplement obligés d’avoir un comportement différent, à l’école. Moi, je devais également me mettre dans le crâne que le jeune homme n’était désormais plus libre et que j’avais interdiction de lui proposer des choses complètement folles. Tout cela me manquait beaucoup et cet aspect ne faisait qu’accroitre mon mal-être quotidien, bien dissimulé. Simplement, je prenais mon mal en patience, le moment viendrait où je me sentirais complètement à l’aise ici, à Poudlard. J’avais passé de merveilleux moments à Beauxbâtons, mais toutes les bonnes choses finissent par se terminer. Mon retour pouvait également m’apporter de bonnes choses, j’attendais juste d’en avoir un exemple concret.

FLASHBACK

Je m'étais laissée entraîner tout contre lui, sans essayer de résister et en conservant mon sourire quasi perpétuel. Depuis la soirée où nous nous étions rencontrés, aucune barrière ne s'était dressées entre nous et je n'avais pas ressenti le besoin de m'éloigner de lui. Le cas de figure m'était arrivé par le passé, lorsque j'avais senti un garçon un peu trop pressant ou même lorsque j'avais eu le sentiment d'être un objet... Je n'avais pas ressenti cela avec Matt, je me félicitais d'être tombée sur une exception que je ne comptais pas laisser filer.

- Pas envie de dormir parce que tu as peur de fermer l’œil quand une fille tordue traîne pas loin, ou parce que tu as d'autres idées en tête ?

Je n'attendis pas la réponse car le jeu avait déjà commencé. Je ne me trouvais qu'à quelques centimètres de son visage mais je gardais mes lèvres à bonne distance essayant de résister le plus longtemps possible. Je passais alors mes bras derrière son dos, en le fixant toujours et en essayant d'attraper la bouteille. Un jeu totalement idiot mais le jeu de séduction qui l'accompagnait lui donnait une autre dimension. Tout en continuant d'essayer d'attraper la bouteille qu'il tenait éloignée de moi, je déposais mes lèvres sur les siennes. Il avait gagné cette petite bataille car il était difficile pour moi de résister, mais il n'avait pas encore gagné la guerre.

- C'est vrai que c'est pas mal... Jolie façon de me faire comprendre que tu as envie de m'embrasser. [i]Je me reculais en souriant après avoir réussi à attraper la bouteille. J'en avalais une gorgée également avant de pincer les lèvres et d'attendre en ne détachant pas mon regard du sien. Pour être honnête, mon envie n'était pas bien éloignée de celle que je venais de lui attribuer...

FLASHBACK

Bon, certes, le destin n’y était sans doute pas pour grand-chose, mais aucun de nous deux n’avait imaginé retrouver l’autre au collège Poudlard ! Quelle surprise, moi qui pensais avoir affaire à un étudiant. Mais comment lui en vouloir ? Je lui avais servi le même mensonge sur un plateau et cela avait fonctionné. J’étais capable de passer pour une adolescente plus âgée du haut de mes 17 ans.

- C’est ça ! J’avais peut-être envie de te voir, et peut-être que j’avais même TRES envie de te voir, j’accompagnais mes paroles d’un sourire malicieux, sa copine n’allait pas m’arracher la tête pour une petite parole de drague malheureuse ; je ne l’avais pas touché. …mais je constate que tu ne t’es pas fait prier pour répondre à l’invitation. Peut-être que tu avais tout autant envie de me voir en fin de compte. Et ne me sors pas comme excuse que tu ne savais pas qui était derrière ce mot…

J’avais réussi mon coup et lui parler d’amour l’avait fait bondir. Fière de moi, j’éclatais de rire en l’écoutant se défendre. Pour tout ça, il était vraiment très semblable à moi et je comprenais totalement son point de vue même si j’avais une idée bien déterminée de tout ça. L’amour devait se passer de mots, être tellement évident qu’aucune parole n’est nécessaire pour le rendre effectif, l’amour n’a rien de parfait, il n’est pas toujours adepte de l’honnêteté, l’amour doit se vivre, se ressentir. La personne extrême que je suis n’a jamais accepté de parler d’amour et ne sait pas si elle le fera réellement un jour.
Les petits couples modèles « à la January/Asling » sont très loin de ce à quoi j’aspire. Est-ce que je peux en arriver à ce cas de figure malgré moi ? Est-ce que je peux faire comme Matt et promettre fidélité à quelqu’un sans avoir la certitude que cette personne représente tout pour moi ? J’en doute… et je n’en ai pas envie.

- Bien bien bien, oublions l’amour alors. Je trouve ça quand même assez curieux, je n’aurais jamais imaginé te retrouver attaché de telle sorte à une nana… ça ne ressemble pas au Matthew d’Ecosse que j’ai connu…

Je haussais les épaules en regardant mon chat qui dormait toujours comme un paresseux.
J’attendis quelques secondes avant de diriger à nouveau mon regard vers lui. Ce que je m’apprêtais à dire n’était pas facile, j’étais tellement sympathisante de l’amusement et des blagues que faire preuve de sérieux était un défi.

- J’avoue, ça aurait été assez critique que tu sois amoureux fou d’une jeune fille… Je me préparais ensuite à faire l’effort le plus extrême afin d’être totalement sérieuse dans la suite de ma phrase : Si tu tombes amoureux de moi, c’est mieux.

« Continue Chloé, ne détourne pas les yeux et ne ris pas ! ». Mon avenir dans le monde des moldus est assuré dans la catégorie des sublimes actrices internationales. Matt n’était sans doute pas dupe, mais tout cela était très amusant. Pour conserver mon sérieux, je décidais de répondre à ce qu’il avait avancé, me concernant. Parler de tout ça pouvait m’amener assez facilement à Asling et je n’en avais pas envie. Sa petite amie finirait tôt ou tard par nous séparer et ça, il ne s’en rendait pas compte, pour le moment.

- Tu ne me retrouveras PAS en couple avec un garçon de l’école … tu veux parier ? L’enjeu du pari : celui qui le remporte fait ce qu’il veut de l’autre pendant toute une soirée. Je levais les yeux au ciel avant de lui jeter un petit regard d’excuse complètement faux. Au temps pour moi, tu n'as plus le droit de jouer à ces petits jeux, sauf avec elle. Quant à moi, j’ai peut-être quelqu’un en ligne de mire, mais …. J’attends. En réalité, je suis déçue quand je me rends compte que les garçons s’intéressent à moi pour les mauvaises raisons. Je suis peut-être un peu jolie, oh la petite modeste, mais pas que…, je le regardais fixement, espérant déceler dans ses yeux une petite pointe de culpabilité. Lui aussi ne m’avait remarquée que pour mon physique.

Penser que tout ce que nous avions vécu ne se reproduirait jamais n’était pas forcément agréable, mais je n’avais pas dit mon dernier mot. Je ne savais pas de quoi l’avenir était fait, mais au moins, j’étais sûre que notre avenir d’étudiants complètement déchaînés n’était pas loin. Matt allait rester bien sagement avec sa petite copine de Poudlard ? J’avais de gros doutes même si je savais qu’il ne lui ferait sans doute pas le moindre mal et qu’il avait très certainement un attachement réel pour elle.
Pour l’instant, nous avions nos souvenirs, et pas des moindres…

FLASHBACK

Nous n’avions même pas mis cinq minutes avant de commencer à nous chercher. Et le contexte n’était pas des plus glamour mais cela n’empêchait rien. Cette soirée resterait dans nos mémoires puisqu’elle était différente des précédentes où nous étions bien installés dans les bars à nous lancer des petits défis aussi idiots les uns que les autres. Même si le physique avait eu une grande place dans notre rapprochement, je ne m’arrêtais pas à cet aspect car Matthew avait aussi une ouverture d’esprit assez rare. Je ne l’avais jamais vu vexé de mes petites remarques, ni en colère ou encore triste. Il avait l’air de vivre l’instant présent. Peut-être utilisait-il cela pour mieux affronter le sérieux du quotidien. Cela me plaisait, quelle qu’en fut la raison.

Lorsqu’il tendit la main vers moi en me disant que nous partagerions tout, j’attrapais sa main pour le tirer vers moi, mon autre main était toujours prise par notre bouteille. Tout en l’attirant vers moi, je reculais, direction le lit et je m’exclamais en souriant :
- On partage tout… tu veux dire les cafards, les araignées et les poux laissés par les voyageurs sur la taie d’oreiller ? Miam… C’est le road trip de mes rêves.

Je continuais de l’attirer vers moi et m’arrêtais debout, au pied du lit qui avait l’air complètement inconfortable. J’avalais une nouvelle gorgée avant lui dire :

- Il va bien falloir le teste quand même, ce lit, si nous voulons…….. dormir !

FLASHBACK

Je lui souriais simplement lorsqu’il cessa son petit numéro de vantardise et qu’il m’affirma qu’il était content de me voir. J’espérais que mon regard et mon sourire soient assez explicites pour qu’il comprenne que moi aussi, j’étais très contente de le retrouver. Je n’avais pas imaginé cela de cette manière, mais c’était quand même mieux que rien.

Sa réaction à ma petite vanne fut juste terrible. A première vue, j’avais réussi à paraître crédible puisqu’il lui me regarda interloqué pendant quelque courtes secondes certes, mais quand même. Mais ça, c’était avant qu’il ne se mette à rire de bon cœur. « On repassera pour la grande carrière dans le cinéma moldu, Chloé ». Je n’avais néanmoins pas dit mon dernier mot, étais-je capable de lui mettre le doute quand même ? Je ne le saurais peut-être jamais, mais cela valait le coupe d’essayer. Je pris un petit air boudeur, avec un mini sourire au coin des lèvres pour dire :

- T’es nul ! Je le poussais affectueusement. Je n’ai JAMAIS dit que je rêvais que tu tombes amoureux de moi, j’ai dit que si tu devais tomber amoureux, il serait préférable que ce soit de moi … , je haussais les épaules, sûre de moi, avant d’ajouter à mi-voix, comment peux-tu être sûr que je n’étais pas sérieuse ? Question totalement rhétorique destinée à atteindre mon but : lui mettre le doute. Ce qui est sûr, c’est que j’ai une définition de l’amour mais elle ne se rapproche pas vraiment de celles des gens en général ! Surtout en ce qui concerne les parties « disputes », « confiance » et « surveillance constante ». Pour rebondir sur ce qu’il m’avait dit, j’ajoutais : Tu trouves que l’amour n’est pas compatible avec rires et plaisir ? Si c’est le cas, je vais devoir rayer ce sentiment définitivement.

Je lui souriais et posais également mon regard sur le lac. Je n’avais pas répondu à sa dernière affirmation, mais il ne se trompait pas sur ce que je voulais. Poudlard avait beaucoup de qualités, sauf celle de me donner envie de rire et chanter….J’espérait que cet état passerait rapidement, une fois le processus d’acclimatation achevé.

Faire des paris et m’amuser étaient les meilleures façons de faire passer le temps et de me permettre d’être heureuse de mon retour à Poudlard. Je ne m’attendais pas à ce que Matt accepte le pari, surtout vu son objet.

- Bien sûr que je veux qu’on parie ! Sauf qu’à cause de toi, nous ne pouvons pas mettre de récompense un petit peu salace pour le gagnant. Ce qui n’est absolument pas drôle du tout. Et je te rassure, il y en a bien qui « résistent à mes charmes », même si je le suis avec toi, je ne suis pas toujours une fille très sympa et agréable, si tu vois ce que je veux dire.
Agresser gratuitement les autres était l’une de mes spécialités et des victimes innocentes en faisaient les frais, parfois. Je n’avais jamais eu peur de dire les choses, peu importe l’interlocuteur en face de moi.

Je me penchais vers lui et déposais ma tête sur son épaule. Oh tiens, bonne idée, complimente-moi pendant des heures ! Tu as de quoi faire en plus, éclat de rire, ça t’entraînera à être adorable. J’ajoutais, moqueuse, je peux te coacher, comme ça tu mettras en pratique avec la fille et comme ça tu seras parfait quand je te récupérerai. Je levais les yeux pour voir sa réaction et jugeais bon d’ajouter en souriant pleinement, ça va je rigole.

Lorsque j’avais découvert qu’il avait une petite amie, cette histoire avait tourné dans ma tête à de nombreuses reprises et j’étais passée par nombre de sentiments différents. J’avais eu envie de me moquer de lui, de le secouer, de lui râler dessus, de faire semblant d’être indifférente et même d’aller provoquer ladite jeune fille. Sauf qu’à 17 ans (et toutes mes dents) j’avais déjà passé le stade de ces idioties et j’aspirais à être une jeune fille beaucoup plus mature que tous les imbéciles heureux de mon âge. Amen. Pour me consoler, je me disais que c’était tant pis pour lui, au final. Les garçons biens ne courent pas les rues, mais je ne désespérais pas d’en trouver un autre, aussi beau et semblable à moi. Matt était le candidat parfait, mais je devais me rendre à l’évidence, nous avions eu notre moment…..

FLASHBACK

Son regard était assez explicite et à cet instant, j’étais contente d’être parvenue à taper dans l’œil de ce garçon. Même si on me dit assez souvent que j’ai très peu de chances de ne pas parvenir à mes fins, je n’avais jamais été complètement sûre de moi. J’avais évidemment rencontré des garçons qui ne s’étaient pas intéressé à moi, malgré mes avances, et j’estimais alors que ces derniers avaient un petit problème. . . pour cacher la petite voix dans ma tête me disant que cela venait de moi, que j’étais trop provocante, trop dragueuse, que j’avais l’air d’une petite trainée. Non, je n’étais pas ce genre de fille et mes actes n’étaient pas irréfléchis, en dépit de certaines apparences.

La petite phrase qu’il me formula à l’oreille me fit sourire. Le jeune homme n’avait pas peur du contact physique et il était habitué à faire ce genre de petits gestes. Tout pour me plaire. Lorsqu’il se détacha pour me regarder, j’avançais mon bras pour rattraper sa tête, qui s’éloignait de plus en plus de mon oreille, pour l’amener de nouveau à moi. Pourquoi m’empêcher de l’embrasser alors que j’en avais envie ? Je l’imaginais mal commencer à résister même si nous étions tous deux adeptes des petits défis.
Après un baiser que je fis durer quelques secondes, je me détachais pour grimper sur le lit et m’allonger sur le dos et m’appuyer sur mes coudes, pour l’avoir à l’œil.

-Mouais, il correspond bien à son apparence, dis-je en grimaçant. Mais tu vas dormir avec moi… tu ne sentiras même pas l’inconfort de ce lit. Viens voir…

Et tout ça accompagné du petit regard que nous aimions bien nous lancer, dans ce genre de situation.

FLASHBACK

Je me contentais de lui adresser un petit sourire en coin lorsqu’il affirma me connaître assez bien sur ce point. Mon choix de ne pas insister me permettait de laisser planer le doute ; je ne savais pas si j’avais réussi, mais je croyais en moi. Je le voyais bien dans la catégorie des garçons attirés par les filles non conventionnelles, qui ne prennent pas la vie au sérieux et qui redoutent l’ennui.

Je haussais les épaules à mon tour avant de répondre à ce qu’il me disait concernant ses proches objectifs : Mais peut-être que cela fait partie des plans de ta jolie demoiselle ! Si tu t’es fait avoir une fois, tu peux te faire avoir deux fois et on dit toujours « jamais deux sans trois » … je stoppais mon blabla inutile avant de me reprendre en riant, tu ne pourras pas dire que je ne t’ai pas prévenu ! Quand tu te retrouveras en mauvaise posture à cause de ta CHÉRIE, tu penseras à moi ! Et quand tu commenceras à penser à moi, tu ne pourras plus t’arrêter… et à ce moment là, tu m’enverras un petit mot et on se retrouvera dans un petit coin, d’accord ? J’ajoutais, à destination de l’une des vilaines phrases qu’il m’avait dites un peu plus tard à propos de ma façon de prendre soin des hommes. C’est à ce moment là que tu pourras me dire si j’ai bien appris à prendre soin d’un homme…

Chassez le naturel, il revient au galop. J’étais incapable d’échanger avec lui sans avoir ce genre de petites idées. Et il n’avait rien vu. L’idée du pari et des enjeux totalement libre me donnait encore plus d’idées, allant des plus soft aux plus tordues. Et j’avais décidé de mettre en œuvre la plus tordue qui existe mais qui avait pourtant une issue soft… Je m’approchais de lui, tout sourire, et commençait à parler :

-Bien bien bien…. Alors si tu gagnes toujours et que tu n’as peur de rien, voici un nouveau pari : si tu gagnes, tu choisis ta récompense, si je gagne, je fixe la mienne : Je te parie que tu n’oseras pas m’embrasser dans les dix secondes qui arrivent … 10 …. 9 … 8… 7 … 6 …

Dans le genre joueur, il avait sûrement trouvé un adversaire à sa taille car j’étais capable des pires stratagèmes pour gagner. Perdre le pari ou faire du tort à son couple ? J’imaginais bien qu’il allait choisir de perdre le pari, chose que j’espérais (bien que le baiser ne soit pas une mauvaise idée) et il avait beaucoup de chance car je savais de quelle manière j’allais pouvoir rattraper mon attitude, par la suite.

Je me demandais encore ce qui avait motivé Matt à vouloir se mettre en relation officielle avec une jeune femme. Il m’avait paru tellement heureux et dans son élément l’été dernier que j’avais franchement du mal à comprendre. Peut-être que je n’en étais tout simplement pas capable, après tout. Est-ce que cela me regardait vraiment ? Il était parfois mieux d’ignorer certaines choses et de ne pas trop réfléchir.

FLASHBACK

Nous n’avions pas eu de nombreux moments seuls puisque nous avions pris l’habitude de nous retrouver en compagnie de nos amis respectifs, dans les bars, chez l’un d’entre eux ou même à se balader dans les rues ensemble… L’atmosphère était à présent différente et nous ne cachions plus notre attirance. Moi, en tout cas, je ne cachais absolument pas mon envie de proximité avec ce garçon. Il fallait simplement que j'évite de penser que j'étais en train de lui mentir sur mon âge.

Je le regardais, en souriant toujours, s’installer dans le lit, à mes côtés et tourner délicatement mon visage dans sa direction. Cette initiative me donna l’occasion de plonger mon regard dans le sien et je n’avais pas la moindre envie de rompre ce petit lien. J’avais complètement oublié le contexte assez spécial et l’atroce endroit dans lequel nous étions actuellement. Ma seule envie actuelle, l’embrasser. Je n’avais pas détaché mes yeux de son visage lorsque je sentis sa main se promener à un endroit suggestif ; cela me fit immédiatement sourire et je le savais parfaitement conscient du désir que cela pouvait provoquer.
Sans le quitter des yeux, j'avançais la tête pour déposer un baiser non loin de ses lèvres avant de répondre, en restant tout aussi proche :

- Une petite idée... oui... elle est tellement évidente que tu dois déjà l'avoir devinée non ? Je laissais mon visage à quelques millimètres du sien.Je ne sais pas si tu as des limites...

Je le regardais pendant quelques instants avant de me décider à l'embrasser, de manière franche, cette fois-ci. Je n'avais pas vraiment l'intention de me reculer, désormais, ni de lui cacher mon envie d'être proche de lui. Je glissais ensuite mes doigts sous son T-shirt......

FLASHBACK

Matt savait se défendre et, pour cela, il était parfaitement apte à retourner la situation en sa faveur. Moi, je n’avais aucune gêne à lui donner le fond de ma pensée et il était hors de question de faire semblant et de mettre de côté l’attirance que j’avais eue pour lui. Et lui ? Est-ce qu’il était seulement capable d’avouer que je lui plaisais un tant soit peu ? Ma réponse arriva lorsqu’il affirma avoir déjà pensé à me retrouver … Mais la réponse ne fut que partielle car il m’affirma que cela serait mauvais pour moi.

- Je l’avoue, j’aimerais que tu penses à moi, et je ne suis pas prête d’abandonner l’idée, quoique tu puisses me dire et malgré ton couple…, je terminais ma phrase, en toussant, …à la noix. J’ajoutais bien vite : mauvais pour moi ? pourquoi ? Parce que je risque de me faire tirer les cheveux par la petite amie ? Même pas peur ! Ou alors c’est parce que tu penses être irrésistible, pfeuh… je haussais les épaules en lui lançant un petit sourire en coin. Dis plutôt que tu trouves une excuse parce que tu ne PEUX PAS te retrouver dans un coin avec moi. Ce n’est pas grave tu sais…

Il était vrai que j’acceptais mal le fait de n’être pas libre et qu’il soit lui-même dans une attitude de défense. Je n’avais pas connu ça et ne m’étais pas préparée non plus. Cela finirait pas me passer et je m’y habituerais tôt ou tard.

- Et peux-tu me dire ce que ça t’apportera de savoir que j’ai appris à prendre soin d’un homme ? Peut-être que je sais déjà le faire un peu, mais à ma façon ! Au moins ce n’est pas la manière de toutes les autres ; j’aime être hors normes. Je penchais la tête dans sa direction pour ajouter : tu seras quand même le premier à le savoir…

En disant tout cela, je pensais bien entendu aux petites copines que je trouvais complètement ridicules : la sienne et celle d’Asling. Sauf que je gardais cette gentille petite pensée pour moi. Je n’avais pas particulièrement envie d’user ma salive inutilement. Je pouvais peut-être apprendre à prendre soin d’un homme, comme il le disait si bien, mais est-ce qu’un homme allait pouvoir prendre soin de moi en retour ?

Mon petit pari, j’en étais tellement fière ! Sauf que je n’avais pas prévu qu’il puisse trouver quelque chose pour m’avoir à nouveau : un formidable baiser sur le front, qui, bien qu’anodin, me donna le souvenir des tendres moments passés en Écosse. Je le regardais s’éloigner de mon visage avec un petit sourire et en pinçant les lèvres. Je secouais ensuite la tête avant d’enfouir ma tête dans mes mains en riant. Il était bon, très bon. Mais s’il pensait que j’allais abandonner si facilement, il se mettait le doigt dans l’œil. J’étais bonne perdante, mais déposer les armes aussi vite ? Jamais. J’étais certaine d’être capable de l’avoir, quels que soient les efforts que cela me couteraient.

- Cette victoire injustement gagnée et basée sur une tricherie restera sur ta conscience, j’en suis certaine ! Je ne pouvais m’empêcher de rire. Je pris alors un air boudeur et marmonnais dans ma barbe, je t’ai laissé gagner exprès de toute façon. Puis j’ajoutais un peu plus clairement, en le regardant fixement. Ah ces garçons en couple…
Je t’en prie, choisis ta récompense, mais saches que je ne resterais pas sur une défaite ! Et je choisirais un autre garçon pour faire quand même MA récompense. Je croisais les bras sur ma poitrine en disant cela, volontairement boudeuse, et je souriais légèrement en me disant que cette pensée prêtait à confusion, sauf qu’il n’y avait pas lieu. J’entends ce que tu penses et tu te trompes, ça n’avait rien de coquin, bien au contraire !

Même si c’était souvent le cas, je n’avais pas toujours l’esprit mal tourné en sa présence et je comptais profiter de l’occasion pour lui proposer quelque chose que j’avais toujours eu envie de faire, mais que mon départ pour la France avait empêché…. Le faire avec Asling était une bonne idée, mais j’avais trop mal au cœur en pensant à lui. J’avais moi aussi dans les pattes sa petite amie jalouse, malgré moi…. Et cette perspective ne m’enthousiasmait pas vraiment.

Si on m’avait dit que je me retrouverais là, avec Matthew, à discuter de choses et d’autres au bord du lac à Poudlard… Je n’avais franchement pas imaginé échanger des moments différents de ceux que nous avions vécus et pourtant, les circonstances faisaient que notre proximité devait s’arrêter à des paroles et même à des souvenirs qui se faisaient de plus en plus lointains. J’étais certaines que je parviendrais à me faire une raison, tôt ou tard, mais il fallait d’abord que je reprenne mes marques à Poudlard et que je cesse de penser à mes amies de Beauxbâtons, au quotidien que j’avais l’habitude d’avoir.

FLASHBACK

Depuis ma plus tendre enfance, j’avais toujours eu l’envie de bouger, de découvrir des choses. Impossible pour moi de rester en place alors que ma mère me faisait tout juste confiance pour me laisser partir « dormir chez une copine pendant plusieurs semaines ». J’avais honte de lui mentir ainsi, mais j’étais assez dégourdie pour mes 17 ans et toutes les combines moldues n’avaient plus de secrets pour moi (j’en découvrais encore mais j’apprenais….). Si elle me découvrait en ce moment même, avec un garçon qu’elle ne connaissait pas et me baladant n’importe où, je n’en sortirais sans doute pas vivante.
Mais pour le coup, je ne pensais vraiment pas à tout cela. J’étais bonne menteuse et je ferais en sorte qu’elle n’y voit que du feu… Mauvaise fille. Mon envie de découvrir du pays (voire du monde) et de rencontrer des gens était beaucoup trop forte.

Pas de limites donc. Je paraissais sans doute aguicheuse, mais les gens ne s’imaginaient pas pour autant que j’avais le souci de l’autre et je n’avais jamais aimé l’idée de blesser des gens ou de manquer de respect. Avoir affirmé ne pas savoir s’il avait des limites était une façon pour moi de savoir si mes éventuels gestes seraient appropriés. Mais dans le fond, je n’avais pas vraiment de doutes car l’atmosphère était tout simplement brûlante et je n’avais qu’une seule envie : profiter de ce moment qui n’était qu’à nous.

Ma réaction fut la même que la sienne lorsqu’il stoppa le baiser, beaucoup plus pressant que les autres, pour s’approcher de mon cou. Je m’arrêtais de respirer quelques instants, fermant les yeux et priant par la même occasion pour que personne n’ait la mauvaise idée de venir frapper à la porte. Je ne m’attendais pas forcément à ce que ses gestes soient aussi délicats.
J'attendis qu'il revienne près de mon visage pour échanger avec lui un petit sourire. Je ne ressentais plus le besoin de lui parler pour lui faire comprendre les choses. J'utilisais mes deux mains, qui traînaient toujours en dessous de son T-shirt, pour le lui enlever et je l'attirais ensuite au plus près.

FLASHBACK

Le voir face à moi, sans présence indésirable, me donnait envie de tout lâcher et de partir, de profiter, de découvrir d’autres endroits et de m’amuser comme jamais. Je pouvais facilement le faire sans lui, avec d’autres personnes, mais c’est avec lui, au cours de notre été passé ensemble, que j’avais touché du bout des doigts ce désir que j’avais de vivre sans aucunes contraintes. Sa présence était un cadeau, un véritable plaisir car je n’avais pas mis longtemps avant de me rendre compte qu’il avait pas mal d’envies similaires aux miennes.
Je n’oubliais pas le respect qu’il avait eu à mon égard, ni les baisers échangés lorsque l’envie nous prenait.
A l’heure actuelle, je me félicitais car j’estimais (à tort ou à raison) avoir été plutôt respectueuse envers sa petite amie. Il était si tentant pour moi d’entrer dans un petit jeu de séduction évident. J’avais le sentiment de m’être retenue et d’être capable de dire beaucoup plus de choses pouvant manifester mon mécontentement face à la situation et mon envie de recommencer notre petit jeu.

Je pris un petit air suffisant avant de répondre :

- Hum, je ne sais pas si tu penses à moi ! C’est pour ça que je te le demande : est-ce que tu penses à moi ? Si tu es honnête, je te dirais peut-être si je pense au « si charmant Matt », je haussais les épaules avant d’ajouter avec un sourire : Tu m’as l’air bien sûr de toi… On en reparlera lorsque le jour viendra où TU ne pourras pas te défaire de moi. N’est-ce pas ? Quant à « Elé », ça m’est égal…. J’ai peur de certaines chose, je pensais aussitôt au tournoi, mais pas de la petite amie féroce… Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai toujours refusé que quiconque prenne ma défense, de ce fait, j’ai appris à me défendre, c’est presque comme un défi..

Je préférais plonger mon regard dans le sien pour répondre à son affirmation me disant qu’il ne pouvait pas me retrouver dans un coin. Il avait accepté de me retrouver ici, c’était sans doute mieux que rien du tout. Si ladite Elé pointait le bout de son nez, c’était surement la crise assurée, l’attaque féroce pour moi et le savon pour Matt ? Peu importe, je commençais à m’habituer aux petites amies mécontentes et je n’allais pas non plus m’empêcher de vivre pour elles.
De plus, ma relation avec Matt n’avait jamais été trop innocente ; la petite amie croyait-elle qu’il était facile d’effacer aussi facilement des choses que nous avions vécues ?

La suite de ses paroles se voulait légèrement sérieuse, mais j’avais quand même un doute quant au sérieux de ses affirmations. Sa petite amie était sans doute entièrement disposée à prendre soin de lui… elle devait être la candidate idéale puisqu’il avait accepté l’exclusivité.
Sans être complètement certaine qu’il soit sérieux, je lui répondis avec un sourire en coin :

- C’est avec plaisir que je prendrais soin de toi, c’est d’ailleurs ce que j’avais envie de faire, je fis une petite pause pour scruter sa réaction, mais…. Je n’ai pas pour coutume de prendre soin des garçons en couple ! Je lui adressais une petite grimace, et les garçons en couple ne sont pas aptes à s’occuper de moi non plus…

Le reste de ma pensée était la suivante : « manque de chance, c’est ceux qui m’intéressent qui se retrouvent en couple » et je préférais la garder pour moi. Hors de question de dévoiler trop de choses et de laisser entendre que j’étais déçue d’une autre manière que par l’humour et la provocation gentillette.
Provocation et défis ! J’adorais m’amuser et même si j’étais assez compétitive, j’acceptais l’échec car je savais que je ne serais toujours partante pour une revanche. Matt n’était pas mal dans son genre, niveau compétition et défis.

- Tu n’as pas peur que l’élève dépasse le maître si tu me donnes des cours ? Tu sais Dark Vador a…. , je fronçais les sourcils, euh… non un vieux truc de moldus, tu comprendras de quoi je veux parler si tu connais ! Bref, ne cries pas victoire trop vite ! J’effectuerai la récompense sans broncher, mais mon dernier mot n’est pas encore donné !

Avant de répondre à sa question, je le laissais terminer. J’avais hâte de savoir la récompense qu’il choisirait et j’éclatais tout simplement de rire lorsqu’il fit sa proposition. Un massage ? Monsieur étant en couple, je me devais de rester correct, mais me demander de faire ça était sans doute une façon pour lui de me lancer un autre défi. En tout cas, si ça n’était pas le cas, je le ressentais comme tel car j’allais sans doute avoir de grandes difficultés à ne pas être naturellement proche de lui.
En bonne perdante, je me levais, tout sourire, pour remplir mon contrat et lui faire le massage réclamé. A contrecœur, je déposais mon joli petit chat à côté de Matt et allais me mettre en position pour le massage. J’en profitais aussitôt pour m’approcher de son oreille pour lui murmurer :

- Heum… maître, tu as oublié de préciser si le massage devait être sensuel ou non… Je fais donc ce que je veux…. Quand je te dis que l’élève peut dépasser le maître ! Je commençais le massage tout en riant encore de ma mini victoire. Je n’ai pas répondu à ta question… En fait, comme j’ai fait ma scolarité à Beauxbâtons jusqu’à aujourd’hui, je n’ai jamais visite Pré-au-Lard ! Je t’aurais obligé à être mon guide officiel pour ma première là-bas. Un jour, tu m’as dit mot pour mot « la prochaine fois, c’est moi qui t’emmène quelque part »…. Encore moins tordu que ta récompense, tu vois ?

A bien y réfléchir, j’avais énormément de regrets quant à la tournure que prenait la situation. Pas du passé que nous avions vécu, mais bien du présent qui ne se déroulait sans doute pas comme j’aurais pu l’imaginer. Je n’avais pas hésité une seule seconde avec ce garçon. Même si cela est difficile à croire, je ne fonçais pas tête baissée vers l’inconnu et c’est pourtant ce que j’avais fait au cours de cet été. Peut-être aurait-il été plus judicieux d’y réfléchir à deux fois ?

FLASHBACK

J'avais craqué sur ce jeune homme à la seconde où je l'avais aperçu dans le bar moldu. Sans doute n'étais-je pas la seule à craquer sur lui mais en tout cas, j'avais réussi à l'approcher et il n'avait pas résisté très longtemps. Première victoire bientôt suivie par une seconde victoire surprise en découvrant que son caractère était compatible avec le mien ! Trouver une personne présentant des similitudes avec moi était intéressant mais effrayant. Si par malheur, ses faiblesses étaient les mêmes que les miennes, il ne tarderait pas à se rendre compte que ma toute nouvelle vie était aussi une façon de me protéger et de masquer toute trace de sentiment. Je ne trouvais pas meilleure carapace que celle-là sauf que personne n'était censé savoir qu'il m'arrivait d'avoir quelques véritables émotions.

En temps normal, mes hésitations m'auraient amené à peser le pour et le contre, à réfléchir à l'issue de la situation et à la question de savoir si je voulais vraiment que notre soirée se termine de cette manière. Mais je m'en posais curieusement que très peu.
Le temps que nous prenions ne faisait qu’accroître le désir. Lorsque Matthew prit l'initiative de descendre l'une des bretelles de mon débardeur, je pinçais les lèvres en souriant, sachant d'avance ce que je voulais l'amener à faire. Je le laissais tout d'abord parcourir mon épaule avec ses lèvres et je guidais ensuite ses mains pour qu'il retire enfin ce fichu débardeur qui était de trop, entre nous. Tout en cherchant ses lèvres, j'espérais secrètement que ses mains restent dans la zone dans laquelle je venais de les amener. Je craquais complètement et j'en avais même oublié l'endroit dans lequel nous étions.

FLASHBACK

Curieusement, j’étais toujours dans la catégorie des personnes qui observent les changements mais pour qui rien ne change. Est-ce que je suis la seule sur cette terre à respecter mes principes ? Est-ce que je suis moi aussi destinée à me retrouver dans ce genre de situation un jour ou l’autre ? Je n’avais pas les réponses à ces questions, mais j’avais pourtant beaucoup de choses à penser en voyant les histoires des autres. J’aurais très bien pu lui demander pourquoi il s’était mis en couple avec une fille. Même après avoir discuté quelques temps, je ne parvenais toujours pas à comprendre ce choix.
Son allusion à la bouteille de Téquila me fit rire. J’avais réussi à me faire offrir tellement de bouteilles de Tequila par le vieux moldu de barman, pendant les vacances. Une vie de folie dont j’avais beaucoup de mal à me passer pendant l’année scolaire…

- J’ai déjà l’image d’une alcoolique…, dis-je en riant. Moi c’est le numéro 7 qui me fait penser à toi… je lui adressais un clin d’œil sans savoir s’il se souviendrait de ce tout petit détail. Et détrompe toi, je ne rêve pas de toi ! Enfin... je ne rêve pas de toi habillé en tout cas. Je lui lançais un petit regard en coin, tâchant de rester sérieuse. J’aimerais bien transplaner, ici, maintenant… pour aller profiter encore quelques heures. Je soutenais mon regard en poursuivant : Ce n’était pas rien cet été ? C’était quoi au juste ? Je ne suis pas étonnée quand j'apprends que je n'ai été qu'un jouet occasionnel, ça ne me dérange pas. Mais je t’avoue avoir imaginé être un tout petit peu plus qu’une simple distraction pour toi…. Quant à la question de la guerre avec la petite amie, je n’étais pas spécialement disposée à entrer en guerre tout simplement car j’avais, pour le moment, un taux de colère assez élevé pour January. Moi j’aimerais te voir en train de prendre la défense de ta petite amie. Je suppose que ça fait partie de tes rôles d’être de son côté, quel que soit le conflit. Je lui souriais avant d’ajouter : Je n’aime pas ta petite amie, mais je n’irais pas engager le combat pour autant…

Loin de moi l’image de la fille qui tente de briser les couples. L’idée était pourtant très tentante et cela commençait par Asling et sa prétentieuse et jalouse. J’étais verte de rage en repensant à la soirée d’Halloween et sa façon de faire ignoble pour récupérer Asling. Elle méritait sincèrement que je la déclenche, cette guerre. Je réfléchissais même parfois à la manière dont je pourrais m’y prendre pour la provoquer… Sunny serait la meilleure personne pour me venir en aide. Mais je finissais toujours par abandonner l’idée, préférant ne pas entrer dans un petit jeu idiot. Avec Matt, c’était pareil, si ma présence dérangeait la petite amie, qu’elle vienne me voir pour découvrir la vipère que je pouvais être.

Chassant ces idées de ma tête, je fixais de nouveau Matt et lui lançais le petit regard provoquant qu’il connaissait sans doute bien. Il jouait avec le feu en me disant que je me défilais et, pendant un instant, je me demandais même s’il n’adoptait pas la même technique que moi, c'est-à-dire celle du test.

- Ne me tente pas. Je n’ai pas eu le temps de prendre soin de toi puisque les vacances étaient beaucoup trop courtes. Maintenant, je me rends compte que tu t’es laissé tomber dans les bras d’une fille ! Je fis une pause, conservant mon sourire éternel. Je peux prendre soin de toi, mais tu vas devoir me repousser…, je haussais les épaules d’un air innocent. et ça ne m'empêchera pas de continuer... j'accepte l'échec mais je n'abandonne pas facilement.

Et si je m’y mettais, la petite amie viendrait à ma rencontre plus tôt que prévu. Mais qui m’avait tendu la perche ? J’acceptais l’échec et d’être en position délicate. Les conséquences ne me faisaient pas peur. Qu'est-ce qui pouvait bien m'empêcher de le draguer ?
La récompense réclamée par Matt aurait pu être parfaite si « la chose » que je détestais le plus n’entrait pas en ligne de compte, de son côté. Peu importe, je ne m’étais pas fait prier pour cette récompense, même si cela signifiait que j’avais perdu un défi. Si cette récompense faisait office de test, il allait très vite se retrouver dans la position du « testé » car lui seul devait faire attention à ses faits et gestes.

Je poursuivis le massage, profitant de l’occasion pour rester très proche de son oreille pour pouvoir lui parler tout bas. « Chloé se défile et ne veut pas prendre soin d’un mec ? » L’occasion est rêvée pour lui montrer le contraire, et elle m’a été apportée sur un plateau d’argent par cette récompense. J’attendais la moindre petite occasion pour lui montrer que je n’avais pas peur mais d'un autre côté, je n'avais pas vraiment envie d'être dans cette position.

- J’accepte tous les défis et les paris que l’on me lance. L’avantage c’est que je n’ai rien à perdre et que je peux quasiment tout faire… Le ton employé devait lui laisser sous-entendre que ça n’était pas son cas. Tu aurais quand même pu te dévouer pour m’y emmener ! Dans le cas EXCEPTIONNEL où je ne gagnerais pas de défi, je suis punie de la chance d’aller faire mon petit tour en dehors de l’enceinte du château. J’avais parlé tout en poursuivant son petit massage. Je n'avais pas pris le parti du "massage sensuel" par respect, mais aussi car j'avais horreur de l'idée d'être dans la position de celle qui passe après. Néanmoins, mes lèvres étaient toujours proches de son oreille et je déposais un baiser furtif dans son cou avant de dire: Une masseuse fait toujours des petits extras... tu devrais le savoir.

On rencontre parfois des gens et on en arrive à se demander ce qu’ils représentent pour nous : sommes-nous amis ? Resterons-nous simples connaissances ou nous perdrons-nous de vue de manière définitive ? Je ne m’étais bizarrement jamais posé la question avec Matthew, et pourtant, j’avais toujours eu un intérêt assez particulier pour le jeune homme. Je ne savais franchement pas si quelque chose comme de l’amitié était possible entre nous, mais nous étions faits pour nous entendre.

FLASHBACK

J’avais envie que ces vacances ne se terminent jamais. Je voyais pourtant bien les jours défiler et le temps passer à une allure incroyable. Nous avions tellement de choses à vivre, de bêtises à faire, d’anecdotes à se raconter, d’endroits à découvrir… Une chance d’être tombée sur un garçon aussi beau, aussi simple avec les mêmes envies que moi. Je ne connaissais pas sa vie, il ne connaissait pas la mienne mais rien ne nous empêche de profiter de chaque instant, de trouver des idées on ne peu plus tordues les unes que les autres.
C’était l’idée parfaite que j’avais de la jeunesse et je ne m’étais pas fait prier pour en profiter.

Notre petit jeu avançait à petit pas et je frissonnais à chacun des gestes qu’il avait à mon égard. Nous nous étions retrouvés, quelques instant auparavant, morts de froid sur le pas de la porte de cet « hôtel ». Cet épisode était oublié pour ma part et j’étais plutôt brûlante de désir pour le garçon. Je poursuivis le baiser, laissant échapper par là même un petit sourire en sentant ses doigts dégrafer mon soutien-gorge et le retirer. J’échappais au baiser, l’espace de quelques instants pour croiser son regard évocateur. Je glissais une main sur son torse, cherchant les battements de son cœur qui se révélèrent être aussi accélérés que les miens. J’aimais le temps que nous prenions, les petits regards jetés et les caresses échangées. Sans quitter son regard et prenant tranquillement le chemin vers ses lèvres, je dirigeais ma main vers les derniers morceaux de tissus qui n’avaient plus leur place.

FLASHBACK

Je savais que chacune de mes paroles n’étaient pas laissée au hasard par Matthew et qu’il était capable de rebondir sur presque tout, pour garder l’avantage. Même si j’avais encore à apprendre sur ce terrain, j’avais l’impression de plutôt bien me défendre. L’entendre dire qu’il ne savait pas à quoi faisait référence le numéro 7 me fit sourire, je ne répondis pas mais j’étais sûre qu’il se souvenait très bien de ça, ses yeux contredisaient ses paroles.
Étrangement, le souvenir de ce moment m’évoquait beaucoup de désir mais aussi de la tendresse, quelque chose que je ne connaissais pas ! En réalité, j’avais bêtement placé la douceur dans le même panier que les sentiments amoureux, ce qui l’excluait définitivement de mes relations. Bien sûr, j’avais eu tort de faire ça et j’avais fini par m’en rendre compte.

Lorsqu’il commença à évoquer la nature de la relation qui nous avait unis au cours de l’été, je plongeais moi aussi mon regard dans le sien, dans l’espoir de ne pas louper des choses que sa fierté lui interdirait de prononcer à haute voix. L’image que j’avais de lui n’était pas celle d’un jeune homme jouant avec toutes les jeunes filles, parler de cela me servait juste à me rassurer un peu et à tenter de lui faire dire à haute voix que je n’avais pas été un simple jouet. Le problème venait de moi car même si j’assumais pleinement mon envie de m’amuser et d’être bien éloignée de « la petite amie », j’avais également l’énorme besoin d’être importante de compter aux yeux de certaines personnes.
En silence, je regardais le sourire se dessiner sur le visage du jeune homme, ce qui aida mon propre sourire à apparaître sur mes lèvres. Bien joué Matt, tu parviens encore une fois à retourner la situation à ton avantage.

- Hum…, je ne quittais pas mon petit sourire. Tu m’as peut-être prouvé certaines choses mais… elles se sont envolées lorsque je me suis rendue compte que tu t’étais rangé ! C’est de ta faute en fait… Je me retenais de rire de bon cœur, je n’avais fait que reprendre ses propres paroles. J’avoue, tu as du talent pour les défis et les paris, mais tu as encore des efforts à faire question culot et aveux. Je lui fis un petit clin d’œil avant de poursuivre. Est-ce que je dois te mettre au défi de dire ce que tu as pensé de notre rencontre cet été, et de moi, en étant franc et sincère ? J’étais persuadée qu’il ferait tout pour gagner donc quelle autre meilleure façon de savoir ce qu’il avait pensé de ce qui s’était passé entre nous ? Pour moi, c’était …, je m’approchais encore un peu plus de lui pour parler à mi-voix,… déconcertant, spécial et … précieux !

Je l’observais un petit instant en conservant mon petit sourire. Pas question pour moi d’en dire trop avant même qu’il n’ait avoué la moindre chose à ce propos. En réalité, j’avais gardé l’image du jeune homme dans un petit coin de ma tête, bien décidée à partir à sa rencontre à nouveau, un jour ou l’autre. Je ne m’attendais pas à ce que cela survienne aussi vite et à l’école ! Ni même à ce que je le retrouve privé de la liberté de ses gestes.
Parler des petites amies était quelque chose que je n’aimais pas faire. Avec Asling, je me devais de faire semblant de la tolérer alors qu’elle même ne faisait pas le moindre effort à mon égard ! La copine de Matthew en ferait de même, à coup sûr, si elle savait ce qui s’était passé entre nous, j’avais du mal à croire à un autre scénario.

- Tu as raison, il n’y aura pas de conflit. Je jetais un petit coup d’œil au lac, ne manquant pas l’occasion d’en prendre plein les yeux, cela m’avait manqué. J’ai peut-être tort de penser ça, et c’est peut-être très bête, mais j’imagine que je serais aussitôt dans le même panier que Sunny Milbury. Ta copine ne trouvera pas beaucoup de raisons de m’aimer. Et j’avais une tendance farouche à défendre Sunny en ce moment… sans vraiment savoir pourquoi. Mais je pourrais peut-être l’aimer, oui. Je lui jetais un petit coup d’œil en souriant. Tu me la présenteras ?

Je ne savais pas si j’avais vraiment envie de cela, mais je m’estimais heureuse d’être assez intelligente pour ne pas provoquer les conflits inutilement. Matthew pouvait être sûr que je ne serais pas à l’origine d’un crêpage de chignon.

Le massage était la meilleure façon pour moi de montrer au jeune homme que mon attirance pour lui n’avait pas cessé en un claquement de doigts et surtout pas avec la présence d’une fille dans sa vie. Heureusement (pour tout le monde) je n’avais pas un objectif extrême à son égard, même si le petit jeu de séduction était présent, je me retenais beaucoup pour tenter d’avoir un peu de respect. Je préférais ne pas penser à un autre cas de figure : celui dans lequel je fais tout pour le faire craquer et que je me bats comme une lionne pour le récupérer. Cette situation n’arriverait que dans des cas extrêmes et pour le moment, il n’en était pas question.

- Il faut savoir prendre des risques dans la vie… C’est ce qui rend vivant, non ? Si je vais trop loin et que je perds des choses, je ne pourrais m’en prendre qu’à moi-même. Je poursuivis le massage, celui-là me permettait de profiter pleinement du lac, de cet endroit qui m’avait tant fait rêver, gamine. J’y passais mes derniers instants. J’attends ton défi ! Mais fais vite car je me vois mal quitter Poudlard à la fin de l’année sans avoir visité Pré-au-Lard. Nous avons vu des villages moldus complètement minables et je n’ai jamais vu Pré-au-Lard…, je soufflais tout en souriant car je désespérais d’avoir quitté le Royaume-Uni pendant si longtemps. Penser à tout cela me donnait souvent un regain d’énergie, une envie de profiter de chaque instant et manque de chance, cela retombait sur celui qui avait l’oreille non loin de mes lèvres. Je ne regrettais pas le petit baiser que je venais de lui donner. Mais figure-toi que je fais très attention. Ce n’est pas du tout l’endroit que je voulais embrasser à la base, et j’ai pris cette sage décision, que je ne regrette pas. Il ne pouvait pas me voir, mais je souriais. Si tu n’étais pas dans cette fâcheuse situation, les extras auraient été d’un autre ordre.

Me remémorer des bons moments du passé ne pouvait que me faire du bien en ces temps difficiles. Beauxbâtons était loin derrière moi et je devais me rendre à l’évidence : c’était définitif. Même si j’avais l’habitude de me centrer sur le présent et l’avenir, je ne pouvais m’empêcher de penser à tout ce que j’avais vécu et aux amies que le temps éloignerait peut-être de moi. Matthew faisait partie d’une autre catégorie de souvenirs, des souvenirs heureux, et j’étais d’ailleurs prête à m’en construire plein d’autres du même ordre ; sauf que le garçon ne serait visiblement pas de la partie, au vue de la situation actuelle…

FLASHBACK

Mes vacances de rêve, j’étais en train de les vivre ! Je me rendais compte du plaisir de pouvoir être libre, de pouvoir s’amuser, profiter sans penser aux contraintes de la vie. Pourtant, j’étais consciente que la vie ne se résumait pas à la Tequila et à l’amusement, mais j’avais toutes les dispositions pour pouvoir en profiter. J’avais littéralement craqué pour ce garçon, pour son humour, pour sa façon de voir les choses et pour ses beaux yeux. Le moment que nous étions en train de vivre me confirmait que j’avais eu beaucoup de chance de tomber sur lui.

J’avais perçu très vite sa manière de se retenir et de me faire passer ses désirs par le regard et par de petits gestes mesurés. Nos baisers avaient pris tellement d’intensité en l’espace de quelques instants. Je ne pensais à rien d’autre qu’à l’envie de poursuivre notre petit jeu qui nous amènerait, vraisemblablement, à aller plus loin que de simples baisers.
Il n’avait pas hésité à retirer son jean et cela fit naître sur mes lèvres un petit sourire de satisfaction. Mais ce n’était rien lorsqu’il m’adressa la parole pour me faire cette petite invitation déguisée.

- C’est un péché, la curiosité…, mais qu’en était-il de ce que nous nous apprêtions à faire ? Hum, je peux te répondre que oui, mais il ne faut toujours croire que ce que l’on voit, tu sais.

Sous-entendu qu’il comprendrait sans le moindre doute comme une invitation à poursuivre dans la même direction. Il était trop tard pour renoncer, et je n’en avais surtout pas envie ; le moment était plaisant. Je le regardais ensuite fixement, sans perdre la petite étincelle séductrice que nous avions tous les deux, persuadée qu'il comprendrait que je l'invitais à retirer enfin le reste de mes vêtements.

FLASHBACK

Le jeune homme faisait tout pour garder la maîtrise de chaque situation, et j’avais déjà bien cerné cette facette de sa personnalité pour la simple et bonne raison que je tentais d’en faire de même. Nos points communs étaient si nombreux que je ne me m’étonnais même plus de voir que nous parvenions à communiquer par de simples regards éloquents. Son idée de se mettre en couple gâchait énormément de choses mais j’étais déterminée à ne pas laisser paraître ce fond de pensée, préférant largement opter pour l’indifférence simulée.

Après l’avoir laissé s’exprimer, je haussais les épaules, prenant un air parfaitement innocent. J’avais pris l’habitude d’essayer d’avoir réponse à tout, surtout avec lui :

- Dois-je vraiment tenir compte de ce que tu VEUX faire ou ne pas faire pour te lancer le défi des confessions et des aveux ? Je fis une petite pause pour l’observer et haussais un sourcil, prenant un air volontairement supérieur. J’écoutais le reste de sa réplique l’observant du coin de l’œil. Un nouveau sourire étirait peu à peu mes lèvres, malgré moi. N’étant pas dans ta tête, j’ai malgré tout une petite théorie sur ce que tu as bien pu penser de cet été. Sauf que ça m’amuse d’essayer de te tirer les vers du nez ; encore plus quand je vois que tu résistes et que tu tournes autour du pot. Je fis une nouvelle pause, il ne me quittait pas des yeux et j’étais bien décidée à en faire de même. La fierté avait sans doute une grande place entre nous mais je me souvenais de chaque instant de l’été dernier et j’étais sûre que lui aussi. Amusée par sa vantardise légendaire, je lui répondis : Hum, ça c’était sûrement dans tes rêves.

Je m’estimais heureuse d’avoir réussi à ne pas en dire trop, entrant dans son jeu. Après tout, j’étais libre comme l’air et totalement capable de m’amuser un peu dans un jeu de séduction interdit. Il était tellement facile de me convaincre que je ne devais aucun respect à sa copine et de décider d’arrêter de penser à sa situation pour en profiter… L’image que j’avais eue de Matthew était celle d’un garçon toujours joyeux, amusant, agréable à vivre, qui profite de chaque instant et surtout, complètement libre. Ce petit « retournement de situation » ne m’avait pas traversé l’esprit et il n’était pas si facile d’en construire une nouvelle en reconsidérant le point le plus important : la liberté…

Je ne savais pas ce qu’il pensait réellement de Sunny, mais il était impossible pour moi de ne pas prendre la défense de la jeune fille. J’avais beaucoup de points communs avec elle, j’appréciais sa façon d’assumer les choses, sa franchise et après réflexion, j’avais fini par me dire qu’elle était encore jeune et que les situations qui lui portaient préjudice étaient peut-être le fruit de coups de têtes peu réfléchis…

- Sunny est quelqu’un de bien. Cette phrase était suffisante pour exprimer l’affection que j’avais pour elle.

Je haussais en revanche les sourcils en entendant Matt me dire qu’il n’avait rien dit à sa petite amie, à mon propos. Cette annonce (dont je me doutais car je n’avais pas encore reçu de regards menaçants) faisait naître en moi plusieurs sentiments assez contradictoires : j’étais mécontente car si cela était si difficile, cela pouvait signifier qu’il n’était pas si libre que cela au moment de notre rencontre… Mais d’un autre côté, je préférais me dire que nos moments avaient une certaine importance, rendant les aveux plus compliqués que prévu.

- Dis lui que ce que nous avons vécu n’avait pas d’importance. Avec un peu de chance, ça passera tout seul. J’accompagnais mes paroles d’un regard appuyé et d’un léger haussement d’épaules. Mon for intérieur serait horriblement vexé si je l’entendais dire une chose pareille et je tentais de lui faire passer cette information par le regard. Je savais que cela était inévitable car il serait obligé de trouver une façon de rassurer Éléonore. Je souriais lorsqu’il accepta de ma la présenter. La cage ne sera sûrement pas nécessaire, je fronçais les sourcils, sauf si elle me contrarie ! Décidant de lui autoriser un mince instant d’aveux purs dont il devait profiter, j’ajoutais : Je ferais un effort pour être sympa… même si elle est antipathique à mon égard ; mais ce sera uniquement pour toi…

Cela me rappelait fortement une autre situation : celle de January et Asling. Sauf que pour le coup, j’avais plus de mal à rester sympathique car les actes de January à la soirée d’Halloween ne me plaisaient absolument pas. Je tâchais d’être cordiale, et le resterait si la jeune Poufsouffle n’envenimait pas la situation par des actes aussi idiots que ceux de la soirée.
Le défi que me lança Matt me fit sourire. Heureusement pour moi, pas de saut dans le lac ou de retour vers le château à cloche-pied. Sauf que le défi était plus difficile qu’il n’y paraissait. Le garçon qui me faisait craquer à Poudlard ? Je n’en avais pas la moindre idée… J’avais bien des noms de garçons en tête, mais certains étaient « enchaînés », d’autres n’avaient pas les mêmes idées que moi et s’éloignaient trop de l’idéal que je pouvais me faire d’un garçon.
Comment allais-je pouvoir gagner le défi si je n’avais pas moi-même la réponse à cette question ?

- Je craque surtout quand je vous vois, vous, avec vos principes éparpillés en mille morceaux !

J’avais prononcé cette phrase uniquement pour pouvoir réfléchir encore à la réponse que j’allais lui donner. Asling devait sûrement être le plus craquant de tous, à la fois grâce à son physique, mais aussi parce que nous avions des caractères assez similaires. Le jeune homme n’hésitait jamais à me faire des compliments, à être honnête avec moi, à me provoquer lorsque je le méritais. J’étais simplement profondément vexée qu’une autre fille me passe devant. Daniel pouvait être un candidat, mais j’effaçais vite l’idée, préférant un garçon tout aussi adorable que mon meilleur ami : Jamie qui était adorable la plupart du temps et qui avait entamé le petit jeu de séduction dès la rentrée. Bien sûr, Matthew m’avait fait craquer dès le premier instant où je l’avais croisé, cela ne changeait pas, mais il était hors de question de le dire à haute voix.
Avant de répondre, je décidais de le provoquer une fois encore :

- Il y a quelques candidats…. Tu aurais facilement pu gagner ta place de numéro un dans mon cœur. Je ne devais pas rire, et poursuivre sérieusement. Puisque tu as réussi à me faire craquer une fois. Mais pas de chance, ton statut de garçon en couple te fait perdre cette incroyable chance. Je l’imaginais bien me répondre quelque chose le mettant en valeur tel que « je t’ai fait craquer une fois, je suis trop fort ». Je finis par répondre enfin : Asling me fait craquer. Il a beaucoup d’attention à mon égard, amicales, certes mais… ce garçon a tout pour plaire. Il est drôle, honnête, parfois sensible, il fait attention aux autres et bien d’autres choses encore... J’arrêtais finalement le massage et retournais à ses côtés, ce qui me permettait d’avoir sa réaction en direct. Mais Asling reste mon meilleur ami, bien entendu. Un peu contradictoire ? Peut-être... mais rien qu'un peu. Es-tu satisfait ? Je lui lançais un petit sourire mesquin. Par le massage, on s'entend ! Je lui lançais ensuite un petit clin d’œil.